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Quelle est la chronologie d'interven- tion entre la prothèse fixée et la prothèse amovible pour les cas de pro- thèse composite ? Comment la détermination au cabinet de l'axe d'insertion détermine-t-elle les travaux de prothèse fixée et de prothèse amovible ? Comment peut-on standardiser les étapes cabinet / laboratoire pour la réalisation des prothèses composites ? Quels sont, pour chaque étape, les élé- ments de la communication cabinet / laboratoire ? 15 Stratégie prothétique février 2002 • vol 2, n° 1 L a prothèse composite, associant sur une arcade la prothèse conjointe (PC) à la prothèse amo- vible partielle (PAP), nécessite une relation étroite entre le praticien et les prothésistes intervenant successivement au cours des diffé- rentes étapes : élaboration des éléments fixés, élaboration du châssis métallique et montage des dents. Pour le chirurgien-dentiste, aux rôles de praticien-clinicien et d'architecte concevant le projet prothétique matériali- sé par une maquette, s'ajoute celui de coordinateur entre les différents prothésistes. La communication avec cha- cun doit passer par une fiche de liaison parfaitement établie, claire et simple. Celle-ci est complétée par les moulages, des documents photographiques, le télépho- Prothèse composite : la communication clinicien - prothésiste Clinique Laboratoire I. FOUILLOUX, chirurgien-dentiste S. HURTADO, prothésiste dentaire M. BEGIN, chirurgien-dentiste

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Quelle est la chronologie d'interven-tion entre la prothèse fixée et laprothèse amovible pour les cas de pro-thèse composite ? Comment la détermination au cabinetde l'axe d'insertion détermine-t-elleles travaux de prothèse fixée et deprothèse amovible ? Comment peut-on standardiser lesétapes cabinet / laboratoire pour laréalisation des prothèses composites ? Quels sont, pour chaque étape, les élé-ments de la communication cabinet /laboratoire ?

15Stratégie prothétique février 2002 • vol 2, n° 1

L a prothèse composite, associant sur une arcadela prothèse conjointe (PC) à la prothèse amo-vible partielle (PAP), nécessite une relationétroite entre le praticien et les prothésistesintervenant successivement au cours des diffé-

rentes étapes : élaboration des éléments fixés,élaboration du châssis métallique et montage des dents.Pour le chirurgien-dentiste, aux rôles de praticien-clinicienet d'architecte concevant le projet prothétique matériali-sé par une maquette, s'ajoute celui de coordinateur entreles différents prothésistes. La communication avec cha-cun doit passer par une fiche de liaison parfaitementétablie, claire et simple. Celle-ci est complétée par lesmoulages, des documents photographiques, le télépho-

Prothèse composite : la communicationclinicien - prothésiste

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I. FOUILLOUX, chirurgien-dentisteS. HURTADO, prothésiste dentaireM. BEGIN, chirurgien-dentiste

ne et déjà, pour certains, par l'ordinateur. Lesdonnées individuelles du patient, reportées sur lafiche de liaison, doivent accompagner chaque tra-vail transmis aux différents prothésistesintervenant dans le traitement.

Données générales de la fiche de liaison• Le nom du patient ou le code de correspondan-ce : afin de respecter le secret professionnel, leclinicien devrait instaurer une codification de sespatients. Il peut mettre en place une codificationsimple, manuelle, consignée sur un registre.Certains logiciels de gestion allouent, à chaquecréation de fiche patient, un code qui peut êtrerecopié sur la fiche de liaison.• L'âge et le sexe du patient.• L'identité du laboratoire de prothèse.• La date de départ du travail au laboratoire. • La nature du travail à réaliser.• La date de retour demandée.Un double de ces données, transmises au labora-toire de prothèse, est conservé ou consigné surun registre ou sur ordinateur. En plus de l'aspectpratique, qui consiste à suivre précisément etsimultanément le travail au cabinet et au labora-toire, la traçabilité des travaux en cours en estfacilitée.Cet article a pour but de décrire, sommairement,les principales étapes prothétiques d'un traite-ment par prothèse composite et, pour chacuned'entre elles, de mettre en évidence quelles don-nées écrites et matérielles le praticien doittransmettre au prothésiste et ce qu'il peutattendre de lui.

