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De NEXT edities volgen elkaar in een razend tempo op. Na amper zeven jaar is het festival uitgegroeid tot een begrip dat tot ver buiten de grenzen van de Eurometropool weerklinkt: een fijne selectie van heden- daags podiumwerk, stuk voor stuk af en straf, met oog voor de grootmeesters van van- daag en een neus voor die van morgen. Elke dag posten onze NEX- Treporters hun verslagen en fotoreportages op deze blog* en krant, zo leert u het festival ook eens van achter de scher- men kennen. En à peine sept années d’exis- tence, NEXT est devenu un événement artistique repéré bien au-delà des « frontières » de l’Eurométropole pour l’exi- gence de sa programmation dans le domaine des arts de la scène contemporaine. Celle- ci propose un regard sur de grands artistes déjà reconnus, tout autant qu’elle s’efforce de repérer et présenter ceux de demain. Chaque jour, nos NEXT-repor- ters parcourent le festival pour vous. Découvrez leurs pho- tos, articles, impressions... sur le blog* et dans cette version papier. 2 NEXT festival 2014 dagkrant : le journal 28.11 * nextfestival.wordpress.com

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De NEXT edities volgen elkaar in een razend tempo op. Na amper zeven jaar is het festival uitgegroeid tot een begrip dat tot ver buiten de grenzen van de Eurometropool weerklinkt: een fijne selectie van hedendaags podiumwerk, stuk voor stuk af en straf, met oog voor de grootmeesters van vandaag en een neus voor die van morgen. Elke dag posten onze NEXTreporters hun verslagen en fotoreportages op deze blog* en krant, zo leert u het festival ook eens van achter de schermen kennen. En à peine sept années d’existence, NEXT est devenu un événement artistique repéré bien au-delà des « frontières » de l’Eurométropole pour l’exigence de sa programmation dans le domaine des arts de la scène contemporaine. Celle-ci propose un regard sur de grands artistes déjà reconnus, tout autant qu’elle s’efforce de repérer et présenter ceux de demain. Chaque jour, nos NEXT-reporters parcourent le festival pour vous. Découvrez leurs photos, articles, impressions... sur le blog* et dans cette version papier

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Page 1: NEXT 2014 Dagkrant / Le Journal #2

De NEXT edities volgen elkaar in een razend tempo op. Na amper zeven jaar is het festival uitgegroeid tot een begrip dat tot ver buiten de grenzen van de Eurometropool weerklinkt: een fijne selectie van heden-daags podiumwerk, stuk voor stuk af en straf, met oog voor de grootmeesters van van-daag en een neus voor die van morgen.

Elke dag posten onze NEX-Treporters hun verslagen en fotoreportages op deze blog* en krant, zo leert u het festival ook eens van achter de scher-men kennen.

En à peine sept années d’exis-tence, NEXT est devenu un événement artistique repéré bien au-delà des « frontières » de l’Eurométropole pour l’exi-gence de sa programmation dans le domaine des arts de la scène contemporaine. Celle-ci propose un regard sur de grands artistes déjà reconnus, tout autant qu’elle s’efforce de repérer et présenter ceux de demain.

Chaque jour, nos NEXT-repor-ters parcourent le festival pour vous. Découvrez leurs pho-tos, articles, impressions... sur le blog* et dans cette version papier.

2NEXT festival 2014

dagkrant : le journal

28.11

* nextfestival.wordpress.com

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LAURENT GoLdRING & MARIKA RIZZI‘Cesser d’être un’EsPaCE PasOlINI valENCIENNEs

‘The Green Light District’buDaFabRIEk kORTRIjk

Première approche: la découverte du dispositi f par le spectateur qui peut se mouvoir autour de l’installati on avant de prendre place au sein de cett e salle inti miste et obscure : le ton est lancé. Cett e grande installati on de centaines de fi ls entrelacés, formant des connexions presque neuronales où il semble qu’une monstrueuse araignée vient d’y élire domicile ac-croît la curiosité du spectateur. On devine une forme humaine à son sommet qui semble plongée dans un sommeil profond. Le spectacle commence : ce ti ssage de fi ls blancs s’éclaire, la lumière glisse sur tout ce maillage, se meurt, produit des eff ets presque impres-sionnistes. Ce rayon, ce halo permet de ressenti r les vibrati ons arti sti ques et poéti ques du projet. Cett e lumière focalise l’œil sur les nœuds, les liaisons, les synapses qui consti tuent ce magnifi que nouage. Soudain au milieu du silence et de ce clair-obs-cur, un corps se meut, et cherche à se frayer un passage au travers de cett e toile. Les mouvements se font lents, le corps prend des positi ons qui défi ent les lois de la pesanteur, nous admirons ce corps qui peut se mou-voir de toutes les manières possibles. Ce projet rompt avec la verti calité de l’Homme. A la questi on l’Homme peut-il léviter ? Au regard de cett e installati on ma réponse est oui. Cett e représentati on brise les habi-tudes spati o-temporelles et certaines conventi ons du spectateur : dans la pénombre, il apprend à retrouver une sérénité proche de la médita-ti on, se laissant bercer par le chant, la douce musique des fi ls que le corps de la performeuse met à l’épreuve, écarte, tend, tel un instrument de musique, l’installati on vit et vibre. Le silence n’est aucunement pesant, il devient contemplati f. Le temps, au même ti tre que le corps, semble en suspens. La lumière baigne toujours ce beau tableau, le ti ssage méta-morphose l’être, certains moments troublent la vision, on croit deviner autre chose qu’une forme humaine.

