A FAIRE

nuance Mensuelprotestantréforméévangéliquen°

268

octobre 2016

ÉGLISEOù est donc la vérité ?

CULTURELe moine et l’Évangile

TÉMOIGNAGEFêter une nouvelle naissance !

Luther, l’amour de la vérité

1 La bécède – camp d’été 2016

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En images

2P.

sommaire

A FAIRE

nuance Mensuelprotestantréforméévangéliquen°

268

octobre 2016

ÉGLISEOù est donc la vérité ?

CULTURELe moine et l’Évangile

TÉMOIGNAGEFêter une nouvelle naissance !

Luther, l’amour de la vérité

ACTUALITÉS NATIONALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

ACTU JEUNESSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

DOSSIER

ÉGLISEOù est donc la vérité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

SOCIÉTÉ De Luther à Luther King . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 CULTURELe moine et l’Évangile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

TÉMOIGNAGEFêter une nouvelle naissance ! . . . . . . . . . . . . 14

MÉDITATIONLa loi qui libère… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

ANNONCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Nous nous approchons d’un anniversaire important pour les protestants . En effet, en 2017 cela fera 500 ans que les thèses de Luther ont secoué le monde chrétien . Sans nul doute les manifestations qui auront lieu l’an prochain parleront beaucoup de liberté et notamment de cette fameuse liberté de conscience qui nous est chère . Il faudrait pour-tant rappeler à nos contemporains (et à tous les protestants) combien la question de la vérité était cruciale pour le grand réformateur . S’il parle d’ailleurs de sa conscience (notamment lors de l’épisode de la fameuse diète de Spire) c’est pour affirmer qu’elle est « liée à la Parole de Dieu » . Voilà le secret de Luther ! Voilà toute la vérité sur son histoire ! Il ne s’agit pas seulement d’écouter sa conscience comme on écoute son cœur . Il ne s’agit pas seulement d’être authentique et sincère (puisqu’il nous est tous arrivés de nous tromper sincèrement !) . Il s’agit de lier notre conscience à la Parole de Dieu . Il s’agit de décider, comme Luther, que nous obéirons à la Parole de Dieu quoiqu’il arrive, quoique disent les lois, quelles que soient les menaces des hommes et quelle que soit la pression qui pèse sur nous . Après avoir courageusement rappelé à l’empereur et aux puissants de l’Église que sa conscience était liée à la Parole de Dieu et qu’il ne pouvait donc renier ce qu’il avait écrit (on se souvient qu’un siècle auparavant, Jan Hus est brûlé vif et que Savonarole a été exécuté 20 ans plus tôt), Luther est chassé, mis au ban de l’empire . Comment va-t-il occuper ces temps d’isolement dans le château du Wartburg ? Luther va traduire la Bible en langue allemande ! Il va réaliser un travail colossal qui permettra que, non seulement la Bible soit mieux connue, mais aussi que sa conscience soit de plus en plus éclairée par cette Parole divine qui lui a révélé le salut par grâce . Alors, préparons-nous à fêter la liberté de conscience ! En effet nous pouvons aujourd’hui encore, grâce à cette liberté, lier notre conscience à la Parole de Dieu, afin d’être pleinement libérée par Elle !

Pascal Gonzalez

ÉditorialPascal GONZALEZ Rédacteur en chef

La vérité (sur Luther) qui libère !

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Crédits photo :Couverture : Shutterstock (statue de MLuther devant l’église de Frauenkirche à Dresden © JBK pour Shutterstock) ; p.2 : camp d’été La Bécède © cpe.landes session aout 2016 ; p.6 : inspecteur gadget © pluzz.francetv.fr – Aquarium © P.Gonzalez – Affiche oxyjeunes © UNEPREF pour CNJ ; p.8 : Wartburg Eisenach © Wikipedia – la Lutherstube © Stim pour irhina canalblog ; chambre de Luther © Library of Congress Catalog – public domain ; p.10 et 11 : Affiche et logo son et lumière – création graphique © Sandrine Galla pour l’AASC ; p.12 et 13 : portrait de Luther œuvre attribuée à Lucas Cranach the Elder – Musée National de Nuremberg © credits image Bayrische Staatsgemäldesammlungen ; bible à la bougie © mariasistoc.files © wordpress.com ; p.14 et 15 : baptême Laurent Martin © ERE du vigan ; p. 15 : trace © sylvie Kosianski ; p. 16 et 17 : lâcher de ballon © JVC-jevouschouchoute ; p.18 : photo temple © Formapré – Affiche du film Risen © 2016 Columbia Pictures Industries ; p.19 : coucher soleil haut plateau de Ventabren © Sylvie Kosianski Perrier 2016 ; p.20 : affiche Kday-S-O 2016© Joël Landes pour CNJ UNEPREF ; Zoom p.1 du sup NDE Formation au Burkina Faso © Timothée Calvot

est édité par l’association

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nuance

3P.

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4P.

De nouveaux pasteurs et missionnaires Depuis la rentrée, l’Église de St Girons a la joie d’accueillir William et Gale Johnson. Ils avaient été en poste à Plan-de-Cuques il y a 25 ans et sont heureux de revenir en France pour servir notre Union pour les années qui les séparent encore de leur retraite. Nous sommes également heureux d’accueillir Carlos et Iris Funk, qui sont en poste à Vauvert, ainsi que Ruth Arce, au Vigan. Le pasteur Jean-Yves Peter est désormais pasteur proposant de notre Union et dessert l’Église associée de Riedisheim. L’Église de Marseille-Friedland accueillera, quant à elle, André et Samara Geske dans le courant de l’automne.

Un nouveau service vidéo et internet

Si vous avez un événement à promouvoir dans votre Église, deux des missionnaires brésiliens nouvellement arrivés dans notre Union veulent mettre à disposition de nos Églises leurs compétences en matière de production de vidéos et d’élaboration de sites internet. I ls demandent uniquement à ce que leurs éventuels frais de déplacement et de logement soient pris en charge par l’Église qui les sollicite. N’hésitez pas à les contacter : Paolo Sicoli, portable : 06 38 53 70 50, mail : p.sicoli@hotmail.com, Fabio Génovez, portable : 06 40 93 03 35, mail : fabio.genovez@ymail.com.

Nuance a interviewé le pasteur Stéphane Kouyo qui a accepté, pour une année ecclésiastique, une mission d’itinérance en coordination avec la Commission Permanente et la Commission des Ministères.