LES ÉTAPES PRÉPROTHÉTIQUESAfin d'établir un diagnostic, d'émettre des hypo-thèses thérapeutiques, puis de prendre unedécision en accord avec le patient, le praticienréalise un examen clinique et recueille des don-nées complémentaires (bilan radiographique longcône, panoramique, modèles d'étude) (2, 7). Les empreintes d'étudeCliniqueIl s'agit d'empreintes réalisées à l'alginate declasse A, coulées par le praticien dans les 20minutes, ou adressées au prothésiste dans les

meilleurs délais. Dans ce cas, elles doivent être,après décontamination, conservées puis trans-mises au laboratoire dans une enceinte close(sachet hermétique) (5, 21).

Communication clinicien - prothésiste• Demande du moulage de l'empreinte d'étudeet réalisation d'un socle.

LaboratoireModèles d'étude en plâtre de type II ADA.La mise en articulateur des moulages obtenuspermet de réaliser l'analyse occlusale nécessaireà la bonne conduite du traitement. Lorsque le gui-dage antérieur en propulsion et latéralité estefficace, et que l'on doit intervenir sur les dentsantérieures, il faut, après avoir établi des courbesocclusales satisfaisantes, enregistrer le guideantérieur à l'aide d'une résine chémopolyméri-sable (Duralay®). Une table incisive individuelleest alors enregistrée, qui permettra de reprodui-re, lors de l'élaboration des éléments de PC, lestrajectoires initiales définies par les pentes inci-sives et canines du patient traité (3, 8).

Réalisation du tracé sur le modèle d'étudeCliniqueC'est le rôle du praticien, concepteur de la pro-thèse, de réaliser le tracé du châssis sur lemodèle d'étude. Pour cela, les modèles d'étudesont étudiés au paralléliseur afin de déterminerl'axe d'insertion de la future prothèse. Cetteétude pré-prothétique comporte différentesétapes (1, 2, 6, 11, 12, 16,17) :- recherche de l'axe d'insertion en fonction dequatre critères (les zones de rétention, les inter-férences au niveau des tissus dentaires ou destissus mous, les surfaces de guidage et l'esthé-tique) ;- le tracé de la ligne guide en fonction de l'axeprédéterminé ;- la réalisation du tracé prospectif idéal de la PAPen fonction de critères biologiques, mécaniqueset esthétiques ;- l'axe d'insertion peut parfois être modifié afin deconserver le tracé prospectif idéal.Cet axe d'insertion permet de visualiser les amé-

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nagements chirurgicaux éventuels, les surfacesde guidage qui peuvent être obtenues par desaméloplasties ou par des coronoplasties additives(PC) et de déterminer les zones de dépouille etde contre-dépouille. Il offre donc la possibilité desituer l'extrémité rétentive des crochets.Notons que la préparation des surfaces de guida-ge est le moyen le plus fiable de transférer aulaboratoire l'axe d'insertion choisi lors de l'étudepréprothétique.Le tracé servira de modèle au clinicien pour réali-ser les améloplasties en bouche, et sera aussi unguide indispensable pour le prothésiste dans laréalisation des prothèses fixées et du châssis. Eneffet, tous les fraisages des prothèses fixéessont impérativement réalisés selon l'axe d'inser-tion matérialisé par les améloplasties de guidage(fig.1a à 1d).