A la fi n de cett e performance, je n’ai pu m’empêcher de venir réexaminer cett e toile, de la toucher. C’est une installati on qui éveille les sens. Au toucher, ces fi ls très durs m’amène à reconsidérer le travail arti sti que au fi l de diff érentes questi ons : le corps de cett e performeuse a-t-il souff ert de se mouvoir parmi ces cordes ? Je m’imaginais rentrer dans l’installa-ti on, mais un senti ment de claustro-phobie m’aurait envahi, c’est sûr ! Je pense que ce travail met en place avec son spectateur une invitati on à la réfl exion, à la médiati on. A la questi on comment penser l’être, l’unité et la multi tude au travers du monde actuel et du monde de l’art, je n’ai pas encore trouvé la réponse ou alors elle est trop inti me pour la dévoiler. Entre catharsis, inti mité et poésie, le fait de cesser d’être un est eff ecti vement, peut- être une des ré-ponses à la questi on.

charlotte

Je ne savais pas à quoi m’att endre pour cett e expositi on même si mal-gré tout, j’avais eu la curiosité d’aller voir le site de la Budafabriek. Malheu-reusement je ne pipe pas un mot de fl amand et pour une fois je suis bien contente de n’avoir rien compris à ce que j’ai lu, car la surprise a été d’au-tant plus grande. C’est une expositi on complètement à part où des arti stes, chercheurs et étudiants se sont asso-ciés pour travailler sur des projets communs et exposer leurs idées.

Tout y passe, des idées extravagantes et d’autres un peu plus réalistes. Des puces d’eau qui changent de couleur au contact de produits toxiques ou un travail sur une « méga-poule » née d’un croisement d’espèces. Quelque part la science est aussi une forme d’art. C’est une forme de créati on et d’imaginati on avant même la phase expérimentale.

zélia

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VERA MANTERo‘What can be said about Pierre’EsPaCE PasOlINI valENCIENNEs

Etrange rencontre entre un public, une danseuse, une voix, celle de Gilles Deleuze grand philosophe. Un extrait, un cours magistral sur Spino-za nous transporte sur la vague de la philosophie. Brisant les conventi ons de la danse accompagnant une mu-sique, cett e dernière se fait discours. Elle devient l’illustrati on d’une voix, d’une parole et de mots. La danseuse au corps svelte et dynamique met en acte, en mouvement, cett e fameuse voix, cet acte philosophique. Elle devient l’une des traductrices du dis-cours, mais surtout présente l’une des façons de l’appréhender et de le comprendre de façon sensible. L’exercice n’est pas simple, il faut se concentrer sur les mots entendus puis essayer de comprendre comment ap-pliquer le mouvement au contenu ? Au départ nous essayons tous de trouver une transcripti on à la parole mais cett e danse semble « exploser » en diff érents gestes qui semblent par-fois n’avoir aucun lien avec ce qui est audible. Le premier questi onnement fut : comment cett e danseuse a-t-elle eu l’idée de tel mouvement pour telle parole ? Comment traduire soi-même cet acte performati f et arti sti que ?

A mesure que le discours et la danse emplissaient l’espace scénique, le spectateur était comme happé par la fascinante expressivité qui ressor-tait de ce moment. Les expressions faciales, la posture, devenaient un langage : un nouveau langage. Un moment sublime, une découverte des possibilités multi ples du geste, de la langue, de la transmission de la pensée. Deleuze, Spinoza et Vera Mantero parlaient désormais d’une seule et même voix. Cett e danse, cett e transe, explore les possibles d’une corporalité. On peut se demander alors comment envi-sager la communicati on corporelle après cett e démonstrati on ? Grâce à Vera Mantero, nous pouvons faire une relecture de notre corps, il de-vient évident que comme notre cer-veau, nous n’uti lisons pas pleinement la capacité performati ve, commu-nicati onnelle et arti sti que de celui-ci. Entre langage des signes, danse, expressivité et dépassement de soi cett e arti ste crée une louange aux langages quels qu’ils soient.

charlotte

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LUK PERCEVAL / NTGENT & THALIA THEATER HAMBURG‘Front’CC HET PERRON IEPER

Honderd jaar na de start van de Eerste Wereldoorlog schrijft Luk Perceval een requiem dat het verhaal vertelt van soldaten, van verpleegsters, van moeders. Daarvoor ging hij aan de slag met het boek “Van het westelijk front geen nieuws”, geschreven door Erich Maria Remarque, een Duitse veteraan.

Het theaterstuk, dat in het Neder-lands, Frans, Duits en Engels gespee-ld wordt, toont de zinloosheid van de oorlog, de onmacht van moeders die hun zonen zagen vertrekken, maar niet meer zagen terugkeren. Perce-val ziet geen Duitse, Franse, Britse of Belgische soldaten; hij toont jongens die, op een veel te jonge leeftijd, on-derworpen werden aan de gruwelen van een oorlog.

Kleine verhalen

Achteraan op het podium staat een gigantische muur, die veel weg heeft van een ruïne. Ze is opgebouwd uit grote platen die aan elkaar vasthan-gen met stalen kettingen. Rechts voor de muur staat een ladder, en helemaal vooraan staan een tiental kratten op een rij – één voor elke soldaat. Bij de start van de voorstelling moeten alle zaallichten ruimen voor enkele kleine lampjes op het podium. Elke acteur heeft een lampje waarmee hij zijn ge-zicht in een oranje gloed baadt. Een rij lampionnen die van achteraan tot vooraan het podium loopt, verdeelt het in twee delen: de frontlinie. De rest van het podium blijft volledig donker.

De soldaten gaan zitten op hun krat, op een rij kijken ze recht het publiek in. Ze dragen allen een zwart kos-tuum met daaronder een wit hemd. Alleen wanneer ze spreken kan je horen tot welk land de soldaat toebe-hoort, maar eigenlijk maakt dat niet veel uit. Nationaliteiten zijn niet van belang, de grote verhalen van de oor-

log evenmin. Er wordt geen aandacht besteed aan het verloop van de oor-log, of wie ze gewonnen heeft: aan het front verliest iedereen. Hier is alle ellende gelijk.

