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livres nouveaux Pour l'essentiel, ces livres nouveaux com- plètent la Sélection 1981 parue dans la Revue n" 80. Il serait impossible de publier ici tous les commentaires dont nous disposons sur l'ensemble de la production; mais nous aurons l'occasion, dans de prochains Pour ou contre, d'évoquer d'autres titres plus ou moins discutables et discutés. Livres d'images Aux éditions Benn, diffusées par Garnier : Une journée mémorable, de Bernard Stone, illustré par Anton Pieck. En Hollande, au siècle dernier, la rue et les boutiques dans une petite ville, peu avant Noël. Images de style ancien, pleines de détails et de vie : les commerçants et leurs clients, les enfants et leurs jeux, aspects pittoresques de la vie d'autrefois. En fin d'album, paroles et musique d'un chant de Noël. Au Centurion jeunesse, quatre petits albums aux pages cartonnées sans texte: C'est à moi, de Hermann Wernhard, et Mes premières affaires, de Helmut Spanner, représentent des objets familiers aux tout-petits, à partir de 15 ou 18 mois. Ça bouge, ça change, de Wolfgang de Haën, et Le vent, le vent, de Max Velthuijs, pro- posent une première observation d'objets en mouvement ou en évolution. Deux albums sans texte de Rolf et Margret Rettich : Connais-tu Charlie? A chaque double page, petite aventure d'un enfant qui se débrouille comme il peut dans diverses circons- tances. Amusant, pour 5-8 ans. Voici les petits Loriot, réédition en un volume de deux bons albums parus en 1976 : "La journée des petits Loriot", et "Les petits Loriot sont là". L'École des loisirs reprend, après Hachette, la réédition en fac-similé des grands albums Babar. Voici donc, complet, dans le format et les cou- leurs de l'original, Babar et le Père Noël, de Jean de Brunhoff. Encore un joli album de Marie Hall Ets : Dans la forêt. Tous les animaux, les uns après les autres, suivent le petit garçon qui s'en va, "tout guilleret, avec sa nouvelle trompette" et son cha- peau en papier; mais il est seul à les voir: papa n'en saura rien. Grimoire, formules magiques à l'usage des enfants, texte d'Anne-Marie Chapouton, images d'Agnès Rosenstiehl : pour calmer les parents neryeux, transformer un affreux jojo en chou- fleur, dire bonsoir à la nuit en fermant ses rideaux, etc. Un thème typiquement enfantin. Valentine fait de la soupe aux orties, nouvelle aventure de Valentine, par Boris Moissard et Michel Gay : refusant de ranger sa chambre, elle s'en va et entraîne ses cousins dans sa révolte ; on construit une cabane où on mangera la soupe aux orties; la nuit, on a un peu peur et l'on est trempé jusqu'aux os. Mais cela finit par un sau- vetage et beaucoup de crêpes Suzette. Vivant, drôle et plein de détails empruntés à l'expé- rience des enfants. En Lutin poche, George fait du vélo, de H.A. Rey, suite des histoires du petit singe que les plus jeunes aiment beaucoup. Rééditions en petit format : L'arche de Noé, de Peter Spier, Porculus, d'Arnold Lobel, Goupil, de Samivel. Chez Flammarion: Monsieur et Madame Por- cinet dînent en ville, de Mary Rayner. Une louve baby-sitter et dix petits cochons. Très drôle, mais publicité douteuse pour les gardes d'enfants ; la fin aussi reste ambiguë car la louve ne semble pas partie pour toujours. Chez Gallimard, Fais-moi un sourire, de Diane Paterson. Satire de la bonne femme collante qui veut absolument bêtifier avec le bébé ; celui-ci, ennuyé, excédé, horrifié, sourit enfin quand l'en- quiquineuse est partie. Moins appréciés, dans la même collection: Allô, Margot? de Jeffrey Allen et James Mars- hall. Une cane travaille à l'horloge parlante et quand elle est malade, rien ne va plus. Noirs et blancs, de David McKee: éléphants noirs et blancs se font une guerre à mort ; plus tard, chez les pacifistes survivants, devenus gris, une nou- velle querelle oppose les petites oreilles et les grandes... Chat qui danse, de Fredrik Vahle et Helme Heine: des amours de chat, bien décevants. Dans la collection Folio benjamin : Baptiste et son chien, d'Helen Oxenbury. Un enfant qui se plaint d'être seul se trouve un chien pour jouer au goûter, au prisonnier, aux pirates... "Tu vois

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livres nouveauxPour l'essentiel, ces livres nouveaux com-

plètent la Sélection 1981 parue dans la Revuen" 80. Il serait impossible de publier ici tousles commentaires dont nous disposons surl'ensemble de la production; mais nousaurons l'occasion, dans de prochains Pour oucontre, d'évoquer d'autres titres plus oumoins discutables et discutés.

Livres d'images

Aux éditions Benn, diffusées par Garnier : Unejournée mémorable, de Bernard Stone, illustrépar Anton Pieck. En Hollande, au siècle dernier,la rue et les boutiques dans une petite ville, peuavant Noël. Images de style ancien, pleines dedétails et de vie : les commerçants et leurs clients,les enfants et leurs jeux, aspects pittoresques dela vie d'autrefois. En fin d'album, paroles etmusique d'un chant de Noël.

Au Centurion jeunesse, quatre petits albumsaux pages cartonnées sans texte: C'est à moi, deHermann Wernhard, et Mes premières affaires,de Helmut Spanner, représentent des objetsfamiliers aux tout-petits, à partir de 15 ou18 mois. Ça bouge, ça change, de Wolfgang deHaën, et Le vent, le vent, de Max Velthuijs, pro-posent une première observation d'objets enmouvement ou en évolution.

