loisirs - le devoir

6
Le DAFA est victime de son succès au Québec Page 2 LOISIRS FORMATION Sébastien Fréchette, alias Biz , est un ancien animateur en loisirs Page 3 Le BAFA fête cette année ses 40 ans en France Page 5 CAHIER THÉMATIQUE G › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 01 3 Le diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur (DAFA) permet maintenant d’offrir, à ceux qui veulent travailler en animation de loisirs auprès des jeunes de 5 à 17 ans, une formation standardisée, et ce, sur tout le territoire québécois. Un franc succès, comme en témoigne la popularité de cette formation. DAFA Une formation de qualité pour des animateurs qualifiés L’univers du loisir dispose d’un programme de formation uniformisé à la grandeur du Québec JACQUES GRENIER LE DEVOIR Le diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur a permis jusqu’à ce jour de former quelque 12 000 jeunes animateurs sur les 20 000 que compte le Québec chaque année. PIERRE VALLÉE «L a rapidité avec laquelle les or- ganismes de loisirs ont adopté, sur une base volontaire, le DAFA nous indique que cette formation répond à un réel be- soin», souligne Michel Beauregard, président du Conseil québécois du loisir (CQL). «Lancé en 2010, le DAFA a permis jusqu’à ce jour de former 12 000 jeunes animateurs sur les 20 000 que compte le Québec chaque année », ex- plique Sonia Vaillancourt, directrice du déve- loppement au CQL. Ce chiffre est d’autant plus impres- sionnant que le taux de rétention pour ce travail est plutôt bas. « La moitié des animateurs ne reviennent pas l’année suivante, poursuit-elle. Ce sont surtout des jeunes qui font ce travail et c’est sou- vent un travail d’été. Nous sommes donc en compétition avec tous les petits boulots d’été, dont ceux de l’alimentation rapide, qu’on propose à cette clientèle. » L’idée d’une formation standardisée en animation a germé au milieu des an- nées 2000. Elle s’est concrétisée à la suite des résultats d’une enquête menée par l’Ob- servatoire québécois du loisir (OQL), qui a pi- gnon sur rue à l’Université du Québec à Trois-Ri- vières. « Cette étude nous a d’abord révélé que la formation en animation variait grandement d’un organisme de loisir à un autre et que parfois, même, il y en avait peu ou pas du tout , raconte An- dré Thibault, directeur de l’OQL et professeur émérite à l’UQTR. Ensuite, lorsqu’il y avait une formation, cette dernière n’avait pas évolué, contrairement à ce qui s’est produit dans les ser- vices de garde en milieu scolaire. Les formations existantes ne répondaient plus aux attentes des pa- rents et ne tenaient pas compte des réalités mo- dernes. Je pense notamment à la sécurité alimen- taire, avec le nombre d’allergies chez les jeunes. » Malgré que cette étude ait uniquement porté sur les camps de jour, elle a fait l’unanimité dans le milieu québécois du loisir. « Les grandes organisations nationales de loisir qui sont mem- bres du CQL, précise Michel Beauregard, en étaient arrivées à des conclusions semblables. » Il fut donc décidé d’accoucher d’une forma- tion standardisée et sa mise en place fut confiée au CQL. « Nous avons travaillé en concertation avec nos membres, poursuit-il, et on a mis en commun nos connaissances. » Un diplôme national Ainsi est né le DAFA. Cette formation s’adresse à toute personne âgée de 16 ans ou plus et possé- dant un diplôme d’études secondaires. Dans cer- tains cas, on peut déroger à cette seconde exi- gence. La formation comprend une partie théo- rique de 33 heures et une partie pratique de 35 heures, sous la forme d’un stage supervisé au sein d’une équipe d’animation. On y aborde le monde du loisir, les caractéristiques propres aux enfants et aux adolescents, les techniques d’ani- mation ainsi que les sujets de l’heure, comme l’in- tégrité, l’éthique et la sécurité. La formation est donnée de façon décentralisée dans tout le Québec ; ce sont les organismes de loisir ayant adhéré au DAFA qui sont responsa- bles de donner la formation. «Le CQL a en pre- mier formé des maîtres dans chaque organisation nationale, explique Sonia Vaillancourt. Ces der- niers ont ensuite formé les formateurs qui donnent la formation du DAFA aux jeunes. Un jeune qui veut suivre cette formation n’a qu’à s’adresser à l’un des organismes de loisir de sa région qui offre le DAFA pour pouvoir s’inscrire.» Le coût de la formation varie selon l’organisme, certains l’offrant même gratuitement. Quiconque veut se ren- seigner ou trouver un organisme qui offre le DAFA n’a qu’à consulter le site Internet (www.formation-anima- tion.qc.ca) mis en place à cette fin par le CQL. « Ce site Internet a grande- ment contribué au déploiement du DAFA », se réjouit M me Vaillancourt. Les avantages L’avantage premier du DAFA est évidemment de mieux outiller les jeunes animateurs pour faire face aux responsabilités et aux exigences de cet emploi. Les parents, ainsi que les jeunes qui parti- cipent à ces activités de loisir, y trouvent aussi leur compte. «Le DAFA est une assurance de la qualité de l’animation auprès des jeunes, souligne M me Vaillancourt. Et comme la formation est standardi- sée, cela assure que la qualité de l’animation est la même, peu importe où vous habitez au Québec.» Le DAFA est aussi un plus pour les employeurs. «L’employeur qui embauche un jeune possédant un DAFA sait qu’il est déjà formé. Il n’a donc plus à s’oc- cuper de la formation de base, tout au plus doit-il le mettre au courant de certains aspects spécifiques à ses activités, s’il y en a, dit M. Beauregard. C’est donc moins ardu et moins coûteux pour l’employeur.» Et le jeune animateur en profite aussi. «Le DAFA, poursuit M. Beauregard, est la reconnais- sance de la valeur du travail d’animateur. C’est une reconnaissance importante pour un jeune. Et, comme il doit y consacrer 68 heures de son temps, c’est aussi un engagement face à lui-même. De plus, cela permet d’ouvrir l’horizon vers une carrière pos- sible en animation et en loisir.» La seconde étape dans le déploiement du DAFA vient de commencer. «L’Observatoire, annonce An- dré Thibault, est en train de faire une évaluation du DAFA. Nous voulons étudier les résultats sur le ter- rain et nous assurer que le processus du DAFA ainsi que le contenu sont appropriés. Nous pourrons ainsi rajuster le tir ensuite, s’il le faut.» Collaborateur Le Devoir « La qualité de l’animation est la même, peu importe où vous habitez au Québec » COMMISSION DE LA CAPITALE NATIONALE La formation vise à assurer la sécurité de l’expérience vécue par les enfants, sur terre comme sur eau.