Zintuigenprikkeling

Perceval doet zijn best om vanaf de eerste secondes alle zintuigen van het publiek te prikkelen, een opzet waarin hij ook slaagt. Een schrille trompet zorgt meteen voor een kille, onheilspellende sfeer. Het trompe-tgeluid, dat bij velen een associatie met dodenherdenkingen oproept, snijdt door de anders muisstille zaal. Even later wordt onweer ongelooflijk realistisch nagebootst: veel luider dan wat aangenaam zou zijn. Het ondraa-glijke lawaai brengt je op je ongemak, en vanaf dat het begint wens je dat het op zou houden. Op een gedurfde manier wekt Perceval emoties op bij het publiek. Door hele sterke prikkels het publiek in te sturen, dwingt hij je de sfeer van de oorlog in.

Het vaak overweldigende geluid weet Perceval in evenwicht te brengen met visuele eenvoud. Het decor is heel simpel maar wordt aangevuld door een prachtig lichtspel. Op de muur worden zwart-witbeelden ge-projecteerd van soldaten. Met deze projecties worden ook decorveran-deringen gecreëerd. Zo wordt met een wolkachtig patroon heel slim een gasaanval gesimuleerd. Een heleboel lichtpuntjes moeten dan weer dui-delijk maken dat we ons onder een sterrenhemel bevinden. Dankzij deze techniek wordt het stuk nooit onder-broken voor decorveranderingen, twee uur lang blijf je volledig onder-gedompeld in het verhaal.

Verplichte kost

In dit stuk doet Perceval het volledige publiek meeleven. Je voelt de pijn van de moeder die al haar kinderen

verloor. Je voelt de onmacht van de soldaat die al zijn kameraden voor zijn ogen zag sterven, en die– volledig toevallig – zelf het leven nog niet liet. Je leeft mee met de verpleegsters die ’s nachts nachtmerries hebben van de slachtoffers die ze overdag moeten verzorgen, en je hoopt dat jouw familie en geliefden nooit zulke gruwelijkheden moeten meemaken. « Wie de geschiedenis niet kent, is gedoemd ze te herhalen”, zei George Santayana, lang voor de oorlog zelfs begonnen was. Perceval doet het anders. Wie de geschiedenis niet be-leeft, is gedoemd ze te herhalen. En zo verlieten we de zaal als iets grotere pacifisten dan toen we ze binnenkwa-men.

emilie

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LAURENT GoLdRING & MARIKA RIZZI‘Cesser d’être un’EsPaCE PasOlINI valENCIENNEs

Tisser à deux pour laisser son em-preinte dans la sculpture.Une femme en noir, couchée, qui déambule de haut en bas, puis re-monte, sans briser les fi ls qui la re-ti ennent, dans cett e immense toile fi ne.Délicatesse, explorati on, bruitage « fi liforme ».Silence, le spectateur se concentre sur celui-ci, concentre son corps.Blanc, noir, cachée, découverte…Une confecti on merveilleuse.

juliette

L’inspirati on, l’expirati on, ma res-pirati on, celle de mon voisin, c’est ce que j’ai vu au début du spectacle jusqu’à ce que.. J’aperçus, perchée là-haut, tout là-haut, une masse noire… Morte ? Non, vivante ! Ses mouve-ments sont à peine percepti bles : un murmure sur la toile.

Mais quelle est cett e forme ?

Un papillon ! Sans aile ?

Une chenille ! Dans une toile ?

Une araignée ! Avec des bras et des jambes ?

Un corps ? Un corps !

Un corps dans un décor de cordes. Non pas celles qui tombent, mais celles que l’on ti sse, dans lesquelles on se glisse, celles que l’on craque, parfois, en même temps que nos os. « Nos eaux » entendent mes oreilles.

Que cherche ce corps ?Sorti r ? Non ! Il évolue, c’est tout !Il apparaît, disparaît, il fait deux, il cesse d’être un !

coralie

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henri

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LUIs GARAy‘Maneries’EsPaCE PasOlINI valENCIENNEs

Concentration / accélération.Prise de conscience du corps.Démembrée / droite / machine.Puissance sonore entrainante.Physique – technique.Respiration – souffle.Souffre, hurlements de douleurs.Mise à nu.Exploitation des déplacements, satu-ration de l’espace.

Gêne, douceur, délicatesse.Peinture de nu aux baskets.

Jeux de tensions imaginaires.Vibrations corporelles.Trainées animales.Langage de signes corporels.Code futuriste d’anomalies imagi-naires.

Tension / résistance de l’impercep-tible.

Folie – Désir – Plaisir.

juliette

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Merci Luis Garay, Florencia Vecino, Mauro Panzillo et leur équipe technique pour cett e majestueuse claque dans la fi gure !

justine

htt ps://vimeo.com/112444496

Body language, mime, trance-like, tribal and arbitrary dance parts – Luis Garay mixes in “Maneries” an expressional limit-research with dancer Florencia Vecino and electric live music by DJ Mauro Ap.

I noted this down during the show:

Like an alien from another worldwho talks about his impressions of our worldwho is boldwho does not mindwho addresses himself to everybody and to no one.

Who is trying to tell us a storybut is too much concerned with himself.

mona

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coralie

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Troublante interprétation que celle de cette jeune danseuse argentine qui évolue sur scène avec une incroyable fluidité. Une fluidité qui fonctionne en symbiose avec des mouvements saccadés, des gestes qui ne sont pas sans évoquer un registre propre au break dance ou au hip hop.

