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A LA UNE TRANSVERSALE 7 JOURS Dans la peau d’un homo un mariage juif et gay PIÉTON DE TOUT LES PAYS, TRAVERSEZ... DES AVIATEURS FAISEURS DE PLUIE VOYAGE AU COEUR DE LA ZONE GRISE DE L’EUROPE LE NOUVEAU COURRIER INTERNATIONAL

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Refonte de la grille et de l'identité du célèbre journal.

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Page 1: Courrier international

A LA UNE

TRANSVERSALE

7 JOURS

Dans la peau d’un homo un mariage juif et gay

PIÉTON DE TOUT LES PAYS, TRAVERSEZ...

DES AVIATEURS FAISEURS DE PLUIE VOYAGE AU COEUR DE LA ZONE GRISE DE L’EUROPE

LE NOUVEAU

COURRIER INTERNATIONAL

Page 2: Courrier international

LE CANDIDAT ANTI-CHINELES ÉLECTIONS AMÉRICAINES NE SUSCITENT GUÈRE D’ENTHOU-SIASME DANS LE MONDE, SAUF EN CHINE. C’EST CE QUE RÉVÈLE UNE ENQUÊTE DU PEW RESEARCH CENTER, SELON LAQUELLE DEUX FOIS PLUS DE CHINOIS QU’EN 2008 SUIVENT LA COURSE À LA MAISON-BLANCHE. MAIS CET INTÉRÊT NOURRIT AUSSI UN MA-LAISE. CAR LES CHINOIS DÉCOUVRENT QUE LEUR PAYS, HISSÉ AU DEUXIÈME RANG ÉCONOMIQUE MONDIAL, FAIT PEUR ET QUE MITT ROMNEY NE SE PRIVE PAS DE JOUER SUR CES PEURS. AINSI LE CANDIDAT AMÉRICAIN A-T-IL PROMIS, UNE FOIS ÉLU, D’ACCUSER OFFICIELLEMENT PÉKIN DE MANIPULATION DE DEVISE. ET, LORS DE SES MEETINGS ÉLECTORAUX, IL TAPE RÉGULIÈREMENT SUR LA CHINE, TAXÉE DE VOLEUSE D’IDÉES, DE TECHNOLOGIES ET D’EM-PLOIS. LES PROPOS DE MITT ROMNEY FONT MOUCHE AUPRÈS D’UNE OPINION FRAGILISÉE PAR LA MONTÉE DU CHÔMAGE ET QUI VOIT DANS L’ÉMERGENCE DE LA CHINE UNE MENACE MAJEURE POUR LES ETATS-UNIS. MAIS, À PÉKIN, ON SAIT AUSSI QUE LE DÉFICIT BUDGÉTAIRE DES AMÉRICAIN A DÉPASSÉ CETTE ANNÉE ENCORE LES 1 000 MILLIARDS DE DOLLARS ET QUE, POUR COMBLER SES BESOINS, WASHINGTON VA CONTINUER À EMPRUNTER AUPRÈS DU CLUB DES GRANDS ÉPARGNANTS DE LA PLANÈTE, DONT FAIT PARTIE LA CHINE. TOUJOURS À PÉKIN, OÙ SE PRÉPARE UNE AUTRE TRANSI-TION POLITIQUE MAJEURE, LE POUVOIR EST HABITUÉ AUX JOUTES ÉLECTORALES AMÉRICAINES ET ATTEND QUE LA POUSSIÈRE DU COMBAT RETOMBE. SAUF QUE, CETTE FOIS, LE CHINA BASHING EN VOGUE AUX ETATS-UNIS DÉPASSE LE SCRUTIN DU 6 NOVEMBRE. C’EST “LE DUEL DU SIÈCLE*”, POUR REPRENDRE LE TITRE DU LIVRE D’ALAIN FRACHON ET DE DANIEL VERNET.

*La Chine contre l’Amérique. Le duel du siècle, Alain Frachon et Daniel Vernet, Grasset 2012.

EDITORIAL

Page 3: Courrier international

SOMMAIRE

4 -77 JOURS

D’UN CONTINENT À L’AUTRE

A LA UNE

TRANSVERSALE

360°

9-11

12-17

18-21

22-23

CLARA SCHULMANN, ÉLÉONORE SAINTAGNAN, ELISABETH WETTERWALD, GUILLAUME LEINGRE, ETIENNE GATTI, ALEXANDRE CASTANT, STÉPHANE CORRÉARD, ALESSANDRA SANDRO-

LINI, REBECCA LAMARCHE-VADEL, GAËL CHARBAU, ALAIN COULANGE, CORINNE BERLAND, BENJAMIN BIANCIOTTO, LOUIS ANGLIONIN, STÉPHANE MALFETTES, ALAIN BERLAND, NICO-

LAS BOUYSSI, LESLIE COMPAN. DIRECTEUR DE PUBLICATION : CHRISTOPHE LE GAC. ASSISTÉ DE STÉPHANE COURARIE-DELAGE. RÉDACTEUR EN CHEF : GAÉL CHARBAU. COMITÉ

DE RÉDACTION : GAÉL CHARBAU, ALAIN BERLAND, NICOLAS BOUYSSI, STÉPHANE CORRÉARD. WWW.EDITIONS-PARTICULES.FR. ÉDITÉ PAR : MONOGRAFIK ÉDITIONS. ADRESSE:

6, PLACE DE L’ÉGLISE 49160 BLOU – FRANCE + 33 (0)6 26 02 94 44 — [email protected] — WWW.MONOGRAFIK-EDITIONS.COM — DIFFUSION PROVINCE ET PAYS

FRANCOPHONES : LA GENILLOISE ENTREPÔT. Distribution paris & ile de france : jean-charles le saux. RÉGIE PUBLICITAIRE : INDÉ 3 / ÉLODIE ANCELIN + 33 (0)6 11 92 38 34 – INDE3SOLEIL@

YAHOO.FR. IMPRESSION : LE GOVIC IMPRIMERIE, NANTES. TIRAGE : 10 000 EX. ISSN : 0753-3454 / DÉPÔT LÉGAL : JUILLET 2010.

TOUTE REPRODUCTION INTERDITE.

Le bon samaritain richissime des républicainsDes aviateurs faiseurs de nuages

Voyage au coeur «Zone Grise»

La sexualité des jeunes est (hélas) une affaire d’Etat

Leçon d’homophobie au lycée

Un mariage juif et gay

Dans la peau d’un homo

Piétons de tout les pays, traversez...

Quand la carrosserie des voitures servira de batteries

L’imprimante de demain

On allait presque oublierRomney dit, «La gaffe»Au fait, qui est à la feteOhio mon amourEn quelle taille, votre ipad?le côté obscur de l’empire DisneyIndécrottables

Oublier Bollywood, voila Mollywood

Page 4: Courrier international

COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 20127 jours4

LE BON SAMARITAIN RICHISSIME DES RÉPUBLICAINSC’EST L’HOMME DE TOUS LES RECORDS. LE MAGNAT DES CASI-NOS DE LAS VEGAS, SHELDON ADELSON, A D’ORES ET DÉJÀ VERSÉ PLUS DE 70 MILLIONS DE DOLLARS AUX RÉPUBLICAINS. SON OBJECTIF : BATTRE OBAMA À PLATE COUTURE. PORTRAIT.

Le bon samaritain richissime des républicains

04

Des aviateurs faiseurs de nuages 06

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Légende: Mamie green américaine et républicaine.

Page 5: Courrier international

COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 5

Le magnat des casinos Shel-don Adelson, qui pèse un peu

plus de 21 milliards de dollars et se trouve dans le collimateur du ministère de la Justice américain et de la Securities and Exchange Commission [SEC, le gendarme de Wall Street], vient d’entrer dans l’Histoire : il a déjà injecté la somme record de 70 millions de dollars dans la campagne présidentielle républicaine. Et il envisage de donner encore davantage, jusqu’à 100 millions de dollars, d’ici au 6 novembre.Adelson est la figure de proue de ces nouveaux bienfaiteurs de l’ère des «super-PAC» [ces comités d’action politique d’un nouveau genre qui peuvent recevoir des dons sans limites]. Il est de loin le plus gros donateur de ces super-comités qui ont apporté près de 1 milliard de dollars supplémentaires aux fonds de campagne tradition-nels de Mitt Romney et du Comité national républicain.Pourtant, malgré sa colossale force de frappe financière, Adelson fait très peu parler de lui et demeure un mystère, y compris pour de nom-breux conservateurs.

Capitaliste triomphant.Sheldon Adelson a déjà fait don d’une somme trois fois supérieure au précédent record, détenu par le milliardaire George Soros – ce dernier s’était délesté de 24 mil-lions de dollars pour tenter de faire battre George W. Bush en 2004. Et les dons d’Adelson s’élèvaient déjà au tiers des fonds totaux dépensés par le candidat républicain John McCain durant toute sa campagne de 2008.Tout le monde veut l’argent de Sheldon Adelson, qui sait parfaite-ment pourquoi il est tant courtisé. Mais être aimé pour son argent ne le dérange pas plus que ça.Nous sommes entrés dans l’ère de l’engagement individuel dans la vie politique, une ère où internet est censé avoir démocratisé cam-pagnes et donations. Pourtant, par son influence et sa capacité à soutenir – pour ainsi dire à bout de bras – des candidats et des cou-rants idéologiques, Adelson rap-pelle plutôt le temps des «barons

voleurs» [ces richissimes industriels de la fin du XIXe siècle qui, grâce à leur fortune, exerçaient une énorme influence politique]. Autre para-doxe, le Parti républicain, où beau-coup sont scandalisés par le recul des valeurs traditionnelles, se voit aujourd’hui lourdement dépendant de fonds en provenance directe de Las Vegas, plus connue sous le nom de Sin City, la «ville du péché».Pour certains, Sheldon Adelson incarne le triomphe de l’initiative in-dividuelle et du capitaliste omnipo-tent : un homme capable de réunir, quand bon lui semble, une assis-tance comptant quelques-unes des personnalités les plus impor-tantes du pays. Pour d’autres, il est l’égal des méchants des films de James Bond, un manipulateur rusé et richissime.

Apres McCain & Gingrich, Romney.Sheldon Adelson a beau être ins-tallé à trois fuseaux horaires du centre du pouvoir [la capitale fédé-rale, Washington], il façonne sans complexe la course à la présiden-tielle. C’est lui qui a prolongé l’inter-minable campagne des primaires républicaines en maintenant en lice Newt Gingrich, le concurrent de Mitt Romney, à coups de dons de quelque 20 millions de dollars.Aujourd’hui, il participe au grand sauvetage de la campagne de Romney : les super-PAC qu’il sou-tient devraient consacrer environ 10 millions de dollars par semaine à des spots télévisés dans les Etats clés d’ici au 6 novembre.Alors, qu’est-ce qui anime Adelson ? D’abord, se défendre. Selon lui, un deuxième mandat d’Obama se traduirait par une “ostracisme de ses opposants” de la part du gou-vernement. Et le milliardaire, qui affirme qu’on l’attaque déjà pour ses activités politiques, pense qu’il serait en haut de cette liste. Son groupe, la Las Vegas Sands Cor-poration, est de fait dans le colli-mateur des fédéraux qui enquêtent sur le blanchiment d’argent à Las Vegas et sur d’éventuelles viola-tions des lois anticorruption par les filiales du groupe en Chine, dont quatre casinos à Macao. (Au deu-xième trimestre de 2012, Sands a

réalisé 85 % de son résultat net, qui s’élève à 2,58 milliards de dollars, en Asie.)Il y a aussi, troisième motivation, sa haine d’Obama. Malgré son im-mense richesse, Sheldon Adelson est mû, en partie, par les mêmes préoccupations que le conserva-teur lambda. Il est inquiet de voir «quiconque mettre en place un gouvernement de l’ombre, qui n’a de comptes à rendre à personne… Que sont les ‘tsars’, sinon des mi-nistres bis chargés du Commerce, des Affaires étrangères et de l’In-térieur ? [Dans la politique améri-caine, le terme «tsar» désigne les hauts responsables de l’exécutif dont la nomination ne dépend que du président.] Ils ne sont soumis à aucune règle. Obama répond que Bush en faisait autant. Mais ce n’est pas ainsi que doit fonctionner un gouvernement.»