Stéphane, peux-tu nous expliquer en quoi va consister ton ministère cette année ? Ce nouveau ministère va consister essentielle-ment à m’investir dans des visites auprès des Églises de notre Union . Je n’aurai donc pas de paroisse attitrée mais vais être au service de tous . Ce ministère particulier vient exprimer un des soucis principaux que porte actuellement la Commission Permanente qui est de combler le vide laissé par la dissolution des Commissions Exécutives . Il exprime aussi le souci pastoral porté par la Commission des Ministères qui fait régulièrement le constat que certaines Églises ne sont pas régulièrement visitées . S’il fallait que je résume en une expression ce que sera mon objectif principal, je dirai que ma mission sera essentiellement de produire du lien entre les Églises et entre les Églises et les instances de l’Union . Ce n’est pas un petit défi !

Quelles sont les directions que tu vas porter durant cette année ? Mon cahier des charges fixe 3 lieux d’engage-ments principaux . Le premier est accompagner et favoriser l’intégration des Églises nouvelle-ment entrées dans l’Union, à savoir les Églises de St-Laurent-du-Pape, Thiers et Meaux ainsi que d’autres Églises associées comme Riedisheim ou Lyon . Il s’agit à la fois de mieux les découvrir mais aussi, réciproquement, de favoriser leur découverte de notre Union . Je me réjouis de ce que ces Églises vont pouvoir nous apporter et nous, en retour, leur apporter . En les acceptant en notre sein, nous élargissons l’espace de notre

tente, pour reprendre la belle expression du pro-phète Esaïe, et plaçons devant nous l’enjeu d’une communion qui se veut entière et concrète . Le second axe de mon ministère consistera à visi-ter des pasteurs et/ou Églises en étant mandaté par la Commission des Ministères ou en collabo-ration avec la Coordination Vocation . Enfin, la troisième dimension sera de proposer des temps d’information sur la restructuration et ses conséquences pratiques sur la vie de chaque communauté . L’esprit de notre restructuration repose sur l’idée d’une re-dynamisation de nos structures replacées dans une logique de service des Églises . Il est clair que certains des change-ments proposés vont nécessiter du temps pour être mis en place et intégrés, aussi j’espère que ces temps d’information pourront être utiles et contribueront à faire avancer le processus de changement .

Est-ce que cela veut dire que tu ne seras pas disponible pour d’autres types d’invitation ? Non, pas du tout, je suis aussi disponible pour toute invitation que voudront bien me lancer les Églises, que ce soit pour prêcher, apporter une réflexion ou animer un temps particulier .

Quels sont les projets que tu as déjà mis en route ?J’ai déjà prévu plusieurs visites notamment au-près des Églises accueillies et certaines autres . Je reste aussi actif dans le ministère auprès des jeunes et je participerai aux grands rendez-vous de l’année (EssenCiel, Oxyjeunes, etc .) . Avec quelques autres personnes, je travaille sur un séminaire « Un pas en avant ! » pour les jeunes adultes qui pourrait avoir lieu début juin, sur le week-end de Pentecôte .

Est-ce que tu t’es donné un mot d’ordre pour cette année ? Je suis heureux que ce ministère débute après la convention dont le thème « Un pas en avant » a marqué les esprits et exprime bien les enjeux auquel fait face notre Union aujourd’hui . Je veux que mon ministère cette année s’inscrive dans la même dynamique .

Coordonnées : Stéphane KOUYO, 1 rue du sablon, 12100 Millau ; tél. : 0617866612 ; mail : stephane .kouyo4@gmail .com; skype : stephanekouyo ; twitter : @StephaneKouyo

(*Pasteur itinérant Kouyo)

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National / InternationalL’UNEPREF se dote d’un P.I.K.* !

5P.

K-day 8 octobre 2016 à Montauban, Saint-Christol et Lambesc

Week-end Oxyjeunes 29 au 31 octobre 2016 à Uzès, MFR, chemin du grand Mas« Viens voir au-delà du mur » !

Actu jeunesse

Sur les pas de l’inspecteur Pélagie Schmargouf !

Les K’Days proposent dans plusieurs secteurs géographiques d’Églises, des activités sportives, ludiques, artistiques, cérébrales, etc., en tenant compte des valeurs que véhi-cule l’Évangile. Pour toutes les activités proposées, l’accent est mis sur le travail collectif et le respect de l’autre. Il y aura des activités pour chaque classe d’âges. Les activités proposées permettront aux enfants, quelles que soient leurs compétences, de participer et d’être un maillon dans la réussite de la journée d’animation. Les K-days s’adressent à des en-fants de 6 à 10 ans, ayant l’âge des classes de l’école primaire et venant d’églises ou pas. Ces rencontres sont organisées par la Coordination Édification de l’Union Nationale des Églises Protestantes Réformes Évangéliques de France mais ne sont pas exclusive-ment réservées aux enfants participant régulièrement aux activités proposées. Le but de cette journée est de permettre aux enfants d’inviter leurs copains à passer une journée

exceptionnelle à la rencontre d’autres enfants, et de découvrir ou d’approfondir leur foi. La rencontre se déroule dans tous les secteurs le même jour. Cette année, le K-day entrainera

les enfants dans une enquête exclusive intitulée « Sur les pas de l’inspecteur Pélagie Schmar-gouf ». Dans une ambiance « Panthère Rose » ou « Inspecteur Gadget », les enfants vont tenter de retrouver cet inspecteur qui menait une enquête bien étrange… Les rendez-vous se feront le samedi 8 octobre 2016 dans les lieux suivant : à Lambesc (13), au parc Bertoglio, à Montauban (82), au gymnase Olympe de Gouges, à Bagard (30), au centre Carrefour Béthanie. Une tentative d’organiser le K-day à une date ultérieure pour les Églises de Paris, Mulhouse et Meaux est en

cours de réflexion… L’aventure vous tente ? Alors en avant pour les K-days 2016 !

AgendaAprès le camp de cet été, la chorale Aquarium présente son nouveau spectacle « Laissez vos filets », lors d’une tournée dans le sud-ouest du 20 au 27 octobre. Concerts à Béziers le vendredi 21 à 20h, à Lafitte sur Lot, le dimanche 23 à 16h et à Montauban, le 25 octobre à 20h et le 26 octobre à 16h. En tout : 72 enfants, 8 musiciens, 1 acteur, des techniciens, 1 chauffeur, des animateurs… pour une aventure exception-

nelle ! Maintenant vous pouvez venir découvrir le nouveau spectacle ; inviter la chorale Aquarium chez vous ou com-mander le nouveau CD (puisque les spectacles seront enre-gistrés et donneront lieu à un enregistrement live).

Téléphone : 07 82 59 29 87. E-mail : evodie.gonzalez@free.fr

LAISSEZ VOS FILETS !

6P.

