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El Watan ÉCONOMIE Du lundi 20 au dimanche 26 juin 2011 Supplément hebdomadaire n°294 - GRATUIT - Email : [email protected]/Tél. - Fax : 021 65 58 66 El Watan ÉCONOMIE ARRÊTÉS DE COMPTES : QUAND LES REPORTS DE DÉLAI DESSERVENT P11 PHOTO : H. LYÈS ON A BEAU L’APPELER PAYS EN DÉVELOPPEMENT, L’ALGÉRIE SERAIT EN FAIT CONDAMNÉE À DEMEURER SOUSDÉVELOPPÉE. Nombreux sont ceux à en avoir fait le constat à l’occasion des premières assises générales de la société civile tenue la semaine dernière au Palais des nations. Certains, à l’instar de Abdelhak Lamiri, l’ont clairement soutenu : «Nous sommes structurés pour rester sous-développés», a-t-il déclaré lors des débats qui ont marqué les travaux de l’atelier consacré au «nouveau régime de croissance». Experts en économie, chef d’entreprise, syndicats autonomes, chercheurs universitaires ont pris part à ces débats qui ont parfois complètement dérapé entre les nostalgiques du socialisme et les défenseurs de l’économie de marché. Entre les deux un constat : l’Algérie n’a toujours pas de stratégie économique claire et se trouve encore dans une situation où l’on se demande quel rôle devrait jouer l’Etat dans la sphère économique et comment passer d’une économie rentière à une économie productive. Lire en pages 2 à 4 TANDIS QUE DES RESPONSABLES DES SERVICES AGRICOLES DE LA WILAYA DE TIZI OUZOU PARLENT D’UNE PROGRESSION DE LA PRODUCTION DE LA CERISE POUR CETTE ANNÉE, en affichant des bilans qui se veulent optimistes et positifs, la position de ce produit sur le marché local est loin d’être réjouissante, que ce soit sur le plan des rendements, de la qualité du fruit ou de son prix qui n’est toujours pas à la por- tée des bourses moyennes. C’est, au moins, ce que pensent à l’unanimité les arboriculteurs rencontrés lors de la deuxième fête de la cerise organisée du 16 au 18 juin au village Aït Allaoua dans la commune d’Iboudrarène (50 km au sud-est de Tizi Ouzou). Pages 8-9 LA SUBSTITUTION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU NUCLÉAIRE ET LES AUTRES ÉNERGIES FOSSILES A FINI PAR S’IMPOSER COMME LE DÉFI MAJEUR QUI DICTE DÉSORMAIS LES MUTATIONS GÉNÉRALES DE L’ÉCONO MIE MONDIALE. Les enjeux géostratégiques et la scène politico- économique mondiale sont particulièrement empreints par cette nouvelle donne. C’est la tendance qui caractérise désormais tout événement en rapport avec le secteur énergétique, comme cela a été le cas lors du Salon international des énergies renouvelables Power Gen qui s’est tenu la semaine dernière à Milan en Italie où les multinationales, ayant réussi des innovations impressionnan- tes dans le domaine des énergies nouvelles, se sont présentées en guest star. Page 10 RECUL DANS LA PRODUCTION CETTE ANNÉE SALE TEMPS POUR LA CERISE ! ÉNERGIES RENOUVELABLES LES PAYS DU SUD COMME ÉTAPE POST-NUCLÉAIRE LA MAUVAISE GOUVERNANCE, LA MAUVAISE GOUVERNANCE, CE MAL ALGÉRIEN CE MAL ALGÉRIEN UTILISATION DE L’AMÉLIORANT DANS LE PAIN EN ALGÉRIE Des quantités de pain sont jetées dans les poubelles. Pourquoi ? Sa qualité est mise en cause. L’améliorant est suspecté d’être à l’origine de ce gâchis, car cet ingrédient, dont la composition relèverait du «secret commercial», est nécessaire à la cuisson du pain dans le four rotatif. Il s’agit d’une question de santé publique dont les retombées et les enjeux économiques sont très importants. C’est ce que cette enquête tente de démontrer en l’absence d’une étude sur les risques réels des additifs alimentaires avec les acteurs de la chaîne de fabrication du pain, de la matière première, le blé tendre, en passant par la minoterie, le boulanger et enfin le consommateur du produit final qui est le pain. Pages 7 à 9 alors que la tunisie est boudée A une semaine des grands départs, alors que la destination tunisienne est boudée, les Algériens ne se bousculent pas pour réserver dans les hôtels balnéaires algériens. La situation mérite une tentative d’analyse, même sommaire. Et ma pre- mière conclusion est que le marché algérien n’est toujours pas prêt à profiter des conjonctures politiques, religieuses et économiques par ce que le paysage est «parasité» par trop d’idées–reçues. Au risque de choquer plus d’un, je ne partage pas l’idée selon laquelle la conjoncture politique actuelle qui sévit dans le monde arabe est propice à la destination Algérie. Page 12 Les hôtels balnéaires algériens n’affichent toujours pas complet ! LES CHRONIQUES repères économiques de abdelhak lamiri l’analyse d’el kadi Ihsane Les trois futures erreurs potentielles du gouvernement P5 La crise de gouvernance du secteur de l’énergie pèse sur l’avenir P2 PREMIÈRES ASSISES DU CNES SUR LA SOCIÉTÉ CIVILE LA SANTÉ OTAGE LA SANTÉ OTAGE D’ENJEUX ÉCONOMIQUES D’ENJEUX ÉCONOMIQUES PHOTO : D. R.

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Page 1: EL_WATAN_20110620_ECO

El Watan ÉCONOMIEDu lundi 20 au dimanche 26 juin 2011 Supplément hebdomadaire n°294 - GRATUIT - Email : [email protected]/Tél. - Fax : 021 65 58 66

El Watan ÉCONOMIE

ARRÊTÉS DE COMPTES : QUAND LES REPORTS DE DÉLAI DESSERVENT P11

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ON A BEAU L’APPELER PAYS EN DÉVELOPPEMENT, L’ALGÉRIE SERAIT EN FAIT CONDAMNÉE À DEMEURER SOUSDÉVELOPPÉE. Nombreux sont ceux à en avoir fait le constat à l’occasion des premières assises générales de la société civile tenue la semaine dernière au Palais des nations. Certains, à l’instar de Abdelhak Lamiri, l’ont clairement soutenu : «Nous sommes structurés pour rester sous-développés», a-t-il déclaré lors des débats qui ont marqué les travaux de l’atelier consacré au «nouveau régime de croissance». Experts en économie, chef d’entreprise, syndicats

autonomes, chercheurs universitaires ont pris part à ces débats qui ont parfois complètement dérapé entre les nostalgiques du socialisme et les défenseurs de l’économie de marché. Entre les deux un constat : l’Algérie n’a toujours pas de stratégie économique claire et se trouve encore dans une situation où l’on se demande quel rôle devrait jouer l’Etat dans la sphère économique et comment passer d’une économie rentière à une économie productive. Lire en pages 2 à 4

TANDIS QUE DES RESPONSABLES DES SERVICES AGRICOLES DE LA WILAYA DE TIZI OUZOU PARLENT D’UNE PROGRESSION DE LA PRODUCTION DE LA CERISE POUR CETTE ANNÉE, en affichant des bilans qui se veulent optimistes et positifs, la position de ce produit sur le marché local est loin d’être réjouissante, que ce soit sur le plan des rendements, de la qualité du fruit ou de son prix qui n’est toujours pas à la por-tée des bourses moyennes. C’est, au moins, ce que pensent à l’unanimité les arboriculteurs rencontrés lors de la deuxième fête de la cerise organisée du 16 au 18 juin au village Aït Allaoua dans la commune d’Iboudrarène (50 km au sud-est de Tizi Ouzou). Pages 8-9

LA SUBSTITUTION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU NUCLÉAIRE ET LES AUTRES ÉNERGIES FOSSILES A FINI PAR S’IMPOSER COMME LE DÉFI MAJEUR QUI DICTE DÉSORMAIS LES MUTATIONS GÉNÉRALES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE. Les enjeux géostratégiques et la scène politico-économique mondiale sont particulièrement empreints par cette nouvelle donne. C’est la tendance qui caractérise désormais tout événement en rapport avec le secteur énergétique, comme cela a été le cas lors du Salon international des énergies renouvelables Power Gen qui s’est tenu la semaine dernière à Milan en Italie où les multinationales, ayant réussi des innovations impressionnan-tes dans le domaine des énergies nouvelles, se sont présentées en guest star. Page 10

RECUL DANS LA PRODUCTION CETTE ANNÉESALE TEMPS POUR LA CERISE !

ÉNERGIES RENOUVELABLES

LES PAYS DU SUD COMME ÉTAPE POST-NUCLÉAIRE

LA MAUVAISE GOUVERNANCE, LA MAUVAISE GOUVERNANCE, CE MAL ALGÉRIENCE MAL ALGÉRIEN

UTILISATION DE L’AMÉLIORANT DANS LE PAIN EN ALGÉRIE

Des quantités de pain sont jetées dans les poubelles. Pourquoi ? Sa qualité est mise en cause. L’améliorant est suspecté d’être à l’origine de ce gâchis, car cet ingrédient, dont la composition relèverait du «secret commercial», est nécessaire à la cuisson du pain dans le four rotatif. Il s’agit d’une question de santé publique dont les retombées et les enjeux économiques sont très importants. C’est ce que cette enquête tente de démontrer en l’absence d’une étude sur les risques réels des additifs alimentaires avec les acteurs de la chaîne de fabrication du pain, de la matière première, le blé tendre, en passant par la minoterie, le boulanger et enfin le consommateur du produit final qui est le pain. Pages 7 à 9

alors que la tunisie est boudée

A une semaine des grands départs, alors que la destination tunisienne est boudée, les Algériens ne se bousculent pas

pour réserver dans les hôtels balnéaires algériens. La situation mérite une tentative d’analyse, même sommaire. Et ma pre-mière conclusion est que le marché algérien n’est toujours pas prêt à profiter des conjonctures politiques, religieuses et économiques par ce que le paysage est «parasité» par trop d’idées–reçues. Au risque de choquer plus d’un, je ne partage pas l’idée selon laquelle la conjoncture politique actuelle qui sévit dans le monde arabe est propice à la destination Algérie. Page 12

Les hôtels balnéaires algériens n’affichent toujours pas complet !

LES CHRONIQUES

■ repères économiques de abdelhak lamiri

■l’analyse d’el kadi Ihsane

Les trois futures erreurs potentielles du gouvernement P5

La crise de gouvernance du secteur de l’énergie pèse sur l’avenir P2

PREMIÈRES ASSISES DU CNES SUR LA SOCIÉTÉ CIVILE

LA SANTÉ OTAGE LA SANTÉ OTAGE D’ENJEUX ÉCONOMIQUESD’ENJEUX ÉCONOMIQUES

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Page 2: EL_WATAN_20110620_ECO

2 L’ACTUALITÉ El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Certains, à l’instar de Abdelhak Lamiri, l’ont clairement soutenu : «Nous sommes structurés pour res-

ter sous-développé», a-t-il déclaré lors des débats qui ont marqué les travaux de l’ate-lier consacré au «nouveau régime de crois-sance». Experts en économie, chef d’entre-prise, syndicats autonomes, chercheurs universitaires ont pris part à ces débats qui ont parfois complètement dérapé entre nostalgiques du socialisme et les défen-seurs de l’économie de marché. Entre les deux un constat : l’Algérie n’a toujours pas de stratégie économique claire et se trouve encore dans une situation où l’on se demande quel rôle devrait jouer l’Etat dans la sphère économique et comment passer d’une économie rentière à une économie productive.Raffed Abdelkader, membre de la commu-nauté à l’étranger du CNES et chef d’en-treprise, souligne que «depuis l’industrie industrialisante qui avait sa propre logique, l’Etat n’a pas mis en place une politique économique. On a basculé vers un autre système parce que le premier a échoué, mais sans mettre en place une stratégie, une politique économique et des politiques sectorielles».La défaillance des institutions est claire-ment mise en cause. «La manière dont nos institutions sont construites fait que n’im-

porte quelle stratégie économique échoue-rait», a dit le professeur Lamiri, estimant nécessaire «une réorganisation de l’Etat».Pour Reda Amrani, spécialiste de l’écono-mie industrielle, le problème incombe au fait que «ce sont les médiocres qui occu-pent les postes décisionnels» dans le pays. M. Raffed estime, quant à lui, qu’il y a en Algérie «une multiplicité d’administration avec chacune sa souveraineté, ses procédu-res. Ce sont autant d’obstacles et d’occa-sions de donner aux gens la possibilité d’être corrompus et d’être corrupteurs parce que toux ceux qui détiennent un pouvoir voudront le monnayer».

CRISE DE CONFIANCE

Entre ceux qui réclament un Etat régula-teur qui «ne doit pas se retirer totalement du champ économiques» tout en laissant le marché fonctionner librement et les dénon-ciateurs du «libéralisme sauvage» et de «la pensée unique libérale», un fossé s’est creusé. Pourtant, selon M. Lamiri, «l’Algérie n’a jamais fait de libéralisme sauvage. La preuve est que 45% des crédits bancaires vont aux entreprises publiques déstructu-rées, presque autant aux importations et à peine 7 à 10% vont au secteur privé».Loin du libéralisme sauvage c’est plutôt une discrimination en faveur des entrepri-ses publiques qui est dénoncée par le privé. Il faut «mettre les entreprises privées sur un pied d’égalité que les entreprises publi-ques», a réclamé le PDG de Cevital, Issad Rebrab. Pour beaucoup d’observateurs, il y a «une crise de confiance entre l’Etat et l’entreprise privée». Cette dernière est «tolérée mais pas acceptée», a soutenu M. Abdelwahab Ziani, président de la fédéra-tion agroalimentaire, ajoutant qu’«on veut tuer l’entreprise privée». Il en veut pour

exemple les 14 tripartites qui ont eu lieu jusque-là «sans résultat concret» Pourtant au cours de la dernière tripartite économi-que, le gouvernement avait pris un certain nombre de décisions visant notamment à apporter un soutien financier aux PME en difficulté.Il n’en est rien, selon M. Ziani. «Ce matin (mardi 14 juin), j’étais au ministère des Finances et j’ai appris qu’il y a eu une réunion entre banques et ABEF pour dis-cuter des aides aux entreprises en difficul-té, mais sans inclure le patronat». Après la dernière tripartite «nous avions réellement cru à la volonté de l’Etat de nous aider à travers le rééchelonnement des dettes, l’ef-facement des agios et des intérêts qui nous alourdissent, mais jusqu’à présent il n’y a absolument rien», précise-t-il. «Nous som-mes là pour débattre de l’entreprise et en même temps, il y a des décisions qui sont prises sans nous», ajoute le chef d’entre-prise. Le problème, dit-il, est «qu’on conti-nue de ne pas nous associer à mettre les règles en place». L’annonce que les entre-prises aidées seront traitées au cas par cas est par ailleurs loin de satisfaire. «Il y a une décision politique qui a été prise. Si on prend au cas par cas, les entreprises vont être massacrées. Quand on dit effacement des dettes, intérêts, agios, dévaluation, il est clair que toutes les entreprises produc-trices doivent être concernées», conclut le représentant de la CIPA.

CONCURRENCE BIAISÉE

Les représentants du secteur privé ne com-prennent pas que des entreprises publiques déstructurées aient pu bénéficier à maintes reprises d’assainissements financiers et que les leurs qui ont «subi trois dévalua-tions du dinar» ne soient pas logées à la même enseigne.

L’Etat biaise le jeu de la concurrence et il est temps «d’en finir avec cette mentalité que tout privé est voleur et qu’il faille absolument sauver l’entreprise publique. C’est au marché de décider qui doit rester ou disparaître», a estimé M. Khouni, cher-cheur et docteur en économie.Laisser l’entreprise nationale, publique ou privée, prendre le relais de la dépense publique est une condition sine qua non pour envisager un nouveau régime de croissance de qualité, créatrice de richesse et d’emploi. Jusque-là, «nous avons créé des emplois fictifs», a affirmé Ahmed Benmihoub, chercheur au CREAD (centre de recherche en économie appliquée et développement), estimant que la croissan-ce «se fait dans les entreprises et non dans les administrations». Quelles que soient les mesures prises en faveur du monde des affaires, force est de constater que l’environnement actuel n’est pas en faveur de l’entreprise. «J’accompagne les entreprises étrangères qui s’intéressent au marché algérien. J’ai créé plus de 20 joint-ventures et je peux vous dire qu’il est très difficile d’entreprendre en Algérie. C’est une gageure, un cauchemar», sou-tient M. Raffed. «Il y a des obstacles à ne pas en finir et là où dans d’autres pays, une entreprise se crée en quelques heures, la création la plus rapide d’entité que j’ai pu réaliser en Algérie c’était en 4 mois», explique-t-il. Au-delà d’un simple assainissement de l’environnement de l’entreprise, les acteurs de la scène économique en Algérie récla-ment aujourd’hui une complète «réforme de l’Etat sur le plan institutionnelle». C’est la seule manière, dit-on, d’assurer que «la santé macro-économique du pays puisse se transmettre à la sphère micro-économique en souffrance». S. B.

Premières assises du CNES sur la société civile

Par Safi a Berkouk

L’Algérie condamnée au sous-développement !

