volume ii / כרך ב || הפאליאוגרפיה העברית / la paleographie hebraique
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World Union of Jewish Studies / האיגוד העולמי למדעי היהדות
/ הפאליאוגרפיה העברית LA PALEOGRAPHIE HEBRAIQUEAuthor(s): COLETTE SIRAT and ק' סיראSource: Proceedings of the World Congress of Jewish Studies / דברי הקונגרס העולמי למדעיכרך ב / VOLUME II ,היהדות, כרך דpp. 173-174 תשכ"ה / 1965Published by: World Union of Jewish Studies / האיגוד העולמי למדעי היהדותStable URL: http://www.jstor.org/stable/23528229 .
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LA PALEOGRAPHIE HEBRAÏQUE
COLETTE SIRAT
PARIS
Le projet que nous vous présentons aujourd'hui est le
fruit des difficultés que nous avons rencontrées dans
notre travail de bibliographes. En effet, Malachie
Beit-Arié et moi-même étions tous deux chargés, l'un
à Jérusalem et l'autre à Paris, de décrire des manuscrits
hébreux. L'analyse interne d'un manuscrit hébreu est
sinon facile du moins possible, car nous pouvions
utiliser les centaines de travaux de nos illustres maîtres.
Pour la description externe, il en est tout autrement.
Il n'existe que trois manuels de paléographie hébraïque,
et ils sont difficilement utilisables. Nos collègues
latinistes et hellénistes, bien au contraire, ont à leur
disposition une science déjà ancienne, puisqu'en 1681,
Mabillon fondait la paléographie latine et qu'en 1707,
Montfaucon écrivait sa Palacographia graeca; tandis
que la paléographie hébraïque, comme d'ailleurs les
autres paléographies orientales, est encore à construire.
Que signifie en fait, le mot: paléographie?
Jusqu'à notre époque, la paléographie avait été,
essentiellement, l'histoire des formes d'écritures. Mais,
depuis le début du siècle, la paléographie s'est étendue
à l'étude du support matériel de l'écriture1, mettant en
pratique la règle de Mabillon2: non ex sola scriptura,
neque ex uno characterismo sed ex omnibus simul...
pronuntiandum. Cette science du substrat de l'écriture,
c'est à dire du codex, pourrait être appelée codicologie
ou encore archéologie du livre3. Nous avons choisi
d'étendre la compréhension du mot: paléographie
plutôt que de choisir une autre dénomination quelle
qu'elle soit afin de sauvegarder l'unité de l'étude du
manuscrit; certes, notre programme de travail com
mence par la description du support matériel, il n'en
reste pas moins que notre but est l'étude du manuscrit
dans son ensemble, donc également celle des formes de
l'écriture, de la décoration etc...
De l'importance de la paléographie pour les sciences
historiques, je ne dirai que quelques mots4, car l'on
sait que toute la tradition hébraïque ou presque5 nous
a été conservée dans des manuscrits médiévaux et dans
les éditions ultérieures basées sur ces manuscrits. Ainsi
pour le Talmud, le plus ancien manuscrit complet
actuellement connu (Munich 95) est daté de 1395.
Mais sur les quelques 50.000 manuscrits conservés
dans les bibliothèques publiques dans le monde, un dixième à peine est daté et moins encore parmi eux
portent des indications de lieu. Or, pour juger d'un
manuscrit, il est de la plus haute importance de savoir
de quel milieu culturel il provient. En effet, la copie
d'un texte est un acte historique qui a subi une évolution
dans le temps et dans l'espace.
Un scribe du Moyen-Age écrivait pour être lu, il
écrivait un livre lequel devait obéir à certaines règles
qui régissent encore, non pas les manuscrits modernes
mais les livres imprimés. Ecrire était un art, un métier
que l'on enseignait et qui, d'une part, tendait à conserver
les traditions anciennes, de l'autre, se pliait aux goûts
esthétiques des civilisations contemporaines.
Reportons-nous en arrière et imaginons un scribe du
XlIIe siècle à Paris, qui s'apprête à écrire une Bible.
