main-d’œuvre dans la rmr de québec...¹ bilan et perspectives économiques, région...

Main-d’œuvredans la RMR

de QuébecÉtat de situation - 2020

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Table des matièresSommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3

Une économie stable et florissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

Un marché du travail dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

L’emploi en croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Un niveau de chômage minimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Une main-d’œuvre plus rare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Des postes vacants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Plusieurs secteurs d’activité touchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Un déficit démographique sévit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Un accroissement naturel insuffisant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Une population vieillissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Des pistes de solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

L’immigration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

La productivité et le virage numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30

Un éventail de mesures complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

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| 3Sommaire

SommaireLa région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec enregistre un bilan enviable de plus de 20 années consécutives d’expansion économique qui lui ont permis de maintenir le cap de la croissance, même pendant la crise financière de 2008 . Une prospérité qui se traduit par une amélioration de la qualité de vie de ses habitants . En témoigne leur pouvoir d’achat qui s’est encore amélioré en 2018, ou encore le revenu disponible qui, la même année, a atteint un sommet au Québec, en plus d’avoir connu la plus grande hausse (3,4 %)¹ parmi les principales RMR canadiennes .

Cette qualité de vie se reflète par les possibilités dont bénéficient les habitants de la RMR . À cet effet, avec la vitalité économique de la région, les besoins de main-d’œuvre des entreprises n’ont cessé de croître ces dernières années, permettant à la RMR de battre des records sur le marché du travail . Taux de chômage, taux d’activité, taux d’emploi, autant d’indicateurs qui attestent de la vigueur du marché du travail de Québec, d’autant plus qu’on le compare au reste du pays .

Ces performances, afin d’être soutenues, nécessitent des ressources que la RMR, dans un contexte de rareté de main-d’œuvre sur fond de déclin démographique, a du mal à fournir . D’ailleurs, les postes vacants et le nombre grandissant de postes en déficit² dans la région révèlent la difficulté des entreprises à remplir leurs engagements et à se développer . L’accroissement naturel en baisse, ainsi que le vieillissement de la population posent les limites d’une démographie qui n’arrivent plus à alimenter le marché du travail et l’activité économique de la région .

Dès lors, dans une volonté de maintenir et d’améliorer son niveau et sa qualité de vie, la région gagnerait à améliorer sa performance dans des domaines qui lui permettront de continuer à se développer . L’immigration et la productivité du travail notamment, constituent des avenues qui chacune à leur niveau, aideront la région à maintenir le cap, en contribuant à la compétitivité des entreprises, dans un contexte international de plus en plus incertain et concurrentiel .

¹ Bilan et perspectives économiques, région métropolitaine de Québec 2018-2019, Québec International

² Postes pour lesquels, selon les prévisions, la main-d’œuvre disponible ne suffira pas à répondre aux besoins prévus des employeurs

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Une économie stable et florissante


La RMR de Québec bénéficie d’une économie diversifiée et florissante . En effet, parmi ses secteurs à forte valeur ajoutée, elle compte les sciences de la vie, les assurances et services financiers, l’optique-photonique ou encore l’internet des objets . Cette situation permet à la région de maintenir le cap d’une croissance soutenue, qui est restée positive après la crise financière de 2008, alors que le Québec et le Canada accusaient le coup avec des taux de croissance négatifs en 2009, respectivement -1,1 % et -3,2 % . La RMR a connu, pour sa part, un taux de croissance positif de 0,77 % . Depuis plus de 20 années consécutives, la RMR a systématiquement connu un taux de croissance positif . La variation moyenne du PIB de la région sur cette même période, soit son taux de croissance annuel moyen, s’est élevée à plus de 2 % .

Croissance du PIB réel

Sources : Conference Board du Canada, 2019 et Québec International

En 2018, la consommation des ménages, entraînée par une bonne santé économique et un marché du travail très dynamique, a soutenu la croissance de l’économie régionale . Les investissements résidentiels, ainsi que les investissements publics ont eux aussi contribué à cette bonne performance économique . Performance à laquelle une grande majorité des secteurs de l’économie a contribué . Cette tendance va d’ailleurs se maintenir, puisque le Conference Board du Canada prévoit une croissance de 2,5 % en 2019, et ce, malgré les incertitudes liées au commerce mondial et la pénurie de main-d’œuvre que connaît la région . De bonnes perspectives pour le marché de la construction, ainsi qu’une accélération de l’investissement non résidentiel expliquent cette performance . Bien que les prévisions pour 2020 laissent penser que la croissance se maintiendra en dessous des 2 %, la région a su démontrer sa capacité à résister à une conjoncture difficile .

