lmd_21_05_2014

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Mercredi 21 mai 2014 - 70 e année - N˚21566 - 2¤- France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry Q ui trouverait à y redire ? Financer des baisses d’impôt, de 1 milliard d’euros, pour les ménages modestes par l’ar- gent de la régularisation fiscale : c’est le joli coup joué par le gouvernement de Manuel Valls, à la veille des élections euro- péennes. Un coup à la fois politique et éthi- que, une version moderne, en somme, du prendre aux riches (les fraudeurs) pour don- ner aux pauvres (les payeurs). De quoi s’agit-il ? Grâce à l’imposition de sommes récemment rapatriées de Suisse, l’Etat enregistre un surcroît de recettes fisca- les, dont il se sert pour alléger la facture des contribuables les moins aisés. Evidemment, cela n’aura qu’un temps : l’allégement fiscal ainsi obtenu, qui devrait être structurel, est financé par une mesure purement conjonctu- relle. A entendre le ministre des finances, Michel Sapin, le dispositif français de régularisation des comptes cachés à l’étranger, principale- ment en Suisse, fonctionnerait «du feu de Dieu ». Plus de 20 000 Français ont demandé à en bénéficier – sur un total estimé de 80 000 comptes cachés en Suisse –, et, à la fin de l’année, c’est 1,8 milliard d’euros qui devraient rentrer dans les caisses de l’Etat, au lieu de 800 millions initialement prévus. Bien sûr, il faut saluer l’engagement préco- ce de la France du côté des Etats pourfendeurs de l’évasion et de la fraude fiscales internatio- nales. Mais, honnêteté oblige, il faut bien admettre que ces rentrées fiscales sont sur- tout le produit d’un contexte international durci envers les fraudeurs. Il s’agit notam- ment de la formidable pression exercée depuis trois ans par les Etats-Unis sur les pays à secret bancaire et à fiscalité privilégiée, dont la Suisse, pour traquer l’argent soustrait au fisc. Et récupérer des recettes fiscales essen- tielles en ces temps de disette budgétaire. Sans l’action exercée par les Etats-Unis et l’OCDE, jamais les banques suisses n’auraient levé le secret et engagé la régularisation de leurs clients étrangers. Jamais la Suisse n’aurait accepté de pratiquer l’échange auto- matique de données à des fins fiscales avec les autres pays de la planète, comme elle vient de le faire, début mai, en même temps que Singapour, rompant avec son histoire. La France bénéficie d’un mouvement inter- national dont elle est partie prenante. Elle devrait maintenant ouvrir un deuxième cha- pitre dans la guerre contre l’évasion fiscale : la lutte contre l’optimisation fiscale agressive des multinationales. Ce combat-là reste embryonnaire et timide. Il représente pour- tant l’essentiel des pertes fiscales des Etats. Voilà qui supposerait de remettre en cause non pas seulement les géants Google et autres Apple, mais toutes ces entreprises qui se livrent à une optimisation abusive de leurs impôts par le biais de la technique des prix de transfert dans les paradis fiscaux (transfert des bénéfices dans des pays à fiscalité nulle). A commencer par le très prospère secteur du luxe en France. Le 1,8 milliard d’euros récupéré n’est qu’une infime partie du manque à gagner lié à la fraude et à l’optimisation fiscales en France – dont le montant serait de 60 à 80 milliards d’euros par an. Mais c’est un bon début. p LIRE CAHIER ÉCO PAGE 4 LES PETITS ARRANGEMENTS DES OPTICIENS MIS AU JOUR FRANCE – LIRE PAGE 11 Le bison retrouve les Carpates après deux siècles d’absence PLANÈTE – LIRE PAGE 5 LES YÉNICHES SUR LA CROISETTE CULTURE – LIRE P. 13 ET PORTRAIT – P. 21 Obama risque de perdre le Sénat Les élections de mi-mandat, en novembre, s’annon- cent périlleuses pour les démocra- tes américains, confrontés à l’impopularité du président Obama. INTERNATIONAL – P.2 Thaïlande : la loi martiale imposée L’armée a décrété la loi martiale, en Thaïlande, mardi 20 mai, à l’aube, en précisant qu’il « ne s’agissait pas d’un coup d’Etat ». Une censure des médias a été instaurée. INTERNATIONAL – P.3 YouTube offre 1 milliard de dollars pour Twitch Le site américain, créé en 2011, reven- dique 45 millions d’utilisateurs men- suels. Son objet : retransmettre des parties de jeux vidéo. CAHIER ÉCO – P.5 ÉDITORIAL Elections européennes Le Front national met l’UMP sous pression AUJOURD’HUI Un beau succès dans la lutte contre la fraude fiscale Analyse M arine Le Pen veut faire des élections euro- péennes un marchepied pour sa conquê- te du pouvoir en 2017. La présidente du parti d’extrême droite ne cesse de le répéter : dimanche 25 mai au soir, le Front national sera « le premier parti de France ». Elle espère que le score cumulé de ses listes sera supérieur à ceux de ses deux adversaires, UMP et PS. Mais plusieurs diffi- cultés pourraient contrarier ses plans. Si l’on en croit les différents instituts de sonda- ges, le FN pourrait effectivement terminer en tête ou juste derrière l’UMP. Dans tous les cas, le PS serait largement distancé. Le parti lepéniste rem- porterait une victoire symbolique capitale. Pour la première fois, la formation d’extrême droite arrive- rait en tête d’un scrutin national. Et aborderait les prochaines échéances – notamment les élections régionales – en position de force. Abel Mestre a LIRE LA SUITE PAGE 9 UK price £ 1,80 THOMAS PIKETTY : « IL FAUT DONNER UN PARLEMENT À L’EURO » t Dans un entretien au « Monde », l’économiste dénonce le vide démocratique de l’Europe LIRE PAGE 6 LE REGARD DE PLANTU SCIENCE & MÉDECINE L’ambre, écrin des espèces disparues t L’ascension du parti de Marine Le Pen, donné en tête des intentions de vote du scrutin de dimanche 25 mai, inquiète les ténors de l’UMP. Ces derniers mettent en garde leurs électeurs contre un « vote défouloir » Le 1 er avril. ED ALCOCK/MYOP a Des coulées de la résine végétale ont conservé des invertébrés depuis la nuit des temps. Ces fossiles permettent de reconstituer l’histoire de l’évolution des insectes. Reportage au Liban, qui regorge de gisements a Petits et maniables, les drones viennent au secours de l’archéologie, en restituant en trois dimensions des sites difficilement accessibles SUPPLÉMENT Algérie 180 DA, Allemagne 2,40 ¤, Andorre 2,20 ¤, Autriche 2,50 ¤, Belgique 2 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 ¤, Finlande 3,80 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,40 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,20 ¤, Guyane 2,50 ¤, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 ¤, Italie 2,40 ¤, Liban 6500 LBP, Luxembourg 2 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,30 ¤, La Réunion 2,20 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Saint-Martin 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA

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Le Monde

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  • Mercredi 21 mai 2014 - 70e anne - N21566 - 2 - Francemtropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur :Hubert Beuve-Mry

    Q ui trouverait y redire? Financer desbaisses dimpt, de 1milliard deuros,pour les mnages modestes par lar-gent de la rgularisation fiscale : cest

    le joli coup jou par le gouvernement deManuel Valls, la veille des lections euro-pennes. Un coup la fois politique et thi-que, une version moderne, en somme, duprendre aux riches (les fraudeurs) pour don-ner auxpauvres (les payeurs).

    De quoi sagit-il ? Grce limposition desommes rcemment rapatries de Suisse,lEtat enregistre un surcrot de recettes fisca-

    les, dont il se sert pour allger la facture descontribuables les moins aiss. Evidemment,cela naura quun temps: lallgement fiscalainsi obtenu, qui devrait tre structurel, estfinancparunemesurepurementconjonctu-relle.

    Aentendre leministredesfinances,MichelSapin, le dispositif franais de rgularisationdes comptes cachs ltranger, principale-

    ment en Suisse, fonctionnerait du feu deDieu. Plus de 20000 Franais ont demand en bnficier sur un total estim de80000comptescachs enSuisse, et, la finde lanne, cest 1,8milliard deuros quidevraient rentrer dans les caisses de lEtat, aulieude 800millions initialementprvus.

    Biensr, il faut saluer lengagementprco-cedelaFranceductdesEtatspourfendeursdelvasionetdela fraudefiscales internatio-nales. Mais, honntet oblige, il faut bienadmettre que ces rentres fiscales sont sur-tout le produit dun contexte internationaldurci envers les fraudeurs. Il sagit notam-ment de la formidable pression exercedepuistroisanspar lesEtats-Unissur lespayssecretbancaireetfiscalitprivilgie,dontla Suisse, pour traquer largent soustrait aufisc. Et rcuprer des recettes fiscales essen-tielles en ces tempsdedisette budgtaire.

    Sans laction exerce par les Etats-Unis etlOCDE, jamais lesbanquessuissesnauraientlev le secret et engag la rgularisation deleurs clients trangers. Jamais la Suissenaurait accept de pratiquer lchange auto-matique de donnes des fins fiscales avec

    les autres pays de la plante, comme ellevient de le faire, dbutmai, enmme tempsqueSingapour, rompant avec sonhistoire.

    LaFrancebnficiedunmouvementinter-national dont elle est partie prenante. Elledevraitmaintenantouvrirundeuximecha-pitredanslaguerrecontrelvasionfiscale : lalutte contre loptimisation fiscale agressivedes multinationales. Ce combat-l resteembryonnaire et timide. Il reprsente pour-tant lessentiel des pertes fiscales des Etats.

    Voilqui supposeraitde remettreencausenon pas seulement les gants Google etautres Apple,mais toutes ces entreprises quise livrentuneoptimisationabusivede leursimptspar lebiaisde la techniquedesprixdetransfert dans les paradis fiscaux (transfertdes bnfices dans des pays fiscalit nulle).A commencer par le trs prospre secteur duluxeen France.

    Le 1,8milliard deuros rcupr nestquuneinfimepartiedumanquegagnerlila fraude et loptimisationfiscales enFrance dont lemontant serait de 60 80milliardsdeurospar an.Mais cestunbondbut.p

    LIRE CAHIER CO PAGE4

    LES PETITS ARRANGEMENTSDES OPTICIENS MIS AU JOURFRANCELIRE PAGE 11

    Lebisonretrouve lesCarpatesaprsdeuxsiclesdabsencePLANTELIRE PAGE 5

    LES YNICHESSUR LA CROISETTECULTURELIRE P. 13 ET PORTRAITP.21

    Obama risquedeperdrele SnatLeslectionsdemi-mandat,ennovembre,sannon-centprilleusespour lesdmocra-tesamricains,confrontslimpopularitduprsidentObama.INTERNATIONAL P.2

    Thalande:la loimartialeimposeLarmeadcrtla loimartiale, enThalande,mardi20mai, laube, enprcisantquilnesagissaitpasduncoupdEtat.Unecensuredesmdiasat instaure.INTERNATIONAL P.3

    YouTubeoffre 1milliardde dollarspour TwitchLesiteamricain,cren2011, reven-dique45millionsdutilisateursmen-suels. Sonobjet:retransmettredespartiesde jeuxvido.CAHIER CO P.5

    DITORIAL

    ElectionseuropennesLeFrontnationalmetlUMPsouspression

    AUJOURDHUIUnbeausuccsdans la lutte contre la fraude fiscale

    Analyse

    M arineLePenveut fairedes lections euro-pennes unmarchepied pour sa conqu-te du pouvoir en 2017. La prsidente duparti dextrme droite ne cesse de le rpter :dimanche 25mai au soir, le Front national sera lepremier parti de France. Elle espre que le scorecumul de ses listes sera suprieur ceux de sesdeux adversaires, UMP et PS. Mais plusieurs diffi-cultspourraient contrarier ses plans.

    Si lon en croit les diffrents instituts de sonda-ges, le FN pourrait effectivement terminer en tteou juste derrire lUMP. Dans tous les cas, le PSserait largement distanc. Le parti lepniste rem-porteraitunevictoire symboliquecapitale. Pour lapremirefois, laformationdextrmedroitearrive-rait en tte dun scrutin national. Et aborderait lesprochaines chances notamment les lectionsrgionales enpositionde force.

    AbelMestreaLIRE LA SUITE PAGE9

    UKprice1,80

    THOMAS PIKETTY : IL FAUT DONNERUN PARLEMENT LEURO

    tDansunentretienauMonde, lconomistednonce levidedmocratiquede lEuropeLIREPAGE6

    LE REGARD DE PLANTU SCIENCE& MDECINELambre,crindesespcesdisparues

    tLascensionduparti deMarine LePen, donnen ttedes intentionsdevoteduscrutindedimanche 25mai, inquiteles tnorsde lUMP.Cesderniersmettent engarde leurs lecteurscontreunvotedfouloir

    Le 1er avril.ED ALCOCK/MYOP

    aDes coules de la rsinevgtale ont conserv desinvertbrs depuis la nuitdes temps. Ces fossilespermettent dereconstituer lhistoire delvolution des insectes.Reportage au Liban, quiregorge de gisements

    a Petits et maniables,les drones viennent ausecours de larchologie,en restituant en troisdimensions des sitesdifficilement accessibles

    SUPPLMENT

    Algrie 180 DA,Allemagne 2,40 , Andorre 2,20 ,Autriche 2,50 , Belgique 2 ,Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Cte dIvoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 , Finlande 3,80 , Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 ,Grce 2,40 , Guadeloupe-Martinique 2,20 , Guyane 2,50 ,Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 ,Italie 2,40 , Liban 6500 LBP, Luxembourg 2 ,Malte 2,50 ,Maroc 12 DH, Norvge 28 KRN, Pays-Bas 2,40 , Portugal cont. 2,30 , La Runion 2,20 , Sngal 1 800 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,50 , Sude 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA

  • WashingtonCorrespondante

    P ourlesdmocrates,lepronos-tic est sombre.A sixmois deslections de mi-mandat auxEtats-Unis, les experts prdisentque le Snat va basculer dans lecamp rpublicain, ce qui rendraitencore un peu plus invivable lasituationdeBarackObama,dont lacote de popularit anmique psesur lesmidterms.

