quelle place pour les c3g ? laquelle (ou lesquelles)...
TRANSCRIPT
Quelle place pour les céphalosporines de 3ème génération ?
Laquelle (ou lesquelles) choisir ?
Catherine Chirouze
CHRU Besançon – UFR SMP
ATB "irremplaçables" car proposés dans toutes les recommandations ou presque : Pneumonies communautaires Pneumonies nosocomiales Infections urinaires hautes Méningites bactériennes Maladie de Lyme …
Entérobactérie
sensible EB C3G-R EPC
FQ, C3G
Carbapénèmes
D’après Céline Slékovec – RFCLIN-PRIMAIR
ATB dont l'usage "intensif" est à l'origine de l'émergence de résistances aux céphalosporines de 3ème génération
Un succès qui se confirme au cours des années, au niveau national
Source : Réseau de surveillance ATB Raisin, données 2011
Evolution de la consommation des C3G injectables en nombre de DDJ/1000 JH entre 2008 et 2012 (n=614)
Augmentation principalement due à une progression importante de la ceftriaxone, + 48% en 5 ans. Sur la même période, le céfotaxime évolue peu.
2008 2009 2010 2011 2012
Ceftriaxone J01DD04
Ceftazidime J01DD02
Céfotaxime J01DD01
+48,2%
+2,0% +3,4%
22
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Nb
DD
J /
10
00
JH
Source : données OSCAR 2014 – Céline Slékovec
40
35
30
25
20
15
10
5
0
DD
J/1
00
0 J
H
Et aussi au niveau régional
Gro
up
e d
'ES
CHUs
Etablissements psychiatriques
CH périphériques
Etablissements privés
Hôpitaux locaux
SSR / CRF
Avec quelques différences selon le type d’établissement de santé
Source : données OSCAR 2014 – Céline Slékovec
Spectre d'activité : large !
Résistances naturelles
Listeria sp Entérocoques Anaérobies Intracellulaires
C3G orales C3G injectables
Résistances acquises EB C3G-R
Céphalosporines orales
DCI Nom commercial
Voie d'administration
Céfixime Oroken PO
Cefpodoxime proxétil Orelox PO
Céfixime Cefpodoxime
T½ vie (h) 3,3 2,4
Liaisons protéines (%) 70% 40%
Elimination 20% urinaire inchangée 25% biliaire
80% urinaire inchangée
Grossesse oui oui
Adaptation fn rénale < 20 mL/min < 40 mL/min
Adaptation fn hépatique non non
Céphalosporines injectables
Spectres : o Entérobactéries (groupes 1 & 2 / groupe 3) o Pseudomonas aeruginosa o Streptococcus pneumoniae (y compris PSDP)
C3G SANS activité sur P. aeruginosa : céfotaxime, ceftriaxone
C3G AVEC activité anti-P. aeruginosa : ceftazidime
C3G à "très large spectre" / C4G : céfépime
C3GF SANS activité sur P. aeruginosa Céfotaxime, Ceftriaxone
Céfotaxime Ceftriaxone
T½ vie (h) 1 8
Liaisons protéines (%) faible faible
Elimination urinaire inchangée > biliaire biliaire > urinaire inchangée
Grossesse/allaitement OUI OUI
Adaptation fn rénale < 5 mL/min = /2 < 5 mL/min = 1 inj°/48h
Adaptation fn hépatique Non Non
DCI Nom commercial
Voie d'administration
Céfotaxime Claforan IV
Ceftriaxone Rocéphine IV, SC, IM
C3GF AVEC activité anti-P. aeruginosa Ceftazidime
Ceftazidime
T½ vie (h) 1-2
Liaisons protéines (%) faible
Elimination 85% urinaire inchangée
Grossesse/allaitement oui
Adaptation fn rénale < 50 mL/min
Adaptation fn hépatique non
Indications – ATB « réservé » • Infections graves dues à bactéries sensibles, notamment Pseudomonas aeruginosa y
compris méningites • Neutropénie fébrile
C3GF à "très large spectre" Céfépime Céfépime
T½ vie (h) 2
Liaisons protéines (%)
Elimination 85% urinaire inchangée
Grossesse/allaitement oui
Adaptation fn rénale < 50 mL/min
Adaptation fn hépatique non
Indications Infections graves, notamment nosocomiales, à entérobactéries du groupe 3, en particulier : bactériémies pneumonies pyélonéphrites épisodes fébriles chez les patients neutropéniques infections biliaires
Relative stabilité vis-à-vis des céphalosporinases AmpC
Place pour les entérobactéries du groupe 3 ayant déréprimées leur céphalosporinase chromosomique
Céphalosporinase déréprimée et sensibilité au céfépime Service d’hématologie – 2010-2015, CHRU Besançon
0
20
40
60
80
100
2010 2011 2012 2013 2014 2015
C3GF à "très large spectre" Céfépime
Source : Anaïs Potron CHRU Besançon
0
2
4
6
8
10
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18
20
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26
2010 2011 2012 2013 2014 2015
BLSE
CHN
Pourcentage d’entérobactérie CHN et BLSE
Pourcentage de souches de EB sensibles au céfépime
Quelle place ?