On a beau l’appeler pays en développement, l’Algérie serait en fait condamnée à demeurer sous-développée. Nombreux sont ceux à en avoir fait le constat à l’occasion des premières assises générales de la société civile tenue la semaine dernière au Palais des nations.

analyse

La gouvernance du secteur de l’énergie est en crise. Conséquence d’un dessèchement sous la décennie de poigne et de fric de Chakib Khelil. Mais pas seulement. L’avenir énergétique de l’Algérie continue d’être pensé par des pétro-

liers. Or il n’est pas pétrolier. Même plus gazier au-delà de l’horizon très proche de 2030. Cet enjeu, trop subtil pour parvenir à la vigilance d’un président de la république omnipotent, mais spécialiste de rien, n’est pas traité dans le Haut conseil de l’Energie. Instance de pilotage stratégique mise entre parenthèse durant les trois mandats de Abdelaziz Bouteflika. Trois décisions de l’ère balbutiante de Youcef Yousfi montrent la grande rigidité actuelle de la réflexion collective dans le secteur. La première est la confirmation de l’option du nucléaire civil en pleine panique de Fukushima. Qui per-met aujourd’hui à Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, de demander à Alger, droit dans ses bottes, la relance du protocole de coopération entre les deux pays dans le nucléaire civil. Alors que le reflux hors nucléaire est amorcé partout autour de nous, cette semaine encore en Italie. Un pilotage éclairé de la politi-que énergétique algérienne aurait peut-être d’abord, avant tout commentaire, lancé une étude systémique sur les nouvelles conditions financières du déploiement du nucléaire civil dans les normes de l’après-Fukushima. Le maintien de la piste de la production d’électricité par réaction atomique dans le futur mix énergétique algérien dénote un flottement persistant sur l’option forte de

l’après-énergie fossile. Critiquable avant Fukushima. Aberrant après. La deuxième décision peu inspirée de la gouvernance à huis clos du secteur est sans doute la machine arrière sur les acteurs-clés du renouvelable. C’est Sonelgaz qui a été choisie pour coiffer le développement industriel de la filière. Au détriment de NEAL, la joint-venture de Sonatrach et de Sonelgaz — comprenant aussi le groupe privé SIM — dédiée aux énergies renouvelables. La première est en grande difficulté dans son propre métier de base : la pro-duction classique (fossile) d’électricité et sa distribution. Son utilisation du parc installé ne dépasse pas les 35%. La seconde, NEAL, a réalisé un première équipement, la centrale solaire hybride de Hassi R’mel — 150 mégawatts dont 20 en solaire —, mais est aujourd’hui mise sous l‘étei-gnoir, alors qu’il s’agit sans doute d’une des rares bonnes anticipations du ministre Chakib Khelil. La prétention de Sonelgaz de devenir un grand producteur de panneaux photovoltaïques de couches fines est très discutée par les spécialistes. Le solaire déconcentré est propre au modèle européen, Allemagne principalement. L’ensoleillement exceptionnel du Sahara et la disparition de la contrainte de l’emprise au sol des champs solaires font du CSP, la production concentrée d’électricité solaire l’atout totale-ment unique de l’Algérie. Qu’elle ne partage même pas avec les autres pays de la région. En effet, la transition vers un coût du kilowattheure compétitif du solaire concentré repose sur l’hybridation avec le gaz naturel. La grande alternative devient naturellement : l’Algérie doit elle conti-

nuer à construire son modèle exportateur d’énergie sur le transport de la matière première gaz vers les centres de consommation européens, ou doit-elle stratégiquement entamer un virage vers l’exportation de l’utilité que génère ce gaz en Europe, l’électricité. En couplant sur son territoire le gaz aux champs solaires pour produire de l’électricité verte ? La troisième décision algérienne est une non-décision. Les Européens attendent un signal. Maintenant. Ils sont ache-teurs. Desertec et le plan solaire méditerranéen le disent haut et fort. A Alger, la réaction se veut prudente. Il s’agit en réalité de la prudence de ceux qui n’ont fait aucun vrai choix. Que celui de vendre du pétrole bientôt insuffisant et du gaz naturel qui a besoin de renouveler ses gise-ments. Et de voir venir. Les arguments pour ce temps de latence sont peu convaincants. Le ministère de l’Energie veut se donner 5 ans pour observer la maturation des différentes technologies du renouvelable. L’Espagne assu-re jusqu’à 5% de sa consommation d’électricité par le solaire. Plusieurs filières techniques sont éprouvées. Cevital est plus avancé dans la réflexion. Le groupe, membre de Desertec, opte pour la technologie qui utilise le plus sa production de verres à plat. Le fond du problème se pré-cise. Les pétroliers qui gouvernent le secteur — et dont la légitimité n’est pas discutable — n’arrivent pas à se proje-ter en dehors de l’énergie fossile. Il faut que les politiques les aident en cela. Or, les politiques qui, eux, ont une grosse panne de légitimité, n’arrivent pas à se projeter au-delà de 2012. Les idées et les arbitrages attendront.

La crise de gouvernance du secteur de l’énergie pèse sur l’avenir

D’EL KADI IHSANE

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L’ACTUALITÉ 3 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Propos recueillis par

Safi a Berkouk

Farid Yaïci. Economiste

«Les réformes inachevées ont créé des distorsions dans l’économie nationale»

Enième débat «stérile» !

Est-ce normal qu’en 2011, on continue à s’interroger sur quel rôle devrait jouer l’Etat dans la sphère économique ?L’Etat a toujours un rôle à jouer dans l’économie, mais ça doit être un rôle de régulateur qui lui permet de régenter l’économie, faire de la planifi cation, réguler les prix, etc. L’Etat doit faire en sorte de mettre en place les conditions les plus favorables à l’entrepreneur pour qu’il puisse s’épanouir, car ce sont les entrepri-ses qui créent la richesse et l’emploi. L’Algérie a entamé une transition d’une économie planifi ée vers une économie de marché en entamant des réformes dès la fi n des années 1980, début des années 1990. Seulement, ces réformes ne sont pas achevées, ce qui a pour effet de créer des distorsions dans l’économie natio-nale. On n’est pas dans une économie planifi ée, ni dans une économie de mar-ché. Il y a des hésitations, une instabilité sur le plan des textes réglementaires et cela a crée des doutes chez tout le monde, aussi bien chez l’entrepreneur que chez le citoyen algérien d’une manière générale. Je suis convaincu que ce sont ces distor-sions qui ont fait que l’économie parallèle s’est développée. Les gens ne faisant plus confi ance à l’économie offi cielle vont de plus en plus vers le parasitaire.Est-ce qu’il fallait que l’Etat intervienne sur le prix d’un tel ou tel produit de large consommation, je dirai que oui. Cela fait partie aussi de son rôle. Il peut y avoir une économie de marché, mais l’Etat reste présent par exemple pour veiller à un équilibre régional, prendre en charge les personnes sans emploi. Cela fait partie de ses missions.

En soutenant les entreprises publiques et en laissant les entreprises privées li-vrées aux conditions du marché, l’Etat n’est-il pas en train de biaiser le jeu de la concurrence ? D’abord, de mon point de vue, l’Etat ne doit pas soutenir à tout prix une entreprise qui est structurellement défi citaire. Une entreprise qui ne donne rien, on l’assainit une fois ou deux fois, mais après il faut arrêter de le faire, sinon ça devient un gouffre où on injecte de l’argent et au fi nal c’est du gaspillage. Mais, le gouver-nement a annoncé depuis quelques mois qu’il soutiendrait aussi le privé, notam-ment à travers le programme de mise à niveau des entreprises qui concerne aussi bien le public que le privé.

On parle d’un nouveau régime de crois-sance. Comment y parvenir ?

Nul n’ignore que l’économie algérienne est totalement dépendante des hydrocar-bures et même quand il y a de la crois-sance, elle est réalisée grâce à ce secteur. Si on prend comme exemple la dernière décennie, il y a eu de la croissance, mais tirée exclusivement par la dépense pu-blique qui elle-même n’a pu se faire que parce qu’on a pu engranger des recettes extraordinaires d’hydrocarbures. Quand on parle de nouveau régime de croissance, cela entend qu’on veut développer une économie hors hydrocarbures qui fasse de la croissance endogène, par elle-même, à travers les entreprises et particulièrement les PME. Pour cela, il faut encourager l’entreprise et la libérer. Il faut qu’il y ait une création massive d’entreprises et que l’Etat garantisse un environnement fa-vorable afi n que celles-ci puissent s’épa-nouir et se développer. C’est comme cela qu’on peut parvenir à un nouveau régime de croissance endogène, diversifi é et de moins en moins dépendant des hydrocar-bures.

Mais c’est là un discours qu’on entend depuis des décennies…Si on revient un petit peu en arrière, en 1986, le prix du pétrole brut a chuté de plus de 50%, ce qui a entraîné une chute de nos recettes d’hydrocarbures. A partir de ce moment-là, on n’avait pas d’autres choix que d’entamer à partir de la fi n des années 1980 des réformes économiques et politiques. Certes, cela a dérapé et on a eu des problèmes sécuritaires qui se sont

posés au cours de la décennie 90. On a été obligé d’aller au rééchelonnement en 1994. On a subi un ajustement structurel qui a rétabli les grands équilibres macro-économiques du pays et de l’économie nationale. Mais ce programme qui s’est achevé en 1998, n’a pas été suivi par d’autres réfor-mes parce qu’à partir des années 1999, 2000, les prix du pétrole ont commencé à regrimper. L’aisance fi nancière qui en a découlé a fait revenir une certaine paresse s’agis-sant du développement d’autres secteurs hors hydrocarbures. On est retombé dans la facilité. Cela m’amène à dire que les réformes entamées fi n des années 1980 début des années 1990 n’ont pas été me-nées à terme. Je peux citer l’exemple de la réforme bancaire et fi nancière. En 1990, il y a eu la loi fondamentale rela-tive à la monnaie et le crédit qui a redonné à la Banque centrale (qui fait désormais la politique monétaire) son autonomie et aux banques leur commercialité. Cette première vague de réformes a aussi permis de créer la Bourse, quoiqu’elle soit restée à l’état embryonnaire. Ces réformes qu’on peut appeler de première génération devaient être suivies par une seconde vague qu’on pourrait appeler de seconde génération qui aurait consisté par exemple au développement du payement électronique ou de la monétique de façon considérable. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Les réformes de seconde génération n’ont pas été menées jusqu’au

bout et ce qui fait que nous n’avons pas un marché fi nancier développé. Ce qu’il faut savoir c’est qu’on ne peut avoir un tel marché que dans le cadre d’une économie de marché avancée. Si les réformes de seconde génération avaient été achevées, ça aurait absorbé beaucoup de l’économie informelle. Aujourd’hui, l’économie al-gérienne n’est pas bancarisée, c’est-à-dire que pour payer n’importe quoi, nous utili-sons de l’argent liquide au lieu d’utiliser les moyens modernes de payement. C’est ce qui fait que l’argent reste en dehors du circuit bancaire et que l’économie infor-melle prenne de l’essor de plus en plus.

Avec plus 400 milliards de dollars inves-tis depuis 2000 dans trois programmes de développement, ne sommes-nous pas en droit d’attendre mieux qu’un taux de croissance de 3,5 ou 4% ? Le premier plan de soutien à la relance économique n’était pas très consistant du point de vue fi nancier. Il a été suivi par un deuxième plus important avec lequel on s’est lancé dans la réalisation de grands chantiers comme l’autoroute est-ouest. Son ampleur est justifi ée par les pouvoirs publics par la nécessité d’avoir des in-frastructures développées pour pouvoir développer l’économie. Ces infrastruc-tures sont nécessaires et indispensables, mais il ne faudrait pas s’arrêter là, il faut aller au-delà. On nous dit d’ailleurs que le nouveau plan quinquennal ambitionne la création massive de PME, d’emplois et de richesses. C’est pour cela qu’il faut assainir l’environnement de l’entreprise et régler tous les problèmes qui coincent tels que l’accès à la propriété, au fi nan-cement, le droit des affaires, etc. Il y a eu des efforts qui ont été consentis, mais je pense qu’il faut aller encore plus loin. J’ajouterai qu’il ne faudrait pas faire de discrimination entre l’entreprise publique et privée comme il ne faudrait pas la faire entre l’entreprise algérienne et l’entre-prise étrangère. Pour se développer, faire de la croissance, créer de l’emploi et des richesses, acquérir de la technologie, on a énormément besoin des investissements directs étrangers. Maintenant, on peut vouloir protéger tel ou tel secteur straté-gique et dans ce cas on peut aménager des lois de telle sorte à protéger par exemple le secteur des hydrocarbures, ou l’entreprise publique qui représente l’Etat algérien. Mais pour les produits manufacturiers par exemple, on n’est pas performants, ni compétents pour produire, il faut encoura-ger les entreprises étrangères à s’installer dans ces secteurs. S. B.

Pour discuter d’un nouveau régime de croissance, le CNES (Conseil national

économique et social) a élaboré un docu-ment de base qui devait lancer la réfl exion et les débats autour du nouveau chemin à prendre pour parvenir à une croissance de qualité en tirant les leçons des échecs précédents. Toutefois, ce document a suscité beau-coup de critiques, notamment parce que les points proposés «restreignaient les débats», selon certains participants, les confi ant à des sujets précis au détriment d’autres considérés comme impératifs à la relance de l’économie nationale. Le docu-ment évoque ainsi la relance de l’industrie

et de l’agriculture, mais omet le secteur du tourisme par exemple. Raffed Abdelkader, membre de la communauté à l’étranger du CNES estime qu’il s’agit d’un «document médiocre, imprégné d’une approche so-cialiste». Par ailleurs, certains intervenants lui ont reproché le fait qu’il parte des «leçons à tirer de 45 années d’expérience de déve-loppement» comme point de départ, ce qui est «beaucoup trop», a-t-on souligné. M. Raffed soutient même que le document est truffé d’«inepties», notamment parce qu’il plaide pour «une croissance robuste, sans infl ation et sans défi cit budgétaire». «Si comme si qu’on voulait planter un arbre

qui aurait déjà ses fruits», souligne notre interlocuteur. En tout état de cause, les acteurs de la scène économique et même sociale qui ont participé au débat ont eu davantage l’opportunité de s’exprimer sur des sujets qui leur tenaient à cœur que sur les points proposés par le document de base comme le rôle de l’Etat, la compétitivité de l’éco-nomie ou la lutte contre le chômage. Ils se sont néanmoins montrés sceptiques quant au suivi des recommandations auxquelles ils ont abouti au terme de trois jours de discussions. «J’espère que ça ne sera pas un énième débat stérile. Les gens ont soif de discuter et de débattre, mais on a cassé

les cadres dans lesquels cela pouvait se faire comme le CNES et on a substitué au débat d’idée qui existait avant un débat rhétorique stérile», a estimé M. Raffed. Quelle que soit la tournure qu’ont prise les débats au cours de ces premières assises, et même si certains participants n’y ont pas accordé beaucoup de crédit, il était important d’être présent pour certains. «Nous ne sommes pas partisans de la poli-tique de la chaise vide. Il faut s’exprimer. Que ça aboutisse ou pas relève d’une autre paire de manches», pense Salah Laouar Abdelhamid, président du syndicat natio-nal des médecins généralistes de la santé publique. S. B.

Farid Yaïci

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4 L’ACTUALITÉ El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Benosmane Mahfoud. Directeur de l’école préparatoire des sciences économiques (Annaba)

Rencontre du CNES avec la société civile

«Les administrations économiques sont sources de corruption»

Quel apport pour l’Algérie ?

Or, quand on évoque la gouvernance «on touche à la gestion transparente des affaires publiques», sou-ligne-t-il, et par voie de conséquence «le niveau

de corruption» qui prévaut dans le pays. «On a constaté que les secteurs qui sont sources de corruption sont ceux des administrations économiques qu’elles soient fi scales, douanières, bancaires ou domaniales. Il faut débureau-cratiser l’administration et libérer l’entreprise», explique l’économiste. Ensuite, s’il s’agit de s’interroger sur le rôle que l’Etat doit jouer, notre interlocuteur estime qu’il devrait «s’oc-cuper beaucoup plus de la macroéconomie et laisser les agents économiques s’occuper de la microéconomie». Selon lui, «réussir le développement en Algérie passe par la redéfi nition qualitativement du rôle de l’Etat dans la régulation et à travers l’environnement économique de l’entreprise, c’est-à-dire tout ce qui est administration». M. Benosmane soutient que jusqu’à aujourd’hui «les

entreprises algériennes baignent dans un environnement contradictoire où elles sont coincées entre un actionnaire absent et les impératifs du marché et ballottées entre l’in-térêt général et la recherche du profi t». Par ailleurs, «la dichotomie qu’on cesse de faire entre public et privé», n’a pas lieu d’être, dit-il, car «le principe de l’économie

de marché c’est justement la non-discrimination entre les deux». Si on a trop souvent reproché aux entreprises pu-bliques leurs défaillances, «leurs échecs et leurs diffi cul-tés ne relèvent pourtant pas du fait qu’elles appartiennent à l’Etat, mais beaucoup plus parce au fait qu’elles échap-pent à la discipline du marché», explique l’économiste. Il est aujourd’hui, dit-il, impératif de faire «une réfl exion réaliste en excluant les manichéismes qui ont prévalu chez certains partisans du tout Etat qui croient que l’Etat règle tous les problèmes et d’autre part chez les intégris-tes du libéralisme qui considèrent que seul le privé peut le faire. Il faut une complémentarité public-privé». Enfi n, pour ce qui est du nouveau régime de croissance, M. Benosmane estime qu’il s’agit «de passer d’une politique de dépense publique à une politique de l’offre et d’une économie rentière passive à une économie active, pro-ductrice et compétitive». Cela passe par «la limitation des importations et le passage à une économie productive». Nos entreprises sont, dit-il, «capables de créer de la ri-chesse à condition qu’on les libère et qu’on leur assure un environnement favorable». Pour réussir cette entreprise, la poursuite des réformes entamées dès la fi n des années 1980 s’impose comme une nécessité. «La transition de l’économie planifi ée vers l’économie de marché a été beaucoup plus accélérée durant la période du terrorisme que maintenant qu’on est en période d’aisance. Plus les prix du pétrole augmentent et nos réserves de change avec, plus on continue à importer», a regretté l’écono-miste. S. B.