Au départ, un corps debout à la verticale effectue quelques mouve-ments minimes au niveau du ventre. Des jeux d’ombres et de lumières viennent ensuite animer ce ventre, qui malgré sa tenue statique, hyp-notise en douceur le spectateur, plongeant ce dernier dans une sorte de béatitude éveillée. Au bout d’un temps indéterminé, le corps de l’in-terprète se met lentement en mouve-ment, sollicitant d’abord la partie su-périeure. Ainsi, les bras et les mains de l’artiste se rejoignent en cercle pour créer une sorte d’arcade mou-vante très gracieuse. Une posture qui évoque brièvement les bras en cou-ronne d’une ballerine. L’artiste exé-cute alors avec ses mains des gestes rotatifs saccadés, assez proches d’un langage mimé et d’un répertoire bur-lesque. Des gestes ayant pour but de créer un effet d’ombre au sol des plus captivants. L’éclairage de la scène joue ici un rôle bien particulier où des ombres se détachent sur le sol à par-tir du corps de l’interprète, formant ainsi, durant un court instant, un trio visuel des plus séduisants – ombre corps, corps ombre – proche de l’ef-fet d’un kaléidoscope ou du divertis-sement et de la magie des ombres chinoises. Suite donc à ces deux pre-miers épisodes, celui de la statique contemplative et des gestes en cou-ronne, un troisième temps de repré-sentation se met en place. À partir de cet instant, la danseuse va pouvoir s’approprier tout l’espace de la scène en évoluant dans une marche rapide.

L’on rentre alors dans le vif du sujet, celui des attitudes, des postures et surtout des manies de chacun. Le corps de l’interprète va donc se mou-voir et se métamorphoser d’une pos-ture à l’autre, comme en accéléré.

Une mouvance qui glisse tout natu-rellement d’un schéma de corps à l’autre, sans brisures, sans violences ni incohérences visibles. Nous obser-vons donc une quantité de poses différentes exécutées à un tempo rapide, renouvelant sans cesse l’as-pect de ce corps : corps tantôt cara-pace, hybride, tantôt statuaire, élé-gant, sensuel, presque pictural. Une dualité est donc perceptible. Cette dernière est troublante car elle ques-tionne le spectateur vis-à-vis de sa propre corporalité et des possibilités de transformation que cette dernière recèle. Des possibilités de mutation du corps paraissent alors infinies et singulières. Il est donc étonnant de constater que la présence d’une seule interprète puisse évoquer la collectivité des anatomies du corps sociétal. Tantôt âpres et disgracieux, tantôt séduisants et évanescents, les corps (regroupés en un seul) ainsi présentés sur scène sollicitent tout un répertoire de physionomies à la fois figurées et vécues. Si certaines poses stéréotypées évoquent un état des corps répondant aux canons contemporains : la joggeuse perfor-mante, les mimiques étranges du mannequinat ; d’autres, en revanche, sont plus proches des archétypes grecques : pauses nonchalantes du contrapposto debout ou au sol. Des postures où les hanches jouent un rôle primordial dans l’oscillation du corps, qui agit tel un balancier. Tout cet ensemble évolue sur une compo-sition musicale électronique dont les sonorités marquent les mouvements de l’artiste. La musique semble ainsi

dynamiser l’ensemble de la chorégra-phie. La qualité musicale de la parti-tion transporte le spectateur, qui se retrouve pris dans une atmosphère électrique et grisante, très stimulante pour les sens. En somme, la grande qualité de ce spectacle repose, selon moi, sur une coordination harmo-nieuse entre musique et gestes mais aussi entre enchaînement et exploi-tation de l’espace scénique. Maneries suggère également la splendeur du clair-obscur d’un Caravage, comme s’il s’agissait d’un tableau vivant qui s’animait face à nous. Dans un même temps, le côté quelque peu mécanique des gestes de la danseuse suggère un corps androïde dont les mouvements parfaitement exécutés seraient paramétrés par une ma-chine.

Tout un paradoxe existe au travers de cette œuvre vivante, aux citations multiples. Une œuvre mouvante et glissant d’un état de corps à un autre, avec brio et force d’exécution.

bahéra

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htt ps://vimeo.com/112502120

« Le cavalier bizarre a pris l’enfant et l’a emmené droit à la croix ». Josse de Pauw passe avec sa pièce Huis, inspirée par le Cavalier Bizarre de Michel de Ghelde-rode, de la naissance à la mort, « de noël à paques ».Le son, enregistré tout au long du spectacle dure normalement 1 heure 42. Il est réduit sur 49 secondes.Entre Noël Et Pâques, entre la naissance et la mort, la vie passe vite. Rien de plus.

mona

JossE dE PAUW & JAN KUIJKEN / Lod muziektheater‘HUIS’la ROsE DEs vENTs vIllENEuvE D’asCQ

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Une maitrise du jeu de lumières im-pressionnante, une esthétique à la fois simple mais terriblement forte, un récit poignant et une narration efficace où on ne s’ennuie jamais. Voilà comment décrire technique-ment un spectacle tel que Notre peur de n’être. Si seulement cela pouvait s’arrêter à la technique, il serait beau-coup plus simple d’expliquer l’état d’émerveillement ressenti quand on quitte la salle de spectacle. L’histoire que Fabrice Murgia nous raconte est poignante même si la thématique reste assez peu connue du specta-teur. En effet, la solitude profonde de ceux qui s’enferment volontairement dans un monde, éloignés de la socié-té, ne nous permet pas de nous iden-tifier rapidement. Mais le talent de la mise en scène intimiste et celui des acteurs, le tout accompagné par un système de narrateurs omniscients rend le message parfaitement clair.

