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PRECAUTIONS « COMPLEMENTAIRES » (isolement septique) et ISOLEMENT PROTECTEUR D‘après un support EOH G HUMBERT Présentation 2014 Corinne Mignot IDE hygiéniste

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PRECAUTIONS « COMPLEMENTAIRES »

(isolement septique) et

ISOLEMENT PROTECTEURD‘après un support

EOH G HUMBERTPrésentation 2014

Corinne Mignot IDE hygiéniste

Isolements� Rappels: La LIN repose sur l’application des précautions dites « standard » ou universelles lors des soins à tous les patients (quelque soit le statut infectieux)

� A ces précautions « standard » vont s’ajouter des précautions dites « complémentaires » à observer dans certaines situations

� Le terme d’isolement est désormais réservé à l’isolement protecteur

Objectifs�Prévenir la transmission d’une maladie contagieuse ou d’un micro-organisme potentiellement infectieux ou d’un micro-organisme résistant aux antibiotiques

�Eviter la survenue d’une infection associée aux soins ou d’une épidémie

Principe

�Mettre en œuvre des mesures géographiques et techniques :�Chambre seule�Signalisation� Information patients, soignants, familles et visiteurs

�But: mesures « barrières » évitant la transmission de micro-organismes

Précautions « complémentaires »

(Isolement septique)

Isolement protecteur aseptique

Patient porteur d’une infection bactérienne ou virale, ou colonisé par un germe = risque pour les autres patients ou pour le personnel

Patient à haut risque d’être infecté par l’environnement hospitalier, par les autres patients, ou même par les visites. (patients sévèrement immunodéprimés, par une maladie ou par un traitement, neutropéniques ou en aplasie médullaire)

mesures « barrières »Objectif : Protéger les autres

Se protégerProtéger l’environnement

mesures « barrières »Objectif : Protéger le patient lui même

Ne pas confondre (1)

Ne pas confondre (2)

•Isolement protecteur

•Précautions « complémentaires »

Prescription médicale� L’isolement protecteur et l’application des précautions « complémentaires » relèvent d’une décision médicale.

� La mise en place ou la levée des mesures doit se faire sur prescription médicale écrite, datée et signée.

� La prescription doit préciser les raisons et le type d’isolement ou de mesures complémentaires (contact, air, gouttelettes)

� Ces mesures à respecter doivent être décrites dans une procédure propre à chaque établissement et validée par le CLIN.

SignalisationSignalisation: Pourquoi?� Permet d’attirer l’attention de tous les acteurs de soins.

� De porter directement à leur connaissance une information entraînant une vigilance particulière et une prise en charge adaptée.

� D’induire des comportements et des actions spécifiques

SignalisationSignalisation: comment?� Pictogramme spécifique à apposer:- sur les dossiers médicaux et de soins infirmiers- sur le tableau de la salle de soins- sur la porte de la chambre à l’intérieur et à l’extérieur- sur les bons de demande d’examen

Information� Information:- Aux divers acteurs de soins- Au patient et à ses visiteurs- Au service d’accueil en cas d’examen, de transfert ou de sortie- Aux ambulanciers en cas de transport sanitaire

Précautions « complémentaires »1 - Précautions « air » : prévention des infections transmises par voie aéroportée pour des particules < 5 microns appelées dropplet nucléi(tuberculose pulmonaire, rougeole…)

2 - Précautions « gouttelettes » : prévention des infections transmises par les sécrétions oro-trachéo-bronchiques pour des particules > 5 microns (grippe, coqueluche, rubéole…)

3 - Précautions « contact » : prévention des infections transmises par contact direct ou indirect (diarrhées, BHRe, gale…)

Précautions communes (1)� Hygiène des mains: Renforcée après chaque soins et à la sortie de la chambre : PHA, lavage des mains + PHA si mains souillées ou mouillées(systématique si diarrhée à CD)

� Gants : attention au mésusage

� Lunettes : précautions « standard »� Sang: précautions « standard »� Déchets: pas de DASRI stockés dans les chambres, éliminés dès la fin du soin

Précautions communes (2)�Matériel médical: individualisé, reste dans la chambre ou traitement adapté avant de sortir de la chambre, à UU de préférence

� Linge: filière normale sauf cas particulier du linge contaminé (sacs hydrosolubles + sac couleur spécifique…) évacué sous double emballage après chaque soins, linge de toilette à usage unique ou changé à chaque utilisation.