Pour lutter avec Luther,il nous faut mieux le connaître,

mieux le comprendre, et (re)découvrir la pensée

du grand réformateur .

ada.bergese@gmail.com

contributeurs rédactionnels…

Où est donc la vérité ?Daniel BergèsePasteur

dossier

Le moine et l’ÉvangileClaude MartinaudDocteur en géographie, Professeur honoraire en CPGE

La loi qui libère… Joël DejardinPasteur de l’Église Méthodiste de Metz

eem57000metz@gmail.com

De Luther à Luther KingFrancois LichereProfesseur de Droit à l’Université Aix-Marseille

laurentmartin340@gmail.com

Fêter une nouvelle naissance !Laurent MartinERE du Vigan dans le Gard

Luther,l’amour de la

vérité

licherefr@gmail.com

7P.

La Bible n’a jamais été oubliée tout au long des vingt siècles de christianisme, mais il faut bien reconnaître que la pro-testation du moine Luther, puis celle de

toute la Réforme à sa suite, met bien en évidence qu’il y a façon et façon, dans l’acte, de se référer à la Bible . Quelle au-torité lui accorde-t-on ? Où se trouve, en définitive, le fondement solide de la foi chrétienne ? La question de la vérité est ici en jeu . Le catholique dira volontiers que la vérité est dans l’Écriture et dans la Tradition (ou l’enseignement de l’Église), mais on a bien vu au XVème siècle, devant la tentative de réformation de l’Église, que lorsque l’Écriture s’oppose à la Tradi-tion, c’est cette dernière qui l’emporte . De fait, la vérité supporte mal d’avoir deux sources différentes . Inévitablement, il en est une qui prend le pas et devient la norme par laquelle on interprète l’autre

La question de la véritéAinsi, face à l’Église romaine et à sa pré-tention de détenir la vérité, les Réforma-teurs ont opté pour le schéma inverse, en

reconnaissant que c’est l’Écriture qui dit vrai . Celle-ci est juge de la Tradition, auto-rité souveraine devant laquelle tout théo-logien, tout concile, toute Église et tout croyant doit être confronté . Il est donc bien exact de dire qu’en protestantisme la Bible a un statut supérieur à celui qui lui est accordé par l’Église Catholique ro-maine . Cependant, aujourd’hui, le régime de post-modernité dans lequel nous bai-gnons change profondément la nature du débat . Le lieu de résidence de la vérité n’est plus simplement déplacé, il est tout simplement renvoyé au delà de l’hori-zon . Désormais nous sommes menacés par l’abandon de tout débat au sujet de la vérité, nous contentant, comme tout le monde, d’un simple échange d’opinions . Et, s’il est certes dangereux de confondre son opinion avec la vérité, il est égale-ment dramatique de ravaler la vérité aux médiocres dimensions de l’opinion . Cha-

la vérité ?Où est donc

À l’occasion de la fête de la réformation et alors que nous approchons des 500 ans de l’affichage des thèses de Luther, il vaut la peine de s’interroger sur l’enjeu du combat mené par Luther en son temps et sur l’éventuelle pérennité d’un tel enjeu aujourd’hui.

8P.

Église

cun a ses opinions . Le pasteur a les siennes, moi j’ai les miennes et tout est pour le mieux dans la meilleure des religions post-modernes possibles !

L’accentuation sur la liberté de conscience dont les protestants, à juste titre, ont été longtemps les champions, ne suffit pas à faire le christianisme . Être libre de croire et de professer sa foi est une excellente chose, encore faut-il savoir ce qu’il y a à croire et à professer . Personne ne peut avoir l’assurance de son salut ni voir sa vie transformée et libérée sur la base d’une simple opinion ! C’est la vérité qui délivre, c’est la vérité qui sauve . N’ayons donc pas peur de soulever la question de la vérité .

Prêt à discuterDans son introduction aux 95 thèses qu’il allait afficher le 31 oc-tobre 1517, Luther écrivait : « Par amour pour la vérité et dans le but de la préciser, les thèses suivantes seront soutenues à Witten-berg sous la présidence du révérend Père Martin Luther, ermite augustin, maître es art, docteur et lecteur de la sainte théologie. Celui-ci prie ceux qui étant absents ne pourraient discuter avec lui, de bien vouloir le faire par lettre ». On le voit, le Réformateur n’aurait pas défié le pouvoir de Rome simplement pour le plaisir de pouvoir exprimer son opinion ! Luther savait que l’enjeu était celui de la vérité, et il était cependant prêt à en discuter . Ainsi les actes qui comptent dans l’histoire, les choix qui comptent dans une vie, ce sont ceux qui s’enracinent profondément dans une authentique recherche de la vérité, dans un véritable « amour de la vérité » . Loin des opinions vite faites qu’on change quand tourne le vent, la vérité est, au contraire, ce qui nous change et ce qui demeure quand soufflent les bourrasques . Personne ne la possède mais nous n’en sommes pourtant pas dépossédée car elle a revêtu un langage d’homme et s’est même incarnée en Christ . Ainsi face aux sondages d’opinions (tradition séculari-sée que l’on consulte en temps réel), les protestants du XXIème siècle devraient redire avec force leur passion pour la vérité . Mais peut-être faut-il d’abord qu’ils retrouvent leur passion ?

Daniel BergèsePasteur

(article paru en 2003)

Le premier livre que je conseillerais est celui de Jules-Marcel Nicole intitulé « Précis d’histoire de l’église » publié par les éditions de l’Institut Biblique de Nogent (8ème édition  : novembre 2013). C’est un livre de référence qui explique le développement de l’Église, ses déviations, ses erreurs qui ont conduit d’abord au schisme d’Orient, puis à la Réforme, enfin à l’Église telle que nous la connaissons aujourd’hui avec toutes ses composantes.

Le deuxième livre, « Luther, Essai Biographique » (relativement ancien puisque publié en 1956) est le livre écrit par Albert Griener, éditeur Labor et Fides. C’est un livre qui s’était donné pour mis-sion de présenter Luther au grand public et donc de présenter la vie et les intentions intimes du réformateur.

Un troisième livre, plus récent, publié en 1991 dans sa troisième édition, a été écrit par Marc Lienhard, avec pour titre «  Martin Luther, un temps, une vie, un message  ». L’auteur a d’abord voulu présenter un homme avec ses intuitions et ses interrogations, sa violence et son humour, sa grandeur et ses méprises. Mais le plus important est son cheminement spirituel, sa passion des Écritures, la conscience de son péché mais qui avec l’aide de Dieu a traversé le doute et l’épreuve.

Enfin, un quatrième livre intitulé « Luther et la réforme protestante  » a été écrit par Annick Sibué en 2016, éditions Olivétan. C’est un livre court que je qualifierais de pédagogique, l’auteur n’hésitant pas à faire des « encarts-résumés » en grisé pour fixer l’attention du lecteur sur tous les grands thèmes abordés par le réformateur.

