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Lillustration de la page de couverture du Rapport National sur le Dveloppement humain 2003, voque les diffrents canaux de financement du Dveloppement Humain Durable qui largissent les opportunits des populations la base accrotre leurs capacits de production et amliorer leurs conditions de vie. Laccs aux services de crdit offre plus de possibilits couvrir les soins de sant primaires, assurer lducation des enfants et acqurir un logement dcent. Les guichets de micro-finance favorisent lpargne, la cration de micro-entreprises, lacquisition de facteurs de production et partant la cration demplois additionnels.

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Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT HUMAIN

Copyright 2003 Par le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement Cotonou, Bnin. Tl. : (229) 31 30 45 - Fax : (229) 31 57 86 Impression : Imprimerie TUNDE 06 BP 1925 Cotonou Tl. (229) 30 15 68 - 33 35 18

Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

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Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

PRFACEu Bnin, le problme du financement du dveloppement humain se pose avec une acuit d'autant plus ressentie que le dveloppement dont il s'agit ici est compris comme tant l'largissement des possibilits pour les personnes les plus dmunies de se nourrir, d'accder aux soins de sant primaires, d'avoir accs au savoir, d'exprimer leur crativit, de participer la vie de leurs communauts et de s'exprimer librement. En effet, les termes " dveloppement " tout court et " dveloppement humain " ne doivent pas tre confondus. De mme " financement du dveloppement " et " financement du dveloppement humain " expriment des concepts dont la diffrence correspond l'apport du paradigme du dveloppement humain introduit par le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement depuis 1990. C'est pourquoi, aprs son dition de 2001 qui a port sur "le dveloppement rgional et les dfis de la dcentralisation", le prsent Rapport National sur le Dveloppement Humain (RNDH) se penche sur l'analyse des systmes et des mcanismes de financement qui s'adaptent le mieux au dveloppement humain tel qu'il vient d'tre dfini. L'analyse du financement du dveloppement humain peut tre faite au moins sous trois angles: (i) le financement du dveloppement humain considr comme une approche globale novatrice dote de caractristiques propres, (ii) Le financement des diffrentes dimensions du dveloppement humain vu comme autant de moyens pour atteindre l'panouissement des individus et des groupes sociaux, (iii) et enfin, la promotion des principes du dveloppement humain travers les modes, systmes et mcanismes de financement, ces principes tant pris comme des rgles de conduite visant respecter l'tre humain en tant que centre des proccupations du dveloppement. Ces diffrentes faons d'aborder le concept du dveloppement humain sont utilises dans le prsent rapport qui veut surtout montrer que le financement du dveloppement humain ne peut pas se limiter aux dpenses relatives la mise en uvre de "filets sociaux. Il s'agit pour le prsent rapport, moins de rechercher les voies et moyens pour rendre supportables l'ampleur et le degr de la misre des personnes les plus dmunies au cours du processus de relance conomique, que de mettre en vidence la dynamique ncessaire entre les systmes et mcanismes de financement pour rendre plus efficaces leurs rpercussions sur le processus d'largissement des possibilits d'panouissement offertes tous les individus et aux groupes sociaux. Cest ce que rflte lesprit de la dclaration du millnaire. Les changements du niveau de dveloppement humain qui rsultent de l'action des systmes et mcanismes de financement, constituent donc l'objet du prsent rapport. Analyser le financement du dveloppement humain revient alors prciser la qualit et l'impact des systmes et mcanismes financiers qui ont des effets pertinents sur le dveloppement humain. Pour mener une telle analyse, le prsent rapport organise l'argumentation autour de sept chapitres. Premirement, le rapport examine la situation et l'volution de l'conomie et du dveloppement humain. Ce diagnostic de l'conomie et du dveloppement humain au Bnin, permet de mettre en exergue les forces et les faiblesses du dveloppement socio-conomique en mettant au centre de la rflexion la personne humaine, tels que les font ressortir les indicateurs de dveloppement humain.Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003SP EC

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Deuximement, le rapport situe le rle et la responsabilit de l'Etat et met l'accent sur la ncessit du financement public national pour le dveloppement humain. Le besoin de financement tranger complmentaire ne devrait pas l'emporter sur l'effort national sur lequel repose la responsabilit quant l'amlioration des conditions de vie des populations. Troisimement, le rapport analyse les outils dont disposent les systmes formels de financement disponibles dans le pays et leur impact sur le DHD. Obtenir des ressources financires sur le march des capitaux, mme libral, dpend aussi des options de politiques de dveloppement et institutionnelles qui incarnent les choix faits, et donnent naissance des mcanismes de financement varis. Quatrimement, il se penche sur l'organisation, la structure et le rle des systmes informels de financement. Pour les personnes les plus dfavorises, le financement informel est certainement le plus accessible aujourd'hui quand on le compare au financement formel. Cinquimement, le rapport valorise une approche essentiellement communale et communautaire du dveloppement humain et de son financement. Les populations sont organises en familles, en groupes, en communauts structures qui se rfrent des systmes culturels. La dcentralisation permet de mieux prendre en compte ces aspects dans la mobilisation et l'affectation des ressources financires locales. Siximement, le rapport fait ressortir l'importance particulire du financement des activits des femmes pour mieux autonomiser ces dernires. Il analyse l'accs des femmes au financement auprs des structures financires classiques et des systmes de micro-finance. Les femmes subissent gnralement une discrimination quant l'accs au patrimoine pouvant servir de garantie aux banques et tablissements financiers non bancaires. Elles recourent plus aux structures informelles de financement tout en restant les plus concernes par les dimensions essentielles du dveloppement humain. Septimement, le rapport met en vidence le lien trs troit entre les niveaux de dveloppement humain actuel et le recours aux ressources financires extrieures composes essentiellement de l'aide publique au dveloppement et, dans une moindre mesure, de l'investissement direct tranger. Ainsi, il ressort que le financement du dveloppement humain pose deux problmes majeurs : - comment amorcer court terme un meilleur processus de dveloppement humain partir des systmes et mcanismes de financement disponibles au Bnin ? - comment russir les mutations ncessaires moyen terme au niveau des systmes et mcanismes financiers pour les amener mieux intgrer la vision du dveloppement humain qui, se fondant sur les spcificits du Bnin, privilgie l'largissement des possibilits d'panouissement de l'tre humain ? Le prsent rapport n'a pas pour ambition d'tablir une situation exhaustive des moyens de financement du dveloppement, ni d'apporter des rponses aux questions que pose le financement du dveloppement humain. Son but est de contribuer de faon dterminante au dbat sur les meilleures stratgies, d'adapter les instruments et mcanismes de financement aux besoins du dveloppement humain, et faire prendre conscience que les populations bninoises doivent tre au cur du processus de dveloppement humain.

Moustapha Soumar

Reprsentant Rsident du PNUD

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REMERCIEMENTS

Le prsent Rapport National sur le Dveloppement Humain du Bnin a t labor avec la collaboration active et la contribution prcieuse de plusieurs personnes morales et physiques. Le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement (PNUD) voudrait que ces personnes, qui n'ont mnag ni leurs efforts ni leur temps pour la parution du Rapport National sur le Dveloppement Humain du Bnin, dition de 2003, sous la direction technique du Conseiller conomique principal, trouvent ici l'expression de sa reconnaissance. Il s'agit : de l'quipe de relecture du prsent Rapport ; des membres de l'Observatoire National du Dveloppement Humain Durable (ON-DHD) ; des cadres du Ministre charg du Plan, de la Prospective et du Dveloppement (MPPD) ; des cadres du Ministre des Finances et de l'Economie (MFE) ; des experts nationaux qui ont apport leurs contributions en tant que consultants du PNUD. Le Rapport National sur le Dveloppement Humain du Bnin - dition de 2003, a tir profit des informations statistiques publies par l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE), d'autres sources telles que les Rapports de la Banque Mondiale et du Fonds Montaire International. A tous, le PNUD Bnin exprime sa profonde reconnaissance.

Les analyses et les recommandations contenues dans le prsent Rapport ne refltent pas ncessairement les vues du Programme des Nations Unies pour le Dveloppement (PNUD), de son Conseil Excutif ou de sa reprsentation au Bnin. Le Rapport National sur le Dveloppement Humain du Bnin est le fruit de la collaboration entre les consultants, les cadres du PNUD et d'minents spcialistes membres de l'quipe d'laboration du Rapport National sur le Dveloppement Humain du Bnin.

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quipe de prparation du Rapport National su le Dveloppement Humain (RNDH) dition r 2003 sous la supervision du Repr sentant Rsident du PNUD-BninMoustapha Soumar

et sous la direction technique du Conseiller Principal du PNUD-BninSylvie Kinigi

Personnes Ressources du Programme des Nation s Unies pour le Dveloppement (PNUD)Moustapha Soumar Corneille Agossou Michel Ahohounkpanzon Jakob Haugaard Mikiko Sasaki Jean-Jacob Sahou Epiphane Adjovi Sylvie Attakpa Sylvie Kinigi Agbodji J. Houensou Selome Yamadjako Isabelle Santos Rosine Sori-Coulibaly Ida Zirignon Aleksi Hokkanen Justin Singbo

Assouma Yakoubou Afize Adamon

Commentateurs Roger Gbgnonvi Pasteur Akpo Gabriel Kpd Jean-J cques Mongbo a

Odile Attanasso Gabriel Degbegni

Experts nationaux Expert Responsable au PASNAREP Georges Lamid Oss Experts consultants Valentin G. Ahanhanzo Jules Ahodekon Etienne B. de Souza Ephrem Hounkp e Maurice Hountondji Cyprien Lokossou Dnis Acclassato Norbert Kassa Ibrama Gnankp Ismaela Kome Firmin Akpagb Houenou Appolinaire Elisabeth Fourn

Albert Honlonkou Roger Gbgnonvi Ayi Kpadonou

Comit dexamen des offres techniques Prsidents Agbodji J. Houensou Moukadamou Allougbin Membres Jean-Jacob Sahou Georges Lamid Oss Jakob Haugaard Aleksi Hokkanen Vronique Ahoyo Rock Pierre Agoli-Agbo Equipe de relecture Coordonnateur Rapporteur Gilbert Medje Martin N. Gbedey Membres Guy Amde Ajanohoun Assouma Yakoubou Brigitte Grange Personnes Ressources Gronime Mongbo Jacques Atchatin Lambert Gbokou Afize Adamon Houenou Appolinaire Christine Omichessan Ignace A llagnon Rock Agoli-Agbo Chico Mahouna