Deux albums sans texte de Rolf et MargretRettich : Connais-tu Charlie? A chaque doublepage, petite aventure d'un enfant qui sedébrouille comme il peut dans diverses circons-tances. Amusant, pour 5-8 ans.

Voici les petits Loriot, réédition en un volumede deux bons albums parus en 1976 : "La journéedes petits Loriot", et "Les petits Loriot sont là".

L'École des loisirs reprend, après Hachette, laréédition en fac-similé des grands albums Babar.Voici donc, complet, dans le format et les cou-leurs de l'original, Babar et le Père Noël, de Jeande Brunhoff.

Encore un joli album de Marie Hall Ets : Dansla forêt. Tous les animaux, les uns après lesautres, suivent le petit garçon qui s'en va, "toutguilleret, avec sa nouvelle trompette" et son cha-peau en papier; mais il est seul à les voir: papan'en saura rien.

Grimoire, formules magiques à l'usage desenfants, texte d'Anne-Marie Chapouton, imagesd'Agnès Rosenstiehl : pour calmer les parentsneryeux, transformer un affreux jojo en chou-fleur, dire bonsoir à la nuit en fermant sesrideaux, etc. Un thème typiquement enfantin.

Valentine fait de la soupe aux orties, nouvelleaventure de Valentine, par Boris Moissard etMichel Gay : refusant de ranger sa chambre, elles'en va et entraîne ses cousins dans sa révolte ; onconstruit une cabane où on mangera la soupeaux orties; la nuit, on a un peu peur et l'on esttrempé jusqu'aux os. Mais cela finit par un sau-vetage et beaucoup de crêpes Suzette. Vivant,drôle et plein de détails empruntés à l'expé-rience des enfants.

En Lutin poche, George fait du vélo, de H.A.Rey, suite des histoires du petit singe que les plusjeunes aiment beaucoup.

Rééditions en petit format : L'arche de Noé, dePeter Spier, Porculus, d'Arnold Lobel, Goupil, deSamivel.

Chez Flammarion: Monsieur et Madame Por-cinet dînent en ville, de Mary Rayner. Une louvebaby-sitter et dix petits cochons. Très drôle, maispublicité douteuse pour les gardes d'enfants ; lafin aussi reste ambiguë car la louve ne semble paspartie pour toujours.

Chez Gallimard, Fais-moi un sourire, de DianePaterson. Satire de la bonne femme collante quiveut absolument bêtifier avec le bébé ; celui-ci,ennuyé, excédé, horrifié, sourit enfin quand l'en-quiquineuse est partie.

Moins appréciés, dans la même collection:Allô, Margot? de Jeffrey Allen et James Mars-hall. Une cane travaille à l'horloge parlante etquand elle est malade, rien ne va plus. Noirs etblancs, de David McKee: éléphants noirs etblancs se font une guerre à mort ; plus tard, chezles pacifistes survivants, devenus gris, une nou-velle querelle oppose les petites oreilles et lesgrandes... Chat qui danse, de Fredrik Vahle etHelme Heine: des amours de chat, biendécevants.

Dans la collection Folio benjamin : Baptiste etson chien, d'Helen Oxenbury. Un enfant qui seplaint d'être seul se trouve un chien pour jouerau goûter, au prisonnier, aux pirates... "Tu vois

bien que tu peux jouer seul", lui dit sa mère.Texte et dessin d'une efficace simplicité.

Mystère, mystère..., de Fulvio Testa : qu'y a-t-il derrière la porte? Un monstre poursuit-ilAdrien et ses amis? Que sont-ils devenus? Drôleou angoissant si l'on veut; c'est au lecteur derépondre.

Gros cochon, de Colin McNaughton : ses amisessayent de le faire maigrir pour lui éviter l'exé-cution, mais il est si gourmand...

Dans une bouteille, de Simon Stem : amusante,fantaisie inspirée de deux contes traditionnels;en faisant trop de ménage, la mère Vinaigre cassela bouteille où elle vivait avec son mari. Ils trou-veront un trésor et s'installeront dans un arbre.

Chez Garnier : Le cheval blanc de Suho, contepopulaire mongol raconté par Yùzô Otsuka,illustré par Suekichi Akaba. Un album japonaisdéjà cité pour la qualité des images dans laRevue n°64. C'est l'aventure dramatique d'unjeune berger; son poulain blanc sera la victimed'un seigneur cruel, mais, avant de mourir, ilrévélera à son maître comment fabriquer avecses os, ses crins et sa peau la "viole à tête decheval" qui deviendra l'instrument préféré desbergers.

Chez Nathan : Alex le fabuleux jongleur, deGianni Peg et Renato Ferraro. Un grand album,beaucoup d'images bien mises en page, et jouantavec des textes courts, encadrés. Dans uneambiance 1900, un enfant doué se lance en pleineaventure avec un cirque puis aide les citoyensd'une petite principauté à régler une épineuseaffaire de succession. Nos lecteurs ont aimé lapremière moitié et beaucoup moins la seconde.

Quatre Livres d'images Nord-Sud, diffuséspar le Centurion :

Le petit chien, de Desanka Maksimovic etJozef Wilkon. On ne sait pas d'où il vient mais, àla ferme, il sympathise avec chacun, partageantla tristesse des uns, la joie des autres ; puis il s'enva. On ne l'oubliera pas. Images sépia d'un stylepersonnel, silhouette ébouriffée du chien auxyeux vifs. Discret mais attachant.

Selina, Trottegrignotte et le chat Florian, deSusi Bohdal. Selina veut sauver son amie la sou-ris, mais le chat menaçant grandit avec la peur del'enfant jusqu'à devenir plus haut que les mai-sons. En dominant ses craintes, Selina ramène lechat à sa taille normale et retrouve la paix. Bellesimages en noir, avec deux pages d'explicationssur la réalisation d'une eau-forte.