Réalisation des prothèses provisoires (3, 9, 10, 14).Si le schéma occluso-prothétique est correct et sil'édentement est de petite étendue, le praticienpeut passer directement à la réalisation des pro-thèses définitives.Dans le cas où le schéma occlusal actuel est per-turbé, il doit être remanié dans le cadre d'unprojet prothétique global faisant appel à un mon-tage directeur.Selon l'importance des perturbations occlusaleset selon l'étendue de l'édentement, ce montagedirecteur peut être représenté par des cires dediagnostic sur les dents résiduelles et/ou par desmaquettes munies de dents prothétiques com-pensant les édentements.Le schéma occluso-prothétique représenté parce montage directeur sera, dans un premiertemps, objectivé par les prothèses provisoires.

Fig. 1a Edentement bilatéralpostérieur mand i b u-laire en extension.Tracé prospectif pourune prothèse com-posite avec unecouronne fraisée sur3 3 .b Modèle d'étudesur le paralléliseur.L'axe d'insertion dela PAP est représen-té par la directionde la surface de gui-dage sur 44. c Couronne fraiséesur 33. Fraisages dis-tal et lingual réalisésselon l'axe d'ins e r-tion de la PAP définien 1b.d Châssis métal-lique sur le modèlesecondaire muni deses espacements(Laboratoire PBM92).

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Communication clinicien - prothésiste• Le praticien indique les cires de diagnostic à faire etles dents à remplacer dans le concept occlusal choisi.Il en précise la teinte, la forme et les dimensions.

LaboratoireLe type de dents prothétiques pour le montage directeurest qualifié par le matériau (résine), la taille et la formechoisie en fonction de l'espace prothétique disponible(19) et du schéma occlusal (20).Les cires de diagnostic et le montage directeur de PAPpréfigurent le résultat final escompté.Ces derniers permettent de mener à bien le traitementprothétique global depuis les prothèses transitoires jus-qu'aux prothèses fixées et amovibles définitives.• Réalisation des prothèses fixées provisoires (fig. 2a à2d)Le prothésiste réalise des clefs en silicone vestibulaire et

2a 2b

2d2c

Fig. 2a Cas clinique représenté par deuxmodèles pédagogiques : mandibuledentée, maxillaire avec un édente-ment de Classe II modification 1.b Tracé prospectif représentant laprothèse composite : couronnes frai-sées sur 14 et 17, couronnesjumelées sur 23 et 24 munies d'unattachement de type Dalbo S®.c Montage directeur en articulateur :dents provisoires de PC et maquetteavec dents prothétiques de PAP.d Vue occlusale du modèle maxillaireavec le montage directeur : les dentsprovisoires de PC, en résine cuite,ont été réalisées à partir de clés descires de diagnostic.

palatine en regard des cires de diagnostic. Celles-ci sont détruites et le plâtre est isolé. La résine(incisal puis dentine) est déposée dans les clefs,qui sont remises en place. Elle est cuite dans unecocotte à 40° C à P = 1,5 bar pendant 15 minutes.• Réalisation de la PAP transitoireLe montage directeur en cire sur le modèle de tra-vail est mis en moufle. La résine est cuite à 95°pendant 2 heures à une pression de 1,5 bar. Après10 heures de refroidissement, les étapes de démou-flage, grattage, et polissage sont effectuées.Après réalisation des préparations dentaires, lesprothèses provisoires sont mises en bouche dansle schéma occlusal retenu.

LES ÉTAPES PROTHÉTIQUES• Réalisation des éléments de prothèse fixéeL'empreinte de prothèse fixée (fig. 3a et 3b)

CliniqueIl s'agit d'une empreinte prise avec un siliconepar addition, en deux viscosités, à l'aide d'unporte-empreinte du commerce, métallique, rigi-de, anatomique, de type Rimlock®, ASA® munid'un jonc périphérique, choisi en fonction de lalargeur de l'arcade, encollé avec un adhésif à sili-cone.