Ami d’Israël, ennemi des syndicats.Deuxième motivation d’Adelson : avoir des amis haut placés. Si Romney est élu, Adelson bénéficie-ra d’un puissant allié sur les deux problèmes qui lui tiennent le plus à cœur : la sécurité et la prospérité d’Israël, et l’opposition au syndica-lisme, en particulier au projet de loi sur le «card check», qui faciliterait l’organisation des travailleurs. Les casinos de Sheldon Adelson sont, de fait, les seuls du Strip de Las Vegas à ne pas avoir de représen-tation syndicale.«Il n’a pas besoin d’accès privilé-gié [aux politiciens conservateurs], il l’a déjà, commente le respon-sable républicain précité. Quand les candidats s’assoient autour d’une table avec lui, ils ne parlent pas seulement de cette élection-là, ils parlent aussi de l’avenir d’Israël. Adelson a les idées claires et il a l’argent. Il y a aussi, troisième moti-vation, sa haine d’Obama. Malgré son immense richesse, Sheldon Adelson est mû, en partie, par les mêmes préoccupations que le conservateur lambda. Il est inquiet de voir «quiconque mettre en place un gouvernement de l’ombre, qui n’a de comptes à rendre à per-sonne… Que sont les ‘tsars’, sinon

des ministres bis chargés du Com-merce, des Affaires étrangères et de l’Intérieur ? [Dans la politique américaine, le terme «tsar» désigne les hauts responsables de l’exécu-tif dont la nomination ne dépend que du président.] Ils ne sont sou-mis à aucune règle. Obama répond que Bush en faisait autant. Mais ce n’est pas ainsi que doit fonctionner un gouvernement.»Entrepreneur compulsif depuis l’âge de 12 ansSon groupe, la Las Vegas Sands Corporation, est de fait dans le col-limateur des fédéraux qui enquêtent sur le blanchiment d’argent à Las Vegas et sur d’éventuelles viola-tions des lois anticorruption par les filiales du groupe en Chine, dont quatre casinos à Macao. (Au deu-xième trimestre de 2012, Sands a réalisé 85 % de son résultat net, qui s’élève à 2,58 milliards de dollars, en Asie.)

From the desk of donald trumCela faisait plusieurs jours que le magnat de l’immobilier, Donald Trump, promettait une révélation sur Barack Obama. Ce fer-vent républicain affirmait même que celle-ci pourrait complètement changer le cours de la campagne. Finalement c’est un simple marché que le milliardaire propose dans une vidéo postée sur Twitter où il s’engage à écrire un chèque de cinq millions de dollars à l’œuvre caritative du choix du président à condition que celui-ci dévoile ses certificats de scolarité et ses démarches administratives de demande de passeport.«Obama est le président le moins transparent de l’histoire de ce pays». Pour le Christian Science Monitor, l’annonce de Trump s’appa-rente encore une fois a la théorie des «bir-thers». Le journal estime que cette annonce est un «gag pathétique» qui n’apporte aucune nouvelle information aux électeurs. C’est un simple marché que le milliardaire pro-pose dans une vidéo postée sur Twitter où il s’engage à écrire un chèque de cinq millions de dollars à l’œuvre caritative du choix du président à condition que celui-ci dévoile ses certificats de scolarité et ses démarches admi-nistratives de demande de passeport.Deuxième motivation d’Adelson : avoir des amis haut placés. Si Romney est élu, Adelson bénéficiera d’un puissant allié.

L’ANNONCE BIDON DE DONALD TRUMP

7 jours

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 20127 jours6

DES AVIATEURS FAISEURS DE PLUIEPOUR COMBATTRE LA SÉCHERESSE ET PRÉVENIR LES FEUX DE FORÊT, L’ARMÉE INDONÉSIENNE ENVOIE DES PILOTES CHEVRONNÉS CREVER LES NUAGES POUR FAIRE DE LA PLUIE. UNE MISSION PÉRILLEUSE QUI FAIT LE BONHEUR DE CES CASCADEURS DU CIEL. REPORTAGE.

Légende: Un avateur fiere de porter le drapeau de

son pays.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 77 jours

«Nous entrons dans les nuages, ça va brasser!» L’annonce est faite par le pilote Tio Hutapea, tres haut, dans le ciel.»

Et c’est bien vrai : quelques instants après, l’avion se met à chahuter violemment.

Une forte envie de vomir saisit les passa-gers, sous les terribles soubresauts qui se-couent la cabine comme un milkshake. Un membre de l’équipage qui se tenait debout fait un vol plané, perdant toute prise. «Atten-tion, courants descendants et ascendants», avertit le copilote Deharday Nugraha Gaffar. Une mise en garde pour informer l’équipage que l’avion va osciller de haut en bas dans de très grands trous d’air. Malgré cela, Tio et Deharday restent parfaitement concentrés.Après avoir pataugé dix minutes dans les nuages au-dessus de Palangkaraya, Kali-mantan centre [partie indonésienne de l’île de Bornéo], l’avion retrouve son équilibre, les perturbations déclinent. Tio et Deharday dé-cident de regagner l’aéroport local. A peine ont-ils atterri que la pluie leur fait un accueil triomphant. Tio lève les yeux au ciel, son visage rayonne de bonheur. «Enfin, il pleut ! Nous avons réussi! Mission accomplie !“ s’écrie le commandant de la tour de contrôle. Depuis le 28 août 2012, plusieurs instances ont coopéré pour faire tomber de la pluie artificielle au-dessus de Kalimantan centre pendant quarante jours. La mission devait s’arrêter le 6 octobre, mais elle va se pour-suivre jusqu’au 18 octobre afin de chasser toutes les fumées de feux de forêt dans l’atmosphère avant l’arrivée du président Susilo Bambang Yudhoyono à Palangkaraya [capitale de la province de Kalimantan] pour la journée mondiale de l’alimentation. «Le président sera accompagné de plusieurs ministres et de 85 ambassadeurs de pays amis», précise Budi Harsoyo, le coordinateur des technologies de modification du climat (TMC).Budi ne prendra pas un seul jour de repos tant que la mission ne sera pas terminée. Le ciel doit être dégagé pour le président, et les feux de forêts éteints.

En plus de l’armée de l’air, on trouve dans l’équipe des faiseurs de pluie artificielle le centre de recherche et de technologies appliquées (BPPT), le bureau national de la gestion des catastrophes (BNPB), le centre de météorologie, de climatologie et de géo-physique (BMKG), le bureau de conserva-tion des ressources naturelles de Kalimantan centre ainsi que le gouvernement provincial.

Une aventure hautement risquée.Les secousses, les hauts-le-cœur et l’équi-page qui part en vol plané dans la cabine montrent bien que fabriquer de la pluie arti-ficielle n’est pas une mission ordinaire. Bien qu’elle serve les intérêts civils, cette affaire périlleuse est accomplie par des militaires qui prennent tous les risques. L’avion, par exemple, monte jusqu’à 14.000 pieds [4267 mètres]. A une telle altitude, l’oxygène se raréfie. L’hypoxie, ou le manque d’oxygène, peut se produire à cause de la dé-compression trop brutale. «Les bons nuages pour fabriquer de la pluie artificielle sont les cumulus. Mais ils sont classés parmi les plus dangereux, parce qu’ils peuvent provoquer des éclairs», explique Deharday. Habituel-lement, les pilotes de ligne évitent soigneu-sement les cumulus. A l’inverse, les avions faiseurs de pluie les pourchassent pour les fracasser. «Les cumulus concentrent des turbulences et des particules électriques. Ils peuvent aussi provoquer un champ magné-tique qui peut perturber les commandes de l’appareil», précise Deharday.Bien qu’ils aient de nombreuses heures de vol, les pilotes des avions faiseurs de pluie doivent toujours rester extrêmement vigilants. Tio, par exemple, a déjà rempli plusieurs missions dans diverses régions jusqu’aux frontières de la Nouvelle-Guinée, de la Malaisie et du Timor Oriental, ainsi que des vols militaires à Aceh [au nord de l’île de Sumatra]. Diplômé de l’académie de l’Armée de l’air en 1996, Tio a plus de 7 000 heures de vol à son actif, mais il est toujours très prudent. Etant donné le risque, les pilotes des avions faiseurs de pluie doivent attester d’ une santé physique et mentale au-des-sus de la moyenne. «D’autant plus que nos

avions sont de petits appareils, des Cassa 212-200 avec des moteurs à hélice de type non pressurisé» explique Tio. L’armée a dé-taché à ce jour douze faiseurs de pluie, dont quatre pilotes. Leurs missions s’étendent sur tout l’archipel, partout où les feux de forêts ou la sécheresse font des ravages. «Nous adorons partir en vol de faiseurs de pluie. Si nous restons un ou deux jours sans voler, nous nous sentons désœuvrés», déclare Tio en souriant. L’avion, par exemple, monte jusqu’à 14.000 pieds [4267 mètres]. A une telle altitude, l’oxygène se raréfie. L’hypoxie, ou le manque d’oxygène, peut se produire à cause de la décompression trop brutale. «Les bons nuages pour fabriquer de la pluie artificielle sont les cumulus. Mais ils sont classés parmi les plus dangereux, parce qu’ils peuvent provoquer des éclairs», ex-plique Deharday. Habituellement, les pilotes de ligne évitent soigneusement les cumu-lus. A l’inverse, les avions faiseurs de pluie les pourchassent pour les fracasser. «Les cumulus concentrent des turbulences et des particules électriques. Ils peuvent aussi pro-voquer un champ magnétique qui peut per-turber les commandes de l’appareil», précise Deharday.Les secousses, les hauts-le-cœur et l’équi-page qui part en vol plané dans la cabine montrent bien que fabriquer de la pluie arti-ficielle n’est pas une mission ordinaire. Bien qu’elle serve les intérêts civils, cette affaire périlleuse est accomplie par des militaires qui prennent tous les risques. A une telle altitude, l’oxygène se raréfie. L’hypoxie, ou le manque d’oxygène, peut se produire à cause de la décompression trop brutale. «Les bons nuages pour fabriquer de la pluie artificielle sont les cumulus. Mais ils sont classés parmi les plus dangereux, parce qu’ils peuvent provoquer des éclairs», ex-plique Deharday. Habituellement, les pilotes de ligne évitent soigneusement les cumu-lus. A l’inverse, les avions faiseurs de pluie les pourchassent pour les fracasser. «Les cumulus concentrent des turbulences et des particules électriques. Ils peuvent aussi pro-voquer un champ magnétique qui peut per-turber les commandes de l’appareil», précise Deharday.t c’est bien vrai : quelques instants après, l’avion se met à chahuter violemment. Une forte envie de vomir saisit les passagers, sous les terribles soubresauts qui secouent la cabine comme un milkshake. Un membre de l’équipage qui se tenait de-bout fait un vol plané, perdant toute prise. «Attention, courants descendants et ascen-dants», avertit le copilote Deharday Nugraha Gaffar. Une mise en garde pour informer l’équipage que l’avion va osciller de haut en bas dans de très grands trous d’air. Malgré cela, Tio et Deharday restent parfaitement concentrés.

DISPUTE SINO-JAPONAISE : L’ÉCRIVAIN YAN LIANKE APPELLE À LA RAISON FIN SEPTEMBRE, APRÈS LES VIOLENTES MANI-FESTATIONS ANTI-JAPO-NAISES EN CHINE, PLUS DE 80 INTELLECTUELS CHINOIS AVAIENT SIGNÉ UN APPEL AU DIALOGUE. L’ÉCRIVAIN CHINOIS YAN LIANKE SIGNE UN TEXTE QUI REJOINT LEURS PRÉOC-CUPATIONS, ET RÉPOND À SON CONFRÈRE JAPONAIS HARUKI MURAKAMI.

DES RELENTS DE RÉVOLUTION CULTURELLELES MANIFESTATIONS ANTIJAPONAISES QUI ONT EU LIEU DANS TOUTE LA CHINE ONT ÉTÉ ORCHESTRÉES DE FAÇON SYSTÉMATIQUE. ELLES ONT ÉTÉ UTILI-SÉES PAR LES AMIS DE MAO ET DU DIRIGEANT DÉCHU BO XILAI.