On pourra reprocher au spectacle d’être cependant un peu agressif avec son public, nos yeux sont plusieurs fois mis à l’épreuve par des flashes de lumière aveuglante qui viennent conclure une scène ou en appuyer un

moment particulier. À cela s’ajoute une incompréhension globale du rôle des personnages dans le récit et des liens entre eux jusqu’à un certain point du spectacle. Avant cela, on a l’impression d’assister à une série de portraits sans véritable lien entre eux si ce n’est le fil conducteur qu’est la solitude.

Car c’est bien de solitude que parle ce spectacle : la solitude d’une ma-done italienne qui a tout quitté et qui consacre son existence entière à un fils sur lequel elle transfère tout ce qu’elle n’a pas pu être. Ce fils étouffé qui ne peut s’échapper que par un repli sur lui-même. Un quadragénaire dont la mort de sa femme le plonge dans une mélancolie que rien ne semble pouvoir guérir. Et enfin une jeune diplômée en tension perma-nente par rapport à ce qui pourrait lui arriver. Tous ces intervenants font leur chemin jusqu’à ce que leurs his-toires en viennent à se croiser et à s’entremêler.

La technologie est également au centre du spectacle. Omniprésente dans la vie des personnages, elle est abordée de manière neutre, sans a priori ni dénonciation. Sont montrées ses forces (accès au savoir, pensée collective) comme ses faiblesses (iso-lement, addictions). La technologie est ici une source d’expression qui aide certains à s’en sortir dans une civilisation de plus en plus brutale, en proie à des crises et des malaises op-pressants. Notre peur de n’être porte un réel optimisme dans son message. Fabrice Murgia nous parle, à travers les technologies nouvelles, de la jeu-nesse actuelle et de son désir d’espé-rer, ses attentes et sa ferveur.

Véritable engin théâtrale, Notre peur de n’être est donc un spectacle complet, à la mise en scène éner-gique et épurée, à la bande son effi-cace et surtout au jeu de comédien incroyablement juste. Un fascinant portrait du monde moderne.

valentin

fABRICE MURGIA / CIE ARTARA‘Notre peur de n’être’maIsON DE la CulTuRE TOuRNaI

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AMANdA APETREA & HALLA ÓLAfsdÓTTIR‘Beauty and the Beast’buDasCOOP kORTRIjk

Folle drôlerie Suédoise

justine

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ALAIN PLATEL / MüNCHNER KAMMERsPIELE & LEs BALLETs C dE LA B‘Tauberbach’OPéRa DE lIllE

L’aliénation du grandiose

Une scène, des formes, des haillons, des couleurs.Des corps qui gisent et surgissent par pulsations décalées.

Bach résonne à nos oreilles, comme le murmure d’un autre siècle qui chu-chote ses secrets.

Une femme qui s’adresse au ciel, avec l’énergie du désespoir,

Voix puissante qui surgit de nulle part et qu’elle seule semble apte à entendre et à interpréter.

La solitude de l’être face à lui-même est perceptible dès les premiers ins-tants de cette pièce sublime, au goût amer. Décharge textile ou pays de cocagne pour ces esprits divergents, ces corps torturés ?

Le nouvel asile serait-il pour Alain Platel une source d’inspiration où la créativité est le maître mot ? Il fait de ce répertoire gestuel, propre aux malades mentaux, une poésie lourde au lyrisme pathétique.

Comme par enchantement, le gro-tesque devient fascinant et le dis-gracieux émerveillement. Nous vient alors à l’esprit cette simple inter-rogation : qu’est-ce qui est si beau dans cet amas de corps distordus et d’étoffes éparpillées ? La liberté pro-bablement, celle de voir ces corps qui

évoluent sur scène côte à côte, dans différentes temporalités et dans des espaces tout à la fois proches et loin de nous. Ces personnages, qui vivent dans une sphère privée – cachés du monde – donnent la sensation d’agir selon leurs propres schémas. Pas de rigidité ni d’organisation cohérente visible, seulement des glissements, des soubresauts, un désordre qui s’apparente au chaos et à l’harmo-nie d’une nature. Un espace sauvage brut, non domestiqué. C’est bien cette symbiose du désordre, cette esthétique du chaos, qui fascine et éblouit le spectateur.

Comme si ces êtres exclus et débarras-sés du carcan social, comme dépouil-lés du semblant, subsistaient dans un monde presque irréel. Un univers où les uns et les autres jouent, rient, se prennent d’affection, s’exhibent, se repoussent, se recherchent…sans retenues ni effets de contrainte. À la fois proche d’une animalité abrupte parfois dérangeante et dans le même temps emprunte d’une grâce presque surhumaine, ne sont-ils pas davan-tage proches d’une profonde huma-nité ? D’une forme de bienveillance dont nous aurions oublié ou désap-pris les fondements.

C’est tout le paradoxe de cette œuvre singulière et magistrale, où le répulsif côtoie sans cesse l’horizon du gran-diose. Comme si ces deux entités n’étaient plus contradictoires, mais au contraire insécables, complémen-taires. Les pulsations qui rythment le spectacle nous invitent ainsi dans un lointain dont nous ignorons les codes, mais dont les représentations nous émeuvent et nous fragilisent. Là encore, comme si l’un n’était pos-sible que par l’autre. C’est donc bien plus à une définition du sublime que du beau, au sens philosophique du terme, à laquelle nous convie cette œuvre dansée. Un sublime au sens d’une émotion forte et dérangeante, plutôt que d’un beau ravissant mais sage ; éloigné des remous et des émois que nous procure la violence du sentiment du sublime. L’humain, qu’il s’agisse du personnage sur scène ou bien du spectateur dans la salle, se retrouve seul à se ravir de ce ballet du défectueux. Un lieu où vivent ces êtres oubliés, dont la société ne veut rien savoir. La question sous-jacente semble alors prégnante au travers de cette représentation : qui de nous ou bien de ces malades, sont au final les plus vivants, les plus humains ?

bahéra

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RooTLEssRooT‘Eyes in the colours of the rain’lE PHéNIX valENCIENNEs

Un mur de pierre gris.