�Matériel hôtelier: précautions « standard »� Bio nettoyage : en fin de programme de préférence

Précautions complémentaires« air » (1)Risque infectieux

transmission aéroportée de particules < à 5 microns

Principales maladies infectieuses� Tuberculose pulmonaire � Varicelle, zona� Rougeole� Grippe aviaire et grippe A H1N1� SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère)

Précautions complémentaires« air » (2)

� Chambre: Individuelle obligatoire avec sas et pression négative si possible, ou fréquemment aérée, porte fermée.

� Tablier de soin pour soins mouillants et souillants

�Masque: - masque de protection respiratoire filtrant de type FFP1 ou FFP2 avant entrer dans la chambre pour soignants et visiteurs, à enlever après être sorti de la chambre.

- de soins de type chirurgical pour le patient si sortie de chambre (déplacements strictement limités)

� Entretien journalier de la chambre: aérer+++, ménage en dernier avec détergent désinfectant.

� Entretien de la chambre à la sortie du patient: bien aérer, double nettoyage soigneux de toutes les surfaces (mobilier, murs, plafond et sol), délai minimum de 15 minutes entre les deux nettoyages pour la tuberculose.

Précautions complémentaires« air » (3)

Précautions complémentaires« gouttelettes » (1)

Risque infectieuxtransmission aéroportée de particules > à 5 microns

Principales maladies infectieuses� Grippe� Coqueluche� Oreillons� Scarlatine� Méningite à méningocoque� Viroses respiratoires infantiles� Infections pulmonaires à BMR� Infections trachéales ou sur trachéotomie

Précautions complémentaires« gouttelettes » (2)

� Chambre: individuelle ou regroupement des patients atteints du même micro-organisme, porte fermée.

� Tablier de soin à UU pour soins mouillants et souillants

�Masque: - Porter un masque de soins de type chirurgical dès l’entrée dans la chambre.

- Masque de soins de type chirurgical au patient en cas de déplacement.

Précautions complémentaires« gouttelettes » (3)

� Entretien journalier de la chambre: aérer+++, ménage en dernier avec détergent désinfectant.

� Entretien de la chambre à la sortie du patient: bien aérer, double nettoyage soigneux de toutes les surfaces (mobilier, murs, plafond et sol).

Précautions complémentaires« contact » (1)

Risque infectieux Transmission des micro-organismes

� Par contact direct ou manuporté (personne à personne)� Par contact indirect (matériel, objet ou linge à individu)

Principales maladies infectieuses� Toutes les BMR en particulier les SARM, pseudomonas

aeruginosa (pyocianique)….� Toutes les BHRe (bactéries hautement résistantes

émergentes ) en particulier les EPC, ERV (ERG), EBLSE,E Choli, Klebsiella pneumoniae� Les gastro-entérites infectieuses (rotavirus…)� Varicelle, Herpès et zona généralisé� Gale, poux

Précautions complémentaires« contact » (2)

Elles ont pour but d’éviter la transmission directe ou indirecte de micro-organisme (manu-portage, contamination des surfaces et /ou du matériel).

Précautions complémentaires« contact » (3)

� Chambre: Individuelle ou regroupement de patients atteints du même micro organisme(coohorting) ou individualisation des soins et du matériel

� Tablier de soin à UU pour soins mouillants et souillants

� Surblouse dans certains cas (risque de projection majeure de liquide biologique)

� Masques: précautions « standard »

Précautions complémentaires« contact » (4)

� Entretien journalier de la chambre: aérer+++, ménage en dernier avec détergent désinfectant

� Entretien de la chambre à la sortie du patient: bien aérer, double nettoyage soigneux de toutes les surfaces (mobilier, murs, plafond et sol) –produits spécifiques pour infections virales (rotavirus)

Cas particulier des ectoparasites• Hygiène des mains avant et après la prise en charge du patient (lavage + PHA)

• Eléments de protection individuels recommandés• Draps à usage unique de préférence • A défaut, traitement du linge avec un antiparasitaire avant lavage avec respect du temps de contact selon recommandations du fabricant (environ 12 heures), sinon traitement du linge retardé de quelques jours avant lavage en machine à 60°C à manipuler avec des gants

• Evacuation des déchets selon DASRI (double emballage)

Précautions complémentaires« contact » (5)

Mesures complémentaires� Ces mesures nécessitent connaissances et bon sens.� Elles doivent être réfléchies et adaptées au patient, au germe, aux moyens.

� Les déplacements du patient ne sont pas interdits mais doivent être limités et encadrés avec la participation du patient le cas échéant.

