koutamakou

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 KO UTA M M AKO U CRATerre Editions l e p a y s d es BA T A M M A RI BA  ce uxq ui fa ço nn en t l ater r e PAT RIM O I NE M O ND I AL Les Amis du Patrimoine

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“ KOUTAMMAKOU ”

CRATerreEditions

le pays des BATAMMARIBA“ ceux qui façonnent la terre ”

PATRIMOINE MONDIAL

Les Amis du Patr imoine

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PRÉFACE

“ KOUTAMMAKOU ”le pays des BATAMMARIBA

“ ceux qui façonnent la terre ”

L’inscript ion en 2003 du « Koutammakou, l e pays des Batammariba », sur laListe du patrimoine mondial de l ’UNESCO est une f iert é pour le Togo et plus

largement pour toute l’Afrique subsaharienne. Cette décision est particu-li èrement forte, car elle engage une meil leure reconnaissance d’une caté-gorie de patrimoine culturel auquel la majorité des afri cains s’identif ie.

Le paysage culturel du Koutammakou qui nous est présenté dans ce ma-gnifique livret est bel et bien un exemple exceptionnel des réelles pos-sibil it és d’organisati on équit able de la vie des hommes dans le respectde leur territ oire et de leur environnement.

Au- delà du souci des Batammariba de conserver leur cult ure, l ’ex-pression de leur diversité culturelle, mais aussi de leur volonté de voirl’UNESCO et la communauté internationale les aider à conserver intactesleurs valeurs face aux agressions du monde moderne, i l serait peut - êtrebon que les décideurs s’inspirent de certaines de leurs connaissancespour enfin trouver les solutions aux problèmes de développement ducontinent africain et à l a lutte contre la pauvreté.

C’est pourquoi, outre de l’aspect très patrimonial que présente le Koutam-

makou, je vous engage à lire ce livret dans tous ses détails car i l i ntroduit demanière claire la relation forte ent re ses caractéristiques physiques visibleset ses aspects immatériels qui justif ient sa valeur exceptionnelle.

Mes félicitations vont au gouvernement togolais, et plus particulière-ment à La Directi on du Patrimoine Culturel qui en décidant de propo-

ser ce site sur l a Liste du patr imoi ne mondi al de l ’UNESCO, a part icipéplei nement à la mise en œuvre de la Convention du patr imoine mondialen Afr ique.

Mes féli citati ons vont également à l’Association « Les Amis du Patrimoi-ne » qui joue un rôle toujours très actif pour la protection du Patrimoinetogolais, ainsi qu’à l ’équipe de CRATerre- EN SAG qui a part icipé à la pré-paration de ce livret , et qui, grâce à son expertise mondialement recon-nue a largement contribué à la préparation de la proposition et donc à

l’inscription du site au Patrimoine Mondial.

Ce livret que j’ai l’honneur d’introduire est un résumé, destiné au grandpublic, du contenu de la proposition d’inscription qui a été soumise àl’UNESCO par le Togo. Son caractère scientifique et ses nombreuses il-lustrations vous plongent dans un univers culturel unique au cœur del’Afr ique de l’Ouest.

Bonne découverte à tous !

Lazare ELOUNDOUSpécialiste du Programme

Centre du Patrimoine Mondia l de l’UNESCO, Section Afrique

PATRIMOINE MONDIAL

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INTRODUCTION

Le Koutammakou est un paysage culturel

vivant qui illustre particulièrement bienles traits culturels des groupes ethniques dela région du Sahel qui, avides d’indépendanceet de liberté n’ont jamais été assimilés ou as-servis par les royaumes qui se sont développésdans la région jusqu’au 19e siècle. Ces grou-pes qui, entre autres, comprennent les Lobi,les Gourounsi et les Rukuba, occupent divers

territoires, souvent situés dans les zones demontagnes qui s’étendent de la Côte d’Ivoire jusqu’au Cameroun.

Inspirés par leur environnement, et les es-

prits et souffles qui l’habitent, les Batam-mariba ont développé une culture mêlant  judicieusement aspects techniques, sociauxet religieux. Leur territoire est à cette ima-ge : un témoin des f abuleuses connaissancesde ce peuple et de sa recherche constantede l’harmonie entre les hommes, mais aussientre l’homme et la nature qui l ’entoure. Le

Koutammakou est donc un terri toi re aménagéde façon harmonieuse. Il est marqué par unhabitat dispersé, entouré de zones agrico-les, de collines aménagées en terrasses, debosquets et autres lieux sacrés, de chemine-ments ri tuel s, et de zones laissées vierges.

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G o l f e d u B é n i n

K   a  r  a   

     O    u

 

GH

IN

Kandé

Kara

LOMÉ

Mango

Dapaong

Atakpamé

Sokodé

Bassari

T O G O

Si son paysage est bien représentatif de la

sous région, le Koutammakou possède toute-fois une caractéristique toute particulière : latakienta. La takienta est la maison familialede base. Toutes sont quasiment identiques.Dans ce modèle « parfait », tout est à la foistechnique, uti li taire et symbolique. Rien n’estlaissé au hasard. Si nombre d’habitats dans larégion possèdent des dimensions symboli-

ques assez fortes, aucun d’eux ne possèdecette int errelati on aussi complète ent re sym-bolisme, fonction et logique constructive.

La volonté persistante des Batammariba de con-

server leur indépendance et leur liberté, maisaussi un certain isolement géographique duKoutammakou (et plus particulièrement sa par-ti e située au Togo) , ont f ait que cette zone a par-ti culièrement bi en conservé sa forte identi té etmérite donc d’être protégée et conservée, touten permettant à ses habitants de poursuivre unprocessus d’amélioration de leurs conditions de

vie. C’est dans cette optique que le gouverne-ment togolais a demandé l’inscription du Kou-tammakou au Patrimoine Mondial, distinctionqui lui fut attribuée sans difficultés en juillet2004 par le Comité du Patrimoine Mondial réunipour sa 28e session, à Suzhou, en Chine.

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HISTOIRE

Les Batammariba apparti ennent à l’aire cul-turelle Paragourma. En effet, ils ont des

affinités linguistiques avec les ethnies Gan-gan, Gurma, Moba, Bassar, Nawda, et c., qui l acomposent. Ils occupent un territoire qui sesitue à cheval sur la front ière ent re le Bénin etle Togo, dans une région de savane, dominéepar les massifs montagneux de l’Atacora.

L’origine des Batammariba reste encore relat i-vement incertaine. Il existe en eff et plusieursversions et celles- ci ne pourront être vérif iéesque si elles sont étayées par les résultats defouilles archéologiques que prévoient de met-

tre en œuvre les archéologues togolais.

Certaines traditions orales parlent des Batam-mariba comme étant les enfants de Fawaafa, leserpent souterrain qui couva dans un lieu secretles œufs d’où sortirent leurs premiers ancêtres.

Selon une autre tradition, les Batammariba

seraient des autochtones ( Tcham). Ils se-raient descendus du ciel dans un pays qui

aurait été vide à leur arrivée. Cependant,des traces de vie humaine, att estées par desvesti ges archéologiques, qui auraient appar-tenu aux Ngam- Ngam ( Gayibor) tendraient àprouver le contraire.

