porf1

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  • Arch P#dlatr (I 995) 2, 755-761 Elsevier. Paris

    755

    Fa i t c l in ique

    Porphyrie ~rythropo'i6tique cong6nitale. propos d'un cas fatal en p~riode n~onatale

    dfi it une hEmolyse aigui~ avec insuffisance hdpatique*

    H de Verneu i l ~, 2, F Morcau-Gaudry ~, C Ged ~. 2, M Bens idhoum ' , I Hombrados '. 2, j T r i co i re3 , M Ro i land 3

    I Laboratoire de biochimie m#dicale et biologie mol#culaire, univeritd de Bordeaux II. 146, rue l.~o-Saignat, 33076 Bordeaux Cedex ; Zunit4 fonctiormelle de biologle mol#culaire hospuali~re. CHR Pellegrin, 33000 Bordeaux;

    3service de rn~decine infantile B. Iv~pital P'.'rpan, 31000 Toulouae. France

    (Re~u le 5 octobre 1994; accept6 le 10janvicr 1995)

    R(~mU~ La porphyrie ~rythropo'i~tique congdnitale se transmet scion le mode autosomique r~cessif et est caract6ris~e par un d6ficit en uroporphyrinog~ne 11I synth~tase. L'l~tdrog~n6it~ de la maladie a ~t6 retrouv~c aussi bien d'un point de vue clinique qae g6ndfique par la description d'un grand nombre de mutations. Observation. - Un nouveau-n6 a pr6sent6 ~t la premiere heure de vie uu ict~'e et une polypn6e en rapport avec une h~molyse aigu~. La phototh6rapie a entrain6 une photosensibilisation cutan~e et un noircissement des urines faisant 6voquer le diagnostic de porphyrie 6rythropot6tique cong~nitale. Le diagnostic a ('t6 confn '~ par le dosage des porphyrines. L'cnfant est d6c6d~ ~t l mois de vie dana un tableau d'h6molyse aigu~ avec insuffisance h6patique. Le dosage de I'uroporphyrinog~le III synth6ta~ dam les cellules de la moelle et les cellules d'une l ign~ iymphoblastolde dtablie ~, pa~ir du sang circulant a rnis en 6vidence un ddficit tr~s important de I'activit6 enzymatique (acdvit~ r6sidneile inf~rieure ~, 1%). L'~mde mol~.culaire a montr~ que le patient est homozygnte pour la mutation Cys 73 .-, Art. Cette mutation, la plus fr~quente, est responsable d'un ph6notype grave de la maladie. Conclusion. - La caract6tisation mol6culaire de la maladie permet une ~tude de la correlation g~notypeJpl~notype et de mieux classcr des cas inhabituels de porphyrie.

    porphyrle Erythrop6~tique ong~nitale I ~tude l~nCqique I ~ mol~cuWre

    Summary - Fatal case of congenital erythropoletic porphyr!u in u neonate with acute hemolysis and hepatic failure. Backgroun~ - Congenital erythropoietic porphyria, an autasomal recessive disease, is characterized by deficiency of uroporphyrinogen !11 synthase. Clinical variability o f the disease is related to the different mutations found in the patients. Case report. - A newborn suffered one hour after birth f rom jaundice and polypnea with acute hemolysis. Severe cutaneous photosensit ivity occurred after phototherapy.

    *Aides financPres: Association franfais contre les myopathies, Conseii r~gional d'Aquitain, minist~:re de la Recherche et de la Technologic.

  • 756 H de Vemeuil et al

    Congenital erythropoietic porphyria was suspected because of reddish-colored urine and confirmed by porphyrin analyses. The baby died one month later due to severe hemolytic anemia with hepatic failure. Uroporphyrinogen I11 synthase activity was decreased by 99% in bone marrow cells and established iymphoblastold cells from the patient. Molecular biology studies demonstrated the presence of the Cys 73 .-e Arg substitution at the homozygous state in the patient. Conclasion. - This mutation, lhe most frequently found in this disease, is responsible for a severe phenotype. Molecular characterization provides genotype/phenotype correlations in this porphyrio and allows to clarify unusual cases of porphyrias.