� Les moyens pour appliquer les mesures doivent être mis à disposition pour en faciliter l’application. (procédure, matériel, pictogrammes…)

Précautions complémentaires« de type protecteur » (1)

Risque infectieuxLes précautions visent à protéger le patient fragilisé

immunodéprimé

Principales circonstances� Patients immunodéprimés� En aplasie

Précautions complémentaires« de type protecteur » (2)

Objectif: Il a pour but d’éviter la transmission de tout agent potentiellement infectieux issu:

• de l’environnement• d’autres patients • des soignants à des patients immunodéprimés. Il vise à limiter les infections associées aux soins d’origine exogène mais ne peut intervenir dans les infections d’origine endogènes.

• Sur prescription médicaleIndications: Aplasie onco-hématologique, neutropénie, greffe d’organe et de tissus, grands brûlés, prématurés…

Précautions complémentaires« de type protecteur » (3)

�Moyens: Les mesures préconisées viennent en complément des précautions « standard ». Elles sont adaptées aux risques présentés par le patient et présentent des niveaux d’exigence différents (propreté, asepsie, stérilité…). Elles visent à protéger le patient de tout apport de micro-organisme dans son environnement.L’isolement protecteur nécessite des mesures de signalisation et d’information pour tous.

Précautions complémentaires« de type protecteur » (4)

� Chambre: individuelle munie d’un sas, porte fermée.� Environnement: - air: système de filtration, pression positive- eau: micro filtre sur douche et lavabo

� Hygiène des mains: Avant d’entrer dans la chambre et à chaque soins.

� Sur blouse: stérile ou ultra propre, changée à chaque utilisation.

� Tablier de soins à UU pour les soins mouillants et souillants

� Masque: de soins dès l’entrée dans la chambre.� Coiffe : dès l’entrée dans la chambre.

Précautions complémentaires« de type protecteur » (5)� Matériel: individualisé, mesure de désinfection avant l’entrée en chambre, à UU de préférence

� Bio nettoyage: protocole précis et pluriquotidien� Alimentation: protégée (exclusion de certains aliments), eau de boisson embouteillée.

� Vaisselle, linge: stérilisés ou propres et protégés.� Effets personnels: nettoyés et désinfectés si possible, fleurs et plantes interdites, informations+++ des visiteurs…)

� Déplacements: limités et encadrés (masques filtrants pour le patient, hygiène des mains…)

Conclusion� La bonne application des mesures complémentaires

nécessite rigueur, bon sens et communication.� La formation continue des personnels est indispensable à

la compréhension et aux respect des recommandations.� L’information permet de responsabiliser les patients et

leurs visiteurs et de les faire participer à l’efficacité de l’isolement.

� Les précautions « complémentaires » et les mesures d’isolement protecteur peuvent présenter un caractère contraignant, paraitre rébarbatives et excessives maissont indispensables pour prévenir les épidémies et les infections associées aux soins (IAS) souvent graves et coûteuses (9000 décès par an, entre 2,4 et 6 milliards d’euros)

IAS Epidémies Définition

� Augmentation de la fréquence d’une maladie au-delà de ce qui est habituellement observé.

� Nombre inhabituel de cas d’une maladie dans une population dans une même unité de temps et d’espace

� Deux situations : micro-organisme avec un mécanisme de transmission connu

� Ou situation à « décrypter » (quoi?, quel mécanisme?)

Une pandémie= épidémie mondiale

Epidémies Épidémie d’infections

nosocomiales� Augmentation du nombre de cas d’un même type d’infection nosocomiales survenant dans une période de temps délimitée au sein d’une même unité fonctionnelle ou dans un même établissement

� On peut considérer une épidémie à partir de 2 ou 3 cas groupés, parfois un seul cas suffit comme par exemple : profil de résistance (EPC), ou risque de diffusion important (grippe)

Epidémies Épidémie d’infections

nosocomiales• Épidémies d’infection ou de colonisation à BMR type SARM ou BHRe (EPC)

• Épidémies de gastro-entérite• Épidémies d’infection à Clostridium difficile• Toxi- infections alimentaires collectives (TIAC)• Infections respiratoires basses

Epidémies Facteurs favorisants les épidémies

• Concentration de patients à risque d’infection• Présence de patients infectés susceptibles de disséminer des micro-organismes

• Age des patients (prématurés, personnes âgées)• Pathologie • Secteurs (réanimation…)• Multiplication des soins pour un même patient• Utilisation massive des antibiotiques (sélection des bactéries résistantes)

• Non respect des précautions « barrières »• Soins réalisés « en série »

EpidémiesGestion d’une épidémie

L’alerte (1)Qui prévient ?