Les Batammariba af fi rment aussi volonti ersqu’il s viennent de « Dinaba » ( Dinabakobé) .Ce mot évoquerait le nom du roi des Mossi,le Moro Naba. Dans la tradition, Dinaba sesituerait du côté du soleil couchant, donc àl’Ouest. Ceci confirmerait l’hypothèse queles Batammariba auraient séjourné parmi lesMossi et les Gulmatchéba.

En fait, la comparaison avec les traditionsorales des autres groupes ethniques de larégion tendrait à prouver que les Batam-mariba seraient venus de régions situées àl’Ouest ou au Nord- Ouest de l ’Atacora, cer-tains précisant même du Burkina Faso. Il està noter que l’on retrouve chez les Batam-

mariba des coutumes similaires à celles despopulations se situant au Burkina Faso et au

Nord Ghana, et même plus à l’Ouest, en Côted’Ivoire, et ce plus parti culièrement avec les

groupes Mossi et Gulmatchéba.

Si la tr aditi on indi que aussi un mouvementd’Ouest en Est, la création de nouveauxlieux d’initiation se trouvant toujours danscette direction, on note toutefois que lesrécentes migrations se sont plutôt faitesdu Nord vers le Sud, mais là encore, venant

plut ôt du Burki na Faso, vers l e Togo, et plusprécisément dans la région naturellement

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peu accessible et donc bien protégée desmonts de l ’Atacora.

Comme les autres groupes ethniques de larégion, ils se seraient réfugiés dans cettezone montagneuse entre les 16e et 18e siè-cles pour mieux se protéger de la domina-ti on que cherchaient à i mposer l es royaumesdes Mossis, Gourmantché, ou encore Mam-prussi et Dagomba. La tradit ion raconte queles Babiatiba, un groupe ethnique maîtrisantbien les techniques de forge et qui était déjà

établi dans la région de l a Kéran les auraientaccueilli s amicalement et qu’ils auraient co-habité et se seraient même unis, avant que

certains d’entre eux ne quitt ent la région.

Les Batammariba ont toujours été réfractai-res aux systèmes polit iques centralisés et àl’asservissement, que ce soit celui imposépar les divers royaumes qui se formèrenten Afrique occidentale, ou plus tard, parl’administration coloniale qui, par simplif i-cati on, avait regroupé sous un même terme

ces populati ons considérées comme parti cu-lièrement rebelles, les appelant « Somba »au Bénin ou « Tamberma » au Togo.

La fidélité à leur religion, leur fierté na-turelle, leurs traditions guerrières et dechasse revécues avec int ensit é au cours descérémonies rituelles, ont longtemps faitconsidérer l es Batammariba comme un peu-ple indocile, en réalité désireux de mainte-nir vivant un héritage millénaire qui fait lagrandeur de leur cult ure.

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LES BATAMMARIBA

Les Batammariba ont donc toujours refusé les dominati ons extérieures, mais au-delà, à l’ in-térieur même de leur communauté, i ls rejetent aussi l’i dée de concentrati on du pouvoir. Un

proverbe suggère que l’homme est homme, ce qui paraît signifier que, en tant qu’êtres humains,les hommes sont égaux. Ainsi, t ous auraient droi t aux mêmes prérogat ives et devraient respecterles mêmes règles. Toutefois, si l’équité est recherchée, l’inégalité n’en est pas moins acceptéecomme normale, au moins jusqu’à un certain niveau. La société est en fait organisée en classesd’âge auxquell es correspondent des droits et devoirs parti culi ers. Il existe même des privil èges,notamment pour la f amil le f ondatri ce du vill age, mais aussi pour l esokoti, chefs de famil le, res-ponsables de culte désignés en général en fonct ion de leur âge, mais aussi selon d’autres crit èrescomme l’i ntell igence, la capacité d’expression orale,…

Une populat ion at t achée à l’équit éet l’aut osuff i sance de chacun

Dans un tel cadre, il n’est pas surprenant que chaque chef de f amill e ait une grande indépen-dance. Mais il n’en reste pas moins qu’il existe un fort esprit communautaire dans chaque

vil lage. Celui- ci est animé par leskatenkaya, les prêt res de la terre, descendants des fondateursdu vill age, et représentant donc les divers clans qui l e composent. Outre l eur rôle reli gieux, il sont l a responsabili té de la réparti ti on des terres. Une parti cularité est que le gestionnaire d’unterroi r provient t oujours d’un autre clan que celui qui le met en valeur, et que cett e situation estréciproque. Par ail leurs, les arbres présents sur un terroi r « apparti ennent » au katenkaya qui enassure la gestion pour l ’autre clan, et celui - ci assure la réparti ti on équitable des produit s récolt és

(néré, kari té, baobab) à l’i ntérieur de son propre clan. Ces parti cularités permett ent d’éviter denombreux confl it s et tout excès d’uti li sati on des ressources du terroi r.

Par aill eurs, l es membres d’une famill e élargie j oignent leurs forces pour la réalisation de t ravauximportants. Enfin, chaque année, plusieurs chasses communautaires sont organisées. Elles ontune grande importance symbolique et cérémoniale et visent plus à renforcer l’appartenance augroupe social qu’à se procurer de la nourriture.

Une fort e cohésion sociale

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Outre l’équilibre déjà cité entre pouvoir familial etpouvoir communautaire, tout dans l’expression cul-

turell e tammari semble all er dans le sens de la recher-che d’équil ibres. Ainsi, la structure de la famil le élargiea un double caractère, patri li néaire et matri li néaire, etl’habit ation est partagée de façon égali taire entre l’es-pace féminin et masculin.

Même au niveau de leur cuisine, les Batammariba ontdéveloppé une variété extraordinaire de mets qui leurfournit une alimentation très équilibrée. Ils ont uneréputation d’excellents cultivateurs et élèvent unegrande variété d’animaux. Là encore, on constate unerecherche d’équili bre puisque les excréments re- fert i-li sent l es terres qui r isqueraient d’être épuisées.

Un aspect tout part iculier est l a présence systématiquede deux clans dans chaque vill age, les « rouges » et l es« noirs » , qui résident dans deux zones disti nctes. Maiscette distinction est rompue par la présence d’habi-tations de membres d’un clan dans la zone réservée àl’autre, à l’i mage du symbole de l ’équili bre par excel-lence, celui, chinois, du Yin et du Yang, dans lequel unpeu de noir se trouve dans le blanc et un peu de blanc

se trouve dans le noi r.

Cette recherche d’équilibre se retrouve aussi dans lerapport que les Batammariba entretiennent avec leurenvironnement. De nombreux aspects de la religion etdes pratiques sociales permettent en effet de protégercertaines zones et donc de préserver la diversité bio-logique sans pour autant interdire des prélèvements

raisonnables. Outre les zones naturel les préservées, i lexiste de nombreuses peti tes forêt s sacrées à l’ int érieurdes vil lages qui jouent ce rôle, au moins en parti e.

Une constante recherche d’équil ibr e

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Les Batammariba se sont toujours montrés et se montrent

encore i ntrait ables pour ce qu’il s considèrent comme leur« f ondement » .

Ce fondement, c’est tout d’abord, une organisation socialequi, certes, entend maintenir une stricte hiérarchie entreAînés et Cadets (comme en toute population af ricaine) , maissurtout, s’oppose au pouvoir centralisé. Les Batammariban’ont pas de système de chefferie héréditaire. Ils forment

une sociét é acéphale, st ructurée en clans.