    porphyrin I molecular biology [ bydro-lymcs / ehiid

    Les porphyries h6r6ditaires correspondent ~ un ensemble de maladies ii6es au d6ficit d 'une des enzymes intervenant dans la biosynthi~se de l ' l~me, l~les sont caract~ris~s par une accumula- tion des porphyrines et/ou de leurs pr6curseurs, acide &aminol6vul inique et porphobilinog~ne, dans certuins tissus et darts les mifieux d'excr6tion. La porphyrie 6rythropo'f~tique cong~nitale (PEC), ou maladie de GOnther [I], est la premiere db:rite des porphyries et la plus rare: une centaine de cas ont ~ d(~'its dont 33 au Japon [2]. U s'agit d'une maladie g6n6tique de transmission autosomique rb:essive. L'augmentatlon tr~s importante de syn- thbse des porphyrines dans la moelle osseuse entralne one accumulation des porphyrines darts le sang et une cxcr6tinn massive de porphyrines clans les urines et les sellcs (tableau I). Les principales manifestations de la maladie sont une photosensi- bilit6 s6v~re sur les parties d~ouvertes du corps (face et mains), one hypertrichose, une 6rythrodon- tie (f luorescence rouge des dents sons lumi~re ultraviolette), une spl6nom6galie d' importance variable et la constatation d'ur ines rouges. Les donn6es h6matologiques mettent en 6vidence une an6mie normochrome le plus souvent d'intensit6 ~ , avec anisopo~kilocytose et augmentation du taux des r6ticulocytes eirculants et de la b'flim- bine libre, en relation avec one i~molyse intermit- tente. Plus rarement, l 'an6mie h6molytique peut ~a intense, menaqant le pmnostic vital et n~cessi- tam alors de multiples transfusions. La moelle osseuse pr6sente une hyperplasie ~ prbiominance normoblastique avec une fluorescence des normo- blastes eL ~t un moindre degr6, des r~ticulocytes. L'anomalie enzymatique responsable de la mala- die est an d~ficit profond portant sur l'uroporphy- finog~ne HI synth6tase ou UROIIIS (anciennement appel6e cosyntl~tase) [3, 4] quatfi~me enzyme de la chalne de biosynth~se de i'hi~me (fig 1). L'accu- mulation du t~trapyrrole lin6aire hydroxym~thylbi- lane entraine sa conversion non enzymatique en uroporphyrinog~ne Ie t son oxydation en uropor- phyrine 1, compos6 non physiologique et toxique.

    Le clonage de I'ADNc de ruRoms [51 a permis la caract6risution mol6culaire du d6ficit g~nCtique chez un certain nombre de families. ActuellemenL huit mutations ponctuelles (Cys 73 -~ Arg, Thr 228 --~ Met, His 173 ~ Tyr, Leu 04 -o Phe, Pro 53 --) Leu, Thr 62 --* Ale, Ala 66 --e Val), deux insertions et une d616tion ont 6t6 caract~ris~es [6-9].

    Nous pr6sentons ici l'6tude m6tabolique, enzy- matique et mol~ulaire d'un cas fatal de la maladie 1 mois apr~s la naissance et nons discutons les perspectives th6rapeutiques clans cette maladie.

    OBSERVATION

    Fabien N eat le deuzi~me enfant de parents non consan- guins originaires du Gets. Une smut aln~e ag6e de 3 arts est en bonne sant6. Aucun antec6dent pathologique familial n'eat retinue6 it rintearogatoire des parents. La surveillance (:chographique fcetale n'a pus montr6 d'ano- maliea morphologiques.

    Fabien nait k 37 semaines, pesant 2570 g pour une taille de 46,5 cmet 32,5 cm de l~rimttre crJnien. Le score d'Apgas eat it 10 it 1 et $ minutes. A la premit~re heure de vie apparaissent un ict~re et une polypn~e. Fabien est transfer6 dens l'unit6 de n~onatologie it 2 heures de vie. La symptomatologie clinique 6voque une h6molyse aigu~: coUapsus, accentuation de l'icfl~'re, h6monagie digestive, I~patospl6non~galie et des urines ros(~ traduisant une h6moglobinarie.