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Un marché du travail dynamique


L’emploi en croissance

L’emploi et l’activité économique sont liés . Ainsi, une croissance de l’emploi reflète généralement une activité économique, elle aussi, en progression . Fort de cette croissance soutenue de l’économie, l’emploi dans la RMR a donc aussi connu une évolution positive ces dernières années .

Emploi - RMR Québec


Depuis plus de 30 ans, la RMR connaît une croissance de la création d’emplois, un constat en adéquation avec la force de l’économie régionale . À ce titre, le nombre d’emplois est passé d’un peu plus de 282 000 en 1987, à près de 452 000 en 2018, un sommet historique . Une croissance de 60 % sur la période, bien plus importante que celle du Canada (51 %) et du Québec (41 %) . Cette hausse de l’emploi a, bien entendu, nécessité que le bassin de travailleurs disponibles suive le rythme en alimentant le marché du travail en main-d’œuvre .

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| 9Un marché du travail dynamique

Cette performance de l’emploi a donc été rendue possible grâce à l’évolution du taux d’activité, à savoir la proportion des personnes en âge de travailler (15 à 64 ans) qui sont en emploi ou en recherche d’emploi . Le taux d’activité de la RMR de Québec a inexorablement progressé pour atteindre des sommets inobservés au pays depuis plus de 30 ans .

Évolution des taux d’activité

Sources : Statistique Canada et Québec International

La comparaison avec le Québec et le Canada permet de prendre toute la mesure de la sollicitation du marché du travail dans la région de Québec . Ainsi, le taux d’activité dans la RMR a atteint quasiment 69 % en 2019, contre moins de 65 % pour le Québec, et près de 66 % pour le Canada . L’évolution sur les dix dernières années confirme cette tendance .

Au sein de cette population active, la proportion de personnes en emploi a crû de plus en plus vite, réduisant ainsi au fil du temps, le nombre de personnes en recherche d’emploi . L’observation du taux d’emploi, la proportion de personnes disposant d’un emploi parmi les 15 ans et plus, permettent de le constater .

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Évolution des taux d’emploi


Sur la période comprise entre 2010 et 2019, le taux d’emploi a oscillé autour de 65 % dans la RMR de Québec, un niveau supérieur à ceux du Canada et du Québec, se situant en dessous de 62 % . Il a, par ailleurs, augmenté de 1,8 point de pourcentage sur la même période dans la RMR, contre 1,4 au Québec . Pendant ce temps, il est demeuré stable au Canada .

Un niveau de chômage minimal

Le taux de chômage, la proportion de la population active à la recherche d’un emploi, n’a cessé de diminuer pour atteindre un niveau historiquement bas en 2019 (3,1 %) . Notons que depuis 2002, la RMR de Québec a systématiquement enregistré un taux de chômage inférieur à celui du Québec et du Canada .

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| 11Un marché du travail dynamique

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Cette situation indique que la sollicitation du bassin de travailleurs s’est accentuée au fil des années pour atteindre les niveaux que l’on connaît aujourd’hui . Par conséquent, les entreprises de la région sollicitent une proportion croissante de la main-d’œuvre disponible, réduisant au strict minimum les travailleurs à la recherche d’un emploi . Cette pression s’observe aussi sur la durée moyenne du chômage, un indicateur qui, comme son nom l’indique, mesure le nombre moyen de semaines consécutives durant lesquelles une personne a été sans travail et à la recherche d’un emploi . L’analyse de cette variable permet de montrer à quel point l’activité économique et celle du marché du travail sont dynamiques dans la région de Québec .

Durée moyenne du chômage


Depuis 2008, la RMR de Québec se démarque par rapport à l’ensemble du Québec et même du Canada, par la courte durée du chômage . En moyenne sur les dix dernières années, une personne a attendu 14 semaines avant de trouver un emploi dans la région . Cette durée s’est élevée à presque 18 semaines pour le Canada et le Québec . Dans le même temps, la durée moyenne du chômage a dépassé 19 semaines dans la RMR de Montréal . Bien que l’écart se soit resserré en 2018 entre la RMR et le reste du pays, la durée moyenne du chômage est restée relativement faible à Québec, démontrant une nouvelle fois le dynamisme du marché du travail de la RMR .