Upload: others

Post on 19-Jun-2022

9 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: LOISIRS - Le Devoir

Le DAFAest victimede son succèsau QuébecPage 2

LOIS IRSFORMATION

SébastienFréchette, alias Biz,est un ancienanimateur en loisirsPage 3

Le BAFA fête cette annéeses 40 ansen FrancePage 5

C A H I E R T H É M A T I Q U E G › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 0 1 3

Le diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur (DAFA) permet maintenant d’of frir, à ceuxqui veulent travailler en animation de loisirs auprès des jeunes de 5 à 17 ans, une formationstandardisée, et ce, sur tout le territoire québécois. Un franc succès, comme en témoigne lapopularité de cette formation.

DAFA

Une formation de qualité pour des animateurs qualifiésL’univers du loisir dispose d’un programme de formation uniformisé à la grandeur du Québec

JACQUES GRENIER LE DEVOIR

Le diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur a permis jusqu’à ce jour de former quelque 12 000jeunes animateurs sur les 20 000 que compte le Québec chaque année.

P I E R R E V A L L É E

«L a rapidité avec laquelle les or-ganismes de loisirs ont adopté,sur une base volontaire, leDAFA nous indique que cetteformation répond à un réel be-

soin», souligne Michel Beauregard, présidentdu Conseil québécois du loisir (CQL).

«Lancé en 2010, le DAFA a permis jusqu’à cejour de former 12000 jeunes animateurs sur les20000 que compte le Québec chaque année», ex-plique Sonia Vaillancourt, directrice du déve-loppement au CQL.

Ce chiffre est d’autant plus impres-sionnant que le taux de rétention pource travail est plutôt bas. «La moitié desanimateurs ne reviennent pas l’annéesuivante, poursuit-elle. Ce sont surtoutdes jeunes qui font ce travail et c’est sou-vent un travail d’été. Nous sommes doncen compétition avec tous les petits boulotsd’été, dont ceux de l’alimentation rapide,qu’on propose à cette clientèle.»

L’idée d’une formation standardiséeen animation a germé au milieu des an-nées 2000. Elle s’est concrétisée à lasuite des résultats d’une enquête menée par l’Ob-servatoire québécois du loisir (OQL), qui a pi-gnon sur rue à l’Université du Québec à Trois-Ri-vières. «Cette étude nous a d’abord révélé que laformation en animation variait grandement d’unorganisme de loisir à un autre et que par fois,même, il y en avait peu ou pas du tout, raconte An-dré Thibault, directeur de l’OQL et professeurémérite à l’UQTR. Ensuite, lorsqu’il y avait uneformation, cette dernière n’avait pas évolué,contrairement à ce qui s’est produit dans les ser-vices de garde en milieu scolaire. Les formationsexistantes ne répondaient plus aux attentes des pa-rents et ne tenaient pas compte des réalités mo-dernes. Je pense notamment à la sécurité alimen-taire, avec le nombre d’allergies chez les jeunes.»