    l'h6mogramme: globules rouges: 3590000/mm 3, h6moglobine: 11,2 g%, plaquettes: 144000/mm 3 puis 76000/mm 3. Le test de Coombs eat n6gatif. Le brian d'i~mostase est normal. Le bilan h6patique montte une cytolyse mod6r~: TGO: 256 UI/I, TGP: 55 UI/I et des gammaGT ~t 147 UI/I. Bilimbine totale: 58/Jmol/I, bili- mbine non conjugu6e: 33 #mol/l. L'6chographie h6pa- tique r6v~le la pr6sence d'une masse hyper6,chog~ne de nature vasculaire ~voquant le diagnostic de syndrome de Kasabach-Merritt, non confirm6 par les ~chographies ult6rieures.

    Douse heures de phototh6rapie entralnemnt une pho- tosensibilisation cutan6e avec brfllure au premier degr6

  • Po~hyrie 6rythrol~tiqu cong6nitale

    Tableau L Pfincipales anomalies biologiques dans les po~hynes 6rythropo'i~iques.

    757

    Urines Selles Globules rouges Cellules de la moelle

    Prd URO COPRO URO COPRO PROTO URO COPRO PROTO Fluorescence

    Protoporphyrie +++ + ~-+ + Gttnther ou PEC Type I Type 1 Type ! Type I Type I Type 1

    +++ +++ +4- +++ + ~ -H- 4-+ 4-++ Porphyrie I~'patoc~rythrocytaire +++* ++ ++* +++** + + +4- +

    "Presence d'hepCagarboxylique parphyrine en me~e temps ClUe d'uroporphyrine; "" Pr6sencc d'isecoWopeqphyrine en m~ne temps que de cowolx~hyrine.

    Uroporphyrine I Coi~oporpnyrine 1

    T Uroporphyrinogene I ~ Coproporphyrinog~:nc 1

    Glycine /

    + ~ ALA = PBG = l IMB SuccinylCoA

    Uroporphyfinog~ne Ill synth~tase

    Umporphyrinog~ne HI - - - - -~ Coproporphyrinog~ne [ ]

    -~ Protoporphyrine IX ~ Protoporphyrinog~me IX

    Fill I. La chatne de biosynth~se de I'h~me et le d6ficit en u~hyr inog~ne [] synth~tase caract~slique de la peq~/rie ~'gythro- pog6tique cong(afitale. L'hy0zoxym~thylbilane est normalcment transform6 en uropotvhyr~nogL~e m par I'mopot~yrinog~ne HI syn- th~ae. En I'ab~nce de renzyme, I'hydsoxym~hylbilane est cyclis6 non enzymatiquement en UrOlX~yrlnog~ne ! puis tramforn~ pet I'aropoq~yginog~ae d6carboxylase en cowopot~yrinog~e I. Ces deux pm-phyrinogtme~ ~at ensuite oxyd~ en uroporphyrine ! et c~yr inc I et ex,~t(:s clans les urines et les selles. CoA: coenzyme A; ALA: acide 8-aminol~vulinique; PBG: pmphobili- nog~ne; HMB: hydmxyn~thylbilane (t~rapyrrole lin~aire).

    et noircissement des m'.:ue., orientant le diagnostic vers une PEC. Le diagnostic est confmn6 par le dosage des po~hyrines dans les d!ff6rents milieux biologiques (tableau II). Ida recherche d'h6maties fluorescentes clans le sang eirculant est positive (> 3%).

    L '6vo lut ion cl inique sera de courte dur6e. Un deuxi~me 6pisode d'h~molyse aign~ survient ~t 48 heures de vie n6cessitant une transfusion globulaire. Une dystrophic ungu6ale avec pigmentat ion apparait pmgressivement. Par la suite, l'an6mie se reconstitue et l'h6moglobine chute r6gulii~rement ~t 8.6 g% puis 6,4 g%. La thrombop~nie se corrigera spontan~ment d~s le 12 jour. La cytolyse h,~patique reste patente (TOG: 532 U1/I, TGP: 605 UI/I, gammaGT: 403 UI/I). L'enfant d6c~dera a l mois de vie dans un tableau

    d'h6molyse aigut~ et d' insuff isance h6patique. La famille a refos~ les invostigatioas en vue d'une allo- greffe.