ANTIBIOTHERAPIE DOCUMENTEE
REFERENTIELS (limitations)
ANTIBIOTHERAPIE PROBABILISTE
REFERENTIELS ???
Expérience clinique o cadre nosologique o évaluation de la gravité
Pression sociétale …
Céphalosporines orales
Antibiothérapie documentée : en alternative !
INFECTIONS URINAIRES
CYSTITE AIGÜE A RISQUE DE COMPLICATION Le traitement recommandé, par ordre de préférence, selon l'antibiogramme, est : Amoxicilline, 7 jours (IV-C) Pivmécillinam, 7 jours (IV-C) Nitrofurantoïne, 7 jours (IV-C) puis par ordre alphabétique : amoxicilline-acide clavulanique ou céfixime ou fluoroquinolone (ciprofloxacine ou
ofloxacine) ou TMP-SMX pendant 7 jours, sauf pour les fluoroquinolones et le TMP-SMX (5 jours) (IV-C) Fosfomycine-trométamol sur avis d'expert (IV-C)
Si entérobactérie non BLSE Fosfomycine-trométamol PO 3 g J1 (éventuellement deuxième dose à J3 si symptômes persistants ou Pivmécillinam PO 400 mg x 2/j Durée : 7 jours ou Cotrimoxazole PO 1cp Forte x 2/j Durée : 5 jours ou Nitrofurantoïne PO 100 mg x 3/j Durée : 7 jours (maximum 4 cures/an espacées de 3 mois)
Recommandations SPILF 2014 Recommandations PRIMAIR 2016
Céphalosporines orales
Antibiothérapie documentée : en alternative !
INFECTIONS URINAIRES Recommandations SPILF 2014 Recommandations PRIMAIR 2016
PYELONEPHRITE AIGÜE SIMPLE / A RISQUE DE COMPLICATION* AVEC ou SANS SIGNE DE GRAVITE *hors infections urinaires masculines
Si BGN non BLSE : cotrimoxazole fluoroquinolones
Si entérocoques amoxicilline
Le relais doit être adapté aux résultats de l'antibiogramme. En l'absence de BLSE, les antibiotiques proposés sont (par ordre alphabétique) : amoxicilline (à privilégier sur couche sensible) amoxicilline + acide clavulanique, céfixime. fluoroquinolone (ciprofloxacine, lévofloxacine ou ofloxacine) TMP-SMX
Céphalosporines orales
Antibiothérapie probabiliste : en alternative aussi !
INFECTIONS URINAIRES
Traitement de 1ère intention : nitrofurantoïne Traitement de 2ème intention si contre indication à la nitrofurantoïne céfixime ou fluoroquinolone
Adaptation à l'antibiogramme systématique
Traitement ne pouvant être différé CYSTITE AIGÜE A RISQUE DE COMPLICATION
Céphalosporines orales
Antibiothérapie probabiliste : en alternative encore !
INFECTIONS RESPIRATOIRES HAUTES Recommandations SPILF-GPIP-SFP 2011
La prescription d'antibiothérapie doit être proscrite dans les situations suivantes :
Rhinopharyngite
Angine à TDR- ou en l'absence d'utilisation de TDR
Otite congestive de l’enfant
Otite séro-muqueuse de l’enfant
Céphalosporines orales
Antibiothérapie probabiliste : en alternative encore !