    Lalerte a t donne fin marsparNate Silver, le jeuneprodige dela prdiction statistique. Lui quiavait anticip le score exact deBarackObama en 2012 a tabli queles rpublicains avaient 60% dechances de semparer de lamajori-t au Snat. Un vent de panique asoufflsur les rangsdmocrates.

    Si la chambre haute tait per-due, cen serait fini des espoirs derformeduprsident,mmesisonpouvoir ne cesse de samenuiserdepuisquelesdmocratesontper-du leur super-majoritde60votesau Snat en fvrier2010, et quennovembredelammeanneleraz-de-mare de lopposition laChambre des reprsentants lacontraint une cohabitationpara-lysanteavec les rpublicains.

    Le 5mai, le Washington Post aconfirm le pronostic. Son labora-toire lectoral (Election Lab, le der-nier n dans lesmodles de prvi-sions qui se disputent dsormaislemarch de lanalyse politique) adonn aux rpublicains 82% dechances de gagner les six sigesqui leur manquent pour sempa-rer du Snat. Et le 19mai, uneenqutedu journalPoliticoauprsdes lecteurs dcids se rendreauxurnesamontruneavancede7pointspourlesrpublicainsdansles 84 lections les plus disputes,dont 16 snatoriales (mais unquartdes sonds reste indcis).

    En octobre2013, selon le PewResearch Center, les dmocratesavaientencoresixpointsdavancedans les prfrences nationales(49% contre 43%).

    Les lections auront lieu le4novembre. Selon les analystes, laChambredevrait resterauxmainsdes rpublicains, qui y possdentplusde30sigesdavance.Untiersdu Snat est renouvelable, soit33siges, auxquels sajoutent troislectionspartielles(autotal,36si-ges sont en jeu). Selon les son-deurs, lopposition pourraitgagner le fauteuil des dmocratesMaryLandrieuenLouisiane,MarkPryor dans lArkansas, JohnWalshdans le Montana, Mark Begich enAlaska, Kay Hagan en Caroline duNord, Tim Johnsondans le Dakotadu Sud, et Jay Rockefeller enVirgi-

    nie-Occidentale. Dans ces Etats, letaux dapprobation de M.Obamaestinfrieurlamoyennenationa-le (44%).

    Lesrpublicainsonttplusavi-ssquen2010. La fivreTeaPartyest retombe. Le Tea Party estplus proche quil ne la jamais tdes contres sauvages de lexil, sedsolait, mi-mai, le mouvementTeaParty.netdansunappelurgent donations. Lestablishment arepris la main et investi massive-ment en faveur des sortants.

    Les dernires primairesnotamment celle du 6mai enCaroline du Nord ont montr

    une dfaite des candidats radi-caux. Dans le Kentucky, MitchMcConnell, cible numro un duTea Party, a collect dix-huit foisplus de fonds que son concurrentpour la primaire du 20mai. Saufexception, on ne reverra pas lescandidats fantaisistes qui avaientridiculis le Parti rpublicain en2010. Le Grand Old Party ne sestpas modernis pour autant. Prsde sept lecteurs sur dix estimentquilestendcalageaveclespr-occupationsdelamajoritdeslec-teurs, selon un sondageWashing-tonPost/ABCpubli le 4mars.

    La partie renouvelable du

    Snat,diteclasse2,nereprsen-te, cette anne, quune fractionpeu reprsentative de la popula-tion. Les 33Etats concerns abri-tent 51,8% de la population dupayscontre75,2%lorsdurenouvel-lementde 2012 (la classe 1).

    Les Etats les plus peupls necomptent pas de snatoriale (Cali-fornie,NewYork, FlorideouOhio).SelonKyleKondik, de la boule decristalde luniversitdeVirginie,le contrleduSnatpourrait repo-ser sur le vote de 2millions dlec-teurs rpublicains, soit 0,6% de lapopulation du pays. Une fractiongnralement trs mobilise, et

    qui lest dautant plus en cetteanne demise en place chaotiquede la rformede lassurance-mala-die.

    Les dmocrates peuvent comp-ter sur les femmes,qui continuent porter un regard moins ngatifsurlactiondeBarackObama(49%dapprobation). Mais llectoratnoir et latino se dplace gnrale-mentpeupour lesmidterms. Len-jeu sera de russir mobiliser labase pour dfendre les conqutesacquisesdehautemainparunpr-sidentquiapparatlui-mmequel-quepeu fatigude lutter.p

    Corine Lesnes

    international

    Des jeunes Amricains attendent le cortge du prsident BarackObama, le 8mai, La Jolla, en Californie. BRENDAN SMIALOWSKI/AFP

    WashingtonCorrespondante

    Acause delle,HillaryClinton estobligedacclrer lamise enorbi-te de sa campagneprsidentielle.Elue au Snat en2013, lancienpouvantail deWall Street, Eliza-bethWarren, est en traindenflam-mer laile gaucheduParti dmo-crate. Avocate acharnedesconsommateursamricains,dfenseuredes petitsmatra-quspar les prdateurs finan-ciers, elle dit sans fard ce que lepeuplede gauche rvait denten-dremais dontBarackObamasestgardde semler : aprs la crisefinancirede 2008, certains ban-quiers auraient d rendre descomptes.Il y a des gens quiauraient davoir lesmenottes aupoignet, estime-t-elle.

    ElizabethWarren est en tour-nedepromotionde sondernierlivre,AFightingChance (Uneoccasionde se battre,MacMillan), qui est sorti deuxmois avant celui de lex-secrtairedEtat, attendu le 10juin.MaiscontrairementMmeClinton, qui,ne voulantpas dclarer trop tt sacandidature, se voit obligedoc-cuper le terrain coupsde dis-cours sur les femmeset de remi-ses de distinctionshonorifiques,

    la snatriceduMassachusettsdes-cenddans larne, la grande satis-factionde la base, qui en a fait unecandidatepotentielle pour la pri-maire dmocratede 2016.

    Et contrairement lanciennesecrtairedEtat, qui est attaquede toutepart nest-cepas elle quia lanc le reset (la relancedes rela-tions) avec laRussie?Qui a retardlinscriptiondeBokoHaramsur lalistedesorganisations terroris-tes?, ElizabethWarrenbnficie

    dunepopularitnondmentiedepuisqueBarackObamaavoululanommer la tte dunenouvel-le agence fdrale, chargede laprotectionduconsommateur.

    Les rpublicains sy sont oppo-ss avec toute lnergiede leursfilibusters (lesmanuvresdobs-tructionau Snat). En 2011, unedeses tirades contre lestablishmentavait pris rangdephnomneviral sur Internet.

    A64 ans, la snatrice cuisineles banquiers, assise dans son fau-teuil de prsidentede la commis-siondes affaires bancaires. Lescinqplus grosses institutions finan-cires, quenous avons repchesparcequelles taient trop grosses,ont encore grossi de 38%,tempte-t-elle.

    Elle vient de dposerunepro-positionde loi visant rduire lestauxdintrt sur les prts tu-diants.Quelque40millionsdejeunesAmricains sont endetts,avecdes tauxdintrt de 8%, 9%,voireplus, et le total de cesprtsest suprieur lendettement surles cartes de crdit.

    Son initiative a t dclarenul-le et non avenuepar les rpubli-cains,mais elle lui a valuundlu-gede louangesdes organisationsdegauche commeDemocracy forAmerica.

    ElizabethWarren a grandi dansune famille pauvrede lOklaho-ma. Sonpre, un vendeurdetapis, a euune crise cardiaquequandelle avait 12ans. Samre amis saplus belle robe, ses chaus-sures talons, et elle est allechercherun job, payau salaireminimum,augrandmagasinSears. Ladolescente a russi poursuivredes tudes suprieu-res dansune faculto linscrip-

    tionne cotait que 50dollars.Un salaireminimumpermettait une famille de trois enfantsdegarder la tte hors de leau, a-t-elleexpliqu la radioNPR.Mainte-nant, il nepermet plus de sortir dela pauvret.

    Sonpre lui avait donnunextincteur.Des annes plus tard,cest endclenchantun incendiedans sa cuisine, aprs avoir oublides toasts dansungrille-pain,quelle a eu la vocationde ladfen-se du consommateur.Devenuespcialistedudroit des faillites,elle a enseign la facult dedroitdHarvard.Aujourdhui, elle nerveque demettre le feu au statuquowashingtonien.

    Seprsentera-t-elle linves-tituredmocrate en 2016?Diman-che 11mai, le prsentateurdeCBSBob Schieffer lui a pos la ques-tion: Vous avez dit dix-neuf foisque vousntiez pas candidate laMaisonBlanche. Elle a rptunevingtime fois : Je ne suispas candidate la prsidence.

    Le journaliste lui a alors deman-d ce quelle attendait pour se pro-noncer en faveur dHillaryClin-ton. Nousnen sommespas l, arponduElizabethWarren avecuneprudence inhabituelle.Nousne sommesquen 2014p

    C.Ls

    Lappareilrpublicainarepris lamainet

    investitmassivementenfaveurdessortants,

    audtrimentduTeaParty

    Etats-Unis:dfaitedmocrateannonceauSnatLapopularitenbernedeBarackObamapsesur leslectionsdemi-mandat,prvuesennovembre

    ElizabethWarrenenflammelagaucheduPartidmocrate

    MmeClintonsevoitobligedoccuperleterraincoupsdediscourssurles

    femmesetderemisesdedistinctions

    P romotiondu livre?Dbutde campagne? Les deux,probablementA troissemainesde la sortie de sesMmoiresde secrtairedEtat,HillaryClintonest partout. Si onajouteBill, sonmari, et leur filleChelsea, les trois Clintononteffectu 14 apparitionspubliquesenune semaine.

    Lancienprsident a dfendusonbilandes annes 1990devantun think tankconomiqueconservateurdeWashington. Lapossible candidate llectionprsidentiellede 2016, qui a enco-re tout le tempsdedcider si ellesedistancieoupas dubilandeBarackObama, a dplorque lerve amricaindevienne horsdeporte.

    MmeClintona galementparti-cipaux adieuxde celle qui fut,en 1976, la premire femme jour-naliste prsenter le journal tl-visdu soir, BarbaraWalters, rat-trapepar la retraite lge de84ans. Etes-vousdans la cour-se?, a demand lanimatrice,esprantundernier scoop. Oui,oui, je cours, sest esclaffeHillaryClinton.Autour duparc.

    Les rpublicainsne sy sont

    pas tromps, qui ont accentuleurs attaques.

    Karl Rove, lanciencerveaudeGeorgeW.Bush, sest interrogsur celui deMmeClinton, victime,endcembre2012, dunpanche-mentde sang la tte aprsunechute. Il a invit lapresse se pen-cher sur les ventuelles squellesdun traumatismequi avait valu,selon lui, trente jours dhospitali-sation la secrtairedEtat ilne sagissait, en fait, quedetroisjours.

    BassemanuvreLes tnors rpublicainsont

    dsavoucette bassemanuvre,tout en estimantque le sujet de lasantde lex-secrtairedEtat,66ans, seposerait obligatoire-ment. Bill Clintonad interve-nir.Si elle aunproblme, je doistre en trsmauvaise forme, a-t-ilironis.Parce quelle reste plusrapidequemoi.Mais lancienprsidenta lui-mme reconnuque lincident avait t srieux.Il lui a fallu sixmois pour senremettre.Unaveuquina faitque relancer les supputationsp

    C.Ls (Washington,correspondante)

    LesrpublicainsattaquentMmeClintonsursasant

    2 0123Mercredi 21mai 2014

  • international

    Photo A. Guirkinger

    AnneBerest

    Sagan 1954Saganesque en diable. Le Nouvel ObsPlein de charme. Les InrockuptiblesUn peu de soleil dans leau froidedes sentiments. Elle

    Un livre merveilleux. Marie ClaireUne longue chappe belle. Le JDD

    BangkokCorrespondant

    L a rumeur dun coup de forcemilitaire courait depuis desjours dans Bangkok, cestdsormais une ralit. Aux pre-mires heures, mardi 20mai, lar-me a instaur la loi martiale enThalande. Tout en prcisant quilne sagissait pas dun coupdEtat, lannonce faite sur la cha-ne de tlvision des forces armesa justifi limpositiondun rgimedexceptiondanslebutde restau-rerlapaixet lordre . Lecommuni-qu a ajout quil ny avait aucuneraison pour la population de paniquer et que tout lemondepouvait continuer mener unevie normale . Le gouvernementpar intrimna pas t dmis.

    A lvidence, lambiance dansBangkok na pas les apparencesduncoupdeforcemilitaire. Lacir-culation est quasi normale,cest--dire embouteille ; la pr-sence des soldats dans les rues estdiscrte. En plein centre, seulsdeux camions de larme taientvisibles dans la matine de mardiau carrefour de Ratchaprasong,lundeshautslieuxdesmanifesta-tions antigouvernementales decesderniersmois.