Communication clinicien - prothésiste• Mouler deux fois l'empreinte de prothèsefixée en plâtre extra dur : le premier modèleest préparé pour la réalisation des élémentsfixés (détourage, mise en die) ;• le second modèle pour la confection d'unemaquette d'occlusion dont la plaque base esten résine ou pour la confection de "barrettesd'occlusion".

LaboratoireLe prothésiste dentaireprépare deux modèles. Lepremier est préparé pourla PC ; sur le secondmodèle est réalisée unemaquette d'occlusion ouune barrette en résine afinde mettre en articulateurles deux modèles (fig. 4).Lorsqu'il s'agit d'unemaquette d'occlusion enrésine, elle doit être parfai-tement immobile dans lesdifférents plans de l'espa-

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3a 3b

Fig. 3a Préparation des dents concernées par laPC. La place nécessaire aux fraisages et àl'attachement sur 24 est aménagée pardes préparations dentaires majorées.b Empreinte de PC aux silicones par addi-tion en 1 temps 2 viscosités (Président®).Fig. 4 L'empreinte est moulée deux fois :le premier modèle est destiné à la réalisa-tion des éléments de PC, le second à laconfection des barrettes d'occlusion.

ce [crochets, fil vestibulaire continu si les dentsbordant l'édentement sont préparées commesupport de prothèse fixée (3)]. Elle est stabiliséeavec une pâte oxyde de zinc-eugénol sur lesecond modèle et pourra être reportée dans unesituation identique sur le modèle de travail de PC.Dans notre cas, à la place de la maquette d'oc-clusion, la disposition des dents préparées pour laPC le permettant, une barrette en résine chémo-polymérisable, prenant appui sur les préparationsdentaires, a été fabriquée. Elle a l'avantage de per-mettre d'enregistrer le RIM en s'affranchissant dudélicat problème de différence de dépressibilitétissulaire entre les dents et les muqueuses, et decelui de la compression excessive des surfacesd'appui muqueuses qui se produit lors de la prised'empreinte destinée à la réalisation des élémentsfixés (4, 19) (fig. 5a et 5b).

Confection des chapes des prothèses fixéesAprès enregistrement du RIM, le modèle de tra-vail, sur lequel les éléments de PC sont réalisés,est mis en articulateur. Dans le cas d'un édente-ment de grande étendue, le second modèle surlequel le prothésiste peut effectuer le montagedirecteur global, est mis également en articula-teur (fig. 6a à 6c).

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5a

6a 6b 6c

5b

Fig. 5a Prise du rapport intermaxillaire par adjonction derésine Duralay® sur les barrettes préparées.b Vue occlusale des barrettes, repositionnables surles deux modèles.Fig. 6a Mise en articulateur du second modèle.b Montage directeur sur le second modèle.c Vue occlusale du montage directeur. Une clé en sili-cone permettra de reproduire le profil vestibulairesatisfaisant.

Communication clinicien-prothésiste• Réalisation des infrastructures métalliquesdes éléments de PC, selon :le montage directeur global nécessaire dans lecas d'un édentement de grande étendue ouune clef des dents provisoires indexée sur lesdents antagonistes si l'édentement est encas-tré ou de faible étendue,• le tracé du châssis,• la description des PC à réaliser à savoir :• le choix de l'alliage,• couronne métallique, céramo-métallique,• la nature du joint (métal/dent, céra-mique/dent),• les surfaces de guidage, les fraisages désirés(glissière, épaulement, fraisage destiné à rece-voir une barre cingulaire...)• le type et la situation d'un attachement• l'adjonction éventuelle de lunule de rétentionQuand les infrastructures sont nombreuses etcomplexes, afin d'éviter des retouches déli-cates, voire de refaire le travail, il estsouhaitable que le praticien valide leur mor-phologie lorsqu'elles sont encore en cire.

Montage de la céramiqueLes infrastructures métalliques sont essayées cli-niquement, puis retournées au laboratoire pourl'élaboration de la céramique.