Le corbeau et le renard, de Ruth Hùrlimann.Le texte étire longuement le thème de la fable,mais les images sont belles et l'album très bienprésenté. A raconter librement aux petits.

L'homme à la pomme, de Janosch. Rééditiondans une nouvelle traduction d'un bon albumparu autrefois aux éditions Clairefontaine-Vilo,sous le titre "La pomme et le dragon" : il faudraun dragon pour se débarrasser de cette pommemonstrueuse. Le petit homme rêvait d'une sim-ple pomme; il n'en demandait pas tant!

Aux éditions du Sorbier: Où vont les trucs dupissenlit quand le vent les emporte? d'Yvan Pom-maux. Encore un très bon album dans la sérieLola, à laquelle une fiche est consacrée dans cenuméro. Il s'agit ici de la diffusion des graines etde la croissance des plantes. Et les images sontparticulièrement belles.

Dans la même série, avec un propos tout diffé-rent : Mon oncle Campagnollo, une histoire declown.

Un nouvel album du Sourire qui mord, dans lacollection Plaisirs : Pour de rire, de ChristianBruel et Nicole Claveloux. Des petits person-nages dans un train fantôme imaginaire. Beauxdessins noirs d'un style proche de la bande dessi-née et qui parleront surtout peut-être aux aînés.

Bandes dessinées

Chez Dargaud : Hi-Yo, c'est l'écho, de F'Murr,le sixième volume du Génie des alpages, pour lesinconditionnels des f'murresques pâturages.Ça commence bien avec Saint-Ex, la Création dumonde, l'écho... Après ça plane un peu.

Du nouveau chez Dupuis avec Hé, Nie, turêves? d'Hermann. Nie, à qui l'on refuse un ani-mal, rêve d'une arche de Noé en caisses, qu'illibère malgré l'irascible capitaine Bang. Pour lesplus jeunes un peu cultivés qui repéreront lesmultiples allusions à Jules Verne, Stevenson,Little Nemo, etc.

Poésie, comptines, chansons

Les éditions de l'Amitié relancent dans leursnouveautés de fin d'année un bel album de 1980 :Les papillons de Pimpanicaille. Préface de Fran-çois Ruy-Vidal, images d'Alain Gauthier. 324comptines, chacune suivie de la mention de sonpays d'origine. Bon choix, bonne typographie,illustrations amusantes.

A l'École des loisirs : Le grand duc des Chichi-buques, comptines anglaises choisies et illustréespar Arnold Lobel. Adaptation française de Ber-nard Noël. Excellentes illustrations pour cemonde britannique du nonsense que le françaispeut rejoindre à condition d'être inventif. La

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postface de Bernard Noël justifie bien sonpropos.

Dans la collection Chanterime, Grimaces etmalices, de Christian Poslaniec: cramponnez-vous, jeunes lecteurs, la poésie est au bout...

Aux Éditions Ouvrières, collection Enfanceheureuse, Au rendez-vous de l'arc-en-ciel, dePierre Menanteau, un des rares vrais poètes del'enfance.

Publié par la Farandole/Messidor, collectionPoésimages: II était une fois les mots, composépar Yves Pinguilly, avec une "typoscénie" d'An-dré Belleguie. Du lettrisme au calligramme, de lacomptine au poème humoristique, des textes deHugo, Prévert, Eluard, Rimbaud, Michaux,Queneau, Péret ou Jacqueline Held. Un désordreesthétique, savant sans doute, et parfois réussi,en rend l'accès difficile. Cela tient du montageaudo-visuel et de la valise du prestidigitateur.Quelle chance reste-t-il au lecteur de rencontrerici la présence du poème?

Dans les albums du Père Castor-Flammarion,Premières lectures : La jument de Michau etautres chansons recueillies par Yvon Guilcher,illustrées par Gérard Franquin. Six chansonsanciennes, paroles et musique, peu connues dugrand public. Avec deux pages de présentationpour les adultes.

Chez Gallimard: Ce qu'on dit au poète à pro-pos de fleurs, un poème de Rimbaud illustré parAgnès Rosenstiehl. Intéressant pour plusieursraisons : c'est un album qui s'adresse aux adoles-cents bons lecteurs et l'illustratrice, sans aban-donner d'abord ses personnages enfantins, révèledans la seconde partie un talent de peintre d'uneinspiration et d'un style tout à fait nouveaux. Enoutre, elle commente page à page le texte avecdes citations empruntées à des magazines et à desouvrages de vulgarisation du XIXe siècle. Unedémarche qui éclaire un aspect des rapports deRimbaud avec la société de son temps.

Dans la collection Folio benjamin : Quandje rêve, par Jacques Charpentreau, d'après unpoème de Thomas Hood, images d'Ivan Wijn-gaard. Un enfant rêve de tous les animaux qu'ilpourrait être; images jolies et amusantes.

Fabliettes, de Guillevic, images de Laurie Jor-dan. Petits textes gratuits, mais pas faciles pourautant. Images bien venues.

En Folio junior, dans la série En poésie : Fenê-tres, présenté par Jean Delaite. Ce choix com-mence par un gris plutôt sombre ; à feuilleter depréférence, pour en découvrir la diversité. Desphotos de fenêtres, de volets, de rideaux, illus-

trent cette anthologie et c'est un heureux change-ment, dans cette collection souvent banalisée pardes images à tout faire.

Contes et romans

Aux éditions de l'Amitié : Un chien de saison,de Maurice Denuzière, images d'Alain Gauthier.Extrait d'un roman paru chez Jean-Claude Lat-tes. Comment un boxer apprivoise un homme, leconditionne, l'absorbe... et devient pour tou-jours un véritable ami. Facile peut-être, maisbien observé.