    Le chef de larme, le gnralPrayuth Chan-ocha, a fait savoirquune censure des mdias a timposedans lintrtde la scu-ritnationale .Dixchanesdetl-vision soutenant les deux campsen prsence les jaunes anti-gouvernementaux et les rou-ges allis dun gouvernementpar intrimqui ne gouverne plusgrand-choseontreulordredar-rter leurs missions.

    Devant les locaux de la troisi-mechane,situesurlagrandeave-nue Rama-IV, un employ raconte

    quune dizaine de militaires sesont installs dans les tagesdepuis le dbut de la matine. Ilajoute: Tout est calme, il ny a euaucune violence.

    Linstaurationde la loimartialenest pas une surprise. La semainedernire, aprs une ultime atta-que la grenadenon revendique,qui avait fait trois morts dans lesrangs des antigouvernementaux,le chef de larme avait prvenuque les militaires taient prts intervenir. Depuis le dbut destroubles,ennovembre2013,28per-sonnes ont t tues et plusieurscentainesont t blesses.

    Nul ne sait pour linstant quelssont cette fois-ci les objectifs delarme, qui a foment dix-huitcoups dEtat, russis ou avorts,depuis 1932, date de la rvolutionquiavait transformlamonarchieabsolue en monarchie constitu-tionnelle.

    Mais larme, manation dunestablishment royal et politiquereprsentant les lites tradition-nelles de la Thalande, penche duct des manifestants anti-gouvernementaux. Une inclina-tion propre aux grandes institu-tions dupays, notamment la Courconstitutionnelle qui avait desti-tu le 7mai la premire ministreYingluck Shinawatra, sur delancien chef du gouvernementThaksin Shinawatra, renvers parle dernier coup dEtat, en septem-bre2006.

    Le frre et la sur sont les btesnoires de cemme establishment.Le rejetde cette famillepolitiqueat relay depuis novembre dansles rues par un mouvementpopulaire hostile au gouverne-ment. Un conseiller de lactuelpremier ministre par intrim,Niwattumrong Boonsongpaisan,a dnonc sur la chane amricai-

    ne CNN ce qui sapparente unsemi-coupdEtat.

    Les jaunes ainsi nommsparcequils se parent de la couleurdu roi Bhumibol Adulyadej(86 ans) avaient demand same-di tous les fonctionnaires de ces-serdobirauxordresdugouverne-ment, lors dune confrence depressetenuelintrieurmmedupalais du premier ministre, quilsoccupaientdepuisplusieurs jours.Ils ont cependant tpris de quit-ter les lieux mardi matin par lesmilitaires.

    Quant aux chemises rouges,unemouvanceregroupantlespar-tisans de Yingluck et de Thaksin qui vit en exil Duba , ils sontdsormais encercls dans la ban-lieuedeBangkok, do ils auraientpu dferler en cas de volont deconfrontationdirecteaveclesmili-tants jaunes.

    Limposition de la loi martiale,quelles que soient les arrire-pen-ses de larme, a vraisemblable-ment pour objectif premier dvi-terunesanglanteexplicationdansles rues de la capitale.

    Le juristeVeerapat Pariyawong,analyste des questions politiquesthalandaises,aragisursoncomp-te Facebook en estimant que lesmilitaires ont le choix entre deuxoptions : soit ils veulent crer lesconditions appropries la tenuedlections et au lancement dunprogrammede rformes sous lgi-dedungouvernement civil ; soit ilsvont se prononcer pour un proces-sus qui aurait les apparences de lalgitimit, et serait en fait destinremplacer lactuel gouvernementen offrant des garanties transitoi-res aux lites traditionnelles.Unemanire de protger le retour delestablishment conservateur quiinclut le Palais royal, la haute hi-rarchie militaire et les manifes-tants antigouvernementaux.

    Samedi 17mai, lambiance dansle palais du gouvernement,occup par les antigouverne-mentaux, avait toutes les alluresdune situation insurrectionnelle.Sur scne, celui qui sest imposdepuis lhiver comme le chef defile de la fronde, Suthep Thaug-suban, ancienvice-premierminis-

    tre, avait appel unmouvementde dsobissance civile. Il avait,une fois de plus, annonc lulti-me bataille , en fixant sonchance au 27mai, date butoirqui, selon lui, aurait d voir lanomination dun premier minis-tre neutre.

    Si je ne suis pas suivi ce jour-lpar unmillion de personnes, je merendrai la police et jarrterai lemouvement, avait-il promis. Lechefdesjaunesesteneffet sousle coup dun mandat darrt pourinsurrection.

    En dpit des pressions quilavait exerces sur le Snat pourque celui-ci destitue le gouverne-ment, dsormais fantomatique,

    Suthep Thaugsuban avait laisspercer une certaine frustration:Il est regrettableque les snateursnaientpufixerlecalendrier [decet-te destitution].

    Un peu plus tard dans lammejourne, lissue dun colloquerunissantdansleslocauxdeluni-versit Thammasat des intellec-tuels prodmocrates, lun dentreeux, le professeur de droit Wora-chetPakeerut,staitdclarvolon-tiers optimiste quant la ralitdune maturation politique dela dmocratie thalandaise. Laseulesolutionrsideenlatenuepro-chaine des nouvelles lections,avait-il indiquauMonde. Larmene peut plus organiser des putschscomme dans le pass. De nom-breux Thalandais, mme lesadversaires du gouvernement,partagent dsormais les valeurs dela dmocratie et du suffrageuniversel.

    Les jours prochains diront si laloi martiale ntait aprs toutquuncoupdEtatqui nedisaitpassonnom.p

    BrunoPhilip

    Cinqofficierschinoiswantedpourpiratage

    EnThalande,larmeimposela loimartialepourrestaurerlapaixLesmilitaires,prochesde lopposition,disentnepasavoirdclenchdecoupdEtat

    P kinavivementragi, lundi19mai, linculpationauxEtats-Unisdecinqofficiersde larmechinoisesouponnsdavoirpntrdans les rseauxinformatiquesdesix socitsam-ricaines, etdavoir faitbnficierleursconcurrents chinoisdesecretscommerciaux.

    LactiondesEtats-Unis () sefondesurdes faitsdlibrmentfabriqus, adnonc leministredesaffairestrangres.Legouver-nementchinois, larmechinoiseet leurpersonnelne se sont jamaislivrsdes vols lectroniques.Leministreaccuselegouverne-mentamricainet ses institu-tionsdtreimpliqus,de lon-guedate, dans lepillagecybernti-queorganisetgrandechelle.

    Uneallusion,entreautres, lin-filtrationparAgencenationaledescuritamricainedes serveursdugantchinoisdes tlcommu-nicationsHuawei,miseau jourenmarspardesdocumentscommu-niqusauNewYorkTimespar lex-consultantEdwardSnowden.Enreprsailles, laChineasuspendulesactivitsdungroupede travailbilatral sur la scurit informati-queavec lesEtats-Unis.

    Les cinqofficiers chinois WangDong, SunKailiang,WenXinyu,HuangZhenyuetGuChu-nhui font lobjet dunmandatdarrtduBureau fdral denqu-tes (FBI), qui a diffus leur photo

    ainsi que les pseudonymes souslesquels ils ontpu agir.

    Trenteetunchefsdinculpa-tionpourviolationdes lois fdra-lesont t retenus sur les quatrederniresannes. Les suspectsencourent jusququinzeansdeprisonpour le seul crimedespion-nageconomique. Il est toutefoispeuprobablequils soient jamaislivrs la justiceamricaine.

    Risques de rtorsionsCestEricHolder, leprocureur

    gnraldesEtats-Unis,qui aannonc lundi leur inculpationparungrand jurydePittsburgh(Pennsylvanie). Figurentparmiles sixorganisations concernesWestinghouse,Alcoa,UnitedSteel, ainsique le syndicatdesmtallurgistesUnitedSteelwor-kers, souvent critiqueenversdespratiquescommercialeschinoi-ses.Cestparcequecesentitsontacceptdtrepubliquementnom-mes, endpitdu risquede rtor-sionspour leursactivitsenChine,que lenquteaputremene terme.

    Celle-ci sest concentresurlunitde larmechinoisespcia-lisedans les technologiesde lin-formation,dont lexistenceavaittdvoileen2013par la firmeamricaineMandiant, spcialisedans la scurit informatique.p

    BricePedroletti(Pkin, correspondant)

    Unconseillerdupremierministreparintrimadnonc

    surCNNcequisapparenteunsemi-coupdEtat

    Desmilitaires dploys Bangkok,mardi 20mai. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP

    30123Mercredi 21mai 2014

  • V ictoire en demi-teinte pourle chiite Nouri Al-Maliki.Selon les rsultats provisoi-res des lections lgislatives ira-kiennesde la fin avril, publis lun-di19maiparlacommissionlecto-rale, le premier ministre sortantpeut esprer dcrocher un troisi-me mandat daffile. Crdit de92siges, lEtat de droit, la coali-tion quil dirige, distance large-ment ses principaux concurrents.Tant du ct chiite o le partiAhrar, du tribunMoqtadaAl-Sadr,nobtientque34mandatsqueduct sunnite, o la formation arri-ve en tte, celle du prsident duParlement, Oussama Al-Nujafi,doit se contenter de 23 siges.

    Avec seulement trois siges deplus quen 2010 poque o lestractations sur la formation dugouvernement avaient durneufmois , Nouri Al-Maliki vadevoir cependant jouer serr. Sonscore est loin des prdictions desonentourage,quitablaitsurenvi-ron 110 siges. Contrairement cequil a martel durant la campa-gne, le chef du gouvernement nepourra se maintenir au pouvoirsans former une large coalition.Pour ce faire, il devra rassemblertoutes les formationschiites,maisaussi sattirer aussi le soutien departis sunnites, voire kurdes.

    Or la plupart de ses adversairesont jurdefairebarragesarecon-ductionaupostedepremierminis-tre.Cettepositionestpartageaus-si bien par Moqtada Al-Sadr quepar Massoud Barzani, le prsidentde la rgion autonome du Kurdis-tan, lex-premier ministre IyadAllaoui, crdit de 21 siges, etmmeAmmarAl-Hakim,undigni-taire religieux chiite, proche delIran, dont la formation na obte-nuque29sigesalorsquilenesp-rait unequarantaine.

    TousrejettentsurNouriAl-Mali-ki la responsabilit de la flambede violence des derniers mois,quils imputent sa pratique dupouvoir, jugesectaireetautoritai-re.Mmesi lesobservateurstran-gersjugentlhypothsedunefrau-de massive improbable, certainsdus de llection, commeAmmarAl-Hakim, accusent lepre-mierministredavoirmanipullesrsultats. Pour tous cespoliticiens,un troisimemandat deM.Maliki,aupouvoirdepuis2006,prfigureun retour ladictature.

    Ce front anti-Maliki, trs dispa-rate, risque davoir les plus gran-des difficults faire merger enson sein un candidat au poste depremierministre. Ilpeutenrevan-che exiger, pour prix de son rallie-ment, que lEtat de droit dsigneun candidat autre que M.Maliki.Plusieursnomsde compromiscir-culent, comme ceux de Tarek

    Najem, le directeur de cabinet dupremier ministre, ou KhaledAl-Attiyah, le vice-prsident duParlement,un sadriste ralli.

    Toutportedoncpenserque lesngociations post-lections vontune nouvelle fois sterniser. Pourcontrer les manuvres visant lvincer, M.Maliki pourra fairevaloirsontrsbonscorepersonnel.721000 suffrages se sont portssur sonnom Bagdad, le plus grosrsultat auniveaunational.

    La reprise des attentats et desattaquescontrelesforcesdescuri-t, qui ont fait 3500morts depuisle dbutde lanne, napas entamle crdit du premier ministreauprsde llectoratchiite. Celui-cicontinueleconsidrercommeunhomme poigne, seul mme decontrer le soulvement sunnite de2013,qui adbouchsur laprisedelavilledeFallouja,dans laprovincede lAnbar, par desmilices tribales

    et djihadistes. Autre atout dans lapoche deM.Maliki, le soutien quelui ont accord jusque-l Thranet Washington. Engags dans derugueuses ngociations sur le dos-sierdunuclaireiranien,laRpubli-que islamique et les Etats-Unispourraient avoir intrt privil-gierune solutiondecontinuit.

    Mais la situation sur le terrainpourrait troubler les calculs desuns et des autres. Handicaps parlparpillement de leurs listes etles violences dans lAnbar qui ontempch certains dentre eux devoter, lessunnitessortentaffaiblisdu scrutin. La pitre performancede leurs reprsentants pourraitgonfler les rangs des radicaux,notamment lEtat islamique enIraket auLevant,unemilicedjiha-diste. Les prochains mois en Irakrisquent dtre difficiles parce quebeaucoup de gens ont perdu les-poir dun vritable changement,affirme le dput sunnite RaadAl-Dahlaki, cit par lagenceAP.

    Du ct du Kurdistan, desremous sont aussi redouter.Durantlacampagne,M.Barzaninacessdedclarerque leparti kurdequi ferait alliance avec M.Malikiserait un tratre la cause. Selon lequotidien irakien Al-Alam, les par-tiskurdessesontmisdaccordpourbriguer lindpendance si le pre-mier ministre conserve son pos-te.p

    B. Ba.

    B aptise Dignit, loffensi-ve militaire dclenche enLibye contre les islamistesradicauxparlegnralKhalifaHaf-tar a engrang des soutiens, maispeut-tre pas autant que son pro-moteur lesprait. Dans une inter-vention tlvise, lundi 19mai ausoir, le chef des forces spciales deBenghazi, Ouanis Boukhamada,bret vert inclin sur le crne, aannonc que son unit dliteconstitue il y a moins dun an sejoignait la bataille de la digni-t avec ses hommeset ses armes.La mme soire, dautres troupesdpendant de larme ont ralli legnral Hatfar, Al-Beida, Ajda-biya ou encore sur la base deTobrouk.Mais toutesproviennentde lest du pays, dont le gnralHaftar est originaire.