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Une main-d’œuvre plus rare


La force de l’activité économique et du marché du travail dans la région est bien connue . Les chiffres que nous venons de présenter le prouvent . Ils ont tous les deux crû de manière notable ces dernières années . Compte tenu du fait que la population active peine à suivre la cadence imposée par l’activité économique, un certain déséquilibre s’est naturellement installé sur le marché du travail .

Des postes vacants

Le nombre de postes vacants indique aujourd’hui la difficulté pour l’économie de combler la demande de main-d’œuvre, un facteur essentiel de la croissance économique .

Le nombre de postes vacants est mesuré par Statistique Canada depuis 2015 dans le cadre d’une enquête³ dont les résultats sont publiés trimestriellement . Un poste est considéré comme vacant si :

` il l’est à la date de référence (première journée du mois) ou le deviendra au cours du mois;

` il y a des tâches à accomplir durant le mois pour le poste en question;

` l’employeur cherche activement un travailleur à l’extérieur de l’organisation afin de pourvoir le poste . Ces postes peuvent être à temps plein, à temps partiel, permanents, temporaires, occasionnels ou saisonniers⁴ .

Les données pour les postes vacants sont disponibles pour les territoires des régions administratives du Québec plutôt que ceux des régions métropolitaines de recensement . Les données pour les régions administratives de la Capitale-Nationale (CN) et de la Chaudière- Appalaches (CA) seront donc utilisées ici pour illustrer la situation dans la région de Québec .

³ L’enquête sur les postes vacants et les salaires

⁴ Les postes réservés aux sous-traitants, aux consultants externes ou à tout autre travailleur qui n’est pas considéré comme employé sont exclus


| 15Une main-d’œuvre plus rare

Évolution du nombre de postes vacants


Dans la CN, le nombre de postes vacants est passé de 5 415, au premier trimestre de 2015, à 15 900 au troisième trimestre de 2019, soit trois fois plus de postes vacants sur la période . En CA, le nombre de postes vacants a été multiplié par deux, passant de 3 950 à 7 690 . À titre de comparaison, ce nombre a été multiplié par 1,4 au Canada et par 2,3 au Québec . Cela illustre la vitesse à laquelle le nombre de postes vacants a augmenté dans la région, comparativement au reste du pays .

À des fins de comparaison, les taux de postes vacants sont intéressants, car ils permettent d’analyser le nombre de postes vacants au regard de la demande de travail dans chacun des territoires comparés . Au troisième trimestre 2019, soit les données les plus récentes au moment de cette analyse, les taux de postes vacants étaient de 4,3 % tant pour la région de la Capitale-Nationale que pour celle de la Chaudière-Appalaches, contre 3,6 % pour le Québec, et 3,3 % pour le Canada . Une plus grande proportion de postes sont donc vacants dans les deux régions administratives . En d’autres termes, dans ces régions administratives, une plus grande proportion de la demande de travail des entreprises ne trouvait pas de réponses au moment de l’enquête .

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Postes vacants - Capitale-Nationale Postes vacants - Chaudière-Appalaches


Évolution du taux de postes vacants


L’analyse de l’évolution des taux de postes vacants permet de constater que, si au début de l’enquête, en 2015, ils étaient relativement plus faibles dans la CN et en CA par rapport au Canada, depuis 2018, c’est l’inverse . Les taux de postes vacants dans la CN et en CA sont restés plus ou moins similaires à ceux du Québec, avant de les dépasser au courant de 2017 .

Plusieurs secteurs d’activité touchés

L’Enquête sur les postes vacants et les salaires (EPVS) de Statistique Canada collige également des données sur le nombre de postes vacants selon la profession et la région économique⁵ . Diverses catégories professionnelles sont affectées par la rareté de main-d’œuvre, mais au troisième trimestre de 2019, dans la CN et en CA, ce fut particulièrement le cas pour la catégorie vente et services. Dans la CN, cette catégorie comptait 6 710 postes vacants sur un total de 15 900 . En CA, c’était 2 230 postes vacants sur les 7 690 que comptait la région . Il s’agit des professions dans les domaines de la vente en gros et au détail, mais aussi du tourisme . Des secteurs importants pour l’activité économique de la RMR de Québec .

