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 Paul Pelliot Le p'o-lo peut-il être un poids ? In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 9, 1909. pp. 158-160. Citer ce document / Cite this document : Pelliot Paul. Le p'o-lo peut-il être un poids ?. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 9, 1909. pp. 158-160. doi : 10.3406/befeo.1909.1917 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1909_num_9_1_1917

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  • Paul Pelliot

    Le p'o-lo peut-il tre un poids ?In: Bulletin de l'Ecole franaise d'Extrme-Orient. Tome 9, 1909. pp. 158-160.

    Citer ce document / Cite this document :

    Pelliot Paul. Le p'o-lo peut-il tre un poids ?. In: Bulletin de l'Ecole franaise d'Extrme-Orient. Tome 9, 1909. pp. 158-160.

    doi : 10.3406/befeo.1909.1917

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1909_num_9_1_1917

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    Bien que ce mode opratoire soit des plus primitifs, les Annamites manquent rarement leur coup. Ils ont ainsi russi des pices colossales, les canons du Ngo-mn par exemple. Dans des travaux de cette importance, il arrivait parfois, malgr l'exprience des matres fondeurs, que le mlai n'tait pas en quantit suffisante pour remplir le moule. On versait alors une couche d'huile sur le bronze incandescent contenu dans le moule, on rechargeait la hte le nombre de cubilots jug ncessaire pour fondre ce qui manquait, puis on coulait. Grce l'action de l'huile, la cohsion des deux masses de bronze tait, malgr la diffrence de temprature, parfaitement assure.

    Pour la fabrication des objets de forme trs simple, les Annamites ont recours au procd plus expditif du moulage au sable vert, en deux pices. Ils font alors les modles en bois. Ils ont ainsi fondu une formidable quantit de boulets et de bombes.

    Quant au procd dit cire perdue , on ne le met en pratique que dans la confection d'objets de petites dimensions et pour obtenir certaines parties dlicates, telles que les anses, ou des pices ajoures ; mais le moulage de l'ensemble est toujours fait de la manire que nous avons dcrite, mme pour de trs petites pices (*).

    Le gros reproche qu'on peut faire la mthode annamite que vous avons dcrite plus haut, c'est qu'elle est lente et exige un travail considrable de polissage et de ciselure ; de plus, la matire du moule subissant un retrait trs sensible par l'effet du schage, elle ne se prte gure la fabrication des pices dont la symtrie et le dressage exigent la prcision laquelle nous sommes habitus.

    Quoi qu'il en soit, cette mthode a fait ses preuves, et nous croyons qu'il ne serait pas prudent de proscrire absolument des ateliers de fonderie un procd auquel on doit nombre de vritables chefs-d'uvre.

    Louis CHOCHOD, Professeur l'Ecole professionnelle de Hue.

    LE FO-LO PEUT-IL TRE UN POIDS ?

    Dans quelques textes chinois concernant l'Asie centrale et l'Indochine, on rencontre la mention de * p'o-lo d'or ou d'argent. A propos d'un de ces textes, tir du Nan ts'i chou et se rapportant au Fou-nan, j'ai suppos que p'o-lo pouvait tre un nom de poids et reprsenter le sanscrit bhura, qui a t effectivement employ comme nom de poids dans l'Insulinde (cf. B. E. F. E.-O., in, 269 ; iv, 48). M. Chavannes

    (i) L'outillage de l'Ecole professionnelle de Hue a permis d'apporter quelques perfectionnements au manuel opratoire. On a remplac l'antique soufflet par une ventilation force centrifuge et le charbon de bois par le charbon de terre, et on a construit un four rverbre. Un procd de schage des moules qui a donn de trs bons rsultats et particulirement sduit les indignes, est le suivant. On envoie dans le moule mont le courant d'air d'un ventilateur force centrifuge aprs avoir fait traverser ce courant d'air un foyer clos. Non seulement le moule sche, mais encore il se cuit avec une rgularit parfaite. On arrive en mme temps lui donner une trs haute temprature, ce qui est, au moment de la coule, une condition indispensable de succs.

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    (T'oung Pao, II, v, 2) a mis l'opinion, juste selon moi, que mon explication ne paraissait pas pouvoir s'appliquer tous les cas o il est question de p'o-lo d'or ou d'argent. Depuis lors, M. von Zach (Lexicographische Beitrge, iv, p. 10) a dclar que p'o-lo tait l'quivalent de |H p'o-lo, ein Bcher , et s'crivait aussi . p'o-lo. En rendant compte de l'opuscule de M. von Zach, M. Maybn a fait remarquer que son opinion et gagn s'appuyer sur des textes prcis (cf. . E. F. E.-O., vu, 12).