INFECTIONS RESPIRATOIRES HAUTES
L’amoxicilline est la molécule recommandée en première intention dans l’immense majorité des situations où les antibiotiques sont justifiés
Chez les enfants
OMAP SINUSITE MAXILLAIRE ANGINE A SGA
Recommandations SPILF-GPIP-SFP 2011
Céphalosporines orales
Antibiothérapie documentée : en alternative encore !
INFECTIONS RESPIRATOIRES HAUTES
L’amoxicilline est la molécule recommandée en première intention dans l’immense majorité des situations où les antibiotiques sont justifiés
Chez les adultes
OMAP SINUSITE MAXILLAIRE ANGINE A SGA
Recommandations SPILF-GPIP-SFP 2011
Céphalosporines orales
Antibiothérapie documentée : en alternative encore !
INFECTIONS RESPIRATOIRES HAUTES
En alternative en cas d’allergie aux pénicillines, sans allergie aux céphalosporines
Enfant Adulte C3G orale D’autres alternative
que les C3G orales ? C3G orale D’autres alternative que
les C3G orales ?
OMAP Cefpodoxime
Pristinamycine Erythromycine-sulfafurazole
Cefpodoxime C2G orales (céfuroxime) Pristinamycine Cotrimoxazole (Lévofloxacine)
Sinusite maxillaire Cefpodoxime Cotrimoxazole Cefpodoxime C2G orales (céfuroxime) Pristinamycine (Lévofloxacine)
Angine à SGA Cefpodoxime Azithromycine Cefpodoxime C2G orales (céfuroxime) Azithromycine
Recommandations SPILF-GPIP-SFP 2011
Céphalosporines injectables
Antibiothérapie documentée
Amox / amox acide clavulanique R Fluoroquinolone R Cotrimoxazole R
SPILF Mise au point 2014
Pas d’ECBU !
Pas de voie per os
….
PYELONEPHRITE AIGÜE : en l’absence d’alternative !
Céphalosporines injectables
Antibiothérapie documentée
Neuroborréliose Endocardites infectieuses à streptocoques / entérocoques Bactériémie à bactéries sensibles aux C3G sans relais per os possible Infections neuroméningées à SP et NP, CMIamox ≥ 0,1 mg/L ; à E. coli, H. influenzae… Leptospirose IST …
Autres situations
Céphalosporines injectables
Antibiothérapie probabiliste : beaucoup d’indications en 1ère intention dans les infections communautaires graves et/ou sur terrain débilité Infections neuroméningées Syndrome méningé fébrile Purpura fulminans (120 patients en 2013 en France !)
Infections respiratoires basses PAC non graves hospitalisées du sujet âgé (amox-ac clav ou C3Giv) PAC graves en l’absence de FR P. aeruginosa
Infections urinaires PNA non grave - simple si exposition FQ dans les 6 mois précédents - à risque de complications PNA grave + amikacine
Infections intra-abdominales Chez les patients non à haut risque : abcès/plastron appendiculaire péritonite communautaire (y compris la femme enceinte) sigmoïdite pathologie biliaire
Conf de consensus 2008
PRIMAIR 2014
AFSSAPS 2010
SPILF Mise au point 2014
Céphalosporines injectables
Antibiothérapie probabiliste : beaucoup d’indications en 1ère intention dans les infections communautaires graves et/ou sur terrain débilité Infections neuroméningées Syndrome méningé fébrile Purpura fulminans (120 patients en 2013 !)
Infections respiratoires basses PAC non graves hospitalisées du sujet âgé (amox-ac clav ou C3Giv) PAC graves en l’absence de FR P. aeruginosa
Infections urinaires PNA non grave - simple si exposition FQ dans les 6 mois précédents - à risque de complications PNA grave + amikacine
Infections intra-abdominales Chez les patients non à haut risque : abcès/plastron appendiculaire péritonite communautaire (y compris la femme enceinte) sigmoïdite pathologie biliaire
Conf de consensus 2008
PRIMAIR 2014
AFSSAPS 2010
SPILF Mise au point 2014
Probabiliste ? Ré-évaluation à H72 : - désescalade possible ? - durée prévisible de traitement ?