Intendance Bello Fataou

Secrtariat Elvire Yonlonfoun Mathilde Akponon Franoise Bocokp

Imprimerie Imprimerie TUNDE

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Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

SOMMAIRELE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT HUMAIN

PRFACE REMERCIEMENTS SOMMAIRE RSUM INTRODUCTION 0.1. Quel dveloppement convient-il de financer ? 0.2. Financement du dveloppement humain au niveau mondial 0.3. Financement du dveloppement humain aux niveaux rgional et sous-rgional 0.4. Financement du dveloppement humain au niveau national 0.5. Quel financement pour le dveloppement humain durable ?

v vii ix xi 1 1 2 4 5 6

CHAPITRE 1 : SITUATION ET VOLUTION DU DVELOPPEMENT HUMAIN AU BNIN 1.1. Evolution du cadre macro-conomique

11 11

1.2. Analyse de la situation du dveloppement humain partir des indicateurs classiques de dveloppement humain 17 1.3. Conclusion et recommandations 36

CHAPITRE 2 : FINANCEMENT PUBLIC DU DVELOPPEMENT HUMAIN 2.1. Rle central de l'Etat dans le financement du dveloppement humain durable 2.2. La responsabilit sociale de l'Etat et le financement du dveloppement humain. 2.3. Conclusion et recommandations

39 40 46 57

CHAPITRE 3 : SYSTME FINANCIER FORMEL ET DVELOPPEMENT HUMAIN 3.1. Problmatique du financement formel 3.2. Contribution des banques et tablissements financiers au dveloppement humain 3.3. Institutions de micro finance et dveloppement humain 3.4. Autres institutions de financement et dveloppement humain 3.5. Conclusion et recommandations

61 61 62 72 81 93

CHAPITRE 4 : SYSTME INFORMEL DE FINANCEMENT DU DVELOPPEMENT HUMAIN 4.1. Caractristiques des structures informelles 4.2. Contribution du systme de financement informel au dveloppement humain durable (DHD) 4.3. Conclusion et recommandations

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CHAPITRE 5 : DCENTRALISATION ET FINANCEMENT DU DVELOPPEMENT HUMAIN 5.1. Enjeux de la dcentralisation et du dveloppement humain 5.2. Financement local du dveloppement humain 5.3. Conclusion et recommandations

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CHAPITRE 6 : FINANCEMENT DES ACTIVITS DES FEMMES ET DVELOPPEMENT HUMAIN 6.1. Problmatique du financement des activits des femmes 6.4. Secteur financier informel, principal pourvoyeur de financements aux femmes 6.5. Impact des financements des femmes sur le dveloppement durable 6.6. Conclusion et recommandations

125 126 133 134 139

CHAPITRE 7 : FINANCEMENT EXTRIEUR DU DVELOPPEMENT HUMAIN 7.1. Aide publique au dveloppement et dveloppement humain 7.2. Initiatives de rduction de la dette et dveloppement humain 7.3. Investissements directs trangers (IDE) et financement du dveloppement humain 7.4. Conclusion et recommandations

143 143 155 161 163

CONCLUSION GNRALE LEXIQUE RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES TABLE DES MATIRES ANNEXES A. Autres donnes de rfrence B. Notes techniques sur le calcul des indicateurs de dveloppement humain

165 171 173 175 179 179 189

SIGLES ET ABRVIATIONS LISTE DES TABLEAUX LISTE DES ENCADRS LISTE DES FIGURES ET GRAPHIQUES

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RSUM

Le Dveloppement Humain Durable (DHD) est un autre modle possible du dveloppement (RMDH, 1994), qui met l'accs sur les relations institutionnelles et sociales comme base essentielle du dveloppement. Ce paradigme encore mal adopt, lve la dmocratie et les droits politiques au rang de dimensions fondamentales puisqu'elles sont ncessaires pour exprimer les besoins et pour obtenir leur satisfaction. C'est pourquoi, le DHD largit le concept de niveau de vie en y introduisant la participation la vie de la communaut en plus du revenu par tte, de la sant et de l'ducation. Les ressources conomiques et financires ncessaires pour assurer un tel dveloppement humain durable appellent donc une utilisation spcifique tenant compte de la dfinition du DHD. Pour cela, il faut trouver une rponse prcise la proccupation suivante : Quel financement pour quel dveloppement ? En effet, le Rapport National sur le Dveloppement Humain (RNDH) dition de 2003 ne concerne pas n'importe quel type de dveloppement, son objet porte sur le " financement du dveloppement humain ", et par consquent, sur les types de financement qui seraient appropris pour le dveloppement humain. Cela revient dire que l'efficacit du financement sera considre par rapport au progrs qu'elle permet d'atteindre en matire de dveloppement humain. Le Bnin n'a pas fait exception la situation gnrale qui prvalait en Afrique subsaharienne, mme si on peut y noter certaines particularits. Le Bnin a connu ses problmes financiers d'abord avec l'accroissement rapide de la dette extrieure ds les annes 90 (1,1 milliards de $ US en 1989 et 1,5 milliards de $ US en 1993) suite l'installation de deux complexes industriels de sucre et de ciment. Les dsquilibres financiers se sont aggravs avec la crise conomique et financire caractrise par une forte baisse de la production, de srieuses difficults de trsorerie qui se sont traduites par le non-paiement des salaires des fonctionnaires durant plusieurs mois (en 1988), des dficits budgtaires et extrieurs trop importants et du systme bancaire. Cette situation a contraint le Bnin signer son premier Programme d'Ajustement Structurel (PAS) en 1989. De 1989 2002, trois PAS ont t mis en uvre et ont abouti une amlioration de la situation macroconomique et financire et un apaisement des tensions sociales au Bnin. La croissance conomique a atteint les meilleurs niveaux au cours de la mme priode. Mais les quilibres macroconomiques et la croissance conomique retrouvs ne suffisent pas pour conduire au dveloppement humain, l'habilitation des femmes, la rduction de la pauvret et des chmeurs, la prservation de l'environnement naturel, un meilleur respect des liberts, la participation pleine et entire des populations la base aux dcisions qui les concernent. Le rapprochement des volutions de la croissance conomique et de la pauvret au Bnin est rvlateur cet gard. En effet, l'volution globalement favorable de la croissance conomique s'est accompagne du maintien de la pauvret et des ingalits. Loin de rgresser, l'incidence de la pauvret est reste globalement stable dans le pays. De 28,9% en 1995, elle n'est passe qu' 29,6% selon les dernires enqutes qui ont port sur la priode de rfrence 1999-2000. Cette situation montre clairement que l'accroissement de la valeur ajoute globale n'est pas utilise pour financer de manire adquate la rduction de la pauvret et leRapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

... le DHD largit le concept de niveau de vie en y introduisant la participation la vie de la communaut en plus du revenu par tte, de la sant et de l'ducation. ... l'efficacit du financement sera considre par rapport au progrs qu'elle permet d'atteindre en matire de dveloppement humain.

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... lindicateur de pertinence du financement du dveloppement humain a pour but d'aider les dcideurs tous les niveaux opter pour des investissements et autres dpenses pertinents par rapport aux priorits du dveloppement humain.

dveloppement humain au Bnin. D'o l'intrt du prsent Rapport - dition de 2003 qui se veut une analyse critique de l'utilisation actuelle des ressources et un plaidoyer pour une gestion rsolument oriente vers la correction des incohrences entre l'volution du Produit Intrieur Brut (PIB) et de l'incidence de la pauvret. C'est pourquoi, au-del des objectifs de croissance conomique, le Rapport met l'accent sur la dimension humaine du dveloppement, notamment les aspects les plus essentiels du dveloppement humain, savoir : l'ducation (scolarisation des enfants, alphabtisation des adultes), la sant et l'accroissement du revenu des populations dmunies. C'est pourquoi, le rapport propose, pour la premire fois, un indicateur de pertinence du financement du dveloppement humain qui a pour but d'aider les dcideurs tous les niveaux opter pour des investissements et autres dpenses pertinents par rapport aux priorits du dveloppement humain. Il s'agit donc de se focaliser plus sur ces lments fondamentaux qui ne sont pas les seuls dans le dveloppement humain. Par ailleurs, les tudes nationales de perspectives long terme (NLTPS) du Bnin -2025 Alafia ralises aprs une large srie de concertations des diffrentes couches sociales du pays, ont abouti l'laboration d'une vision stratgique fonde sur les perceptions des populations et les diffrentes analyses des Rapports sur le dveloppement humain au Bnin. Cette vision a inspir l'laboration par le Gouvernement d'un document de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP) qui couvre la priode 20022004, et d'un Programme d'Action du Gouvernement pour la priode 2001-2006. Aussi, pour relayer les efforts nationaux et la proccupation du Sommet de Monterrey de mars 2002 et y renforcer, notamment au niveau national, des options plus centres sur l'panouissement de l'tre humain, le prsent Rapport traite de la question du financement du dveloppement humain. Cette thmatique voque la question fondamentale du financement type ncessaire pour garantir un processus quitable de dveloppement humain durable. Le financement du dveloppement humain est d'un genre diffrent qui respecte le principe de la suprmatie de l'thique sur l'conomique. Il ouvre la voie une approche dans laquelle le libralisme et ses mcanismes deviennent des instruments qu'il convient de subordonner l'impratif de la maximisation de la gamme des possibilits qui s'offrent aux populations les plus dfavorises. L'tude entend donc contribuer explorer tous les contours des politiques de financement qui rpondent cet objectif. Le calcul conomique ne doit pas dterminer lui seul si des dpenses de sant et d'ducation doivent tre entreprises. Autrement, la sant des populations non productives telles les vieillards, les infirmes, les malades mentaux, etc., ne serait pas prise en compte. Or, elle importe autant que celle des travailleurs. De mme, le contenu de l'ducation ne doit pas seulement prparer exercer des activits productives. L'ducation, c'est aussi l'approfondissement des connaissances sur le monde de manire largir les horizons des jeunes. La rflexion sur les moyens de raliser le financement adquat du processus de dveloppement humain durable est l'objet du prsent Rapport qui vise analyser les politiques et stratgies mises en uvre pour promouvoir le dveloppement : les mcanismes classiques, leur contribution, leurs limites ; les nouveaux instruments plus adapts aux exigences du DHD, leurs forces et leurs limites. Il ressort de l'analyse que les systmes et mcanismes de financement du dveloppement existants ainsi que les ressources extrieures peuvent tre mieux orients pour prendre en compte l'enjeu majeur de la question du financement du dveloppement humain qu'est, selon l'approche " dveloppement humain ", l'largissement des possibilits et des potentialits des individus mener une vie crative et panouissante. Cette approche vise permettre tous, (en commenant par les personnes les plus dfavorises) un meilleur accs une vie longue, une ducation suffisante, un revenu satisfaisant et un cadre de libert sociale, conomique et politique.