    A la tte dune force militaireautoproclame arme nationalelibyenne, le gnral Haftar,71ans, a lanc son opration ven-dredi Benghazi contre le groupedjihadiste Ansar Al-Charia, accusdtre lorigine dune vague das-sassinats visant depuis deux ansles forces de scurit et des juges.Khalifa Haftar, qui a bnfici delappui arien de quelques unitsde larme, sest galementheurtaux combattants de la brigade du17-Fvrier, cre pendant la guerrede 2011 contre le rgime Kadhafi.Bilan:prsde80mortsetdenom-breuxblesss.

    Depuis, legnralnacessdex-horter les notables et les brigadesarmes qui assurent la scurit enLibye le rejoindre. Sous le sloganDignit, il apparat de nom-breuses reprises sur sa page Face-book en civil, doigt lev et microdans lautre main, lui qui pose leplus souvent en tenue militaire.Mais lesdeuxprincipauxbastionsdu pays issus de la guerre de 2011,Zenten etMisrata, paraissent divi-ss, voire hostiles.

    En dclenchant, dimanche, uneattaque contre le Congrs gnralnational(CGN),laplushauteinstan-ce politiquedu pays accuse dtredomine par les islamistes et lesFrresmusulmansduparti pour laJusticeet la construction, la villede

    Zenten, place forte de la rbellionde2011anti-Kadhafi, aparuse join-dreaumouvementDignit,sou-tenu par les milices Qaaqaa etSaawaeq, proches des libraux.Moktar Farfana, le chef de la policemilitaire de Tripoli, originaire deZenten, a annonc la suspensiondu parlement libyen.Mais Farfanane commande aucune brigade Zenten mme et ses combattants,qui dtiennent toujours Saf-AlIslamKadhafi,lefilsetdauphinpr-sumduGuide libyen,ont regagnleur bastion des monts Nefoussa,dans louestdupays.

    Misrata, autre place forte de lalutte anti-Kadhafi situe sur lacte mditerranenne, na pasencore ragi. Ses responsablesnont cependant jamais cach leurantipathie pour le gnral Haftar. Il tait avec Kadhafi, avant dedevenir proche des Amricains etdu FNSL [Front national pour lesalut de la Libye, premier groupedopposition]. Puis il a fini parrejoindre la rbellion [en 2011] lattede labrigadedesFidles.Ensui-te, il a encore chang de nom et de

    logo, dcrivait au Monde, il y aquelques mois, Salem FatihAl-Mhaichi, un ex-chef militairedeMisrata.

    Khalifa Hatfar nest pas uninconnu en Libye o il suscite dessentiments trsmitigs. A lge de26ans, jeunemilitaire, il avait sou-tenu la prise de pouvoir deMouammar Kadhafi en 1969contre le roi Idriss. Mais la guerre

    tchado-libyenne signa la fin delamiti entre les deux hommes,lorsque Khalifa Haftar fut fait pri-sonnier, en 1987 Ouadi Doum,parlesTchadiens.Fidleseshabi-tudes, Kadhafi se dsintressa dusort de ses hommes.

    Les Amricains, qui les avaientreprs, dcidrent de les retour-ner et les entraner NDjamena.Ladministration Reagan pensaitles utiliser pour dstabiliser, voirerenverserlergimedeKadhafi,res-ponsable, lpoque, dattentatsanti-amricains. Dans un articledat du 17mai 1991, le New YorkTimes voquait ainsi le cas de600soldats libyens entransparles services amricains aux techni-quesdusabotageetde lagurilla.Le renversement de HissneHabr par Idriss Dby au Tchad,fin 1990, contraint cependant lesEtats-Unis revoir leur plan.

    Aprs quelques escales au Zareet au Kenya, 350 de ces soldats

    libyens furent rapatris aux Etats-Unis, dont Haftar. Il passera prsde vingt ans dans une banlieue deViriginie, non loin de Langley, lesigede laCIA.Sonprofilyestbienconnu.

    En 2011, il dcide de rentrer enLibyeet departiciper la rbelliondepuis Benghazi, dont il est origi-naire. Aprs la guerre, les rvolu-tionnaires ne le perdent pas devue. Tout en se rapprochant desfdralistes de Cyrnaque leurchef de file Ibrahim Jadhran lui adailleurs apport son soutien , legnral Haftar prend la tte de laluttecontrelesislamisteset leter-rorisme . Le 14 fvrier, il estlauteur dun premier coup dEtatmanqu, lorsquil appelle larrtdes travaux du parlement et lar-me prendre en main le pays.La situation commandait () deprendre linitiative, justifie-t-ilquatre joursplus tard, le 18fvrier,dansunentretienau journalgyp-tien anglophone The Cairo Post.Lesmilices extrmistes islamistescontrlent toutes les institutions, ycompris larme, ajoutait-il, endcrivant les miliciens de Zentencomme des patriotes qui fini-raientpar se rallier sa cause.

    Putschiste linstar du gnralgyptienAbdel FattahAl-Sissi (quile soutient) pour les uns, sauveurpour les autres, le gnral Haftartrace les contours de plus en plusnets dune lutte arme entre deuxcampsen Libye: les libraux dunct, les islamistes de lautre.Nous le combattrons commenous lavons fait contre Kadhafi,a ragi lundisoir,dansunmessagecrit, le groupeAnsarAl-Charia.p

    IsabelleMandraud(avecBenjaminBarthe

    etCcileHennion)

    international

    Devant laugmentationdestroubles enLibye, deplus enplusdtrangersplient bagage. Lundi19mai, lArabie saoudite aannon-c la fermeture de sonambassa-deTripoli et lvacuation de sonpersonnel. Lemme jour, leptrolier algrienSonatrach arapatri la cinquantainede sessalaris installs en Libyeaprsla fermeture vendredi par lAlg-riede son ambassadeet de sonconsulat, titre prventif eturgent. Leministredes affai-res trangres algrienaprcis

    quecette dcision tait due unemenace relle et imminenteciblant nos diplomates.Plusieurs enlvements et atta-quesont sem la paniquedansles chancelleries. Enlevmi-avril,lambassadeur jordanien FaouazAl-Aitana t relch le 13mai encontrepartie de la librationdunislamiste radical emprisonnAmman.Unemploy delambassadedeTunis et undiplomate tunisien, enlevsrespectivement le 21marset le17avril, sont toujours dtenus.

    Poursesadversaires,untroisimemandat

    deM.Maliki,aupouvoirdepuis2006,prfigureunretourladictature

    Victoirelectoraletroitepourlepremierministreirakien,NouriAl-MalikiLepartiduchefdugouvernement seprparede longues tractationsenvuedunecoalition

    Algede26ans,KhalifaHatfaravaitsoutenulaprisedepouvoirdeKadhafien1969contreleroi Idriss

    Panique dans les chancelleries

    Le gnral Khalifa Haftar, samedi 17mai, Abyar, prs de Benghazi. ESAMOMRAN AL-FETORI/REUTERS

    LegnralKhalifaHaftarprendlatteducombatcontrelesislamisteslibyensLoffensivepour laDignitnapas rallipour linstant lesbastionsdeZentenetMisrata

    P aris voit ses plans de red-ploiementmilitaireauSahelcontraris, aprs les accro-chages meurtriers entre larmemalienneetdescombattantstoua-reg, samedi 17mai, Kidal. Lundisoir, leministredeladfense, Jean-Yves LeDrian, a dcid de reportersine die la visite quil avait prvuedeffectuer dans quelques jours Bamako,puisNDjamena, lacapi-tale du Tchad, pour annoncer lanouvelle tape de lengagementfranais au Sahel.

    Dans Kidal, la ville symbole delextrmenord duMali, la rconci-liation nationale semble impossi-ble, et la situation scuritaire resteproblmatique,malgr leretourdeladministration centrale et la pr-sence de la Minusma, la force de

    lONU dploye dans le pays.Bamako a dcid denvoyer1500militaires en renfort. Le petitdtachement de liaison franaisprsentKidal sera, lui, provisoire-mentrenforcparunesectiondin-fanterie, soit une centaine dhom-mesautotal. Ilaenoutretdciddenvoyerdeshlicoptres.

    Au cours de laccrochage duweek-end, qui sest produit pen-dant la visite dupremierministre,MoussaMara, larmemalienne aannonc avoir perdu 8 soldats etcompt 25 blesss, tandis que28combattants touareg auraientt tus. Un bilan totalementcontredit par les Touareg duMou-vement national de libration delAzawad(MNLA).Celui-cia investides btiments officiels et retenu

    une trentaine de fonctionnaires.Ils ont t librs lundi.

    Trs mdiatis, le dplacementde M.Le Drian devait sceller la finofficielle de lopration Serval,dploye au Mali depuis jan-vier2013, et le lancementde lanou-velle opration, rgionale celle-l,destine contenir les groupes lis Al-Qaida dans la bande saharo-sahlienne.La signaturedunouvelaccord de dfense liant Paris etBamako, plusieurs fois reporte,devait intervenir loccasion.

    Il est impossible dannoncer laclture de Serval sans risquerdaffaiblirleprsidentmalienIbra-him Boubacar Keita et son nou-veau gouvernement, quand lasituation de Kidal dmontre quelintgritterritorialedupaysnest

    pasacquise,reconnat-ondanslen-tourageduministre franais.

    Paris avait rvl en janvier lescontours de sa nouvelle brigadeSahel : une force mobile de3000hommes, rpartis au gr desbesoins de la lutte antiterroristeentrelaMauritanie,leMali, leBurki-na-Faso, le Niger et le Tchad. Ellesera commande depuis NDjame-na o stationnent les avions dechasse franais couvrant la rgion,les drones tant bass depuis ledbut 2014 Niamey. Cette vasterorganisation touche, plus large-ment,lensembledesforcesfranai-sesprsentesenAfrique.

    AuMali, o resteront 1000sol-dats pour un temps indtermin,le QG franais quittera alorsBamakopour se concentrer Gao.

    Larme conserveraunpoint dap-pui Tessalit, proximit de lafrontire algrienne.

    Visite AlgerFormespar les Europensde la

    missionEUTM, lesnouvellesforcesmaliennes ont lenvie den dcou-dre aunord, o elles ont par le pas-s subi dhumiliants revers. AKidal, o sexacerbent les divisionsentre communauts touareg elles-mmes, les provocations incessan-tes des deux camps empchentdappliquer les accords de rconci-liation signs en juin2013. Parmiles lments de tension, certainessourcesmentionnentlaprsence,la tte des soldats dploys pourscuriserlavisitedupremierminis-tre le 17mai, du colonel touareg El

    Hadj ag-Gamou, de la tribu desImghad, rest fidle Bamakoquand les djihadistes ont pris lecontrledunorddupaysen2012.

    En attendant de retourner Bamako,M.Le Drian tait attendumardi Alger. Cette visite, excep-tionnelle pour un ministre de ladfense franais, doit aborder lasituation scuritaire rgionale.Paris na pasmanqude soulignerquAlger avait t au rendez-vouspourlesdbutsdeServal,enfer-mant sa frontire pour contenirles groupes lis Al-Qaida et enapportant un soutien logistiqueaux soldats franais. Mais ces der-niersmois, le jeu dAlger dans sonvoisinage malien est de nouveauapparumoins lisible.p

    NathalieGuibert

    Mali:desaffrontementsKidalobligentParisdiffrerlannoncedelafindeServalJean-YvesLeDrianreporteunevisiteBamakoquidevaitmarquerunenouvelle tapeduredploiementmilitaire franaisauSahel

    4 0123Mercredi 21mai 2014

  • international&plante

    Reportage

    Armenis (Roumanie)Envoy spcial

    S abina est puise et regardedun il prudent son nou-veau pays dadoption. Elle aparcouru 2800 kilomtres dans laremorque dun camion et traverslEurope,deSudejusquenRouma-nie. Les dix derniers kilomtres dupriple,unerouteforestiredfon-ceet trstroitequipermet len-gindepasserjustequelquescenti-mtres de rochers, ont t les plusprouvants.Mais, samedi 17mai, lavoil arrive au terminus duvoya-ge,Armenis,unvillagedesCarpa-tes, dans louest de la Roumanie,aux cts de seize autres bisonseuropens venus dAllemagne, deSude,dItalie etdeBelgique.

    Sabinapointe sonmuseauhorsdu camion et rflchit une bonnedemi-heure avant de slancerdans la fort et fouler le sol de sonnouveaupays.Quandonparledela nature, on entend beaucoup dechoses sur la disparition des esp-ces et des territoires vierges, affir-me Magor Csibi, le directeur delantenne roumaine du Fondsmondial pour la nature (WWF).Mais aujourdhui, on peut dire lecontraire : une espce disparue ltat sauvage depuis plus de deuxcent cinquante ans revient sur sesterres. Nous avons lhabitude deprotger la nature des hommesmais cette fois, nous protgeons lanaturepour les hommes.