ECOUTER L’AUTRE PLUS QUE JAMAISPOUR YOSHIKAZU KATO, C’EST LE MANQUE DE COMMU-NICATION ENTRE LES DEUX PEUPLES QUI EST AU CŒUR DU CONFLIT.

DES RELENTS DE RÉVOLUTION CULTURELLELES MANIFESTATIONS ANTIJAPONAISES QUI ONT EU LIEU DANS TOUTE LA CHINE ONT ÉTÉ ORCHESTRÉES DE FAÇON SYSTÉMATIQUE. ELLES ONT ÉTÉ UTILI-SÉES PAR LES AMIS DE MAO ET DU DIRIGEANT DÉCHU BO XILAI.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012D’un continent à l’autre8

VOYAGE AU CŒUR DE LA «ZONE GRISE» DE L’EUROPEQUAND UN MOLDAVE VISITE “LA DERNIÈRE VRAIE DICTATURE AU CŒUR DE L’EUROPE”, LA COMPARAISON AVEC LE TEMPS DE L’UNION SOVIÉTIQUE EST INÉVITABLE. POUR-TANT, LES BIÉLORUSSES REGARDENT VERS L’EUROPE AU MOINS AUTANT QUE VERS MOSCOU.

Voyage au coeur «Zone Grise» 08

Oublier Bollywood, voila Mollyxood 10

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Légende: La carte

de l’europe illustré.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 9

Ceux qui ont vu le film “The Grey Zone” (2001), réalisé

par Tim Blake Nelson, se sou-viennent sûrement que la zone grise en question désigne l’anti-chambre de la mort, où les déte-nus d’Auschwitz étaient préparés avant d’être gazés. Par extension, la notion de zone grise implique l’incertitude et l’angoisse, mais aussi la lueur d’espoir que ce qui adviendra ne sera pas aussi ma-cabre que ce qu’on avait imaginé. C’est ce que j’ai ressenti pendant les quatre jours que j’ai passés en Biélorussie.Depuis 1994 [année de l’élec-tion du président Alexandre Lou-kachenko], ce pays vit sous la coupe d’un d’un régime autoritaire, “la dernière vraie dictature au cœur de l’Europe”, comme le désignent les dirigeants occidentaux. Je ne pouvais manquer l’occasion de vi-siter ce pays, après m’y être rendu une première fois en 1998, pour le championnat d’Europe de boxe auquel je participais. A l’époque, j’avais l’impression d’être dans n’importe lequel des pays de l’espace soviétique – ni meilleur ni pire que la Moldavie, l’Ukraine ou la Russie.Aujourd’hui, je porte un regard nouveau sur la Biélorussie. J’ai profité du fait d’être Moldave, avec plus d’un passeport dans mon sac [de nombreux Moldaves détiennent aussi, en raison de leur appartenance familiale, un pas-seport roumain, donc européen], pour sortir librement de Lituanie [le pays voisin de la Biélorussie] avec le passeport roumain, et entrer tranquillement en Biélorussie avec le passeport moldave. J’ai eu l’im-pression d’entrer en Transnistrie [région séparatiste pro-russe de Moldavie] : les mêmes uniformes soviétiques verts, les mêmes re-gards soupçonneux.Du train, j’ai vu des villages aux maisons soignées, des villes propres, vu de bonnes routes. A

Minsk, la capitale, les rues sont larges, l’architecture de style soviétique alterne avec des bâti-ments modernes, et des symboles soviétiques cohabitent avec les grandes enseignes du capitalisme occidental. Une première impres-sion d’ordre et de tranquillité.

Une oasis de paix et de prospérité. J’ai demandé à des passants s’ils partageaient mon sentiment. Ils m’ont répondu tout en calem-bours, avec cette ironie qui reflète si bien la «double pensée» permet-tant aux Biélorusses de survivre au quotidien. “Tranquille comme dans un cimetière” et “ici, on lave nos rues et nos cerveaux”. Je me suis vite habitué à leurs plaisan-teries sur la vie quotidienne, mais il m’a fallu plus de temps pour comprendre le fond des choses.Dans le métro ou dans les magasins, les gens ne sou-rient pas, ils avancent le regard baissé. Quand il se fait tard, les groupes de plus de trois personnes risquent d’être interpelés par la police [dans le Code pénal de plu-sieurs pays communistes, une association de plus de trois personnes équivaut à une association de malfaiteurs]. J’ai vu la peur et l’absence d’es-poir dans les yeux des passants de ce pays où tout est décidé par un seul homme, “le père du peuple biélorusse, Batiouchka”. Un pays où les élections sont fal-sifiées, les candidats violentés, les jeunes maltraités, où les gens disparaissent, où tout a un arrière-goût militariste, à commencer par les écoles où les services de ren-seignements tout-puissants as-surent la paix. Un ordre de cime-tière règne en Biélorussie.Je n’ai vu à la télévision que des nouvelles teintées d’une certaine rhétorique anti-occidentale, assu-

rant que l’effondrement de la zone euro et de l’Union européenne serait imminent et que, dans ce contexte trouble, la Biélorussie est une oasis de paix et de prospé-rité (bien que la plupart des gens vivent à la limite du seuil de subsis-tance). On y apprend aussi que la seule alternative pour le continent européen est l’Union Russie-Bié-lorussie-Kazakhstan, qui devien-dra bientôt l’Union Eurasienne, un projet qui éveille l’intérêt de plus de 20 pays, dont la Nouvelle-Zélande et la Moldavie qui pourtant “dési-rait jusqu’à récemment adhérer à l’UE” !Tout au long de son histoire, le peuple biélorusse a été déchiré par un éternel dilemme : faire par-tie de la civilisation européenne

ou rejoindre un futur ensemble eurasien? Il a appartenu à diverses constructions étatiques de la prin-cipauté de Polotsk.

L’attraction de l’UE. Cela est considérée comme le berceau de l’état biélorusse, à la principauté de Lituanie, de la Ré-publique des Deux Nations (polo-no-lituanienne) à l’Empire Russe ou l’Union Soviétique. Ses difficul-tés identitaires et linguistiques sont bien réelles, étouffé qu’il est par la langue et la culture russe.La Biélorussie s’est pourtant ef-forcée à plusieurs reprises d’être autre chose qu’une partie du grand

peuple russe… En 1812, elle a soutenu Napoléon contre la Rus-sie, dans l’espoir de restaurer la formation étatique d’avant les trois divisions de la Pologne entre 1792 et 1795. En 1918, la République populaire de Biélorussie fut recon-nue par l’Allemagne, l’Autriche, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Finlande, la Pologne, l’Ukraine, la Tchécoslovaquie, l’Arménie, la Géorgie et la Turquie, avant d’être détruite par l’invasion de l’Armée rouge et transformée en Répu-blique soviétique. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il y eut une autre tentative d’Etat avec la Rada Centrale, disparue avec le retour des Soviétiques. Enfin, en 1991, la Biélorussie s’est déta-chée de l’Union soviétique et a

connu un début de démocratisa-tion.Je ne crois pas que le silence de cimetière puisse durer encore longtemps. Le temps où les Bié-lorusses pourront écouter Liapis Troubetskoï chez eux, à Minsk, Gomel ou Moguilev est proche. Même si aujourd’hui, ils ne peuvent le faire qu’à Kiev, Varsovie ou Vil-nius, Batiouchka ayant interdit au groupe biélorusse le plus popu-laire de vivre et de chanter dans son pays.

Le gouvernement espagnol va réduire de 60 % ses financements à Erasmus, le programme européen des étudiants le plus connu, en 2013, annonce El País ce mardi 9 octobre. Sur deux ans, la baisse est de 75 %. Cependant, l’argent du gouvernement représente moins d’un tiers du mon-tant des bourses : le reste provient de l’Union européenne et, surtout, des Communautés autonomes (les régions espagnoles). L’Espagne est le pays qui

envoie et reçoit le plus grand nombre d’étudiants dans le cadre d’Erasmus. Dans le métro ou dans les magasins, les gens ne sourient pas, ils avancent le regard baissé. Les groupes de plus de trois personnes risquent d’être interpe-lés par la police [dans le Code pénal de plusieurs pays communistes, une asso-ciation de plus de trois personnes équi-vaut à une association. J’ai vu la peur et l’absence d’espoir dans les yeux des passants de ce pays où tout est décidé

par un seul homme, “le père du peuple biélorusse, Lituanie, de la République des Deux Nations (polono-lituanienne) à l’Empire Russe ou l’Union Soviétique. Ses difficultés identitaires et linguis-tiques sont bien réelles, étouffé qu’il est par la langue et la culture russe.

ERASMUS FAIT LES FRAIS DE LA CRISE

D’un continent à l’autre

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012D’un continent à l’autre10

OUBLIER BOLLYWOOD, VOILA MOLLYWOD!A MEERUT, AU NORD DE L’INDE, UNE NOUVELLE INDUSTRIE DU CINÉMA SE CRÉE, BIEN LOIN DES PAILLETTES DE BOLLYWOOD. VOICI UN EXEMPLE DE CES PRODUCTIONS.

Légende: Image tirée du film Bollywood.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 11D’un continent à l’autre

Comme tous les employés de la coopéra-tive Baitul Mal Wat Tamwil, Saiichon porte

une toque et un sarong. Dans cette supérette de Sidogiri gérée selon les lois de la finance islamique, l’ambiance est chaleureuse et décontractée. Les clients sont de toutes ori-gines : disciples de la pesantren (pensionnat coranique de tradition soufie), commerçants et paysans du voisinage. Saiichon a commencé à travailler dans la coopérative en 2001, comme caissier. Comme 80 % des autres employés, il est un ancien élève de la pesantren dirigée par le chef spirituel Achmad Nawwi Abdul Jalil.Aujourd’hui, Saiichon a quatorze employés sous sa responsabilité. Il raconte comment, un jour, entra dans la supérette un vieil homme portant des habits tout fripés et des sandales en plastique dépareillées. Dans sa main droite, il tenait une corbeille pleine de feuilles sèches. Saiichon pensa que le vieil homme était un mendiant, aussi lui donna-t-il une pièce. Mais le vieil homme refusa l’aumône. Il écarta les feuilles sèches à la surface de la corbeille et dévoila des liasses de billets. «Il apportait 65 millions de roupies [5 200 euros] en liquide pour investir dans la coopérative», se souvient Saiichon.

Puissance économique.Le réseau commercial généré par les pesant-ren pousse comme les champignons pendant la mousson. Il suit la courbe de croissance des pensionnats coraniques. L’année dernière, le ministère des Religions enregistrait 3,65 mil-lions d’élèves dits santri (mot d’origine sans-krit signifiant «disciple») inscrits dans 25 000 petites ou grandes pesantren à travers tout l’archipel, soit quatre fois plus qu’en 1985, où l’Indonésie ne comptait que 6 239 pesantren et seulement un million de santri. Si l’on ajoute à ce chiffre les parents, les anciens élèves et les citoyens vivant autour des pesantren et qui sont généralement très attachés au chef spirituel du pensionnat, on imagine facilement l’étendue du «marché captif» de ce réseau.Ces milliers d’établissements scolaires musul-mans ne se bornent pas à enseigner les pré-ceptes de l’islam, la lecture du Coran et les textes soufis. Nombre d’entre eux dispensent des enseignements plus pragmatiques, tels que les technologies agricoles, la gestion d’entreprise, la comptabilité ou le lancement d’une affaire via leur propre coopérative.La coopérative de la pesantren de Sidogiri fait partie de celles qui ont prospéré à l’époque de la crise. Elle a été fondée en 1997 par 315 professeurs de l’établissement, avec une mise de fonds de 13,5 millions de roupies [1 080 euros]. «Soit une mise moyenne de 15 000 roupies [1,20 euro] par personne», précise Dumairi Nor, le manager de la coopérative.Ce capital a aussitôt été investi pour soutenir les propriétaires de petits restaurants voisins qui étaient étranglés par des prêts à taux d’in-

térêts prohibitifs. Aujourd’hui, la coopérative possède deux fabriques de pain et une usine d’eau minérale qui produit 64 860 litres d’eau par jour à partir d’une source proche.La coopérative s’appuie sur un réseau de 118 succursales à Java-Est et sur celui de cen-taines de milliers d’anciens élèves regroupés dans l’Association des anciens santri de Si-dogiri (IASS). Ceux-ci ont essaimé dans tout l’archipel et jusqu’en Malaisie ou en Arabie Saoudite, où ils ont constitué des bureaux IASS composés essentiellement de travailleurs émigrés indonésiens.