Peut-être est-ce une commande, peut-être veut-il faire
un cadeau, peut-être désire-t-il la copier pour son usage
personnel et celui de ses enfants; mais avant même de
s'installer à son pupitre, il préparera le parchemin. Et
déjà ce premier choix nous donne une indication, car
le parchemin n'a été utilisé qu'en Occident et seulement
jusqu'à une certaine époque; et lorsque le papier a
remplacé le parchemin, le papier occidental est encore
différent du papier oriental. Le parchemin lui-même
présente nombre de variétés, car il peut provenir de
bêtes différentes et il peut avoir été traité selon divers
procédés. Quelle différence entre l'épais parchemin gris
qu'ont utilisé les scribes allemands du XlIIe siècle et le
superbe velin blanc, aussi doux que du papier chiffon,
que l'on trouve dans l'Italie du XVe siècle!
Notre scribe a donc choisi quelques peaux de par
chemin, il va maintenant découper les diplômes, et les
dimensions des folios seront choisies avec soin et selon
certaines règles: on ne trouve certains formats que dans
certains pays, à certaines époques. Puis, il réglera son
parchemin; notre scribe parisien du XIIIe siècle réglera
1. Cf. sur l'évolution de la paléographie latine l'excellent
article de M. T. J. Brown: Latin Paleography since
Traube, Transactions of the Cambridge Bibliografical Society,
vol. III, 5, 1963, p. 361-381.
2. Fort opportunément rappelée par M. T. J. Brown
loc. cit. p. 363.
3. Cf. A. Dain, Les Manuscrits, Paris, 1949, p. 71.
4. Cf. L'histoire et ses méthodes, Paris, Gallimard, 1961,
et en particulier l'article de M. Jean Mallon.
5. Les manuscrits de la Mer Morte nous ont rendu surtout
des textes bibliques.
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sans doute à la pointe sèche, ou à la mine de plomb,
mais sûrement il réglera folio par folio et non pas le
cahier tout entier; il ne pourra pas non plus régler à
l'encre, car l'usage de la réglure à l'encre ne s'est établi
qu'après le XIIIe siècle.
Comment réglera-t-il ? Le nombre de lignes dépend
certes de la longueur du texte, mais surtout de la re
présentation que se fait le scribe du livre tel qu'il doit
être. Il voit l'espace écrit occupant sur la page blanche
une certaine surface; ce texte, il le voit disposé en une,
deux ou trois colonnes. Et même si le texte se prolonge
et envahit les marges, il reste que le livre idéal configuré
par la réglure reste semblable à lui-même dans l'esprit
du scribe, car un scribe ne change pas sa réglure dans
un même ouvrage; le fait est si bien attesté qu'un
changement dans le nombre de lignes dénote presque
toujours un changement de main.
Ayant découpé les folios, réglé son parchemin, le
scribe va préparer l'encre, qui sera d'une certaine
couleur, puis enfin, il écrira; mais notre scribe parisien
prendra une plume d'oie, alors que son collègue oriental
aurait pris un calame. Et encore, avant de commencer,
il inscrira au début de son ouvrage une formule pieuse
et une autre peut-être à la fin, formules diverses et qui
ne sont pas les mêmes dans les différents pays. Lorsqu'il
écrira, il écrira peut-être directement sous la ligne ou
bien, influencé par l'écriture latine il écrira juste entre
les deux lignes. Bien sûr, la forme des lettres varie
elle aussi, mais l'histoire des formes de l'écriture n'a
pas la précision des critères matériels que nous venons
d'exposer, aussi ne sera-t-elle que la seconde étape de
notre travail et je ne voudrais pas m'y attarder. Veuillez
donc m'accorder que notre scribe a terminé son livre.