    WWF Roumanie sest associeavec la fondation nerlandaiseRewilding Europe afin de mettreen uvre ce projet ambitieux.Cest unmoment historique car ilsagit du plus gros transport debisons quon a jamais fait en Euro-pe, expliqueFrans Schepers,direc-teur de Rewilding Europe. Il y a degrandes tendues sauvages dansles Carpates, lendroit est idalpourlesrelcherdanslanature.Leshabitants dArmenis se rendentcompte que les bisons seront aussiunmoteur pour le dveloppementconomique du village. Les btesnappartiennentpaslEtatmaisla communaut locale qui a mis disposition les terrains.

    Avec ses 260000 hectares deforts vierges, la Roumanie comp-

    te lun des fonds cyngtiques lesplus riches en Europe. Plus de6000 ours et 3000 loups sillon-nent toujours les sentiers des Car-pates,mais le pays avait vu dispa-ratre le bison sauvage.

    Les autorits locales dArmenisontdonclargementouvertlesbrasaux jeunes responsables de Rewil-ding Europe et de WWF. Cest unprojet magnifique, senthousias-me lemairedArmenis,PetruVale.Cesanimauxdelgendevontchan-ger limage de notre rgion et vontattirerdes touristes.

    Ondevraittre fiersde lhrita-ge naturel europen, insiste Joepvan de Vlasakker, conseiller deRewilding Europe, pointant le faitquelebisoneuropenestplusmas-sif que son cousin amricain.

    IonutVela,21ans, rvedetermi-ner rapidement ses tudes de gar-de forestier et damnager samai-son pour accueillir les touristesattendus de nombreux pays dEu-rope.Deuxchambressontdjpr-tes et, cet t, il va en amnagerdeux autres. Sa voiture tout-ter-rain achete doccasionavec laidede ses parents est en rvision.Ionut veut quelle soit en parfaittat demarchepour promener lesfuturs touristes.

    Pour autant, une interrogationdemeure dans cette rgion o lebraconnage est encore une prati-quecourante: lesbisonsneseront-ils pas en danger? Pas question,sinsurge Ionut Vela. Ces bisonssont nous. Jeme suis dj organi-savecmesamispour les surveilleretleurapportermanger.Cestgr-cecesbisonsquelaviedenotrevil-lage va changer. Ceux qui veulentlesmangernont qu aller Cluj.

    Lanimalpeuteneffet seretrou-ver dans les assiettes dans le villa-ge de Recea-Cristur, prs de la villede Cluj situe en Transylvanie,dans le nord-ouest du pays. Cestici que Hans Kilger, un investis-seur allemand, a inject 2,5mil-lionsdeurosafindemettreenpla-ceunefermepourllevagedesani-maux. Les pturages stendentsur 500 hectares o 278bisonssontlevspour laviande. Lentre-

    preneur voit loin et avance le chif-fre de 2000hectares de pturagesen 2017 pour 2000 bisons, qui seretrouveront aumenu des restau-rantsdEuropeoccidentale.

    LaRoumanieest lendroit idalpour lever ces animaux, assureHans Kilger. Ce pays dispose degrandes surfaces inhabites quonne trouve nulle part ailleurs enEurope. Les btes restent dans lanature tout au longde lanne.

    Rewilding Europe a une toutautre logique. Elle a slectionnsix aires naturelles en Europe auPortugal, en Italie, en Croatie, enSlovaquie et deux en Roumanie qui seront repeuples avec desespcesmenaces (vautours, lynxet chevaux sauvages) ou en coursdedisparition.

    En Roumanie, o le bison estconsidrcommeunanimallgen-daire et symbole du pouvoir auMoyen Age, le dernier spcimen

    avait t tu en 1762. Selon le Cen-tre de conservationdu bison euro-pen bas Varsovie, on dnom-breplusde5000bisonsenEurope,dont 3400 vivent en libert ousemi-libert. La Roumanie necompte actuellement que 102 sp-cimens parpills dans quatrerserves naturelles protges.

    Dansdix ans, nous esprons avoirplus de 500 bisons dans les Carpa-tes, affirme Adrian Hagatis, le res-ponsable roumain du projet. Les17bisons quon a transports vontdabord rester dans un enclos de15hectaresmais en octobre, on leurouvrirauneaire de 140hectares. Ilsseront nourris dans un premier

    temps, puis seront compltementrelchsdans lanatureen2015.

    La bte, trs prsente dans lescontes roumains ou sur les bla-sons, est enfin de retour dans sonpays, o les grands espaces sauva-ges devraient lui donner le senti-mentdtre chez elle.p

    MirelBran

    Danslepays,olebisonestconsidrcommeunanimallgendaire, ledernier

    spcimenavaitttuen1762

    TATS-UNIS

    Lex-imamAbouHamzareconnucoupabledeterrorismeNEWYORK. Les talentsoratoiresdAbouHamzanaurontpas suffipourconvaincre les jursde son innocence.Lundi 19mai, au ter-medunprocsdunmois, lex-imamgyptiende lamosque lon-doniennedeFinsburyParka t reconnucoupabledevant le tribu-nal fdraldeManhattandecomplotet prisedotages, pouravoiraid les ravisseursde 16 touristesoccidentauxauYmenen1998.MustafaKamelMustafa, de sonvrainom,a aussit convaincudesoutien terroristeen liaisonavecunprojetde campdentrane-mentaudjihaden1999dans lOregonetdavoir envoydes candi-dats laguerre saintesentranerenAfghanistan.Arrt en2004lademandedesautoritsamricaineset aprsavoirpurgunepei-nedesept ansdeprisonenAngleterrepour incitationaumeurtreet lahaine raciale,AbouHamzaencourt la rclusionperptui-t. Sapeine seraprononce le9septembre.p Stphane Lauer

    Dmocrates et rpublicains rclamentdesmesures en faveur deCubaWASHINGTON.Unequarantainedancienshauts fonctionnairesdes administrationsdmocrates et rpublicainesont demandauprsident BarackObama, lundi 19mai, un assouplissementdelembargocontre Cuba. Parmi les signataires figurent lanciendirecteurdes renseignements JohnNegroponte, lamiral JamesStavridis et leshommesdaffairesAndres Fanjul et GustavoCisneros. (EFE.)

    MOLDAVIE

    UKRAINE

    BULGARIE

    Bucarest

    R O U M A N I E

    100 km

    Car p

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    Armenis

    Alba Iulia

    Dix-sept bisons dEurope ont t rintroduits le 17mai Armenis, en Roumanie. BOGDAN CRISTEL/REUTERS

    LebisonregagnelesCarpatesaprsdeuxsiclesdabsenceWWFet la fondationRewildingEuropeontrelchdix-septspcimensdans louestde laRoumanie.Uneoprationplbiscitepar leshabitants

    50123Mercredi 21mai 2014

  • ED ALCOCK/M.Y.O.P.

    Entretien

    E conomiste, directeur dtu-des lEHESS, Thomas Piket-ty triomphe aux Etats-Unisavec la traduction anglaise de sonlivreLeCapitalauXXIesicle (Seuil,2013), qui analyse la monte desingalits.SignataireduManifes-te pour une union politique deleuro, il dnonce, dans un entre-tien auMonde, le vide dmocrati-que de lEurope et plaide pour lacrationdunparlementdelazoneeuro.Vous aviez espr voir en Fran-oisHollande un Roosevelteuropen. Etes-vous duaujourdhui?

    Madceptionportedabord surlabsence dimpulsion europen-ne,mmesi,sur leplanintrieur,ily a beaucoup redire. La situationtaitcomplique:unnouveautrai-t [fixant la rgle dor obligeant lesEtats ramener le dficit structu-rel, hors effet de la conjoncture,vers 0,5% du produit intrieurbrut] avait t adopt six moisavant les lections, mais la faondontM.Hollande a essay de fairecroire quil allait le rengocier,pour dire ensuite quil avait faitson travail et quil fallait attendrequeapasseJecomprendsletrau-matisme du non au rfren-dum de 2005, mais dautresenjeux sont apparus depuis la cri-se financire.

    Lesquels?En 2005, nous tions encore

    dans lambiance intellectuelle destagflation [inflation et stagnationconomique] qui rgnait aumoment de la cration de leuro,aprsdesannesmarquesparlin-flation et le chmage. On pensaitquunebanquecentraledevaittrela plus indpendante possible caronrestaittraumatisparlhyperin-flationdes annes1970et 1980.

    LEurope a appliqu cette logi-queau-deldetoutelimite.Cest lathse deMilton Friedman: tout cedont on a besoin, cest dune bon-nebanquecentrale.PasdEtat-pro-vidence. Pas dimpt progressif.Cest une illusion! Cela a vol enclat avec la crise. Pendant long-temps, on a cru quun grandmar-ch avec une concurrence libre etparfaite tait suffisant pour fon-der un projet politique; on a ajou-t leuro, en redoutant linflationet en se mfiant des Etats. LidedunemonnaiesansEtatagermcemoment-l. Cest une folie.

    On ne peut pas faire fonction-

    ner une monnaie unique commea. On a besoin dun minimumdunion budgtaire et fiscale etpour cela dunminimumdunionpolitique, dmocratique.Comment la btir?

    Cela exige non pas de faire ledeuildelEurope28,maisdaccep-ter quil y ait, de faon plus oumoinsdurable,deuxarchitecturespolitiques,dmocratiquesenEuro-pe.Vouspensez un noyau durautour de la zone euro?

    Absolument. Si on veut allerplus loin dans lunion politique,

    cestncessaire.Tous lespaysvou-dront-ilsdunetelle intgration? Ilfaut avoir une approche ouverte,laisser le choix, sans laisser despaysbloquer le processus.Comment cela sarticulerait-il?

    A ct du Parlement europen,on devrait avoir une chambre quireprsenterait les Etats, avec desdputs de leur Parlement natio-nal, proportion de la populationdechaquepays. Lesdputsnatio-nauxnepourraientplussedfaus-ser sur des institutions europen-nes lesobligeant, soi-disant, fairedes choses horribles quils nont

    pas choisies.Nest-ce pas dj le rle duConseil europen?

    On vit dans lillusion que leconseildeschefsdEtatet sesdcli-naisons reprsentent les Etats.Cest ce qui condamne lEurope auchoc des gosmes nationaux. Lesummum de la folie, cest cettesquencedeconseilsnocturnesodes ministres vous annoncent aupetitmatin quils ont sauv leuroavant quon ne se rende compte,vingt-quatre heures plus tard,quils ne savent pas ce quils ontdcid ! La diffrence entre ces

    conseilsetdesdbatsparlementai-res, cest la diffrence entre lEuro-pe du congrs de Vienne[1814-1815]et celle duXXIesicle. Ladmocratie, a sorganise. On nepeut pas avoir une monnaie uni-que, cest--dire perdre notre sou-verainet montaire et ne pluspouvoir dvaluer, et dire ceuxquiveulentqueleurodisparaisse:on a renonc tout a, mais on nepeut rien changerCe second parlement ne condui-rait-il pas aussi un abandon desouverainet?

    Cest pour cela quil faut dl-guer uniquement les sujets o lasouverainet nationale est deve-nueunmythe. Jeprends lexempledelimptsurlessocits.Lasouve-

    rainet, ici, a consiste se faireavoir!LesEtatssontdansunecom-ptitionquiprofiteauxmultinatio-nales qui paient des taux insigni-fiants moindres que les PME. Uneabsurditconomique.Mmecho-sepour lesparadis fiscaux.

    Ilne sagitpasde toutmettreencommun. Le taux de TVA sur lescoiffeurs naurait rien y faire.Va-t-on traverser la frontire pourse faire couper les cheveux? On aparfois limpression que lEuropese venge de son incapacit tredcisionnairesurdessujetsimpor-tants en tant btement intrusivesurdautres, plus secondaires.Le vide dmocratique, cestle principal dfaut de lEurope?

    Oui. Refuser de parler des insti-tutionsparcequecesttroptechni-que,cest laisserlibrecourtauxfor-ces du march, au capitalismedbrid.LEurope peine se sortir dela crise, cest la faute de leuro?

    Quand on regarde le Royaume-Uni, les Etats-Unis et lEurope, leverdict est terrible. On nest pasplusendettmais il yaunedfian-ce.Tantquilyauradix-huitdettespubliques que les gouvernementsrefuserontdemettre en commun,il y aurades tentatives de spculersur teloutelpays.Avec leuro,onaremplac la spculation sur lestaux de change par la spculationsur les taux dintrt. Cest pire.Comment voulez-vous avoir undbat serein sur les rformes si unEtat ne sait pas si son budget serachamboul parce quil devra rem-bourser plus cher sa dette? Cettearchitecture est bancale.Quepeut-on faire?

    Sionavaituneseuledettepubli-que, il serait plus simple pour laBanque centrale europenne [BCE]

    de stabiliser les taux dintrt.Ctait une ide que des conomis-tes conseillaient Angela Merkelfin2011.Celanevientdoncpasduncnacle dextrme gauche Lideest de mettre en commun les det-tes dpassant 60%du PIB dans unfonds capable demprunter auxmarchs. Les pays remboursentauproratadecequilsontmis.Lobjec-tif est de rduire ce fonds zro.

    En plus, on propose un voletpolitique: notre Parlement fixe lerythme de dsendettement. Cestcohrent: on finance ladette et ondtermine le dficit ensemble. Sides pays veulent aller au-del, ilspeuvent mettre de la dette sansgarantie europenne, comme laCalifornieouNewYork.Quel avantage aurait la France,qui paie dj des faibles tauxdintrt sur sa dette?

    Cest de lgosme courte vue.La rcession en zone euro nouscote tous.LesEtats sont-ils prts de telles rformes?