Céphalosporines injectables
Adaptation secondaire
Infections neuroméningées Méningite à SP CMI< 0,1mg/L: préférer amoxicilline – 10 jours Méningite à NM : amoxicilline ou C3G – 4 jours
Conf de consensus 2008
Cohorte COMBAT, X. Duval
n=500 adultes
Pneumocoque
Méningocoque
Haemophilus influenzae
Streptocoques non pneumocoque
Listeria monocytogenes
Escherichia coli
Staphylocoques
Autres microorganismes
ß-lactamins MIC of S. pneumoniae isolates
19.5% with reduced susceptibility to penicillin (MIC Penicillin : 0.064 – 2 mg/L) and 2.4% penicillin-resistant (MIC Penicillin > 2 mg/L)
MIC of cefotaxime and ceftriaxone ≤ 0.5 mg/L for respectively 98.7% and 98.6% of isolates
No strains had a MIC > 1 mg/L for cefotaxime and ceftriaxone
Céphalosporines injectables
Adaptation secondaire
Infections respiratoires basses Pas de documentation en règle générale Durée : PAC adulte : 7 jours voire 5 jours PAC enfant : 7 jours voire 5 jours exacerbations de BPCO : 5 jours PAVM immunocompétent : 7 jours
JNI 2016
Quelle place ?
Plaies et autres écoulements
Infections peau et tissus mous
Colonisation urinaire SAD
Bactériurie asymptomatique
LES CEPHALOSPORINES –ET TOUS LES ANTIBIOTIQUES- N’ONT PAS DE PLACE DANS LE TRAITEMENT /COLONISATION
Nombreuses indications dans la pathologie communautaire,
probabiliste >> documentée ; C3Giv >> C3G per os
Nombreuses indications dans la pathologie communautaire Il faut préserver l’efficacité des C3G pourquoi ? comment ?
Quelle place ?
Qui pouvait prévoir cette évolution de la résistance ?
Pourquoi faut-il préserver l’efficacité des C3G ?
Source: European Antimicrobial Resistance Surveillance Network (EARS-Net).
- Disparités importantes entre pays européens - Nette augmentation en France entre 2002 et 2012
2002 2014
<1%
Une augmentation de l’incidence des infections à Escherichia coli résistant aux C3G
No report <1% 1-5% 5-10% 10-25% 25-50% >50% Other countries (nonEU/EEA)
Percentage Resistance
Liechtenstein Luxembourg Malta
Liechtenstein Luxembourg Malta
BSLE Case
Pourquoi faut-il préserver l’efficacité des C3G ?
Percentage Resistance <1% <1 to 5% 5 t <10% 10 to <25% 25 o<50% ≥ 50%
No data reported or less than 10 isolates No t included
10%
Escherichia coli
Gro
up
e d
'ES
14,2 8,6
17,6 11,1
12,3 7,2
14,4
14,2
9,8
8,6
9,4 17,4
6
5
4
2
1
0 5 10 15 20 % de résistance
Global
ciprofloxacine céfotaxine
9,9
7,6
7,1 7,1
9,6
8,8
14
12
10
8
6
4
2
0 2010 2011 2012 2013 2014
12,6
10,9
6,7
% d
e r
ésis
tan
ce c
efo
taxi
me
9,9 10,9
11,1
6,3 6,7
Groupe 4 Groupe 5 Groupe 6
Pourquoi faut-il préserver l’efficacité des C3G ?