POUR ALLER PLUS LOIN, QUELQUES LIVRES À LIRE OU RELIRE.

9P.

Église

Pouvez-vous vous présenter ?Je suis président de l’Association des amis du scoutisme en Cé-vennes (AASC), fondée en 1971 et composée principalement d’anciens éclaireurs unionistes . Elle a pour but de développer le scoutisme dans la région, en particulier en mettant à disposition pour les scouts, quelle que soit leur origine, pour des weekends ou des camps, un terrain et un mas appelé « Les Martines » situé à Anduze . C’est d’ailleurs principalement par ce lieu, fréquenté par tous les éclaireurs unionistes de la région, que l’association est la plus connue . Mais elle l’est aussi en ce qu’elle a organisé, par le passé, de nombreux Son et Lumière sous la houlette de Jean-Paul Pascal . À titre « accessoire », je suis aussi Professeur de droit à l’Université d’Aix-Marseille .

Présentez-nous votre projet…Le Son et Lumière que nous préparons se déroulera l’été prochain au musée du désert, dans un lieu particulièrement propice à un grand spectacle, en contrebas de la chaire montée lors de l’Assem-blée du désert . Trois représentations sont prévues, les 28, 29 et 30 juillet 2017 et le spectacle s’intitule « De Luther à Luther King, une histoire protestante de la liberté de conscience » . Il s’agira de retracer dans une grande fresque historique la contribution du protestantisme à la liberté de conscience, que ce soit en France ou, dans une certaine mesure, aux États-Unis .

Quelle équipe porte ce projet ? Elle est très fournie ! Car, outre les membres de l’association, (et) les éclaireurs unionistes du groupe local (des) Cévennes et d’ail-leurs, nous avons souhaité associer toute personne intéressée par le projet, à commencer par les églises protestantes d’Alès et ses environs . Nous avons été agréablement surpris par le nombre de réponses positives car nous en sommes à l’heure actuelle à plus de 150 personnes impliquées, sans compter les scouts . Beaucoup appartiennent à des Églises protestantes mais beaucoup d’autres personnes, venant d’autres confessions ou sans confession, anciens

scouts ou pas, sont séduites par l’idée .

Quel est le but de votre spectacle ? Il s’agissait au départ de saisir l’occasion des 500 ans du protestan-tisme en 2017 pour renouer avec l’histoire des spectacles Son et Lumière créés par les EU depuis 1968 . L’idée consiste à proposer un projet qui puisse rassembler les jeunes du scoutisme unioniste avec les membres des différentes églises protestantes des Cévennes pour partager ensemble ce qui constitue nos racines et nos sources spirituelles . C’est aussi notre volonté de créer un projet « multi-générationnel » où chacun peut y trouver une place quel que soit son âge et son degré d’implication .

Pensez-vous que les thèses de Luther soient toujours actuelles ? Plus que jamais . D’une certaine manière, en affichant ses 95 thèses sur l’église de Wittemberg, et plus encore en déclarant à la diète de Worms « Ma conscience est captive de la Parole de Dieu ; je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sûr, ni honnête d’agir contre sa propre conscience », il a posé les jalons de ce qui sera consacré en droit bien plus tard, à compter de la révolution américaine puis de la révolution française, à savoir la liberté de conscience et la liberté religieuse . Bien sûr, le protestantisme ne se résume pas à son apport à la liberté de conscience, mais on ne souhaitait pas, dans un spectacle de deux heures, retracer toute l’histoire du protestantisme . Il nous a paru nécessaire de trouver un angle d’attaque qui parle au plus grand nombre, et surtout qui parle dans la société contemporaine . S’il ne s’agissait que de se tourner vers le passé, dans un but seulement commémoratif, cela ne présenterait guère d’intérêt . Mais le thème nous paraît d’une actualité criante, et nous tourner vers le passé de l’histoire de la liberté de conscience, c’est peut-être aussi permettre de mieux appréhender le présent et l’avenir, comme un moyen de conjurer d’une part les fanatismes religieux et d’autre part une conception étroite de la laïcité, d’ailleurs non conforme à la réalité

à

Une histoire protestantede la liberté de conscience

10P.

Société

de l’approche française traditionnelle .

À quel public s’adresse ce spectacle  ? À tout public ! Nous avons d’ailleurs choisi les dates de représentations dans l’intention de toucher un public qui n’est pas nécessai-rement protestant, mais qui, de passage dans la région, serait intéressé pour voir un spectacle – et ce sera un vrai spectacle – tout en apprenant ce que le protestantisme a apporté à la liberté de conscience .

S’il s’adresse aussi aux jeunes de quelle façon pensez-vous les toucher ? Par l’aspect Son et Lumière, néces-sairement plus visuel qu’une pièce de théâtre classique, dans la me-sure où l’on sait l’importance de l’image pour la jeune génération . Par rapport à un Son et Lumière classique, il y aura d’ailleurs tout l’apport de la projection vidéo, en plus des scènes jouées . En même temps, il nous a semblé nécessaire de ne pas négliger le fond, de sorte que nous avons mis en place, autour du pasteur Samuel Amé-dro - qui est aussi le scénariste et metteur en scène avec l’aide de Jean-Paul Pascal - un comité scien-tifique composé de théologiens, historiens, philosophes et même… d’un juriste (je vous laisse deviner lequel) .

Quelle est la place des églises dans ce projet ? Elle est centrale car ce sont elles qui fournissent le gros des troupes, tant dans l’organisation que pour les ac-teurs et figurants, même si l’AASC reste seule organisatrice par souci de simplicité et pour permettre de fédérer des personnes venant de divers horizons . En outre, un comité catéchétique a été mis en place qui permettra de construire une catéchèse autour des 10 thèmes retenus, catéchèse qui sera testée dans certaines paroisses dès la rentrée avant d’être proposée plus largement aux églises intéressées .

Quels sont encore vos besoins ? Le scénario, les dialogues et la musique sont en cours de finalisation . Mais nous avons

encore besoin de volontaires surtout pour être figurants (on cherche 300 figurants en tout ! avis aux amateurs…) Mais aussi des couturiers, intendants, techniciens, logisti-ciens, main d’œuvre, etc . En outre, même si le projet est évidemment bénévole, nous devons louer un certain nombre de maté-riel, à commencer par les gradins de 1000 places, et c’est très onéreux . Par chance, l’AASC est une association d’intérêt général habilitée à délivrer des reçus ouvrant droit à réduction fiscale, que ce soit pour les par-ticuliers ou les entreprises . On peut donc

soutenir le projet en donnant de son temps ou de son argent, ou des deux !