⁵ Laquelle correspond à la région administrative au Québec

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Taux de postes vacants - Capitale-Nationale

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Postes vacants - Capitale-Nationale Postes vacants - Chaudière-Appalaches


Rappelons que la croissance économique en 2018, dans la RMR, a été particulièrement soutenue par les secteurs du commerce de gros (11,6 %), et celui des arts, spectacles et loisirs (7,7 %)⁶, grâce au succès de la région en tant que destination touristique . Deux secteurs qui ont connu la plus forte croissance parmi tous les autres et qui, comme le graphique précédent l’indique, sont particulièrement affectés par la rareté de main-d’œuvre .

Historiquement, la catégorie professionnelle vente et services a toujours comptabilisé le plus grand nombre de postes vacants dans la CN . En CA, c’était le plus souvent le cas, à l’exception de trois trimestres depuis 2015 . D’autres catégories professionnelles comptabilisent elles aussi relativement plus de postes vacants . C’est le cas de la catégorie métiers, transport, machinerie et domaines apparentés, qui comprend une gamme diverse de métiers dans les secteurs de la construction et du transport . Plus spécifiquement dans la CN, les catégories secteur de la santé et sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés, qui comprennent, entre autres, des professions en technologie de l’information, sciences et génie font face à une pénurie de main-d’œuvre .

Une étude d’Emploi-Québec⁷ présente un diagnostic de la pénurie de main-d’œuvre sur le territoire spécifique de la RMR de Québec . L’état d’équilibre sur le marché du travail pour chacune des 500 professions de la Classification nationale des professions (CNP) y est évalué . Il en ressort qu’il y avait 51 professions⁸ en déficit dans la RMR, à court (2018) et à moyen termes (2021) . Dans un proche avenir, la main-d’œuvre disponible pour ces professions, ne suffira plus à répondre aux besoins des employeurs . À titre de comparaison, il y avait, selon ce même rapport, 16 professions en déficit dans la RMR de Montréal et 25 dans l’ensemble du Québec .

La situation démographique de la RMR de Québec n’est pas étrangère à cette rareté de main-d’œuvre dans la région .

⁶ Bilan et perspectives économiques, région métropolitaine de Québec 2018-2019, Québec International

⁷ État d’équilibre du marché du travail, Édition 2018

⁸ Liste des 51 professions en annexe



Un déficit démographique sévit


Le niveau de population active qui a permis à la RMR de soutenir l’ardeur de son marché du travail atteint une limite structurelle liée au déficit démographique que connaît la RMR de Québec . Une situation qui s’accentue en raison du vieillissement de la population .

Un accroissement naturel insuffisant

Le nombre de naissances pour un décès s’est établi à 1,23 entre 2018 et 2019 pour la RMR de Québec . Ce ratio était de 1,33 au Canada et 1,25 au Québec pour la même période . Notons que la RMR de Québec détient l’un des plus bas nombre de naissances pour un décès au sein des principales RMR canadiennes .

L’écart entre naissance et décès, l’accroissement naturel, a connu dans la RMR de Québec une chute marquée à partir de 1996, atteignant un creux en 2003, avec seulement 1 124 personnes . La hausse amorcée ensuite au milieu des années 2000 a culminé à 3 033 personnes en 2011, pour retomber ensuite à un seuil historiquement bas depuis 1987, soit 1 070 individus en 2018 .

Accroissement naturel - RMR de Québec

Sources : Conference Board du Canada et Québec International

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| 21Un déficit démographique sévit

Rappelons que l’accroissement naturel en 1987 était de près de 3 000 personnes, une baisse de 64 % entre 1987 et 2018 . La croissance de la population de la RMR a été de 0,8 % en 2018 . Depuis 2012, la croissance de la population de la région a été systématiquement inférieure à 1 %, tout comme le taux de croissance annuel moyen sur les dix dernières années .

Une population vieillissante

L’évolution de la population en âge de travailler de la région, par tranche d’âge, permet d’observer la tendance au vieillissement de la population : plus la tranche d’âge est élevée, plus sa croissance au fil des ans est importante, et plus sa proportion dans l’ensemble de la population augmente .

Entre 2001 et 2019, la population de 15 à 64 ans a crû de 10 % dans la RMR de Québec, alors que celle de 65 ans et plus augmentait de 72 % . La population de 15 à 24 ans a baissé de 6 %, alors que celle de 55 à 64 ans a augmenté de 59 % .