    Ledanger,cestque lAllemagnefasse des propositions. La rformedutraitde2012imposeparBer-lindoitnousservirde leon.Cestune mauvaise rforme. Vouloirattribuerdessanctions,desbonus,cest le summum du fdralismetechnocratique. Je me mfie plusdu souverainisme franais que delgosme allemand, mais la Fran-ce doit assumer des propositionspourdmocratiser lEurope.Si on ne fait rien?

    Lexemplequimehante, cest lalongue pnitence du Royaume-Uni. Aprs les guerres napolo-niennes, la dette dpasse 200%,les Britanniques choisissent desendbarrasserpardesexcdentsbudgtaires et de laustrit. amarche.Mais il fautun sicleQuelle a t la grande erreurde ces cinq dernires annes?

    Il y a eu une longue squencederreurs.Lapremireestpeut-trecelle de la BCE, qui a dcid de neplus prendre en pension les titresde ladettegrecquesi les agencesdenotation, qui taient discrdites,les dgradaient. Elle a refus deracheter des dettes grecques. On aaussi bricol des institutions pos-tdmocratiques, comme la tro-ka. Incomprhensible, inefficace.Quepensez-vous de lacampagne europenne?

    Jesuisattristpar lamorositetla rsignation en France. A droitecommegauche,onrefusedepar-ler des institutions alors quon abesoin de la dmocratie pourreprendrelecontrledesforcesdumarch.Onsecouvrelattedecen-dresenpensant cettedettequonva laisser nos enfants mais onlaisse aussi une quantit de patri-moine immobilier, financier, in-dit depuis la Belle Epoque. Cestpluttunebonnenouvelle!p

    Proposrecueillis parClaireGatinois etAlain Salles

    Refuserdeparlerdesinstitutionsparce

    quecesttroptechnique,cest laisser

    librecourtaucapitalismedbrid

    ThomasPiketty:LadmocratiecontrelesmarchsLconomisteprconisededoter lazoneeurodunParlementcomposdedputsdesEtatsmembres

    Lespropositionsalternativesaumodletoutaustritdelatrokasemultiplient

    OnvitdanslillusionqueleConseil

    reprsentelesEtats.CestcequicondamnelEuropeauchocdesgosmesnationaux

    LESPORTUGAIS en gardentungot amer. Aprs trois ansdetutelle de la troka Commis-sioneuropenne, Fondsmontai-re international (FMI) et Banquecentrale europenne (BCE) , Lis-bonne a retrouv, le 17mai, sonindpendance financire.Mais quel prix? Le tauxde chmageculmine 15,1%, la pauvret aexplos et la dette publiquebatdes records. Le constat est toutaussi contrastdans les autrespayspasss sous assistancede latroka: Grce, Chypre, Irlande.

    Des erreurs irrparables ontt commises, estimeChristo-pheBlot, de lObservatoire fran-ais des conjonctures conomi-ques. Comme lui, les conomistessontnombreux remettre enquestion le modle troka. Cer-tains se sont regroups au seindes rseauxeuropens tels que

    EuroMemoouEuro-Pen, afindali-menter la rflexion. Leur objectif :montrer, avant les lections euro-pennes, quuneautre voie estpossible. Le point sur les idesalternatives.

    Etaler les ajustementsbudgtairesTropdaustrit,par-tout et trop vite : cest la principa-le erreur qua commise la trokapendant la crise. Le FMI a admis,dbut 2013, avoir sous-estim lim-pact rcessif desmesures derigueur. Rsultat: la faible reprisede la zone euro sessouffledj.Pour viter que lunionmontairesombredans la dflation, nombredconomistes estimentquil fautaccorder auxEtats aumoins trois cinqans depluspour ramenerleursdettes et dficitspublicsdans les clousdeMaastricht (60%et 3%duPIB).

    Comme lesmarchsne croientplus lexplosionde la zone euro,onne court aucun risque assou-plir ce calendrier, souligneBrunoColmant, conomiste lUniversi-t catholiquede Louvain.

    Ramener les dettes publiques un niveau soutenable 175% duPIBenGrce, 130%auPortugal,125%en Irlande: les Etatspriph-riquesde la zoneeuroaffichentdesniveauxdendettementpeusoutenables.Lacroissanceesttrop faiblepour leurpermettredestabiliser leurs financespubliques,sinquiteEricDor, conomistelIeseg.Certains risquent toujoursledfautdepaiement.

    Pluttquedegommer lesdet-tes oprationcomplexeassu-mer,CharlesWyplosz, conomis-te lInstitutdeshautestudesdeGenve, et lebanquier franais

    PierrePris suggrentdecreruneagenceeuropenne,dans lidallie laBCE, qui rachterait lamoi-tidesdettespubliquesdesEtatsmembres,puis la rembourseraitentalant les chances. Lagencese financerait elle-mmesur lesmarchs.Maisaussi sur lesprofitsengrangspar laBCE, aujourdhuiredistribusauxTrsorsdespaysmembres.La solution lamoinscoteuseet laplusefficacepourtout lemonde, selonM.Wyplosz.

    Revoir la rgledorVoteenocto-bre2012, elle exigede ramener, terme, ledficit public structurel(ledficit corrigdeseffetsde laconjoncture)0,5%duPIB.Troprigide, elle interdit de fait auxpaysdinvestirdans linnovationou lesinfrastructures, ce quihypothqueleur croissance future, semporteHenri Sterdyniak,du collectif des

    Economistesatterrs. Il faudraitdoncexclure les investissementsdavenirdu calcul dudficit struc-turel. Une autreoption serait din-clure dans la rgle dor dautrescibles, commeun seuil de rduc-tiondes ingalits sociales.

    Muscler les investissementseuropens Selon les experts, lUEest lamieuxplacepour identifierlesprojets susceptiblesdeprofiter tous les Etats : transitionnerg-tique,programmesde R&Dcom-muns,dveloppementdes infras-tructures tlcoms.De plus, elledisposedemoyens complmen-taires ceuxdes gouvernements.Elle devrait doncmieuxutiliserles fonds structurels europens(325milliards deurosde 2014 2020).Oubienpasser par la Ban-que europennedinvestisse-ment, parfois juge trop timore.

    Crer un fondsmontaireeuropen la place de la trokaPeudmocratique, borne, dog-matiqueLes reproches la tro-kanemanquentpas. Pour la rem-placer, unMcanismeeuropende stabilit dot dune capacit deprt de 700milliardsdeuros a tmis enplace.

    Pour complter celui-ci, desdputs europens socialistes etconservateurs, auteurs dun rap-port critique sur la trokapublienmars, suggrent la crationdun fondsmontaire europencomposprincipalementdex-pertsde la Commissioneuropen-ne.Mais contrairement ce qui sepasse avec la troka, les rformesproposes auxEtats sous tutelledevraient tre approuvespar lesdputsdupays concern et parle Parlement europen.p

    MarieCharrel

    6 0123Mercredi 21mai 2014

  • europennes 2014

    Christoph Blocher, lors dunemanifestation, Bienne (Suisse), en dcembre2012. RUBEN SPRICH/REUTERS

    Mercredi 21mai 20h30

    Jean-Franois COPInvit de

    Emission politique prsentepar Frdric HAZIZA

    Avec :Franoise FRESSOZ, Frdric DUMOULIN et Marie-Eve MALOUINES

    sur le canal 13 de la TNT, le cble, le satellite, lADSL, la tlphonie mobile, sur iPhoneet iPad. En vido la demande sur www.lcpan.fr et sur Free TV Replay.

    www.lcpan.fr

    Et

    Je vous encourage tousvivement aller voterdimancheprochainpouruneEuropedmocratique, rsi-liente, fortepolitiquement,conomiquementetmilitairementTomEnders, directeur gnral du groupe europenAirbus,dans une lettre adresse lundi ses 130000 employs.p

    BerlinCorrespondant

    S i lon en croit les tee-shirts soneffigiequeportentsespar-tisans, cest en vritable rockstar que Martin Schulz effectue sacampagne en Allemagne. Pasmoins de seize dates figurent audos desdits tee-shirts. Sans comp-ter bien sr les dizaines de mee-tingsque tientdepuisdesmois, unpeupartoutenEurope,leprsidentsortantduParlementeuropen.

    Candidat des sociaux-dmocra-tes (SPD) laprsidencede laCom-missioneuropenne,cetAllemandde58ansarussi sonpremierpari:incarner le Parlement europen etla gauche europenne pour, esp-re-t-il, tre incontournable au len-demaindeslectionsdu25mailors-que les chefsdEtatet degouverne-ment de lUE devront dsigner lesuccesseurdeJosManuelBarroso.

    Mais va-t-il gagner son deuxi-me pari : russir mobiliser sestroupes? Rien nest moins vi-dent. Lundi 19mai, ils taientmoins de 2000 stre dplacspour participer au meeting berli-nois quil tenait en compagnie dedeux autres vedettes de la social-dmocratie allemande: le mairede Berlin, Klaus Wowereit, et sur-tout leministre des affaires tran-gres, Frank-Walter Steinmeier.

    Deux mille, dont un certainnombrecritiquait bruyamment lesoutien de Berlin au gouverne-ment intrimaire en Ukraine (Ledialogue plutt que les chars Kiev) ou dnonait laccord delibre-change commercial quelUnion europenne ngocie avecles Etats-Unis. Donnez-moi plu-ttvotrevoixdimanche,a ironiscelui qui se veut le candidatdune autre Europe. Une Europeplus juste. Une Europe qui necomptera plus en milliards maissintressera ceux qui gagnent1000ou2000euros,uneEuropequi luttera contre lvasion fisca-

    le , une Europe qui ne signeraaucun trait commercial avec lesEtats-Unis qui ne garantisse pasles standards sociaux europens.

    Amoinsdunesemaineduvote,Martin Schulz ne sembarrasseplus de dtails. Il faut voter SPDpour quil devienne prsident dela Commission et puisse organi-ser diffremment lEurope pourredonner un avenir aux 27mil-lions de chmeurs.

    Critiques de laCSUAlors que nombre dlecteurs

    ont bien dumal discerner ce quile distingue vraiment de sonprin-cipal adversaire, Jean-Claude Junc-ker, candidat du Parti populaireeuropen (PPE, conservateurs),Martin Schulz mise surtout sur ladiffrence de style et de parcours.Je nai jamais t chef de gouver-nement et nai donc pas depuisvingt ans ngoci entre deux por-tes Bruxelles, explique-t-il.

    Demme, lescritiquesdelaCSUbavaroisesonencontresonttom-bes pic pour mobiliser les lec-teurs.Sonapparenceetsaperson-ne viennent dAllemagne mais lavoix et le contenu viennent despaysendetts,arcemmentexpli-qu Andreas Scheuer, secrtairegnralde laCSU, crantunmalai-seauseindelaCDUetdestensionsavec le Parti social-dmocrate, sonalli au seindugouvernement.

    Huitmois aprs la svre dfai-tedesonpartiauxlectionslgisla-tives face la CDU dAngela Mer-kel, Martin Schulz a deux objec-tifs : tre en tte au niveau euro-pen et, en Allemagne, faire nette-ment mieux que les 25% obtenuspar le SPD en septembre. Au-delde 30%, il aurait accompli samis-sion,aumoinsdanssonpaysdori-gine. Mais les sondages ne le don-nent qu 27%, encore trs loin dela CDU, qui espre bien nouveaubnficierde lapopularitdAnge-laMerkel.p

    Frdric Lematre

    GenveCorrespondance

    J amais les Suissesnont t aus-si satisfaits de vivre hors delUnion europenne. Alors queles Etats membres lisent fin

    mai leurs eurodputs, ils suiventdunil les tentativesde leur gou-vernementde recoller lespots cas-ss avec Bruxelles aprs le votepopulaire du 9fvrier qui a atta-qu frontalement la libre circula-tion avec lEurope.

    Coinc entre la voie solitairedcidepar le peuple et les ralitspolitico-conomiques,leprsidentde la Confdration suisse, DidierBurkhalter,vientdeproposer timi-dement que les citoyens clarifientdici deux ans leurs relations aveclEurope.Ilnapasparldadhsion lemotest dsormais tabou.

    Maisctaitdjtrop.Le9mai, lenationaliste Christoph Blocher,figure emblmatique de la lutteantieuropenne, a claqu la portedu Parlement fdral en annon-antquilallaitrunirtoutessesfor-cesetunepartiedesa fortunepourcombattre ce quil considre com-meuneadhsiondguise.LesSuis-ses sont heureux hors de lUnioneuropenne,ny changez rien.

    Tous les indices montrent quele pays se porte bien. Au cur delEuropequipeinesortirde la cri-se, il affiche un taux de chmageparmi les plus bas dumonde, unecroissancede2%en2013 (avecuneprvision de 2,2% pour 2014) et lemonde entier lui envie son syst-me de formation en apprentissa-ge. La Suisse est un modle depetitpaysinnovant,quidonnelim-pression dtre indpendant destrois grandes puissances qui len-tourent mais dont les entreprisessont formidablement tournesverslinternational,plaideleFran-co-Suisse Dominique Turpin, pr-sident de lIMD, une cole de com-merce internationale tablie surles bords du lac Lman.

    AuclassementduForumcono-mique mondial des pays les pluscomptitifs, la Suisse est au pre-mier rang pour la cinquimeanne conscutive (la France est23e). Et, selon le classement 2013desNationsunies,elleseraitletroi-sime pays le plus heureux dumonde (la France 25e).

    Alors, heureux, les Suisses ?Lemploi est lindice que les genscomprennent lemieux, constate le

    politologue Ren Knsel. La santconomique de la Suisse confortela population dans lide que lavoie choisie, hors de lUnion euro-penne,taitprfrable, surtoutencomparaison avec la situationactuelledespayseuropens.Ilspen-sentdtenirunepartie dubonheurgrce au pouvoir de dcision quilsont gard.