Où pouvons-nous vous contacter si nous sommes intéressés ? Pour être figurant, il suffit d’envoyer un email à : figurant@delutheralutherking .org, pour la logistique, à : volontaire@delu-theralutherking .org . Pour faire un don, il suffit d’envoyer un chèque à AASC, 5 rue Mistral, 30100 Ales ou par internet en se connectant à : www .delutheralutherking .org, un reçu fis-cal sera immédiatement délivré .

Avez-vous un désir de transmettre le mes-sage du Christ au travers de ce spectacle ? La réponse est clairement OUI . Même si l’’association n’est ni confessionnelle ni cultuelle, elle est marquée par ses origines et vient en aide à titre principal au scou-tisme unioniste . Compte tenu du thème retenu, il me paraît assez évident que c’est bien le message du Christ qui se trouve en filigrane . C’est pour nous une formidable occasion de témoignage qui nous est offerte et nous voulons essayer de transmettre aux jeunes cette foi qui anime notre his-

toire . Le Son et Lumière nous en offre l’occasion d’une manière originale et ludique .

Quel est le message de votre spec-tacle aux nombreux cévenols qui se disent protestants sans se sentir chrétiens ?Qu’ils peuvent être fiers de ce que le protestantisme a apporté à la li-berté de conscience . Notre ambition consiste à aider les protestants dits « sociologiques » à retrouver cette source spirituelle de l’engagement en faveur de la liberté de conscience de ces croyants qu’étaient nos pères . Les événements historiques seront donc revisités à la recherche du témoignage de ces acteurs parfois oubliés, souvent anonymes qui ont été amenés à s’en-gager concrètement pour témoigner de leurs convictions . Chaque étape sera donc l’occasion d’une réflexion spirituelle fondamentale qui sera nourrie par un fort ancrage biblique . Le protestantisme français démontre

par son esprit de foi et d’ouverture qu’on peut être croyant tout en prenant pleine-ment part à la vie en société, et qu’il peut servir d’exemple pour ceux qui pensent que le « vivre ensemble » impliquerait que les religions se cachent . Si, à côté de l’objectif d’attirer des jeunes vers le scoutisme, notre projet de Son et Lumière aura permis à cer-tains, même peu nombreux, de nouer ou renouer avec le protestantisme un lien plus fort, alors nous aurons réussi notre pari .

François Lichere Professeur de Droit à l’Université Aix-Marseille

Propos recueillis par Marie-Hélène Perrier

11P.

Société

Au temps des bûchers

Nous sommes à la période de la Renaissance . Certes les arts, les lettres vont s’épanouir, mais le monde du XVIe siècle débutant est un monde où la religion joue un rôle essen-tiel . Le monde est rempli de Dieu . Le temps lui-même n’est autre que le temps de Dieu . Pourtant ce monde est aussi menaçant, il est le lieu d’un affrontement gigantesque . Le Mal, est présent, tentation de la « chair », à laquelle succombent tous les hommes, mais il est aussi ailleurs, le monde mystérieux et terrifiant hors de l’Occident chrétien . Les hommes vivent dans l’angoisse, celle-ci les étreint profondément . La peur gagne, les petites gens prient et processionnent, même les rois les accompagnent . Tous ceux qui sont soupçonnés de commettre le mal, sont éliminés par le feu purificateur . Et les bûchers s’allument . Déjà en Bohême celui de Jean Huss (1415), condamné au Concile de Constance, puis à Florence celui de Savonarole (1498), pour ne citer que deux vic-times célèbres . Le thème de la mort redevient familier . On se préoccupe de bien mourir, « en règle » autant que faire se peut . Nous voyons apparaître la préoccupation d’un salut individuel .

Les prêcheurs de l’Indulgence

Ce que l’on nommera ultérieurement la querelle des Indulgences, se déclenche en 1517 . Jules II, un pape Médicis, (1503-1513), amoureux des Lettres et des Arts, grand mécène, décrète une Indulgence pour la construction de Saint Pierre de Rome en 1507 . Cette Indulgence sera confirmée par son successeur Léon X en 1511, et en 1515, avec l’Indul-gence du Jubilé . Luther et les Augustins connaissaient bien le problème, puisque leur

« Dieu va renouveler le monde » s’écriait

Lefèvre d’Étaples, un des plus fins lettrés de son temps, en parlant

de la révolution qui s’accomplissait

par Luther, moine augustin, docteur en théologie, professeur

à l’Université de Wittenberg en

Allemagne. Ramener les chrétiens à la Parole écrite, au

modèle apostolique, sera l’ambition de cet

homme.

Le moineet l’Évangile

1

12P.

Culture

protecteur, le Duc de Saxe, avait sa propre collection de reliques valant Indulgences, qu’il exposait dans l’Église du château, spé-cialement bâtie pour elles ! Son catalogue mentionnait 17 443 « reliques particules » conférant 127 799 années d’Indulgence et quelques jours ! En Allemagne du Nord, puisque c’est ici que se cristallise le problème, c’est à l’archevêque de Mayence, Al-bert de Brandebourg, un Hohenzollern, qu’est confiée la charge de l’Indulgence papale . En effet, beaucoup d’États allemands avaient refusé que cette Indulgence soit « prêchée » sur leur territoire . La Curie romaine, pour convaincre Albert, lui avait proposé 50 % de la recette, s’il se chargeait de la « vente » sur ses terres . C’est le moine dominicain Tetzel qui est chargé de « prêcher l’Indulgence » . Il semble partisan d’une méthode pour le moins abrupte et simpliste : toutes les fois, dit- il en substance, qu’une pièce tombe dans l’escarcelle, une âme s’envole du pur-gatoire ! C’est faire peu de cas et de l’Indulgence elle-même et du repentir des fidèles .

Un débat public

Donc, à la veille de la Toussaint 1517, Martin Luther affiche, ou n’affiche pas d’ailleurs, peu importe, ses thèses sur le « babil-lard », à côté de la porte de l’église du château de Wittenberg . Ce n’est pas un geste de provocation, c’est un affichage normal, pour une controverse, une « disputatio » . Luther donc souhaite engager un débat public comme c’était la coutume en ce temps . Il adresse, dans le même temps, un courrier à Albert de Bran-debourg, demandant que les prédicateurs modifient leurs pra-tiques .