Deux à quatre, et parf ois jusqu’à six clans forment un « vil-lage ». Toutef ois, i l faut préciser que ce terme de vil lage estrelativement peu approprié. Pour être plus juste, il faudraitplutôt parler de groupement territorial organisé autour deslieux ri tuels appartenant à chaque clan, et qui comprennent,entre autres, le cimeti ère, la Grande maison d’init iati on des  jeunes et le sanctuaire du Serpent titulaire d’un clan. Ceslieux, en particulier le sanctuaire du Serpent et la Grandemaison de cérémonie, correspondent à l ’endroit précis où aeu lieu l a fondation du vi ll age (dans le canton de Warengo,ils sont sit ués au pied de la montagne) .

Les divers clans qui composent un village reconnaissent en-tre eux une certaine parenté, puisqu’ils sont les descendantsdes fils du fondateur du village. La Grande maison de cérémo-

nie, t oujours reconstruit e sur les mêmes fondati ons, est cell equ’habitait l’ancêtre du clan. Elle représente la maison mère detous les li gnages et segments de l ignage d’un clan, chacun deses lignages étant regroupés autour d’une autre Grande Mai-son, de moindre envergure, où, périodiquement à l’occasionde sacrif ices, les frères du lignage renforcent l eurs liens.

ORGANISATION SOCIALE 

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RELIGION

D’autres autels sont situés à l’extérieur de la « Takienta ». I ls sont leréceptacle d’esprit s d’animaux tués à la chasse ou d’espri ts souterrainsavec lesquels des ancêtres ont conclu un pacte. Le li eu de prédil ectionde ces derniers reste cependant dans un « endroit de brousse » c’est-à- dire non défri ché, int erdit de cult ure et de constructi on. On ne peut ypénétrer en dehors d’une cérémonie. Là, i ls s’incarnent dans un arbre,

pierre, t rou d’eau,…, entourés de leurs « compagnons » , autres arbresou plantes qu’il est int erdit de couper ou dégrader. Le tout f orme cequ’il convient d’appeler un « bosquet sacré » ou si celui - ci est assezgrand, une « f orêt sacrée ».

Ces bosquets, de surface variable, peuvent être nombreux sur unemême aire villageoise. Ils contribuent à donner au paysage une im-pression d’harmonie et d’équil ibre entre champs cult ivés, habitati ons

et « peti tes brousses » à la végétati on dense. Ces espri ts ou f orces dela terre imposent aux humains des règles de chasse et d’exploitation

Le système de croyance des Batammariba est quali fi é d’« animiste »,

comme celui de toute société d’Afrique noire de tradition oralen’ayant pas, ou très peu, subi l ’i nf luence des deux grandes religions ré-vélées : christ iani sme et i slam. Dans son sens large, l e terme « animi s-te » renvoie à une présence ou une « âme » perçue par l es humains dansles éléments qui les entourent . Le monde des Batammariba est en eff etpeuplé de « f orces » qui s’incarnent dans tel arbre, roche ou source, ouencore dans un animal. Des forces avec lesquell es des humains ont lafaculté de communiquer car, pense-t-on, ils sont dotés d’une acuité

sensoriell e hors du commun, désignée sous le t erme de « voyance » .Mais ce qui prédomine aussi dans leurs croyances (tout comme dansla plupart des sociétés africaines) est un culte dévolu aux ancêtres quiremonte jusqu’au dieu créateur, Kuyé, i ncarné par l e soleil. Les défunt sprésident non seulement au destin des vivants, mais sont des « don-neurs de vie », en particulier ceux que l’on appelle les Grands Morts,en raison des hauts faits de leur existence, notamment la conduite derituels ou l’alliance qu’ils ont scellée avec une force de la terre. En toutvivant, pensent l es Batammariba, revit le souffl e d’un mort qui a désirésa naissance.

C’est pourquoi il est indispensable pour les humains de garder en mé-moire leurs noms afin de maintenir une communication avec eux. Laconstruction d’une « Takienta » – l a maison tradit ionnell e - vise avanttout à ménager un lieu favorable à leur « repos ». C’est un des rôlesessentiels de la pièce du bas où sont construits les autels, réceptacles

de leurs souff les. Les sacri fi ces célébrés sur ces autel s sont la manièrepour les vivants d’entrer en relat ion avec leurs morts. On ne peut péné-trer dans ce li eu sans se soumett re à des règles de respect, et cela vautautant pour l es étrangers que pour les habit ants.

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du sol, décodées par l es devins. L’i nfracti on à ces règles suscit e leur

vengeance, sous forme de calamit és tell es que les tornades ou en-core périodes de sécheresse. Le lien est donc étroit entre l’habita-ti on des vivants qui est aussi cell e de leurs morts, et l es territ oiresréservés aux espri ts de la terre.

Il est aussi à noter que certains bosquets sacrés correspondent à deslieux où des événements particulièrement violents ont eu lieu, laplupart du t emps li ées à la mort ( violente) d’homme ou de panthère,

des lieux où la terre a été souill ée par l e sang. Si l’ on peut passer ences lieux, on ne doit pas y parler ni y fair e de bruit .

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Le second pôle du fondement culturel des Batammariba est unsystème cérémoniel excepti onnell ement préservé au Togo, qui

se manifeste principalement au travers des rites funéraires etini ti atiques. En f ait, la véritable autori té est dévolue aux res-ponsables des ini ti ations, choisis sur de ri goureux critères

éthiques, notamment l a discréti on, l a bravoure, la maîtri se de soi.

Ces initiations - le « dikuntri » pour les fill es, le « difuani » pour les garçons - ont lieu

tous les quatre ans. Notons toutefois qu’un sous- groupe important, l es « Basoruba », necélèbrent que l e difuani , et que celui- ci présente des dif férences sensibles avec celui desBatammariba proprement di ts. Au Togo, l es « Basoruba » habit ent le vill age de Kufit ugu,canton de Warengo, et quelques locali tés du canton de Nadoba.

Un ancien, père ou mère, n’aura droit à sa mort au grand ri te de deuil du « tibenti » ques’il a été initié dans sa jeunesse. Faute de quoi, il lui sera difficile, après la mort, de« f ormer un enfant » .

Aujourd’hui , l es Batammariba accordent la même import ance à ces rit es, et un jeune, qu’i lsoit ou non scolarisé, qu’il ait ou non quit té l e vill age, négli gera rarement d’être ini ti é. Cesini ti ati ons sont presque les seules, parmi l es sociétés subsahariennes, à avoir conservé unetelle vitali té. Le rite f éminin du « dikuntri » est l’ un des derniers rit es ini ti atiques féminins àêtre célébré dans son int égrali té et avec ferveur jusqu’à nos jours.

Les Batammariba renouent avec les esprit s de leurs mort s et de la t erre grâce à ces grandes cérémo-nies qui sont ét roit ement li ées à l’ensemble des li eux rituels du vi ll age mais aussi à l ’archit ecture des« Takienta » , et bien sûr, à leurs symboli smes respectif s.