Il convient de se demander, sans passion, au lieu de verser dans l’autosatisfaction

source de névrose collective si cette ren-contre a apporté une valeur ajoutée pour le pays. Il convient aussi de se demander si le coût pour faire ces assises avancé par la presse algérienne - à savoir plusieurs milliards de centimes - est vrai alors qu’il apparte-nait à la société civile ou aux invités de l’étranger de se prendre en charge, comme toute vraie société civile qui vit grâce à la contribution de ses adhérents, les subventions de l’Etat étant seulement un plus et de surcroît marginales. J’ajouterai à cela, les heures de non-travail pendant trois jours de nombreux participants qu’il convient également de comptabiliser. C’est également comme cela que l’on me-sure l’effi cacité d’une institution surtout lorsqu’elle est budgétivore. Or, comme je l’avais prédit dans mes contributions à la presse algérienne et internationale, la ren-contre sur la société civile organisée par le conseil économique et social du 14 au 16 juillet 2011 comme il fallait s’y attendre a montré un visage désolant du moins pour ceux qui se sont prêtés à ce spectacle, et de surcroît qui étaient loin de représenter la véritable société civile algérienne. Pas tous, car si certains avaient des calculs précis (monnayer leur participation contre

avoir un poste de responsabilité via la rente), d’autres personnalités présentes étaient de bonne foi et y ont cru. Mais ont-elles été entendues ? Certains observateurs étrangers et nationaux ont pu parler d’un spectacle folklore, d’autres d’une véri-table foire. La confusion qui prévaut ac-tuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion. En Algérie l’observation lucide met en relief quatre sociétés civiles fondamentalement diffé-rentes et antagoniques : trois au niveau de la sphère réelle et une dominante dans la sphère informelle. Le plus gros segment, présent au conseil économique et social qui est d’ailleurs l’interlocuteur privilégié, et souvent l’unique des pouvoirs publics sont des sociétés dites civiles appendice du pouvoir se trouvant à la périphérie des partis du FLN/ RND/, MSP vivant en grande partie du transfert de la rente. Deuxièmement, une société civile ancrée, franchement dans la mouvance islamiste, en dehors du MSP, peu présente, formant un maillage dense. Troisièmement, une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement représentée à cette réunion, peu structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Enfi n, lorsqu’un Etat veut imposer ses propres règles à la société, celle-ci enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner avec ses propres organisa-tions, une société civile informelle qui n’était pas présente alors qu’elle contrôle

40% de la masse monétaire en circulation, contribuant à plus de 50% à la valeur ajou-tée hors hydrocarbures et employant la même proportion de la population active. Sans l’intégration intelligente de la sphère informelle, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile.

DES RENCONTRES BUDGÉTIVORES À RÉSULTATS MITIGÉS

Comme il fallait s’y attendre, nous avons assisté à une présence non représentative, formelle et ostentatoire, impuissante à agir sur le cours des choses et à formu-ler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. L’on a pu constater hélas l’état de désorganisation et de léthargie dans lequel se trouvent les segments présents où comme par le passé dans les congrès du parti unique l’on a misé sur le nombre pour aboutir à des recommandations générales que bon nombre d’intellectuels ou d’organisa-tions avaient déjà suggérées aux pouvoirs publics. Comme cette phraséologie pom-peuse que l’on retrouve sur tous les sites Internet traitant de la société civile, je cite l’agence de presse offi cielle APS : «La rencontre a vu l’adoption de la charte de la société civile à l’issue des travaux des premiers états généraux de la société civile qui considère la société civile comme un «élément constitutif» de la nation et «un lieu privilégié» de la promotion de la citoyenneté, dont elle est un élément fon-dateur ; comme une «source d’incitation à la cohésion nationale, avec pour but de «promouvoir l’intérêt général dans un ca-dre démocratique ». Pourquoi avoir abouti à ce résultat dérisoire? Exemple, certaines organisations ont demandé à l’Etat plus de subventions, la rente toujours la distribu-tion de la rente alors que les propositions

certes intéressantes du patronat ont déjà été formulées au niveau de la tripartie. Espérons que les pouvoirs publics tireront les leçons de cette rencontre, ne pouvant organiser la société civile selon une vision administrative bureaucratique, alors que son organisation sur d’autres bases est pourtant nécessaire et qu’ils donneront instruction afi n que les rencontres prévues au niveau local avec encore des dépenses inutiles et surtout la perte de temps par certains organisateurs du CNES soient simplement annulées.Comment expliquer cette situation ? C’est qu’en ce mois de juin 2011 le constat est amer : vieillissement des élites politiques issues de la guerre de Libération natio-nale, obsolescence du système politique et enjeux de pouvoir internes, crise éco-nomique, sociale et culturelle et, enfi n, contraintes externes de plus en plus pe-santes ont abouti à l’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adap-tation au phénomène total et inexorable qu’est la mondialisation. La conjonction de facteurs endogènes et exogènes a abouti fi nalement à une crise systémique d’une ampleur inattendue et à une transi-tion chaotique qui se traîne en longueur depuis au moins 1986. J’arrive à cette conclusion que le blocage est essentielle-ment d’ordre culturel, certains décideurs rêvant toujours, déconnectés des réalités, croyant toujours être dans les années 1970 (vision dictatoriale et paternaliste) alors que le monde qui nous entoure et l’Algérie ont profondément changé. C’est pourquoi la réunion du conseil économique et social sur la société civile ne pouvait aboutir qu’à des résultats mitigés.

A. M. (*) Ancien membre du CNES et expert

international

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Propos recueillis par

Safi a Berkouk

Par Dr

Abderahmane Mebtoul (*)

Benosmane Mahfouf

Au-delà des divergences autour du rôle de l’Etat dans l’économie et de l’absence même d’une stratégie économique bien définie, certains économistes, à l’image de Benosmane Mahfoud, directeur de l’école préparatoire des sciences économiques (Annaba), pensent que l’Algérie souffre d’abord d’«un déficit de gouvernance».

Même s’il n’a pas participé aux débats en plénière après avoir suspendu l’ensemble de ses activités parlementaires, le parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n’a pas pour autant passé sous silence la loi de finances complémentaire 2011.

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CHRONIQUE 5 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Les trois futures erreurs potentielles du gouvernement

L orsqu’on analyse en profon-deur une institution à but non lucratif, une entreprise, un secteur d’activité ou un pays, on devient familier

avec sa manière de penser et d’agir, ses priorités, ses mécanismes, bref, sa culture toute entière. Il en est de même lorsqu’on examine de près les décisions de politiques économiques d’un gouvernement. On peut repérer en filigrane les «logi-ques» qui ont prévalu lors des diffé-rents choix, les modes de pensée, les compromis et comprendre au fond pourquoi on a pris des options bonnes et parfois moins bonnes. Nous pou-vons alors pronostiquer ce qu’il va en advenir de notre économie ; en l’ab-sence de ruptures profondes avec les modes d’organisation et de prise de décisions.On devient donc familier avec le mode de production des décisions. A ce moment-là, il devient plus facile de pronostiquer les prochains choix. Mais malheureusement, ceci ne nous per-met nullement de peser positivement sur l’évolution des événements. On peut décrypter l’ADN de nos institu-tions économico-politiques sans pour cela savoir comment la modifier. On peut prévoir le cours des événements sans possibilité de les dévier.

PROBLÉMATIQUE D’ENSEMBLEVoyons à travers quelques choix de politiques macroéconomiques les logi-ques qui avaient prévalu aux grands choix de nos décideurs. Nous identi-fions alors les postulats sur lesquels reposait le processus décisionnel. Ils sont au nombre de trois. Nous pou-vons les résumer à peu près ainsi :1. Le tissu institutionnel disponible ainsi que les mécanismes dont il est doté sont capables d’exécuter les déci-sions de politique économique prises par le gouvernement ;2. Les ressources humaines disposent des qualifications nécessaires ou sont en train de les acquérir rapidement pour rehausser la compétitivité de notre pays ;3. Le type de management pratiqué au sein de nos entreprises et de nos administrations est suffisamment au point pour faire évoluer notre pays au rang de pays émergent.Si les trois postulats étaient corrects, alors le développement serait seule-ment une question de temps et de ressources. L’Etat aurait joué son rôle. Il a mobilisé les moyens conséquents. De

2000 à 2014, l’Etat algérien aurait dépensé plus de 500 milliards de dol-lars en programmes de tout genre, en plus des dépenses budgétaires norma-les. Mais aucun des postulats sur les-quels repose la réussite de ces pro-grammes n’est valide. Les trois sont si éloignés de la réalité que parier sur le développement du pays, tout simple-ment en mobilisant d’énormes res-sources serait un risque majeur. Prenons rapidement chacune des trois convictions énoncées, à commencer par le tissu institutionnel. Je m’étais intéressé depuis la fin des années qua-tre-vingt aux formes d’organisation des Etats qui produisent des réussites et celles qui enfantent les échecs. Je ne peux qu’essayer de résumer des aspects complexes. Parmi les caracté-ristiques essentielles des Etats qui réus-sissent, nous en avons deux qui sont fondamentales, à savoir 1. L’existence d’une «institution cer-veau» qui regroupe la meilleure intelli-gence du pays, reçoit les objectifs poli-tiques (des centres de décision), dia-logue avec tous les acteurs pour pro-duire des stratégies et des modes opé-ratoires d’exécution. Cette institution est d’autant plus indispensable lors des processus de transition ou de développement. Les pays industrialisés remplacent cette institution par un réseau d’entités de recherche, de think tanks et de modes de coordination efficaces2. Une séparation judicieuse entre les décisions techniques et les décisions politiques. Par exemple, orienter les crédits vers l’investissement productif peut être une décision de bonne poli-tique, mais nommer des directeurs de banque est une décision technique.Partout où la politique pollue l’écono-mie, des dérapages terribles sont à craindre. Dans l’analyse comparative que j’ai menée, je suis arrivé malheu-reusement à la conclusion suivante : «L’Algérie est un pays organisé pour demeurer sous-développé» (A. Lamiri : Crise de l’économie algérienne). Nous avons une multitude d’institu-tions insuffisamment pourvues en res-sources humaines et qui produisent une multitude de mini plans souvent contradictoires. Je prends un exemple simple. Le développement de la PME est considéré comme un objectif poli-tique stratégique. L’analyse des affec-tations des crédits bancaires montre que l’investissement productif pour la création et le développement des PME reçoit moins de 10% des ressources allouées. Si on déduit des crédits alloués à l’économie, les importations, les crédits de complaisance accordés au secteur public et les montants à court et à moyen termes, il reste moins de 10% qui vont vers l’investissement productif au profit de la PME/PMI. Nous avons là un exemple de contra-diction entre les intentions de l’Etat et le mode de fonctionnement du sec-teur financier. On peut trouver des

milliers d’exemples dans tous les sec-teurs. L’Algérie dépense d’énormes res-sources pour le développement humain. Mais nous avons exagéré dans le «hard» au détriment du «soft». Et pourtant ! C’est ce dernier qui est plus important. Mieux vaut avoir 100 ingénieurs super compétents qui innovent, créent des start-up, exportent que 10 000 cadres peu compétents qui deviennent des cas sociaux. Heureusement que la situa-tion est corrigible. Nos ressources humaines ont besoin seulement d’in-vestissements de recyclage pour se mettre à niveau. Mais cet investisse-ment supplémentaire en qualité tarde à se préciser. En attendant, on ne crée pas suffisamment de compétences compétitives et donc on se condamne à demeurer peu concurrentiel. Quant au dernier postulat qui concer-ne le mode managérial, nous avons un retard qui s’évalue en décennies. Et ce, dans tous les domaines. Que ce soit en «Business Management» ou en ges-tion des institutions à but non lucratif.

LES CRAINTES FUTURESTant que nous continuons à croire en ces fameux postulats, il est à craindre que nous continuerions de produire des décisions qui vont vite déraper sur le terrain. Nous sommes probablement à la veille de remettre en cause les politiques économiques qui ont préva-lu ces dernières années. Bien sûr qu’on ose à peine dire que les fameux plans de relance ont échoué lamentable-ment. Nous aurons l’équivalent de 150 milliards de dollars d’équipements pour les 500 milliards dépensés et l’économie hors hydrocarbure peine à se dessiner. Les trois postulats ne sont pas les seuls responsables de l’échec. Nos stratèges ont commis une erreur d’amateur : on ne fait pas une politi-que de demande dans un pays encore sous-développé, aucun économiste ne le préconise (bien que Stiglitz pense qu’elles peuvent réussir seulement pour les pays émergents, et nous n’en sommes pas un). Nous avons donc une erreur de conduite des politiques macroéconomiques combinée à ces trois postulats qui nous a fait perdre beaucoup de temps et de ressources.Probablement nos stratèges vont maintenant essayer la politique de l’of-fre (crédits, taxes et incitations diverses pour encourager la création et le développement des entreprises). C’est ce qu’on aurait dû faire il y a douze ans. D’autant plus que dans les pays sous-développés, l’offre crée la demande, mais cette dernière n’induit pas l’offre. Mais mieux vaut tard que jamais. On va donc corriger une erreur de politique macroéconomique infan-tile (que nous avons décriée dès l’an-nonce de ces programmes). Mais il est très probable que l’on fasse les trois erreurs suivantes :1. Opérer des ajustements institution-nels mineurs au lieu de la réingénierie

globale dont nous avons besoin2. Investir très peu dans la qualifica-tion des ressources humaines au lieu d’un «Plan Marshall» dans ce domai-ne. On va continuer à investir dans le hard (béton) mais peu dans le soft (améliorer la qualité et la compétitivité de nos ressources humaines) 3. Introduire des améliorations mana-gériales mineures et considérer que c’est surtout la volonté et les ressour-ces qui produisent des résultats. Or on sait que le management est la ressour-ce des ressources ; celle qui permet de créer de la richesse à partir des inputs. Sans management, on ne peut que dilapider et détruire des richesses. Les études économétriques le prouvent. Les fonctions de productions classi-ques modélisées et estimées contien-nent 60% d’erreurs. Le volume des ressources utilisées (finance, équipe-ments, main-d’œuvre) explique uni-quement 40% de la production mon-diale. 60% s’expliquent par les prati-ques managériales. Or en Algérie, soit on ignore ce phénomène, soit on fait comme s’il n’existait pas.

A QUOI FAUT-IL S’ATTENDRE ?Si on fait une politique de l’offre avec les mêmes postulats, dans dix ans nous aurons un nombre plus impor-tant d’entreprises et les meilleures grandiront plus rapidement. La situa-tion s’améliorera un peu, mais nous serons très loin des pays émergents. Tout comme nous avons actuellement plus d’équipements (même si c’est trois fois moins que la normale) mais pas le développement, nous obtien-drons un léger meilleur climat d’affai-res sans avoir la possibilité d’accéder au rang de pays émergent. Les cher-cheurs et les analystes ont une grande responsabilité dans l’éclairage des décideurs. Il faut leur faire compren-dre que s’ils ne s’attaquent pas aux fondements, les répercussions des plans et des programmes mis en œuvre seront tout simplement dérisoi-res. Il faut revenir à ce qui compte vraiment. Ce qui est important pour la compétitivité d’un pays, c’est le déve-loppement humain, le management, la recherche et développement, l’inno-vation, l’information bref un ensemble d’intangibles. Par exemple, un pays ne peut jamais se développer au-delà de ce que son système universitaire lui permet, qualitativement parlant. Aller vers l’offre est un sérieux correctif qu’il faut encourager, mais si on ne n’amé-liore pas le triptyque : ressources humaines, management et architectu-re institutionnelle une autre terrible déception nous attend. Nous allons faire dérailler les politiques de l’offre sans savoir pourquoi. J’espère que cette fois-ci je me trompe. Mais si tel n’est point le cas, alors nous sommes partis pour une autre décennie de gaspillage. A. L.

PH. D. en sciences de gestion

REPÈRESÉCONOMIQUES

Par Abdelhak Lamiri

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6 PRODUITS & MARCHÉS El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Recul dans la production cette année

Echec des programmes de promotion des produits du terroir

Sale temps pour la cerise !

Inquiétante dégradation des ceriseraies

C’est au moins, ce que pensent à l’unanimité les arboriculteurs ren-contrés lors de la deuxième fête

de la cerise organisée du 16 au 18 juin au village Aït Allaoua dans la commune d’Iboudrarène (50 km au sud-est de Tizi Ouzou). Pour cette année «la cerise est de très mauvaise qualité. Les dernières pluies ont causé des ravages dans nos champs. Ce n’est plus notre cerise», déplore un agriculteur d’Aït Allaoua, avant d’expli-quer que cette année, le fruit a mûri tardi-vement comparativement aux saisons pré-cédentes, ce qui est dû aux changements drastiques des conditions climatiques de ces deux derniers mois. «L’année der-nière, se rappelle-t-il, au mois de juin, le fruit était entièrement mûr, alors que cette année c’est maintenant qu’il commence à

rougir». Durant cette fête, le prix de vente de la cerise a été fi xé à 300 DA/kg, alors que sur le marché, la cerise se situe dans la fourchette des 500 à 600 DA/kg. A travers les grandes villes, le prix de la cerise a connu une forte hausse, ce qui s’explique par la baisse de la production pour cette année non seulement dans la région de Tizi Ouzou mais à l’échelle nationale. Les prévisions de production de ce fruit ont été estimées à 20 000 quintaux pour cette saison contre 13 000 quintaux l’année dernière, selon la direction des services agricoles (DSA) de Tizi Ouzou. Le rendement à l’hectare a été évalué à 25 quintaux/ha cette année, alors que durant l’année dernière il n’a pas dépassé le cap des 20qx/ha. En ce mois de juin, il y a lieu

de relever que la cueillette est à ses débuts, n’ayant touché que 10% seulement de la cerisaie de la région.

200 000 CERISIERS EN PERDITION

A elle seule, Tizi Ouzou compte 42% du verger algérien (ce qui la classe 1re au niveau national), mais qui demeure très mal exploité. Sur plus de 200 000 cerisiers de différen-tes espèces (bigarreaux, griottes, la noire, la dure ou l’œil du pigeon) dont disposait la wilaya durant les années 1980, il n’en reste qu’une infi me partie, éparpillée sur les 914 hectares qui sont toujours pro-ductifs. La cerisaie de la wilaya de Tizi Ouzou est concentrée dans les localités du nord-est du Djurdjura, à savoir Irdjen, Aït Ouma-

lou, Aït Agouacha, Iferhounène, Illitène, Aïn El Hamam, Ath Yenni, Iboudrarène et Larbaâ Nath Irathène.Néanmoins, les cerisiers de la région su-bissent une dégradation désastreuse ces 20 dernières années et, dans la conjonctu-re actuelle, les acteurs de la fi lière mettent en garde contre la disparition certaine de cet arbre rustique, mais combien vulnéra-ble aux aléas climatiques et les maladies ravageuses. En plus des mauvaises conditions climati-ques, les maladies et les incendies sont ci-tés comme premiers facteurs destructeurs du potentiel de la région en cerisiers. De l’année 2000 à 2010, 44 % du verger de la wilaya ont subi une déperdition causée par le capnode, ce nuisible parasite apparu du-rant les années 1980. Selon un responsa-ble de la DSA de Tizi Ouzou, «cet insecte ravageur est responsable de l’échec de 60% des 3000 plants de cerisiers implan-tés à travers toute la wilaya». Il explique : «Les larves de ce parasite coléoptère s’at-taquent à la partie souterraine de l’arbre, en creusant des galeries dans les racines, alors que l’adulte capnode se nourrit des feuilles et des écorces des rameaux». «Les arbres attaqués s’étiolent, s’af-faiblissent et fi nissent par mourir en se desséchant complètement et deviennent des foyers de contagion qu’il convient d’extirper pour parer à la contamination des sujets sains», ajoute un spécialiste phytosanitaire de la même instance. F. B.