Le financement du dveloppement humain est d'un genre diffrent qui respecte le principe de la suprmatie de l'thique sur l'conomique.

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L'analyse de l'volution des indicateurs de Dveloppement Humain a fait ressortir une lgre amlioration de 2,6% au cours de l'anne 2001, essentiellement imputable aux dimensions : niveau d'instruction et niveau de vie (dont les indices ont connu des accroissements de 5,7% et de 2,1% respectivement). L'amlioration de la situation de dveloppement humain est la rsultante des efforts conjoints des populations, du gouvernement et des partenaires au dveloppement travers les diffrents systmes et mcanismes de financement existants dans le pays. Cette amlioration cache cependant des disparits interdpartementales significatives. Les dpartements (ancien et nouveau dcoupage administratif) dans lesquels se trouvent les centres urbains sont ceux dont les indicateurs de dveloppement sont les plus levs. Ils correspondent galement aux dpartements dans lesquels les systmes formels de financement sont les mieux implants. De mme, il existe toujours des ingalits importantes entre les sexes en matire d'volution du dveloppement humain. En effet, l'cart entre IDH et l'ISDH qui est de 2,7% pour l'anne 2001, peut provenir du fait que les hommes ont un meilleur accs aux moyens de financement par rapport aux femmes. Les dficits en matire du DHD paraissent encore profonds et appellent la mise en oeuvre de politiques de financement public volontaristes et mieux cibles. L'analyse du financement public recommande l'Etat de faire des choix quilibrs entre sa responsabilit sociale et ses obligations garantir les quilibres macroconomiques indispensables. Le dbat sur les biens publics a apport une grande contribution l'analyse, et dfini les domaines dvolus la responsabilit de l'Etat tout en lanant un appel la solidarit internationale pour accrotre les ressources de financement indispensables pour contribuer la couverture des besoins cruciaux. La pertinence des choix d'investissements publics doit reposer sur le rle que le DHD assigne l'Etat et aux autres acteurs du dveloppement. L'analyse de l'volution et de la rpartition des dpenses publiques illustre les efforts demeurs limits dans le financement des domaines sociaux. Les ressources utilises dans le fonctionnement des hautes institutions de l'Etat, telles que l'Assemble nationale (1,9% en 1998 et 4,2% en 2002), la Cour Constitutionnelle (2,1% en 1998 et 4,1% en 2002) et la Prsidence de la Rpublique (3,0% en 1998 et 4,5% en 2002) dpassent de loin les dpenses de sant (0,7% en 1998 et 0,9% en 2002). De mme, les dpenses relatives aux affaires trangres, qui portent essentiellement sur les cotisations aux organisations rgionales et internationales, ainsi que les dpenses de scurit tendent toujours augmenter. Comme c'est le cas dans la plupart des pays africains, la scurit intrieure revient trs cher l'Etat ; elle a reprsent 25,6% des dpenses de fonctionnement en 1998, avant de diminuer jusqu' 18,8% en 2002. Cette volution de la proportion des ressources de l'Etat affectes la scurit intrieure contraste avec celle de la situation d'inscurit qui prend de l'ampleur dans les grandes villes du Bnin en pleine extension. Ces dpenses dites des domaines institutionnels constituent ainsi des limites aux possibilits de financement des priorits sociales par l'Etat. En effet, les dpenses relatives aux domaines sociaux se sont rduites 47,4% de l'ensemble des dpenses en 2002 contre 49,0% en 1998. Il importe donc d'amliorer l'efficacit de l'utilisation qui est faite des ressources publiques. En effet, les dficits constats travers les indicateurs prcits avec le bas niveau des taux de ressources alloues aux priorits sociales appellent le relvement des investissements pour l'ducation de base, les soins de sant primaires, les services nutritionnels, les infrastructures d'eau et d'assainissement. Dans un tel contexte, le Bnin est loin

L'analyse du financement public recommande l'Etat de faire des choix quilibrs entre sa responsabilit sociale et ses obligations garantir les quilibres macroconomiques indispensables. Les ressources utilises dans le fonctionnement des hautes institutions de l'Etat, telles que l'Assemble nationale, la Cour Constitutionnelle et la Prsidence de la Rpublique dpassent de loin les dpenses de sant.

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d'atteindre un taux optimum de dpenses de dveloppement humain, ni un taux de dpenses sociales satisfaisant. En effet, il a consacr moins de 3% de son PIB aux priorits de dveloppement humain et moins de 10% des dpenses publiques aux services sociaux essentiels, ce qui est insuffisant pour avoir un impact substantiel sur le niveau actuel du dveloppement humain. Cette situation appelle une imprieuse ncessit pour l'Etat de privilgier les domaines de la responsabilit sociale. Le niveau minimum du taux de priorits sociales sur le PIB qui est gnralement recommand tant de 5%, les pouvoirs publics devraient en faire un objectif prioritaire pour les cinq annes venir.

L'Etat devrait notamment encourager l'extension des Mutuelles de Sant dans le secteur rural ainsi que les services de l'OBSS au secteur informel.

Toutes choses restant gales par ailleurs, l'accroissement des ressources pour les priorits sociales prcites, requiert une restructuration de l'ensemble du budget et une responsabilisation des autres acteurs, notamment le secteur priv et la socit civile. Ces derniers devraient notamment tre encourags contribuer de faon effective la promotion de meilleures conditions de vie et spcialement dans les domaines sociaux o ils ont des avantages comparatifs. L'Etat devrait notamment encourager l'extension des Mutuelles de Sant dans le secteur rural ainsi que les services de l'OBSS au secteur informel. Les services d'assurance maladie, de prvoyance et de protection sociale que ces entits offrent, contribueraient normment amliorer l'esprance de vie des populations. Toutefois, il convient de noter que le financement du DHD ne devrait pas reposer uniquement sur l'Etat. Les diffrents acteurs sociaux devraient galement y contribuer et mobiliser pour cela les moyens qu'ils n'ont pas sur le march des capitaux. En effet, la bonne sant d'une conomie dpend aussi et en grande partie de celle de son systme financier. Cependant, avec la rigueur impose dans la gestion des banques qui les obligent limiter leurs oprations de financements des secteurs rentables, les opportunits des banques contribuer au financement des dimensions du DHD, se trouvent rduites. Leurs mcanismes de financement s'adressent en priorit aux secteurs rentabilit conomique lev et aux populations solvables, cartant ainsi de leur champ d'intervention, les secteurs sociaux, les secteurs faible rendement, les populations dmunies et surtout les femmes. Il a t notamment prouv au Bnin que les femmes accdent difficilement aux crdits bancaires et que le secteur rural est faiblement couvert par les systmes financiers classiques. Pour combler les lacunes du systme financier classique, les systmes de financement dcentraliss ont merg et ont connu un vritable engouement auprs de communauts la base. En effet, les institutions de micro finance (IMF) se sont rvles les plus appropries pour le financement du dveloppement humain en raison de leur implantation gographique et de la souplesse de leurs conditions d'intervention. Leur visibilit est plus importante dans les campagnes que dans les villes. L'impact des systmes financiers bancaire et non bancaire classiques a t plus notable Cotonou et dans les principales villes que dans les campagnes compte tenu de la sous bancarisation et du faible taux de pntration bancaire au niveau du systme productif bninois. Le systme financier au sens large inclut les compagnies d'assurances, les systmes de scurit et prvoyance sociale qui prlvent une portion importante sur l'pargne publique. De part leurs missions, ils contribuent au financement du dveloppement humain travers la couverture de risques qui touchent la vie de la personne humaine. Ces systmes constituent des mcanismes d'pargne institutionnelle, qui travers les oprations de capitalisation peuvent contribuer au financement de certains domaines du DHD, notamment le domaine de l'habitat social. Globalement, le problme essentiel du financement formel par rapport au dveloppement humain n'est pas le fait d'un manque de ressources financires disponibles, mais plutt la rsultante des mcanismes d'allocation des ressources publiques et l'inaccessibilit des populations aux services financiers modernes. Les banques pourraient contribuer au financement du dveloppement humain si elles y taient encourages.Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

... le problme essentiel du financement formel par rapport au dveloppement humain n'est pas le fait d'un manque de ressources financires disponibles, mais plutt la rsultante des mcanismes d'allocation des ressources publiques et l'inaccessibilit des populations aux services financiers modernes.