LES INITIATIONS 

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AMÉNAGEMENT DU PAYSAGE

Des règles fondamentales 

Le canton est un découpage administratif récent qui masque enpartie la structure de l’aménagement séculaire et historique du

territoire. Les Batammariba accordent une grande importance à lanoti on de pays et à celle d’espace. En fait , au- delà de l’habitat, c’estbel et bien l’entièreté du paysage qui a été façonnée de manièreà respecter les croyances, mais aussi les volontés d’i ndépendance,d’équil ibre et d’uni té de la communauté. Paul Mercier écrit : « L’oc-cupati on de l’espace par l ’homme fait d’une terre : kèténgè, unpays : kuténgo. L’espace est qualifié de multiples manières : grilled’orientations, terroir consti tué de sols utiles ou inutiles, de zones à

vocation précise, territoire d’un groupe.».

Créat ion des vil lages 

Les villages sont créés pour répondre aux besoins d’espace, ou suite à deslit iges ou confli ts claniques qui provoquent l e départ d’une parti e des

membres du clan ou du lignage d’origine. C’est ainsi que les Batammaribaconservent leur tradit ion d’une non- centralisation du pouvoir.

La création d’un nouveau vill age obéit au mythe de création du premier vi l-lage par « Kuyé», le Dieu créateur, architecte du monde qui construisit l a

première « Takienta » pour l’homme et l es divinités.Le fondateur d’un nouveau vill age se détache de son clan de base, bâti t sa« Takient a » , une Takienta- mèresur le modèle original avec toutes les con-fi gurati ons init iées par Kuyé ( tours, greniers, terrasse,…) .Il passe au préalable un accord avec « Butan », la déesse de la terre, épousede « Kuyé», mère protectrice des humains qui gouverne l’agriculture, laforêt, les animaux, les cimetières.Il élève des sanctuaires pour les « Dibo», les « forces naturelles» avec les-

quelles les vill ageois devront composer pour uti liser leur t erritoire.Enf in, le fondateur installe un centre rit uel composé de la Grande maison decérémonie, de l’autel du Serpent tutélaire et du cimetière.

Des espaces naturels

L

es villages habités par les Batammariba sont soit accrochés aux flancsde la chaîne de l’Atakora, soit insérés entre deux montagnes ou encore

étalés sur la vaste pl aine de la Kéran. Même si certains villages f ini ssent parse rejoindre voire par se superposer ou s’enlacer, l’espacement entre euxpermet de conserver des espaces naturels qui sont ut il isés pour la chasse,mais aussi pour la cueillett e de plantes sauvages dont certaines sont à usagemédicinal et également pour l’approvisionnement en bois de bonne qualitépour les constructions. Des essences spécifiques se trouvent dans les fo-rêts. Certaines races d’animaux sont aussi spécif iques au Koutammarkou,ce qui lui donne aussi une valeur écologique.

L’ESPACE VILLAGEOIS

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Le Koutammakou est un milieu essentiellement agricole où se pratique une culture de subsis-

tance et de rente. Mais les Batammariba pratiquent aussi l’élevage, notamment celui des bovinsdont la race locale est parti culièrement bi en adaptée au terroir. Une grande part ie du terri toi re restedonc allouée à cette fi n. Les récoltes sont d’une importance capitale pour la survie. C’est ainsi quecelles- ci sont systématiquement marquées par d’importantes cérémonies pendant lesquelles desoffrandes sont faites aux dieux chtoniens.

Bien entendu, des considérations techniques guident le positionnement du vil lage. En eff et, oncherchera avant tout une zone à proximité d’une source ou d’un point d’eau. Dans les villages situésdans des zones accidentées, l es habitati ons seront positi onnées sur les f lancs des collines de façonà libérer un maximum de terre cultivable.

Le village est constitué par le relatif groupement de plusieurs habitati ons. En effet , l es habitationssont assez éloignées les unes des autres. Certaines légendes suggèrent que l’écartement entre leshabitations est déterminé par la distance qu’une flèche pourrait parcourir. Mais en fait , il apparaîtclairement que les habitations sont largement espacées de façon à permettre une certaine indé-pendance entre les famil les. Avec suff isamment de terre culti vable autour d’el le, chaque habitationpeut f onctionner comme une unité autosuffi sante.

Le vil lage s’étend avec l’i nstallation des autres membres de la même phratri e que le fondateur ou ceuxd’autres clans ou l ignages. Chaque clan dispose de son espace parsemé de bosquets féti ches, de bos-quets- cimeti ères, d’arbres, de trous d’eau et roches sacrés et des sites réservés aux ini tiations.

L’ESPACE VILLAGEOIS 

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PARCOURS RITUELS ET VIELLE TAKIENTA

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La Grande maison de cérémoni e

ou Vieil le maison du clanElle est l’une des trois composantes du centre rituel ou centre du « di-fuani » que parcourent l es novices d’un même clan lors de leur ini ti ation.Habité par le benjamin d’une famille, elle a pour fonction d’accueillirtout es les cérémonies du « difuani » of fi ciées par lesbaboyama ou lesmaîtres religieux. Tous les sacrifices se font dans, devant et autour decette Grande maison du clan. C’est une maison matri ciell e où réside le

décimpro (autel) de l’ancêtre fondateur du clan.

PARCOURS RITUELS ET VIELLE TAKIENTA

Le Koutammakou est marqué par un certain nombre d’éléments très si-

gnif icatif s ayant des li aisons fort es qui il lustrent bien la structure et lecaractère t out parti culier de l a société tammari.

Les parcours r i tuels claniques.La religi on et l’ ini ti ation ry thment la vie de l’otammari de sa naissance

à sa mort. Toutes les cérémonies du dikuntri, du difuani, du tibenti etautres s’effectuent dans les troi s espaces tri angulaires de la Grande mai-son des cérémonies, le sanctuaire du Serpent, « Fawaafa » et le cime-ti ère. Le parcours rit uel de ces lieux forme l’homme ou la femme tammariface à ses responsabil i tés dans la sociét é.

La Grande takienta ou Vi ei l le takienta

La base de la société tammari est le « kunadakua» regroupant les« takienta » (maison, f amill es) de plusieurs frères rassemblés autourde la « takienta » d’un père ou d’un frère aîné. La maison paternelleporte le titre de « Vieille Takienta » parce qu’elle possède le vieux

« dicimpo » : l ’autel de la mère qui fait l’unit é du « kunadakua». Sonfronton est surmonté de troi s cornes de terre.

La tradit ion exige qu’à la mort du père, l e benjamin hérite de sa mai-son. A l’ instar de l a société Moba- Gourma, l es aînés quit tent la maisonpaternelle pour aller construi re leur « Takienta » sur la parcell e desti -née au clan ou au l ignage.

Ces « takienta » construit es sur le même modèle et quali fi ées de mai-son d’habitation restent sous la dépendance cultuelle de la « Vieille takienta » qui continue d’abriter l es bœufs, l es moutons et les chèvresconstit uant l’héritage commun à tous les f rères.

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LE SANCTUAIRE / LE CIMETIÈRE

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Le Sanctuair e du Serpent

ou FawaafaIl constitue le deuxième élément sur le par-cours rituel des novices et abrite la choseessentielle du « difuani » et du « dikuntri » ,le Serpent souterrain du Clan, qui couva lesancêtres des Batammariba à « Dinaba » ,leur lieu mythique de provenance. C’est unsanctuaire investi d’une force spécifique de

régénération, inoculée par Fawaafa, et aveclaquelle entre en contact l es init iés. 