Côté jardin, un matelas, de la terre à poterie, un micro.

Côté cour, des néons suspendus.

L’ensemble de ces éléments sont pris dans un rectangle de bandes blanches au sol.

Aucun espace-temps défini : cela pourrait être hier comme aujourd’hui ou même demain. Les lumières s’éteignent, le combat peut commen-cer.

Les deux danseurs, un homme et une femme, entrent dans le « ring ». Les deux portent des vêtements noirs, contrastant avec les éléments de dé-cors, tous blanc. L’homme saisit le mi-cro et fait la première annonce de la soirée : « Are you ready? ». S’en suit un premier tableau, une première performance.

Les deux figures s’enlacent et com-mencent leur danse ensemble. La mu-sique se fait de plus en plus stridente, de plus en plus agressive, traduisant le combat qui se profile, inéluctable. Très vite, en une figure acrobatique, le matelas devient une arme pour blesser. Le femme est jetée dessus tel un sac de pomme de terre, fracas-sant le haut du matelas en un millier de petits morceaux. Une fois, deux fois, trois fois… jusqu’à ce qu’elle ne se relève plus. « Fracasser » l’autre, le briser à l’image de ces fêlures, de ces craquelures omniprésentes, tel est le but de cette performance.

Seconde annonce, seconde danse, toujours annoncée par l’homme : « This is about Apocalypse, total hu-

man destruction ». Le ton est donné. L’homme garde le micro pour nous « chanter une chanson ». Le chant se transforme peu à peu en cris, sur fond de musique rock’n’roll. Le son se veut disproportionné par rapport à la salle pour agresser d’autant plus le spectateur. Les paroles deviennent incompréhensibles, même si l’on en-tend le mot « apocalypse » revenir et revenir. La femme danse seule sur ce simulacre de musique, ce « bruit ». Le combat perpétuel s’enclenche de nouveau entre ces deux êtres qui ne peuvent, paradoxalement, s’empê-cher d’interagir ensemble, de vivre ensemble, de danser ensemble.

La virtuosité des gestes des dan-seurs, les mouvements rapides et vifs transportent le spectateur qui ne peut que réagir, positivement ou négativement, à ces deux corps qui tentent d’évoluer ensemble mais qui échouent toujours, qui cherchent toujours à contrecarrer les mouve-ments de l’autre, à le repousser mais aussi à le dominer.

La musique est essentielle. Elle conditionne la danse, lui donne de la force, même si, parfois, elle est rayée, sourde. Le rock’n’roll souligne le combat contre l’autre. Mais la musique peut aussi se faire douce. Un moment de tendresse, de dou-ceur peut alors naître entre les deux danseurs. La beauté de la danse éclot alors devant le spectateur qui observe cette harmonie. Une har-monie éphémère cependant. Même dans ce moment de douceur, le com-bat prend place. Il envahit tout. On cherche à pousser l’autre, à résister à l’autre. Un jeu subtil entre ces deux envies contraires prend place dans la danse, dans les bras qui retiennent

mais aussi repoussent, qui enlacent mais aussi étranglent.

La volonté de tuer l’autre, le macabre prend alors place. L’homme s’allonge, terrassé par les assauts de son as-saillant. Son visage se voit recouvert d’un sac en plastique. La femme modèle la terre à poterie autour de ce sac, créant un simulacre de visage : des yeux, une bouche dont elle fait couler un liquide noir. La musique se fait de plus en plus stridente au regard de cette scène macabre qui dérange le spectateur et nous pousse à voir toute la nature humaine, sa noirceur, ses secrets. Homo homini lupus : « l’homme est un loup pour l’homme ». Tel est tout l’enjeu de cette petite danse obscène au sens latin du terme : « qui force à détour-ner le regard ». Peu à peu la femme s’éloigne, laissant le spectateur face à ce corps qui peu à peu reprend vie. Une nouvelle musique se fait entendre : tout peut encore recom-mencer.

Chacun évolue de son côté. Mais les deux êtres ressentent, doucement, le besoin de se réunir. Les corps se ré-pondent l’un à l’autre, évoluant tout deux sur deux rythmes différents, dictés par la musique. La femme suit un rythme lent alors que l’homme un rythme rapide. Lorsqu’ils dansent en-semble, ils sont au même tempo. Dif-férents seuls, identiques ensemble. L’harmonie se crée, fragile. Mais, soudainement, l’homme prend le dessus et cherche à dominer l’autre. Le cercle vicieux reprend, matérialisé par les deux danseurs qui évoluent en rond dans ce rectangle blanc. Les en-chaînements se font de plus en plus rapides, l’énergie se transmettant d’un corps à l’autre (...)

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(...) La femme se voit pris dans un élan de gestes incontrôlables, beaux et effrayants à la fois.

La volonté de briser l’autre reprend la métaphore de la craquelure, de la fêlure, déjà explorée avec le matelas dans la première danse. L’homme amène progressivement des ballons sur scène que la femme brise déli-bérément et au fur à mesure. Casser ce qu’a l’autre pour mieux l’atteindre jusqu’à ce que ce dernier n’ait plus rien et soit à terre. La femme sort alors de scène. La musique s’arrête. Ne restent que les bouts de ballons blancs éparpillés partout dans le rec-tangle et l’homme, à genoux, l’air hagard.