Communication clinicien-prothésiste• Elaboration de la céramique au stade biscuitselon le schéma de couleur détaillé, la texturede surface des dents antérieures (13)Afin de préciser les caractérisations (importan-ce des dégradés, répartition des effets), il estpossible de joindre une diapositive ou uneimage numérisée.La forme est fournie par le montage directeurglobal ou par la clé des dents provisoires.

CliniqueLes biscuits sont essayés cliniquement. Laforme, l'occlusion et la teinte sont validées. Lesmodifications nécessaires sont faites ou deman-dées au prothésiste qui va pouvoir réaliser lafinition, le glaçage de la céramique (fig. 7a à 7c)Selon la complexité de la restauration, soit leséléments sont scellés à cette phase prothétique,soit ils seront scellés le jour de la pose de la PAP.En présence d'une couronne unitaire, ou dequelques éléments aux contours simples, le oules éléments de prothèse fixée sont scellés àcette étape prothétique, puis la PAP à châssismétallique est réalisée.Lorsque nous sommes en présence de fraisagescomplexes, de glissières de semi-précision, ou

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7a 7b 7c

Fig. 7a Les chapes et la céramique ont été élaborées à l'ai-de de la clé positionnée sur le modèle de travail dePC...b ... dans le schéma occlusal défini en début de trai-tement, contrôlé par la table incisive individuelle enrésine...c ...et selon le tracé prospectif (Travail de laboratoire : Laboratoire GH).

d'attachements de précision, les éléments de PCne seront pas scellés à ce stade : ils seront entraî-nés dans l'empreinte secondaire destinée àl'élaboration du châssis métallique. C'est la situa-tion que nous avons choisi de décrire, où lescellement des PC aura lieu le jour de la pose dela PAP à châssis métallique.

Réalisation de la prothèse amovible- L'empreinte primaire

CliniqueAux étapes communes à tout traitement par PAPà châssis métallique, il convient d'ajouter lesétapes rendues nécessaires par la présence deséléments fixés.Les couronnes mises en bouche, une empreinteà l'alginate est prise avec une attention particuliè-re au niveau des éléments de PC (bonne assisesur la préparation dentaire afin d'éviter tout dépla-cement lors de la prise d'empreinte).

Le praticien interprète l'empreinte, évalue leséventuelles surextensions dues à la nature de l'al-ginate et l'aspect arbitraire du porte-empreinte ducommerce, choisi dans une gamme limitée. Iltransmet au laboratoire les limites du PEI. Pourcela la référence est la ligne de réflexion muqueu-se qui peut être tracée sur l'empreinte primaireavec un crayon à l'alinine, et qui se décalquera surle moulage en plâtre (fig. 8a et 8b). Les élémentsde PC sont retirés de l'empreinte et le modèle pri-maire est coulé en plâtre de type II ADA.

Communication clinicien-prothésiste• Moulage de l'empreinte primaire et réalisa-tion d'un PEI en résine : indiquer, en fonctionde l'amplitude de déplacement de la muscula-ture périphérique, les limites à donner au PEIainsi que les espacements.

LaboratoireElaboration du PEI :• en résine,• avec des bourrelets de préhension,• espacé des dents, adapté sur les crêtes éden-tées (fibromuqueuse adhérente), espacementsen regard des éventuelles crêtes flottantes,• aux limites demandées.L'empreinte secondaireCliniqueLe praticien règle l'extension des bords, enre-gistre le jeu de la musculature périphérique enregard des secteurs édentés et réalise un endi-guement postérieur avec une pâtethermoplastique (pâte de Kerr verte) afin d'éviterla fuite postérieure du matériau d'empreinte.Pour éviter tout déplacement des éléments dePC pendant la prise d'empreinte, ils sont stabili-sés, soit avec un mélange vaseline - cimentprovisoire (Temp-Bond®, Temporary Pack®) soitavec un silicone de contrôle de pression (FitChecker®, Pressure Spot Indicator®).L'empreinte est prise en double viscosité. Unpolysulfure de moyenne viscosité (Permlastic®)est disposé sur les bords, au niveau des crêtesédentées et dans la cuvette du PEI. Un polysul-