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A l'image des systmes mis en place dans les pays dvelopps, elles pourraient mettre en place des outils qui lient l'pargne au crdit, comme les systmes d'pargne logement. De mme, l'instar de la Financial Bank, toutes les banques pourraient ouvrir des guichets micro finance et multiplier leurs guichets dans les zones rurales. Aussi, les systmes d'assurances et de scurit sociale devraient-ils tre encourags crer des produits adapts aux populations des secteurs non structurs et du secteur rural particulirement. Enfin, les mcanismes de garantie comme le FONAGA, pourraient stimuler l'largissement des gammes de services offerts par les banques pour toucher les domaines cls du dveloppement humain durable. S'agissant du secteur financier informel, il faut noter qu'il brasse d'importantes sommes d'argent et qu'il est pourvoyeur de ressources financires substantielles aux populations qui n'ont pas accs aux systmes financiers formels, notamment les personnes les plus dmunies, augmentant ainsi les possibilits qui s'offrent ces dernires, notamment la possibilit de raliser de petits projets et de participer la vie communautaire. A ce titre, les systmes informels de financement pallient les insuffisances des systmes formels classiques et les compltent. L'analyse des mcanismes de financement du dveloppement local a montr que mettre la porte des populations les moyens de financement, c'est largir les opportunits d'accs des conditions de vie plus dcentes. La dcentralisation offre donc le meilleur cadre de responsabilisation des communauts la base quant leur participation aux choix et la mise en uvre de politiques qui rpondent leurs aspirations. Cependant, pour tre mme de rpondre aux attentes des populations, l'Etat devrait traduire les engagements lgaux en actions concrtes travers un transfert effectif de comptences et de ressources financires appropries. L'efficacit de la dcentralisation repose aussi sur la capacit des nouvelles entits concevoir des stratgies pertinentes et mobiliser les moyens ncessaires pour la mise en valeur des potentialits locales. Les choix des priorits devront tre guids par des stratgies haut rendement social et par le financement des biens collectifs pour permettre l'accs du plus grand nombre d'habitants aux services essentiels . La stratgie pour une dcentralisation effective devrait inciter galement les autres acteurs s'impliquer davantage dans la promotion du dveloppement la base. En effet, les tudes ont dmontr que les vritables moteurs du dveloppement humain durable la base sont les populations elles-mmes qui, travers leurs organisations autonomes, notamment les Groupements Villageois (GV) et les Unions Sous-prfectorales de Producteurs (USPP) mobilisent des ressources propres et interviennent dans des activits de dveloppement. Un exemple frappant est celui des GV ou USPP des zones cotonnires qui interviennent notamment dans le financement d'infrastructures socio-conomiques et dans le domaine de l'ducation. Il en est de mme de la plupart des confessions religieuses et des ONG. Le principe de la subsidiarit accorde une importance tous ces acteurs sociaux et assurent une complmentarit entre les diffrents acteurs. La cration du Fonds de dveloppement local prvu dans la loi sur la dcentralisation constituerait un grand atout pour stimuler des investissements d'envergure. Cet outil encouragera srement les diverses institutions financires intensifier l'ouverture d'agences dans les communes ; ce qui accrotrait les opportunits de cration de revenus et d'emplois. La socit bninoise reconnat la femme son rle de pilier de la promotion du bien-tre de la famille et de la collectivit, travers ses activits domestiques productives dans les secteurs cls de l'conomie, comme l'agriculture et le commerce. Elle a dmontr par son dynamisme et son esprit d'affaires qu'elle peut tre le moteur du dveloppement conomique et social, en dpit du faible accs aux ressources de financement. L'absence de stratgies cls pour l'allgement de barrires discriminatoires quiRapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003SP EC

... mettre la porte des populations les moyens de financement, c'est largir les opportunits d'accs des conditions de vie plus dcentes.

La cration du Fonds de dveloppement local prvu dans la loi sur la dcentralisation constituerait un grand atout pour stimuler des investissements d'envergure.

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la frappe, la lourdeur des exigences rglementaires et des procdures administratives du systme financier classique, ainsi que les pesanteurs socioculturelles, sont autant de facteurs qui limitent les opportunits des femmes accder au march formel des capitaux. Le march informel est apparu pendant longtemps comme la place financire privilgie des femmes. Aujourd'hui, 59,4% des besoins des entreprises gres par les femmes seraient couverts par le march informel. Toutefois, grce son dynamisme et son combat quotidien, la femme a fini par conqurir la confiance des systmes de micro finance, qui ont dvelopp des mcanismes spcifiques qui tiennent compte de leurs besoins, de leurs aptitudes et de leurs capacits dans les affaires, notamment au niveau de la FECECAM, l'AsSEF, le CBDIBA, et le PADME.

... "financer les femmes, c'est financer le dveloppement humain intgral"

En dpit de l'indisponibilit de donnes dsagrges qui n'a pas permis une analyse approfondie, le Rapport dmontre, par des tmoignages loquents et par quelques exemples chiffrs, que " financer les femmes, c'est financer le dveloppement humain intgral ". En effet, l'analyse d'impact base sur les donnes disponibles des crdits octroys travers les mcanismes de financement prcits, fait ressortir qu'une large autonomie financire leur confre un pouvoir conomique qui permet de valoriser davantage leur contribution au bien-tre de la collectivit et de relever les conditions de vie de la famille. La mise en place d'un Fonds de Garantie des Financements des Activits des Femmes contribuerait normment largir l'accs des femmes aux marchs des capitaux. Dans certains pays, des financements extrieurs ont t mobiliss pour la promotion de telles institutions ou mcanismes, notamment avec la " World Womens Bank ". Enfin, de l'analyse de l'affectation faite de l'aide au dveloppement, et l'instar des biens publics, il ressort que les ressources de financement peuvent tre mieux orients pour prendre en compte l'enjeu majeur du financement du dveloppement humain. La faible efficacit de l'APD conscutive aux conditions d'intervention dictes par les partenaires et la mauvaise gestion faite par l'administration nationale, n'a pas permis de dclencher le processus de dveloppement humain, mais a plutt conduit une dpendance financire du Bnin vis--vis de l'APD dont les effets pervers se sont traduits par le problme de paiements. Compte tenu de la tendance baissire de l'APD, il est ncessaire d'en amliorer la gestion de faon dterminante. L'allgement de la dette travers l'IPPTE, a t conu comme une contribution au financement de certaines dimensions cls du DHD, la sant et l'ducation. Toutefois, cette seule initiative ne peut permettre de trouver des solutions durables au fardeau de la dette. D'une part, l'examen du service prvisionnel de la dette extrieure le montre bien. La diminution attendue du service de la dette aprs la contribution de l'Initiative passerait de 2.9 % du PIB en 1999 1.2% en 2003. Par consquent, il parat crucial de mobiliser des ressources additionnelles. Les recommandations faites par certaines ONG lors du Sommet de Monterrey, qui prconisent la cration de liens entre l'IPPTE et les OMD, et la mobilisation de ressources additionnelles constitueraient une grande contribution si elles taient acceptes par les bailleurs de fonds. Il importe donc de considrer l'aide extrieure comme un palliatif au financement du dveloppement humain qui doit provenir des ressources internes pour rester et demeurer durablement sain. Les motivations et la culture des individus, les changements institutionnels et l'orientation des politiques conomiques, donc la bonne gouvernance, sont les facteurs qui conditionnent l'utilisation rationnelle et quitable des ressources aux fins du dveloppement humain.

La faible efficacit de l'APD conscutive aux conditions d'intervention dictes par les partenaires et la mauvaise gestion faite par l'administration nationale, n'a pas permis de dclencher le processus de dveloppement humain, mais a plutt conduit une dpendance financire du Bnin vis--vis de l'APD dont les effets pervers se sont traduits par le problme de paiements.

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En dfinitive, pour s'engager dans un processus de financement plus efficace du dveloppement humain, des politiques volontaristes s'imposent et pourraient reposer sur les axes stratgiques prioritaires qui ressortent des recommandations ci-dessus, notamment : - L'amlioration de l'accs des personnes les plus dfavorises aux services financiers, notamment au niveau des systmes formels de financement par la multiplication des produits de micro crdits plus adapts aux besoins et aux capacits des populations faible revenu ; - La valorisation de l'approche associative et communautaire, tels les USPP et les GV dans le financement du dveloppement la base ; - L'adoption de mesures et de mcanismes qui formalisent l'autonomie financire des entits dcentralises ; - L'intensification de mcanismes de financement spcifiques aux activits des femmes et surtout dans le secteur rural ; - L'extensions de systmes d'assurances-maladie, de prvoyance et de scurit sociale aux secteurs non structurs et surtout au secteur rural ; - L'amlioration de la gestion de l'aide au dveloppement de manire en augmenter l'efficacit. Par ailleurs, pour pouvoir dvelopper des tudes plus approfondies indispensables pour clairer les choix politiques qu'exige l'allgement des dficits du DHD, il importe de consolider les outils d'analyse et surtout le systme statistique travers la dsagrgation des donnes et leur disponibilit. Par consquent, il importe d'encourager les universits, les centres de recherches et particulirement l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) qui disposent des comptences appropries pour inspirer l'orientation des politiques en matire de financement public dictes par les dficits du dveloppement humain, contribuer l'amlioration des outils d'analyse. L'INSAE devrait notamment publier rgulirement les indicateurs du DHD de manire montrer la pertinence ou non des choix d'allocation de ressources de l'Etat.

Pour pouvoir dvelopper des tudes plus approfondies indispensables pour clairer les choix politiques qu'exige l'allgement des dficits du DHD, il importe de consolider les outils d'analyse et surtout le systme statistique travers la dsagrgation des donnes et leur disponibilit.

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INTRODUCTION

Le Dveloppement Humain Durable (DHD) est un autre modle possible du dveloppement (RMDH, 1994), qui met l'accent sur les relations institutionnelles et sociales comme base essentielle du dveloppement. Ce paradigme, encore mal adopt, lve la dmocratie et les droits politiques au rang de dimensions fondamentales ncessaires pour exprimer les besoins et obtenir leur satisfaction. C'est pourquoi, le DHD largit le concept de niveau de vie en y introduisant la participation la vie de la communaut en plus du revenu par tte, de la sant et de l'ducation. Les ressources conomiques et financires ncessaires pour assurer un tel dveloppement humain durable appellent donc une utilisation spcifique tenant compte de la dfinition du DHD. Pour cela, il faut trouver une rponse prcise la proccupation suivante : Quel financement pour quel dveloppement ? Cette interrogation intresse juste titre les analystes et les dcideurs tous les niveaux, tant au niveau mondial, rgional, sousrgional que national. Cependant, l'objet du prsent Rapport porte sur le " financement du dveloppement humain ", et par consquent, sur les types de financement qui seraient appropris pour le dveloppement humain. Cela revient dire que l'efficacit du financement sera apprcie par rapport au progrs qu'il permet d'atteindre en matire de dveloppement humain, cela, douze ans aprs que le mme thme a t trait dans le Rapport Mondial sur le Dveloppement Humain - dition de 1991. Pour commencer, il importe de bien cerner le concept de dveloppement humain durable et ses dimensions et principes fondamentaux. 0.1. Quel dveloppement convient-il de financer ? Il existe une diversit d'approches visant le dveloppement. Elles diffrent suivant les aspects (du dveloppement) qu'elles choisissent de mettre en relief. La dfinition classique du dveloppement repose davantage sur l'accumulation des richesses et les moyens pour y parvenir sont nombreux. Certaines mettent l'accent sur la ncessit de privilgier l'innovation technologique, d'autres sur la vision long terme du dveloppement, d'autres encore sur la tradition en tant que dimension essentielle. Le paradigme du dveloppement humain durable quant lui met la question de l'panouissement de la personne humaine, notamment sa pleine participation la vie communautaire, au centre des proccupations du dveloppement. La participation souhaite devrait s'observer tant au niveau de la production de la valeur ajoute qu'au niveau de la rpartition des fruits de la croissance conomique . L'attention accorde la personne humaine ne concerne pas seulement les gnrations prsentes, mais galement les gnrations futures dont les possibilits d'panouissement ne doivent pas tre compromises par la satisfaction des besoins d'aujourd'hui. La premire dition du Rapport Mondial sur le Dveloppement Humain (RMDH), en 1990, qui ne parlait pas encore du dveloppement humain durable, mais plutt du dveloppement humain, affirme que ce dernier concept va au-del de la croissance du PIB, du revenu et de la richesse. C'est un modle novateur de dveloppement qui met l'accent sur le rle du capital humain ou social, pris au sens de systmes complexes de relations institutionnelles et sociales qui existent entre individus de manire assurer la participation effective de tous les membres d'un ensemble humain la vie du groupe. Le dveloppement humain se repose donc sur l'utilisation de moyens permettant le renforcement et l'expression libre des capacits humaines, ainsi que laRapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003SP EC