La femme rentre de nouveau sur scène, tenant dans ses mains des vê-tements. C’est elle qui fait l’annonce cette fois-ci : « This performance is about me. » Pour la première fois, c’est elle qui amorce la danse, le tableau de cette danse. Elle se met à nu devant les spectateurs : littéra-lement et métaphoriquement. Elle nous montre tout. Toujours aucun fond sonore. Elle se déshabille et choisit une paire de collants… qu’elle craque. Ce qui l’a fait rire. Elle rote… ce qui l’a fait rire. Elle enfile une autre robe, plus longue que la précédente qu’elle portait, puis des chaussures, trop grandes, qui la font rire. Elle fait quelques pas, hilare. Le détourne-ment devient primordial. La figure de poterie, auparavant morbide, devient un objet de jeu. Sa chaussure devient un téléphone.

Le rire s’installe de plus en plus, se communiquant au spectateur d’abord puis à l’homme. C’est un rire un peu bête, un rire d’enfant, bon

enfant. L’homme enfile un pantalon en moumoute ce qui les fait rire tous les deux. Ils se rapprochent de plus en plus et commencent un jeu. Un combat fictif, « pour rire » s’installe entre les deux danseurs, d’abord lent puis de plus en plus rapide. Le jeu se transforme très vite en combat réel, en vraie violence : l’homme étrangle la femme qui finit à terre. Il continue de rire mais celle-ci rit jaune. Nouvel échec.

Cette succession d’échecs dans cette volonté toujours omniprésente d’avancer ensemble, de danser en-semble pousse le spectateur à voir toute la complexité humaine. Toute sa force, sa fragilité mais aussi sa beauté et sa noirceur se voient subli-mées dans cette performance unique alliant sans cesse dualité et harmo-nie, séparation et réunion. Ce duo, entre crise de rire et crise de larmes, ne peut laisser indifférent.

justine

Les mots sonnent dans la salle cou-plés au rythme régulier du choc des bouteilles sur la table et des disputes des personnages qui nous entraînent avec eux, dans les abysses.Rires, pleurs, cris, et tout se clôt sur le suicide du comédien, le représen-tant du théâtre cesse d’être dans le théâtre et l’illusion s’efface avec. La vérité n’est jamais loin.

zélia

osKARAs KoRŠUNoVAs‘Les Bas-Fonds (The Lower Depths)’THéâTRE Du NORD à l’IDéal TOuRCOINg

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LoTTE VAN dEN BERG / oMsK‘Cinema imaginaire’la ROsE DEs vENTs + CENTRE vIllE vIllENEuvE D’asCQ

ANA PI / dJ JIdEH HIGH ELEMENTs gYmNasE CDC ROubaIX

On est un peti t groupe de 12 per-sonnes de tous âges dans le centre de Villeneuve d’Ascq. On nous donne un minuteur et une consigne : com-mencer notre propre fi lm imaginaire. Première scène : dix minutes, on commence. Un peu perdus, nous nous lançons à la découverte des lieux, tout en tentant de faire ce fi lm qui nous paraît pour le moment plus qu’abstrait. Nous nous rejoignons, d’autres consignes nous sont don-nées. Encore dix minutes, puis cinq, puis quinze. On enchaine les scènes. Au fur et à mesure nous trouvons notre chemin, qui se croise de temps en temps. Tout le monde ou presque joue le jeu. Nous redécouvrons le monde qui nous entoure, sous de nouveaux angles. Plan général, zoom, travelling, plongée, ralenti , … nous devenons une caméra. La cinquième et dernière scène accompagnée de musique, nous réunit. Nous nous pre-nons au jeu, intriguant le public aux alentours et parfois même le déran-geant. Enfi n nous rentrons et les yeux fermés nous défi lons dans un carré de lumière, revivant et faisant vivre une scène de notre fi lm.

Cett e expérience nous permet de faire des choses que nous n’aurions jamais faites : aussi bien par manque de temps (regarder la ville) que par gêne vis-à-vis de la foule (regarder les gens, tourner sur soi-même en pleine rue, etc.). Nous redécouvrons nos limites en acceptant d’être le spec-tacle. L’expérience permet de parta-ger, de réfl échir sur tout ce qu’on a pu apprendre pendant cett e après-midi

et de repenser notre existence. Ci-néma imaginaire ou une expérience parti cipati ve qui nous permet de faire « PAUSE ».

ma���

htt ps://vimeo.com/112598504

Senti r que l’abstrait peut bien aussi avoir de la mati ère, c’est cela que nous avons pu apprendre dans la Master class d’Ana Pi et du DJ Jideh High Elements le samedi, 22/11/2014 au Gymnase CDC à Roubaix.

Avec un peti t voyage théorique au début par DJ Jideh High Elements aux origines et aux sources de la musique Dub, nous avons plongés pendant plus de trois heures dans un monde entre danse et transe dans l’expéri-mentati on totale.11 parti cipants et Ana Pi ont écouté ces sons Dub très rythmés et bour-donnants et ont répondu avec leur corps, consciemment ou inconsciem-ment.

Pour moi c’était surtout intéressant de senti r cett e énergie avec les autres parti cipants étant étrangers les uns pour les autres. Chacun dansait pour lui-même, mais personne ne dansait seul. On jouait avec la force mais nous n’éti ons pas rivaux. Enfi n, on était un seul corps absorbant les vibrati ons.

Dans la deuxième parti e de cett e Master class nous avons eu l’occa-sion d’expérimenter non seulement

la réacti on de notre corps à cett e mu-sique mais aussi de combiner celle-ci avec la voix. Chaque parti cipant avait l’opportunité de créer ensemble avec DJ Jideh High Elements un univers so-nore pour les autres, tout en gardant l’énergie globale.