Outre l’olivier et le fi guier, qui prédominent la pro-duction arboricole dans cette région, de nombreuses

autres cultures peuvent être adaptées au relief et les conditions climatiques prévalant au niveau local. C’est le cas du cerisier auquel toutes les études scientifi ques me-nées attribuent les hautes montagnes de Kabylie comme espace naturel par excellence. Ce qui n’est pas moins évident sachant que la wilaya renferme plus de 42% de cerisaie nationale avec des plantations qui s’étalent sur plus de 1100 hectares selon les statistiques arrêtées par la direction des services agri-coles. Toutefois, en réalité, la position de la principale zone de production de la cerise que s’attribue cette région du pays ne refl ète guère une situation réjouissante de ce produit. La cerisaie de la région de Tizi Ouzou est entrée depuis quelques années dans un cycle de déclinaison qui tend à la disparition pure et simple de ce produit rustique. Dans plusieurs localités de la wilaya, comme Larbaâ Nath Irathen et Irdjen, sur près d’un millier de mètres d’altitude, la proportion des cerisiers qui résistent encore aux facteurs destructeurs, dont les maladies, les

incendies ou le délaissement, est insignifi ante. Pourtant, dans un passé récent, ces régions furent le fi ef de la cerise à l’instar de Aïn El Hammam, Iboudrarène le long des piémonts du Djurdjura.Dans la situation actuelle de cette branche arboricole, il est évident que la région a raté les objectifs qu’elle s’est assignés en termes de mise en œuvre d’une réelle politique de promotion des produits du terroir. Cet échec est persistant malgré des efforts qui ont été consentis ces dernières années à la faveur des divers programmes de développement déployés dans le secteur agricole. Durant cette dernière décennie, les bilans de la direction des services agricoles font ressortir près de 5 millions de dinars mobilisés dans le cadre du PNDRA (plan de développement agricole et rural), sous forme d’investis-sements (dont près de 4 millions de dinars, soit 78% du volume global des investissements, ont été engagés par le FNRDA sous forme de soutien pour la plantation de 50 hectares de cerisiers). Dans le détail, les bilans de la DSA précisent que «les actions soutenues par l’Etat sont

les travaux au sol pour 20 000DA/ha, les engrais pour 10 000DA/ha et le plant à 200DA l’unité», alors que les aides du FNRDA ont touché 108 agriculteurs.

LE CAPNODE ET L’ACTION HUMAINE COMME FACTEURS RAVAGEURS

A ce rythme, il est toujours utile de noter que les opé-rations de soutien à la promotion de la production de la cerise qui viennent d’être citées demeurent insuffi santes comparativement aux potentialités et la dimension de cette culture dans une région où elle vient en 5e posi-tion des produits qui jouissent de bonnes conditions d’adaptation après l’olivier, le fi guier, les agrumes et la vigne. Parmi les facteurs qui freinent l’élan de la cerise, les autorités en charge du secteur agricole évoquent, en premier lieu, les maladies avec l’échec dans la lutte contre les différents parasites qui attaquent le cerisier. A cet égard, les services de la DSA recommandent un «traitement effi cace et permanent contre les insectes ravageurs, notamment le capnode qui demeure l’ennemi premier du cerisier, l’exécution d’opérations d’entretien (taille, labours, fertilisation et irrigation), densifi cation des plantations». Le développement non contrôlé de l’apiculture, lui aussi, peut s’avérer comme un facteur de nuisance au cerisier. En effet, les services chargés de la fi lière requièrent «le contrôle de la pollinisation par la détermination du nombre de ruches proportionnellement à la taille des vergers». Au chapitre des possibilités de développer une culture intensive de la cerise dans la région, il y a lieu de noter que les hauteurs du Djurdjura jouissent d’un climat et une posologie des sols qui particulièrement favorables à ce type de cultures. Au volet historique, il faut rappeler que ce sont les Français qui ont découvert pour la première fois que ces hautes altitudes de Kabylie sont toutes faites pour adopter avec facilité le cerisier. Ce fut en 1918, est-il mentionné dans l’historiographie de ce fruit élaborée par la subdivision agricole de Larbaa Nath Irathen. Durant la période coloniale et les premières années post-indépen-dance, la cerise a connu son top. Ce n’est qu’au milieu des années 1990 que la cerisaie de la région de Kabylie commence sa décadence effrénée. Au-delà de la Kabylie, la cerise est également produite dans les régions de Me-liana, (Aïn Defl a) et Tlemcen. M. N.

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Par Fatima

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Par Mohamed

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Fête de la cerise à Aït Allaoua, (Ath Yenni), ce jeudi

Tandis que des responsables des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou parlent d’une progression de la production de la cerise cette année, en affichant des bilans qui se veulent optimistes et positifs, la position de ce produit sur le marché local est loin d’être réjouissante, que ce soit au plan des rendements, de la qualité du fruit ou de son prix qui n’est toujours pas à la portée des bourses moyennes.

La situation physique du secteur agricole de la wilaya de Tizi Ouzou fait ressortir qu’en raison de son caractère montagneux, la surface agricole utile (SAU) est dominée par l’arboriculture à concurrence de 45 432 hectares, soit 47,6% de son espace total.

■ Variétés existantes dans la région: bigarreaux Burlat, bigarreaux Napoléon, bigarreaux Hedelfingen■ Surface plantée de cerisier : 1 211,5 ha, soit 3% seulement de la superficie arboricole■ Récolte pour la saison 2010/2011 : 20 000 quintaux■ Rendement à l’hectare : 25 quintaux contre 13q/ha la saison précédente■ Les régions de localisation de la cerisaie de Tizi Ouzou : Iboudrarère, Aïn El Hammam et Larbaâ Nath Irathen.

REPÈRES DE LA FILIÈRE

Cerise prête pour la cueillette dans la région d’Iboudrarène (Ath Yenni)

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ENQUÊTE 7 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Rnquête réalisée par

Fella Midjek

Utilisation de l’améliorant dans le pain en Algérie

Ramassage et revente de pain rassis

Entre enjeux économiques et santé publique

Une activité commerciale condamnée à l’informel

Le gouvernement a instauré un sys-tème de traçabilité de la matière première mise en place par l’unique

fournisseur du marché national en blé ten-dre, l’Offi ce algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Des conventions sont signées entre ce dernier et les meu-niers producteurs de farine subventionnée par l’Etat. Pour en savoir plus sur ce sys-

tème, contacté maintes fois, l’OAIC n’a pas donné suite, ni d’ailleurs le ministère de l’Agriculture, tutelle de cet Offi ce. En dépit de ce système, le consommateur n’est pas à l’abri des risques éventuels, car celui-ci consiste à fi xer les quantités de blé tendre et n’est pas en soi un mécanis-me qui assure la qualité du pain, d’après les intervenants dans cette enquête sur le pain.

AUCUNE ÉTUDE SUR L’USAGE DE L’AMÉLIORANT DANS LE PAIN EN ALGÉRIE

L’arrivée en Algérie des fours rotatifs, dans les années 80, a incité les boulan-gers à introduire de l’améliorant dans la pâte à pain en plus de la levure. Importé d’Europe, comme d’ailleurs la levure et l’améliorant par des Français, des Turcs ou des Chinois, cet améliorant est actuel-lement fabriqué en Algérie par la fi liale du leader européen SAF. Ces fours sont éga-lement importés d’Allemagne, d’Italie et de France, sont mis à l’index par l’Union des boulangers et pâtissiers qui tirent la sonnette d’alarme sur la congélation du pain. Pourtant, aucune étude n’a été réalisée depuis sur les améliorants et leur composante qui ne sont pas connus des professionnels de la boulangerie. Le pré-sident de cette Union affi rme qu’aucune indication n’est portée sur l’emballage

de cet améliorant. Les fournisseurs, pour leur part, refusent de révéler la composi-tion au nom du sacro-saint «secret com-mercial». Que cache-t-on ? Pourquoi tant de mystère autour de ce produit qui, selon les fournisseurs de fours rotatifs, peut être évité dans la fabrication du pain. A qui profi te l’utilisation de cet ingrédient sans connaître les additifs et produits chimi-ques qui le constituent ?Personne n’est en mesure de répondre à ces questions. Puisque même les services du ministère du commerce en charge du contrôle n’ont pas daigné répondre à nos sollicitations. Seule une étude est en cours dont les conclusions ne sont pas encore connues, apprend-on d’une source sanitaire.

LES BOULANGERS NON AFFILIÉS ET LA LOI DE L’OMERTA SUR LE PAIN

Les boulangers non affi liés à l’Union pré-fèrent ne pas discuter à ce sujet prétextant des occupations ou des empêchements familiaux ou de santé. Pourtant, les consommateurs sont unanimes : « le pain est de mauvaise qualité. C’est pourquoi il est jeté ». Une partie de ce pain est récu-pérée par les éleveurs. Ainsi, une nouvelle activité plus ou moins organisée, mais non règlementée a vu le jour ; des collecteurs reprennent ce pain et le revendent à des marchands qui à leur tour le cèdent à des

éleveurs. Un véritable réseau de pain ras-sis se développe. Toutefois, l’utilisation de ce pain dans l’alimentation des bovins et des ovins est contestée, mais l’éleveur se plaint de l’infl ation que connaît le prix de l’aliment destiné à cet effet.La preuve sur le danger éventuel de l’améliorant n’est pas établie scientifi -quement, mais les professionnels attirent l’attention du consommateur sur cet in-grédient devenu systématique et dont les normes ne sont pas toujours respectées, selon les intervenants dans l’enquête. Dans le codex alimentarius de la FAO, les normes des produits autorisés sont rendues publiques, mais il n’est pas à la portée du commun des mortels de les comprendre (Cf tableau 1).La baguette de pain amélioré, de 250 g à 8,50 DA puisque le pain ordinaire à 7,50 DA est quasiment inexistant sur les étales, est un marché juteux pour les in-dustriels et les importateurs de produits en absence de contrôle spécifi que au pain et sa composition. A ce jour, aucune source n’est en mesure de donner un chiffre des quantités de pain jetées les municipalités (APC ou autres services). Donc, tant que les résultats de l’étude sur les produits chimiques contenus dans les améliorants et additifs alimentaires ne sont pas rendus publics, dans le doute il vaut mieux s’abs-tenir ! F. M.

Le pain s’empile au coin des rues et marchés de la capitale Alger dans des

sacs en plastique de couleur noire, rose, orange, vert, bleu et transparent. Parfois, cet aliment est jeté à même le sol. Des vieillards et des enfants viennent le récu-pérer dans des brouettes ou dans de grands sacs vides de farine de 50 kilos, pour les vendre à des éleveurs de volailles, de cheptel ou de bétail pour le prix de 100 DA le sac de 5 kilos.Dans le quartier d’El Harrach, près de la bergerie, cette activité est exercée de père en fi ls. Des frères, mécaniciens de leur état, avec leur père, achètent des quantités de pain rassis aux enfants entre 60 et 70 DA le sac de 5 kilos pour le revendre aux bergers et éleveurs de bétails entre 100 et 110 DA, affi rme Rabah, la cinquantaine qui visiblement est le frère aîné.Rabah et ses frères, les mains pleines de cambouis, étaient autour d’une voiture dont le capot est ouvert, à l’extérieur de leur grand garage, situé derrière la ber-gerie. Pendant qu’ils tentent de réparer le véhicule, ils expliqueront : «Le mercredi, nous trions le pain que nous achetons à des enfants des environs. Nous nous débarrassons du pain moisi puis nous le mettons sur une bâche à même le sol pas loin de notre garage pour le sécher au soleil». D’ailleurs, le mercredi est le jour du grand marché de l’ovin à 100 mètres de chez eux, indique-t-on. Un lieu de rendez-vous hebdomadaire des revendeurs de pain rassis. En effet, ce mercredi matin, vers 7h30, les revendeurs de pain rassis étaient là. Des camionnettes chargées de pain qu’on apercevait à peine de loin. De près, lorsque l’un des collecteurs, Saïd, debout devant son chargement couvert par une bâche la soulève à peine pour

négocier le prix et les quantités avec le revendeur, du pain mis à même le plancher est présenté comme une marchandise au revendeur Aami Mohamed. Ce dernier est un vieillard de 70 ans, ancien moudjahid et père de 12 enfants, selon ses propos. Il ne passe pas inaperçu en raison de son chapeau couleur beige et sa canne. Il est debout devant une dizaine de grands sacs de pain, bien emballés dans de grands sacs de farine vidés, et discute avec Saïd qui visiblement est son fournisseur habituel en pain rassis. Aami Mohamed rode autour de sa marchandise exposée non loin d’un troupeau de moutons bien gardé par un berger et ses acolytes à l’entrée du marché hebdomadaire de l’ovin. Natif de Sour El

Ghozlane, ancien combattant de la guerre de libération, usé par le poids de l’âge et les diffi cultés de la vie, Aami Mohamed lâche : «J’ai fait la révolution et je vis du pain rassis que je vends 50 à 60 DA le sac de 12 kg ». Et d’ajouter : «Je me lève à 2h du matin pour sillonner les quartiers de la capitale à la recherche du pain déposé devant les portes des maisons ou à côté des bennes à ordures». A quelques pas, face à lui, de l’autre côté de la rue, un autre re-vendeur, plus jeune d’environs 60 ans, un retraité, en djelaba et barbu, expose égale-ment 10 sacs de pain soigneusement em-ballés. Il indique que ses prix varient entre 150 et 160 DA les 12 kg de pain rassis. Ce dernier refuse d’être identifi é et d’en dire

plus sur son activité. Plus loin, un autre vieillard confortablement installé dans une Renault Clio bleu marine, chargée de sacs de pain même sur le toit, affi rme être un éleveur de bovin. Méfi ant, il ne dira pas plus. Ailleurs, dans un autre quartier d’Alger-Centre, Aami Hocine vit de cette activité, il prend sa Clio blanche pour faire chaque fois qu’il est nécessaire le tour du quartier pour ramasser du pain, racontent ses jeunes voisins en son absence. Sou-vent, selon eux, des gens posent des sacs de pain près de sa porte dans l’immeuble là même où des morceaux de pain sèchent à l’air libre sur du plastique dans le hall de la bâtisse et parfois même dehors.

F. M.

La revente du pain rassis fait nourrir des familles en manque de rentes

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Des quantités de pain sont jetées dans les poubelles. Pourquoi ? Sa qualité est mise en cause. L’améliorant est suspecté d’être à l’origine de ce gâchis, car cet ingrédient, dont la composition relèverait du «secret commercial», est nécessaire à la cuisson du pain dans le four rotatif. Il s’agit d’une question de santé publique dont les retombées et les enjeux économiques sont très importants. C’est ce que cette enquête tente de démontrer en l’absence d’une étude sur les risques réels des additifs alimentaires avec les acteurs de la chaîne de fabrication du pain, de la matière première, le blé tendre, en passant par la minoterie, le boulanger et enfin le consommateur du produit final, le pain.

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8 ENQUÊTE El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Youcef Kalafat. Président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers

Avec l’utilisation des fours rotatifs

«Les coupures de courant et les boulangers clandestins causent des pertes en pain»

L’améliorant serait dangereux pour la santé

Est-ce que la levée par l’Office algérien interprofes-sionnel des céréales (OAIC) du système de quotas de la matière première a pu mettre fin aux différents épisodes connus par le passé de pénurie de farine pour la fabrication du pain ?Avec le nouveau système qui repose sur l’approvi-sionnement selon les capacités des minoteries et les besoins de chaque boulangerie, il n’y a plus de pénurie de farine. Cette pénurie est ressentie qu’au niveau du commerce. Mais c’est surtout la semoule qui a manqué. Avec l’augmentation des quotas de blé tendre et même de blé dur aux minoteries, la pénurie que nous avons connue durant une petite période s’est estompée.

Comment se fait la distribution de la farine pour les besoins de fabrication de pain ?

C’est au boulanger de fixer ses besoins en farine. Il existe des boulangers qui n’arrivent pas à pétrir 5 quin-taux par jour dans un petit village à l’intérieur du pays et d’autres arrivent jusqu’à 20 quintaux dans les grandes villes.

Quel est le prix de la farine à l’approvisionnement auprès des minoteries ? Le prix de la farine est subventionné par l’Etat à 200 DA le quintal, soit 20 DA le kilo. Cette subvention concerne toute la farine vendue aux boulangers et aux consommateurs. Il est dit que le pain est subventionné, car la farine l’est, mais pas uniquement pour le boulan-ger. Il se trouve que le boulanger, qui s’approvisionne auprès du grossiste, ne l’achète pas à ce prix, car le re-vendeur a sa marge bénéficiaire, donc il l’achète à 2200 voire 2300 DA le quintal.

Justement, le prix de la baguette de pain est adminis-tré à 7,50 DA. Pourquoi est-elle cédée à 10 DA même

dans les boulangeries ?Le prix officiellement administré est de 7,50 DA pour le pain ordinaire et 8,50 DA pour l’amélioré, mais il n’existe plus de baguette à 7,50 DA. Avant les années 1980, la baguette à 7,50 DA existait, car le boulanger utilisait le four à dalles et la cuisson était manuelle. A partir de 1980, avec l’importation des fours rotatifs, les boulangers ont été obligés d’utiliser l’améliorant. Sans cette poudre, dont on ignore les composantes, im-portée entre autres de France, du Portugal et du Maroc, il n’est pas possible de faire du pain qui sera cuit dans ce genre de four. C’est pour cela que la baguette est cédée à 8,50 DA. Il n’existe plus de four à dalles ou à étages. Il faut savoir qu’en Europe, les fours rotatifs ne

sont pas utilisés pour ne pas augmenter les charges. Un four rotatif coûte pas moins de 250 millions de centimes (2 500 000 DA) et un matériel complet de boulangerie commence à partir 450 millions de centimes (4 500 000 DA). Pour l’améliorant, le carton de 10 kg vaut 2900 DA. Idem pour la levure.

Pourquoi il donc est rare de trouver du pain à 8,50 DA ?Pour être sincère, ici à Alger, on trouve du pain amélioré de 8,50 à 10 DA dans les boulangeries et ces prix sont affichés. C’est à la direction de commerce et aux servi-ces de contrôle de prendre les mesures nécessaires. Par contre, hors d’Alger, les consommateurs trouvent du pain à 8,50 DA.