Dans la collection Ma première amitié, unepièce en un acte de François Sautereau : Nicolaset la montre magique ; une aventure d'enfants surun thème de conte traditionnel : celui du tempsmagique et du temps vécu dans le réel. Dialoguessimples qui peuvent être mis en scène facilementavec les jeunes.

Dans la Bibliothèque de l'amitié : Picoti Picotaune poule arriva, de Mathias Riehl. Commentanimer un grand ensemble: en élevant despoules. Un enfant réussit ainsi à réconcilier lesgens et même à désarmer les promoteurs. Sujetmince, mais agréablement conté.

Les orphelins du creux du loup, de Dana Broo-kins, est un curieux roman, qui se lit bien : unoncle ivrogne par chagrin, un crime de la jalousieet deux jumeaux que leur naturel et leur excep-tionnelle entente sauvent dans les situations lesplus difficiles.

Dans les Chemins de l'amitié : Les sept feux del'enfer, de Jean Coué. Bretagne sauvage, maréenoire et le style poétique cher à l'auteur. Diverse-ment apprécié.

Chez Bordas, collection Aux quatre coins dutemps, Fatik et le jongleur de Calcutta, de Satya-jit Ray: un enfant kidnappé devient amnésiqueaprès un accident d'auto; il rencontre un jeunebateleur, qui lui procure du travail et l'aide àretrouver sa famille. Ce roman simple et chaleu-reux est d'un cinéaste indien bien connu, dont onse rappelle surtout le film Palher Panchali.

Chez Casterman, collection l'Ami de poche:Le monstre de Borough, de John Flanders (un despseudonymes de Jean Ray). Dans la bonne tradi-tion du fantastique: les brumes de Londres, unmonstre fabriqué par un personnage diabolique,une demoiselle en danger. Le tout bien illustrépar Tardi, qui se trouve ici dans son élément.

Je suis un nuage, de Dagmar Kékulé: pro-blèmes d'adolescente dans un milieu déboussolé.Le roman commence bien par le contrepointd'une rédaction volontairement conventionnelleet les réflexions que se fait en l'écrivant la jeunePauline sur les tristes réalités de sa propre vie. La

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rencontre d'un garçon qu'elle cache chez elle, lapolice, l'obsession de tirer sa mère de la main despsychiatres, un rêve de liberté, tout aboutira au"foyer" pour mineures inadaptées. Discuté maisnon dénué d'intérêt et de vérité.

L'ami Fritz, d'Erckmann-Chatrian, un classi-que curieusement interprété par l'illustrateur,Jean-Claude Lutton, dans le style caricatural.

Chez Jean-Pierre Delarge, énième édition d'unconte d'Andersen, Les habits neufs du roi. Trèsbeaux dessins de Fulvio Testa ; l'adaptation deBernadette Delarge n'est pas infidèle, mais onpeut préférer l'original.

Chez Denoël, second volume des Contes popu-laires italiens recueillis par Italo Calvino. "Jesuis persuadé, dit-il, que les contes ne sont quevérité." Traduction de Nino Franck. Deuxautres volumes annoncés.

A l'École des loisirs, collection Lutin poche,Le Petit Chaperon rouge, "raconté en images parEdward Gorey et tourné en vers par ChristianPoslaniec". Il s'agit de la version des frèresGrimm, renouvelée par des illustrations remar-quables et un texte d'un ton familier bien adaptéaux enfants d'aujourd'hui.

Dans la collection Joie de lire, La familleCochon, de Lillian Hoban: des gens qui ne cher-chent pas les problèmes et se sentent chez euxn'importe où.

Une bonne affaire pour Françoise, de RusselHoban : échanges et petit commerce entre deuxmouffettes, qui ont le comportement et les réac-tions typiques des jeunes enfants. Une réussite.

La sieste d'Ursule, de Boris Moissard etMichel Gay: une paisible ourse blanche secouche sur un iceberg; c'était justement la plate-forme de forage qu'on cherchait partout et quiavait gelé. Voilà Ursule entraînée dans l'agita-tion des hommes. Amusant et bon enfant.

Histoires fraîches, et Trois noëls en forêt, deJean-Loup Trassard: textes pas évidents sur desthèmes sans grande surprise.

Hors collection. Les citrouilles du diable, deGérard Pussey et Michel Gay. Le fils de maîtreGuillaume veut être jongleur et se marier avec lafille du roi. Il réussira en déjouant les pièges dudiable. L'agrément du livre tient à la drôlerie durécit et des images.

En Renard poche: Histoires douces-amères;un nouveau recueil de Maupassant illustré parPhilippe Dumas. Sept nouvelles où dominent lepittoresque et l'humour noir.

A la Farandole, collection Feu follet : Robots,historique de la robotique mobile du XXIe auXXVe siècle, par William Camus, illustré par

Jean-François Pénichoux. Amusant ou sinistre,comme on voudra : la science-fiction prédit tou-jours un futur inhumain. Camus en tire un cata-logue de robots avec des commentaires, dans lestyle des albums américains déjà publiés chezDargaud et Grùnd. On aurait aimé quelquesdétails sur ses sources d'inspiration.

Flammarion réédite Jonathan Livingston legoéland, de Richard Bach, sous la forme d'ungrand album illustré de photos en couleurs deJordi Olavarrieta ; belles pour la plupart, ellessont parfois gâtées par une prétention symboli-que qui sent l'artifice. Retour fâcheux de la pré-face de Closterman, à laquelle échappe l'éditionen Castor poche.

Dans la collection Castor poche:Mon bonheur s'appelle Jonas, d'Eliska Hore-

lova, illustré par Joraslav Junek. Une rédactionsur le bonheur? Radka n'a pas besoin de réflé-chir: son rêve, c'est d'avoir des chiens et deschats ; mais pour le réaliser, ce sera toute uneaventure, vivante et bien racontée.