Ce qui m’a éblouie était l’impression de connaître depuis longtemps ces gens avec qui je dansais côte à côte. La concentrati on sur les mouvements était tellement forte que la façon propre de danser de chaque parti ci-pant parlait pour lui-même. Chacun avait son rythme, son style, ses pul-sions – d’après moi c’était une identi -té pure ; une identi té plus importante que celle que nous essayons donner chaque jour de nous-même lorsque nous nous présentons devant les autres. Et pourtant, nous nous éti ons présentés tout au début avec nos noms, âges, etc. Mais ces données-là étaient déjà oubliées. Ce qui reste c’est le mouvement.

Il me semble que corps et âme ont beaucoup appris aujourd’hui. J’ai en-vie de dire Namasté.

Namasté !

mona

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Couleurs

Corps emmitouflés

Absence

Coeur dépouillé

Bonheur

Vagabonder

Brutalité du geste

Détresse

Amusement

Corps découverte

Douceur du tissu

Partage

Émerveillement

Masse

Hauteur

Folie

ALAIN PLATEL / MüNCHNER KAMMERsPIELE & LEs BALLETs C dE LA B‘Tauberbach’OPéRa DE lIllE

justine

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JEfTA VAN dINTHER‘As it empties out’buDasCOOP kORTRIjk

Jefta van Dinther is een Zweedse dan-ser en choreograaf die momenteel vooral werkt in Amsterdam, Stoc-kholm en Berlijn. Hij studeerde aan de Amsterdamse Hogeschool voor de Kunsten en heeft al heel wat voorstel-lingen op zijn naam staan. Twee jaar geleden bracht hij al eens een voors-telling op het NEXT-festival, en nu staat hij er dus opnieuw. Hij brengt er zijn nieuwste stuk As It Empties Out, de grootste productie die van Dinther tot nu toe maakte.

Wie naar een voorstelling van van Dinther gaat kijken en verwacht een dansvoorstelling à la So You Think You Can Dance voorgeschoteld te krijgen, zal serieus zijn wenkbrauwen optrekken. De dansvoorstellingen die van Dinther brengt zijn absoluut niet alledaags. Hij is gekend voor de ma-nier waarop hij weet om te gaan met geluid, beeld en licht. Van Dinther raakte geïnspireerd door synesthesie: de vermenging van zintuigen. Kleuren proeven of geluiden zien, het klinkt haast onmogelijk, maar in de licht gestoorde wereld van van Dinther wordt naar niets minder gestreefd.Fel licht

Hij maakt dan ook heel slim gebruik van licht en geluid om de zintuigen van het publiek te ontregelen. Een lang stuk waarin het podium in fel wit licht baadt, wordt gevolgd door plotse complete duisternis. Doordat je ogen zich hadden aangepast aan het hele felle licht, lijkt het alsof de duisternis nog doordringender is. Het duurt ook langer dan normaal voor

je ogen zich weer aanpassen aan het zwart.

Nadat we enkele minuten in volledige duisternis en stilte afwachten, ons alleen concentrerend op ons zicht dat heel langzaamaan een beetje teru-gkomt, verschijnt er een rood licht op het podium. Op dit moment is het heel moeilijk in te schatten hoe ver dat licht staat. Op het eerste gezicht lijken de dansers ongelooflijk ver te staan, maar naar mate er meer dan-sers in het rood licht gaan bewegen, krijg je het gevoel dat ze toch dichter zijn dan je dacht. Voeg daar nog eens de doordringende up-beat muziek bij, en je krijgt een publiek dat hele-maal ontregeld is.Gemiste kans

Waar van Dinther als kunstenaar op een geslaagde manier weet te stunten met beeld en geluid, laat hij zich als choreograaf en danser zeker niet van zijn sterkste kant zien. De vijf dansers die hij onder zijn vleu-gels nam zijn ongetwijfeld technisch uitstekende dansers afkomstig van bekende dansscholen. Maar van echte dans is hier eigenlijk weinig sprake. De dansers bewogen dan wel ritmisch op de muziek, maar van hun technische achtergrond was jammer genoeg heel weinig zichtbaar, een gemiste kans.

Ergerlijk was ook de vaak heel trage ontplooiing van het verhaal. Hier was geen sprake van dans op tempo, met energieke sprongen. Er zat qua ritme ook geen climax in het stuk, er werd

nergens naar toe gebouwd: de hele voorstelling kende hetzelfde trage tempo. Bepaalde bewegingen wer-den ook veel langer dan nodig was herhaald.Uniek en eigenzinnig

Deze voorstelling is absoluut niet voor iedereen weggelegd. Door de vaak vreemde bewegingen en rare klanken, is het stuk niet toegankelijk voor iedereen. De meningen achte-raf zijn dan ook zeer gepolariseerd: oftewel vind je het heel erg straf, oftewel vond je er eigenlijk niets aan. Weinig mensen vonden een gulden tussenweg. Maar één ding staat vast: wie met een open geest de voorstel-ling bekijkt, ondergaat een beleving die je nergens anders zult ervaren.

emilie

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osKARAs KoRŠUNoVAs‘Les Bas-Fonds (The Lower Depths)’THéâTRE Du NORD à l’IDéal TOuRCOINg

Drôle, prenant et hyper-réaliste, une tablée de personnages charisma-ti ques et atypiques qui retranscrivent de façon mordante la tombée dans l’alcoolisme.Les Bas-Fonds œuvre de Gorki ad-mirablement reprise par Oskaras Koršunovas et ses dix comédiens, pour laquelle on lève son verre bien haut !

Į sveikatą ! Sveikiname !

juliette

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SEE YOU NEXT TIMELet’s have a party!

sam 29.11 - 22:00 >> ...Budafabriek Kortrijk

Davis Freeman + Emika & Kiani del Valle + DJ Nosedrip5 € / gratis met ticket NEXT / entrée libre avec un billet d’un spectacle de NEXT

NEXT artsfestival @NEXT_festival nextfestival.eunextfestival.wordpress.com