Quelle est la consommation journalière nationale de pain ?La consommation nationale de pain est de 48,650 mil-lions voire 49 millions de baguettes de 250 g par jour.

De grosses quantités de pain se retrouvent dans les ordures ménagères. Pourquoi ?Le pain, qu’on retrouve dans les poubelles, est le produit des restaurants et fastfood. Par ailleurs, en cas de coupu-res d’électricité, il arrive que des boulangers aient de la pâte à pain dans le pétrin ou dans le four et au rétablisse-ment du courant ils sont obligés de faire cuire cette pâte pour ensuite la vendre entre 70 à 80 DA le sac de 15 à 17 kg aux collecteurs de pain rassis ou directement aux éleveurs de bovins, d’ovins et de volaille. Il arrive aussi qu’un client ne récupère pas sa commande.

Comment expliquez-vous qu’à partir d’une certaine heure il n’y a plus de pain dans les boulangeries et paradoxalement y a cet excès de pain rassis ?Le pétrissage commence à minuit, car à 5h du matin le pain doit être prêt. A l’aube, les clients commencent déjà à affluer. Quant à la disponibilité du pain, il faut dire que les revendeurs informels viennent s’approvisionner donc dès qu’il n’y a plus de pain, la boulangerie ferme. C’est aux autorités locales et les services de contrôle devraient agir en conséquence et mettre ainsi fin à la vente du pain sur la voie publique et sans les marchés. La vente informelle encourage les boulangers clandes-tins, qui avaient clos leurs registres du commerce, mais continuent à travailler. En mettant fin à la vente sur la voie publique, ces boulangers clandestins disparaîtront de fait. Il faut signaler qu’entre 2000 et 2010, 3000 bou-langeries ont fermé. F. M.

M. Kalfat affirme que «les composantes de l’amélio-rant sont un secret professionnel du fabricant qui

ne donne aucune indication sur l’emballage». De plus, certains boulangers mal intentionnés, selon lui, mettent un excès d’améliorant pour accélérer la cuisson et aug-mentent ainsi le nombre de fournées. Il cite un indice vi-sible à l’œil nu, la couleur du pain suspect est sa couleur rougeâtre. De son côté, le fabricant d’améliorant et importateur de levure en Algérie, SAF Djazaïr, contacté pour en savoir plus sur la composition de cet ingrédient ajouté au pain, a indiqué que «la société ne peut révéler cette composition, car cela relève du secret commercial», selon le conseiller

du président de SAF France, Claude Lemoine, qui s’ex-primait au téléphone. SAF Djazaïr dispense des forma-tions pour les boulangers algériens afin de mieux utiliser l’améliorant produit par eux et la levure.

LES IMPORTATEURS DE FOURS ROTATIFS SE DÉFENDENT

Pour leur part, les importateurs des fours rotatifs, comme la Sarl SAMOS, représentant plusieurs marques al-lemandes, françaises et italiennes en Algérie dont les prix varient entre 13 000 et 16 000 euros, expliquent au téléphone que «la qualité du pain ne dépend pas du four» et incrimine «le prix administré du pain et de la farine». L’interlocuteur, qui n’a pas souhaité être cité, a cependant signalé qu’ «il existe des fours tubulaires très avantageux dont la durée de vie est de 40 à 50 ans qui ne nécessitent pas l’usage de l’améliorant dans le pain», sans en dire plus. Interrogé sur la part dans le chiffre d’affaires des fours rotatifs vendus aux boulangers, il répondra : «La boulangerie ne rapporte rien au prix de 8 DA la baguet-te». Son concurrent, DACE, une multinationale chinoise, et représentant en Algérie de la marque allemande Wer-ner, reprise par le sud-africain Macadams, vend des fours rotatifs à bruleur à gaz ou au mazout pour 250 baguettes

ne commentera pas la responsabilité indirecte de ces fours dont la part des ventes dans le chiffre d’affaires constitue 40% . Selon la responsable commerciale, Sa-mira Zouakh, les prix des fours varient de 255 000, 420 000, 800 00 DA voire plus pour les plus grands.

LES AMÉLIORANTS SERAIENT «CANCÉRIGÈNES»

Le directeur d’une école privée fraîchement agréée en qualité-hygiène, sécurité et protection de l’Environne-ment (QHSE), Abdellah Seddiki, affirme au sujet du rôle et des risques pour la santé de l’ajout de l’améliorant dans la fabrication du pain qu’il a eu la même réponse de la part des boulangers du coin (à Mohammadia). Ces der-niers disent, selon lui, que «dans les fours rotatifs la pâte retombe, sans cet améliorant ». Il ajoutera : «Ici àMo-hamadia, des contrôleurs du ministère du Commerce semblent passer régulièrement». Toutefois, son médecin pense que «ces améliorants sont cancérigènes». S’agis-sant de la règlementation, il soulignera : «Nous avons des textes pour tout, mais leur application est plutôt rare».Interrogé sur cet éventuel danger de l’améliorant dans le pain, une source sanitaire, ayant requis l’anonymat, fait savoir qu’une étude est en cours pour déterminer la toxicité de certains ingrédients alimentaires. F. M.

Les coupures de courant et les boulangers clandestins sont à l’origine des pertes de pain amélioré, à 8,50 DA, que le boulanger cède à des collecteurs qui approvisionnent les éleveurs de bovins, d’ovins et de volaille, affirme à El Watan économie le président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers, Youcef Kalafat.

«L’améliorant est une matière à ne pas congeler», avertit le président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers, Youcef Kalafat, qui indique que cet ingrédient pourrait être à l’origine de certaines maladies. Pire, il avance que «l’améliorant est contre-indiqué aux bébés et aux femmes enceintes».

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Propos recueillis par

Fella Midjek

Youcef Kalafat

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ENQUÊTE 9 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Par Fella Midjek

En l’absence de subvention

Taïeb Ezzraïmi. PDG du groupe SIM

Les petits éleveurs nourrissent de pain leurs bêtes

«Eliminons l’améliorant dans la fabrication du pain»

Dans le quartier de Kouba, M. et Mme Pisani, éleveurs de père en fi ls et propriétaire de 25 vaches laitiè-

res, achètent directement, et occasionnel-lement, le pain rassis chez le boulanger du coin à 100 DA le sac de 5 kg. «En cas de panne, nous achetons 10 à 12 sacs pour mélanger 1 sac de pain à 2 ou 3 sacs de son, car l’aliment est cher», déclare Mme Pisani en l’absence de son mari qui signale que celui-ci est inscrit à la cham-bre des éleveurs. En raison des diffi cultés fi nancières, «l’élevage ne dégage pas de bénéfi ce», selon elle, soulignant qu’il y a les charges à payer et les salaires de deux ouvriers déclarés à la sécurité sociale.A Chevalley, sur les hauteurs d’Alger, un jeune éleveur de vaches et de poules mélange le pain rassis à l’aliment de bétail et au son, confi e son collecteur de pain qui dit, en l’absence du propriétaire, le faire «gratuitement au nom de l’amitié». Dans son étable, l’aliment, le son et le pain moulu sont mélangés dans une vieille baignoire encore à moitié pleine de ce mé-lange alimentaire destiné au bétail. Pour les volailles, le pain est trempé dans l’eau et présenté ainsi pour la nourriture des poules et coqs de la basse-cour. F. M.

L’OAIC a mis en place un système de traçabilité de la matière première, le blé tendre, au produit fi ni qu’est le pain. Pourquoi ?Cette traçabilité existe depuis 1996, elle est instaurée par un décret ministériel. Elle concerne le blé tendre pour la fabrication du pain et de la farine panifi able. Elle existe depuis que le blé tendre est subventionné par l’Etat puis-que le pain est un produit stratégique chez nous (Algé-rie). Les blés, importés à ce jour à hauteur de plus de 70% des besoins nationaux, sont de différentes qualités. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Etat a autorisé les bou-langers à utiliser un améliorant comme la farine de fève, le malt, etc., pour améliorer la qualité du pain étant donné que le blé tendre importé ou produit localement était parfois de qualité discutable. Le process de fabrication du pain est soumis à une traçabilité (le blé, la mouture et le boulanger). Il faut savoir qu’il est interdit au meunier d’ajouter des améliorants dans la farine.

Qu’apportent de plus les conventions signées entre les meuniers et l’OAIC à ce système de traçabilité ?Ces conventions signées entre les opérateurs et leur unique et principal fournisseur de blé, l’OAIC, précisent les quantités. Actuellement, ces quotas sont de 60% des capacités installées de chaque meunier. Ces moulins pro-duisent 2500 tonnes/jour.

Quelle est la part de marché du groupe SIM ?Elle était de 38% lorsqu’on fonctionnait à 100%. Actuel-lement, à 60% c’est environ 1 000 tonnes/ jour. SIM pro-duit 1 250 tonnes de farine par jour dont 95% sont desti-nés à la boulangerie. C’est de la farine panifi able. Nous avons un laboratoire d’analyse et une école de formation

où nos gros clients boulangers sont formés et recyclés. Le groupe a aussi des conventions avec des universités comme l’université Saïd Dahleb ou l’INA (Institut natio-nal d’agronomie) d’El Harrach.

Des quantités de pain sont jetées. Pourquoi ?Il existe différents problèmes. Le premier est l’absence de formation en Algérie. Il n’existe plus de CAP boulan-ger depuis 1985. 90% des boulangers existants ne sont pas formés. Il faudra y revenir. D’ailleurs, c’est l’une des causes de ce pain jeté. La deuxième cause porte sur cet améliorant qu’on met dans le pain sans respect des normes et du dosage. L’autre facteur concerne les moyens de contrôle. Qui contrôle aujourd’hui le boulanger. Existe-t-il un système ou un organisme qui expertise les boulangers, car la Direction de contrôle des prix (DCP) ne contrôle que les prix et la fraude. Il n’existe pas de contrôleurs spécialisés dans le process de fabrication et la composition du pain dans les boulangeries. Il faut savoir que l’améliorant est fabriqué à base de produits chimiques et tout produit chimique peut être nocif à la santé de la population. C’est contre l’utilisation de cette formule que nous luttons. Eliminons l’améliorant dans la fabrication du pain.

Certains boulangers accusent l’utilisation de four ro-tatif d’être incitateur de l’introduction d’améliorant dans le pain. Est-ce vrai ?Ce n’est pas l’utilisation de four rotatif qui en est la cause. On accuse le four rotatif pourquoi ? Car plus on met d’améliorant, plus vite le pain est cuit. Là, il y a une sorte de business. Il ne faudrait pas faire du business avec la santé des gens. F. M.

Le pain sert aussi à nourrir les bêtes

Taïeb Ezzraïmi

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«L’Etat ne nous aide pas dans l’alimentation de nos bêtes. Aucune subvention n’est accordée aux petits éleveurs de bétail, c’est pourquoi nous mélangeons parfois au son du pain pour nourrir nos vaches», indiquent des éleveurs de vaches laitières à Alger.

«Le pain qu’il soit rassis ou non ne peut pas faire partie de la ration alimentaire que ce soit pour le bovin ou l’ovin », indique docteur Mohamed Haroun, vétérinaire-éleveur bovin (vaches laitières), secrétaire général de l’Association des producteurs laitiers Constantine et membre de Citre Club semences et du Comité interprofessionnel du lait.«L’alimentation du bétail et du cheptel (bovin-ovin) avec du pain rassis n’affecte pas la qualité des produits issus de l’élevage (viande, lait) tant que celui-ci n’est pas moisi, car le problème ce sont les champignons et les spores butyreux qui provoquent des pathologies et par conséquent du lait et de la viande de mauvaise qualité», souligne Dr Haroun.Par ailleurs, «le ferment peut avoir un avantage dans l’alimentation des bovins par son rôle de régulateur du PH du rumen et donc une bonne digestibilité, mais peut aussi avoir beaucoup d’inconvénients, car il peut produire des toxines et endotoxines qui peuvent être nuisibles pour l’homme et l’animal», ajoute Dr Haroun. F.M.

Pour une baguette de pain amélioré de 250 g cuite et de 300 g en pâte, les normes sont, selon l’Union nationale des boulangers et pâtissiers :250 g de farine50 g d’eau3 g d’améliorant dans 1 kg de farine 10 g de levure dans 1 kg de farine20 g de sel dans 1 kg de farine(Sources : Union nationale des boulangers et pâtissiers)

Attention aux champignons dans le pain moisi

Votre baguette de pain amélioré à 8,50 DA

Propos recueillis par

Fella Midjek

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10 ENERGIE El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

L’économie mondiale à l’heure des énergies renouvelables

Fréderic Greiner. Directeur commercial monde pour les activités Thermal à GE Energy

Les pays du Sud comme étape post-nucléaire

«En Algérie, nous adaptons nos projets aux lois en vigueur»

Les enjeux géostratégiques et la scène politico-économique mondiale sont particulièrement

empreints par cette nouvelle donne. C’est la tendance qui caractérise désormais tout événement en rapport avec le secteur énergétique, comme cela a été le cas lors du salon inter-national des énergies renouvelables Power Gen qui s’est tenu la semaine dernière à Milan en Italie où les multi-nationales ayant réussi des innovations impressionnantes dans le domaine des énergies nouvelles se sont présentées en guest star. Les débats lors de cette manifestation, à laquelle ont pris part les pionniers de la technologie et de l’industrie énergétiques à l’échelle mondiale, comme Gazprom, Areva, Alstom, Général Electric Energy et autres, ont été focalisés par la volonté

de plusieurs Etats à sortir définiti-vement du cercle nucléaire à moyen ou à long terme, un choix que se sont fait plusieurs Etats depuis la catastrophe de Fukushima (Japon), à l’instar de l’Allemagne qui a fixé 2022 comme échéance pour en finir définitivement l’énergie nucléaire, la Suisse qui lui emboite le pas en

projetant le remplacement total du nucléaire par les énergies nouvelles à l’horizon 2034 ou la Chine qui, elle, a opté pour le gel temporaire de son industrie nucléaire.La question qui demeure posée à cet égard est de savoir si le défi de sortir définitivement du cercle nucléaire est réellement réalisable. Toutefois, les milieux d’affaires et autres experts présents au Power Gen de Milan divergent sur ce point, mais dans l’ensemble il y a unanimité sur le fait qu’à moyen terme les énergies issues du nucléaire ne représenteront pas plus de 20% de la consommation mondiale. A cet égard, la production de l’électricité issue de sources autres que nucléaires s’avère la priorité de plusieurs pays, notamment en Europe.

Cependant, le défi n’est pas mince pour les pays comme la France, dont 75% des besoins en électricité sont couverts par l’activité nucléaire, alors que 25% seulement sont couverts par l’électricité produite à partir des autres origines comme le renouvela-ble. Pour les spécialistes en la matière, la tendance est à l’exploration des potentialités d’origine solaire, hydrau-lique, éolienne, entre autres. Cepen-dant, pour ces dernières, qui sont «des énergies exploitées par l’homme, de telle manière que leurs réserves ne s’épuisent pas, requièrent une vitesse de production plus grande que leur vitesse d’utilisation». Dans cette nou-velle orientation qui se dessine, les pays refermant des potentialités pour la production des énergies nouvelles, à l’instar de l’Algérie, font l’objet d’une attractivité grandissante auprès des multinationales spécialisées dans la production de l’énergie. Aucun des leaders mondiaux dans ce domaine ne cache son intérêt pour le territoire al-gérien qui est perçu comme un terrain favorable pour le développement du solaire ou l’éolien. M. N.

Les énergies renouvelables constituent le défi majeur des technologies nouvelles. Quelle sera la place de la région méditerranéenne et l’Afrique du Nord dans la nouvelle configuration de la carte énergétique mon-diale? Le bassin méditerranéen est une zone de développement démographique importante. Inutile de vous préciser que cette croissance démographique génère des besoins éner-gétiques majeurs, tant au niveau résidentiel qu’industriel. Pour adresser ces besoins, certains pays de cette zone possèdent les ressources fossiles nécessaires à ce dévelop-pement. GE Energy dispose des technologies capables de les traiter. Je pense notamment au cycle combiné à base de turbine à gaz, qui est le moyen le plus efficace, le plus économique et le plus rapide de produire de l’électricité. Les conditions naturelles du bassin en font par ailleurs une zone propice à l’installation d’énergies renouvelables (solaires). La combinaison des deux moyens de production - solaire et cycle combiné - appelée ISCC (Integrated Solar Combined Cycle) a d’ailleurs été présentée en première mondiale par GE Energy à Paris le mois dernier. Il garantit une efficacité énergétique de plus de 70%. Nous venons d’annoncer cette semaine le premier client bénéficiaire de cette technologie Flexefficiency50, METCAP qui, en plus du cycle combiné et de l’énergie solaire, adjoindra sur site un parc éolien. Cela se passera en Turquie, et il s’agit là en-core d’une première mondiale avec la combinaison cycle combinée, éolien et solaire.

Avec sa nouvelle technologie, GE Energy s’est lancé dans un cycle d’innovation. Cette dynamique s’inscrit-elle dans la perspective des mutations que subit actuel-lement le secteur énergétique?Oui absolument. Cette nouvelle technologie combinant efficacité énergétique et flexibilité adresse les besoins d’un secteur énergétique de plus en plus impacté par l’intermit-

tence générée par l’addition d’énergies renouvelables tels qu’éolienne et solaire. Cette tendance se confirme dans la plupart des pays, fait partie de politiques énergétiques et ira croissante. Notre Flexefficiency50 présente aujourd’hui le meilleur rendement permettant de réduire à la fois la facture énergétique, mais également les émissions de CO2 (un point de rendement gagné équivalent à 2% d’émissions en moins). Tout cela en anticipant la croissance du marché des renouvelables.

Avez-vous des objectifs précis justement dans la région en général, et en Algérie en particulier ?Je tiens d’abord à rappeler qu’entre GE Energy et l’Algé-rie, nous parlons d’une histoire de cœur, puisque la société est présente sur le sol algérien depuis près de quarante ans, avec une fidélité indéfectible et une présence continue. Nos partenaires en Algérie sont Sonatrach, Sonelgaz ainsi qu’Algesco. Sonatrach et Sonelgaz viennent de nous permettre de mettre en place un programme de formation ambitieux destinée à leurs ingénieurs et techniciens dans le domaine des turbines à gaz, ce qui permettra un véritable

transfert de compétences dans l’expertise de la techno-logie installée. Avec Algesco, nous avons un partenariat couronné de succès dans le cadre d’un centre de réparation des équipements rotatifs des plus poussés à Boufarik. En réponse à cette question, GE Energy dispose en Algérie de sa plus grande flotte de turbine à gaz au monde. Un parc que nous allons continuer de développer, avec les technolo-gies qui permettront à l’Algérie de produire de l’énergie de manière variée et efficace pour répondre concrètement aux besoins de la population et de l’industrie. Des technologies de progrès que nous partagerons également dans le domai-ne de l’eau qui, avec l’énergie, est un véritable challenge mondial pour les années à venir, et pour lequel, GE Energy développe des solutions dont l’Algérie dispose d’ores et déjà. Je peux donc vous confirmer que cette success story est loin d’être terminée.