... l'efficacit du financement sera apprcie par rapport au progrs qu'il permet d'atteindre en matire de dveloppement humain

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diversification des possibilits d'panouissement qui s'offrent tous les individus d'une communaut quelconque. Cette forme de capital a toujours t ignore ou subordonne au capital physique dans la thorie conomique dominante. Il s'agit maintenant de trouver, en lieu et place des mcanismes du march ou en complment ceux-ci, des stratgies et actions volontaristes appropries pour appuyer les initiatives endognes permettant aux populations de mieux s'insrer dans un processus de diversification et d'largissement de la gamme des alternatives d'amlioration de leurs conditions de vie. Le dveloppement humain a donc pour objectif principal l'panouissement des hommes partir du potentiel dont ils disposent tous. Cet panouissement n'est pas ncessairement garanti par une forte croissance du produit intrieur brut (PIB), ni mme par un dveloppement purement conomique qui n'implique pas l'universalit du droit de chacun bnficier de manire quitable de l'accs aux possibilits essentielles, savoir : vivre longtemps et en bonne sant ; avoir accs au savoir ; disposer d'un niveau de vie dcent. A ct de ces objectifs fondamentaux qui sont autant de priorits, d'autres dimensions apparaissent : la participation la vie de la communaut, la possibilit d'exprimer sa crativit, l'exercice des liberts politiques, conomiques et sociales, le respect des droits humains, etc. En plus de ces principes, le souci de diffuser la dmarche a conduit le PNUD noncer les grands " piliers " du DHD, qui sont au nombre de cinq, savoir : l'limination de la pauvret, la cration d'emplois durables, la promotion des femmes, la protection et la rgnration de l'environnement et la bonne gouvernance. Ces dimensions du dveloppement humain constituent en fait des moyens de parvenir aux principes fondamentaux prcits. Leur ralisation permettra de crer les conditions minimales pour que tous les tres humains puissent s'engager dans un processus o ils disposent de plus en plus de possibilits d'panouissement. Elles sont dictes par le souci de combattre les ingalits les plus fortes et de favoriser l'mergence d'un contexte propice de bonne gouvernance. Cette dernire dimension se rfre aux modes d'organisation et de relations entre les trois partenaires fondamentaux de la socit : l'Etat, la socit civile et le secteur priv. La bonne gouvernance constitue la condition gnrale de base qui doit faciliter la ralisation des autres priorits. Les modalits pratiques de mise en uvre des stratgies de dveloppement humain soulvent toutefois la question des stratgies et politiques de financement . Les spcificits du Bnin et sa situation actuelle devraient retenir l'attention. Nanmoins, il est ncessaire de les situer d'abord par rapport aux enseignements qu'on pourrait tirer des vnements historiques aux plans mondial, rgional, sous-rgional en matire de financement du dveloppement. 0.2. Financement du dveloppement humain au niveau mondial Les annes 1970 ont vu le monde entrer dans une phase de croissance faible caractrise par des crises conomiques et financires svres et la monte du chmage. La solution mise en uvre par les plus grandes puissances conomiques de la plante a t de promouvoir la mondialisation librale des conomies. Elles ont alors dcid de faire tomber de faon slective les barrires la libre circulation des marchandises et des capitaux. Cette dcision n'a cependant pas permis la reprise de la croissance, ni la rduction

Le dveloppement humain a donc pour objectif principal l'panouissement des hommes partir du potentiel dont ils disposent tous

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des ingalits sociales. Au contraire, elle a conduit des crises conomiques rptition : crise de la dette des pays du Sud au cours des annes 80, faillite des caisses d'pargne aux Etats-Unis, crise du Mexique de 1994-1995, crise de l'Asie de l'Est en 1997, crise de la Russie et du Brsil en 1998, crise de l'Argentine en 2002. Ces crises, qui ont caractris le systme mondial libral, ont provoqu des catastrophes sociales et accentu les ingalits. Pour la premire fois, une crise boursire dans les pays en voie de dveloppement a eu des rpercussions vritablement mondiales, y compris aux Etats-Unis et en Europe o les places financires ont enregistr des baisses spectaculaires. En effet, la crise s'est aggrave en octobre 1996 lorsque les pays du Sud-Est asiatique, pourtant forts de leurs miracles conomiques, ont essuy une srie d'attaques spculatives qui ont caus l'effondrement des marchs financiers locaux, Hongkong et Chine excepts, suivi de dvaluations massives. Les monnaies de certains pays comme l'Indonsie et la Thalande ont perdu plus de 30% de leur valeur. C'est le lieu d'voquer la crise argentine, qui, commence en 2001, a connu son paroxysme en 2002. Ce pays avait ngoci avec le FMI une aide d'urgence de 8 milliards de dollars en vue d'viter la cessation totale de paiements. En change, l'Argentine avait consenti l'interdiction de tout dficit, ce qui signifiait une rduction de 13 30% des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Cela a entran, comme on pouvait s'y attendre, des conflits sociaux qui ont mobilis toutes les couches sociales pauvres du pays. Par ailleurs, la Confrence internationale sur le VIH/SIDA qui s'est tenue Durban en Afrique du Sud, a contribu faire mieux connatre la situation du monde par rapport au flau du VIH/ SIDA. L'Afrique sub-saharienne est la partie du monde la plus touche. Le VIH /SIDA se propage en Afrique australe une vitesse impressionnante et dj le taux de prvalence a atteint 20% de la population adulte au Botswana, au Lesotho, en Namibie, en Afrique du Sud, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe. Dans ce contexte, l'esprance de vie la naissance a baiss jusqu' moins de 30 ans. La nature et l'ampleur du grand danger que reprsente aujourd'hui le VIH-SIDA en Afrique et dans d'autres rgions du monde ont soulev des dbats houleux sur l'inefficacit des mcanismes de rduction de la dette des pays pauvres et sur la pertinence des politiques financires d'austrit prnes par le Fonds Montaire International (FMI). Ces mcanismes et politiques ont eu pour corollaires, la malnutrition des populations des pays en voie de dveloppement, l'affaiblissement de leur systme immunitaire et la destruction des infrastructures sanitaires, crant ainsi des conditions favorables pour la propagation de maladies nouvelles et anciennes. Comment rparer les dgts sociaux ainsi causs et s'engager dans une nouvelle voie qui assurera un dveloppement quitable dont les pays du Sud pourraient profiter dans une mesure satisfaisante ? Face une telle volution dans le monde, il n'est pas surprenant que l'Organisation des Nations Unies ait convoqu, du 18 au 22 mars 2002, Monterrey au Mexique une runion au sommet pour traiter des grandes questions financires ayant trait au dveloppement dans le monde, savoir : Financer le dveloppement sur la base d'une action mondiale ; Mobiliser des ressources financires nationales au service du dveloppement ; Mobiliser des ressources internationales au service du dveloppement, notamment les investissements directs trangers (IDE) et d'autres flux financiers privs ; Faire du commerce international le moteur de la croissance et du dveloppement ; Renforcer la coopration financire et technique internationale pour le dveloppement ; Rsoudre la crise de la dette extrieure.Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

... la Confrence internationale sur le VIH/SIDA qui s'est tenue Durban en Afrique du Sud, a contribu faire mieux connatre la situation du monde par rapport au flau du VIH/ SIDA. L'Afrique subsaharienne est la partie du monde la plus touche.

Comment rparer les dgts sociaux ainsi causs et s'engager dans une nouvelle voie qui assurera un dveloppement quitable dont les pays du Sud pourraient profiter dans une mesure satisfaisante ?SP EC IM EN