    M]~TIlODES

    Cultures cellulaires

    Les cellules lympheblast6gles (lymphocytes immogtali- sc~s par le virus d'Epstein-Ban" ou EBV) sont cultivdes en milieu RPMI contenant 15% de s~mm de veau foetal. 2 mM de glutamine et i~nicilline/streptomycine dans une atmosphere contenant 5% de CO 2 et satur6e en humiditcL

    Les cellules mononuclc~es de la moelle osseose sont

  • 758 H de Vemeuil et al

    Tableau il. Concentration des poq~yrines et pr6curseurs dens les urines, selles et sang,

    Urines 5elles (nmol/g poids sec) Sang (nmobq) ALA PBG URO COPRO URO COPRO PROTO PROTO

    lunol/l IJmol/l nmol/I nmo~

    Pmpositus 91620 0 0 24000 54000 310 2720 60 16160 Patlents CEW - 16000-80000 3000-8000 40-280 2330-4960 80-250 1140-9430 Valeurs nonrades < 40 < 9 < 20 < 380 Traces < 60 < 110 < 1200

    Valeurs extremes mesur6es chez sept patients CEP (techniques de dosage identiques).

    obtenues apr~s s~paration sur un gradient de Ficoll et resuspendues clans du milieu 1MDM contenant 10% de s~mm de veau foetal et one combinaison de factears de croissance h6matopo'i~tique (interleukine 1 a,[ll-I a], I1- 3 et stem ceil factor [SC~) [10].

    I~mde du mEtabolisme des porphyrines

    L'acide ~aminol~vufinique et le porphobilinog~ne ont (:tCS d~tennin~s par la m6thode de Mauzerall et Granick [11] en utilisant le kit Bio-l~atd.

    Les porphyrines urinaires, f6cales et ~rythrocytaires ont ~t~ mesur~es par les proc&Ms classiques [12]. Les isom,Mes Iet HI des porphyllnes sont s~mr(:s par chro- matographic fiquide it haute performance (CLHP) scion la n~thode de Lim [13].

    l.'activit6 de l'uropo~hyrinog~ne HI syntl~tase a ~t~ mesur~e par une mc~thode ~mment d~crite [14].

    Les pot~hyrines intracellulaires sont extraites it i'aide d'un n~iange HCIO 4 1 M/m~thanol (2/~) et lear taux est mesur~ it l'aide d'un speetrofluorim~tre en utilisant comme 6talon une solution de concentration connue d'uropmphyrine I.

    Mise en Evidence de la mutation Cys 73 -o Arg

    AmpUfwaatinn in vitro de l 'ADN g~nomique L'ADN a ~t~ extrait du sang total par les m~thodes usueiles: 200 ng d'ADN ont (~t~ amplif~s/n vitro(n~thode FCR ou polymerase chain teactlon) on pr6seace de chacune des amo~es. Les S6cluences des deux amorces utilis6es sot,t 5'-GTC TIT ATT GCT TIT TCK;-Y (amm'ce sens) et 5'-GAC CCA Ct~ TCA ccr TC-3' (amorce antisens).

    Digestion en~ymatique du fragment amplifi~ Dix nficrolitres d'ADN amplifi~ sont mis en presence de 5 unit~s de l'enzyme Maell (site de clivage 5'-ACGT- 3') clans le tampon recommand~ par le foumisseur. La digestion est effectu6e 2 heures it 37C.

    ~lec~rophor~se Les produits de digestion sont s6par6s par un gel d'aga- rose Nusieve 2%. Apr~s une migration de 1 heure it 6

    Vcm=t, le gel est trait~ au bromure d'~thidium et los bandes sont visualis6es et photographi~.es sous UV.