LE SANCTUAIRE / LE CIMETIÈRE

Le Cimet ièreIl est situé sur un sol latéritique non loin dusanctuaire du Serpent destiné à l’initiationdes garçons et des jeunes filles. Plusieursrit uels s’y eff ectuent notamment à proximit éde la tombe du fondateur du clan. En ce lieusolennel « l es morts viennent sur les novices

qui pour l’occasion sont positionnés commeles cadavres dans leurs tombes».

Les autr es bosquets, l ieux

ou forêts sacrésDans un village tammari, les « takienta »alternent avec des forêts reliques, desamas de pierres constituant les sièges des« Dibo », esprits alliés des « takienta » etdes clans, et des éléments naturel s où sontincarnées les nombreuses divinités quicomposent le panthéon tammari.

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L’ARCHITECTURE la takienta

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LARCHITECTURE - la takienta 

Un habitat f ort i f i é ? 

Avec ses tourelles réunies par un haut mur d’enceinte, l’habitation tam-mari a un aspect de ferme for ti fi ée. Cet aspect de f orteresse a beaucoup

frappé les étrangers. Les européens comparèrent et comparent toujoursvolonti ers cet habit at à des châteaux forts. Les tirail leurs soudanais lui don-nèrent le nom de tata, nom qui était communément donné en Afrique del’Ouest à tout ouvrage, murs ou murailles, à vocation défensive, d’où l’ap-pellation commune de tata somba ou tata tamberma. Mais, si cett e forme

a effecti vement eu un probable rôle défensif, peut- être même simplementcontre les animaux sauvages, c’est l à une vision bien restri ctive.

Un microcosme expr imant la cult ure et lescroy ances des Bat ammar iba

L’architecture tammari est originale et élaborée et, comme l’aménage-

ment du terr it oire, est en parfaite correspondance avec la culture et lescroyances de ses habit ants. Cette architecture obéit à des règles de concep-ti on mêlant profane et sacré. Rien n’est hasard. Tout est, soit adapté à unefonction, soit signe, soit encore un symbole.

Ces règles sont t oujours les mêmes, mais permettent l’adaptation, la per-sonnalisation. Ainsi, la taille, la décoration, le nombre de pièces varienten fonction du statut et des caractéristiques des habitants. Les takienta 

peuvent évoluer, soit pour un l ong terme, de façon à s’adapter à des chan-gements importants, soit de f açon temporaire, à l’occasion d’événementsparticuli ers. Des typologies sont propres à certains clans ou vil lages, maiscelles- ci respectent toujours les règles principales de concepti on.

L’ARCHITECTURE - la takienta

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FAÇADE SUD

PLAN REZ- DE- CHAUSSÉE

Un habit at for tement st ructuré 

L’ habit at présente une duali té male femell e marquée parune séparati on selon l’ axe Est- Ouest. La moit i é Sud, l a

droite, est à la fois celle du sacré et celle de l’homme. Lamoit ié Nord, l a gauche, est celle de l a femme. Cett e sépa-rati on se retr ouve au niveau de l’appropri ati on des espaceset même des greniers. Ainsi, du côté Sud, on a le grenierrempli de graines à connotation masculi ne (f onio, mil let,

sorgho, ri z) et du côté Nord le grenier f emell e abritant ha-ricots, pois de terre, fruits, arachides. La façade de l’ha-bit ation, où se trouve la porte, est t oujours orientée versl’Ouest, à l’abri des pluies dominantes et de l’harmattanqui souffl e de novembre à février. Ell e fai t face au vil lage-paradis de Kuyé.

Une autre division symboli que concerne l’oppositi on entre l ’éta-ge et le rez-de-chaussée.« Les conceptions qu’ont l es « Somba» de leur habitati on font del’ét age le l ieu des vivants, du rez-de- chaussée celui des morts,de ceux qui en sont proches et du bétail qui l eur est avant toutdesti né » écrivit Paul Mercier.L’habitat abrite autant les vivants que les ancêtres, et doit aussiêtre considéré comme un temple dédié au culte. Les autels ainsique toutes les protections magiques sont principalement aurez-de-chaussée. Mais l’autel de Litakon (déesse des jumeaux

et de la fertilité) se trouve sur la terrasse, de même qu’un ori-fice sacré, recouvert d’une pierre utilisée comme table à mangerpour le repas du soir. C’est par cet orif ice que l’esprit d’un défuntquit tera la maison. La pierre pouvant alors être uti li sée commepierre tombale.D’autres autels liés au dieu Kuyé ou à d’autres divinités sontplacés à l’extéri eur.

LARCHITECTURE -  la takienta 

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COUPE TRANSVERSALE COUPE LONGITUDINALE

PLAN TERRASSE

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Extr ait s du l ivre de Mme Suzanne Preston BlierThe Anatomy of Architecture. Ontology and Metaphor in Batammaliba Ar-

chitectural Expression, Cambridge University Press, 1987.

Le langage et les rites associés à la takienta permettent de l’assimi-

ler à un corps humain qui correspond aussi à celui du dieu Kuyé. Parmi

ces analogies, les plus remarquables sont celles de la porte d’entrée

avec la bouche, les fenêtres avec les yeux, le grenier avec l’estomac,

le mortier à pi ler avec les dents, l a gargouille latérale avec le pénis, la

chambre à coucher avec le vagin, et la gargouille arrière avec l’anus.

L’endui t est aussi assimilable à la peau humaine, avec les incisions qui

s’apparentent aux scarif ications tradi tionnelles.

L’habitation avec ses dépendances (greniers, étable, poulailler, ruche)

est concentrée en un seul corps de bâtiment. Elle se présente toujours

comme un ensemble de tourelles, circulaires ou ellipsoïdes ou encore

carrées, reliées entre elles par des murs qui dél imitent une vaste salle

au rez- de- chaussée et une grande terrasse à l’étage, sur laquelle don-

nent les chambres à coucher.

L’habitation n’a qu’une seule entrée, ce qui permet un bon contrôle

et renf orce l’aspect déf ensif. Cett e porte donne accès à la maison autravers d’une tourelle qui délimite, au rez-de- chaussé un premier

vestibule contenant des mortiers et des meules à grain et, à l’étage,

une chambre ou bien une cuisine.

Le rez- de- chaussée abrite les autels des ancêtres, les outi ls, l es ani-

maux (bétail et volail les) qui l ogent dans les pièces délimit ées par les

tourelles, les murs extérieurs et des murets de séparation. De part et

d’autre de l ’entrée se trouvent les deux tourelles qui sont surmontéesdes greniers. Au centre se trouve la tourelle qui est surmontée de la

chambre de la f emme. L’accès à l’étage se trouve du côté gauche de la

porte pri ncipale. Un premier escalier donne accès à une pièce int ermé-diai re qui sert de cuisine en cas de pluie, située aussi dans une tourelle.

De là, on accède à une terrasse intermédiaire, puis à l’étage propre-

ment dit en gravissant un troisième escalier.

L’étage est composé principalement d’une grande terrasse. C’est par

cette t errasse que l’on accède aux parties supérieures des tourell es qui

sont soit des greniers, soit des chambres, et souvent, les deux superpo-

sés. En général, les greniers sont posit ionnés au- dessus de la terrasseet le pl ancher des chambres en dessous de la terrasse. On y accède par

une ouverture ménagée dans leur partie supérieure, protégée par un

chapeau indépendant de la couverture principale, et à laquelle on ac-

cède par un escali er tai ll é dans une fourche de bois.