Évolution de la population en âge de travailler - RMR de Québec


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2019201820172016201520142013201220112010200920082007200620052004200320022001

65 ans et plus

55 à 64 ans

25 à 54 ans

15 à 24 ans

mill

iers


La population âgée de 55 à 64 ans comptait, en 2019, 117 800 personnes, soit 17 % de l’ensemble de la population en âge de travailler⁹ . C’est autant de personnes qui, à moins d’une modification des comportements, vont graduellement prendre leur retraite dans les prochaines années, considérant que l’âge moyen de départ à la retraite au Québec est d’environ 62 ans .

Les effets du vieillissement de la population se matérialisent par l’évolution de l’indice de remplacement pour les prochaines années . Cet indice correspond au rapport entre les 20 à 29 ans et les 55 à 64 ans, multiplié par 100 . Il devrait continuer à se dégrader pour atteindre un creux de huit entrées pour dix départs en 2022 . Il était de moins de neuf entrées, pour dix départs en 2019 .

Indice de remplacement - RMR de Québec

Sources : Institut de la statistique du Québec et Québec International

Le nombre de « remplaçants » sur le marché du travail ne permettra pas de compenser le nombre de départs au cours de la prochaine décennie . La ligne rouge sur le graphique précédent représente un niveau d’équilibre hypothétique où les sorties du marché du travail seraient compensées par un nombre équivalent d’entrées . Par ailleurs, bien qu’un retour à l’équilibre soit attendu à partir de 2031, il offrira bien peu de marge de manœuvre tant la proportion de 20 à 29 ans compensera à peine celle de 55 à 64 ans .

⁹ 15 ans et plus

0

20

40

60

80

100

120

2036

2035

2034

2033

2032

2031

2030

2029

2028

2027

2026

2025

2024

2023

2022

2021

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

2011


| 23Un déficit démographique sévit

Le déficit démographique que connaît la région est une tendance lourde dont les effets affectent la population active c’est-à-dire le nombre de personnes à même de participer au marché du travail et de contribuer à l’économie de la région . En parallèle, le vieillissement de la population implique des défis comme la réduction de l’assiette fiscale ou encore une augmentation des dépenses en soins de santé, qui, tout compte fait, affecteront la performance économique de tout le Québec . Face à ces tendances de fond, l’augmentation de la population en âge de travailler et l’optimisation de sa productivité sont primordiales pour la prospérité de la région .

Des pistes de solution


La rareté de main-d’œuvre est un facteur limitant l’activité économique de la région . Les pistes de solution pour les entreprises sont diverses et leur mise en œuvre nécessite l’action d’acteurs économique et politique à différents niveaux . Cependant, à court terme, et dans un contexte où les entreprises doivent être réactives, le levier d’actions pour soutenir la production consiste souvent à augmenter les heures travaillées par la main-d’œuvre en place, suivie ensuite par l’embauche de nouveaux employés . En d’autres termes, l’idée est d’accroître la main-d’œuvre, tout en optimisant le rendement de cette dernière . Cela passe donc par l’attraction de travailleurs qualifiés et l’amélioration de la productivité du travail .

L’immigration

Dans un contexte où le bassin de travailleurs disponibles se raréfie, l’immigration est une piste de solution qui permet aux entreprises de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée et apte à contribuer à l’activité économique de la région .

Un bilan de la population immigrante de la RMR de Québec, lors du dernier recensement10 en 2016, permet de constater que cette dernière est jeune et scolarisée . 95 % des immigrants qui arrivent à Québec sont âgés de moins de 45 ans, et 72 % d’entre eux détiennent un diplôme postsecondaire . Leur intégration sur le marché du travail est à l’avenant . À cet effet, le taux d’emploi de la population immigrante âgée de 15 ans et plus était de 74 %, contre 64 % pour la population née au Canada .

La comparaison avec le reste du pays permet de constater que le taux d’emploi de la population immigrante est plus élevé dans la RMR de Québec . Au Québec, le taux d’emploi était, en effet, de 59 % pour la population immigrante, contre 60 % pour la population née au Canada . Au Canada, le taux d’emploi pour l’un et l’autre était de 58 % et 62 % .