Peut-on envisager des unités de production de General Electric en Algérie à moyen ou long terme?Je vous rappelle que nous poursuivons le développement de nos projets en adaptant nos partenariats aux lois en vigueur, notamment en termes d’investissement. Nous sommes attentifs aux opportunités existantes et avons la volonté de consolider nos relations avec Sonatrach et Sonelgaz. Je suis convaincu que notre nouvelle centrale Flexefficiency50, intégrant l’éolien et le solaire, sera au cœur des discussions dans le cadre de développement de solutions de productions efficaces et responsables dont l’Algérie souhaite se doter.

Confrontée à des remises en cause successives depuis la catastrophe de Fukushima, quel est l’avenir de l’énergie nucléaire comme ressource énergétique à long terme ?Je reste convaincu que le nucléaire devra faire partie du panorama des solutions de production d’énergie à long terme. Mais je crois également que les centrales à cycle combiné vont avoir une importance de plus en plus accrue dans le monde. Car elles satisfont aujourd’hui des besoins de réduction des émissions, de flexibilité et d’efficacité de plus en plus importants. Notre nouvelle centrale Flexeffi-ciency50 répond à ces objectifs, en permettant notamment la production d’un kilowatt/heure à moindre coût, élément décisif. M. N.

La substitution des énergies renouvelables au nucléaire et les autres énergies fossiles a fini par s’imposer comme le défi majeur qui dicte désormais les mutations générales de l’économie mondiale.

Certains des paramètres sur la base desquels est calculée l’évaluation du progrès économique, que ce soit à l’échelle nationale ou mondiale, requièrent, à coup sûr, une révision profonde.

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Dans le cadre de sa politique de déploiement à l’international, la société pétrolière russe, Gazprom place le marché algérien au registre de ses priorités. Rencontrés la semaine dernière au salon des énergies nouvelles de Milan, Power Gen, des responsables de ce groupe rappellent qu’«en janvier 2009, Gazprom a signé avec le pétrolier algérien, Sonatrach, un Accord sur le transfert de droits d’exploration et de production des hydrocarbures dans le bassin de Berkine en Algérie. La participation du géant russe dans le projet est de 49%». Pour les représentants de cette firme, le contrat en question a permis de renforcer les positions de Gazprom dans la région». Cependant, en décembre 2009, dans le cadre de l’extension de son réseau à l’international, «Gazprom a ouvert un bureau de représentation en Algérie, à l’instar des autres pays comme la Chine, l’Inde, l’Iran et d’autres pays d’Amérique latine». En revanche, les responsables du géant russe refusent catégoriquement de discuter du marché européen du gaz notamment leur appréciation du renforcement de la position du groupe algérien, Sonatrach sur ce marché à travers le Medgaz. M. N.

Gazprom sur le marché algérien

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ENTREPRISE & CONSEILS 11 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Par Samir

Hadj Ali (*)

Arrêtés de comptes

Quand les reports de délai desservent

L’année 2010 est l’exercice de pre-mière application du Système Comptable Financier (SCF) et tous

ceux qui ont croisé cette nouvelle loi comptable, qu’ils soient préparateurs ou utilisateurs, admettront que nonobstant ce que les formations ont pu démystifi er de la matière, il reste encore beaucoup à assimiler et à maîtriser pour aboutir à la fameuse notion d’image fi dèle des états fi nanciers. Accordons-nous à énoncer que cette pre-mière application n’est pas un exercice facile et qu’elle est loin d’avoir résolu l’ensemble des sujets. Mais comme les journées n’ont pas plus de vingt quatre heures, les années pas plus de douze mois, les délais d’arrêté et de publication de comptes ne sont extensibles que si les textes le permettent.C’est justement ce que la Direction géné-rale des impôts a fait en mars dernier en publiant un communiqué selon lequel les contribuables relevant respectivement de l’impôt sur le revenu global (IRG) dans la catégorie des bénéfi ces industriels et commerciaux (régime du réel) et de l’im-pôt sur les bénéfi ces des sociétés (IBS), bénéfi cient d’un délai de souscription de la déclaration annuelle de résultat prorogé au 30 juin 2011 (au lieu du 30 avril 2011). Le délai est fi xé par la loi fi scale au 30 avril, mais la direction générale des im-pôts a pris en considération les différentes demandes d’extension de délai, dans le contexte de la première application du SCF, la nouvelle loi comptable algé-rienne. De son côté l’administration du CNRC vient de publier un communiqué selon lequel le dépôt des comptes sociaux est reporté du 31 juillet 2011 au 31 août 2011.Voici donc deux prorogations de délais qui peuvent paraitre complémentaires, mais qui une fois alignées sur un calendrier trouvent des diffi cultés d’application.

L’ADMINISTRATION FISCALE A SOUVENT RECOURU À DES EXTENSIONS DE DÉLAI

Le délai de remise de la déclaration an-nuelle pour les sociétés, souvent désignée

comme ‘bilan fi scal’ obéit aux disposi-tions de l’article 151 du code des impôts directs qui précise que les contribuables concernés sont tenus de souscrire, au plus tard le 30 avril de chaque année auprès de l’inspecteur des impôts directs du lieu d’implantation du siège social ou de l’éta-blissement principal, une déclaration du montant du bénéfi ce imposable de l’entre-prise, se rapportant à l’exercice précédent. La même déclaration doit être produite en cas de défi cit dans les mêmes délais. Le communiqué de la Direction générale des Impôts du mois de mars 2011 a été établi sur la base des dispositions du se-cond alinéa de l’article 151 du code des impôts directs qui prévoit qu’en cas de force majeure, le délai de production de la déclaration annuelle peut être prorogé par décision du directeur général des impôts, sans que cette prorogation n’excède trois mois. La situation vécue pour la déclara-tion annuelle 2011/2010 est celle d’une prorogation généralisée, mais la disposi-tion s’applique également aux proroga-tions accordées au cas par cas.Le troisième alinéa du même article prévoit que dans les vingt et un jours qui suivent l’expiration du délai légal prévu par le code du commerce pour la tenue de l’assemblée générale ordinaire, les socié-tés soumises au contrôle d’un commis-saire aux comptes, peuvent souscrire une déclaration rectifi cative, en y joignant dans le même délai, les documents, en leur forme réglementaire, qui fondent la rectifi cation, notamment le procès-verbal de l’assemblée et le rapport du commis-saire aux comptes.A titre d’exemple une société qui aurait souscrit à l’obligation de remise de sa déclaration annuelle au titre de l’IBS le 30 avril, serait fondée à soumettre une décla-ration rectifi cative au plus tard 21 juillet, si lors de son assemblée générale tenue le 30 juin, les comptes défi nitifs venaient à être rectifi és, sur la base d’ajustements recommandés par le(s) commissaire(s) aux comptes, avec prise d’acte par l’as-semblé générale ordinaire tenue au plus tard le 30 juin. De nombreux dirigeants et préparateurs d’états fi nanciers se sont interrogés sur l’effet en cascade que pouvait avoir la décision de la Direction Générale des Im-pôts de mars 2011, qui prorogeait le délai de remise des déclarations annuelles pour les bénéfi ces industriels et commerciaux au 30 juin 2011, et de penser que cela entraînerait automatiquement un délai supplémentaire pour la convocation des assemblées générales et pour la publica-tion des comptes.

LE CODE DE COMMERCE A SES PROPRES DISPOSITIONS EN LA MATIÈRE

Dans la stricte application de la loi com-

merciale, il n’en est rien puisque contrai-rement à la prérogative de la Direction Générale des Impôts codifi ée pour les prorogations de délai, en matière fi scale, les délais pour la tenue des assemblées gé-nérales ne sont extensibles que sur ordon-nance du juge et non par décision d’une administration. Si l’Assemblée générale ordinaire ne peut pas être convoquée dans le délai des six mois qui suivent la clôture de l’exercice, le Conseil d’administration ou le Directoire d’une société par actions, peut demander une prolongation de délai par ordonnance sur pied de requête de la juridiction compétente. Les gérants de Sociétés à Responsabilité Limitée sont te-nus de procéder à la réunion de l’Assem-blée des associés dans les six (6) mois de la clôture de l’exercice, sauf prolongation de délai n’excédant pas six (6) mois fi xé par décision de justice(2). Les juges seront particulièrement sollicités cette année, et encore plus pour les deux semaines qui courent avant le 30 juin 2011.En règle générale, l’ordonnance sur pied de requête est préparée par le deman-deur, ou son conseil, avec une demande motivée. Les motifs les plus couramment avancés ont trait à des situations excep-tionnelles, telles que l’indisponibilité avé-rée des dirigeants, l’impossibilité d’arrêter les comptes ou celle de réunir les associés et actionnaires. Le refus du juge, rare en pratique, mais qui n’est pas à exclure, met la société dans une situation délicate, car il faut au moins convoquer l’assemblée générale ordinaire dans les délais, quitte à réunir l’assemblée en plusieurs sessions pour statuer ultérieurement. Cette pratique étendue n’est pas prévue par la loi. Elle n’est pas pour autant inter-dite, mais la date limite des trente jours qui suivent la date de l’approbation des comptes, pour la publication des comptes, conduit forcément au 30 juillet(3).

LA PUBLICATION DES COMPTES SOCIAUX DE 2010 EST PROROGÉE AU 31 AOÛT 2011

Tel en a disposé le CNRC dans un récent communiqué. Ce communiqué précise que ‘pour permettre la facilitation du dépôt légal des comptes sociaux’ par les opérateurs économiques concernés, le dépôt légal des comptes sociaux est re-porté du 31 juillet 2011 au 31 août 2011. Il ne faut pas se réjouir rapidement de cette disposition car le motif avancé par le CNRC n’est pas mis dans le contexte de l’application de la nouvelle loi comptable et de façon subséquente du report de délai décidé par l’administration fi scale.L’administration du CNRC donne tout simplement plus de temps aux entreprises concernées, sans doute pour donner plus de chances aux entreprises qui ont été défaillantes à ce jour. Il reste que le com-muniqué est publié dans des circonstances

où les gestionnaires espéraient qu’on leur exprime formellement un report de délai pour les Assemblées Générales. Les légalistes argumenteront, sur ce sujet, que le code de commerce ayant prévu la prorogation de délai par décision de jus-tice, il suffi t de s’y conformer. D’ailleurs le même communiqué du CNRC pré-cise que ‘les opérateurs économiques ne sont pas dispensés des autres formalités obligatoires prévues par la législation en vigueur.’ Le code de commerce(4) prévoit que les comptes sociaux font l’objet, dans le mois qui suit leur adoption par l’assem-blée générale, d’un dépôt au centre na-tional du registre de commerce (CNRC), ledit dépôt valant publicité.Il reste que le report de délai de la publi-cation des comptes sera inopérant, car dès lors que d’un point de vue légal, l’assem-blée générale ordinaire doit se tenir dans les six mois qui suivent la clôture des comptes – sauf report de délai par déci-sion de justice – le mois supplémentaire jusqu’à la fi n du mois d’août 2011 ne sera que pour permettre de constituer le dossier de dépôt des comptes sociaux, y compris les traductions en langue nationale.Il faudra donc se garder de faire réfé-rence à des dates de tenue d’assemblées postérieures au 30 juin 2011, au motif que les comptes sociaux sont publiés dans le mois qui suit leur approbation, à moins que le CNRC n’accepte des procès verbaux d’assemblée tenue en première session convoquée avant le 30 juin 2011, et statuant en seconde session après cette date, mais toujours dans le mois précédant la date limite de publication des comptes sociaux de 2010.(5) L’autre solution serait de ‘courir’ et recourir à la juridiction de proximité pour demander la prorogation de délai prévue par le code de commerce. Les arguments ne manquent pas, particulièrement celui des diffi cultés d’application de la nouvelle loi comp-table, y compris celles rencontrées par certains éditeurs de logiciels comptables non encore livrés et pourquoi pas celui tenant au récent communiqué du CNRC. Il reste encore deux semaines pour que la Chancellerie(6) soit sensibilisée et que les magistrats comprennent combien une prorogation de délai sera salutaire à cer-tains chefs d’entreprises. S. H.A.

(*) Expert-comptable

(1)Centre national du registre du commerce.(2)Notre contribution au Suppeco du 6 juin 2011 : Réussir votre assemblée générale.(3)Le CNRC admet le 31 juillet comme date limite.(4)Article 717 - 3e alinéa du code de com-merce(5)31 août 2011.(6)Administration centrale du ministère de la Justice.

La clôture des comptes de l’exercice 2010 restera gravée dans la mémoire des gestionnaires, dirigeants d’entreprises et surtout des comptables d’entreprises, tant internes qu’externes, tant le calendrier de cette année est chargé en matière d’arrêtés de comptes. Au final, les reports de délai accordés par l’administration fiscale et par l’administration du CNRC(1) ne font que superposer des obligations sur un calendrier qui s’avère des plus lourds.

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12 POINT DE VUE El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Alors que la Tunisie est boudée

Les hôtels balnéaires algériens n’affi chent toujours pas complet !

Au risque de choquer plus d’un, je ne partage pas l’idée selon laquelle la conjoncture politique

actuelle qui sévit dans le monde arabe est propice à la destination Algérie. Je pense qu’il s’agit d’un atout qu’on peut mettre en évidence comme on peut passer à côté. De par mes 25 ans d’expérience dans le secteur du tourisme, je pense que nous allons, encore et une fois de plus, malgré la bonne volonté du ministère du Tourisme, tourner le dos à toutes les opportunités qui se présenteront.En effet, ce n’est pas la première fois en une décennie que le tourisme algérien rate un rendez-vous avec sa relance. Ce fut déjà le cas entre 2002 à 2007 avec le tourisme de ressourcement des pieds- noirs que nous n’avons pas su mettre en évidence pour relancer la destination. On est arrivée à recevoir le millier de touristes par mois, ce qui est important dans le cas du marché algérien, sans faire le moindre geste pour encourager les acteurs « réceptifs» sur le terrain et faire de ces touristes particuliers, une fois de retour chez eux, les ambassadeurs de la destination. Pourtant, selon une étude empirique que j’ai personnellement menée sur le terrain pour le compte d’agences de voyages réceptives, il s’avère qu’au moins un «pied-noir» ou un ancien appelé de l’armée française en visite de ressource-ment en Algérie est la cause de la venue d’au moins 5 touristes qui n’ont aucune attache affective avec l’Algérie. Dans certains cas, ce multiplicateur atteint les 10. Un coefficient qu’aucune stratégie de communication et de promotion ne peut réaliser et qu’un minimum d’efforts aurait pu maintenir faute de le porter à 100 voire 1000. L’été dernier, les Algériens avaient déjà, dans leur majorité, boudé le marché tuni-sien à cause du Ramadhan. Cette année, l’effet de ce mois sacré sera plus impor-tant, car il chevauche sur l’ensemble du mois d’août, d’où et indépendamment des problèmes politiques que vivent les pays voisins, les Algériens seront peu à vouloir passer les vacances hors de nos frontières.A ce niveau, je tiens à relever une grave aberration. A ce jour, ce sont les seules statistiques fournies par l’ONT tunisien qui sont avancées par les officiels, les ac-teurs économiques et la presse algérienne pour évaluer le nombre des Algériens qui passent les vacances en Tunisie. Ainsi, le chiffre des 2 millions d’Algériens ayant passé l’été dernier leurs vacances en Tunisie est un délire qu’aucun spécialiste ne peut cautionner. Le pic a été atteint il y a 3 saisons de cela avec un seuil de 800 000 touristes. Pour l’année passée, le chiffre ne pouvait, en aucun cas, dépas-ser le seuil des 600 000 touristes. Je fais ce rappel pour dire que faute d’un

système d’information fiable et d’une presse spécialisée, on est en train de faire de faux diagnostics et prendre des déci-sions sur la base de fausses données. En management, c’est la pire des situations. Donc, les statistiques sur le tourisme en Algérie en général sont à prendre avec précaution. Ainsi, notre tourisme dans l’état actuel des choses ne profitera ni de la conjoncture religieuse (Ramadhan) ni de la conjoncture politique, ni encore de la conjoncture économique (hausse des salaires, réduction TVA hôtellerie –res-tauration…)

NOUS N’AVONS PAS DE DÉFICITS EN LITS, MAIS UNE SAISONNALITÉ MAL GÉRÉE

Les capacités actuelles de notre hôtel-lerie balnéaire, contre certaines idées reçues, sont capables de recevoir la demande nationale solvable si l’offre est lisible et si les managers sont bien formés et outillés pour gérer l’effet de la saisonnalité. Le problème du tourisme balnéaire en Algérie est un problème de management et d’environnement hostile à l’entreprise touristique plus que de dé-ficits en structures d’accueil. Tellement il y a mévente en «lits de type balnéaires», qu’on assiste à la pire des situations, soit l’apparition de conditions favorables au développement du tourisme sexuel sur la côte algérienne. Une situation qui ne date pas des derniers événements de Tichy mais bien d’avant. Sans management, tous les palaces du monde n’arriveront pas à développer le tourisme algérien et l’ouverture d’un nouvel hôtel sur la côte renforcera les lieux de débauche et augmentera la fracture entre le citoyen et la chose touristique.Ainsi, selon nos propres recoupements,

si l’on retient le chiffre de 600 000 Algé-riens ayant séjourné la saison passée en Tunisie, il ressort que seuls 30% (soit 180 000 personnes) d’entre eux ont séjourné dans des établissements hôteliers classés avec en moyenne un séjour de 4 nuitées. Pour absorber cette demande potentielle de 180 000 personnes, un parc de 10 000 lits gérés par une politique de modulation saisonnière suffira.Le reste, soit près de 70% (420 000 per-sonnes), ont passé leurs séjours tunisiens dans des appartements: un produit quasi- inexistant en Algérie. C’est, justement, à cette demande que notre destination nationale n’arrivera pas à répondre à court terme.Certains spécialistes avancent la piste des campings comme un moyen pour absorber cette demande. A notre sens, il faut jeter un coup d’œil sur l’état des lieux de ces structures avant d’avancer de telles thèses. A ce jour, même côté réglementation, ce qui existe en Algérie ce sont des terrains de camping et non des campings proprement dits. Pour l’hy-giène, la sécurité et les prix de cession de ces espaces par les collectivités locales, il vaut mieux ne pas s’y attarder. Au moment où je rédige cette contribu-tion, seul le complexe les Andalouses de l’Oranie affiche complet pour le mois de juillet. Il profite de deux avantages qu’il a su mettre à profit. Le premier est endogène : depuis une année, il ne cesse de multi-plier les offres promotionnelles arrivant à fidéliser une certaine clientèle de tou-ristes et de placer le label les Andalouses sur le marché. Le second est exogène : Avec la réalisation de l’autoroute Est- Ouest, il n’existe plus des marchés balnéaires régionaux en Algérie mais un

seul marché. Un touriste constantinois ou batnéen mettra autant d’heures pour rejoindre sa traditionnelle plage dans la petite Kabylie que sa nouvelle destina-tion en Oranie.Ainsi, en conclusion, selon nos prévi-sions, deux tendances se présentent pour la saison en cours. Selon la première, le touriste algérien, habitué de la destina-tion Tunisie, ne trouvant pas localement les éléments qui motivent son choix du pays des jasmins et assommé par l’ina-déquation prix – qualité, restera chez lui convertissant les séjours en excursions d’une journée. Selon la seconde, la sai-son estivale va se limiter à 25 jours du mois de Ramadhan. Dans ce cas, 40% des réservations se feront entre le 15 et 28 juin. Le reste se fera dans la fourchette «jour d’arrivée et 3 jours avant celui-ci». Enfin, les deux tendances peuvent se cohabiter. Soit, beaucoup de ces touristes resteront chez eux et le reste observera le comportement de la deuxième tendance. La limitation de la saison à moins de 30 jours, quant à lui, donnera l’impression que les arrivées dans les villes balnéaires sont supérieures à celles de l’année der-nière. Elle créera, aussi, un fort déficit en lits sur un court laps de temps mettant les managers des hôtels dans des situations difficiles tout en augmentant le nombre de plaintes d’insatisfaction au moment où les inspecteurs du tourisme ne sont pas formés pour gérer ces doléances selon les nouvelles méthodes. Un phé-nomène qui peut peser négativement sur la prochaine saison si des corrections ne sont pas faites dès septembre prochain.