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8a 8b

Fig. 8a Empreinte primaire àl'alginate de classe Aavec tracé de la ligne deréflexion muqueuse aucrayon à l'alinine.b Modèle primaire surlequel est réalisé le PEI :le trait de crayon estdécalqué et retracé.

fure de basse viscosité est injecté sur les dents,puis disposé sur le reste de l'intrados.L'empreinte est vérifiée, les prothèses fixéessont nettoyées puis replacées dans l'empreinte.Leur stabilité dans l'empreinte est contrôlée.L'empreinte est rincée, séchée, examinée etdécontaminée, puis transmise au laboratoire pourla réalisation d'une maquette d'occlusion.

Communication clinicien-prothésiste• Coffrage, moulage de l'empreinte et réalisa-tion d'une maquette d'occlusion en résine. Lemode de traitement de l'intrados des PC estprécisé.

LaboratoireAu laboratoire, cette empreinte peut être traitéede quatre façons différentes (fig. 9a à 9e).• Méthode avec repositionnement des ModèlesPositifs Unitaires (MPU)Le prothésiste récupère les MPU des modèles deprothèse fixée, et les réduit sur toute la périphé-rie tout en conservant l'intégralité de lapréparation. Les MPU sont repositionnés dans

les intrados des couronnes et leur stabilité dansl'empreinte est contrôlée.• Méthode avec dépôt de cire sur l'intrados desprothèses fixées.Une fine couche de cire est déposée dans l'intra-dos des éléments fixés, à l'aide d'une spatule. Lapartie cervicale des éléments de PC n'est pascirée afin que les couronnes reposent directe-ment sur le plâtre. Cela permet d'avoir une bonnestabilité de ces éléments et un repositionnementprécis sur le modèle. • Méthode faisant appel à des MPU en résineDe nouveaux MPU en résine sont réalisés. Larésine calcinable (Palavit G®, Duralay®) est couléedans l'intrados des éléments de prothèse fixée.

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9a 9b

9d 9e

9c

Fig. 9a L' empreinte secondaire est prise avec unpolysulfure (Permlastic®). Première méthode :les MPU sont repositionnés dans les intradosdes couronnes.b Deuxième méthode : dépôt de cire dans l'in-trados des éléments de PC. La partie cervicaleest préservée afin que la périphérie des cou-ronnes soit en contact avec le plâtre.c Troisième méthode : coulée de résine calci-nable (Palavit G®) dans les intrados des PC. Denouveaux MPU en résine sont obtenus.d Quatrième méthode : coulée d'un siliconede laboratoire (Flexistone®) dans les intradosdes couronnes : tout risque de fracture lors dudémoulage de l'empreinte est ainsi évité.e Après avoir traité les intrados de PC auFlexistone, le modèle de travail permet la réa-lisation de la PAP (châssis, selles en résine etmontage des dents).