Le conteur de Marrakech, de Tony Barton,illustré par Helen Backhouse. Un jeune Maro-cain s'échappe chaque jour pour aller sur laplace écouter un conteur; comme il le démon-trera bientôt à son père, ce qu'il apprend ainsi estplus utile que l'école à la formation d'un mar-chand. Beaux contes et spirituelle leçon.

Une enfance en Sibérie, de Victor Astafiev.Ilia, onze ans, quitte son foyer, où les rapportsavec sa belle-mère sont difficiles, et partage la vied'une équipe de flotteurs de bois. Un romanexceptionnel sur l'apprentissage de la vie, lesrapports de confiance et d'échange entre lesadultes et un enfant. Fiche dans ce numéro.

L'harmonium, de Glendon Swarthout: trans-porter un harmonium en pleine neige la nuit deNoël pour faire une surprise à grand-mère, c'estun exploit que le vieux grand-père ne pourra réa-liser jusqu'au bout, mais son petit-fils le fera,avec une aide surnaturelle dont le mystère resteinexpliqué. Étrange et réaliste, c'est un beauroman qui ne laisse pas indifférent.

Quitter son pays, de Marie-Christine Helger-son, illustré par Marie Gard, raconte l'exoded'une famille du Laos : la guerre, la traverséedangereuse du Mékong, la mort d'un enfant,l'arrivée en Thaïlande et l'espoir de trouver enfinune terre accueillante.

Les grottes oubliées, de Hans Baumann, illus-tré par Gérard Franquin. Le récit d'une histoirevraie : la découverte, en 1940, des grottes de Las-eaux par quatre enfants ; l'abbé Breuil leur feradécouvrir le monde préhistorique à travers cesfresques si évocatrices et si présentes.

Demain je repartirai, de Marie Ewa Letki. Unenfant infirme rencontre les autres grâce à l'ami-

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tié d'un adulte disponible; ce court récit d'unegrande platitude est moral avec naïveté.

Chez Gallimard: Périlleuse aventure d'unechatte tigrée, de William Mayne, images deNicola Bayley. Le talent de l'illustratrice rachèteun peu la banalité de l'histoire: la chatte Mou-chette suit jusque dans la poubelle la couverturedont elle ne peut se passer.

Dans la collection Enfantimages : Le pont, deFranz Kafka, illustré par Henri Galeron. Pourles aînés ; accord étonnant du texte et de l'imagedans la poésie et la précision d'un rêve.

Le lion et le rat, fable d'Esope illustrée par EdYoung. Des images inattendues, expressives, quiprivilégient le point de vue du rat, avec tout unart du cadrage.

En sortant de l'école, un poème de Prévert,avec l'imagerie familière de Jacqueline Duhèmeet la musique de Joseph Kosma.

Pierrot ou les secrets de la nuit, de MichelTournier, illustré par Danièle Bour. Réédition enpetit format, avec l'inconvénient d'un texte plusdense et moins agréable à lire que dans la pre-mière présentation.

En Folio junior, Le mouchoir jaune et autreshistoires de pirates, de Jack London. Six nou-velles presque toutes parues dans "Les pirates deSan Francisco", collection 10/18; c'est, iciencore, Francis Lacassin qui les présente enracontant en quelques pages la vie de l'auteur.

L'Algérie ou la mort des autres, de VirginieBuisson, illustré par Georges Lemoine. L'expé-rience violente d'une jeune Française, qui vientvivre en Algérie avec ses parents à la veille de laguerre. La vie des gens, les rencontres, la mort, etaussi l'éveil sexuel et sentimental de l'adolescentesont évoqués en phrases courtes et rapides, avecune simplicité frappante.

Dans la série Légendes : Le singe et la gre-nouille, contes de Bali. Aventures du singe trom-peur avec la tortue, puis son amitié avec lagrenouille Mandouka, sa dernière traîtrise et samort. Cahier de tête sur Bali. Bien illustré parPhilippe Mignon.

La saga d'Éric le Rouge, contes nordiques : qua-tre récits, une préface et un cahier documentairecomme dans toute la collection. Les beaux des-sins d'Anne Bozellec s'inspirent de l'art viking.

En 1000 soleils, Le loup des mers, de Jack Lon-don, Le portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde,et L'écume des jours, de Boris Vian, ces deuxderniers avec des éléments biographiques et unebonne iconographie sur les auteurs.

Dans les Grands textes illustrés, Le poneyrouge, de John Steinbeck, illustré par HenriGaleron, L'île au trésor, de Stevenson, avec desimages de Marc P.G. Berthier, qui met l'accentsur les objets, laissant leur mystère aux person-

nages ; enfin Les récrés du petit Nicolas, deSempé-Goscinny, dont le texte nous semblemoins accessible sur deux colonnes (mais ce n'estpas l'avis de tout le monde).

Gautier-Languereau propose Les aventures dePinocchio, de Collodi, en images. Le texte,abrégé bien sûr, donnera cependant aux plusjeunes une juste idée de l'histoire, dans presquetoutes ses péripéties. L'illustration de Giannini,fidèle à l'esprit de l'œuvre, est vraiment uneréussite.

Les éditions Grandir, à Orange, publient Lachèvre et les chevreaux d'après une version rou-maine de Ion Creanga, illustrée par IleanaCeausu-Pendele. Lin grand album aux imagespittoresques avec leurs décors et leurs costumesroumains. Ed. Grandir, René Turc, La Pas-serelle, 84100 Orange.

Chez Hachette, en Bibliothèque verte, le der-nier Hitchcock, L'épouvantable épouvantail, etles ficelles bien connues de cette longue série.