M. K.(*) Consultant-Formateur en tourisme

[email protected]

A une semaine des grands départs, alors que la destination tunisienne est boudée, les Algériens ne se bousculent pas pour réserver dans les hôtels balnéaires algériens. La situation mérite une tentative d’analyse, même sommaire. Et ma première conclusion est que le marché algérien n’est toujours pas prêt à profiter des conjonctures politiques, religieuses et économiques par ce que le paysage est «parasité» par trop d’idées –reçues.

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Par Mourad

Kezzar (*)

La Corne d’Or à Tipaza

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AFRIQUE 13 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

La BM avertit contre les risques du réchauffement climatique

Dans une récente étude qu’elle a publiée et reprise par l’agence APS, la Banque mondiale a

relevé que ces régions faisaient face à une menace croissante de l’impact des catastrophes naturelles, qui s’intensi-fieront avec le début des changements climatiques. L’étude intitulée «Adaptation aux chan-gements climatiques et les risques des catastrophes naturelles dans les villes côtières d’Afrique du Nord», a été réa-lisée entre 2009 et 2011 dans trois vil-les-échantillons qui sont Tunis, Casablanca et Alexandrie. Elle a conclu qu’au cours des deux prochaines décennies, ces trois villes enregistreront chacune des pertes d’un milliard de dollars en raison de la menace croissante de l’environnement à laquelle elles font face telles que les inondations, les tempêtes et l’érosion côtière. Selon le spécialiste principal en milieu urbain à la Banque mondiale et mem-bre du Groupe d’experts intergouver-nemental sur l’évolution du climat (GIEC), Anthony G. Bigio, le change-ment climatique, dans n’importe quel scénario, intensifie l’exposition des vil-les à ces menaces. La BM signale que le GIEC classe l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient comme la deuxième région la plus vulnérable dans le monde aux impacts du changement climatique.

Selon les statistiques, sur une période de 25 ans, les villes côtières d’Afrique du Nord ont été touchées par 276 désastres naturels, dont 120 pendant les cinq dernières années et d’une moyen-ne annuelle de 3 catastrophes naturelles en 1980, on est passé à plus de 15 en 2006. L’étude précise aussi que les risques qui pèsent sur ces trois villes couvertes par cette étude sont semblables à ceux rencontrés par beaucoup d’autres sur la côte sud de la Méditerranée.

Par ailleurs, des niveaux élevés d’urba-nisation et la croissance de la popula-tion augmentent encore les risques. En 2010, quelque 60 millions de per-sonnes vivaient dans les villes côtières du sud de la méditerranée et le nombre devrait atteindre les 100 millions en 2030. L’urbanisation rapide «souligne le fait que les villes côtières de la région jouent un rôle extrêmement important économiquement, culturellement et politiquement», explique la BM qui

précise que les perturbations et les dommages causés par les catastrophes naturelles se répercuteraient à l’échelle nationale dans tous les pays. Pour le spécialiste principal en milieu urbain à la Banque mondiale, M. Bigio, si cette étude présente les outils qui aideront les villes de la région de l’Afrique du Nord à identifier les pertes potentielles, l’étape suivante devra consister à fixer des priorités et à mobiliser les investis-sements nécessaires pour faire face à ces menaces. S.B.

L’Afrique du Nord et plus précisément ses régions côtières sont assises sur une véritable bombe à retardement.

Corne de l’Afrique : 8 millions de personnes en proie à la malnutrition

Plus de 8 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence dans la Corne de l’Afrique, s’est alertée la semaine dernière à Rome la FAO. «Des niveaux élevés de malnutrition aiguë sont signalés sur une large échelle», a souligné l’organisation onusienne en précisant que «la région a connu deux saisons consécutives de précipitations nettement inférieures à la moyenne, ce qui a torpillé la production agricole, épuisé les ressources pastorales et accentué la mortalité du bétail», a ajouté la même source. En Somalie, par exemple, les taux de malnutrition sont parmi les plus élevés au monde: un enfant sur quatre souffre de malnutrition aiguë dans le sud du pays, a estimé la FAO. Dans toute la région, la FAO a assuré qu’elle soutenait «les populations locales et les gouvernements au travers d’interventions visant à réhabiliter les infrastructures hydriques» et en distribuant aussi «des semences, des outils et d’autres intrants agricoles et elle mène de nombreuses actions pour doper la production et améliorer la santé animale». Par ailleurs, la FAO a annoncé lundi dernier le lancement d’une initiative visant à produire plus de nourriture d’ici 2050 en ciblant essentiellement les petits agriculteurs des pays en développement. La nouvelle approche, baptisée «Produire plus avec moins», prévoit d’aider les familles agricoles à faible revenu - quelque 2,5 milliards de personnes - à économiser sur les coûts de production et à bâtir des agro-écosystèmes sains pour optimiser les rendements, et à investir dans leur santé et leur éducation. Pour nourrir une population mondiale projetée à 9,2 milliards d’habitants en 2050, la production doit progresser de 70% dans le monde en général et de 100% dans les pays en développement en particulier, a rappelé la FAO. R.E

Menace sur la côte nord-africaine

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La Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé un prêt de 60 millions d’euros en appui aux opérations réalisées par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) dans les secteurs public et privé, ont indiqué les deux institutions financières dans un communiqué rendu public jeudi dernier à Dakar. Le prêt octroyé à long terme servira principalement à «soutenir des projets régionaux qui favorisent l’intégration économique en Afrique de l’Ouest, notamment des sous-projets liés à l’environnement ou aux énergies renouvelables», a précisé le communiqué cité par l’APS. Pour la BEI, cette ligne de crédit, la cinquième du genre permettra, d’une part, de «contribuer au financement de projets des secteurs public et privé dans la sous-région et, d’autre part, apporter un savoir-faire et une assistance technique spécialisés pour traiter de questions environnementales essentielles». Le prêt permettra de soutenir d’importants investissements publics et privés notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des transports, de l’agroalimentaire et du tourisme. R.E.

La Guinée-Bissau et l’Union européenne (UE) sont parvenues à un consensus pour signer prochainement un nouvel accord de pêche, après une semaine de négociations à Bissau, a rapporté l’AFP. Le nouvel accord aura une durée de neuf mois, jusqu’à mars 2012, a indiqué le secrétaire d’Etat bissau-guinéen chargé de la Pêche, Mario Dias Sami. Le précédent accord, paraphé en mai 2007, a expiré mi-juin. Il avait rapporté au petit pays d’Afrique de l’Ouest 7 millions d’euros par an et une allocation supplémentaire annuelle d’un demi-million d’euros destinée à l’amélioration de la recherche halieutique et au renforcement de la surveillance, en contrepartie des autorisations de pêche accordées à 60 navires européens. A l’ouverture des négociations, la Guinée-Bissau avait réclamé une hausse de la compensation financière versée par l’UE, en menaçant de ne pas signer de nouvel accord, mais aucun montant n’avait été communiqué de source officielle. Une source proche des discussions a mentionné 11 millions d’euros. Le principe de la signature d’un nouvel accord a aussi été évoqué devant la presse par le délégué de l’UE en Guinée-Bissau, Joaquin Gonzalez-Ducay, selon lequel les discussions devaient permettre «d’arriver à un accord avantageux pour les deux parties». R.E.

La Banque islamique de développement a annoncé mercredi dernier l’octroi d’un prêt de 2,5 milliards de dollars à l’Egypte, qui traverse de graves difficultés économiques depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février. Ce prêt servira à financer sur trois ans des projets dans les domaines de l’électricité, des routes, des chemins de fer et de l’éducation et à garantir des opérations d’import-export, a indiqué l’institution financière basée en Arabie saoudite dans un communiqué.La chute du régime Moubarak confronté à une révolte populaire a été suivie d’une vague de grèves, une chute du tourisme, un gel de nombreux

investissements étrangers et une forte baisse de l’activité industrielle. L’économie égyptienne est également affectée par le retour de dizaines de milliers d’Egyptiens qui travaillaient en Libye, fuyant le conflit dans ce pays.Le Caire a obtenu début juin un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) destiné à l’aider à surmonter cette période difficile et réussir sa transition politique. Le gouvernement égyptien, qui vient de présenter un projet de budget en fort déficit, estime entre 10 et 12 milliards de dollars ses besoins en financements internationaux jusqu’à la mi-2012. AFP

BEI : 60 millions d’euros pour les investissements en Afrique de l’Ouest

Nouvel accord de pêche en vue entre Guinée-Bissau et UE

Egypte : prêt de 2,5 milliards de dollars de la Banque islamique de développement

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D ans une mise à jour de ses prévi-sions économiques, financières et budgétaires semestrielles publiée à

Sao Paulo, la semaine dernière, le FMI ne table plus que sur une croissance améri-caine de 2,5% en 2011, contre 2,8% dans ses prévisions d’avril, et 3,0% dans celles de janvier. Cette «faiblesse de l’activité plus importante que prévu» est «en partie due à des facteurs passagers, dont la hausse des prix des matières premières (dont le pétrole), le mauvais temps et les perturbations de la chaîne de production dans l’industrie américaine provoquées par le séisme au Japon», ont argumenté les économistes de l’institution de Washington. Le Fonds a encouragé le Congrès à relever «immédiatement» le plafond légal de la dette publique de l’Etat fédéral, qui est aujourd’hui l’otage de désaccords entre parlementaires républicains et démocrates sur le budget. L’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, a estimé, lors de la présentation du rapport au Brésil, qu’il existait des «risques très clairs» pour la reprise mondiale, citant - outre la crois-sance décevante aux Etats-Unis - la crise de la dette dans la zone euro et le risque de surchauffe dans certains pays émergents. Si le FMI a pratiquement maintenu sa prévision pour la croissance mondiale en 2011, à 4,3% contre 4,4% en avril, il constate que «l’activité est en train de ralentir temporairement». A l’inverse, le FMI s’est félicité de la croissance relevée, selon ses prévisions, en zone euro «tirée par des investissements plus généreux en Allemagne et en France». Pour l’ensemble de la zone, cette prévision

est de 2,0% en 2011, contre 1,6%. L’Allemagne aurait la croissance la plus élevée du G7, à 3,2%. Celle de la France atteindrait 2,1%. Pourtant, les plus petites économies à la périphérie de la zone euro n’affichent pas la même santé. Succombant sous leur dette publique, elles menacent la stabilité du secteur bancaire du continent et risquent de «faire dérailler la reprise économique en Europe et peut-être dans le monde», a souligné M. Blanchard. Selon le FMI, il est urgent de consolider le système financier dans la zone. Car, «dans l’éventualité d’un événe-ment de marché grave, un choc pourrait se réverbérer au-delà de la zone euro par le jeu à la fois de l’exposition transfrontalière (des banques à la dette de ces pays) et d’un

recul généralisé de l’appétit au risque», a expliqué le Fonds.

LA GRÈCE, UNE MENACE EN DÉPIT DES EFFORTS EUROPÉENS

Cet avertissement est lancé au moment où la Grèce, pays auquel le FMI a accordé en mai 2010 un prêt de 30 milliards d’euros, ne cesse de s’enfoncer dans la crise écono-mique. L’»initiative de Vienne», évoquée dans le cadre du nouveau plan d’aide en faveur de la Grèce et à laquelle vient de se rallier l’Allemagne, avait vu en 2009 plu-sieurs banques venir à la rescousse de pays d’Europe de l’Est en difficulté, pourrait être un modèle de sortie de crise pour ce pays. Dans le cas de la Grèce, l’idée serait que les créanciers privés du pays accep-tent de ne pas lui couper les vivres en renouvelant leurs prêts à Athènes lorsque ceux-ci arrivent à échéance, sur une base volontaire. Concrètement, les banques, fonds d’investissement, de pension et compagnies d’assurance achèteraient de nouvelles obligations émises par le pays, le taux d’intérêt étant sujet à négociation. Ce scénario est appelé «roll-over» dans le jargon financier. Une initiative qui avait permis à la Roumanie en 2009 de se tirer d’affaire en recourant à une aide extérieure, sous forme de prêts de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), qui ont été complétés par le coup de pouce des banques. Parmi les participants figuraient égale-ment le FMI, la Commission européenne, la Banque mondiale, la Banque européen-ne pour la reconstruction et le développe-ment (BERD), la Banque européenne d’in-vestissement (BEI) et la Banque centrale européenne (BCE). Des initiatives similai-res ont été prises par la suite pour deux autres pays d’Europe de l’Est, la Hongrie et la Lettonie, qui ont aussi par ailleurs dû avoir recours à une aide financière de l’UE et du FMI.

UN ACCORD SUR LA GRÈCE EN PERSPECTIVE POUR LE 11 JUILLET

L’Allemagne s’est laissée convaincre par la France et revoit ainsi ses exigences à la baisse. La perspective d’un accord au niveau européen dès juillet a soulagé les marchés qui craignaient que l’Union euro-péenne laisse traîner la décision jusque septembre, comme l’ont laissé entendre certaines sources diplomatiques à Bruxelles, reprises par l’AFP. L’euro a

nettement rebondi face au dollar tandis que les principales bourses européennes terminaient dans le vert. Les négociations bloquaient depuis deux semaines sur le degré d’implication des créanciers privés au plan d’aide, que l’Allemagne voulait plus large que la France ou la Banque centrale européenne. L’objectif est de prendre des décisions à la prochaine réu-nion de l’Eurogroupe le 11 juillet. Toutefois, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a mis en garde contre une contamination de la crise de l’euro à la Belgique et l’Italie, dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung paru samedi dernier. Selon lui, «la faillite peut contaminer le Portugal et l’Irlande et en raison de leur endettement élevé la Belgique et l’Italie, même avant l’Espagne». En faisant parti-ciper les créanciers privés au sauvetage de la Grèce, il peut arriver dans le pire des cas que les agences de notation rangent Athènes dans la catégorie «insolvable», ce qui aurait des conséquences catastrophi-ques pour la monnaie unique, s’inquiète M. Juncker. «Nous jouons avec le feu», a-t-il dit. Et si la Grèce était rangée dans cette catégorie, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques sur d’autres pays de la zone euro.Athène vient de remanier son gouverne-ment pour mettre en œuvre le plan d’aus-térité et calmer la grogne sociale en nom-mant un nouveau ministre des finances en la personne d’Evangélos Vénizélos, ancien rival au sein du Pasok (Parti socialiste) de l’actuel premier ministre, Georges Papandréou. Néanmoins, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, M. Juncker, a proposé samedi dernier que la Grèce bénéficie d’un coup de pouce financier supplémentaire de la part du budget de l’Union européenne pour l’aider à s’en sortir, en plus des prêts qu’elle reçoit déjà. Enfin, dans le reste du monde, le FMI a globalement maintenu ses prévisions. Il a confirmé que le Japon, touché le 11 mars par le plus grand séisme jamais enregistré dans son histoire, verrait son économie se contracter de 0,7% cette année. La Chine resterait en revanche la championne de la croissance, à 9,6%. Dans une allusion à la Chine et au Brésil, l’économiste en chef du Fonds a toutefois mis en garde les pays émergents contre le risque de «surchauffe» alors que ces pays connaissent une infla-tion en forte hausse. R. E.