Il écrira un colophon, du moins dans un cas sur dix et la
formule employée sera celle usitée à son époque et
dans son pays. Peut-être la reliure du manuscrit est-elle
contemporaine, et alors elle sera très différente, suivant
le lieu d'origine. L'ensemble de ces caractéristiques matérielles:
parchemin, composition des cahiers, réglure, encre,
proportions de l'espace écrit dans la page etc...
compose la physionomie du manuscrit; cette phy
sionomie, nous pourrons la définir avec précision
lorsque nous aurons décrit les manuscrits hébreux
datés, lorsque nous saurons, par exemple, à quelle date
exacte, les scribes français ont abandonné la réglure à la
pointe sèche pour la réglure à la mine de plomb ; tous ces
détails matériels nous donneront les critères nécessaires à
la datation des manuscrits dépourvus de date.
Disons aussi que, si notre plan de travail a le mérite
de la nouveauté, du moins dans le domaine de la
paléographie, l'idée 'était dans l'air'. Il est certain que
les progrès techniques nous donnent maintenant la
possibilité d'ordonner des matériaux multiples. Il eût
été impossible de songer à ordonner la description de
tous les manuscrits hébreux datés sans l'aide d'une
machine à fiches perforées, à plus forte raison d'en trier
les lois de l'évolution de la fabrication des manuscrits. Notre programme de travail sera détaillé par M.
Beit-Arié dans quelques instants; je voudrais seulement
dire quelques mots sur la composition de notre équipe
et les savants qui nous ont aidés de leurs conseils. Les
travaux seront poursuivis à Jérusalem par M. Beit-Arié
sous la direction de M. le Professeur G. Scholem,
président de la Commission créée dans ce but par
l'Académie des Sciences et Humanités d'Israël. La
Commission comprend M. le Docteur Yoël, directeur
de la Bibliothèque nationale et universitaire à Jérusalem,
MM. les Professeurs Abramson et Schirmann. Je tiens
à remercier l'Académie des Sciences qui a bien voulu
agréer notre projet, alors qu'il était à peine esquissé et
nous a donné la possibilité de continuer nos travaux.
A Paris, le Comité de Paléographie hébraïque, placé sous le patronage du Centre National de la Recherche
scientifique est présidé par Mr. le Professeur G. Vajda,
les membres sont : Melle J. Vielliard, directrice honoraire
de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes,
Mademoiselle E. Brayer, directrice de l'I R H T, —
M. J. Glénisson, directeur de l'I R H T, — Mr. Jean
Mallon, — Mr. I. S. Revah, directeur d'Etudes de
l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Mr. le Professeur
A. Dupont-Sommer, membre de l'Institut, a bien voulu
accepter de rapporter le projet devant les commissions
du C N R S. Les secrétaires sont : Mademoiselle Annie
Genevois qui est chargée de l'étude des reliures pour
l'ensemble des manuscrits examinés, que ce soit en
France ou en Israël, et moi-même.
L'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, qui m'avait permis de prendre contact avec mes collègues
israéliens, a bien voulu mettre à la disposition du
Comité, Mademoiselle Genevois et moi-même et,
depuis le début de nos travaux, a constamment facilité
toutes nos tâches. Ce projet lui doit beaucoup.
Je voudrais exprimer notre profonde reconnaissance
envers les savants qui non seulement nous ont aidé de
leurs conseils, mais aussi ont collaboré activement
à l'élaboration du questionnaire, ainsi Mr. L.
Gilissen de Bruxelles dont la science et l'obligeance
nous ont été du plus grand secours, Mr. le Professeur
F. Wormald, Directeur de l'Institute of Historical
Research, à l'Université de Londres, Mr. le Professeur
T. J. Brown, du King's College à Londres, Mr. le
Professeur N. Ker, du Magdalen College d'Oxford,
MM. les Professeurs L. M. G. Délaissé et S. Stern
d'Ail Souls College à Oxford, Mr. le Professeur B.
Bischoff, de l'Université de Munich, Mr. le Professeur
Levi délia Vida de Rome. Le Dr. B. Narkiss a, depuis les premiers jours,
travaillé à nos côtés et il est l'auteur de toute la partie
qui concerne la décoration du manuscrit.
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