Sources : Statistique Canada, recensement 2016 et Québec International

10 Statistique Canada 2016

Des immigrantsétaient en emploi

Des nouveauxarrivants détenaient undiplôme postsecondaire

Des nouveauxarrivants avaientmoins de 45 ans

Des immigrantsparlaient français

74 %72 %95 %96 %


| 27Des pistes de solution

En 2019, selon Statistique Canada, leur taux d’emploi était plus élevé encore avec 77 %, contre 66 % pour la population née au Canada . Au Québec, le taux d’emploi de ces deux groupes était respectivement de 63 % et 61 % . Pour le Canada, il a atteint respectivement 61 % et 62 % .

Dans un contexte où les effets de la rareté de main-d’œuvre sont accentués par le vieillissement de la population, l’apport d’une telle population, jeune, instruite et intégrée prend tout son sens . Malheureusement, selon des projections de Statistique Canada11, la présence des immigrants ne permettra pas, dans l’avenir, de freiner le recul du taux d’activité dans la région métropolitaine de Québec ni dans toute autre RMR du Québec12 à l’exception de la RMR de Montréal .

La RMR de Québec ne profite pas suffisamment de ce bassin de main-d’œuvre potentiel . La proportion d’immigrants que reçoit la RMR est inférieure à son poids démographique de 9,7 % .Une analyse du dernier recensement en 2016 permet de dresser un constat clair quant à la proportion d’immigrants par rapport à la population totale de chaque RMR .

Proportion de la population immigrante par RMR


11 Martel, Laurent . 2019 . Population active du Canada et de ses régions : projections jusqu’en 203612 Ottawa-Gatineau (partie du Québec), Sherbrooke, Trois-Rivières, Saguenay

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

QuébecOttawaMontréalEdmontonWinnipegCalgaryVancouverToronto

po

urc

en

tag

e (%

)

46,1 %

40,8 %

29,4 %

23,9 % 23,8 % 23,4 %

19,7 %

5,7 %


La RMR de Québec a, en effet, la plus faible proportion de population immigrante, des principales RMR canadiennes . L’écart entre Québec et Ottawa, la RMR qui la précède dans ce classement, illustre le fossé qui la sépare des autres . Ce constat est d’autant plus marquant que la région dispose d’une économie florissante, les indicateurs du marché du travail atteignent, pour la plupart, des sommets inégalés, avec des besoins en main-d’œuvre qui n’ont jamais été aussi pressants . De plus, la région offre de nombreux atouts attractifs et un coût de la vie relativement compétitif et les immigrants s’y intègrent bien . Malgré toutes ces conditions favorables, la RMR se classe dernière des principales RMR du pays .

La situation de la RMR de Québec, parmi les RMR du Québec, est également à signaler . La RMR de Québec se classe quatrième quant à la proportion de la population immigrante .

Proportion de la population immigrante par RMR du Québec


La RMR de Montréal, bien sûr, et les RMR d’Ottawa-Gatineau (partie du Québec) et de Sherbrooke ont plus d’immigrants, en proportion de leur population totale, que la RMR de Québec . Seules les RMR de Trois-Rivières et de Saguenay font moins bien .

0

5

10

15

20

25

SaguenayTrois-RivièresQuébecSherbrookeOttawa - Gatineau(partie du Québec)

Québec(Province)

Montréal

po

urc

en

tag

e (%

)



Les RMR du Québec ne sont pas logées à la même enseigne en ce qui concerne la répartition de la population immigrante au sein de la province . Il existe actuellement un réel déséquilibre entre la région de Montréal et les autres RMR du Québec . D’après le dernier recensement de la population13, 1 091 310 immigrants étaient comptabilisés au Québec, dont 936 305 dans la seule RMR de Montréal, soit près de 86 % des immigrants installés au Québec . Rappelons que dans la même période, la RMR de Montréal représentait 50 % de la population totale du Québec .

Répartition de la population immigrante par RMR du Québec


Dans le contexte actuel marqué par une rareté de main-d’œuvre qui affecte l’activité économique, le levier que constitue la population immigrante n’est pas pleinement actionné dans les régions hors Montréal, en général et dans la RMR de Québec, en particulier .

La RMR de Québec représentait environ 10 % de la population totale de la province, contre 4 % de sa population immigrante selon le dernier recensement .