Dans la collection Toboggan, Le printemps dessinges, de Marie-Raymond Farré, illustré parAmato Soro. Un savant domestique des singes,leur apprend à parler, à lire, à travailler, puis lesvend comme employés aux commerçants etmême à l'école ou à la bibliothèque. Mais cesrobots vivants se révoltent et sont chassés de par-tout. Une bonne histoire qui, malheureusement,tourne court.

Dans la collection La bouteille à l'encre, L'en-cadreur de rêves, de Guy Vianney, illustré parPuig Rosado. Une histoire dingue ou amusante— ou lassante, selon les goûts— de corbeauaviateur, d'abeilles qui cueillent des groseilles,d'escargotphones enregistreurs... Même si l'on ades doutes sur le contenu, il faut saluer la présen-tation : images, typographie, mise en pages, cou-verture sont une réussite.

Histoires comme chat, de Cendra Vernaz : enhommage à Kipling, cinq contes qui exaltent lasagesse de la femme et du chat ; de leur compli-cité naît la civilisation, la liberté, le bonheur.Spirituel, bien écrit et très agréable à lire. Lesimages de Sylvain Nuccio ne sont pas de la mêmequalité.

Aux éditions de la Marelle, diffusion Garnier,Dort-debout, Dort-assis, Dort-au-lit en vacances,second album de Jean-Jacques Schakmundès etMichel Boucher, aussi réussi que le premier: artde raconter, gags, mouvement, liberté de la miseen pages. Les trois garçons et leur petite sœurjouent des tours aux gens d'un paisible village aubord de la mer.

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Chez Robert Morel : J'aime les vacances/J'aime pas les vacances, de Marol et Morel. Deslettres d'enfants plus vraies que nature (un "petitNicolas" qui aurait grandi), avec les dessinsmaintenant bien connus de Marol.

Chez Nathan, deux titres dans la collectionBelles légendes: Les plus belles légendes chi-noises, de Tao Tao Liu Sanders, et Les plus belleslégendes des Indiens Peaux-Rouges, de MarionWood. La formule semble intéressante: chaquevolume propose des histoires bien contées, uneintroduction sur le pays, avec une carte, et desannexes concernant l'origine et les symboles deslégendes. Bonne présentation, illustrationsinégales.

Dans la collection Arc-en-poche/deux: DonSegundo Sombra, histoire d'un gaucho, deRicardo Guiraldes. Les débuts dans la vie d'ungarçon passionné qui se trouve un maître selonson cœur. Un très beau roman, des personnagesattachants, qui savent ce qu'ils veulent. La tra-duction réussit à rendre, comme naturellement,le lyrisme et la familiarité du texte espagnol.

Aux éditions du Sorbier, Luda commence unesérie de contes : Martin et Martine, les morisquesde Cambrai raconte les amours d'un jeune Maureet d'une fille du pays; condamnés à sonner lesheures, enchaînés au beffroi, les deux amantsseront délivrés par l'horloger qui fabriquerapour les remplacer deux automates "morisques".

Yann ar lue, conte de Bretagne, reprend l'his-toire bien connue du petit bossu qui rencontreles korrigans ; il perd sa bosse et trouve le binioumagique qui rend les gens gais.

Livres documentairesChez Belin, suite des Aventures d'Anselme

Lanturlu, avec Tout est relatif, de Jean-PierrePetit. La relativité en bandes dessinées : un naïf(style amoureux de Peynet), une fille en maillotde bain et le père Einstein en vieux propriétaired'un parc d'attractions (Cosmic Park). Dialo-gues décontractés et rapprochements qui fontimage; ne risque-t-on pas d'en tirer de vaguesnotions plutôt qu'une connaissance claire?

Chez Bordas, la collection BD + reprend uneformule déjà esquissée ailleurs (notamment à laPibole) : une bande dessinée suivie d'un dossierdocumentaire sur un sujet historique. Les quatrepremiers volumes semblent très réussis: MessireMillion! les aventures de Marco Polo, avec undossier sur le commerce ; Krach ! le jeudi noir deWall Street, avec dossier sur les marchands;L'esclave blanc du Nouveau Monde, et dossiersur l'esclavage des origines à demain ; La

machine, un procès de l'Inquisition espagnole,avec dossier sur la justice. Le ton est direct, l'in-formation utile et clairement exposée, les notionstoujours actualisées. A noter l'articulation desdossiers sur le commerce et sur les marchands,qui permet une approche plus générale du sujet àtravers les siècles.

Le Centurion jeunesse publie Au marché,d'Ursel Scheffler, illustré par Irmgard Eberhard.Des images à observer et quelques informationssur tout ce qu'on voit au marché.

Aux éditions Le Chat, deux albums de PeterK. Alfaenger : Faire ensemble le cirque est unlivre d'activités, avec des idées de réalisations, decostumes, d'astuces, de trucages.

Recréer la danse rappelle davantage un volumeprécédent de la même série, "La musique buis-sonnière" ; la danse est abordée par approchesanalogiques (gestes quotidiens, professionnels,croquis du corps, situation dans l'espace).

Chez Dessain et Tolra, collection L'atelier desloisirs : Créer avec des revues, photocollages, pho-tomontages, par Bernard Havez et Jean-ClaudeVarlet. Une foule d'idées pour des activités quipeuvent déboucher sur de vraies créations. Il nes'agit pas de copier les modèles proposés, quisont là seulement pour ouvrir la voie à l'initiativede chacun, seul ou en groupe. Le mot "revues"n'est pas limitatif: on peut réaliser des montagesavec cartes postales, affiches, photos et papiersde toutes sortes.