    R I~ULTATS

    I~tude du mEtabolisme des porphyrines

    Le tableau II montre les ~sultats des dosages des porphyrines darts les urines, sang et seres, qul sout tout it fait caract~risfiques de la PEC: augmentation tn~s imlxn'tant~ de l'uroporphyrine et de la copropor- phyrine darts les urines et darts les seiles avec pr~.do- minance du type ison~trlque Iet augmentation de la protqa,rphyrine EryOaocyta~. Le dosage de l'uro- porphyrinog/me 11I synth6tase dams les cellules iym- phoblasto'fdes et les cellules mononucl~es de la moelle du patient a mis en 6vidence un d6ficit quasi total de l'activit6 enzymatique (activit~ rEsiduelle inf6rieure it 1%) (tableau liD. Le dosage hythrocy- taire, bien clue montrant un d6ficit enzymatique par- tiel, n'~tait pas repr~sentatif de l'activit~ r~iduelle du patient & cause des transfusions effectu~es avant le pr~l~vement. Les cellules mononuclEEes de la moelle out 6t6 mires en culture et l'accumulation des porphyrines a Et6 mesurEe en pr6sence et en l'ab- sence d'acide &aminol6vulinique. Les rEsultats (fig 2) montrent une accumulation des porphyrines en l'absence d'ALA suI~rieum ou Egale it 30 fois la valeur dEtermin~e sur des cellules normales. Les porphyrines accumul~es sont tr~s majoritairement (> 80%) de i'uroporphyrine Ie t de la coproporphy- rine I. La faible accumulation de porphyrines clans les cellules normales correspond it de la pmtopor- phyrine IX. En pr~.sence d'ALA, l'accumulation des porphyrines darts les cellules deficientes est six fois et demie plus importante que l'accumulation de pro- toporphyrine 1X dans les cellules normales.

    Caract~risation mol6mlulre du deficit enzymatique

    La mutation Cys 73 --~ Arg 6rant retrouv~e le plus fr6quemment dans cette maladie, nous avons 6tu-

  • Porphyrie 6rythropo'f~ique cong6nitale 759

    Tableau Ill. Activit6 de I'uroporphyrinog/~ne 111 synth~tase dens les cellules du patient. L'activit~ enzymadque est expri- m~e en nombre de nanomoles d'uroporphyrinog/me [II form~, par I~me et par milligramme de prot6ines h 37C.

    Activitd enzymatique Proband ContrOles

    LymphoblastoYdes 0,03 4,37 (N = 4) [3.7 - 6]

    Cellules de la moelle osseuse < 0. I 8.85 (N = 4) [3,7 - 13]

    di6 sa pr6sence chez le patient en amplifiant par PCR l'exon contenant la mutation et en dig~rant le fragment amplifi6 par l'enzyme Mae II: en effet, la mutation correspond au remplacement en position 217 de I'ADNc d'une thymine (T) par une cyto- sine (C), falsant apparaitre un site de restriction pour l'enzyme [6].

    La figure 3 montre clairement que ie patient est homozygote pour la mutation Cys 73 -~ Arg. L'~tude familiale chez les parents n'a pu ~tre faite par refus de l'examen. Le tableau IV montre la liste des diff~rentes mutations actuellement d6crites alnsi que leur fr&luence relative par rap- port ~t l'ensemble des mutations connues ou non chez 28 patients. On constate done une grande b~t~rog~n~it~ des mutations dans cette maladie, mais avec n~.anmoins une mutation tr~s pr~domi- nante.

    COMMENTAIRES

    La PEC doit 8tre suspect~e cbez an patient atteint d'une photosensibilit6 s6v~rc d,.~butant i~ la nais- sance ou dams l'enfance, avec une spl~nom6galie et l'6mission d'urines fonc,~es. Le diagnostic est fond6 sur le r~sultat des dosages des porphyrines dans les urines, les selles et le sang, permettant alnsi de la distinguer des deux autres porphyries surveeant dans l'enfance, ~ savoir la protoporphy- tie 6rythropo'f6tique [1] et la porphyrie cutan~e familiale sl~ialement sous sa forme homozygote ou porphyrie h6pato~rythrocytaire [1, 15] (tableau I). La pr6dominancc de l'isom/~re de type I de l'uro- porphyrine et de la coproporphyrine darts les diff6rents milieux biologiques, en relation avec le d~ficit enzymatique en uroporphyrinogbne III synth~tase (fig 1), est tout ~ fair caract6ristique de la maladie.