« (...) Vénérable (…) Père en Christ, illustre Prince... Que Votre Gran-deur me pardonne, si moi, le plus vil des hommes, j’ai la témé-rité de Lui écrire... Les Indulgences Papales sont colportées dans le pays sous le Nom de Votre Grandeur pour la construction de Saint Pierre... Je déplore les fausses idées que ces prédicateurs répandent partout. Ces malheureuses âmes se figurent que, si elles achètent des lettres d’indulgences, elles sont sûres de leur salut... C’est pourquoi je ne puis me taire plus longtemps... Votre Grandeur pourra prendre connaissance de mes thèses ci-jointes. Elle verra combien la doctrine des Indulgences est discutable. »

Le prêcheur de la repentance

Les thèses de Luther sont rédigées en Latin et donc destinées avant tout aux théologiens, lettrés . Elles sont sous le signe du paradoxe . Violentes par la forme, mais modérées par le fond, elles ne se veulent pas des thèses de rupture, ni de réforme de l’Église . Elles soutiennent, par contre, que les Indulgences n’ont pas la vertu de justifier les pécheurs . Seul Dieu peut accorder le Salut et remettre les peines . Martin Luther prêche donc un vrai repentir, une vraie conversion . Il semble qu’il n’y ait là rien d’extraordinaire, d’autres avant lui avaient tenu ce discours et s’étaient élevés contre ces pratiques, en vain .

Le sujet est en effet brûlant : que fait-on de la grâce de Dieu, du Christ, de la Croix ? Qui a le « pouvoir des clefs », qui détient l’au-torité (pouvoir) ? Ce sont des questions essentielles en ce début du XVIe siècle . C’est vrai, la vie chrétienne était devenue affaire de procédés . L’Indulgence endormait les consciences, car elle se présentait comme une « assurance sur l’au-delà » . Or, une série de circonstances se produisent . Albert de Brandebourg trans-met les thèses aussitôt à l’Université de Mayence (concurrente de celle de Wittenberg), car il soupçonne une hérésie possible . Puis l’archevêque transmet à Rome, peut-être par simple zèle . La querelle des Indulgences débute .

Les thèses de Luther, pendant ce temps s’impriment, se diffusent, et ce dernier devient, malgré lui, porte- drapeau de revendica-tions latentes ; certaines concernent « l’autorité ecclésiale », l’Alle-magne déteste le pouvoir romain ; d’autres concernent l’ensei-gnement donné, la scolastique que les humanistes critiquent ; des problèmes de conscience se posent à tous . Pierre Chaunu l’a écrit « l’œuvre du moine de Wittenberg fait écho aux problèmes de son temps et il est comme emporté par une spirale2 » .

C’est donc par souci pastoral et pour répondre dans le même temps au sentiment tragique du péché qui l’étreignait, que Mar-tin Luther avait affiché ses thèses . Il voulait offrir la consolation qu’il avait lui-même trouvée en lisant l’Évangile . Or, personne parmi les théologiens ne répondit à l’appel qu’il lançait ainsi . Mais cet appel retentit bientôt en Allemagne et ailleurs .

Claude Martinaud

Claude Martinaud est agrégée et docteur en géographie, professeur honoraire en CPGE , chargée de cours à l’Université

1 Le livre de C . Martinaud, « le moine et l’Évangile » Luther 1517-2017, paraîtra fin d’année 2016 aux éditions VIDA .

2 Chaunu Pierre ; Église culture et société, essais sur Réforme et contre-réforme Paris SEDES 1981 .

13P.

Culture

Je viens d’une famille populaire recomposée où personne ne croit réellement en Dieu . Cet intérêt pour le Créateur m’a été insufflé par le seul ayant la foi, mon grand-père, mais de façon très impersonnelle : le choix de la religion étant très personnel selon lui . Ainsi j’ai eu beaucoup de liberté dans ma croyance .J’ai tout-de-même souvenir des excursions à l’église quand je passais les vacances chez eux (quasiment toutes) . Le souvenir me revient aussi des prières le soir avant de se coucher . Mon enfance et ma croissance furent très paradoxales . D’un côté, très déstabilisantes : nombreux déménagements et beaux-pères avec des changements répétés d’écoles et de nourrices . S’est ajouté à cela des attouchements par un cousin perturbé . De l’autre, j’étais baigné d’amour par une mère excessivement dévouée avec qui j’ai eu une relation fusionnelle .Pendant mon adolescence, j’étais assez loin de Dieu, bien que pensant tout-de-même à lui . Là où je rejoins Luther, c’est par une vision pessimiste de l’exis-tence humaine et une âme très tourmentée avec un profond sentiment de culpabilité, lié à une vision d’un Dieu jugeant et punissant . Je crois que Jésus m’aime (malgré mon manque d’as-surance) et qu’il est venu me délivrer d’une culpabilité immense par son sacrifice sur la croix, humainement incompréhensible, en tout cas, pour moi . Ainsi la délivrance de mes péchés peut commencer . Cette âme tourmentée avait pour conséquence, durant toute mon enfance, de m’empêcher de passer de bonnes nuits bien réparatrices et dans ma vie d’adulte des journées d’apathie1 . C’est ainsi qu’à 18 ans, j’ai quitté le foyer familial, j’ai alors ou-blié Dieu pendant quelques années, et tout s’est effondré . J’ai sombré dans l’addiction : en un an, je me suis mis à fumer, à boire et à me droguer ; d’abord le joint, puis les drogues dures,

pour combler un vide (j’ai appris plus tard qu’il avait la forme de Dieu) .À l’époque, ma copine de 15 ans (rappel de Dieu encore une fois) faisait le catéchisme .Deux ans après, je suis parti faire une école en Belgique avec mon ami Karim, fervent musulman .Je me suis alors intéressé à l’Islam, suis allé régulièrement à la mosquée . J’ai appris des sourates en arabe, et j’ai fait un voyage au service de Dieu . Durant celui-ci, nous priions, mangions, lisions le Coran, nous enseignant les uns les autres et allions prêcher l’Islam en dehors de la mosquée .C’est ainsi que, bien que l’esprit très critique, je me suis converti à l’Islam (c’est à cette époque que l’on m’a demandé de me choi-sir un nouveau nom et que j’ai choisi EDEM, c’est-à-dire Adam en arabe) .J’ai retrouvé en l’Islam une fraternité que je n’avais guère connu jusque-là .Malgré cela, je continuais à désobéir au Seigneur et cela me valait une grande culpabilité .L’école n’a pas marché, je suis alors rentré en France et ai quitté cet univers musulman que je n’ai plus retrouvé par la suite .

nouvelle naissance !Fêter une

Bonjour, je m’appelle Laurent, c’est le prénom qu’ont choisi mes parents et depuis mon baptême, je me suis renommé Edem, vous comprendrez pourquoi au cours de mon témoignage.

À l’occasion de l’anniversaire des 500 ans du protestantisme…

14P.