13 Statistique Canada, 2016

936 305

52 955

44 550

36 095

14 550 ……

Montréal

Reste du Québec

Québec

Ottawa

Sherbrooke

Trois-Rivières

Saguenay


Répartition des populations totales et immigrantes par RMR


Si elle avait compté la même proportion de la population immigrante que son poids dans l’ensemble de la province, soit 10 %, c’est 109 131 immigrants que l’on y aurait recensés en 2016 plutôt que 44 550, une différence de 64 581 personnes . À part la RMR de Montréal, dont le poids en nombre d’immigrants dans la province surpasse son poids en population totale, seule la RMR de Ottawa-Gatineau (partie du Québec) se rapproche de « l’équilibre » . Les 36 095 immigrants comptabilisés lors du dernier recensement dans cette RMR, soit 3 % des immigrants de l’ensemble de la province, se comparaient à une population de 332 057 habitants, soit 4 % de la population du Québec .

La productivité et le virage numérique

Dans un contexte marqué par une rareté de main-d’œuvre, sur fond de déficit démographique, soutenir l’activité économique passe aussi par l’optimisation de la productivité . Cette dernière mesure l’efficacité avec laquelle une économie transforme les facteurs de production en richesse . La productivité est un indicateur complexe à mesurer, car il existe plusieurs facteurs de production qui agissent simultanément sur l’activité économique . Une façon moins complexe de l’aborder consiste à en utiliser des mesures partielles, en l’occurrence, la productivité du travail pour ce qui concerne cette étude .

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Reste duQuébec

SaguenayTrois-RivièresQuébecSherbrookeOttawa-Gatineau

Montréal

po

urc

en

tag

e (%

)

50 %

86 %

4 % 4 % 5 %2 %

0 %2 %

0 %

29 %

3 % 3 %1 %

10 %



La productivité du travail correspond à la richesse produite par heures travaillées . Elle se mesure donc en divisant le PIB réel par le nombre d’heures travaillées . À défaut de disposer du nombre d’heures travaillées à l’échelle des RMR, nous utilisons le nombre d’emplois afin de pouvoir faire une analyse à cette échelle géographique .

Cette variable est d’autant plus importante pour l’économie de la région, que cette dernière accuse un retard relatif . En 2018, la RMR de Québec a connu une croissance de son PIB par emploi de 0,2 % . Parmi les principales RMR canadiennes, seule Edmonton affichait une croissance inférieure avec 0,1 %14 . Pendant ce temps, le Canada et le Québec enregistraient des taux de croissance respectifs de 1,3 % et 1,9 % . Sur les dix dernières années, le constat n’est pas plus reluisant pour la région de Québec . La RMR a connu la plus faible croissance en termes de productivité parmi les principales RMR canadiennes . Avec 3,3 % de croissance entre 2009 et 2018, la RMR s’est située en dessous du Canada (+ 11,8 %) et du Québec (6,7 %) .

PIB PAR EMPLOI

Ville 2009 2018 Variation 2009-2018

TCAM 2009-2018

Québec 76 599,37 79 115 3,3 % 0,4 %

Toronto 94 774,31 103 595 9,3 % 1,0 %

Montréal 78 956,19 83 041 5,2 % 0,6 %

Vancouver 85 931,25 98 288 14,4 % 1,5 %

Calgary 125 222,81 138 294 10,4 % 1,1 %

Edmonton 100 044,76 112 068 12,0 % 1,3 %

Ottawa 89 137,55 94 100 5,6 % 0,6 %

Winnipeg 80 601,54 91 798 13,9 % 1,5 %

Le Québec 74 223,07 79 191 6,7 % 0,7 %

Canada 85 574,19 95 634 11,8 % 1,2 %

Sources : Conference Board du Canada et Québec International

Dans une ère où les avancées technologiques sont notables, la RMR de Québec peine à en profiter puisque sa productivité a stagné ces dix dernières années . L’amélioration de la performance de la région sera tributaire de la capacité des entreprises à adopter le virage numérique d’une part et, d’autre part, à investir plus en matériel et outillage . En 2018, la RMR a connu une baisse (-1,3 %) des investissements en matériel et outillage par rapport à l’année précédente avec 1,3 G$ . La moyenne d’investissement pour cet actif sur les dix dernières années (2009-2018) était de 1,5 G$ et le taux de croissance annuel moyen pour la même période était de -5,7 %15 . À l’échelle du Québec, le niveau de cet investissement est demeuré stable pour la même période . La région a sur son territoire, des entreprises technologiques et des centres de recherche qui se démarquent dans leurs domaines respectifs en étant innovant . Les entreprises de la région gagneraient à tirer parti de ces innovations dans leur quotidien .