Un systeme fondé sur le chef spirituel.La pesantren de Sidogiri anime également un réseau de «chargés de cours» pour envoyer chaque année 700 jeunes diplômés de son pensionnat enseigner dans les écoles cora-niques de toute l’Indonésie.Les 5 000 santri qui étudient dans la pesantren et leurs familles participent aussi à l’épargne col-lective, à hauteur de 50 000 roupies [4 euros] par an et par personne. Les santri constituent à la fois le capital et la clientèle principale de la coopérative. De ce vaste réseau est née en 2000 une nouvelle institution : L’Entreprise mixte solidaire. Elle accorde des prêts selon les lois de la finance islamique, offre des services financiers pour les candi-dats au pèlerinage à La Mecque et assure l’envoi d’argent pour les investissements des migrants indonésiens en Malaisie et au Moyen-Orient. L’essor et la prospérité de ces coopératives de pesantren sont un sujet à la fois de réjouissance et d’inquiétude. Selon Nasirman, analyste à la Banque d’Indoné-sie, ces institutions de microfi-nance fonctionnent finalement sur les mêmes bases que le secteur bancaire. Elles collectent de l’argent qui ne provient pas toujours de ses membres, puis mettent cet argent en circula-tion via l’emprunt ou le prêt. Bref, elles servent d’intermédiaires, à la manière des banques. Mais en même temps elles ne sont dotées d’aucun système de sécurité ni d’aucun mé-canisme de compensation indispensable pour ce genre d’activités. Par ailleurs, ces coopé-ratives reposent sur la figure charismatique du chef spirituel de la pesantren. Lorsque celui-ci meurt, les affaires ont tendance à péricliter, voire à cesser du tout au tout. En tant que manager de la coopérative de Sidogiri, Dumairi est conscient de ces dangers.Il sait aussi que tout le monde n’apprécie pas leur succès. «Certains disent que nous

sommes des rentiers en sarong, que la pe-santren s’occupe d’économie mais pas d’édu-cation», dit-il. Mais il affirme qu’au-delà de l’aumône obligatoire distribuée chaque année aux familles voisines de la pesantren, les pro-fits des activités commerciales sont pour une large part réinjectés dans le pensionnat cora-nique pour payer les frais de fonctionnement et les salaires des professeurs. «C’est ainsi que chaque santri ne paye que 200 000 roupies [16 euros] par an pour le logement, l’électricité, les soins, la bibliothèque et les études, précise Dumairi. Tout cela sans aucune subvention du gouvernement.» L’essor et la prospérité de ces coopératives de pesantren sont un sujet à la fois de réjouissance et d’inquiétude.Selon Nasirman, analyste à la Banque d’Indo-nésie, ces institutions de microfinance fonc-tionnent finalement sur les mêmes bases que le secteur bancaire. Elles collectent de l’argent qui ne provient pas toujours de ses membres,

puis mettent cet argent en circulation via l’em-prunt ou le prêt. Bref, elles servent d’intermé-diaires, à la manière des banques.Le réseau commercial généré par les pesantren pousse comme les champignons pendant la mous-son. Il suit la courbe de croissance des pen-sionn ats coraniques. L’année dernière, le mi-nistère des Religions enregistrait 3,65 millions d’élèves dits santri (mot d’origine sanskrit signi-fiant «disciple») inscrits dans 25 000 petites ou grandes pesantren à travers tout l’archipel, soit quatre fois plus qu’en 1985, où l’Indonésie ne comptait que 6 239 pesantren et seulement un million de santri. les citoyens vivant autour des pesantren et qui sont généralement.

10 000FILMSLes coopératives de pesantren ont connu un formidable essor en 1998, au moment où la crise économique et monétaire a ruiné le secteur bancaire national. Elles ont été créées avec le soutien de diverses institutions, telles que l’Association des intel-lectuels musulmans d’Indonésie. Trois ans plus tard, on en comp-tait déjà 4 000. “Nous ne disposons pas de chiffre exact, mais nous estimons qu’il y en a aujourd’hui près de 10 000”, affirme Nasirwan, un analyste de la Banque d’Indonésie très actif dans la recherche sur le développement du microcrédit islamique.L’un de ces deux hommes, Ahok, est un Chinois d’obédience chrétienne. Si l’on ajoute à ce chiffre les parents, les anciens élèves et les citoyens vivant autour des pesantren et qui sont généralement très attachés au chef spirituel du pensionnat, on imagine facilement l’étendue du «marché captif» de ce réseau.Elles collectent de l’argent qui ne provient pas toujours de ses membres, puis mettent cet argent en circulation via l’emprunt ou le prêt. Bref, elles servent d’intermédiaires, à la manière des banques. Mais en même temps elles ne sont dotées d’aucun sys-tème de sécurité ni d’aucun mécanisme de compensation indis-pensable pour ce genre d’activités.

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DANS LA PEAU D’UN HOMO

Il n’y a aucun argument valable contre le mariage gay!

La sexualité des jeunes est (hélas) une affaire d’état.

Leçon d’homophonie au lycée.

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Un mariage juif et gay.

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Timothy Kurek a grandi en haïssant l’homosexualité. En tant que chré-tien conservateur du fin fond de la Bible Belt [le sud-est religieux], il avait

appris qu’être gay était une abomination aux yeux de Dieu. Il fréquentait son église conservatrice, se considérait comme un soldat de Dieu et il avait rejoint les bancs de l’université évangélique Liberty.Mais lorsqu’une amie chrétienne lui a raconté comment elle avait été chassée de chez ses parents après leur avoir révélé qu’elle était lesbienne, Kurek a com-mencé à profondément remettre en question ses croyances et les enseigne-ments religieux qu’il avait reçus. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cet homme de 26 ans a alors décidé de se mettre dans la peau d’un homme gay aux Etats-Unis.Pendant toute une année, Kurek a vécu en tant qu’homo «infiltré» dans sa Nash-ville natale. Il a dit à sa famille, ainsi qu’à ses amis et aux membres de sa paroisse qu’il était gay. Seuls deux de ses copains et une tante - qui suivait de près la réaction de sa mère à la nouvelle - étaient dans le secret. Un ami à lui, un homosexuel du nom de Shawn, que Kurek décrit comme «un gros nounours noir costaud», se faisait passer pour son petit ami. Kurek a trouvé un emploi dans un café gay et a rejoint une équipe de softball [variante du baseball] gay, tout en dissimulant sa véritable identité d’hétéro chrétien.Il a tiré de cette expérience un livre remarquable intitulé The Cross in the Clo-set [La croix dans le placard], qui s’inscrit dans la tradition d’autres ouvrages comme Black Like Me [Dans la peau d’un noir, Gallimard, 1962], où l’auteur, un Blanc, se faisait passer pour un Noir dans le Sud profond des années 1960, ou encore Self-Made Man [Dans la peau d’un homme, Plon 2007] de Norah Vin-cent, récit de l’infiltration d’une femme dans l’univers masculin. «Pour me mettre dans leur peau, je devais vivre les expériences de la vie gay. Je devais faire mon coming-out devant mes amis, ma famille et le reste du monde», explique-t-il.

Ses amis le mettent en garde contre la damnation.Le témoignage de l’année gay de Kurek est émouvant, honnête et parfois hila-rant. Il entame son année homosexuelle en tant que puritain conservateur et l’achève en réaffirmant sa foi tout en soutenant la cause gay.En cours de route, il perd de nombreux amis, en particulier ceux de l’université Liberty, qui lui ont écrit des courriels après son coming out, l’invitant à se repentir de ses péchés et le mettant en garde contre la damnation. Il ne regrette pas de les avoir perdus. «J’ai maintenant plein de nouveaux amis gays», se réjouit-il.Pourtant, son chemin a été semé d’embuches. D’emblée, Kurek a décidé de s’acclimater à la scène gay de Nashville en se rendant dans une boîte homo. Arrivé seul, il n’a pas tardé à être attiré sur la piste de danse par un homme au torse nu couvert de lotion pour bébé et de paillettes. Tandis que les deux hommes dansaient sur une chanson de Beyoncé, son partenaire a fait mine de monter Kurek comme un cheval en l’appelant «son étalon». A ce stade initial de l’aventure, c’en était trop.Bientôt les choses se sont améliorées. Afin d’éviter les avances, Kurek a de-mandé à Shawn de se faire passer pour son petit ami. Il s’est ensuite rapide-ment intégré au milieu gay de Nashville. Dans un bar gay, Kurek a été étonné de découvrir des chrétiens homosexuels discutant avec ferveur de leur croyance dans le créationnisme. «J’ai rencontré des chrétiens homos qui étaient plus pieux que moi !», explique-t-il. Il s’est mis à militer dans une association de défense des droits des gays et a fini par participer à une manifestation devant la mission permanente du Saint-Siège auprès des Nations Unies, à New York.

Il a refait son coming-out, cette fois-ci en tant qu’hétéro-chrétien.Mais cette expérience a eu un prix. Afin de savoir comment sa mère avait vrai-ment réagi quand il lui avait annoncé qu’il était gay, Kurek a lu son journal intime. Il a découvert qu’elle y avait écrit : «J’aurais préféré apprendre que j’étais atteinte d’un cancer incurable plutôt que d’avoir un fils gay». Finalement, elle s’est lais-sée convaincre et a changé de point de vue. Kurrk a également vécu de l’inté-

rieur ce que l’on éprouve quand on se fait insulter. Lui qui un jour avait traité de «pédés» des manifestants gays à l’univer-sité Liberty, s’est retrouvé dans le camp inverse. Lors d’une séance d’entraînement de softball, un passant qui promenait

ses chiens a traité Kurek et ses coéquipiers de «pédales». Il a fallu retenir Kurek pour qu’il ne se jette pas sur l’homme, puis il a éclaté en sanglots.L’aventure de Kurek a pris fin quand il a révélé sa vie secrète et fait de nouveau son coming out, cette fois en tant qu’hétéro chrétien. Mais l’un des aspects le plus étonnants de son expérience, c’est que loin de saper sa foi, elle l’a ravivée. Pour Kurek, son expérience ne devrait pas seulement montrer aux chrétiens conservateurs que les gays doivent jouir des mêmes droits que les autres citoyens et qu’ils peuvent être pieux ; mais elle devrait également permettre à la communauté gay de voir les évangéliques avec un oeil neuf. Le témoignage de l’année gay de Kurek est émouvant, honnête et parfois hilarant. Il entame son année homosexuelle en tant que puritain conservateur et l’achève en réaffirmant sa foi tout en soutenant la cause gay.En cours de route, il perd de nombreux amis, en particulier ceux de l’université Liberty, qui lui ont écrit des courriels après son coming out, l’invitant à se repentir de ses péchés et le mettant en garde contre la damnation. Il ne regrette pas de les avoir perdus. «J’ai maintenant plein de nouveaux amis gays», se réjouit-il.Pourtant, son chemin a été semé d’embuches. D’emblée, Kurek a décidé de s’acclimater à la scène gay de Nashville en se rendant dans une boîte homo. Arrivé seul, il n’a pas tardé à être attiré sur la piste de danse par un homme au torse nu couvert de lotion pour bébé et de paillettes. Tandis que les deux hommes dansaient sur une chanson de Beyoncé, son partenaire a fait mine de monter Kurek comme un cheval en l’appelant «son étalon». A ce stade initial de l’aventure, c’en était trop.

Légende : Un homme fiere de son orientation sexuelle.

CHRÉTIEN FONDAMENTALISTE ET HOMOPHOBE, TIMO-THY KUREK A DÉCIDÉ DE PASSER UN AN DANS LE MILIEU GAY DE NASHVILLE DANS LE TENNESSEE. CETTE EXPÉ-RIENCE, DONT IL A TIRÉ UN LIVRE, L’A RENDU PLUS TOLÉ-RANT ET LUI A PERMIS DE RAVIVER SA FOI. RÉCIT D’UNE CONVERSION.

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ROYAUME-UNIS

IL N’Y A AUCUN ARGUMENT VALABLE CONTRE LA MARIAGE GAY!