D ans une mise à jour de ses prévi-sions économiques, financières et budgétaires semestrielles publiée à

Sao Paulo, la semaine dernière, le FMI ne table plus que sur une croissance améri-caine de 2,5% en 2011, contre 2,8% dans ses prévisions d’avril, et 3,0% dans celles de janvier. Cette «faiblesse de l’activité plus importante que prévu» est «en partie due à des facteurs passagers, dont la hausse des prix des matières premières (dont le pétrole), le mauvais temps et les perturbations de la chaîne de production dans l’industrie américaine provoquées par le séisme au Japon», ont argumenté les économistes de l’institution de Washington. Le Fonds a encouragé le Congrès à relever «immédiatement» le plafond légal de la dette publique de l’Etat fédéral, qui est aujourd’hui l’otage de désaccords entre parlementaires républicains et démocrates sur le budget. L’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, a estimé, lors de la présentation du rapport au Brésil, qu’il existait des «risques très clairs» pour la reprise mondiale, citant - outre la crois-sance décevante aux Etats-Unis - la crise de la dette dans la zone euro et le risque de surchauffe dans certains pays émergents. Si le FMI a pratiquement maintenu sa prévision pour la croissance mondiale en 2011, à 4,3% contre 4,4% en avril, il constate que «l’activité est en train de ralentir temporairement». A l’inverse, le FMI s’est félicité de la croissance relevée, selon ses prévisions, en zone euro «tirée par des investissements plus généreux en Allemagne et en France». Pour l’ensemble de la zone, cette prévision

est de 2,0% en 2011, contre 1,6%. L’Allemagne aurait la croissance la plus élevée du G7, à 3,2%. Celle de la France atteindrait 2,1%. Pourtant, les plus petites économies à la périphérie de la zone euro n’affichent pas la même santé. Succombant sous leur dette publique, elles menacent la stabilité du secteur bancaire du continent et risquent de «faire dérailler la reprise économique en Europe et peut-être dans le monde», a souligné M. Blanchard. Selon le FMI, il est urgent de consolider le système financier dans la zone. Car «dans l’éventualité d’un événe-ment de marché grave, un choc pourrait se réverbérer au-delà de la zone euro par le jeu à la fois de l’exposition transfrontalière (des banques à la dette de ces pays) et d’un

recul généralisé de l’appétit au risque», a expliqué le Fonds.

LA GRÈCE, UNE MENACE EN DÉPIT DES EFFORTS EUROPÉENS

Cet avertissement est lancé au moment où la Grèce, pays auquel le FMI a accordé en mai 2010 un prêt de 30 milliards d’euros, ne cesse de s’enfoncer dans la crise écono-mique. L’»initiative de Vienne», évoquée dans le cadre du nouveau plan d’aide en faveur de la Grèce et à laquelle vient de se rallier l’Allemagne, avait vu en 2009 plu-sieurs banques venir à la rescousse de pays d’Europe de l’Est en difficulté, pourrait être un modèle de sortie de crise pour ce pays. Dans le cas de la Grèce, l’idée serait que les créanciers privés du pays acceptent de ne pas lui couper les vivres en renouve-lant leurs prêts à Athènes lorsque ceux-ci arrivent à échéance, sur une base volon-taire. Concrètement, les banques, fonds d’investissement, de pension et compa-gnies d’assurance achèteraient de nouvel-les obligations émises par le pays, le taux d’intérêt étant sujet à négociation. Ce scé-nario est appelé «roll-over» dans le jargon financier. Une initiative qui avait permis à la Roumanie en 2009 de se tirer d’affaire en recourant à une aide extérieure, sous forme de prêts de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), qui ont été complétés par le coup de pouce des banques. Parmi les participants figuraient égale-ment le FMI, la Commission européenne, la Banque mondiale, la Banque européen-ne pour la reconstruction et le développe-ment (BERD), la Banque européenne d’in-vestissement (BEI) et la Banque centrale européenne (BCE). Des initiatives similai-res ont été prises par la suite pour deux autres pays d’Europe de l’Est, la Hongrie et la Lettonie, qui ont aussi par ailleurs dû avoir recours à une aide financière de l’UE et du FMI.

UN ACCORD SUR LA GRÈCE EN PERSPECTIVE POUR LE 11 JUILLET

L’Allemagne s’est laissée convaincre par la France et revoit ainsi ses exigences à la baisse. La perspective d’un accord au niveau européen dès juillet a soulagé les marchés qui craignaient que l’Union euro-péenne laisse traîner la décision jusque septembre, comme l’ont laissé entendre certaines sources diplomatiques à Bruxelles, reprises par l’AFP. L’euro a

nettement rebondi face au dollar tandis que les principales bourses européennes terminaient dans le vert. Les négociations bloquaient depuis deux semaines sur le degré d’implication des créanciers privés au plan d’aide, que l’Allemagne voulait plus large que la France ou la Banque centrale européenne. L’objectif est de prendre des décisions à la prochaine réu-nion de l’Eurogroupe le 11 juillet. Toutefois, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a mis en garde contre une contamination de la crise de l’euro à la Belgique et l’Italie, dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung paru samedi dernier. Selon lui, «la faillite peut contaminer le Portugal et l’Irlande et en raison de leur endettement élevé la Belgique et l’Italie, même avant l’Espa-gne». En faisant participer les créanciers privés au sauvetage de la Grèce, il peut arriver dans le pire des cas que les agences de notation rangent Athènes dans la caté-gorie «insolvable», ce qui aurait des consé-quences catastrophiques pour la monnaie unique, s’inquiète M. Juncker. «Nous jouons avec le feu», a-t-il dit. Et si la Grèce était rangée dans cette catégorie, cela pourrait avoir des conséquences dra-matiques sur d’autres pays de la zone euro.Athène vient de remanier son gouverne-ment pour mettre en œuvre le plan d’aus-térité et calmer la grogne sociale en nom-mant un nouveau ministre des Finances en la personne d’Evangélos Vénizélos, ancien rival au sein du Pasok (Parti socialiste) de l’actuel premier ministre, Georges Papandréou. Néanmoins, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, M. Juncker, a proposé samedi dernier que la Grèce bénéficie d’un coup de pouce financier supplémentaire de la part du budget de l’Union européenne pour l’aider à s’en sortir, en plus des prêts qu’elle reçoit déjà. Enfin, dans le reste du monde, le FMI a globalement maintenu ses prévisions. Il a confirmé que le Japon, touché le 11 mars par le plus grand séisme jamais enregistré dans son histoire, verrait son économie se contracter de 0,7% cette année. La Chine resterait en revanche la championne de la croissance, à 9,6%. Dans une allusion à la Chine et au Brésil, l’économiste en chef du Fonds a toutefois mis en garde les pays émergents contre le risque de «surchauffe» alors que ces pays connaissent une infla-tion en forte hausse. R. E.

14 MONDE El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Economie américaine et zone euro

Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé sa prévision de croissance pour la première économie mondiale et s’inquiète face à l’évolution de la crise de la dette publique en zone euro malgré la bonne santé de l’Allemagne et de la France, rapporte l’AFP.

Sources d’inquiétude, selon le FMI

Lancement du Fonds d’investissements directsLa Russie alloue 10 milliards de dollars

La Russie vient d’annoncer le lancement du Fonds d’investissements directs dont le comité de gestion a été enregistré et ses dirigeants nommés et devrait effectuer son premier investissement au cours des six à neuf prochains mois, rapporte le site Boursier.comL’annonce a été faite lors du Forum économique international de Saint Pétersbourg par le Président russe, Dmitri Medvedev. Au cours des 5 prochaines années, ce fonds de 10 milliards de dollars soutenu par le gouvernement de la Russie effectuera des investissements directs dans des entreprises et des actifs de secteurs à forte croissance de l’économie russe. Le fonds est mandaté pour co-investir avec des investisseurs institutionnels ou des entreprises de premier plan. L’objectif est de catalyser pour les flux d’investissements directs, les nouvelles technologies et les nouveaux talents arrivant en Russie. La société de gestion du fonds est enregistrée comme filiale à 100% de la banque de développement d’Etat Vnesheconombank (VEB). A ce sujet, Kirill Dmitriev, le Directeur général du Fonds russe d’investissements directs, a déclaré : «La création du fonds est le résultat de vastes consultations avec nombre des investisseurs institutionnels les plus importants du monde entier. Les investisseurs internationaux apprécient le RDIF parce qu’il se concentre sur la maximisation des résultats, parce qu’il sera géré par une équipe expérimentée dans le domaine des investissements et parce qu’il leur donne une possibilité de co-investir à côté d’un agent de l’État. Pour la Russie, le fonds agira comme un catalyseur pour de nouveaux investissement directs se chiffrant en milliards de dollars, et stimulera d’adoption de nouvelles technologies et des meilleures pratiques internationales en Russie». L’idée d’établir un fonds d’investissements directs du gouvernement russe a d’abord été proposée lors du Forum économique international de Saint Pétersbourg de l’année dernière. A la demande des dirigeants du pays, une délégation conduite par Vladimir Dmitriev, Président de la VEB, a organisé des consultations avec d’importants fonds d’investissements d’Europe, des États-Unis, d’Asie et du Moyen-Orient afin de recueillir leur opinion au sujet des investissements en Russie et de la structure du fonds. Le 21 avril 2011, le Conseil de Surveillance de la VEB, présidé par le Premier ministre Vladimir Poutine, a officiellement approuvé la création du RDIF, et nommé Kirill Dmitriev au poste de Directeur général. Les cadres dirigeants de nombreux investisseurs institutionnels parmi les plus importants du monde, représentant plus de 2 trillions de dollars en actifs sous gestion, se sont rendus à Moscou en mai 2011 pour rencontrer de hauts fonctionnaires, dont le Premier ministre Poutine, et parler des objectifs et de la structure du fonds. Cette visite est sans précédent dans l’histoire des investissements en Russie. R.E.

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TABLEAU DE BORD 15 El Watan ÉCONOMIE - Du 20 au 26 juin 2011

Statistiques

Le montant de la fiscalité ordinaire enregistré durant le premier trimestre 2011, selon le directeur général des impôts (DGI), Abderrahmane Raouia.

■ Les recettes de l’Impôt sur le revenu global (IRG) ont atteint près de 90 milliards de dinars.

■ Les recouvrements de l’IRG sur les salaires ont atteint près de 72 milliards de dinars.

■ Les recettes issues de l’Impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) se sont chiffrées à 63 milliards de dinars.

■ La Taxe sur l’activité professionnelle (TAP) et la TVA ont rapporté respectivement 39 milliards de dinars et 150 milliards de dinars.

■ La fiscalité ordinaire représente plus de 50% des recettes fiscales du pays, en hausse annuellement d’environ 20%.

PRODUITS DE BASE■ CAFÉ r

Les prix de l’arabica et du robusta ont connu une semaine agitée, tombant respectivement à leurs plus bas niveaux depuis début février vendredi à New York, à 253,60 cents la livre, et depuis début d’avril mardi à Londres, à 2.391 dollars la tonne. Les cours ont pâti du renforcement du dollar et de la crise de la dette grecque. L’abondance de la production colombienne, en hausse de 12% sur un an en mai selon les analystes, a également contribué à peser sur le marché. De même, si les récoltes du Brésil, premier producteur mondial de café, sont attendues cette année en baisse à 43,5 millions de sacs, cela constitue «un volume record pour une année de faible rendement» du cycle de la production caféière, soulignaient les analystes.

■ SUCRE (-)

Les cours du sucre ont eux résisté aux turbulences des marchés, progressant sensiblement en fin de semaine. Ils étaient dopés par l’impact de problèmes logistiques en Thailande (second exportateur mondial), et le timide début de la récolte au Brésil, premier producteur de sucre au monde, ont observé les analystes de Barclays Capital. «Les statisticiens s’apprêtent à réduire leurs estimations finales de la production brésilienne, ce qui signifie que le surplus total ne pourrait pas être aussi élevé que ce qui était anticipé il y a seulement un mois», confirmait un analyste.

■ CACAO r

Après un début de semaine en légère hausse, les prix de la fève brune ont chuté jeudi, passant sous la barre des 2900

dollars la tonne à New York avant de se stabiliser vendredi. A l’instar d’autres matières premières, le cacao a subi au milieu de semaine la pression de la crise de la dette souveraine grecque, les responsables européens peinant à trouver un accord sur un nouveau plan d’aide financière à Athènes. «L’aggravation de la crise grecque a ébranlé la confiance quant à une croissance rapide de la demande pour les matériaux de base», ont expliqué les experts. Selon eux, le rebond du dollar en milieu de semaine ainsi que des anticipations d’une importante récolte en Afrique de l’Ouest ont également pesé sur les cours. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en septembre valait 1.831 livres sterling vendredi vers 15H30 GMT. ■ CÉRÉALES

Les prix des céréales ont fortement rechuté à Chicago, des conditions météorologiques plus favorables aux cultures aux Etats-Unis et en Europe apaisant les inquiétudes du marché pour l’offre. Pendant une grande partie de la semaine, le contexte a été négatif sur les marchés financiers, la crise en Grèce pesant sur les marchés boursiers et renforçant le dollar. Cela rend la production agricole des Etats-Unis moins compétitive par rapport à celle d’autres grands exportateurs. Mais «au delà d’un environnement baissier, les cours ont aussi été affectés par une amélioration des conditions météorologiques», ont relevé les analystes.

■ BLÉ r

Vers 14H45 GMT vendredi, le boisseau de blé à échéance juillet tombait à 6,78 dollars sur le Chicago Board of Trade. Le

contrat à échéance septembre s’établissait à 7,10 dollars.

■ MAIS r

Le boisseau de maïs pour livraison en juillet valait 7,12 dollars vendredi. Le contrat pour livraison en septembre, prochaine référence, s’échangeait à 6,96 dollars.

■ SOJA r

Le contrat de soja pour livraison en juillet reculait à 13,5450 dollars. Le contrat à échéance novembre valait 13,53 dollars.

■ MÉTAUX DE BASE r

Les cours des métaux industriels échangés au London Metal Exchanges (LME) se sont sensiblement repliés pâtissant des inquiétudes sur la solidité de la reprise économique mondiale et de la prudence des investisseurs, exacerbée par l’aggravation de la crise budgétaire en Grèce, dont les analystes redoutent la contagion aux autres pays fragiles de la zone euro. «Les marchés des matières premières ont par ailleurs été touchés par le net renchérissement du dollar, redevenu une valeur refuge à la faveur de la tourmente des marchés financiers», a-t-il ajouté. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 9.147 dollars vendredi à 14H30 GMT, l’aluminium valait 2553 dollars la tonne, le plomb valait 2477 dollars la tonne, l’étain valait 25,145 dollars la tonne, le nickel valait 21,924 dollars la tonne et le zinc valait 2216 dollars la tonne.

■ PLATINE/PALLADIUM r

Les cours des métaux platinoïdes n’ont pas été épargnés par la tempête grecque qui a balayé les marchés, dégringolant de

7% pour le palladium et de plus de 4% pour le platine. «Des nouvelles négatives de l’industrie automobile avec un avertissement sur bénéfices du constructeur japonais Honda, ont miné encore davantage la confiance des opérateurs, tout comme les indicateurs manufacturiers médiocres aux Etats-Unis», a relevé un analyste.

■ MÉTAUX PRÉCIEUX

Le cours de l’or a légèrement progressé, profitant de son statut de valeur refuge face à la tourmente de la crise grecque, tandis que l’argent chutait.

■ OR q

Après s’être légèrement replié en début de semaine, «l’or a finalement rompu avec la tendance baissière des autres matières premières, les investisseurs se reportant vers les actifs jugés les plus sûrs», a noté un analyste. Le métal jaune apparaît toujours comme la valeur refuge par excellence, alors que l’aggravation de la crise budgétaire en Grèce a ravivé le spectre d’un défaut de paiement du pays, susceptible de déstabiliser le système bancaire européen et d’ébranler les autres pays fragiles de la zone euro. «Le marché demeure extrêmement nerveux: non seulement il y a de grandes incertitudes sur l’issue de la crise grecque, mais les opérateurs regardent déjà vers l’Irlande ou l’Espagne», a confirmé un analyste.

■ ARGENT r

Le cours de l’argent, a lâché plus de 5% sur la semaine, à l’unisson des prix des métaux industriels, plombé comme eux par la défiance générale des marchés et la hausse du dollar. Le métal gris a terminé vendredi à 35,39 dollars l’once.

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

342,4milliards de dollars

PÉTROLE CHANGE

Les prix du pétrole ont de nouveau chuté en fin de semaine sur les marchés européens et américains. A Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août coûtait vendredi 112,84 dollars, en baisse de 1,18 dollar par rapport à la clôture de jeudi, alors que sur le marché new yorkais le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juillet a terminé à 93,01 dollars, en recul de 1,94 dollar par rapport à la veille. Les cours avaient perdu plus de quatre dollars mercredi, et étaient restés presque inchangés jeudi. Cette incapacité du marché à rebondir jeudi «a donné une tonalité très négative» à la séance de vendredi, a estimé un expert. «Il y a peu d’intérêt à l’achat et une absence totale de confiance sur le

marché», a-t-il ajouté. Selon l’analyste, les échanges ont été dominés une nouvelle fois par l’évolution de la crise qui touche actuellement la Grèce, incapable de se financer sur les marchés financiers. «L’inquiétude dominante, c’est qu’on aboutisse à un défaut de paiement, ou à un abandon de l’euro par la Grèce. Cela aurait des conséquences qui iraient bien au-delà du pays», a-t-il observé. Le Premier ministre grec a nommé vendredi un nouveau gouvernement, avec pour mission de faire adopter des mesures d’austérité, contestées mais jugées indispensables par les créanciers du pays pour débloquer une deuxième vague d’aide financière à Athènes, au bord du défaut de paiement. R.E.

L’euro a rebondi en fin de semaine face au dollar, revigoré par l’entente affichée par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy sur la dette grecque. Vers 21H00 GMT, la monnaie unique européenne valait 1,4301 dollar contre 1,4209 dollar jeudi à la même heure. En légère baisse en début de journée, la monnaie unique est repartie en nette hausse après l’intervention des dirigeants allemand et français, réunis à Berlin. M. Sarkozy et Mme Merkel sont convenus, selon l’AFP, de chercher une solution rapide pour aider la Grèce à faire face à sa dette. Ils ont insisté sur la participation des créanciers privés à une nouvelle aide financière, sur une base volontaire, point sur lequel l’Allemagne

s’était montrée moins claire jusqu’à présent.Pour certains analystes, ces déclarations «semblent mettre fin à l’impasse entre la classe politique allemande et la banque centrale» européenne (BCE), qui s’opposait à l’idée d’une participation contrainte des créanciers privés. Une telle solution présentait le risque d’être considérée par les agences de notation comme une situation de défaut de paiement. «Par conséquent, il est plus probable que la Grèce reçoive une nouvelle tranche de financement en juillet», a ajouté l’analyste. «En outre, un accord sur un plan d’aide avec le soutien de la BCE va permettre d’éviter le scénario du pire: une chute non organisée du marché obligataire grec et du secteur bancaire», estime-t-on. R.E.

Les prix terminent en baisse L’entente franco-allemande booste l’euro

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El Watan ÉCONOMIE Du lundi 20 au dimanche 26 juin 2011