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Le financement des pays africains dont les problmes de pauvret demeurent aigus et que le fardeau de la dette extrieure contribue aggraver, reste au centre des dbats. Avec le NEPAD, les Africains eux-mmes tentent de se mobiliser pour prendre en mains leur propre destin et de repenser, pour ce faire, des stratgies de financement plus aptes rpondre aux exigences du dveloppement humain. 0.3. Financement du dveloppement humain aux niveaux rgional et sousrgional Entre 1992 et 2001, on a pu observer les effets des programmes d'ajustement structurel mis en uvre dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. Ces programmes se sont rvls n'tre que des solutions partielles, voire inadaptes, par rapport aux objectifs du dveloppement humain. En effet, s'ils ont permis l'limination de graves distorsions des prix et le rtablissement des quilibres macroconomiques l'intrieur de certains pays, force est de constater qu'ils n'ont pas accord une place importante aux services sociaux de base et encore moins un vritable processus de dveloppement humain. La raction des pays africains l'volution de l'conomie mondiale a t une plus grande adhsion des pays concerns au mouvement des regroupements rgionaux dans l'espoir de mieux bnficier des opportunits attendues de la mondialisation. Ainsi, l'Union Economique et Montaire Ouest Africaine (UEMOA) dont le Bnin est membre, se consolide progressivement et des efforts importants sont faits pour raliser les conditions pralables la russite de l'intgration conomique et montaire des pays membres. Cette forte volont de promotion de l'intgration rgionale n'a cependant pas permis une reprise suffisante de la croissance, ni la rduction de la pauvret et des ingalits sociales. Au contraire, on observe le maintien, voire l'augmentation de la proportion de la population vivant en de du seuil de pauvret montaire. L'incidence de la pauvret tait de 38% en 1987 et de 39% en 19931. Le niveau de dveloppement humain quant lui a connu une amlioration passant de 50% de l'indicateur de dveloppement humain moyen mondial en 1994 70% en 2000. Cependant, l'Afrique continue de regrouper 80% des pays faible indice de dveloppement humain (IDH), 33 (sur 38) des pays les moins avancs et 33 pays pauvres trs endetts (PPTE2). Compte tenu de ce qui prcde, force est de reconnatre qu'aucune solution satisfaisante n'a t apporte fondamentalement au problme de la dette des pays africains. Le cercle vicieux de l'endettement a dbut dans les annes 1970 avec l'apparition des ptrodollars que les banques ont eu besoin de placer, mme des taux trs bas. Les pays africains y voyaient une bonne occasion de financer leur dveloppement d'autant plus que leurs revenus d'exportation taient subsquents. La crise de la dette n'est apparue qu'en 1982 sous le triple effet de la hausse subite des taux d'intrt, de la baisse des revenus d'exportation et de la diminution des flux de capitaux. Le poids de la dette est devenu pour les pays africains un obstacle majeur leur dveloppement en captant des ressources qui devraient tre consacres la couverture des besoins fondamentaux des populations. Le mouvement de sensibilisation pour l'annulation de la dette n'a pas encore abouti convaincre les bailleurs de fonds s'allier de faon solidaire cette proposition. Ce mme mouvement prconise aussi la mobilisation de nouvelles ressources pour concourir de faon effective l'limination de

... on observe le maintien, voire l'augmentation de la proportion de la population vivant en de du seuil de pauvret montaire. L'incidence de la pauvret tait de 38% en 1987 et de 39% en 1993

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(PNUD, 1999, La lutte contre la pauvret en Afrique subsaharienne Les Pays Pauvres Trs Endetts (PPTE) sont les pays dont le revenu annuel moyen par habitant est infrieur 650 dollars US et qui rpondent aux conditions suivantes : VAN dette / X > 150% X/PIB > 30% VAN dette / T > 250% T/PIB < 15% (VAN = Valeur Ajoute Nette; X = Exportations; T=Recettes publiques)

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la pauvret. La Banque Mondiale et le FMI, ont t encourags valuer les effets de l'Initiative en faveur des ''Pays Pauvres Trs Endetts'' (PPTE) pour favoriser la rflexion sur les solutions durables au problme de l'Aide. En effet, l'Afrique pensait adoucir considrablement le poids de sa dette grce la dcision en 1996 de la Communaut Internationale, de lancer un plan d'allgement de dette en faveur de 42 pays considrs comme '''Pays Pauvres Trs Endetts''. Ce plan est mieux connu sous l'appellation ''Initiative PPTE''. Cependant, force est de constater que la mise en oeuvre de l'Initiative PPTE est encore loin d'tre la hauteur de l'enjeu. Toutes ces raisons expliquent la dcision de l'Afrique d'apporter sa contribution la recherche des solutions aux problmes du financement du dveloppement et de la rduction de la pauvret. Les dbats africains prconisent une nouvelle approche de l'autofinancement du dveloppement du continent, sans pour autant se substituer la contribution des partenaires extrieurs. C'est la vision du ''Nouveau Partenariat pour le Dveloppement de l'Afrique (NEPAD) '' qui semble rsulter d'une relle volont des dirigeants africains se responsabiliser davantage par rapport aux problmes africains et mobiliser des ressources financires que ces derniers requirent. Cette dtermination africaine s'est manifeste de faon plutt prometteuse. En effet, les Chefs d'Etats de l'Afrique du Sud, du Nigria et de l'Algrie ont labor en 2001, le Programme de Renaissance Africaine pour le Millnaire (MAP). Leur homologue du Sngal a lanc le plan OMEGA au cours de la mme anne. La fusion de ces deux documents a donn naissance au NEPAD que l'Organisation de l'Unit Africaine a adopt Lusaka (Zambie) en juillet 2001. Les i. ii. iii. objectifs de cette initiative commune sont : lutter contre la pauvret ; promouvoir un dveloppement durable ; marquer la place de l'Afrique dans le Monde.

... l'Afrique pensait adoucir considrablement le poids de sa dette grce la dcision en 1996 de la Communaut Internationale, de lancer un plan d'allgement de dette en faveur de 42 pays considrs comme '''Pays Pauvres Trs Endetts''.

S'agit-il l d'un vritable veil africain pour un processus endogne de dveloppement ? Certains le pensent ou l'esprent. 0.4. Financement du dveloppement humain au niveau national Le Bnin n'a pas fait exception la situation gnrale qui prvalait en Afrique subsaharienne, mme si on peut y noter certaines particularits. Le Bnin a connu ses problmes financiers d'abord avec l'accroissement rapide de la dette extrieure ds les annes 80 (1,1 milliards de $ US en 1989 et 1,5 milliards de $ US en 1993) suite l'installation de deux complexes industriels de sucre et de ciment. Les dsquilibres financiers se sont aggravs avec la crise conomique et financire caractrise par une forte baisse de la production, le sinistre du systme bancaire, de srieuses difficults de trsorerie qui se sont traduites par le non-paiement des salaires des fonctionnaires durant plusieurs mois (en 1988), des dficits budgtaires et extrieurs trop importants. Cette situation a contraint le Bnin signer son premier Programme d'Ajustement Structurel (PAS) en 1989. De 1989 2002, trois PAS ont t mis en uvre et ont abouti une amlioration de la situation macroconomique et financire et un apaisement des tensions sociales au Bnin. La croissance conomique a atteint des niveaux meilleurs au cours de la mme priode. Mais les quilibres macroconomiques et la croissance conomique retrouvs suffisent-ils pour conduire au dveloppement humain, la rduction de la pauvret, l'habilitation des femmes et des chmeurs, la prservation de l'environnement naturel, un meilleur respect des liberts, la participation pleine et entire des populations la base aux dcisions qui les concernent ?Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

... Cependant, force est de constater que la mise en oeuvre de l'Initiative PPTE est encore loin d'tre la hauteur de l'enjeu.

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l'volution globalement favorable de la croissance conomique s'est accompagne du maintien de la pauvret et des ingalits

La croissance conomique n'entrane pas ncessairement le dveloppement humain. A cet effet, le rapprochement des volutions de la croissance conomique et de la pauvret au Bnin est rvlateur cet gard. En effet, l'volution globalement favorable de la croissance conomique s'est accompagne du maintien de la pauvret et des ingalits. Loin de rgresser, l'incidence de la pauvret est reste globalement stable dans le pays. De 28,9% en 1995, elle n'est passe qu' 29,6% selon les dernires enqutes qui ont port sur la priode de rfrence 1999-2000. Cette situation montre clairement que l'accroissement de la valeur ajoute globale n'est pas utilise pour financer de manire adquate la rduction de la pauvret au Bnin. D'o l'intrt du prsent Rapport qui se veut une analyse critique de l'utilisation actuelle des ressources et un plaidoyer pour une gestion rsolument oriente vers la correction des incohrences entre l'volution du Produit Intrieur Brut (PIB) et de l'incidence de la pauvret. C'est pourquoi, au-del des objectifs de croissance conomique, le prsent Rapport, met l'accent sur la dimension humaine du dveloppement, notamment les aspects les plus essentiels du dveloppement humain, savoir : l'ducation (scolarisation des enfants, alphabtisation des adultes), la sant et l'accroissement du revenu des populations dmunies. Il suffit donc de se focaliser plus sur ces lments fondamentaux qui ne sont pas les seuls dans le dveloppement humain. Les tudes sur les perspectives de dveloppement long terme (NLTPS) du Bnin, ralises aprs une large srie de concertations des diffrentes couches sociales du pays, ont abouti l'laboration d'une vision stratgique nationale du Bnin l'horizon 2025 fonde sur les perceptions des populations et les diffrentes analyses des Rapports sur le dveloppement humain au Bnin. Cette vision a inspir l'laboration par le Gouvernement du Document de Stratgie de Rduction de la Pauvret (DSRP) qui couvre la priode 2002-2004, et d'un Programme d'Action du Gouvernement pour la priode 2001-2006. Aussi, pour relayer les efforts nationaux et la proccupation du Sommet de Monterrey de mars 2002 voque ci-dessus et y renforcer, notamment au niveau national, des options plus centres sur l'panouissement de l'tre humain, le prsent Rapport traitera-t-il de la question du financement du dveloppement humain. Cette thmatique voque la question fondamentale suivante : Comment financer le type de dveloppement qui garantit l'quit, c'est--dire le dveloppement humain durable ? 0.5. Quel financement pour le dveloppement humain durable ? Si la dfinition gnrale du financement s'en tient aux modes de rglement (paiement) des acquisitions et des ralisations de tout genre visant le dveloppement conomique (cration de richesses) ou la jouissance de biens conomiques, le financement du dveloppement humain sous-entend l'identification des types et mcanismes de mobilisation et d'utilisation de ressources conomiques et financires qui produisent les meilleurs effets sur l'largissement des possibilits fondamentales pour tous les individus et les groupes sociaux. Une telle qute conduit ncessairement l'analyste aller contre-courant de la pense dominante qui s'articule autour du paradigme du dveloppement conomique et qui met plus l'accent sur la croissance conomique, l'accumulation du capital, les quilibres financiers et macroconomiques, etc. En effet, dans l'idologie qui sous-tend les politiques conomiques en vigueur, les mcanismes du libralisme conomique l'ont emport sur tout autre instrument de rgulation. Le financement du dveloppement humain se prsente diffremment par rapport au financement du dveloppement conomique ou du dveloppement tout court. Le dveloppement humain accorde la prminence l'thique et au capital humain. Un financement propice la mise en uvre d'un tel paradigme mettra l'accent sur les aspects conomiques et financiers moins en tant que finalits qu'en terme de moyensRapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

Le financement du dveloppement humain se prsente diffremment par rapport au financement du dveloppement conomique ou du dveloppement tout court