Témoignage

De 2008 à 2013, je suis resté éloigné du Seigneur, malgré des pensées pour lui, alimentées par ma relation avec mon grand-père . J’ai alors atteint le summum de la déchéance avec l’injection . Je suis devenu SDF, mais grâce à ça, j’ai trouvé une place dans une communauté chré-tienne dans les Cévennes .C’est ainsi que je me suis à nouveau ap-proché du Seigneur . Dans celle-ci, nous faisions deux réunions par jour avec la Bible comme fil conducteur . Nous com-mencions et finissions les réunions par des louanges avec des musiciens .Je rejoins encore Luther dans sa vision de l’homme et de son attitude envers ceux qui nous blessent :« C’est une funeste justice, celle de l’homme qui ne veut pas supporter d’autres hommes, qu’il juge plus mau-vais que lui, et qui médite de fuir dans la solitude alors qu’il devrait, présent parmi eux, leur être utile par sa pa-tience, ses discours et son exemple »2 . Dans l’exigence de l’amour pour les enne-mis, il me faut m’équiper par la grâce du Seigneur .Dans cette communauté, je me suis lié d’amitié avec David, Patricia, une dame chez qui l’on voit toute la grâce de Dieu et Eliane, aujourd’hui très importante pour

moi .Six mois après, je prenais un appar-tement au Vigan, restant toujours en contact avec la communauté .J’ai ainsi pu accueillir Eliane en vacances et nous faisions alors avec Patricia et David une réunion de louanges par se-maine . Eliane m’a beaucoup nourri spiri-tuellement .C’est alors que, par l’intermédiaire de Patricia, j’ai rencontré Serge (pasteur de l’Église Évangélique du Vigan) et ai ainsi pu adhérer au parcours Alpha . J’ai beau-coup apprécié celui-ci mais restais tou-jours très contestataire .Concernant ma consommation, celle-ci restait toujours présente mais moins que pendant mon passage dans la rue, mais je voyais peu à peu ma vie transformée par Dieu, avec l’envie de ne plus déso-béir et d’être un disciple de Christ . J’ai commencé à aller à l’église de temps en temps, et à y prendre du plaisir, à lire la Bible, chose que je ne faisais plus depuis longtemps .Je me suis lié d’amitié avec Serge qui est aujourd’hui très important dans mon cheminement spirituel ; il me conseille, répond à mes nombreuses questions, m’écoute…Ce qui est fort dans la grâce de Dieu, c’est

que c’est par mon passage dans la rue que ma vie spirituelle a pris une direction depuis mon arrivée au Vigan en 2014 .J’ai alors envisagé de me faire baptiser adulte, preuve de mon engagement en tant qu’adulte avec le Seigneur . Mais je me sentais encore peu prêt à cause de mes consommations .Nous avons quand-même franchi le pas et le 12 juin 2016, je me suis fait baptiser par Serge à l’Église Réformée Évangélique du Vigan par immersion . J’ai fait mon témoignage devant toute l’église . Ce fut un moment mémorable avec la grâce de Dieu, où presque tous les gens que j’aime étaient là . EDEM pour nous veut dire maintenant : Enfant de Dieu En MechiHa’ (en araméen et, en grec, Christ) .Aujourd’hui, je me sens prêt à changer pour le Seigneur, je vais laisser sa grâce œuvrer en moi, bien que je ne me sente pas encore prêt, comme Luther l’a fait devant l’empereur, à risquer ma vie pour Dieu . J’espère que cela viendra et que je pourrais à nouveau témoigner un jour d’un changement radical .

Galates 2 v 20-21 : « Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ, qui vit en moi  ; ma vie présente dans la chair, je (la) vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui–même pour moi. Je ne rejette pas la grâce de Dieu... »

Laurent Martin Le Vigan dans le Gard

1 L’apathie désigne un état de fatigue et de mollesse accompagné d’une indifférence ou d’une absence d’émotions et de désirs .

2 Martin Luther, Laisser Dieu être Dieu, éditions points, p . 38

15P.

Témoignage

« Fais-moi comprendre le sens de tes exigences pour que je réfléchisse à ces merveilles » (Psaume 119,27).

Le 31 octobre 1517, Martin Luther expose ses 95 thèses . Son désir est de revenir à la simplicité et à la clarté des Écritures . En 2017, nous allons vivre des manifestations pour honorer ce grand Réformateur . Nous voulons aujourd’hui honorer son désir de revenir aux Écritures . Ce retour me fait d’ailleurs penser à la découverte de Josias (2 Rois 22) . Josias découvre la Loi donnée autrefois par l’Éternel à Moïse dans le désert . Quelle est cette découverte ? Tout d’abord la place du roi, la sienne ; celle du prêtre, de la femme, de l’esclave, de l’étranger . Ensuite il apprend le culte avec ses règles, ses cérémonies . Enfin il apprend les pratiques en son pays : les interdits, les fêtes…

Un culte en esprit et en vérité

Le roi ne doit pas avoir beaucoup de femmes et d’argent . Il fait copier pour lui la loi et il la lit chaque jour de sa vie (c’est le texte qui le dit !) . Ainsi il ne se prend pas pour supérieur à ses sujets . Le sacrificateur, dessous sa robe, porte un caleçon « afin que le service sacré ne soit pas ridiculisé » . Ces règles peuvent nous paraître étranges, mais il faut se mettre dans le contexte pour comprendre . Àl’époque aussi, la femme est peu considérée sur le marché du travail, l’esclave fait partie des biens de la maison et la loi est là pour accompagner et protéger chacun dans l’ancestrale société .

Au centre du culte, que trouve-t-on ? Une représentation de Dieu ? Non ! Mais les tables de la loi . Divers sacrifices sont offerts dans la tente de la rencontre : sacrifices réguliers (consumés entièrement), sacrifices de communion (pour dire : « Je suis bien avec toi Seigneur ! Je t’aime ! »), sacrifices pour demander pardon, sacrifices de réparation… Plusieurs de ces sacrifices sont l’occasion, comme les offrandes, de

La loiqui libère

À l’occasion de la fête de la réformation

et en prévision des manifestations qui

auront lieu en 2017 pour honorer la vie de

Luther, il convient de méditer le sens de la loi

de Dieu et de vivre ainsi un salutaire retour aux

Écritures.

16P.

Méditation

repas, de réjouissances . Il existe même des cérémonies de retour à la normale : retour à la pureté après une faute, gué-rison d’une maladie ! Bref, en Israël, on ne tue pas n’importe quoi n’importe comment et on n’offre un sacrifice qu’au Dieu sauveur . On ne mange pas n’importe quelle nourriture .