LE GOUVERNEMENT CONSERVATEUR DE DAVID CAME-RON COMPTE BIEN AUTORISER LE MARIAGE HOMOSEXUEL DANS LES PROCHAINES SEMAINES. MÊME LE VÉNÉRABLE ET CONSERVATEUR TIMES APPLAUDIT DES DEUX MAINS.

J’ai essayé de trouver une raison d’être contre le mariage homosexuel : il n’y en a pas. Il n’y a que Dieu, et berk !» Et si ces raisons peuvent paraître

convaincantes pour qui les professent, elles ne le sont pas pour moi et elles ne devraient pas l’être pour le pays non plus.Je n’ai pas toujours été en faveur du mariage homosexuel, je n’en voyais pas l’intérêt. Le contrat d’union civil a été un acte de génie politique, peut-être le plus grand de Tony Blair. En un seul coup, en 2004, son gouvernement a résolu un problème que la plupart des gens n’avaient même pas vraiment remarqué. D’un côté, les couples de même sexe étaient ravis que leur union fût enfin reconnue par la loi, de l’autre, les opposants n’avaient plus vraiment d’os à ronger. Un couple pouvait dire : «Nous sommes mariés !»et les évêques leur répondre : «Non, vous ne l’êtes pas !» Et personne n’avait entièrement tort : c’était la troi-sième voie. Ce n’est que plus tard que j’ai pris le temps de réfléchir aux reven-dications des défenseurs du mariage gay. Ils voulaient que l’Etat cesse de dire à des couples qui voulaient se marier que, contrairement à d’autres couples, ils ne le pouvaient pas. En effet, me suis-je dit, nous ne devrions pas les en empêcher. Pas sans bonnes raisons, et, dans le cas du mariage homosexuel,

il n’y en a pas. Il n’y en a même pas de mauvaises. Il n’y a pas de raisons du tout. Et personne n’avait entièrement tort : c’était la troisième voie. Ce n’est que plus tard que j’ai pris le temps de réfléchir aux revendications des défenseurs du mariage gay. Ils voulaient que l’Etat cesse de dire à des couples qui voulaient se marier que, contrairement à d’autres couples, ils ne le pouvaient pas. En effet, me suis-je dit, nous ne devrions pas les en empêcher. Pas sans bonnes raisons, et, dans le cas du mariage homosexuel.

«Le mariage se fait entre un homme et une femme», disent ceux qui s’y opposent. Eh bien, oui, c’est vrai. Mais c’est plutôt le problème. Et ce sera vrai que jusqu’à ce que ce ne soit plus vrai. Ce n’est pas un argument, mais une description de la situation.«Le mariage est une chose naturelle, poursuivent-ils, alors que le contrat de partenariat civil n’est qu’une construction juridique.» Naturel, le mariage ? Les oiseaux et les abeilles se marient-ils ? Jamais été invité. Allez, trouvez autre chose.«La différence n’implique pas l’inégalité», disent encore les opposants, qui apprennent vite. «Ils peuvent être égaux sans être mariés.» Cela pourrait presque paraître sensé. Mais il faut être prudent avec cette histoire de «dif-férence». On ne peut pas se contenter de constater une différence, il faut l’expliquer. Quelle différence ? La procréation ? Non, certainement pas. Quid

Légende : Un couple jouant dans l’eau du bain.

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UN MARIAGE JUIF ET GAY

des couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants ou qui n’en ont pas envie ? Et que se passerait-il si la science trouvait un moyen de permettre aux hommes?«Cela sape le mariage», s’entêtent-ils, en donnant ingénieusement dans le sociologique. Pourtant, un philosophe appellerait cela un raisonnement circu-laire qui consiste à faire de sa conclusion un argument. Si les relations sexuelles entre deux personnes de même sexe étaient perverses, elles saperaient le mariage. Mais si elles ne le sont pas, elles ne le sapent pas. Ce n’est donc pas une raison de s’opposer au mariage gay. C’est un préjugé, à peine déguisé.«L’étape suivante, ce sera la polygamie ! Ou la pédophilie !» s’effraient-ils. C’est le même schéma : autant dire que «manger un hamburger aujourd’hui, c’est devenir cannibale demain». Cela a un sens si l’on pense que consommer des hamburgers relève du cannibalisme, sinon, c’est absurde.«Dieu n’aime pas ça.» Eh bien, soit. Peut-être. Franchement, je serais surpris qu’Il s’en soucie à ce point, mais je vous crois sur parole. Et alors ? J’ai moi-même épousé une chrétienne après avoir été élevé dans une famille juive : techniquement, Dieu n’était pas fan de mon mariage non plus, dans la mesure où je n’ai pas pu me marier à la synagogue. Mais même les plus orthodoxes des rabbins ne diraient pas que le droit civil aurait dû empêcher mon mariage.«Je n’aime pas ça ! Berk !» Ah oui, berk ! C’est cette position que le député Nicholas Fairbairn a peut-être le mieux illustrée, en 1994 : il était tellement scan-dalisé lors d’un débat à la Chambre des communes sur l’abaissement de l’âge de consentement pour les rapports homosexuels, qu’il s’est mis à vociférer, au point d’interrompre le discours de Tony Blair, pour donner une description très graphique de ce qu’entraînait, à son avis, l’homosexualité. Vous trouverez l’image ailleurs, c’est un peu rude pour les pages du Times. Juste une histoire de quoi va où.«La différence n’implique pas l’inégalité», disent encore les opposants, qui apprennent vite. «Ils peuvent être égaux sans être mariés.» Cela pourrait presque paraître sensé. Mais il faut être prudent avec cette histoire de «diffé-rence». On ne peut pas se contenter de constater une différence, il faut l’expli-quer. Quelle différence ? La procréation ? Non, certainement pas. Quid des couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants ou qui n’en ont pas envie ? Et que se passerait-il si la science trouvait un moyen de permettre aux hommes?«Dieu n’aime pas ça.» Eh bien, soit. Peut-être. Franchement, je serais surpris qu’Il s’en soucie à ce point, mais je vous crois sur parole. Et alors ? J’ai moi-même épousé une chrétienne après avoir été élevé dans une famille juive : techniquement, Dieu n’était pas fan de mon mariage non plus, dans la mesure où je n’ai pas pu me marier à la synagogue. Mais même les plus orthodoxes des rabbins ne diraient pas que le droit civil aurait dû empêcher mon mariage.«Le mariage se fait entre un homme et une femme», disent ceux qui s’y opposent. Eh bien, oui, c’est vrai. Mais c’est plutôt le problème. Et ce sera vrai que jusqu’à ce que ce ne soit plus vrai. Ce n’est pas un argument, mais une description de la situation.«Le mariage est une chose naturelle, poursuivent-ils, alors que le contrat de partenariat civil n’est qu’une construction juridique.» Naturel, le mariage ? Les oiseaux et les abeilles se marient-ils ? Jamais été invité. Allez, trouvez autre chose.«Je n’aime pas ça ! Berk !» Ah oui, berk ! C’est cette position que le député Nicholas Fairbairn a peut-être le mieux illustrée, en 1994 : il était tellement scan-dalisé lors d’un débat à la Chambre des communes sur l’abaissement de l’âge de consentement pour les rapports homosexuels, qu’il s’est mis à vociférer, au point d’interrompre le discours de Tony Blair, pour donner une description très graphique de ce qu’entraînait, à son avis, l’homosexualité. Vous trouverez l’image ailleurs, c’est un peu rude pour les pages du Times. Juste une histoire de quoi va où.

L’argument du berk est rarement aussi ouvertement servi. Souvent, il ne traduit même pas une hostilité ; il exprime juste un préjugé inconscient, hérité, difficile à surmonter. Et pourtant, ce berk et Dieu se trouvent à la racine de tous les argu-ments contre le mariage homosexuel. Je dis bien tous. Ceux qui les défendent devraient l’admettre, au moins pour eux-mêmes, mais aussi admettre que ni berk ni Dieu ne forment une base sérieuse sur laquelle on peut élaborer une politique. L’Etat ne devrait pas voir de différence entre une union homosexuelle et hétéro-sexuelle. Ne vous énervez pas. Réfléchissez. Vous savez que j’ai raison.

ABRAHAM BURG, JUIF RELI-GIEUX ET ENFANT TERRIBLE DE LA BONNE GROSSE POLI-TIQUE ISRAÉLIENNE.

Lorsque les députés [de deux mou-vements d’extrême droite] Anas-

tasia Michaëli (Israël Beiteinou) et Uri Ariel (Union nationale) ont fait part de leurs points de vue quant à la place dans la société et aux droits des membres de la communauté homo-sexuelle*, j’étais occupé ailleurs. En effet, j’avais le privilège, pour la pre-mière fois de ma vie, de célébrer le mariage d’un couple de même sexe. Ils avaient choisi en pleine connais-sance de cause une cérémonie à la fois totalement gay et totalement humaine et juive.Quand nous avons eu vent des déclarations de ces deux députés, nous avons pensé que nous devions présenter à l’opinion publique une vision du monde radicalement différente. Le public devait pouvoir faire le départ entre le sacré et le pro-fane, la lumière et les ténèbres, ces députés et nous. Avant la tradition-nelle cérémonie, durant la bénédic-tion, j’ai déclaré : “Ce qui a conduit nos ancêtres à édicter un interdit sur l’amour pour une personne du même sexe, ce n’était ni la crainte ni la haine, mais une vision du monde beaucoup plus profonde. Le judaïsme est une ci vilisation de la vie, une sacralité de la vie. La fertilité permet la naissance et la continuité de l’humanité, ce qui est l’essence même de la culture juive de la vie et de la sacralité de la vie. Et parce que, en ces temps anciens, l’homosexualité signifiait infécondité et impossibilité de se multiplier, elle fut interdite et excommuniée. Mais aujourd’hui, avec les découvertes des dernières générations, tout cela a changé. Notre nouvelle famille est très large. Homos et lesbiennes désirent et peuvent être des parents élevant des enfants merveilleux et égaux à n’importe quel autre enfant. Et quand l’excuse de la stérilité devient nulle et

non avenue, la mise au ban violente et horrifiée de l’homosexualité devient nulle et non avenue. L’amour pour les personnes du même sexe, c’est l’amour sensible d’une personne qui aime quelqu’un qui est, littéralement, comme elle. N’est-ce pas une autre interprétation, contemporaine et ac-tuelle, du commandement : ‘Tu aime-ras ton prochain comme toi-même’? L’amour de quelqu’un qui est comme moi, c’est une autre dimension du potentiel amoureux de l’être humain. Ce que ce couple nous offre comme présent, c’est le tikkoun olam, la ré-paration du monde.Ce qui a conduit nos ancêtres à édicter un interdit sur l’amour pour une personne du même sexe, ce n’était ni la crainte ni la haine, mais une vision du monde beaucoup plus profonde. Le judaïsme est une ci vilisation de la vie, une sacralité de la vie. La fertilité permet la naissance et la continuité de l’humanité, ce qui est l’essence même de la culture juive de la vie et de la sacralité de la vie. Et parce que, en ces temps anciens, l’homosexualité signifiait infécondité et impossibilité de se multiplier, elle fut interdite et excommuniée. Mais aujourd’hui, avec les découvertes des dernières générations, tout cela a changé. Notre nouvelle famille est très large. Homos et lesbiennes désirent et peuvent être des parents élevant des enfants merveilleux et égaux à n’importe quel autre enfant. Et quand l’excuse de la stérilité devient nulle et non avenue, la mise au ban violente et horrifiée de l’homosexualité devient nulle et non avenue.N’est-ce pas une autre interprétation, contemporaine et actuelle, du commandement : ‘Tu aime-ras ton prochain comme toi-même’? L’amour de quelqu’un qui est comme moi, c’est une autre dimension du potentiel amoureux de l’être humain. Ce que ce couple nous offre comme présent, c’est le tikkoun olam, la répa-ration du monde.”