Nouvelle collection aux Éditions Buisson-nières : L'ours de poche, avec douze petitsvolumes attrayants, les uns sur un sujet docu-mentaire, d'autres suggérant des activités. Peu detexte, souvent bien illustré. Tout n'est pas d'égalintérêt et certaines explications restent insuffi-santes (par exemple dans Dis-moi comment çamarche) mais c'est, en peu de pages, une infor-mation accessible aux moins de douze ans.

Les animaux et leurs records, et Découvre lesanimaux préhistoriques, de Bobbie Craig.

La grande aventure de l'Ouest, de G. Berton.Drôles de noms! de Martin Berthommier: sur

les noms de personnes qui sont devenus desnoms d'objets, comme Poubelle, Silhouette,Saxo, Coït, etc.

Pour les activités : Voyage en t'amusant. Lelivre des malins, Trésors de papiers, de LaurenceModel, Les champions de l'élastique, d'EricKenneway.

A l'École des loisirs. Jeux, de Friedrich KarlWaechter. L'auteur, qui a travaillé dans unecrèche sauvage, propose une cinquantaine de

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jeux, évoqués rapidement soit par ses propresdessins, dont on connaît la qualité, soit par desphotos de réalisations avec les enfants. C'est lecontraire de la recette: une incitation à l'inven-tion, à l'improvisation des petits et des grands.

Dans la Bibliothèque documentaire : Lesnégriers, de Pierre Pluchon. Le commerce desesclaves africains : rôle des chefs noirs, tracta-tions, conditions de transport, intérêts des mar-chands, des acheteurs et des intermédiaires. Undocumentaire qui manquait, alors qu'on avaitdéjà quelques bons romans sur le sujet.

Les colonies de l'espace, de Frédéric Golden.Un rêve pour le XXIe siècle : ces petits mondeshabitables en forme de roue, lancés dans l'es-pace, où les hommes retrouveront les paysagesde la Terre et même le Soleil. Hypothèses et pro-jets détaillés illustrés de nombreux documents.

Aux éditions Études vivantes, deux nouveauxtitres dans la collection Mille chemins : La Pro-vence, d'Annick Letellier, première approche dela région, dans le style des premiers albumsparus.

Paris, de Dominique Privé, a choisi une for-mule différente : c'est un historique de Paris,intéressant et bien fait.

A la Farandole : Peter Bruegel, Jeux d'enfants,par Andras Lukacsy et Jean-Pierre Jouffroy.Des cadrages du tableau de Bruegel, commentéspage à page, évoquent les jeux de l'époque etmettent en lumière l'art du peintre. Le texte sem-blera peut-être difficile aux plus jeunes, maisc'est une tentative intéressante, malgré certainesinterprétations et hypothèses sur les intentionsde l'artiste, qui ne sont pas toujours fondées.

Chez Flammarion-Chat perché, La vie d'unhussard au temps du Consulat et de l'Empire, deKenneth, illustré par Gino d'Achille. Dans laligne des volumes précédents de cette bonne col-lection: historique, détails pratiques, évo-cation de la vie à l'époque et utile distinction desdifférents "hussards" depuis l'origine du nom.

Dans la collection Enfants de la Terre du PèreCastor : Claire et Pascal, enfants de mariniers, deMonique et François Davot. Bien fait, clair etdétaillé, très évocateur des conditions de vie et detravail à bord d'une péniche. Fiche dans cenuméro.

Chez Gallimard, collection Théâtre d'ombres,de Laszlo Varvasovszky : un conte et son utilisa-tion pour un spectacle à réaliser avec les enfants ;conseils pratiques, matériel, décor. Images encouleurs et ombres chinoises. Quatre volumesparus : Jean sans peur, d'après un conte popu-laire italien recueilli par Italo Calvino. Les musi-

ciens de Brème, d'après les frères Grimm. Lalégende de Taliesin le Gallois, et Petit frère Corne-debouc, légende indonésienne. Petits volumestrès bien présentés mais nos lecteurs ont critiquéles adaptations et craignent que la réalisation envraie grandeur des silhouettes soit difficile pourles enfants.

Chez Hachette, dans la collection La vie pri-vée des hommes: Au temps des Gaulois, parLouis-René Nougier. Une très bonne étude desCeltes, ces illettrés dont la civilisation techniquefut remarquable; l'artisanat du bois, des armes,des émaux ; le commerce et les routes ; la vie defamille, la guerre, les druides. En annexe: l'artcelte et la vie quotidienne.

Dans la collection Des livres pour notretemps, Vie et activités des hommes dans l'anti-quité, de Guy Rachet. Il s'agit de l'antiquitéégyptienne et gréco-romaine, sans précision dedates ni distinctions nettes entre les différentesépoques. Des rapprochements intelligents avecce qu'on peut encore observer actuellement, pasforcément dans un même pays, mais par exempleentre l'Athènes antique et l'Orient actuel.

Dans la collection En savoir plus : L'informati-que, la télématique, les techniques nouvelles, parHervé Nora et Philippe Vuitton. Un des meil-leurs ouvrages actuels sur la question ; accessibleet vivant, il fait d'utiles rapprochements avec destechniques anciennes comme le boulier, encoreen usage, ou le métier inventé par Jacquard. Lisi-bilité et mise en page toujours satisfaisantes danscette série.

Nouvelle collection : Hachette Encyclopédi-que pour les jeunes, dirigée par Philippe Schuweret Yves Verbeek, avec deux premiers volumestrès soignés. A la découverte de l'art, d'HubertComte, propose une formule neuve pour abor-der l'œuvre d'art : la décrivant avec autant deprécision que d'amour, l'auteur invite à en res-sentir la présence, à en savourer les détails. Ail-leurs c'est la vie et la personnalité de l'artiste quipassent au premier plan. Des rapprochements àtravers le temps et l'espace éveillent des échosd'une civilisation à une autre et des affinitésentre le spectateur et le peintre ou le sculpteur.Démarche naturelle, souvent personnelle aussi,qui n'empêche pas le livre de répondre aux ques-tions "qui, quand, où ?" grâce à une chronologiedes œuvres reproduites et à un index bien conçu.