Source : données OSCAR 2014 – Céline Slékovec
Gr 4 : établissements privés Gr 5 : CH périphériques GR6 : CHUs
Nez
Bouche
Estomac Intestins
Peau
Poumon
Vagin
Le microbiote ou l’autre Moi
Microbiote intestinal
= Ensemble des agents infectieux qui colonisent les surfaces épithéliales et muqueuses ouvertes
1011 à 1012 bactéries par gramme de selles
sous l'influence de la diversification
alimentaire, de la génétique, du niveau
d'hygiène, des traitements médicaux reçus
et de l'environnement, la composition du
microbiote intestinal va évoluer
qualitativement et quantitativement
pendant les premières années de vie ;
elle est stable ensuite (qualité et quantité)
un rôle dans les fonctions digestive,
métabolique, immunitaire et neurologique
Nez
Bouche
Estomac Intestins
Peau
Poumon
Vagin
Le microbiote ou l’autre Moi
Microbiote intestinal
= Ensemble des agents infectieux qui colonisent les surfaces épithéliales et muqueuses ouvertes
1011 à 1012 bactéries par gramme
de selles
un rôle dans les fonctions digestive,
métabolique, immunitaire et
neurologique
D’après F. Ader
102 à 104 bactéries/g
Streptococcus, Veillonella, Prevotella
104 bactéries/g
103 à 104 bactéries/g
106 à 107 bactéries/g
107 à 108 bactéries/g
1010 à 1012 bactéries/g
Œsophage
Estomac
Duodénum
Jéjunum
Iléon
Colon
H. pylori, E. coli, Streptococcus, Veillonella, Prevotella, Rothia
Streptococcus, Clostridium, Prevotella, Bacteroides
Streptococcus, Clostridium, Prevotella, Bacteroides
Bacteroides, Ruminococcus, Clostridium, Eubacterium, Bifidobactérium,
Lactobacillus, Entérobactéries
Bacteroides, Ruminococcus, Clostridium, Eubacterium, Faecalibacterium, Bifidobactérium,
Lactobacillus, Entérobactéries
Microbiote intestinal : microbiote commensal : en majorité de
bactéries anaérobies strictes (peu
pathogènes) 102 à 103 fois plus
nombreuses que les aérobies
(entérobactéries pathogènes) et
anaérobies facultatives - effet barrière
(résistance à la colonisation)
microbiote en transit : bactéries
exogènes qui ne colonisent pas
durablement l’intestin en raison de l’effet
barrière exercé par les bactéries
anaérobies
Gradient Le microbiote ou l’autre Moi
Résistome intestinal : • Le résistome résident ou endogène
composé par les gènes de résistance
des bactéries du microbiote résident
• Le résistome variable ou exogène
compose par des gènes de résistance
apportés par des bactéries en transit
dans le microbiote
D’après E. Ruppé, A. Andremont 2013
Représentation schématique du résistome intestinal : résistome résident composé des gènes de résistance portés par le microbiote résident, et résistome variable composé des gènes de résistance apportés par des bactéries exogènes
Le microbiote ou l’autre Moi
D’après E. Ruppé, A. Andremont 2013
APPROCHE GLOBALE DE TYPE "ONE HEALTH"
Les déterminants de l’acquisition d’entérobactéries résistantes
Représentation schématique de la place centrale qu'occupe le microbiote intestinal dans la diffusion des entérobactéries multirésistantes : pré-colonisation (vert), colonisation (bleu) et post-colonisation (orange)
Les EB-R et notamment les BLSE peuvent être acquises (péril fécal, transmission croisée en hospitalisation, nourriture , … Mais elles ne s’implantent pas : pH acide, effet barrière de la flore résidente.
Représentation schématique de la place centrale qu'occupe le microbiote intestinal dans la diffusion des entérobactéries multirésistantes
D’après E. Ruppé, A. Andremont 2013
Les effets des antibiotiques sur le microbiote intestinal
• Lever l’effet barrière /
implantation et/ou
prolifération de
bactéries résistantes
• Concentrations
fécales des
antibiotiques
(métabolites actifs)
• Spectre d’activité de
l’antibiotique
Effet antibiotique-
dépendant
Représentation schématique de la place centrale qu'occupe le microbiote intestinal dans la diffusion des entérobactéries multirésistantes
D’après E. Ruppé, A. Andremont 2013
Les effets des antibiotiques sur le microbiote intestinal
Le microbiote, au cœur du phénomène de la résistance : - Parce qu’il peut héberger des bactéries résistantes (exogènes ou endogènes) - Parce qu’il est la victime collatérale de la prise des antibiotiques qui sélectionnent ces
bactéries
1/ conséquence : la perte de l’effet la diversité
En utilisant le séquençage haut-débit (une des façons d’étudier le microbiote)
Suivi pendant 1 an de 3 sujets sains qui ont reçu pendant l’année de suivi, 2
traitements par ciprofloxacine (entérobactéries >>> anaérobies) pendant 5 jours
Étude du microbiote avant, pendant et après la prise de ciprofloxacine
Résultats
A chaque prise de CP, le nombre d’espèces diminuaient significativement en 3 à 4
jours puis revenait à la normale en quantité
Mais la diversité initiale n’était pas tout à fait retrouvée
Effet de l'exposition aux antibiotiques à activité anti-anaérobie mais non actifs contre les entérobactéries (clindamycine, métronidazole) et des antibiotiques non actifs contre les anaérobies mais actifs contre les entérobactéries (lévofloxacine, cotrimoxazole) sur les densités intestinales des bactéries anaérobies et les entérobactéries
Den
sité
de
colo
nis
atio
n (
CFU
/g s
elle
)
1010
105
100 ATB à
activité anti-
anaérobie
ATB à
activité anti-
entérobactérie
Sans ATB Sans ATB ATB à
activité anti-
anaérobie
ATB à
activité anti-
entérobactérie
Non porteur d'entérobactéries résistantes
Porteur d'entérobactéries résistantes
2/ conséquence : la perte de l’effet barrière
D’a
prè
s E.