Note :* Anastasia Michaëli a déclaré que

“les femmes qui avortent deviennent les-

biennes” et que “la Gay Pride de Tel-Aviv

est une perversion absolue”. Pour Uri

Ariel, “Tsahal ne devrait pas enrôler des

gays, car certaines de leurs pratiques ne

sont pas compatibles avec l’aptitude au

ISRAEL

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SINGAPOUR

LA SEXUALITÉ DES JEUNES EST (HÉLAS) UNE AFFAIRE D’ETAT

Pour enseigner des programmes d’éducation sexuelle modernisés dans les établissements scolaires, le ministere de l’Education de Singapour

entend sélectionner et former des éducateurs dignes de s’attaquer a cette question sensible. Conçus avec une minutie typique de Singapour, les nou-veaux programmes s’adressent aux jeunes dès 11 ans - soit un an plus tôt qu’auparavant, jusqu’à ceux inscrits en premier cycle universitaire. L’objectif est d’enseigner comment gérer les échanges sur les réseaux sociaux en ligne, se protéger lors des rapports et refuser les relations sexuelles avant le mariage, peut-on lire sur le site Internet du ministère.Un nombre croissant de jeunes Singapouriennes qui voudraient dire «non» sont désemparées et se mettent en danger faute de connaissance des méthodes de contraception et des risques des rapports non protégés. Selon des estimations du gouvernement, environ deux milliers d’adolescentes de moins de 19 ans tombent enceintes chaque année [on compte 39 000 naissances annuelles dans l’île Etat].

Professeurs chastes.L’annonce de la modernisation et de la modification des programmes d’éduca-tion sexuelle a déclenché une volée de bois vert sur la page Facebook du minis-tère à propos de l’exigence faite aux enseignants qui superviseraient les cours de «pratiquer des valeurs en accord avec ces enseignements». Or une de ces valeurs est l’abstinence avant le mariage. Le blogueur mrbrown, populaire dans l’île, commente : «Les enseignants qui assureront ces cours devront-ils aussi être abstinents avant le mariage ? La virginité fera-t-elle partie des critères de recrutement? Aurons-nous uniquement des professeurs eunuques ou mariés ?» Et on peut lire dans un tweet : «Est-ce qu’ils remplacent les enseignants quand ils perdent leur virginité ? Et ils les flagellent pendant la réunion du matin ?»Le ministère s’est hâté de calmer le jeu, en répondant aux «piques humoris-tiques» : « Lorsque nous disons que les enseignants doivent avoir des ‘valeurs traditionnelles’, nous disons qu’ils doivent les connaître, et posséder l’expé-rience de la vie et la maturité suffisantes pour transmettre et donner de bons conseils à leurs élèves. Donc non, nous ne mettrons pas notre nez dans la vie

privée de nos enseignants (ouf !)»Toujours est-il que Liew Wei Li, la directrice du développement des programmes, définit ces valeurs comme «l’importance du couple hétérosexuel marié et de la famille comme unité de base de la société, ainsi que le respect des valeurs et des croyances des différentes communautés ethniques et religieuses sur la sexualité.» Elle souligne également que le ministère assurera la promotion de l’abstinence comme «la meilleure option», une option que 73 pour cent des élèves désapprouvent d’ores et déjà.

Lente évolution du code pénal.Comme partout dans le monde, l’éducation sexuelle soulève beaucoup de questions, les jeunes étant bien plus ouverts que leurs parents sur des ques-tions comme l’homosexualité et le mariage gay. En 2007, le gouvernement de Singapour a révisé le code pénal, légalisant le sexe oral et anal - chez les hété-rosexuels et les lesbiennes. Mais il a conservé la section 377A, qui définit les rapports sexuels entre hommes consentants comme un «attentat à la pudeur».Lors du dernier débat sur la question, le Premier ministre Lee Hsien Loong a déclaré devant le Parlement : «Fondamentalement, Singapour est une société conservatrice (...) dont la famille est l’élément de base. Et par famille, ici, nous entendons un homme et une femme mariés, qui ont des enfants et qui les élèvent dans le cadre d’une cellule familiale stable.»Les professeurs d’éducation sexuelle sont face à un dilemme. Car, même si sur le papier, les relations homosexuelles entre hommes adultes consentants demeurent illégales, dans la rue, les choses sont très différentes. Début juil-let, l’organisation de défense des droits des homosexuels, Pink Dot, a ainsi réussi à rassembler plus de 15 000 personnes dans un parc pour célébrer les orientations sexuelles minoritaires. Etant donné l’accès généralisé à Internet et l’inventivité en terme de sexualité, on peine à croire que les jeunes ne vont rien remarquer.Toujours est-il que Liew Wei Li, la directrice du développement des programmes, définit ces valeurs comme «l’importance du couple hétérosexuel marié et de la famille comme unité de base de la société, ainsi que le respect des valeurs et des croyances des différentes.

Légende :Un couple en vacances.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 17À la une

LEÇON D’HOMOPHOBIE

AU LYCÉECELA RESTE UN SUJET TABOU, ET PEU DE CORÉENS SE DÉCLA-RENT OUVERTEMENT GAYS. A L’ÉCOLE, LES ADOLESCENTS «DÉ-MASQUÉS» DOIVENT SUBIR LES MOQUERIES.

K im Su-jin, lycéenne de 16 ans en uniforme, entre dans une pizzeria de Gwangju, non loin de Séoul. Après avoir jeté un bref coup d’œil

pour vérifier qu’il n’y a personne d’autre qu’elle connaît, elle va s’asseoir à côté de Ji Hyeon-a, 17 ans. Dès qu’elles sont côte à côte, les deux jeunes filles se prennent la main. Leur dernier rendez-vous remonte à deux semaines lors d’un concert de piano au Séoul Arts Center. Les deux jeunes filles sont en couple depuis presque 100 jours [un cap important dans les relations en Corée]. Sachant le goût de Hyeon-a pour les crevettes, Su-jin lui fait cadeau de la sienne. Elles se mettent à plaisanter, jouant à s’arroser les doigts de sauce chili. Puis, Hyeon-a pose sa main sur l’épaule de Su-jin qui tourne son visage vers elle. Hyeon-a lui demande si elle l’aime vraiment. Su-jin lui répond qu’elle voudrait l’épouser. Les deux jeunes filles se sont rencontrées sur un forum Internet pour jeunes homosexuels. Elles ont fait connaissance après que Hyeon-a eut répondu aux questions de Su-jin qui allait ren-trer au lycée et se demandait comment cela allait se passer. «Hyeon-a me dit tout ce que j’ai besoin de savoir avec tant de gentil-lesse», explique Su-jin, un grand sourire illuminant son visage. Hyeon-a, elle, prépare les examens pour rentrer à la Séoul National University.

L’école est un terrain miné pour les minorités sexuelles.Un jour, deux professeurs sont arrivés à l’école de Hyeon-a habillés – par hasard - de la même façon. Lorsque des élèves leur demandèrent s’ils étaient en couple, ils leur répondirent de «ne pas dire d’obscéni-tés». Seule Hyeon-a arrêta de rire à cette remarque, blessée par ce commentaire méprisant lancé par un professeur sans une seconde d’hésitation. Elle n’a jamais vu un professeur essayer de mettre un

terme à des plaisanteries cruelles contre des stars homosexuelles comme Hong Seok-cheon [ac-teur et mannequin dont la car-rière s’est brutalement interrom-

pue après son coming out] ou Harisu [chanteuse, actrice et mannequin qui a changé de sexe dans les années 1990]. Ces scènes étaient inédites pour Hyeon-a qui a passé ses années de collège aux Etats-Unis. «Aux Etats-Unis, j’ai dit à ma conseillère sco-laire que j’avais un faible pour une de mes camarades, raconte-t-elle. Elle m’a félicitée et m’a dit en souriant de venir avec elle la prochaine fois. Ca n’arriverait jamais en Corée. Je ne sais même pas où trouver mon conseiller scolaire.» Une visite sur un forum réservé aux minorités sexuelles montre que de nombreux jeunes ont été «dénoncés», leur homosexualité révé-lée contre leur volonté. «Mon prof a dit à ma classe : faites attention parce que X est gay», écrit ainsi un internaute. Hyeon-a a déjà vu cinq membres du forum arrêter l’école après avoir été «démasqués». C’est pour cela qu’elle fait attention quand elle rencontre Su-jin. Les deux jeunes filles choisissent minutieusement leurs lieux de rencontre pour ne pas tomber sur des camarades de classe. Interrogée sur son identité sexuelle, Hyeon-a répond :

«je ne suis pas sure a 100% d’etre lesbienne, peut-etre qu’un jour j’aimerai un homme. Mais je ne comprends pas pourquoi

vous parlez de l’homosexualité entre jeunes comme d’une faute. L’amour, hétérosexuel ou homosexuel, est également

respectable, non?»

Hyeon-a a pris conscience de son attirance pour les filles vers l’âge de 15 ans, Su-jin vers 12 ans. Avec le temps, elles sont de plus en plus sûres de leur identité sexuelle. D’après le paragraphe 6 de l’article 2 . la charte des étudiants de Séoul, «les étudiants ont le droit de ne pas subir de discrimination liée à leur orientation sexuelle». Les deux jeunes filles ont prévu de participer au défilé du Korea Queer Culture Festival [marche qui a été organisée le 2 juin à Séoul, visant à sensibiliser l’opi-nion publique à la question des droits des minorités sexuelles.

CORÉE DU SUD

ITALIELES SPORTIFS AUSSI PEUVENT ETRE GAYS

Dans une société encore trïs traditionaliste et particuliïre-ment homophobe, le livre «Il campione innamorato» [«Le champion amoureux] qui sort aujourd’hui risque de faire grand bruit. Ses auteurs, Alessandro Cecchi Paone et Flavio Pagano, ont tenu ï lever un tabou vieux comme le monde : on peut ïtre sportif et homosexuel. Mais en Italie, il ne faut surtout pas le dire.

SUEDEOUI... MAIS PAS CHEZ NOUS

Les allemands qui ont été éloignés des pelouses aprïs avoir révélé leur homosexua-lité. D’aprïs le quotidien, «le sport est le terrain du machisme, le football encore plus et l’Italie bat tout le monde». L’annonce de la sortie du livre n’a suscité aucune réaction de la part du milieu sportif italien. Comme si la question de l’homo-sexualité des sportifs.

ANGLETERRELE JOYEUX LAITIERS EST-IL GAY?

Elles sont mïme 41,4% ï penser qu’un enseignant ne peut pas ïtre homosexuel. Les gays puissent adopter. Au sud de l’Italie, la discrimina-tion envers les homosexuels semble la plus forte: 32.3% des sondés associent homo-sexualité et immoralité. Pour 28,3% d’entre eux, l’homo-sexualité est mïme considé-rée comme une maladie.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012Transversale18

DES CHERCHEURS SUÉDOIS PLANCHENT SUR DE NOUVEAUX MATÉRIAUX QUI POURRAIENT ALIMENTER DES VOITURES.

De plus en plus de constructeurs automobiles sortent des véhicules hybrides, voire entièrement

électriques un moyen de réduire le recours aux car-burants fossiles et de supprimer les émissions pol-luantes. Hélas, ces voitures coûtent relativement cher, et les véhicules cent pour cent électriques ont en outre une autonomie limitée. C’est le cas par exemple de la Tesla Roadster, une voiture de sport électrique. Sa batterie pèse 450 kg, soit plus d’un tiers du poids total du véhicule. Il faut beaucoup d’énergie ne serait-ce que pour transporter une batterie de ce poids. “Si nous voulons imposer l’utilisation de la voiture élec-trique, nous devons réduire le poids des véhicules. C’est le point de départ de nos travaux”, confie Leif Asp, coordinateur d’un réseau de chercheurs qui est en train de mettre au point une voiture électrique de conception inédite, dans laquelle une partie de la car-rosserie elle-même joue le rôle de batterie grâce à de nouveaux matériaux à base de fibres de carbone. “Nous avons réussi à trouver des variétés de fibres de carbone extrêmement efficaces pour héberger des

Un matériau léger, résistant, capable de stocker de l’énergie Les ions lithium sont une composante incontournable des batteries au lithium, prédominantes dans l’élec-tronique moderne. La fibre de carbone était jusqu’à présent utilisée dans les articles de sport haut de gamme comme les cycles et les raquettes de ten-nis. Associée au plastique, elle donne naissance à un matériau qui est à la fois léger et résistant. Au-jourd’hui, l’usage de la fibre de carbone se répand progressivement dans l’aéronautique et l’automobile.