    En ralit, la question est moins simple que ne cru M. von Zach. Il est exact que le K'ang hi tseu tien glose |o, p'o-lo par coupe vin ( jg) ; ce sens a pass dans le dictionnaire de Giles. Il est vrai aussi que, dans le premier texte o l'expression apparaisse (Pei che, ch. 47, f 1 1 v0;, il ne peut gure s'agir d'autre chose. C'est aussi par coupe vin qu'il faudra traduire |t p'o-lo dans les passages que cite ensuite le P'ei wen yun fou, et qui sont une posie de Li T'ai-po, une de Ts'en Ts'an et une de Sou Che. Peut-tre est-ce aussi le sens dans les deux passages suivants, o il s'agit du 0 | p'o-lo d'argent offert par le roi de Koutchar et du p'o- lo d'or offert par les Tibtains. Enfin, le p'o-lo d'or ($? ) d'une posie de f |r , T'ang Yen-k'ien parat bien tre une coupe d'or. Reste savoir si p'o-lo n'a jamais signifi autre chose.

    J'carte l'arbre $ po-lo dont il est question dans le Sin ang chou (ch. 10.1 _t , f 1 v), et o j'ai dj propos de reconnatre une forme fautive de 3 so-lo, le lmali. Mais quand, dans ce mme chapitre du Sin t'ang chou, il est parl un peu plus loin (f 1 r) d'un Z kin-po-lo, l'explication par coupe d'or s'imposait si peu aux auteurs du Sin ang chou qu'ils ont glos le terme par peau de tigre ($ j). Pour le passage concernant le Fou-nan, il faut remarquer que le texte dit non pas 3 f wou kin p'o-lo, ce qui supposerait que le p'o-lo est un objet, mais ^ 5. Hi kin wou p'o-lo, ce qui ne peut gure se justifier grammaticalement qu'en considrant p'o-lo comme un poids. Bhra, pour dsigner un poids d'or, est bien connu dans l'Inde et dans l'Indochine. J'emprunte au Hobson Jobson de Yule (s. v. Bahar ) cette citation de Barbosa(i5i6) : It (Malacca) has got such a quantity of gold, that the great merchants do not estimate their property, nor reckon otherwise than by bahars of gold, which are 4 quintals to each bahar. En 1698, Linschoten donne pour le bhar une valeur de 33o catty ou livres chinoises. La valeur moyenne actuelle dans la Malaisie est de 00 catty (l). En me basant sur les valeurs indiennes indiques par Prinsep et Colebrooke, j'tais arriv, pour le bhra d'or, un poids de 600 700 kilogrammes, qui semble excessif par rapport aux valeurs malaises (B. E. F. E.-O., ni, 269). Mais ici je puis faire intervenir un texte nouveau,"tir du jffc \ , Pei hou lou. Le Pei hou lou a t crit sous les T'ang par ^ fe $fr Touan Kong-lou ; il ne nous est accessible en entier que dans l'dition incorpore par ? 4^ yjfi Lou Sin-yuan son "j" ^ Che wan kiuan leou ts'ong chou. Or, au ch. 3, f 8 v, de cette dition; on lit : ^ "$C fl fe 5:&' + }4 - Dans cette phrase,

    (!) Cf. aussi Favre, Dictionnaire malais- franais, il, 181 . (2) Ce texte m'avait chapp jusqu'ici : on ne le trouvera donc ni dans mon premier article

    sur le Fou-nan (B. E. F. E.-O., ni, 248 ss.), ni dans les textes que i'ai rassembls ensuite (B. E. F. E.-O., iv, 85-91).

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    il y a difficult pour le sens de tchouan ou tchouan ; comme pis aller (t), je traduis : A l'poque de [l'empereur] Kien-wen (55o) des Leang, le Fou-nan fit parvenir un p'o-lo-ting d'alos ; quand on dit p'o-lo-ting, c'est 56o livres. Dans ce terme p'o-lo-ting, je ne puis considrer ting que comme une sorte d'affixe chinois, dterminant le poids dont le nom, d'origine trangre, est transcrit p'o-o (2) : et ce poids ne peut gure tre que le bhra. Chaque bhra d'or offert par le roi du Fou- nan ne serait donc ni de 600 700 kilogrammes, comme j'avais tent de le dterminer d'aprs les tables hindoues, ni de 00 livres chinoises comme aujourd'hui, mais de 56o livres, ce qui ferait en valeur moderne, pour cinq bhra, peu prs cinq millions de francs.

    P. PELLIOT

    (t) Il ne faut pas oublier que mme cette d tion de Lou Sin-yuan ne donne pas toujours, tant s'en faut, un texte satisfaisant. ' (2) On pourrait aussi supposer, si toutefois le texte est correct, que p'o-lo-ting est un de ces foots 4oubles o un terme sanscrit est suivi de son quivalent javanais ; cf. B. E. F E.-O., V, 187.

    InformationsAutres contributions de Paul PelliotCet article est cit par :Chine. In: Bulletin de l'Ecole franaise d'Extrme-Orient. Tome 21, 1921. pp. 347-387.

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