    Ce sentiment est renforc,selon lepolitologue, par le fait quelEurope est un modle danslequel les Suisses ne se reconnais-sent pas. Le systme fdralistesuisse part du bas, cest--dire dupeuple. Cest par sa volont que lepays existe. Celui de lEurope a tdcid par le haut : il ne sagit pasdune Europe des rgions, commele rvait le penseur suisse Denis deRougemont, mais dune Europedes nations, elles-mmes trs cen-tralises.

    Enralit, la Suissenapas choi-si un destin aussi solitaire quelleveut le fairecroire.Lamoitidesesexportationsse fontvers lEurope.Si elle a connu, en2009,une rces-sionplusfaiblequelamajeurepar-tiedesEtatsmembres, cestquelleajousurdautrestableaux,enpar-ticulier les marchs asiatiques,avec ses produits haut de gamme.Elle doit sa sortie rapide de la crise ses finances publiques saines, larestructuration rapide de son co-

    nomie et son indpendance sur leplanmontaire.

    Ds 2002, elle a conclu aveclUE, secteurpar secteur, et lpo-queolEuropetaitmoinsendan-ger quactuellement, des accordsqui lui ont permis de faire partiedumarch unique tout en prser-vant sa souverainet: il ny a plusdedroitsdedouaneentre la Suisseet ses voisins et elle a adopt les

    mmes rglementations pour lecommerce et la productivit. Enpratique, les Suisses ont repris tou-te la lgislation europenne,constate Charles Wyplosz, profes-seur dconomie lInstitut deshautes tudes internationales etdudveloppementGenve.

    Ni dedans, ni vraiment endehors de lUE : cest cette situa-tion que le gouvernement suissesouhaiterait clarifier. Le votecontre limmigration de massede fvrier a montr que lentre-deuxtaitdifficiletenir.Ensatta-

    quantla librecirculation,lesSuis-ses ont pris le risque de remettreen question tous les acquis aveclUnioneuropenne.

    La premire sanction prisecontre la Suisse a t la dnoncia-tion des changes Erasmus entreuniversits et les programmes derecherches auxquels le petit paysavait obtenu le droit de participermalgr sa situationdoutsider. Cesmesures de rtorsion prises parlUE ds le lendemain du vote ontrappel aux Suisses que lEuropetaitplusrichequesaralitcono-mique: Nous avons alors dcou-vert quil y avait unepart de lEuro-pe laquelle nous tions attachs,cest--dire lEuropeacadmiqueetculturelle, relveRenKnsel.

    Pourtant,onest loinde llectro-choc. Non seulement lEurope nefaitpasenvieauxSuisses,maiselleapparatcommeunemenaceleurquilibre et leur sant conomi-que clatante. Alors que ChristophBlocher etune frangede lapopula-tion, sappuyant sur les difficultsde lEurope, entretiennent lidedun destin helvtique totalementisol, les partisans de ladhsion sesont impos le silence. Selon unsondage rcent, les trois quarts dela population sont convaincusquele salut de la Suisse se trouve tou-joursdans lavoiebilatrale.p

    ChristineSalvad

    Mmeceuxquidtestent leuroneprnentplussamortLeFNsenremetunrfrendum, leFrontdegauche senprend laustrit, lAfDoublie lemark

    LAllemandMartinSchulzcherchesimposeraussidanssonpaysLecandidatdessociaux-dmocrateseuropensmultiplie lesmeetings

    NonseulementlEuropenefaitpasenvieauxSuisses,maiselleapparat

    commeunemenaceleurquilibre

    I ls ont en commun de harleuro,cetteaberrationcono-mique mal ne, accuse decorseter les Etats, dimposer laus-tritausud,deforcer ladpenseau nord et dexiger, de tous, dessacrifices. Au fil de leursmeetingspour les europennes, les partisradicaux, dextrme droite etpopulistes font pleuvoir les criti-ques sur cet eurocoupable.

    Pourtant, ni le Front national(FN) leplusvirulent sur le sujet,ni le Front de gauche, ni la plupartdes partis tendance euroscepti-que en Europe nosent prner ladisparition simple et immdiatede la monnaie unique. Le parti deMarine le Pen, qui hier proposaitune sortie directe de leuro, sentientdsormais un rfrendum.

    Mme virage sur laile Berlin.LAlternative pour lAllemagne(AfD), parti eurosceptique, metdsormais au second plan la cra-tion dun euro du Nord ou mmele retour au mark quil revendi-quaithautet fort il yaencorequel-ques mois. Il place maintenant laquestion de la souverainet aucur de son discours, appelantchaqueEtat dcider de son sort.

    Paradoxe? Logique de survie,rpond le politologue DominiqueReyni. En dpit du discoursambiant sur la monte de leuro-phobie, cela souligne lextrmedpendance de ces partis latta-chement des Franais et des Euro-pens leuro!,dit-il.

    En atteste le rsultat du sonda-ge Ipsos-Steria pour leMonde ren-du public lundi 19mai : 73% despersonnes interroges souhaitentque la France reste dans la zoneeuro. Une majorit crasante quioblige les partis modrer leurspropos envers une monnaie uni-que quon adore dtester maisquonapeurde quitter.

    Rhtorique ambiguLe FN plaidait initialement

    pour lafinde leuro,raconteM.Rey-ni,mais Jean-Marie Le Pen a expli-qu sa fille que ctait une ideanxiogne. Du point de vue dunlecteur, leuro, cestmonpatrimoi-ne, mon pargne, ma retraite. Do lide du rfrendum: Cestmalin.Quitter leuro ferait prendreun sacr risque.L, Marine Le Pendit : si vous ne voulez pas, on ne leferapas.

    Cetterhtoriqueambigulen-contre de la monnaie unique estencore plus prgnante la gauchede la gauche. Pour le Parti de gau-che de Jean-Luc Mlenchon,lunion montaire est linstru-ment dune rgression conomi-que et sociale. Mais pas question,dans un premier temps en toutcas,derenoncerleuro.AlexisTsi-pras, chefde file duParti de la gau-che europenne, ne dvie pas decette ligne.

    La gauche radicale a du malavec laquestion.Elleproposederes-ter dans leuro, mais de le subvertirpour changer les conditions de sonfonctionnement, observe AurlienBernier, auteur de La Gauche radi-cale et ses tabous (Seuil, 172p.,17euros). Ils font comme sils pou-vaientdsobir lEurope, sansqueledroitnationalneviennecontredi-re le droit communautaire. Cestinapplicable!,explique-t-il,regret-tant que les partis naillent pas auboutde leur logique.

    Lencore,cestlapeurquidomi-ne. La peur de brusquer un lecto-rat hostile au risque, la peur dtreamalgam au FN qui a initi ledbatet lapeur, enFrance,de rom-

    pre toute alliancepossibleavec lessocialistes.

    A couter la plupart des cono-mistes, cette tideur est bienve-nue. Personne ne peut nier le ris-que politique, juridique, financier,quecelareprsente.Quandonarr-tedepdaler,ontombe,commen-te Steve Ohana, professeur definance lESCP-Europe, pourtantcritiqueenvers lamonnaieuniqueet laustrit associe.

    Mais si personnene veut relle-mentsamort, leuronen restepasmoins attaqu, dnonc commelun des responsables de la crise.Pour le dfendre? Personne. PourDominique Reyni, les politiqueset les institutions nationales, bienplus discrdits par lopinion quelEurope, laissent dire pour fairediversion. Leuroscepticisme estune construction,dduit-il.

    Voil le danger : le discourseffleurant une sortie de leuro,mmeimaginaire,peut raviver lescraintes en Europe et hors dEuro-pe. Et ainsi rchauffer le moteurde la crise de leuro en donnant ducarburant aux populistes, aler-te-t-il.p

    ClaireGatinois

    HeureuxcommeunSuissehorsdelUEetquientendleresterChmagebas,prosprit insolente: la confdrationcontinuedeprfrer lavoie solitaire

    70123Mercredi 21mai 2014

  • PRSENTEAVEC LE SOUTIENDU

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    EN ASSOCIATIONAVEC

    ET LE SOUTIENDE

    CINMA2 bd des Capucines PARIS 9e

    VIVEZLE FESTIVAL

    DE CANNES PARIS 23-25

    MAI 2014

    VENDREDI 23 MAI19H JIMMYS HALL

    DE KEN LOACHEN COMPTITION / 1H46

    21H15 MR TURNERDE MIKE LEIGHEN COMPTITION / 2h29

    SAMEDI 24 MAI13H15 BIRD PEOPLE

    DE PASCALE FERRANUN CERTAIN REGARD / 2h08

    15H45 DEUX FENETRESDE NAOMI KAWASE

    EN COMPTITION / 1h58

    18H LEVIATHANDE ANDREY ZVYAGINTSEVEN COMPTITION / 2h20

    20H45 LHOMME QUON AIMAIT TROPDE ANDR TCHIN

    HORS COMPTITION / 1h56

    23H THE ROVERDE DAVID MICHOD

    EN COMPTITION / 1h40

    DIMANCHE 25 MAI11H CARICATURISTES FANTASSINSDE LA DMOCRATIEDE STPHANIE VALLOATTOSANCE SPCIALE / 1h46

    13H15 SOMMEIL DHIVERDE NURI BILGE CEYLANEN COMPTITION / 3h16

    16H50 RELATOS SALVAJESDE DAMIAN SZIFRONEN COMPTITION / 2h02

    19H15 SAINT LAURENTDE BERTRAND BONELLOEN COMPTITION / 2h30

    22H05 LES MERVEILLESDE ALICE ROHRWACHEREN COMPTITION / 1h50

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  • 90123Mercredi 21mai 2014 france

    Runion dinformation dAdrienMexis (FN) sur les europennes Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhne), lundi 19mai. PATRICK GHERDOUSSI/DIVERGENCE POUR LE MONDE

    aaaSuitede la premirepage

    Marine Le Pen se placerait commelaprincipaleoutsiderdans la pers-pective de 2017. Le spectre du21avril est toujoursprsent et ren-forcerait la ttanie des autres par-tis. Le FNdeviendrait ainsi le pivotde la tripartition de la vie politi-que,analyseaussi bienparMmeLePen que par le premier secrtairedu PS, Jean-Christophe Camba-dlis. Un tel rsultat provoqueraitcoupsrunesecoussedampleurdans les deux principauxpartis etpourrait favoriser une recomposi-tion politique autour dun Frontnational enpleinedynamique.

    Nous pouvons multiplier parquatre notre score de 2009 [6,3%des voix ; 3 siges]. Il y aura uneredfinition totale de la vie politi-que franaise. Cette lection seratrs probablement un tournant,prdit ainsiMarine LePen.

    Sylvain Crpon, chercheur luniversit de Nanterre et mem-bre de lObservatoire des radicali-tspolitiques-FondationJean-Jau-rs, tempre lenthousiasme desdirigeants frontistes. Le FN napas beaucoup attendre des lec-tions europennes, estime-t-il.Cela ne lui donnera pas de leviersde pouvoir importants. La victoireserait avant tout symbolique. Elleconfirmerait sa formule marke-tingde premierparti de France,ajoute le sociologue, spcialistedelextrmedroite.

    Marine Le Pen ne mnage entout cas pas ses efforts pourconvaincre les Franais de venirvoterenfaveurdeseslistes,enpr-sentant levoteFNcommeunesor-te de vote cocktail Molotov,seul mme de changer radicale-ment les choses.

    Unevictoiredelextrmedroiteobligerait, selon elle, le prsidentde la Rpublique dissoudre lAs-semblenationale.Cescoreforce-ralegouvernementragir.Laseu-le solution sera la dissolution,a-t-elle martel le 1ermai. Plusrcemment, elle affirmait que leseul vote qui fait peur FranoisHollandeest le voteFrontnational.Cest le seul vote qui drange. Hol-lande semoquede celui de lUMP.

    Lventualit darriver derrirele FNouvriraitune crise lUMPetdstabiliseraitsonprsident, Jean-Franois Cop. Un sujet si sensiblequil est difficilement abord aveclapresse.Les responsablesdedroi-te se prparent nanmoins cette

    ventualit. Avec un argumentmathmatiquequitientdifficile-ment politiquement pour mas-quer leur ventuelle dfaite.

    Il sera intressant dajouter lescore de lUMP celui de lUDI,mmesinousnesommespasallissur cette lection , avanceM.Cop. Mais rien ne dit que cesarguments porteront, alors quediverses tudes prdisent autourde40%departicipation.

    Abstention dfavorableCar lennemiprincipaldu Front

    national reste bel et bien labsten-tion.Contrairementuneaffirma-tion devenue lieu commun, labs-tention ne profite pas au FN. Lescrutin europen o les Franaisvotent peu na jamais t le plusfavorable au FN. Sonmeilleur sco-

    re avoisine les 11%des suffrages.Lune des raisons de ce phno-

    mne est que llectorat frontiste,eurosceptique, voire europhobe,se dsintresse de ces lections.Pourquoi voter pour une institu-tionqueloncombat?Cettecontra-diction, le FN doit la dpasser silveut arriver premier. A quelquesjours du vote, certains indicateursne sont pas au vert. Les runionspubliques ne font pas salle com-ble,mmeenprsencedelancien-ne candidate lElyse.