• Les soignants : plusieurs patients présentent en même temps les même symptômes

• Le laboratoire: mise en évidence du même micro-organisme chez plusieurs patients dans un même service

• Les instances (CCLIN Est par exemple) par l’intermédiaire de la liste hebdomadaire

EpidémiesGestion d’une épidémie

L’alerte(2)Qui prévenir ?

• Responsable de l’unite• Le cadre de santé de l’unité• L’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH)• Le président du CLIN• La direction des soins• Le directeur de l’établissement• La médecine du travail

IAS EpidémiesL’investigation (1)

• Mettre en place sans délai des mesures de précautions (PC) en vigueur dans l’ES

• Définir les cas : signes cliniques et /ou biologiques, caractère nosocomial, données de temps et d’espace• Compter les cas en cas certains ou casprobables (courbe épidémique)

• Rapporter le nombre de cas au nombre de malades présents exposés=taux d’attaque

IAS EpidémiesL’investigation (2)

• Comparer par rapport à la fréquence habituelle de la maladie d’où l’importance des systèmes de surveillance

• Formuler des hypothèses sur les causes de l’épidémie (source, mode de transmission)

Remarque :Il est important de s’assurer du caractère réel de l’épidémie : éliminer les éventuelles « pseudo-épidémies » qui serait lié à une augmentation artificielle du nombre de cas observés en raison d’une erreur de diagnostic, à un changement dans les modalités de prélèvement ou de techniques du laboratoire.

EpidémiesMise en place d’actions de prévention (1)

� Renforcer l’hygiène des mains et les précautions « standard »

� Mettre en place les précautions complémentaires (contact, air, gouttelettes) afin d’éviter la transmission croisée

� Sectoriser les soins, unité de cohorting (EPC, CD)� Limiter les admissions, les transferts (EPC)� Éviter les aliments suspects (TIAC, arrêt d’utilisation des points d’eau…)

� Mettre en place une cellule de crise

EpidémiesMise en place d’actions de prévention (2)

• Organiser le dépistage de patients contact si nécessaire (tout patient présent dans l’unité au moment de la découverte de l’infection )

• Discuter la réalisation d’une enquête microbiologique, de l’envoi des souches au Centre National de Recherches pour comparaison

• Adapter et évaluer les mesures selon l’évolution• Informer les services lors de transfert (éviter en présence d’EPC)

• Informer les patients et les familles

EpidémiesMise en place d’actions de prévention (3)

• Déclarer aux instances Régionales et Nationales• (CCLIN /ARLIN, INVs) par l’intermédiaire du site E-sin

• Surveiller et identifier tout nouveau cas éventuel• Evaluer le coût des mesures de contrôle

Pas de nouveau cas=fin de l’alerte• Rédiger et transmettre un rapport à tous les acteurs

Epidémies à bactérie hautement résistante émergente (BHRe): EPC

Patient cible suspecté d’être porteur � Patient hospitalisé à l’étranger dans les 12 derniers mois, plus de 24H et rapatrié par voie sanitaire

� Patient ré-hospitalisé ou admis dans une structure style EHPAD et ayant été antérieurement connu porteur

Patient contact Tout patient exposé à un cas porteur pris en charge par la même équipe soignante. Ceci en cours d’hospitalisation ou lors d’une précédente hospitalisation

Epidémies à bactérie hautement résistante émergente (BHRe): EPC

Epidémies : EPCMesures de prévention de la transmission croisée

• Chambre individuelle avec des PCC dès son admission

• Regroupement géographique des patients porteurs : cohorting

• Organisation des soins : au mieux personnel et matériel dédié. Sinon respect de la « marche en avant »

• Gestion des excréta : douchettes proscrites, gants et tablier à UU, utilisation du lave bassin

• Renforcement du bio nettoyage (procédure + longue ou répétée)

Epidémies : EPC� Arrêt des transferts des patients porteurs et des patients contacts

� Signalisation par le biais du logo sur tous les documents et porte de chambre

� Respect IMPERATIF des procédures (formation si nécessaire)

� Information et communication avec tous les intervenants (médicaux, paramédicaux, famille…) et les instituts précédents (si découverte fortuite)

� Reprendre toutes les précautions rencontrées dans la gestion d’une épidémie (investigation, déclaration aux différentes instances, hygiène…)

IAS EpidémiesConclusion

Une épidémie nécessite une réaction rapide, une mise en place des mesures en urgence, un travail en équipe tant pour l’investigation que pour la mise

en place des mesures de contrôles.

La situation de crise doit être une expérience utile à l’amélioration de la qualité des soins.