A la découverte de l'Histoire, sous la directionde Daniel Sassier, propose des jalons à traversl'histoire mondiale, depuis la révolution agri-cole, il y a près de dix mille ans, jusqu'à l'Europed'aujourd'hui. Suivant en gros la chronologie,on passe d'un pays à un autre, selon les tempsforts de l'évolution de chacun ; l'ensemble estintéressant, mais les étapes ultra-rapides, parfois

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schématiques. Index en fin de volume ; à chaquedouble page, quelques suggestions de lecturescomplémentaires, de niveau et d'intérêt très iné-gaux (ouvrages assez souvent épuisés).

Chez Hatier, Au fil de l'eau, par SolangeDuflos et Jean-Louis Grailles, dans la série Ceque dit la nature. Les cours d'eau, faune et floreselon les saisons, activités (pêche, cuisine, déco-ration, etc.). De bons éléments, mais trop disper-sés. Nous n'avons pas encore d'écho surl'utilisation de ce livre par les enfants.

Chez Larousse, Ma première encyclopédie, deSimone Lamblin, illustrée par Christian Bes-sière. Cet album, dont le texte et les images colla-borent étroitement, est fait de doubles pagesgroupées en trois parties: la nature, la vie ensociété, la terre et ses habitants. A l'opposé desformules "questions-réponses", il essaie d'aiderle lecteur de 8-10 ans à comprendre le monde oùil vit, avec ses liens logiques et ses tensions, et àsituer les connaissances plus étendues qu'il auraenvie d'acquérir à partir des différents chapitres.Le tirage de la première édition laisse à désirer.Les illustrations, animées et précises, mériteraient

d'être mieux reproduites.Histoire des trains, de Daniel Costelle, offre

une foule de documents, photos et témoignagessur le chemin de fer dans tous les pays depuis soninvention. Reflet de l'émission de TF1 qui l'ainspiré, ce beau volume est plus anecdotique quetechnique, mais d'un réel intérêt.

Aux éditions du Sorbier, J'étais enfant au paysminier, d'André Stil, illustré par Françoise Bou-dignon. Avis divers sur ce petit livre: les unstrouvent édulcorées les réalités de la mine etreprochent à l'auteur de n'avoir pas situé plusprécisément son évocation dans le temps; aucontraire, un de nos lecteurs a été vivement tou-ché par ce tableau d'un milieu côtoyé dans sonadolescence.

Des divergences analogues à propos de J'étaisenfant sous l'occupation, de Jean-François Dion-not, illustré par Véronique Cau. Sans doutebeaucoup de jeunes Français ont-ils échappé auxdrames de l'époque, mais les enfants d'aujour-d'hui verront-ils dans cette "occupation" autrechose que des vacances mouvementées? Une lec-ture facile à équilibrer grâce aux romans ettémoignages parus déjà sur le même sujet.

Les rendez-vous de la BD

L'heure est aux réminiscences et aux synthèseschez ceux qui font la bande dessinée. Les jour-naux Pilote, Spirou, Tintin, sous des formes diffé-rentes, publient leur historique, leur rétrospec-tive. Qu'ont-ils tous à se mobiliser, tous à peuprès en même temps? Est-ce un hasard? Ou est-ce le signe de difficultés actuelles, après lesannées de prospérité? Depuis quelques annéesnous notons une crise de la BD classique, quin'est plus aussi florissante qu'elle l'a été; unemutation s'est amorcée, avec le succès de nou-veaux éditeurs, avec l'apparition d'une BD desti-née à un public adulte. L'avenir ne doit pas êtrerosé pour ces journaux, et c'est peut-être à leursdifficultés que nous devons ces albumssouvenirs.

1946-1981 : Tintin célèbre son 35e anniversaireen publiant 35 ans du journal Tintin, 35 ans d'hu-mour, (Éd. du Lombard) où nous retrouvons lesmeilleures pages du journal dans un ordre chro-nologique. Les années 60 se taillent la part dulion, ce qui permet de dater l'âge d'or du journal.Ce n'est d'ailleurs pas un historique, mais unchoix de bandes dessinées humoristiques, ce quiexplique que nous ne retrouvons ni Tintin, niMortimer, ni aucune histoire suivie.

La Bande à 4 n'est pas exactement consacrée àSpirou, mais à quatre de ses pères, Jigé, Morris,Franquin et Will : comment ils sont venus à laBD, les bandes qu'ils ont signées. L'album(publié par Dupuis) a été édité à l'occasion d'uneexposition organisée par le ministère de la Com-munauté française en Belgique; son sous-titre,"La victoire de Waterloo", fait référence à uneépoque où les quatre dessinateurs se sont retrou-vés chez Joseph Gillain (alias Jigé) à Waterloopour travailler.

Le numéro 1 de Pilote est paru en octobre1959, quand Tintin en était à son numéro 575.Où en était la BD, française et belge, à cetteépoque, quelles sont les grandes (et les moinsgrandes) figures qui ont fait Pilote, par quels iti-néraires le journal est passé, changements derédaction, de style et de public, de présentation?Dans Le livre d'or du journal Pilote (Dargaud),c'est toute l'histoire de la BD contemporaine quiest retracée, vue par les gens de la maison, bienentendu. Cela n'a pas la clarté de l'Histoire dujournal Pilote d'Henri Filippini (Glénat), maisc'est raconté comme une passionnante aventure.

Pour rester dans le domaine de la BD, signa-lons une étude sur Hergé, de Benoit Peeters (Éd.Décembre), qui se compose d'une cassette etd'un petit livre. La cassette donne à entendre des

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