Afin de s'assurer de la tenue des faux moignonsen résine dans le plâtre, des rétentions sont frai-sées dans la "fausse racine" qui sera immergéedans le plâtre de moulage.• Méthode utilisant un silicone de laboratoire(Flexistone®) (3)Un silicone de haute viscosité de laboratoire estcoulé dans l'intrados des éléments fixés, il estmodelé à la façon d'un MPU puis les excès sontfraisés. Comme dans la méthode du cirage, lescouronnes sont en contact direct avec le plâtre,ce qui permet un repositionnement exact sur lemodèle et une bonne stabilité. Cette façon deprocéder évite tout déplacement possible desMPU lors du moulage et tout risque de fracturelors du démoulage de l'empreinte.Quelle que soit la méthode utilisée, l'empreinteainsi préparée est ensuite coffrée puis moulée enplâtre de type IV ADA et l'on obtient un modèlede travail muni des éléments de PC qui permet-tra la réalisation du châssis de la PAP.Sur le modèle de travail, le prothésiste confec-tionne une maquette d'occlusion dont la plaquebase en résine, munie de bourrelets en stent's etde crochets, est stabilisée sur ce modèle.Le RIM est enregistré et le modèle de travail estmis en articulateur. L'espace disponible pour lestaquets, la barre cingulo-coronaire, les bras de cro-chets, les contreplaques, peut ainsi être visualisé.Notons que dans certains édentements de gran-de étendue, il n'est pas utile de réaliser la miseen articulateur des modèles destinés à la réalisa-tion du châssis métallique dans la mesure où il nepeut pas y avoir d'interférence entre les dents etles éléments du châssis (cas par exemple desédentements bilatéraux postérieurs en extensionmandibulaires de très grande étendue).Elaboration du châssis métallique

Communication clinicien-prothésiste• Réalisation du châssis métallique selon letracé prospectif :• indiquer la nature de l'alliage (Cobalt-Chrome,Or palladié, Titane),• noter la situation et l'importance des espace-ments, • mettre l'accent sur les particularités éven-tuelles (présence d'un torus).

LaboratoireLe modèle secondaire est préparé par une misede dépouille et la mise en place des espace-ments (protège-raphé, potences, barre linguale).Les espacements nécessaires sont de 0,3mmpour les potences et le protège-raphé, 0,5mmpour la barre linguale (chiffre à moduler en fonc-tion du profil de la table interne). Une empreintede ce modèle ainsi préparé, et sur lequel sont dis-posés les éléments de PC, est prise à l'aide d'unegélatine ou d'un silicone de duplication. Un modè-le en matériau réfractaire est coulé. La maquettedu châssis est réalisée par la mise en place depréformes, puis le châssis est coulé. L'ajustagefinal du châssis a lieu sur le modèle secondairequi intègre les éléments de prothèse fixée.L'adaptation du châssis sur les couronnes en seraaméliorée.

CliniqueLes couronnes sont mises en place et le châssisest essayé en bouche, contrôlé, puis validé.• Montage des dents et réalisation des selles enrésineAu laboratoire, le châssis est muni de selles enrésine pour la prise du RIM.

Communication clinicien-prothésiste•Réalisation sur le châssis de selles en résinesurmontées de bourrelets de Stent's.Stabilisation des selles sur le modèle de travailà l'aide d'une pâte oxyde de zinc-eugénol.Le rapport intermaxillaire est enregistré et lemodèle de travail est mis en articulateur.

COMMUNICATION CLINICIEN-PROTHÉSISTELe montage des dents est demandé au prothé-siste. Le choix des dents (teinte, forme,dimension, matériau) et le schéma occluso-pro-thétique sont ceux du montage directeur. Aprèsvalidation clinique du montage des dents sur cire(esthétique, occlusion), la polymérisation de larésine des selles prothétiques est effectuée.Après essayage simultané des éléments de PC etde la PAP à châssis métallique, le praticien entre-prend de sceller les prothèses fixées, en seguidant avec la PAP.

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Au préalable, il aura pris la précaution de vaselinerl'intrados de la PAP en rapport avec les élémentsfixés ainsi que les glissières et les attachementsafin, d'une part, d'éliminer sans difficulté lesexcès de ciment de scellement et, d'autre part,de désinsérer sans traction excessive la PAP deséléments de prothèse fixée. L'équilibration esteffectuée et les conseils d'usage sont prodigués(18).