La terrasse est l ’espace de vie principal de la maison. I l sert au séchage

des grains, à la préparation des repas et à toutes sortes d’activités

 journalières. C’est aussi l’endroit le plus agréable où l’on peut dormir

pendant les périodes de grandes chaleurs.

Chaque Takienta est complétée par un abri qui est un lieu de réception

convivial. Il est f ait d’une structure de poteaux et poutres en bois sur-

montée de paille, parfois remplacé par une plateforme positionnée

sous un arbre. C’est sur cet abri que l’on stocke et fait sécher le sorgho

qui vient d’êt re récolté.

Des greniers complémentaires sont aussi positionnés à l’extérieur. Ilsont la même forme que ceux situés sur la terrasse, mais sont simple-

ment placés sur un socle fai t de branches positi onnées sur des fourches

permettant à la base d’être protégée des eaux de ruissellement.

D’autres pièces sont aussi situées à l’extérieur, plus ou moins indépen-

dantes ou regroupées, à la façon des soukalas. Celles-ci auraient été

util isées par les jeunes adultes avant l eur mariage, mais aussi pour re-

cevoir des visiteurs. Actuellement ces annexes se développent et sontde plus en plus util isées comme habitati on principale.

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CONSTRUCTION - la takienta

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CONSTRUCTION la takienta 

La construction se fait durant la saison sèche, entre les mois de décembre et mars. La

réalisation se fait avec l’assistance des membres de la famille qui y habit eront. Elle estassez longue et les « architectes » construisent en général une seule maison par an.

Les Batammariba ont perpétué à t ravers le temps et l ’espace les savoir- faire l iés à la cons-truction. Toutes les composantes de l’habit at, sont savamment exécutées, à la main, pardes spéciali stes en la mati ère. Ces savoir- fai re, part iculièrement élaborés permettent degarantir une bonne durabi li té des matériaux locaux employés : la terre, pétrie avec de la paille, est ut ili sée pour les fondations et les murs. Pour la ter-

rasse, el le est mélangée à du sable,

la terre de termiti ères est uti lisée mêlée avec de la paill e pour façonner les greniers, le bois coupé dans les forêts ou les montagnes sert de charpente et de structure porteuse

de la terrasse, la paill e pour la couverture des cases et des greniers, la décoction des cosses de néré ( parkia biglobosa) et dans l’eau de beurre de karité (parki

butyrospermum) sert de matériau d’étanchéité des surfaces exposées aux intempéries.

Les hommes sont chargés de l’exécut ion du gros oeuvre. Chaque clan dispose de sesspéciali stes. Ce savoir fai re se t ransmet par apprentissage. Le jeune homme désireux

de devenir maçon t radit ionnel aide les maçons expérimentés, observe les techniqueset se forme au fur et à mesure qu’il participe à la construction. On le met à l’épreuvedans l’édi f ication d’une Takienta de peti te dimension.

Les femmes interviennent dans la construction. En dehors de leur rôle de pourvoyeused’eau pour le malaxage de la terre, ce sont elles qui rendent la Takienta véritablementhabitable. Tous les travaux de fi nit ion : le crépissage des murs, le damage du sol, et enfi nla décoration reviennent exclusivement aux femmes. Là encore, les plus âgées entraînentles jeunes et l eur transmettent progressivement leur savoir- faire.

CONSTRUCTION 

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CO S UC O

Les mursLes murs sont façonnés à la main, par couchessuccessives d’environ 30 cm de hauteur. Untemps de séchage de un à plusieurs jours estnécessaire entre la mise en œuvre de chaquecouche. Les parties les plus hautes de la cons-truction comportent environ 12 couches. Ellesont donc une hauteur d’environ 3m60.La forme conique des murs leur assure unegrande stabilité et permet de réduire leur

épaisseur, qui varie de 25 cm à la base à seule-ment 12 cm en partie supérieure.

Les fondati onsLes maisons n’ont pas vraiment de f ondations.En eff et, avant de mett re en œuvre la premièrecouche de terre, on procède à un simple net-toyage de la partie pulvérulente du sol. La du-rabilit é du système est pourtant garanti e par laforme de pente donnée aux abords, qui assurele drainage des eaux de pluies loin des murs.Par contre, l es fourches de bois qui supportentla toi ture sont solidement ancrées dans le sol.

Les ouverturesElles sont d’une largeur de 60 cm maxi-mum et sont tail lées dans la massedes murs. Tradit ionnel le-ment, les portes sonten bois.

Ri tuels préalablesLa construction d’une maison fait l’objet decinq cérémonies. La première se fait au mo-ment de la mise en œuvre de la fondation, ladeuxième pour la mise en place du seuil de laporte d’entrée, la troisième lors de la mise enœuvre du mur de liaison côté homme, la qua-trième lorsque la terrasse de l’étage est ter-minée, et la cinquième et dernière lorsque la

maison est enti èrement terminée.

Concepti on techni queLa concepti on permet une util isation judicieuseet rat ionnel le des ressources disponibl es loca-lement. Elle permet aussi de limit er les effortsdes bâti sseurs.Tout est conçu, soit pour s’adapter aux qualitésintrinsèques des matières premières, soit pourminimiser les quanti tés util isées, soit pour évi-ter ou retarder les possibles dégradations et

ainsi faciliter l’entretien. Il est à noter que l’in-dépendance entre la structure porteuse des toi-tures (supportée par des fourches de bois) et lesmurs (r ideaux) assure une sécurit é maximale.

Les étapes de construct i onLa première étape est la construction destourelles. Deux tourelles sont bâties simul-tanément. On démarre toujours par le « dos »de la maison, à l’Est, pour terminer avec laréalisation de l’accès principal, à l’Ouest.Une fois les tourelles fi nies, on bâtit les mursintermédiaires qui relient les tours deux àdeux. L’étape suivante consiste en la réalisa-

ti on de la terrasse, et des planchers.On procède ensuite au façonnage des gre-niers, puis à la mise en œuvre des charpenteset des couvertures de pail le.Les travaux se terminent avec la réalisationde l’enduit .

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Les terrasses et planchersIls sont supportés par des f ourches en boisde karité ou bois de fer qui supportent despoutrelles puis un lattis en branches surlequel est étalée une couche de terre. Laterrasse est trait ée avec une couche de t errestabil isée à la bouse de vache, ce qui permetd’assurer une meill eure étanchéité. Les ter-rasses qui se tr ouvent en haut des tourell es

ont des poutrell es qui reposent di rectementsur le haut des murs.Les terrasses ont une pente, ent re 2 et 5 %, af ind’évacuer l’eau de pluie vers les gargouill es.

Les toit ures en pail leAu- dessus des chambres, elles sont f aitesavec une structure de bois de forme coniqueentourée par des cordes de raphia ou de kenafqui servent à attacher la pail le t ressée puis dé-roulée en spirale sur la structure.Pour les greniers, on érige tout d’abord unecoupole conique en f açonnant la terre commepour les murs, mais avec une épaisseur enco-

re plus réduit e. Cett e coupole est couverte depaille jusqu’à l’accès qui se trouve en partiesupérieure. Celui- ci est recouvert d’un peti tchapeau de paille tressée que l’on peut en-lever grâce à une poignée faite de branchesayant la f orme d’un V renversé.