    Un certain hombre de cas d'apparition tardive oat ~t6 d6crits [4], mettant en 6vidence l'h~t~.rog6- n6it6 de la maladie. L'6volution d6pend essentiel- lement de deux facteurs: l'atteinte cutan6e et le

    50-

    x

    o --. :30 e- ~ 20-

    ~ IO-

    E

    I I I

    CEP Normal

    Fig 2. Accumulation des porphyrines darts les cellules de la moellc osscusc. Lcs cellulcs oat 6t6 raises cn culture pendant 2 semaines comme d~.crit dens eM6thodes,, puis mists en presence (I) on en absence (B) d'acide a-aminol~veliniquc (ALA) pendant 24 heures. Les pm'phyrines accurnul~es par les cellules normales sont inf6rieures ou 6gales ~ 9,5 fmol/103 cellules.

    processus h6molytique. Les l~sions cutandes abou- tissent, apr~s plusieurs ann~.es d'6volution,/~ une atrophie cutan6e avec un aspect sci6rodermique des extr6mit~s, an destruction du nez, du pavilion des oreilles et des phalanges distales des doigts, conduisant/t d'importants troubles fonctionnels. Une h6molyse intermittente est retrouv~e chez la plupart des patients, ent~ainant une anemic mod6- r~e, avec augmentation du taux des r~ticulocytes et des normoblastes cireulants. Cette h6molyse est g6n6ralement consid6r~.e comme d'orig~.ne intra- corpusculaire, en relation avec l'accumulation des porphyrines darts les ceflules de la l ign~ ~rythm- cytaire [16]. L'h6molyse intense avec an6mie s~v~re est inhabitueile, mais peut ~tre la cause directe du d6c~s chez quelques patients [17, 18].

    L'observation que nous rapportons ici pr~sente un cas de PEC n~onatale avec 6volution rapide- meat d6favorable. I1 peut ~tre rapproch6 du cas r~cemment d~crit par Verstraeten et al [18] d'un enfant d~c~d~ 24 heums apr/~s la naissance, dans un tableau tout/t fait comparable. L'~tude de la moelle osscuse de notre patient a pu mettre en 6vi- dence une fluorescence d'intensit~ tr~s h6t~rng~ne d'un grand nombre de cellules, un profond d6ficit en uroporphyrinog/~ne Ul synth~tase et une accu- mulation tri~s impor~,?te des porphytines darts les

  • 760

    1M23

    300- - - 200~ 100- - -

    - - . 140 - - 110 - - " 30

    !~ 3. Mise en ~vidence de la mutation Cys 73 -4 Arg chez le patient. Le fragment amplifi6 de 140 pb contenant la mutation eat digc~r~ par I'enzyme Mate 11. ~ proddits de digestion font anumi$ i tree ~lectmphof~Je en gel d'agarme t 2%. Li4ne i : sujet normal; ligne 2: patient; ligne 3: sujet hc~6rozysote.

    cellules mononucl6~es de ia moelle. L'c~tude de I'ADN de notre patient a mis en ~vidence la pre- sence, b i'~tat homozygote, de la mutation Cys 73 --~ Arg. !1 s'agit de la plus fr(:quente des mutations d6crites (45% des cas 6tudi6s) et il existe une bonne corr61ation entre le ph6notype s~v~re obseiv6 du patient et la pr~,.ser~e ~ l'6tat homozy- gore de ceue mutation [9]. La caract6risation mol~- culaire des 16sions msponsables de la maladie per- met une 6tude de la corrc~lation g6notype/ ph~notype, un ~claircissement des eas inclassi- fiables de porphyrie par les 6tudes m~taboliques et enzymatiqus, un conseil g6n6tique dans les families h risque. Enfin, il s'agit d'un pr6alable indispensable avant d'envisager une th6rapie g6nique Slk~ifique clans les ann .s futures.

    Le traitement de ia nudadie est a~tuellement tr~s d~cevant et essentiellement symptomatique: utili- : ~on de cr~mes antisolaires pour limiter I'exposi- tion aux rayonnements UV, prise de ~-carot~ne qui peut an~fiorer la tolerance ~ la lumi~re. Une am6- lioration a po Ctre observ6.e h court [19, 20] et ~t long terme [21] avec la prise de charbon po. L'hy- droxyur~e a 6galement ~t~ utilis~ pour diminuer i'6rythropo~se et donc rhyped~molyse, r~duisant ainsi le besoin de Uanafusions [22].