CONCLUSIONLa qualité des relations entre le cabinet dentaireet les laboratoires de prothèse est déterminantedans le succès des traitements par prothèsecomposite. Le langage employé doit être préciset compréhensible pour les deux parties. Unefiche de laboratoire bien pensée, claire, adaptée àchaque type de prothèse, ainsi que des docu-ments complémentaires (modèles, maquettes...)

d'une grande précision sont indispensables. Ilspermettent de faire gagner du temps au prothé-siste et au praticien, et d'éviter des appelstéléphoniques qui peuvent être source d'ambiguï-té.Le rapprochement entre les facultés de chirurgiedentaire et les lycées d'enseignement profession-nel de prothésiste dentaire est particulièrementintéressant et mérite d'être poursuivi et approfon-di afin que de véritables relations praticien-prothésiste se créent lors des cursus. Elles peu-vent être source d'une certaine émulation,favorable à une dynamique de groupe.La nécessité d'unir les professions de chirurgien-dentiste et prothésiste s'est tellement fait ressentirque des partenariats, par le biais de conventionsentre des facultés de chirurgie dentaire et deslycées d'enseignement professionnel de prothési-te, sont effectifs depuis quelques années (15).

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27Stratégie prothétique février 2002 • vol 2, n° 1

Clinique Laboratoire

GLOSSAIREA m é l o p l a s t i e : rectification de la morphologie dentaire limitée àl'émail destinée, soit à l'optimisation de la morphologie des dents sup-ports de prothèse amovible partielle, soit à l'équilibration occlusale.Bourrelet d'occlusion : bourrelet de stent's ou de cire dur solidaired'une base rigide (résine, châssis...) destinée à être placé sur des zonesédentées pour enregistrer les rapports inter- m a x i l l a i r e s .F r a i s a g e : technique utilisée au laboratoire de prothèse, faisant appel àune fraiseuse, et destinée à façonner très précisément les surfacesaxiales de dents supports, de piliers implantaires ou d'attachements dep r é c i s i o n .Ligne guide : ligne de plus grand contour d'une couronne dentaire,tracée sur le paralléliseur selon l'axe d'insertion de la prothèse.Maquette d'occlusion : plaque base rigide portant des bourrelets decire dure ou de stents, comblant les zones édentées et destinée à enre-gistrer les rapports inter-maxillaires sur le trajet de fermeture. Montage des dents : en prothèse amovible, action de disposer desdents artificielles sur les maquettes prothétiques.Moyens d'ancrage : tout dispositif permettant de contribuer à larétention d'une prothèse fixe ou amovible : tenons, clavettes, couronnetélescopée, crochets, attachements....Plan guide : référence guidant la réduction des faces axiales desdents naturelles ou des prothèses fixées, selon l'axe d'insertion desprothèses amovibles à réaliser. Cette réduction, contrôlée en bouche ouréalisée au laboratoire par fraisage, contribue à établir des plans de gui-dage pour l'insertion et la stabilisation de la prothèse amovible partielle.Rapports inter-maxillaires : relation spatiale entre les maxillaires.S y n o n y m e : relation inter- m a x i l l a i r e

CE QU’IL FAUT RETENIR

• La prothèse composite, qui asso-cie la prothèse fixée à la prothèseamovible, nécessite que la relationcabinet-laboratoire soit normali-sée.

• La première étape commence obli-gatoirement par la réalisation dela prothèse fixée. L'élaboration dela prothèse amovible est secon-daire.

• Les éléments de prothèse fixée,qui sont conçus en fonction deleur rôle dans la rétention et lasustentation de la prothèse amo-vible partielle, peuvent être scellésou non en bouche (selon les condi-tions prothétiques) avant laréalisation de la prothèse amo-vible.

• Une fiche de liaison, élaborée encommun par les professionnels, surpapier ou informatisée, est lemoyen indispensable d'une bonnecommunication entre le cabinet etle(s) laboratoire(s).

Adresse des auteurs :I. FOUILLOUX, chirurgien-dentiste, 149 bis rue Paul Vaillant-Couturier 94140 AlfortvilleS. HURTADO, prothésiste dentaire, 41 rue de la Sablière 75014 ParisM. BEGIN, chirurgien-dentiste, 71 rue de Rennes 75006 Paris