EnduitsLes enduits sont réalisés avec un mortier deterre fine qui est pétrie avec de la bouse devache. La fini tion est faite d’une sorte de ba-digeon préparé avec une décoction d’écorcesdu néré (une sorte d’acacia), qui donne unecouleur rouge aux takientas. La couche d’en-duit a une épaisseur assez réduite, ce qui faitque les couches successives qui composent le

mur restent visibles.L’enduit est refait périodiquement, souvent àl’occasion d’événements importants, ce quipermet de modifier les décorations ou encored’introduire des scarifications symboliques.

LE KOUTAMAKOU AUJOURD’HUI

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La société tammari n’est ni statique ni miso-néiste. Elle évolue à travers le temps. Cette

évolution s’opère à l’intérieur même de la com-munauté et grâce aux apports extérieurs. Si lesagressions répétées et chronologiques des guer-

res ethniques, de l’esclavage et de la colonisationont suscité le raffinement de cet habitat défensif,il est aussi à noter que la colonisation, les indé-pendances et tous leurs avatars ont influencé lepeuple tammari et provoqué des mutations dansl’espace « Koutammakou ».

De nos jours, le phénomène continue, avec no-tamment l e développement des voies de commu-nication, du commerce et de la monétarisation,les nouvelles religions, les nouvelles pratiquesde médecine et d’enseignement ( scolarisation),

la centralisation du pouvoir administratif, quisont autant d’agressions et d’apports qui ten-dent à ébranler la société tammari.

Malgré cela, i l exist e dans tous les vil lages desnoyaux très f orts et très durs qui consti tuent

ce creuset où des éléments essentiels de laculture tammari se meuvent et se perpétuentà travers le temps et l’espace. En dépit doncde la menace de la mondialisation, les ex-pressions cult urelles et i dentit aires résistent.

Les initiations du Dikuntri et du Difuani quimarquent l e passage de l’ adolescence à la vieadulte des deux sexes survivent avec autantd’intérêt pour les populations locales quepour la diaspora. Ces pratiques bénéficientd’ailleurs d’un appui de taille du système

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... ET DEMAIN

scolaire qui tolère la participati on des élèvesau cours de l’année. Ce partenariat instauréentre enseignants et populations pérennisecette tradition à valeur éducative, culturelleet physique.

D’une manière générale les mœurs des Ba-tammariba sont encore presque int actes. C’estpourquoi il s sont très heureux d’avoir obtenule statut de Patrimoine Mondial qui non seu-lement valorise leur culture de par le monde,mais intervient surtout à une période char-nière où leur société compte tenu des enjeuxmondiaux, commence à voir quelques- unes deses valeurs mises en danger.

Ainsi, et malgré le développement de petits

centres urbains (en fait presque uniquement

à Nadoba), c’est toujours le même paysageque l’on peut observer aujourd’hui , avec desvillages aux maisons situées au milieu deleur espace cult ivable, espacées et i ndépen-dantes. L’espace naturel reste lui aussi trèsprésent, même s’il est certainement sou-haitable que certaines de ses composantespuissent être reconstituées. Il est à noterque cela concerne plus des zones naturelles« neutres ». En effet, tous les lieux sacrésrestent conservés.

L’habitat traditionnel reste un modèle d’ac-tualité. Partout dans la région, on constateque le cycle de vie des bâtiments se pour-suit : construction, abandon, destruction etre-construction sur les ruines. Si une ob-

servation fine montre qu’il existe des chan-

gements en ce qui concerne les matériauxutilisés, le dimensionnement de l’espacehabit able et les formes constructives, le mo-dèle tradit ionnel persiste. En effet , l a mai-son est plus qu’un habitat. C’est un templedédié au culte. De fait, même si l’on cons-truit une maison moderne, seul un habitatde forme traditi onnell e pourra intégrer cett edimension symbolique et religieuse. Demême, l’ espace du rez- de- chaussée réservéaux animaux et la présence des greniers res-tent des éléments i ndispensables.

Ainsi, de nombreuses maisons « modernes »sont complétées par un habitat traditionnel,qui, s’il est parfois de dimensions réduites,n’en garde pas moins toutes les caractéristi-

ques tradit ionnell es.

UNE VISION POUR LE KOUTAMMAKOU !

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ors du travail d’élaboration du dossier denomination au Patrimoine Mondial, la Di-

rection du Patrimoine Culturel du Togo et desreprésentants de la société tammari se sontréunis pour élaborer une vision pour le Kou-tammakou. Celle- ci dresse l’image d’un sit e,authenti que, témoin des valeurs int rinsèqueset fondamentales de la culture tammari, quiconstitue un exemple particulièrement in-téressant d’aménagement du territoire dont

le monde entier pourra s’inspirer vers plusd’équité sociale et un développement durablevalorisant les identi tés locales.

“ Les Batammariba ont conservé leurscroyances, coutumes, règles sociales,

artisanat, danses, sports, et leurs pratiquesinitiatiques traditionnelles, en continuité

de l’idée de développement durable qui a

toujours été l’une de leur préoccupation ma- jeure. Ouverts tout de même au modernisme,ils acceptent tout apport susceptible d’amé-li orer leur conditi on de vie.

L’ensemble des l ieux sacrés est bien conservé etles Batammariba restent toujours fidèles à leurreligi on qui ne souff re d’aucune dénégation.

Les associations en s’inspirant du patri-

moine culturel intangible conservent nonseulement le fond culturel tammari maisfavorisent aussi l’émergence de nouvellescréations susceptibles d’être présentéesaux festivals, aux expositions, et à d’autresrendez- vous culturels.

La tradition orale du Koutammakou est consi-

gnée par écrit et s’intègre parfaitement dans

l’enseignement à t ravers les ouvrages, les se-maines culturell es et les travaux manuels

Une étude de la culture constructive des Ba-tammariba a été entreprise. Ceci a permis deconcevoir et de réaliser des prototypes de ta-kienta améliorés qui sont répartis sur l’ensem-ble du territoi re. Tous y aspirent car il s sont pluséconomiques en entretien. En complément, untravail a été fait sur les ressources naturelles

utilisées pour la construction des takienta etde façon plus générale, pour les travaux d’ar-ti sanat et autres besoins tradit ionnels. Celles-ci sont maintenant plus accessibles grâce à labonne gestion qui a été mise en place.

Les abords de la ri vière Kéran sont reboiséset favorisent la reproduction des poissons.

Les pratiques de pêche sont strictement

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observées par les pêcheurs et toute la com-munauté qui ont abandonné la pêche parempoisonnement des eaux.

La protection et la régénérati on des forêts et bos-quets sacrés a permis de conserver les plantesmédicinales qui permettent aux populations etaux tradithérapeutes de soigner toutes les ma-ladies locales. La complémentarité entre les mé-decines tradi tionnelle et moderne est patente.

L’agriculture et l’élevage sont florissants.Le Koutammakou constitue le grenier de laRégion de la Kara grâce à l’amélioration despratiques culturales, de l’élevage et du dé-senclavement du sit e.

Un tourisme respectueux des traditions et des

populations s’est développé dans tous les

cantons et villages où des structures d’accueilsont bâties (hôtels, chambre d’hôtes, loge-ment chez l’habitant) . Des guides touristiqueset du patrimoine encadrent les visiteurs etmettent à leur disposition des produits telsque : musée, centre culturel, centres art isa-naux, danses, groupes folkloriques, t ir à l’arc,cérémonies init iat iques, etc.