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pour atteindre l'objectif principal du dveloppement humain, savoir, l'panouissement des hommes et des femmes. Le financement du dveloppement humain est donc destin assurer les conditions permettant tous les tres humains, sans discrimination, d'exercer leurs choix en commenant par les plus essentiels. Puisque la valeur qui domine dans le dveloppement humain, c'est l'quit entendue comme l'galit des chances pour exercer des choix susceptibles d'assurer l'panouissement de chacun, le financement ne devrait pas se faire prioritairement sur la base de sa rentabilit conomique. Cela signifie que les rgles prsidant habituellement aux choix d'investissements ou de financements devraient changer. Les nouvelles rgles d'valuation s'articuleraient autour de la rpartition quitable des opportunits qui doivent permettre chacun d'assurer son existence et son panouissement. Par ailleurs, contrairement l'usage, le financement ne s'orientera pas prioritairement vers les zones et couches solvables, mais plutt vers les communauts humaines qui sont les plus dpourvues, notamment celles qui sont si dmunies qu'elles sont dans l'incapacit d'effectuer des choix parmi les plus lmentaires. Le financement du dveloppement humain est donc d'un genre diffrent qui respecte le principe de la suprmatie de l'thique sur l'conomique. Il ouvre la voie une approche dans laquelle le libralisme et ses mcanismes deviennent des instruments qu'il convient de subordonner l'impratif de la maximisation de la gamme des possibilits qui s'offrent aux populations les plus dfavorises. L'tude entend donc contribuer inspirer les contours des politiques de financement qui rpondent cet objectif. Des discussions sur les mrites respectifs de la croissance conomique et du dveloppement humain et sur la prminence de ce dernier, sont faites dans les Rapports mondiaux et nationaux du PNUD sur le dveloppement humain. On y retient que les performances du dveloppement doivent tre apprcies non pas seulement en fonction de l'abondance des biens conomiques produits, mais surtout travers la faon dont s'largissent les horizons ou opportunits offerts aux individus. Ainsi, la rflexion sur les moyens de raliser le financement adquat du processus de dveloppement humain durable est l'objet du prsent Rapport qui vise analyser les politiques et stratgies mises en uvre pour promouvoir le dveloppement : les mcanismes classiques, leur contribution, leurs limites ; les nouveaux instruments plus adapts aux exigences du DHD, leurs forces et leurs limites. Le calcul conomique ne doit pas dterminer lui seul les dpenses de sant et d'ducation. Autrement, la sant des populations non productives telles les vieillards, les infirmes, les malades mentaux, etc., ne serait pas prise en compte. Or, elle importe autant que celle des travailleurs. De mme, le contenu de l'ducation ne doit pas seulement prparer exercer des activits productives. L'ducation c'est aussi l'approfondissement des connaissances sur le monde de manire largir les horizons des jeunes. Pour illustrer la pertinence des solutions proposes, la dcentralisation donne l'opportunit l'implication des communauts la base au dveloppement humain durable (DHD) tandis que la mise en place de mcanismes de financement adquats des activits fminines pourrait accrotre la contribution des femmes au DHD. L'tude analyse les mcanismes de financement qui pourraient contribuer la ralisation des objectifs recherchs. Aussi, le Rapport traite-t-il dans un premier chapitre la situation et l'volution de l'conomie et du dveloppement humain au Bnin. Il s'appuie sur l'volution des indicateurs du DHD et propose mme un nouvel indicateur qui permettrait d'apprcierRapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003SP EC

Le financement du dveloppement humain est donc destin assurer les conditions permettant tous les tres humains, sans discrimination, d'exercer leurs choix en commenant par les plus essentiels.

... le calcul conomique ne doit pas dterminer lui seul les dpenses de sant et d'ducation

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l'impact des stratgies et mcanismes de financement sur les conditions de vie des populations. Le second chapitre analyse le financement public du dveloppement humain en se limitant aux financements de l'Etat. L'analyse essaye de situer la responsabilit de l'Etat dans la promotion du DHD. En s'inspirant des dbats en cours sur la notion des biens publics et de la dfinition propose par les rapports mondiaux sur le DHD, l'tude propose les priorits sociales qui doivent tre privilgies dans les choix budgtaires.

Avec la promotion de la dcentralisation et l'adoption de politiques fiscales adquates pour le fonctionnement des entits dcentralises, l'Etat offre l'opportunit aux communauts la base de participer de faon effective et dynamique l'orientation des choix politiques et leur mise en uvre.

Quant au troisime et au quatrime chapitres, ils analysent respectivement les systmes formels et informels de financement et leur contribution au financement du dveloppement humain. Le cinquime et le sixime chapitre analysent les possibilits d'approcher les populations les plus dmunies, des moyens et mcanismes de financement. Ils examinent respectivement l'apport du cadre de la dcentralisation et du financement des activits des femmes au financement du dveloppement humain. Avec la promotion de la dcentralisation et l'adoption de politiques fiscales adquates pour le fonctionnement des entits dcentralises, l'Etat offre l'opportunit aux communauts la base de participer de faon effective et dynamique l'orientation des choix politiques et leur mise en uvre. Un tel cadre encourage aussi les autres partenaires apporter leurs concours l'amlioration des conditions de vie des communauts la base. De faon spcifique, l'tude analyse l'impact des financements accords aux femmes sur le dveloppement humain. Le rapport dmontre que " financer les activits gnratrices de revenus des femmes, c'est moins financer le progrs conomique que renforcer son pouvoir conomique et politique, lever son statut social, promouvoir l'accs une vie dcente de sa famille et de la collectivit ". Enfin, le septime chapitre abordera le financement du dveloppement humain sur la base des ressources extrieures provenant de l'aide publique au dveloppement (APD) et de l'investissement direct tranger (IDE).

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CHAPITRE 1 : SITUATION ET VOLUTION DU DVELOPPEMENT HUMAIN AU BNINLe dveloppement humain des populations ou des individus, des localits ou des pays repose sur les potentialits qu'ils dtiennent, mais aussi et surtout de leurs capacits les mettre en valeur pour garantir leur bien-tre. En effet, ces potentialits offrent les opportunits qui peuvent permettre l'accs des populations des possibilits fondamentales tels que : vivre longtemps et en bonne sant, acqurir un savoir et des connaissances, avoir accs aux ressources ncessaires pour mener une existence dcente et participer pleinement la vie de la collectivit. Toutefois, la multiplication et la diversification des choix accessibles aux tres humains dpendent largement des politiques et stratgies de dveloppement mises en uvre et qui, d'une part conditionnent la gestion quitable ou non des ressources de financement disponibles et, d'autre part se refltent dans l'volution du cadre macro-conomique. Le chapitre prsente dans une premire section l'volution du contexte macro-conomique du Bnin. La seconde section est consacre l'analyse de la situation du Bnin en matire de dveloppement humain partir des indicateurs traditionnels et propose un indicateur de pertinence du financement du dveloppement humain. 1.1. Evolution du cadre macro-conomique L'environnement macro-conomique influence normment l'expression harmonieuse des capacits humaines car il met en exergue les forces et les faiblesses d'une conomie. Par consquent, dans l'optique de cette tude, il s'avre ncessaire d'une part, d'analyser l'volution des grandeurs macroconomiques afin de mieux apprhender et comprendre les effets des politiques macroconomiques et d'autre part, d'apprcier les facteurs de comptitivit de l'conomie. 1.1.1. De la crise conomique des annes 1980 : origine et effets Le Bnin a t lourdement affect par la crise financire des annes 80 et les effets des mesures drastiques d'ajustement restent aujourd'hui perceptibles sur le plan du DHD. Caractrise par un ralentissement de la croissance conomique et par de grands dsquilibres intrieurs et extrieurs, la crise prcite tait la consquence d'une mauvaise gouvernance en matire de financement du dveloppement. En effet, partir des annes 1970, les ambitions de l'Etat dsireux d'assumer pleinement la souverainet nationale reposaient sur la ncessit de mettre en valeur toutes les ressources nationales aux fins du dveloppement intgral et spcialement travers l'exploitation des potentialits conomiques, la cration d'emplois et la mise en place des infrastructures de base. Les choix ainsi oprs devaient se traduire par un volume d'investissements publics importants, avec la nationalisation d'entreprises prives et de banques, une main-mise de l'Etat sur les principaux secteurs, notamment les secteurs de l'exploitation ptrolire, des transports, de la fabrication et de la commercialisation des engrais, sucre et ciment, et un accroissement considrable de la fonction publique. L'Etat s'tait galement assign la responsabilit de promouvoir le dveloppement rural, l'ducation et les services de sant. L'ampleur des besoins de financement qui en ont dcoul sest traduite par une main-mise de l'Etat sur les faibles capacits financires nationales avec une augmentation rapide des dpenses publiques et un alourRapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

Le dveloppement humain des populations ou des individus, des localits ou des pays repose sur les potentialits qu'ils dtiennent, mais aussi et surtout de leurs capacits les mettre en valeur pour garantir leur bien-tre.