Ru
pp
é, A
. An
dre
mo
nt
20
13
Bactéries anaérobies
Entérobactéries sensibles
Entérobactéries résistantes
Comment préserver l’efficacité des C3G ?
2 axes :
Choisir parmi les C3G, celle(s) avec un moindre impact sur le microbiote
Trouver des alternatives aux C3G
Données PK :
o forte élimination biliaire sous forme active de la ceftriaxone 45% vs. 2% pour céfotaxime
o T1/2 plus longue pour ceftriaxone
Impact sur la flore digestive plus marqué et plus prolongé avec ceftriaxone que céfotaxime
o Guggenbichler 1985, Guggenbichler 1984
Enfants, 2 à 18 mois, l’administration de ceftriaxone entrainait à 24h, une éradication de la flore fécale aérobie à Gram négatif, une forte augmentation de la concentration (109
par gramme de selles) en Candida albicans et entérocoques et, à J7, une flore essentiellement constituée de bactéries résistantes. A l’inverse, dans les cinq jours qui suivent l’administration de cefotaxime, la concentration en bactéries à Gram négatif diminue à 5x107
par gramme de selles, avec une augmentation de seulement 1 log sur C. albicans et entérocoques
o Michéa-Hamzehpour 1988, Bräutigam 1988, Pechère 1988
Essais randomisés conduits en chirurgie – comparaison effet sur la flore digestive post opératoire de l’administration IV
préopératoire d’une dose unique de 2 g de ceftriaxone ou de céfotaxime. Les patientes sous ceftriaxone avaient une
diminution plus importante de la flore aérobie à Gram négatif, et plus de bactéries résistantes aux C3G que les patientes
sous céfotaxime. L’effet de la ceftriaxone persistait sur la flore digestive à J5 ou J7 et était plus intense, portant
particulièrement sur les entérobactéries et les Pseudomonas spp avec une augmentation du compte des levures
1- Lien entre consommation de C3G et E-C3G-R : arguments PK & microbiologiques
Multilevel negative binomial regression models of the relationship between antibiotic use and incidence rates of non-duplicate clinical isolates of third-generation cephalosporin and ciprofloxacin-resistant E. coli and cefotaxime-resistant E.cloacae from inpatients in French healthcare facilities, 2007-09
3GC-R E. coli (20 regions, 656 HCFs and 1339 HCF-years)
CIP-R E. coli (20 regions, 645 HCFs and 1313 HCF-years)
CTX-R E. cloacae (20 regions, 375 HCFs and 730 HCF-years)
Parameter PE aIRR p PE aIRR p PE aIRR p
Fixed part
Intercept (SE) -1.848 (0.224) - <0.001 -1.266 (0.202) - <0.001 -1.532 (0.224) - <0.001
Time (years) 1.269 <0.001 1.043 0.03 1.024 0.32
Antibiotic use (DDD per 1000 patient-days)
aminoglycosides 1.005 0.21 1.004 0.21 1.003 0.57
carbapenems 1.009 0.21 0.999 0.90 1.011 0.11
cefotaxime 1.000 0.98 1.000 0.94 1.012 0.04
ceftriaxone 1.007 0.01 1.007 0.009 1.007 0.04
glycopeptides 1.003 0.52 1.001 0.81 0.998 0.78
MLS 1.004 0.11 1.001 0.66 1.002 0.49
amoxicilin 1.001 0.30 1.001 0.20 1.002 0.03
amoxicilin/clavulanate 1.001 0.10 1.002 0.001 1.001 0.36
piperacilin/tazobactam 0.997 0.71 1.005 0.48 1.009 0.24
ciprofloxacin 1.002 0.33 1.006 0.001 1.004 0.06
levofloxacin 1.003 0.24 1.000 0.95 0.999 0.55
ofloxacin 1.004 0.004 1.005 <0.001 1.004 0.049
imidazoles 1.005 0.046 1.001 0.79 1.003 0.26
2- Lien entre consommation de C3G et E-C3G-R : arguments épidémiologiques
HEGP, Paris Etude monocentrique d’intervention à l’échelle collective, sans groupe comparateur Comparaison avant (2001-2005) / après arrêt utilisation de la ceftriaxone (2006-2012) Portage d’Entérobactéries hyperproductrices de céphalosporinases (E-Case)
0
20
40
60
80
100
0
200
400
600
800
1000
20
00
20
01
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02
20
03
20
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05
20
06
20
07
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08
20
09
20
10
20
11
20
12
Co
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All antibiotics 3CGs CRO CTX
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D)
Pre-intervention period
Post-intervention period
(a)
(b)
(a) Antibiotic consumption. CTX, cefotaxime; CRO, ceftriaxone. (b) HL-CASE incidence. Squares, Enterobacteriaceae harbouring inducible chromosomally encoded AmpC; circles, E. cloacae; diamonds, E. coli; triangles, Enterobacteriaceae without chromosomal AmpC (Klebsiella pneumoniae, Proteus mirabilis etc.). The vertical broken line corresponds to the date of replacement of ceftriaxone by cefotaxime.