Le festival de la culture tammari attire un

grand nombre de groupes du Togo et du Béninet les visiteurs venus de par le monde grâceaux Nouvelles Technologies de l’Informationet de l a Communication.

Le Service de Conservation et de Promotiondu Koutammakou (SCPK) est au carrefour detoutes les activités de protection, de promo-

ti on, d’animation culturelle et de recherche.

Il garantit une synergie entre les apportsde tous l es partenaires au développementdu site et demeure le conseil ler de t ous cesacteurs (Préfet, Directeurs préfectoraux,ONG, Organismes Internationaux et diffé-rentes parti es prenantes). Les fonds issusdes recettes générées par les droits devisite, de reportage, des dons et d’autresactivités du site servent à financer laconservation et les projets d’intérêt com-

munautaire. Le Koutammakou est un toutharmonieux où, l’homme otammari jouitd’un bien- être, en même temps qu’il sesoucie de celui des générati ons fut ures ».

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Service de Conservation et de Promotions du KoutammakouOBJECTIFS DU SCPK

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L

e Koutammakou a de tout temps bénéfi cié

d’une protection juridique traditionnelle.

Mais lors du processus de nomination au Pa-

trimoine Mondial, il est apparu que ce sys-

tème traditionnel commence à présenter un

certain nombre de faiblesses ou de carences,

et qu’il a de plus en plus de mal à faire face

aux nombreuses agressions dont font l’ob-

 jet les éléments fondamentaux de la culture

tammari, éléments essentiels de la structu-

ration authentique du Koutammakou. C’est

ainsi qu‘est née l’idée de Service de Con-

servation et de Promotion du Koutammakou.

Celui - ci n’a pas pour vocati on de remplacer

la protection traditionnelle, mais plutôt de

la renforcer ou de la compléter, de façon à

garantir la bonne conservation du site et les

éléments intangibles qui le sous- tendent.

Le Service de Conservation et de Promotion du

Koutammakou est un organisme étatique dé-

pendant de la Direction du Patrimoine Culturel

et du Ministère de la Culture, du Tourisme et des

Loisirs. Il applique la poli tique de conservation

et de gestion du site définie par le Ministère et

suit les orientations du Comité de Gestion du

Koutammakou, un organe consultatif créé parle Ministère, et qui regroupe des représentants

des Batammariba (en majorité) et l es acteurs

majeurs du développement de la région.

Ce Service est chargé de :

la conservation du site afin qu’il garde son

intégrité, son authenticité et ses valeurs in-

trinsèques

l’inventaire des éléments tangibles et in-tangibles du site dans la perspective de

maîtri ser leur conservation, leur sauvegarde

et leur diff usion

la perception des droits de visite du site l’organisation d’acti vités culturelles

le suivi permanent du site.

Il incombe en outre au Service de Conser-vation et de Promoti on du Koutammakou de

mettre en œuvre le plan de conservation etde gestion élaboré en 2002 et étalé sur une

période de dix ans ( 2002- 2012), consti tuant

ainsi une sorte de Projet Scienti fi que et Cul-turel (PSC) à réaliser sur le sit e.

D’ores et déjà le premier objectif général re-latif à la mise en place d’une protection ju-

ridique, d’un mécanisme de gestion et d’un

service de conservation et de promotion duKoutammakou a été atteint. Grâce au dyna-

misme de la Direction du Patrimoine Cultu-

rel, des textes ont ét é pris notamment: l’Arrêté fixant les limites géographiques et

déterminant les composantes du Koutam-

makou l’Arrêté instituant le comité de Gestion du

Koutammakou

l’Arrêté inscrivant le Koutammakou sur laListe nationale des biens culturels à protéger

les Arrêtés nommant et affectant le Con-servateur et le personnel au Koutam-makou

l’Arrêté réglementant les visites, les re-cherches et les reportages sur le site.

Les autres objectifs concernent la valori-

sation de la culture tammari, la promotiond’un tourisme respectueux des valeurs

intrinsèques du site, et la contribution àl’amélioration des conditions de vie des

Batammariba.

Il s comportent autant d’objectif s spécifi ques

qui sont ent re autres :

l’établissement des partenariats au niveau

local

la mise en place du système de réunions de

parties prenantes

la réalisation de suivis et des évaluations

régulières

la réalisation progressive d’un inventaire

complet des composantes tangibles et in-tangibles du site

la mise en place d’une animation culturelle

tammari

l’assistance des enseignants pour une

meilleure intégration des aspects culturels

tammari dans leur enseignement

la mise en place des outi ls de régulation des

activités touristiques l’identification et la mise en place de nou-

velles activités touristiques

l’assistance des communautés dans la mise

en place des structures villageoises d’ac-

cueil touristique

la promotion du site par le biais de diffé-

rents médias

la production de divers objets promotion-nels dérivés et leur vente au profi t des ac-

tions prioritaires.

Au total, c’est un grand défi que le Service

de Conservation et de Promotion du Kou-

tammakou doit relever. Les premiers indices

sur le fonctionnement du Service de Conser-

vation et de Promoti on du Koutammakou et

les diverses interventi ons des partenaires etde l’Etat togolais augurent de résultats sa-

ti sfaisants à l’hori zon 2012.

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INFORMATIONS PRATIQUES 

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RÉALISATION

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Cette plaquette a été réalisée par l’Association « Les Amis du Patrimoine » en collaboration avecCRATerre- ENSAG, dans le cadre des projets si tués du programme Af ri ca 2009 (Centre du Patri moineMondi al de l ’UNESCO, ICCROM, CRATerre- ENSAG, I nsti tuti ons Afr icaines du Patr imoine Culturel )

ISBN : 2- 906901- 39- 3

Dépôt légal : décembre 2005 © 2005 CRATerre- ENSAG

K O U T A M M A K O U

AuteursThierry Joffroy, CRATerre- ENSAG

Nayondj oua Djanguenane, Directeur du Patrimoine Culturel

ContributionsKossi Wowui , Directi on du Tourisme

Roger N’Poh Tanti, Associati on des Jeunes Volont aires pour le

Développement Communautai re

Remerciements pour leurs contr ibut ions àZato Djobo Tsrou Koura, Préfet

Badjamin Kokou Mbadia, Service local de l’environnement

Tchatchamana B. Kodjo, Service local de l ’agricultureKpeti ré Yawo, Inspection Scolaire

Alfa Obati , Chef de Canton de Koutougou

N’Dokré N’Tcha, Chef de Canton de Nadoba

Santy Alphonse, Chef de Canton de Warango

Koudété Kpakou, ancien Député

Yembetti N’Datchimia, personne ressource

Dominique Sewane, Ethnologue

Suzanne Preston Bl ier, Historienne de l’ ArtPaul Mercier,Ethnologue

PhotographiesThier ry Joff royDobil a Salif ou, (page 7, 12, 13, 16 et 18)

DessinsGaël Amoussou, Thierry Joffroy, Arnaud Misse

Conception graphiqueArnaud Misse, CRATerre- ENSAG

Nicolas Pasian, ENSAG

Impression

Bastianelli-Clerc

african 

cu l tu r a l h e r i t a g eo r g a n i s a t i o n s

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ISBN : 2- 906901-39- 3

african cu l t u r a l h e r i t a g eo r g a n i s a t i o n s