L'Etat s'tait galement assign la responsabilit de promouvoir le dveloppement rural, l'ducation et les services de sant. L'ampleur des besoins de financement qui en ont dcoul sest traduite par une main-mise de l'Etat sur les faibles capacits financires nationales avec une augmentation rapide des dpenses publiquesSP EC IM EN

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dissement de l'endettement, choix toutefois ayant touff l'initiative prive. Cependant, la croissance est demeure faible et l'accs des populations des services de qualit en matire de sant, ducation, eau potable, hygine dcente, n'avait pas connu de progrs notables. En effet, d'un taux de croissance moyen annuel de 5% en 1977-1980, le PIB a progress seulement de 3% en moyenne sur la priode 1981-1985 pour enregistrer une baisse de 2% en moyenne en 1986-1987. Au cours de la mme priode, l'IDH n'a volu que de 2,7% passant de 0,197 en 1980 0, 250 en 1990. Ces faibles performances imputables la gestion irrationnelle des finances de l'Etat et des entreprises publiques ainsi qu' la fausse implication des populations dans les choix politiques, ont t aggraves par la dtrioration de la conjoncture internationale en 1986, notamment la baisse des cours mondiaux du coton, la hausse des taux d'intrt, la dprciation du dollar et les chocs ptroliers antrieurs. Cela a conduit une dgradation de la situation financire de l'Etat et de l'conomie, avec pour consquences des difficults de paiement des salaires, de fourniture de biens et services, le non respect des chances de la dette, pour ne citer que ceux l. La plupart des entreprises ont fait faillite et le systme bancaire s'est effondr (75% du portefeuille tait constitu de crances douteuses). Face cette situation de crise conomique et financire aigu, l'Etat s'est trouv devant un dilemme rel : celui de poursuivre des politiques expansionnistes dictes par la responsabilit sociale qu'il s'est fixe, et celui d'appliquer la rigueur financire pour rtablir la viabilit conomique et allger les dficits financiers publics. La responsabilit sociale impliquait notamment le maintien de dpenses importantes pour garantir l'accs des populations aux infrastructures de base, pour couvrir les frais d'une fonction publique devenue plthorique et les subventions aux entreprises publiques. De son ct, la rigueur financire appelait notamment, une diminution drastique des dpenses publiques, la restructuration des entreprises publiques comme condition indispensable au rtablissement des grands quilibres conomiques et financiers et l'accs l'aide des institutions de Bretton Woods. L'Etat a opt pour la rigueur financire et, sous la pression des institutions de Bretton Woods, engag des rformes profondes, surtout dans la fonction publique avec une rduction importante des effectifs, ainsi que dans les secteurs des entreprises publiques et du systme bancaire. A ces rformes s'est ajoute la dvaluation du franc CFA de janvier 1994 qui visait l'amlioration des termes de l'change et la relance de la croissance conomique. 1.1.2. Solutions macroconomiques de la crise et impact sur l'volution des annes 1990-2000. L'ambition antrieure de privilgier le dveloppement social a fait place l'conomie librale, option qui s'est traduite par d'importantes rformes visant la restauration de l'environnement macroconomique viable. Ces choix politiques reposaient sur des programmes d'ajustement structurel conus avec les institutions de Bretton Woods, avec l'objectif de relancer l'investissement et la production. En outre, le Bnin devait rsorber ses dficits budgtaires, liminer ses arrirs de paiement intrieurs et rduire la taille de l'administration pour faire face ses charges de fonctionnement. Des mesures de libralisation de l'conomie ont t mises en uvre. Au titre de ces mesures, on peut citer notamment, la rforme administrative, l'introduction d'un nouveau code des investissements, la restructuration bancaire, la liquidation ou la privatisation des entreprises publiques dfaillantes, la simplification des procdures administratives, toutes choses qui participent la mise en place d'un cadre institutionnel plus incitatif pour la relance de l'initiative prive.Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

... devant un dilemme rel : celui de poursuivre des politiques expansionnistes dictes par la responsabilit sociale qu'il s'est fixe, et celui d'appliquer la rigueur financire pour rtablir la viabilit conomique et allger les dficits financiers publics.

L'Etat a opt pour la rigueur financire et, sous la pression des institutions de Bretton Woods, engag des rformes profondes, surtout dans la fonction publique avec une rduction importante des effectifs, ainsi que dans les secteurs des entreprises publiques et du systme bancaire.

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Les rformes adoptes et mises en uvre ont permis une amlioration globale de la situation conomique et financire. En effet, l'volution des finances publiques a connu de bonnes performances avec la rduction progressive du dficit qui est pass de 7,2% du PIB en 1995, 4,7% en 1997, 2,3% en 1998 et 1,2% en 1999. Avec les rformes fiscales qui se sont succdes, le niveau des recettes s'est progressivement amlior, passant de 34,4 milliards en 1989 182,4 milliards en 1998, soit environ 27% du PIB rel3 . Avec la reprise conomique, les bonnes performances se sont poursuivies, les recettes totales atteignant 266,2 milliards FCFA en 2000 et 288,8 milliards FCFA en 2001 (tableau 1.1). Quant aux dpenses totales, elles se situent en 2000 322,3 milliards FCFA, soit 20,1% du PIB contre 17,5% en 1999 et 16,3% en 1998. La non matrise des dpenses totales en 2000 s'explique par une hausse de 12,8% de la masse salariale et surtout de 38,5% du volume des investissements publics, traduisant ainsi le souci du Gouvernement d'accrotre ses investissements. En 2001, les dpenses s'lvent 331,9 milliards FCFA. Tableau 1.1. : Evolution des finances publiques de 1995 2001 (milliards FCFA).Annes Recettes totales Dpenses totales (+ prts nets) dont Investissement Contributions budgtaires Financements extrieurs Dficit global (base ordonnanceme nt)/PIBSource : Tir du document BiPEN 2001, DGAE/MFE

1995 149,1 221,9 78,2 13,2 65,0 -7,2

1996 171,9 220,3 71,8 7,3 64,5 -4,9

1997 181,9 234,4 83,7 11,9 71,8 -4,7

1998 211,3 223,9 77,4 14,96 62,48 -2,3

1999 233,1 257,9 88,4 21,9 66,5 -1,2

2000 266,2 322,3 122,4 35 87,4 -3,1

2001 281,1 331,9 140,1 46,7 53,1 -3,5

Avec la rforme des entreprises publiques du secteur productif et la libralisation conomique, les options conomiques et sociales du Bnin se sont modifies en laissant davantage de place aux mcanismes du march qui impliquent un plus grand rle du secteur priv . En consquence, le Produit Intrieur Brut (PIB) rel s'est accru un taux moyen de 5,1% par an sur les dix dernires annes. Les annes 1998 et 1999 n'ont connu, cependant, qu'un taux de croissance moindre de 4,5% et 4,7% respectivement, en raison de la crise nergtique qui a provoqu une baisse de la production dans les secteurs secondaire et tertiaire . 1.1.3. Effets pervers de l'ajustement structurel. Les performances enregistres des politiques et rformes macroconomiques des dix dernires annes ont nanmoins gnr des consquences ngatives sur les conditions de vie des populations avec l'aggravation du chmage et de l'indisponibilit de services essentiels. En effet, la rduction des effectifs de la fonction publique et les restructurations des entreprises publiques ont provoqu une norme perte d'emplois, une rduction de l'offre de services, une forte dtrioration de la disponibilit et de la qualit des services de sant, d'ducation, etc. A titre d'exemple, au niveau de l'offre de services bancaires, les populations ont souffert de la liquidation de la Caisse Nationale de Crdit Agricole (CNCA), de la Banque Bninoise de Dveloppement (BBD) et de la Banque Commerciale du Bnin (BCB). L'illiquidit qui s'en est suivie a affect les services financiers de la poste qui

... la rduction des effectifs de la fonction publique et les restructurations des entreprises publiques ont provoqu une norme perte d'emplois, une rduction de l'offre de services, une forte dtrioration de la disponibilit et de la qualit des services de sant, d'ducation, etc.

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Le PIB rel en 1998 est estim 673,347 milliards par l'INSAE.

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n'taient plus en mesure de rpondre ses engagements vis--vis de sa clientle essentiellement constitue de populations faibles revenus.. Avec la rduction du budget de l'Etat qui a touch tous les secteurs essentiellement les services sociaux, les phnomnes de pauvret se sont aggravs provoquant mme des remous sociaux, tels que les grves dans l'enseignement et autres mcontentements populaires des personnes dflates de l'administration et des entreprises publiques. Le phnomne de taxis-motos communment connu sous le nom de ''Zmidjan'' est apparu comme le refuge privilgi des dflats de la fonction publique et des entreprises et des jeunes diplms sans emploi. Par la suite le phnomne s'est amplifi avec celui de l'exode rural. 1.1.4. Structure de l'conomie bninoise Sur toute la priode de 1993 2002, la contribution respective des diffrents secteurs au PIB rel n'a pas vari sensiblement. En effet, l'apport du secteur tertiaire est le plus lev, soit en moyenne 42,8% sur la priode avec une variation assez faible qui reste dans les limites de 40,9 et 46,8%. Il faut noter la place prpondrante qu'y occupe la branche ''commerce'' Le secteur primaire, qui vient en seconde position, se situe en moyenne 36,2%. Sa participation, qui est essentiellement fournie par la branche ''production vgtale'', est reste assez stable, variant entre 33,5 et 38,2%. Ce secteur a enregistr le taux de croissance le plus lev au cours de la priode sous revue. (voir tableau A.1.1. (a) et (b) en annexe). Le secteur secondaire apporte la plus faible contribution au PIB rel avec 14,2% en moyenne sur la priode sous revue. Elle se compose surtout de la valeur ajoute des branches ''industries manufacturires'' et ''BTP''. La croissance de ce secteur est la plus volatile, variant entre zro et 9%. Les faibles performances de ce secteur sont essentiellement imputables la branche '' Eau, gaz et lectricit'' dont la croissance est fortement ngative (-19,6% en moyenne). Par contre, la branche '''BTP'' est la plus dynamique avec une croissance moyenne de 10,6% au cours de la priode, qui cache cependant une dclration tendancielle depuis 1999 lie la crise nergtique dclenche par une importante baisse de la pluviomtrie. L'conomie bninoise demeure peu performante en raison de nombreuses contraintes qui limitent les capacits et les opportunits de promouvoir un dveloppement humain durable et rapide, notamment l'insuffisance et la faible qualit des infrastructures conomiques et sociales, le faible dveloppement de l'entreprenariat national et l'insuffisance d'une main d'uvre qualifie. 1.1.5. Infrastructures conomiques et sociales de base

Le phnomne de taxis-motos communment connu sous le nom de ''Zmidjan'' est apparu comme le refuge privilgi des dflats de la fonction publique et des entreprises et des jeunes diplms sans emploi.

Le rseau routier a connu des dveloppements significatifs ces dernires annes mais reste trs insuffisant pour couvrir les besoins de l'conomie.

Le Bnin fait face de srieuses insuffisances en matire d'infrastructures conomiques et sociales de base dans tous les domaines. Le rseau routier a connu des dveloppements significatifs ces dernires annes mais reste trs insuffisant pour couvrir les besoins de l'conomie. Les diffrents dpartements et communes sont accessibles par des routes carrossables permanentes. Plusieurs sont traverss par des routes bitumes inter - tats gnralement en bon tat. Cependant, il faut noter leur exigut et leur mauvais entretien. De plus, de nombreuses zones rurales restent fortement enclaves et difficiles d'accs par la route, en particulier durant les saisons de pluies.Rapport National sur le Dveloppement Humain au Bnin - dition 2003

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Le domaine de la communication tlphonique du Bnin est le moins performant de la sous rgion. La rentabilit et le fonctionnement de l'Office des Postes et Tlcommunication (OPT) laissent