    Lexemple le plus rcent : lemeetingparisienduFN,dimanche18mai. Le Front national na pasfait le plein, alors quil remplithabituellement la salle o setenaitcetvnement.Unfaitassezrarepour tre relev.p

    AbelMestre

    AFos-sur-Mer,enpleincurdelazoneindustrielle, leFNpeinemobiliser

    LeFNprofitedeseuropennespourprparer2017Dimanchesoir, lepartideMarineLePenespredevenir lapremireformationdeladroitefranaise

    AHnin, lacolredespetitesgens

    Reportage

    MarseilleCorrespondance

    Sur lemur crpi de laMaisonde lamerde Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhne), le drapeaubleu-blanc-rou-ge adhremal. Enprparant sarunionpubliquespciale euro-pennes, AdrienMexis la dispo-s entre deuxaffichesdeMarineLePen, histoire dhabiller cettegrande salle sans meprte parlamairie PS qui donne surunelongueplage de sable. Enpleinexpos, agac, le jeune cadre duFrontnational finit par dcrocherla bannire rcalcitrante et laposer sur une table.

    Lundi 19mai, veille duderniermeetingMarseille de Jean-MarieLe Pen, tte de liste dans la rgionSud-Est,M.Mexis a tenu organi-serune rencontredans cette villeindustrielle, une demi-heuredautorouteduVieux-Port.Ici,les symptmesde la drgulationeuropenne frappentdirectementbeaucoupdegens, assure celuiqui, nouveauvenudans la rgion,a obtenu33%des voix auxmuni-cipales demarsdans la cit voisi-nedIstres. Tout lemonde voit lescars de travailleurs lituaniens oupolonaisarriver.

    Derrire lui, le golfe de Fosmoutonnesous un cielmenaant.Depart et dautre des eaux som-bres o sont ancrs les ptroliers,on aperoit les chemines de lusi-ne chimiqueKemOnede Lavraet les silhouettesdes aciriesdAscometal.Deux fleuronsindustriels fragilisspar desrachats rptition, commebeaucoupdautressur ce territoireportuaire.

    Ascometal, cest lincarnationmmedes directives de libre circu-lationeuropennedes capitaux,assne llu FN. La libert de razziapar les fonds dinvestissement, deprdationde nos brevets, la logi-quedu renarddans le poulailler.

    Le vendredi 16mai, la CGTa appe-l les 450 salaris de celeadercontinental des aciers spciauxunegrve reconductible. La veille,le tribunal de commercedeNan-terre tudiait les offres de reprisepourun ensemble en redresse-ment judiciairedepuismars.

    A lheuredite, seuleunequaran-tainedepersonnessassoitdanscettesallequipeuten contenirdixfoisplus. Pasdesalarisdes indus-tries locales,pluttdes retraitsetquelquesprochesdeM.Mexis.AnciendouanieretmilitantdespremiresheuresduFrontnatio-nal, JosGimenonestpas surpris:Ilnyapasdenthousiasmesurces lectionseuropennes.Auxlgislatives, jarrive fairevenir

    quelquespersonnes. L, jenaimmepasessaydemobiliser.Mais celaneveutpasdireque lesgensne sontpasderrirenous.

    Dans les grandes entreprises,la CGTnous fait cran, croit savoirAdrienMexis.Mais nous avonsnos hommesdans les syndicats etnous savonsquenos ides sontpar-tages par unbonnombrede sala-ris. Les chiffresne le contredi-sent pas. A Fos, si le FN taitabsent desderniresmunicipales,Marine LePen est arrive en tteaupremier tour de la prsidentiel-le de 2012 (29,95%).

    Didier et sa compagne, eux,sont venusdIstres. Lui travaille la base arienne. Elle est aide domicile et ne veut pas donnersonprnom. La presse locale nariendit de la runionmaisuntract dans leur bote aux lettres

    les a alerts. Dimanche25, ils vote-ront FN. Comme ils le font depuisquelques scrutins: LEurope estdevenue trop grande, regrette lemilitairede 49ans. Les cartsentre les niveauxde vie sont tropimportants.Nous aurions d res-ter neuf. Onnepeut pas intgrertout lemonde.

    Informaticiende 59 ans,Romualdvient de dcrocheruncontrat aid aprsune longuepriodede chmage. Il nest pasvenuenmilitantmais parce quilne veut plus laisser les politiquesfaire tout et nimporte quoi.LEuropema appauvri, inter-vient-il dune voix ferme.Mais,avec leuro, elle a apport norm-ment auxgrandes entreprises, auxbanquiers, auxassurances. Lesapplaudissementssont unanimeset ses paroles semblent rsumerlavis gnral.

    AdrienMexis, lui, semontrepdagogue.Dans samaigreaudience, il voque les partispopulistes qui, ensemble, vontpeser au Parlement, dnonceune Europedont lidal est uneconsommationde supermarch,convoque la peur desOGMet delamalbouffe. Chargde cours SciencesPoAix sans affectation ce fonctionnaire travaille pourla Commissioneuropennedepuis cinq ans et demi. Para-doxe? Non, rtorque-t-il.Carcest de lintrieur que jai constatque lEuropeest unemachine infer-nale qui donnedeplus en plus deforce aupouvoir fdral.

    Depuis lesmunicipales, cettevaleurmontanteduFN local sestmis endisponibilitde sonpostedadministrateur.Dans quelquesjours, il doit devenir officielle-ment le directeur de cabinet deStphaneRavier, le nouveaumai-re FNdu 7esecteurdeMarseille.Si vous tes contre lEurope, il nefautpas vous abstenir, conclut-ildansundernier conseil Sabste-nir, ce nest pas sopposer.p

    Gilles Rof

    Reportage

    Hnin-Beaumont(Pas-de-Calais)Envoye spciale

    Brasdessus, brasdessous,Christia-ne, 77 ans, et Jeanine, 79ans,entrentdans legrandmarchdH-nin-Beaumont (Pas-de-Calais)uncabas lamain. CesvaillantesHninoises iront, commecha-quelection, glisserunbulletindans lurne le 25mai.UnbulletinBleuMarine.Eux, ils vont essayerde faireunpeupluspour la France,disent-elles.Regardez lenouveaumaire, SteeveBriois, cest quelquundebien. Il abeaucoupaid lesgens.Sonprenous livrait le charbonavant.Dans les allesdumarch,deuxpasde lhteldeville, quel-ques joursdes europennes, leFrontnational a la cote.

    La colre vise le gouvernement.Y enamarre,pesteun retrait de57ans. Et il faut queHollandearr-te de toutmettre sur le dos deSarkozy.Moi je crois au FN.Bretbleu sur la tte, il enchane: Mari-ne Le Pen veut remettre le franc,commea, on aurait plus pourvivre.Ancienemploy commu-nal, il sort les 10 eurosde sa pochequi lui permettrontde faire sonmarch: Je vis pauvrement.

    Jaurais plus si ce ntait pasleuro.Mais lui commedautresont limpressionquaucunpoliti-quenest conscientde leur situa-tion financire. Les petites gensse sententdlaisss. A limagedecette habitantedeNoyelles-sous-Lens, dont les trois fils votent FN.Monmari etmoi sommes invali-des, les fins demois sont difficiles.Et onademandunehausse delAEEH [allocationdducationdelenfanthandicap]pournotre filsde 13 ans,mais a a t refus.

    AustritA56 ans, Annie est due. Alors

    elle opinedu chef en coutantRmi, son fils de 30 ans, expliquerque Marine, cest la seule quiparle de la France commeelle est.Ce grandgaillard rve de retrou-ver notre France, surtout auniveauboulot et logement. Enrecherchedemploi, Rmi inviteles politiques vivre cequil vitau quotidien.Eux, ils ontun loge-ment, unemaisonde vacances, unchauffeur, ils cumulent tout. Etpendant ce temps-l, cest affolanttoutes ces usines qui ferment.

    Act du stand affichant lessaladesdupays 80centimes etla livre de cerises 2,50 euros,Ludovic, 23 ans, et Gwendoline,20ans, partagent lammecolre.

    Je vais voter FN. Il faut remettreles frontirespour pas que tout lemondepuisse entrer dans lepays,dit Ludovic, appuy sur lapoussettede ses deux enfants.

    Didier, forain, vaplus loin:Ilfaut retirer lesArabes sur lemar-ch, onest bout. Comment ils fontpourafficher desprix commea?Cest quedublackalorsquenous,onpaie toutesnos charges.Luinirapasvoter auxeuropennes.Aucafde laRpublique, rebaptislecaf franais, lapatronneavusaclientlediminuer. Sonafficha-geauctdes lusdextrmedroi-tenapasplu tout lemondedanslaville.Lesgensboycottentmoncaf.Alors, cest qui les racistes?,demandeSylvie.

    Aquelquespas, desmilitantsPS tententde convaincre lesHni-nois daller voter. Alain Pruvot,prsidentde la Ligue desdroits delhommeduPas-de-Calais, distri-buedes tracts. Les gens sontaimablesavecnous.Mais beau-coup sont persuads que lemalvientde lEurope et la politiquedaustritnepasse pas.Asescts, sa collgue lve les yeuxauciel : Des habitants disent quilsiront voter au second tour! Et direquils ne saventmmepas quellection se droule le 25mai.p

    LaurieMoniez

    Auxlgislatives,jarrivefairevenirquelquespersonnes.L, jenaimmepasessayJosGimenomilitant FN

  • france

    OUVERT

    LANUIT

    LA VOIXESTLIBRE

    J6c8LKI83K6J6

    AURLIE SF

    EZ &BAPT

    ISTE ETCHE

    GARAY

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    LE 21MAI D

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    A LOCCASI

    ON DES AS

    SISES

    INTERNATIO

    NALES DU

    ROMAN

    Un vnement conuet organis par :

    52%Cest la cote depopularit deManuelValls, qui chute de dixpointspar rapport mi-avril, selonun sondage LH2pour LeNou-velObservateurdiffus lundi 19mai. Lepremierministrene bais-se cependantpas dans llectorat de gauche (68%). FranoisHol-lande tombe sonplus basniveau, avec 23%davis positifs.

    L ocomotive de lconomienationale, lIle-de-France esten perte de vitesse. Sa crois-sance est languissante, sonattractivit se dtriore, sadynamique touristique sessouf-fle. Ce constat est tir dun rap-port de la Chambre de commerceet dindustrie Paris-Ile-de-France(CCIP-IDF) et de Paris capitale co-nomique qui sera rendu publicmercredi 21mai.

    Le risque de dclassement delIle-de-France Se fondant surlanalysedes ressorts dudynamis-me de seize grandes mtropolesmondiales, cette tude fait appa-ratre que seules celles qui valori-sent leurs avantages compara-tifs restent comptitives. Lecaractre gnraliste et peu diff-rencidumodleconomiquefran-cilien ()nourrit un cercle vicieuxde faible attractivit, indiqueltude. La CCIP-IDF en conclutqu il y a urgence changer lastratgie conomique de lIle-de-France et valoriser ses sec-teurs cls, dont le tourisme et lesindustriesdu luxe.

    Lerapport listeplusieurs indica-teurs qui conduisent diagnosti-quer le dclassementde lIle-de-Francedans lepalmarsdesmtro-poles internationales. Sa croissan-ce a t plus faible que [celle de]beaucoup dautres villes mondia-lesentre2000et2010. Endixans,lePIBparhabitantdelargionacr

    de 0,8%, contre 1,4% pour NewYork et 2,7% pour Londres. Selonlesprojectionsdecroissanceactuel-les, son PIB par habitant pourraitcrotrede 1%entre2010et 2030.

    Les investissements trangersen berne LIle-de-France attiremoins de nouveaux investisse-ments trangers. Selon le cabinetKPMG, Paris et sa rgion sont pas-ssde la4eplaceen2008 la7epla-ceen2013desvillesquiaccueillentdes projets financs par des capi-taux internationaux. Leur nom-bre a baiss de plus de 40%entre2008 et 2012. Or, un emploisur cinq en Ile-de-France dpenddes capitaux internationaux.

    Sagissant du tourisme, mmesi Paris a enregistr un record defrquentation en 2013, elle estselon le rapport celle quiaconnulaplus faible croissanceennombrede visiteurs depuis 2010, parmiles dix villes les plus visites aumonde. Troisime ville au niveaumondialpourlafrquentationtou-ristique, elle nest quau 5e rangpour les dpenses des touristes.

    La place financire a perdu duterrain. A la 11e placemondiale en2007, elle nest plus que vingt-sixime selon le Global FinancialCenter Index, cit dans ltude.On assiste au transfert lent maiscontinudesactivits financiresdeParisversLondres.Or, ilnyapasdegrande mtropole mondiale sans

    une place financire forte, relvePierre Simon, prsident de Pariscapitale conomique.

    LIle-de-France attire moins desigessociauxdentreprisestran-gres que Londres, Bruxelles ouAmsterdam. Dans la comptitioninternationale,largionestpnali-separ leniveaulevde la fiscali-tsur lesentreprises lepluslevdEurope, souligne ltude et parle prixdes logements.

    Le luxe et le tourisme, leviers decroissance A ct de ces faibles-ses, la rgion conserve des pointsforts quelle gagnerait mettredavantage en valeur. Dans lemondede limmatriel dans lequelnous sommes, Paris a une imageuniquequiestcellede llgance,delart de vivre, du luxe et qui est aucur du soft power de lIle-de-France, souligne Pascal Morand,directeur gnral adjoint de laCCIP-IDF. Paris fait rver, Parisfait vendre, souligne le rapport.

    Conclusion: les fers de lance delconomie francilienne devraienttrelessecteursquipeuventcapita-liser sur limagedeParis. Enpriori-t, les industriesde luxe (joaillerie,maroquinerie, parfumerie), quireprsentent 80000 emplois enIle-de-France, mais aussi le touris-