Des batteries a base d’algue verteA moins que la batterie en fibre de carbone du futur ne soit à base d’algue verte. Chercheuse à l’univer-sité d’Uppsala, Maria Strömme consacre ses travaux à ce matériau. La chercheuse et son doctorant, Albert Mihranyet, ont fait sensation en présentant une bat-terie constituée d’éléments rudimentaires, dont un “papier” à base de Cladophora glomerata – une algue verte – mélangée à de l’eau, du sel de cuisine et un

peu de plastique. Leif Asp souligne que le chemin qui mène à la voiture neutre pour le climat est long et semé d’embûches, et que coexisteront certaine-ment un grand nombre de modèles hybrides diffé-rents, dont l’énergie sera fournie au moins en partie par des batteries. Aujourd’hui, l’équipe de chercheurs d’Uppsala a reçu des fonds pour exploiter sa décou-verte et mettre au point des batteries puissantes utili-sables dans l’industrie automobile. Leif Asp souligne que le chemin qui mène à la voiture neutre pour le climat est long et semé d’embûches, et que coexis-teront certainement un grand nombre de modèles hybrides différents, dont l’énergie sera fournie au moins en partie par des batteries. Mais notre ambition doit être de réduire l’utilisation du moteur à combus-tion interne, afin de s’en affranchir complètement à terme.

Piéton de tous les pays.

Imprimante 3D.

Un faux poisson qui joue au cascadeur.

innovation

infographie 20

18-21

.....

.....

Quand la carrosserie des voitures servira de batterie.

Légende : Image du film

«Starsky et Hutsh».

QUAND LA CARROSSERIE DES VOITURES SERVIRA DE BATTERIE

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 19Transversale

Laboratoire national du Nord-Ouest Pacifique Aux Etats-Unis,

dans les barrages du Nord-Ouest Pacifique, quelque chose de mys-térieux provoque la mort des pois-sons. Chaque printemps, des dizaines de millions de jeunes sau-mons traversent les barrages hy-droélectriques du fleuve Columbia pour rejoindre l’océan, et chaque année on retrouve 10 % d’entre eux à la surface, asphyxiés ou en-sanglantés. La cause exacte de ce phénomène est longtemps restée inconnue.

L’avenir des robots.Frustré de ne pas savoir ce qui se passait à l’intérieur des turbines des barrages, Tom Carlson, spé-cialiste de l’halieutique au Labo-ratoire national du Nord-Ouest Pacifique, a conçu son propre dis-positif afin de percer ce mystère : un flotteur robotique appelé Sensor Fish, ou poisson capteur. En en-voyant ses robots aquatiques sur des centaines de missions, il a pu observer ce qui arrivait aux jeunes saumons lors de leur périlleux pas-sage à travers les barrages. Tom Carlson a mis au point un dispositif capable de reproduire l’expérience d’un poisson traversant un barrage [voir schéma]. Equipé d’accéléro-mètres angulaires et linéaires, d’un indicateur de pression et de gyros-copes, ce dispositif devait identifier le mouvement exact des poissons dans les entrailles des barrages et déterminer s’ils se heurtaient aux contreforts en ciment ou aux tur-bines lors de leur passage. Cette technologie a un coût : fabriqué à la main, le poisson capteur vaut environ 4 000 dollars [3 186 euros] pièce. Et le dispositif est loin d’être parfait : une fois sur dix, le capteur disparaît à jamais dans le barrage.

“Chaque fois que nous en per-dons un, j’ai l’impression de voir ma Toyota adorée engloutie par les eaux”, a confié Tom Carlson. Loin de se laisser décourager, il a envoyé des centaines de poissons capteurs dans le fleuve Columbia. En 2000, il disposait ainsi d’un grand nombre de données révé-lant que, lorsqu’un jeune saumon royal passe devant les pales des turbines d’un barrage, la pres-sion autour de son corps chute brutalement. Sa vessie natatoire [organe des poissons se présen-tant comme un sac rempli de gaz] se gonfle alors brusquement, ce qui abîme ses organes et produit même des bulles à l’intérieur de son sang, un phénomène similaire aux accidents de décompression dont les plongeurs sont parfois vic-times. Les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi certains poissons sont plus victimes de ce phénomène que d’autres, mais heureusement la plupart des bar-rages sont équipés de déversoirs et d’évacuateurs de crues que les poissons peuvent emprunter, limi-tant ainsi leur taux de mortalité.Les nombreuses données recueillies par ce saumon de substitution ont permis l’élaboration d’une nouvelle turbine moins nuisible aux pois-sons, la turbine Alden.

D’apres ses constructeurs. Actuellement utilisées (turbines Ka-plan), avec un rendement maximal d’environ 95 %. Les dimensions de la turbine s’adaptent parfaitement à la taille des canaux, évitant ainsi aux poissons de se coincer dans les pales. Cela lui permet également de brasser plus d’eau, d’où son rendement élevé. Enfin, sa forme en tire-bouchon limite les gradients de pression qui affectent les pois-

sons dans les turbines standards. Cependant, on attend toujours qu’un modèle grandeur nature soit construit afin de confirmer tous ces avantages.

En attendant, les poissons capteurs.Eux-mêmes s’améliorent. Le pre-mier modèle mesurait plus de 17 centimètres de long, soit la taille moyenne d’un éperlan, alors que le dernier modèle de Tom Carlson est deux fois plus petit et devrait encore voir sa taille réduite. Tom Carlson travaille en effet avec une équipe de chercheurs sur un pro-jet qui va coûter 400 000 dollars [319 412 euros], visant à réduire le poisson capteur à une sphère de 2,5 cm de diamètre. Grâce à la miniaturisation, ce dispositif pourrait être implanté sur un vrai poisson et recueillir des données encore plus pré-cises. De nouvelles turbines sous-marines vont être ins-tallées dans la baie Cobs-cook (Maine), dans le détroit de Puget (Washington) et même dans l’East River, à New York, afin de transfor-mer l’énergie de ces eaux en électricité sans l’aide d’un barrage. Le danger des pales de turbines reste ce-pendant le même pour les poissons. Les concepteurs de ces installations et les agents de protection de la faune et de la flore comptent sur le poisson capteur pour mettre au point les systèmes les plus inoffensifs pour les poissons.parfaitement à la taille des canaux, évitant ainsi aux poissons de se coincer dans les pales. Cela lui per-

met également de brasser plus d’eau, d’où son rendement élevé. Enfin, sa forme en tire-bouchon limite les gradients de pression qui affectent les poissons dans les turbines standards. Cependant, on attend toujours qu’un modèle grandeur nature soit construit afin de confirmer tous ces avantages.En attendant, les poissons cap-teurs eux-mêmes s’améliorent. Le premier modèle mesurait plus de 17 centimètres de long, soit la taille moyenne d’un éperlan, alors que le dernier modèle de Tom Carlson est deux fois plus petit et devrait encore voir sa taille réduite.

Le créateur Tom Carlson.Il travaille en effet avec une équipe de chercheurs sur un projet qui va coûter 400 000 dollars [319 412 euros], visant à réduire le poisson capteur à une sphère de 2,5 cm de diamètre. Grâce à la minia-turisation, ce dispositif pourrait être implanté sur un vrai poisson et recueillir des données encore plus précises. De nouvelles tur-bines sous-marines vont être ins-tallées dans la baie Cobscook (Maine), dans le détroit de Puget (Washington) et même dans l’East River, à New York, afin de trans-former l’énergie de ces eaux en électricité sans l’aide d’un barrage. Le danger des pales de turbines reste cependant le même pour les poissons. Les concepteurs de ces installations et les agents de protection de la faune et de la flore comptent sur le poisson cap-teur pour mettre au point les sys-tèmes les plus inoffensifs pour les poissons. Le danger des pales de turbines reste cependant le même pour les poissons.

UN FAUX POISSON QUI JOUE AU CASCADEUR

CETTE TECHNIQUE DE CRÉATION PEUT SERVIR À REPRODUIRE DES FOSSILES, OUVRANT DES HORIZONS POUR LE MONDE.

LE PRÉSIDENT ALEXANDRE LOU-KACHENKO VIENT DE NATIONALISER, SUR UN COUP DE TÊTE, DEUX USINES DE CONFISERIE DONT LE CAPITAL ÉTAIT PARTIELLE-MENT DÉTENU PAR UN HOMME D’AF-FAIRES AMÉRICAIN. UNE MÉTHODE DÉJÀ RODÉE, QUI PROFITE À LA NOMENKLATURA LOCALE.

LES BONBONS, UNE INDUSTRIE STRATÉGIQUE

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carest par des connaissances ou à travers les réseaux so-ciaux ont une bonne opinion de la capitale, comme on peut le voir par les messages postés sur des sites. Ils évoquent une ville énig-matique, qui offre de nombreuses “oasis pour se détendre”. Le soir, les terrasses du vieux centre ne dé-semplissent pas. “Cette ville gagne à être découverte, de même que la Roumanie tout entière. Les étrangers veulent voir la Maison du peuple, sont intéressés par la politique, la culture, les aspects sociaux”, dit Vera, membre de Couch Surfing, un réseau social qui met en contact de jeunes voyageurs du monde entier.

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PIÉTON DE TOUT LES PAYS, TRAVERSEZ...

APPARUE POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 1969, CETTE SIGNALÉTIQUE A DEPUIS FAIT LE TOUR DU MONDE.

Jan schwochow. Designer et jour-naliste, il dirige à Berlin l’agence

Golden Section Graphics, qui publie deux fois par an InGraphics, une revue bilingue en allemand et en an-glais entièrement dédiée à la visua-lisation de l’information. Avec son équipe, il collabore régulièrement avec des médias comme Die Zeit et The New York Times Magazine. L’infographie que nous publions ici, parue dans InGraphics, s’inspire du vif débat qui a traversé l’Allemagne unifiée dans les années 1990 à pro-pos de l’harmonisation ou non des feux de signalisation. Aujourd’hui, le petit bonhomme au chapeau, s’il continue de guider les piétons à Berlin-Est, s’affiche aussi parfois

à l’Ouest. Contrairement à d’autres années où Bucarest se vidait pen-dant les vacances d’été, la capitale semble émerger sur la scène tou-ristique de l’Europe. Bien sûr, ce n’est pas une fourmilière comme d’autres capitales européennes. Elle ne peut ni rivaliser avec l’architec-ture de Londres ni offrir des musées de la taille du Louvre, mais pour la première fois on sent que ce n’est plus une ville complètement igno-rée. L’Institut national de la statis-tique (INS) confirme que le nombre de touristes étrangers est passé de 449 000 en 2005 à près de 700 000 en 2011. Des chiffres qui sont tou-tefois encore loin d’atteindre ceux de Prague, voire de Kiev.Mais la tendance est à la hausse : dans les premiers mois de 2012, Bucarest a reçu 11 % de visiteurs de plus qu’en 2011. “Il est vrai que beaucoup d’étrangers viennent ici surtout pour les affaires et moins pour visiter Bucarest”, regrette

Adriana Caranfil, de l’Association nationale des agences de voyages. Incontournable Ceausescu Bucarest a commencé à prendre de l’ampleur dans le tourisme du clubbing. Le succès de la musique dance made in Romania [Inna, Man-dinga, Edward Maya, Alexandra Stan sont des chanteurs pop d’ori-gine roumaine] attire des jeunes à Bucarest. “Ils viennent spécialement pour les clubs, les belles filles et les casinos”, dit Răzvan Pascu, conseil-ler en tourisme. Maintenant que le vieux centre a été rénové et rendu piéton, et que le musée [d’histoire naturelle] Gri-gore-Antipa a été modernisé, Buca-rest commence à ressembler à une capitale touristique. On y trouve un centre d’information touristique, des bus adéquats pour transporter les vi-siteurs, et le palais du Parlement est chaque matin rempli de touristes. Les touristes qui ont découvert Bu-

Légende : Tapis passage

piéton.

Page 21: Courrier international

COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 21Transversale

Légende : Mini imprimante de

Banday.

En 2007, Christoph Zollikofer a assisté à la naissance du premier homme de

Neandertal des temps modernes. Dans son laboratoire d’anthropologie de l’université de Zurich, une machine de la taille d’une pho-tocopieuse a donné naissance à un crâne de bébé Homo neanderthalensis au terme d’un accouchement bruyant mais sans dou-leur de vingt heures, rythmé par le vrombis-sement des moteurs et les projections de plastique.