14 Bilan et perspectives économiques, région métropolitaine de Québec 2018-2019, Québec International15 Calcul effectué à partir des données de l’Institut de la statistique du Québec



Un éventail de mesures complémentaires

Si l’immigration et l’amélioration de la productivité du travail constituent des mesures essentielles pour soutenir l’activité économique dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre, d’autres dispositions complémentaires devront être considérées .

L’une d’entre elles consiste à inciter à la participation au marché du travail de certaines catégories d’âge comme les 55 ans et plus . En 2019, le taux d’activité des 55 à 64 ans était de 65,2 % dans la RMR de Québec, le taux le plus faible parmi les principales RMR canadiennes . Si l’on appliquait à notre région le taux d’activité moyen des principales RMR du pays pour ce groupe d’âge, à savoir 68,8 %, cela représenterait une addition de près de 4 230 travailleurs . La même logique appliquée à la population de 65 ans et plus permettrait de comptabiliser environ 4 900 travailleurs supplémentaires pour la région de Québec . Favoriser cette hausse de participation nécessiterait des incitatifs fiscaux rendant attractif, pour ces catégories d’âge, un retour à temps plein ou partiel au travail .

La rétention des talents à travers le solde migratoire interprovincial est aussi une piste de solution pour la région . Même si le bilan net pour la région était positif en 2018 avec 5 631 personnes, le solde interprovincial est demeuré négatif16, une situation qui persiste depuis plusieurs années . À ce propos, 2 231 personnes ont quitté la région pour s’installer dans une autre province, contre 1 535 qui ont fait le chemin inverse .

Les employeurs de la région jouent également un rôle de premier plan face à la rareté de main-d’œuvre . Une panoplie de pratiques peut être adoptée afin d’attirer et de retenir des travailleurs de plus en plus sollicités . La conciliation travail-vie personnelle, les horaires variables, le télétravail, le développement personnel et la formation continue sont autant d’outils à la disposition des entreprises .

Enfin, le système éducatif devra, quant à lui, continuer à offrir des formations initiales et continues en adéquation avec les changements rapides du monde du travail . Cette adéquation implique des domaines et contenus de formation, mais aussi des niveaux d’études pertinents pour les besoins du marché du travail .

16 Bilan et perspectives économiques, région métropolitaine de Québec 2018-2019, Québec International



Annexe


Liste des professions en déficit à court et moyen termes – RMR de Québec

` Adjoints administratifs juridiques

` Adjoints de direction

` Agents d’administration

` Agents et courtiers d’assurance

` Aides de maintien à domicile

` Analystes de bases de données et administrateurs/administratrices de données

` Analystes et consultants en informatique

` Assureurs

` Audiologistes et orthophonistes

` Autres agents financiers

` Chefs

` Contremaîtres des machinistes et du personnel des métiers du formage, du profilage et du montage des métaux et personnel assimilé

` Designers graphiques et illustrateurs

` Designers industriels

` Directeurs de la fabrication

` Électromécaniciens

` Entrepreneurs et contremaîtres en charpenterie

` Experts en sinistres et rédacteurs en sinistres

` Gestionnaires des systèmes informatiques

` Gestionnaires en agriculture

` Infirmiers

` Ingénieurs électriciens et électroniciens

` Ingénieurs et concepteurs en logiciel

` Ingénieurs informaticiens

` Inspecteurs de la santé publique, de l’environnement et de l’hygiène et de la sécurité au travail


| 35Annexe

` Machinistes et vérificateurs d’usinage et d’outillage

` Magasiniers et commis aux pièces

` Manœuvres dans la transformation des aliments et des boissons

` Manœuvres en aménagement paysager et en entretien des terrains

` Mathématiciens, statisticiens et actuaires

` Mécaniciens d’équipement lourd

` Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels

` Mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles, de camions et d’autobus

` Omnipraticiens

` Optométristes

` Outilleurs ajusteurs

` Ouvriers agricoles

` Pharmaciens

` Pilotes, navigateurs et instructeurs de pilotage du transport aérien

` Préposés aux bénéficiaires

` Programmeurs et développeurs en médias interactifs

` Psychologues

` Répartiteurs

` Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser

` Techniciens de réseau informatique

` Techniciens en génie électronique et électrique

` Techniciens en génie industriel

` Techniciens en génie mécanique

` Technologues en cardiologie et technologues en électrophysiologie diagnostique

` Technologues en santé animale et techniciens vétérinaires

` Vérificateurs et comptables

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