    La spl6nectomie a une efficacit6 tr~s variable sur le processus h6molytique et son efficacit~ ~t long terme est tr~s discut6e. Le seul traitement curatif envisageabie ~ l'heure ac~.uelie est la greffe de moelle osseuse allog6nique. Celle-ci dolt ~tre dis- cuttle dans les c.as s~v~res apparaissant d~s les pre- mi~:res ann6es de la vie. Sa faisabilit6 est limit6e par la n~cessit6 d'un donneur HLA compatible. Un seul cas de greffe allog6nique a 8t6 publi8 clans la litt~rature: il s'agit d'une petite fille de 10 ans qui

    H de Vemenil et al

    Tableau IV. Liste des diff,Zrentes mutations, d~ldtions et inser- tions mises en ~vidence dans 28 cas de porphyde ~rythropoY~- tique cong~nitale.

    Mutations Description originale Frt~quence

    Cys 73 --* Ar 8 Deybach et ,'/(1990) [6] 25/56 (45%) Thr 228 -* Met Boulechfarezal(1992)[7] 4156 1~16tion de 98 pb Boulechfar eJ' a/(1992) [7] 2/56 His 173 -, Tyr Bensid~.oum et a/(1995) [9] 2/56 Leu 04 --* Phe Boelechfar et al (1992) [7] 1/56 Pm 53 -.-p Leu Ueyblgh et a/(1990) [6] 1/56 Thr62-* Ala Warner et a/(1992) [8] 1/56 Aft 66 .-* Val Warner et a/(1992) [8] 1/56 Val 99 --* Ala Bensidhoum et a/(1995) [9] 1/56 InseNion de 80 pb Boelechfar et a/(1992) [7] 1/56 InseNion de A Bensidhoem et a/(1995) [9] 1/56 en position 633

    La fr~luence est donn6e en tenant compte de la pr~nce de deux alleles mut6s pour chaque patient (56 alleles). Deux patients proviennent de [6], cinq patients de [7], I I patients de [8[, un patient de [18], un patient correspond tt cet article et huit cas ne sont pas pnbli~s.

    a re~u un greffon provenant de son jeune fr~re EILA identique [23]. Six mois aprons ia transplanta- tion, les porphyrines urinaires avaient chut~ consi- d~rablement (de 89590 nmol/24 h ~ 649 nmol/24 h, valeurs normales inf6rieures l 370 nmol/24 h), I'~tat cutan6 6tait grandement am61ior6 et la patiente pouvait s'exposer au soleil. Malheureuse- ment, cette demi~re est d~c(~16e 11 mois apr~s la greffe d'une complication infectieuse t cyton~ga- lovirus. L'avenir th6rapeutique clans cette maladie s'oriente vet's une th6rapie gc~nique sp(:cifique des cellules h6matopoi6tiques. En effet, lorsque la greffe de moelle o~euse n'est pas possible en rai- son de l'absence de donneur, l'autogreffe de cel- lules g6n6tiquement modifi(:es doit pouvoir la rem- placer. Les syst~mes r~troviraux sont actaellement les plus efficaces pour le transfert de g~nes darts les cellules de la moelle osseuse [24-26] et, actuel- iement, plusieurs protocoles cliniques de th6rapie g6nique du d6ficit en ad6nosine d~saminase sont en cours [27-29]. Nous avons pu r6cemment d6montrer l'efficacit6 du transfert de rADNc de I'UROIIIS par infection r6trovirale: une restaura- tion compli~te de l'activit6 enzymatique a pu ~tre d~montr~e au niveau de fibroblastes humains d~fi- cients en culture [14]. Les ~tudes actuellement poursuivics pour la mise au point du transfen de g~nes dans les cellules souches sanguines permet- tront, nous I'esp~rons, dans un avenir proche d'ap- porter un traitement curatif satisfaisant ~, cette maladie. Une correction m~tabolique tot~de a ~t~ effectu~e au niveau de cellules lymphoblasto'ides humaines d6ficientes [30].

  • Porphyrie ~rythropo'ff:tique cong~nitale 761

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