Quelles sont encore les pratiques du pays ? Une personne impure doit se laver les mains avant de toucher quelqu’un (ceci bien avant la science moderne !) . On doit se lever devant une personne âgée . C’est un devoir d’aider une personne en difficulté . C’est un devoir de secourir, de protéger un animal en difficulté . C’est un devoir de verser régulièrement la dîme (10% de son revenu pour le service du Seigneur) . Par contre il est interdit de manger du sang, car « c’est dans le sang que se trouve la vie » . C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on sacrifie des animaux : c’est moi qui pèche, c’est moi qui devrait mou-rir mais c’est cet animal qui meurt à ma place !

Pour la dignité de la personne…Nous voyons aussi qu’il est interdit de réduire son frère en es-clavage et de percevoir un intérêt lorsqu’on prête de l’argent . Il est également interdit de frapper trop fort un coupable : « autre-ment il perdra son honneur devant nous » .

Pour finir, observons comment se compose une année . Elle dé-bute avec la fête de la Pâque, la fête de la libération . Le septième mois de chaque année, le prêtre fait le geste du grand pardon pour rendre à nouveau pur le peuple . Tous les 7 ans, les dettes sont annulées et le prêteur renonce à être remboursé . Tous les 50 ans chacun retrouve sa propriété, la terre de ses ancêtres .

Dans ces quelques lignes, il est impossible de reproduire toute la loi . Ce qui touche le lecteur ce sont ces principes si essentiels : le respect du culte, le respect de la vie, la dignité de la personne . À toutes les pages on trouve cette règle : « tu ne te feras pas esclave ! Tu ne réduiras pas ton frère en esclavage ! Souviens-toi de l’Égypte ! » . Nous avons entendu, dans cette loi qui accom-pagne les hommes d’autrefois, des principes et des règles qui sont éternels . Cette pensée se trouve concentrée dans les dix commandements . En voici, dit autrement, le rappel : « Je suis le Seigneur ton Dieu qui te délivre de tous les esclavages . Tu ne t’adresseras qu’à moi pour ton salut . Tu ne conserveras pas de fausses représentations (du bonheur) pour les adorer ni pour les servir . Aucun objet qui représente ce qui est dans le ciel, sur la terre, ou dans l’eau, sous la terre . . . » Merci au Christ, Jésus, qui vient nous chercher dans tous nos esclavages, qui nous sauve et qui nous enseigne la liberté !

Joël DejardinPasteur de l’Église Méthodiste de Metz

(article paru en 2003)

QUELQUES CITATIONS DE MARTIN LUTHER : Un jour quelqu’un frappa à la porte de Martin Luther :- Est-ce bien ici qu’habite Monsieur Martin Luther ?- Non, répondit Luther, il est mort : c’est le Christ qui habite ici maintenant !

Le Christ est le centre du cercle à partir duquel tout le cercle est tracé.

Heureux celui qui se soumet à la volonté de Dieu car le malheur ne l’at-teint pas.

Les hommes peuvent le traiter à leur guise... il ne s’en soucie pas, il sait que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.

Tenons pour certain que l’âme peut se passer de toutes choses, excepté de la Parole [Logos] de Dieu, sans laquelle tout lui est inutile.

Avec cette Parole vous êtes riche, et rien ne vous manque - car elle est la vie, la vérité, la lumière, la paix, la justice, le salut, la joie, la liberté, la sagesse, la vertu, la grâce, la gloire et la félicité sans mesure.

C’est là la véritable fiancée, celle qui dit au Christ :« Je ne veux pas ce qui est à Toi  : je Te veux Toi-même, je ne t’aime pas davantage quand tout va bien, ni moins quand tout va mal ».

Lorsqu’arrive ce que nous ne voulons pas alors arrive ce qu’il y a de meil-leur pour nous.

On ne peut tirer les hommes par les cheveux pour les arracher à l’erreur - il faut s’attendre à Dieu et laisser agir sa Parole, sans vouloir intervenir soi-même.Je ne tiens pas les cœurs des hommes dans mes mains, je vais jusqu’à leurs oreilles et non plus loin.C’est la Parole de Dieu qui gagne les cœurs, et si le cœur est gagné, l’homme tout entier est gagné.

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Annonces / CommuniquésSE FORMER POUR MIEUX SERVIR - CODOGNAN

Lieu des stages :Église Évangélique Méthodiste de Co-dognan - 320 route de Vergèze - 30920 Codognan

Contact :Alain PUGLIA - 07 52 04 32 74 04 66 73 76 15 - alainpuglia58@gmail .comVous pouvez envoyer un message au centre de Codognan via la page Contact .

Programme 2016-2017 :Le Saint-Esprit et le Salut23-24 septembre 2016 : Jonathan VAU-GHAN

Les épîtres générales25-26 novembre 2016 : Daniel BERGESEL’Eglise et ses responsables17-18 février 2017 : Vincent MIEVILLELe culte21-22 avril 2017 : Jean-Philippe BRUCulture française, catholicisme et laïcité9-10 juin 2017 : Claude MARTINAUD

Prix :pour l’année 135 € étudiant 220 € couple (75 € auditeur libre)par stage 27 € étudiant 45 € couple (15 € auditeur libre)Stage d’essai sans devoir : 20 €

COURRIER DES LECTEURS

Je remercie Jean-Pierre Sorbier de nous avoir présenté le film « la résurrection du Christ » qui, hélas, n’a pas retenu l’attention des grands média . Je vou-drais seulement apporter un correctif au jugement très dévalorisant prononcé à l’encontre du film Ben-Hur, qualifié de « péplum sans génie » . Si l’auteur veut faire référence au film de William Wyler, de 1959, avec Charlton Heston, il me suf-fit de rappeler qu’avec 11 oscars (dont celui du meilleur film, du meilleur réali-sateur et du meilleur premier rôle), il de-meure le film le plus primé de l’histoire du cinéma ! Sur Allociné, il recueille tou-jours les scores enviables de 3 .3/5 pour la presse et 4 .0/5 pour le public . « La

résurrection du Christ » vaut sans doute le déplacement, mais apparemment, ses qualités auront du mal à se compa-rer à celles du film de William Wyler . Je profite de ces lignes pour signaler (ou rappeler) qu’un nouveau Ben-Hur a été tourné au Brésil et que sa sortie sur les écrans français est prévue pour le 7 sep-tembre . Et comme il n’est pas facile de refaire ce qui a été une réussite, j’ai peur que nous ayons droit, ce coup-là, à un péplum sans génie . Espérons que ce ne sera pas le cas . - Daniel Bergèse

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VOUS CONNAÎTREZ LA VÉRITÉ

et la vérité

vous rendraLIBRE

JEAN 8,32

CRÉDIT PHOTO : SYLVIE KOSIANSKI PERRIER