3- Lien entre consommation de C3G et E-C3G-R : étude CEF-IMPACT
OBJECTIF PRINCIPAL
Comparer la fréquence d’occurrence du portage digestif d’entérobactéries résistantes aux céphalosporines de 3ème génération (EB C3G-R), acquis sous traitement antibiotique par C3G IV pendant l’hospitalisation, entre les patients traités par ceftriaxone et les patients traités par céfotaxime.
OBJECTIF SECONDAIRE
Evaluer l’effet d’une utilisation systématique de céfotaxime sur le taux d’incidence des infections à EB C3G-R dans les services participants.
OBJECTIFS
Randomisation de l’ordre dans lequel les services basculent dans la phase intervention, 8 semaines avant le démarrage de l’étude à l’aide d’un générateur de nombres aléatoires.
Essai clinique prospectif monocentrique d’intervention : "Stepped-wedge design" (niveau individuel, niveau collectif)
Pendant essai - Données concernant les patients :
portage - Données concernant les services :
nb de prélèvements à visée diagnostique + C3G-R
Temps en mois
Service 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
S8
S7
S6
S5
S4
S3
S2
S1
Phase "Contrôle"
Phase "Intervention"
Début de l'inclusion
Début de l'intervention : attribué par randomisation
Fin de l'inclusion
METHODOLOGIE
3- Lien entre consommation de C3G et E-C3G-R : etude CEF-IMPACT
…, la liste 2015 des antibiotiques critiques, composée de deux catégories, est la suivante : Antibiotiques particulièrement générateurs de résistances bactériennes :
association amoxicilline-acide clavulanique céphalosporines : plus grande préoccupation pour les spécialités administrées par voie orale que par
voie injectable ; plus grande préoccupation pour les céphalosporines de troisième et quatrième générations, et pour la catégorie "autres céphalosporines" ; préoccupation pour la ceftriaxone
fluoroquinolones témocilline* * Pression de sélection en lien avec la problématique d'une dose optimale non établie
Comment préserver l’efficacité des C3G ?
2 axes :
Choisir parmi les C3G celle(s) avec un moindre impact sur le microbiote
Trouver des alternatives aux C3G
Dans la classe des bêta-lactamines Amoxicilline dans les infections streptococciques Pivmécillinam dans les infections urinaires (cystite) Témocilline dans les infections urinaires (pyélonéphrite)
En dehors de la classe des bêta-lactamines Antibiotique à visée urinaire : fosfomycine-trométamol, nitrofurantoïne –
aminosides Autres situations cliniques : fluoroquinolones cotrimoxazole macrolides
Quelles alternatives aux C3G ?
Conclusion
Famille INDISPENSABLE
Famille SOUS PRESSION (réservoir d'entérobactéries, BRM, EBLSE)
Schématiquement, prescription dans 2 situations :
Majoritaire : situations aigües requérant une approche probabiliste de 1ère ligne en milieu H = importance critique d'y associer la démarche de documentation dispensation (auto-)contrôlée / ré-évaluation
Minoritaire : maladie bactérienne identifiée (Lyme, etc. …) où une prescription est recommandée sur des durées contrôlées.