Une technologie miniatureA la manière d’une imprimante à jet d’encre qui imprime ligne par ligne, de nombreuses imprimantes 3D modernes déposent de la matière couche par couche sur une surface, créant progressivement une forme. Elles uti-lisent habituellement du plastique. D’autres appareils modèlent des couches solides à l’intérieur d’une cuve contenant du plastique liquide ou en poudre, généralement à l’aide de rayons ultraviolets ou infrarouges.Christoph Zollikofer Ce miracle de la moder-nité était le fruit d’une longue gestation : à partir du squelette d’un nouveau-né néandertalien, l’équipe de Zollikofer a sélectionné des ossements adap-tés qui ont ensuite été analysés puis assemblés sur ordinateur, un processus qui a duré des années. La naissance proprement dite a en revanche été très simple : Zol-likofer s’est contenté d’appuyer sur la touche “imprimer” de son impri-mante 3D à 50 000 dollars [41 000 euros].Zollikofer a été l’un des pion-niers de l’impression 3D appliquée à la recherche : il y a vingt ans, il utilisait un prototype encore plus coûteux qui employait des produits toxiques et des solvants, autant de contraintes qui rebutaient alors la plupart des chercheurs.

La portabilité au maximumC’est ainsi possible d’imprimer n’importe quelle forme complexe. D’après Terry Wo-hlers, consultant et spécialiste des études de marché à Fort Collins (Colorado), des systèmes en kit pour particuliers sont à pré-sent disponibles à partir de 500 dollars [400 euros], alors que les systèmes industriels

coûtent en moyenne 73 000 dollars [60 000 euros]. Il ajoute que l’an passé il s’est vendu environ 30 000 de ces imprimantes à travers le monde. Un tiers de celles se situant dans la gamme de prix comprise entre 15 000 et 30 000 dollars [12 000 et 24 000 euros] ont été acquises par des institutions universi-taires.Les premiers adeptes de cette tech-nologie l’emploient pour étudier des molé-

cules complexes, fabriquer des outils de laboratoire sur me-sure, échanger des objets rares ou encore pour créer du tissu cardiaque qui bat. De plus en plus de personnes se rendent aux conférences de paléontolo-gie et d’anthropologie munis de répliques de leurs fossiles ou ossements favoris. “Un anthro-pologue sans les bons outils d’infographie ni imprimante 3D,

c’est aujourd’hui aussi impensable qu’un gé-néticien sans séquenceur”, assure Zollikofer.Les sorties imprimées offrent des éclairages inédits par rapport aux techniques conven-tionnelles. Ainsi, les fossiles de nouveau-nés néandertaliens étant d’une grande rareté,

Zollikofer ne souhaitait pas prendre le risque de réaliser un moulage en plâtre pour re-produire son fragile spécimen. Sa réplique imprimée lui a cependant permis d’étudier le déroulement des accouchements chez les néandertaliens. Outre le crâne de nou-veau-né, il a également imprimé le bassin d’une femme néandertalienne adulte afin de

reconstituer un accouchement. Dans ses travaux, Zollikofer utilise des modélisations tantôt imprimées, tantôt virtuelles. Ces der-nières sont utiles au calcul des volumes et à l’assemblage de fragments d’os : en effet, elles permettent aux chercheurs de les dis-poser dans l’espace tout en échappant aux contraintes de la gravité. Il affirme néanmoins que ces versions virtuelles “nous privent des sensations tactiles voire de toute notion de la taille des fossiles”. Elles utilisent habituellement du plastique. D’autres appareils modèlent des couches solides à l’intérieur d’une cuve contenant du plastique liquide ou en poudre, généralement l’aide de rayons.Sa réplique imprimée lui a cependant permis d’étudier le déroulement des accouchements chez les néanderta-liens. Il affirme néanmoins que ces versions virtuelles “nous privent des sensations tac-tiles voire de toute notion de la taille des fos-siles”.

L’IMPRIMANTE DE DEMAIN

CETTE TECHNIQUE DE CRÉATION D’OBJETS OUVRE DE NOUVEAUX HORIZONS POUR LE MONDE DE LA RECHERCHE.

LES BONBONS, UNE INDUSTRIE STRATÉGIQUE.LE PRÉSIDENT ALEXANDRE LOUKACHENKO VIENT DE NATIONALISER, SUR UN COUP DE TÊTE, DEUX USINES DE CONFISERIE DONT LE CAPITAL ÉTAIT PARTIELLEMENT DÉTENU PAR UN HOMME D’AFFAIRES AMÉRICAIN. UNE MÉTHODE DÉJÀ RODÉE, QUI PROFITE À LA NOMENKLATURA LOCALE.

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012360 °22

ROMNEY DIT, «LA GAFFE»

OHIO MON AMOUR...

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ON ALLAIT PRESQUE OUBLIERParmi les différents “Etats bascules” qui feront la différence lors de la présidentielle du 6 novembre, l’Ohio est le plus dé-terminant : celui qui l’emportera là sera très vraisemblablement le prochain occupant du Bureau ovale. Le monde musulman célébrera l’Aïd-el-Kébir, ou fête du sacrifice, le 26 octobre. Au cours de cette dernière, la plus importante du monde musul-

man, les familles égorgent un mouton en souvenir du sacrifice fait par Abraham.Pour l’occasion, la Syrie pourrait respecter une trêve. Selon Lakhdar Brahimi, médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe, Bachar El-Assad aurait accepté un cessez-le-feu. L’état-major de l’armée régulière devait se prononcer ce 25 octobre. Quant aux insurgés, ils semblent très divisés sur la question.

Le candidat républicain a ré-cemment accumulé les gaffes lors des débats l’opposant ï Obama ou dans des réunions électorales. Il a ainsi déclaré, lors du dernier débat avec Oba-ma, en répondant ï une question sur la place qu’il accorderait aux femmes, qu’il avait «des dossiers pleins de femmes», en voulant dire ‘des dossiers pleins de CV de femmes ; le lapsus a mis en joie la blogos-phïre : des parodies, chansons et autres cartoons sur les ‘dos-siers pleins de femmes’ ont fleuri sur les sites.En affirmant que 47 % d’Amé-ricains - l’électorat d’Obama, en gros - vivaient d’alloca-tions, Romney s’est attiré de

nombreuses critiques, comme avec son projet de couper les fonds publics ï la chaîne PBS et de sacrifier l’émission «1, rue Sé-same», dont Le gros oiseau est l’un des personnages emblé-matiques. Le monde musulman célébrera l’Aïd-el-Kébir, ou fïte du sacrifice, le 26 octobre. Au cours de cette derniïre, la plus importante du monde musul-man, les familles égorgent un mouton en souvenir du sacri-fice fait par Abraham.

C’était le grand absent de la campagne améri-caine : le changement climatique. Dans ses discours, Mitt Romney ne l’a jamais mentionné ; ou alors seulement sur le ton de la boutade, lorsqu’à la Convention républicaine il a lancé, goguenard : «Le prési-dent a promis de ralen-tir la montée du niveau des mers...». Barack Obama a lui aussi évité le sujet, sans doute pour ne pas s’entendre reprocher qu’il a l’intention d’im-poser des restrictions aux entreprises, fragi-lisées par des années de difficultés. Mais aussi parce que des mesures pour limiter les émissions de gaz à effet de serre implique-raient inévitablement une hausse des prix de l’énergie. Une pers-pective bien trop dan-gereuse dans une campagne très largement concentrée sur le thème de l’économie.Résultat, pas un mot sur le réchauf-fement climatique au cours des trois débats qui ont opposé les deux can-didats, pas même une question de la part des modérateurs. Mais voilà que Sandy s’abat sur New York, et que le sujet s’impose de lui-même...Dessin de Chappatte paru dans In-ternational Herald Tribune

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COURIER INTERNATIONAL - n° 1146 du 18 au 24 octobre 2012 23360 °

Les républicains du Congrès américain cherchent à tout prix à réaffirmer leur opposition viscérale à la réforme de la couverture maladie du président Barack Obama, alors que la Cour suprême a confirmé la constitutionnalité du texte.Demain (11 juillet), la Chambre des représentants, dominée par les adversaires du président démocrate, va se prononcer contre le texte qui prévoit d’étendre la couverture maladie à 32 millions d’Américains. Il s’agit toutefois d’un vote symbolique, qualifié par le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, de «vote spectacle».

Le grand hebdoma-daire, créé librenen 1933, a annoncé que sa derniïre édi-tion imprimée sor-tirait fin décembre. L’hebdomadaire a vu le nombre de ses abonnés divisé par deux entre 2001 et 2012 - ils sont pas-sés de 3 158 000 ï 1 527 000.Il y a deux ans, la nouvelle direction du magazine avait tenté de relancer le titre et de prendre le virage du numé-rique, en fusionnant avec The Daily Beast, un webzine qui attire 15 millions d’internautes par

INDÉCROTTABLES

LE CÔTÉ OBSCUR

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DISNEY

EN QUELLE TAILLE, VOTRE IPAD?

L'annonce de l'iPad mini, le 23 oc-tobre, n'a pas suscité la vague d'en-thousiasme que d'autres produits de la marque à la pomme ont, en leur temps, s o u l e v é . L e s républicains du Congrès améri-cain cherchent à tout prix à réaf-firmer leur oppo-sition viscérale à la réforme de la couverture mala-die du président Barack Obama, alors que la Cour suprême a confirmé la constitutionnalité du texte.Demain (11 juillet), la Chambre des représentants, dominée par les adver-saires du président démocrate, va se prononcer contre le texte qui prévoit d’étendre la couverture maladie à 32 millions d’Américains. Il s’agit toutefois d’un vote symbolique, qualifié par le chef de la majorité démocrate du Sé-nat, Harry Reid, de «vote spectacle».

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DU CATCH À LA LUTTE POLITIQUECONNECTICUT - LE SCANDALE DES DÉCLARATIONS DE MITT ROMNEY SUR LES 47 % D’AMÉRICAINS QUI NE PAIENT PAS D’IMPÔT S’EST IMMISCÉ DANS LES CAMPAGNES LOCALES. DANS L’ETAT MODÉRÉ DU CONNEC-TICUT, UNE CANDIDATE RÉPUBLICAINE A PRIS SES DISTANCES POUR TENTER DE RATTRAPER LE COUP, EN VAIN.

DES CHIFFRES ET DES LETTRESÉLECTIONS AMÉRICAINES - LE FACE-À-FACE ROM-NEY-OBAMA, DEUX PERSONNALITÉS QUE TOUT OPPOSE, PRÉ-SENTE LE SPECTACLE LE PLUS FASCINANT DEPUIS DEUX GÉNÉRATIONS.

UN HABIT DE LUMIÈRES ALLE-MANDES POUR LE CHRIST DE RIOBRÉSIL-ALLEMAGNE- POUR CÉLÉBRER L’ANNÉE DE L’ALLEMAGNE AU BRÉ-SIL, QUI SE DÉROULERA EN 2013, L’ARCHEVÊ-CHÉ DE RIO A AUTORISÉ LE CONSULAT D’ALLE-MAGNE À ILLUMINER LA CÉLÈBRE STATUE DU CHRIST, SYMBOLE DE LA VILLE, AUX COULEURS NOIR, ROUGE ET OR DU DRAPEAU ALLEMAND.

UN OPÉRA AMBU-LANT DANS LES RUES DE TIJUANAMEXIQUE - A TIJUANA, À LA FRONTIÈRE MEXICO-AMÉRICAINE, DES CHANTEURS D’OPÉRA INVESTISSENT LES LIEUX PUBLICS. LEUR COMPA-GNIE ATYPIQUE, OPERA AMBULANT, SE PRODUIT DANS LES RUES, LES PLACES, ET MÊME DANS LA «FILE D’ATTENTE» À LA FRONTIÈRE. HISTOIRE DE FAIRE PARTAGER LE BEL CANTO À TOUT UN CHACUN.

LA RÉVOLUTION SUR UN AIR DE HIP-HOPVENEZUELA - LE RAPPEUR MASTER A GRANDI DANS UN QUARTIER DE CARACAS ACQUIS À CHÁVEZ. IL VOIT DANS LE HIP-HOP UN INSTRU-MENT DE TRANSFORMA-TION SOCIALE.

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