Malgré que cette étude ait uniquement portésur les camps de jour, elle a fait l’unanimitédans le milieu québécois du loisir. «Les grandesorganisations nationales de loisir qui sont mem-bres du CQL, précise Michel Beauregard, enétaient arrivées à des conclusions semblables. »

Il fut donc décidé d’accoucher d’une forma-tion standardisée et sa mise en place fut confiéeau CQL. «Nous avons travaillé en concertationavec nos membres, poursuit-il, et on a mis encommun nos connaissances. »

Un diplôme nationalAinsi est né le DAFA. Cette formation s’adresse

à toute personne âgée de 16 ans ou plus et possé-dant un diplôme d’études secondaires. Dans cer-tains cas, on peut déroger à cette seconde exi-gence. La formation comprend une partie théo-rique de 33 heures et une partie pratique de35 heures, sous la forme d’un stage supervisé au

sein d’une équipe d’animation. On y aborde lemonde du loisir, les caractéristiques propres auxenfants et aux adolescents, les techniques d’ani-mation ainsi que les sujets de l’heure, comme l’in-tégrité, l’éthique et la sécurité.

La formation est donnée de façon décentraliséedans tout le Québec; ce sont les organismes deloisir ayant adhéré au DAFA qui sont responsa-bles de donner la formation. «Le CQL a en pre-mier formé des maîtres dans chaque organisationnationale, explique Sonia Vaillancourt. Ces der-niers ont ensuite formé les formateurs qui donnentla formation du DAFA aux jeunes. Un jeune quiveut suivre cette formation n’a qu’à s’adresser à l’un

des organismes de loisir de sa région quioffre le DAFA pour pouvoir s’inscrire.»

Le coût de la formation varie selonl’organisme, certains l’offrant mêmegratuitement. Quiconque veut se ren-seigner ou trouver un organisme quiof fre le DAFA n’a qu’à consulter lesite Internet (www.formation-anima-tion.qc.ca) mis en place à cette fin parle CQL. « Ce site Internet a grande-ment contribué au déploiement duDAFA», se réjouit Mme Vaillancourt.

Les avantagesL’avantage premier du DAFA est évidemment

de mieux outiller les jeunes animateurs pour faireface aux responsabilités et aux exigences de cetemploi. Les parents, ainsi que les jeunes qui parti-cipent à ces activités de loisir, y trouvent aussi leurcompte. «Le DAFA est une assurance de la qualitéde l’animation auprès des jeunes, souligne Mme

Vaillancourt. Et comme la formation est standardi-sée, cela assure que la qualité de l’animation est lamême, peu importe où vous habitez au Québec.»

Le DAFA est aussi un plus pour les employeurs.«L’employeur qui embauche un jeune possédant unDAFA sait qu’il est déjà formé. Il n’a donc plus à s’oc-cuper de la formation de base, tout au plus doit-il lemettre au courant de certains aspects spécifiques à sesactivités, s’il y en a, dit M. Beauregard. C’est doncmoins ardu et moins coûteux pour l’employeur.»

Et le jeune animateur en profite aussi. «LeDAFA, poursuit M. Beauregard, est la reconnais-sance de la valeur du travail d’animateur. C’est unereconnaissance importante pour un jeune. Et,comme il doit y consacrer 68 heures de son temps,c’est aussi un engagement face à lui-même. De plus,cela permet d’ouvrir l’horizon vers une carrière pos-sible en animation et en loisir.»

La seconde étape dans le déploiement du DAFAvient de commencer. «L’Observatoire, annonce An-dré Thibault, est en train de faire une évaluation duDAFA. Nous voulons étudier les résultats sur le ter-rain et nous assurer que le processus du DAFA ainsique le contenu sont appropriés. Nous pourrons ainsirajuster le tir ensuite, s’il le faut.»

CollaborateurLe Devoir

« La qualité del’animation estla même, peuimporte oùvous habitezau Québec »

COMMISSION DE LA CAPITALE NATIONALE

La formation vise à assurer la sécurité de l’expérience vécue par les enfants, sur terre comme sur eau.

Page 2: LOISIRS - Le Devoir

L O I S I R SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 0 1 3G 2

COLLABORATION

Le DAFA est victime de son succès

Souvent considéré comme un emploi d’été facile, le travaild’animateur soulève plus d’un défi : il s’agit d’un emploi exi-geant, dont les impacts sur les participants se font sentir àplusieurs niveaux. D’où l’importance d’une formation commele diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur (DAFA), réa-lisé en collaboration avec Québec en forme et en partenariatavec le Mouvement québécois des vacances familiales.

PRÉVENTION ET SANTÉ

Une formation qui assure la qualitéde l’expérience vécue« Ceux qui ont suivi la formation ont unemeilleure conscience des normes »

A S S I A K E T T A N I

À travers une formationcomme le DAFA, « vali-

dée, vérifiée et régulièrementmise à jour » , insiste EricMyles, directeur général deQuébec en forme, c’est un bas-sin de 12 000 inter venants àtravers l’ensemble du Québecqui peuvent améliorer la qua-lité et la sécurité des anima-tions proposées aux usagers.

En ef fet, pour chapeauterdes activités bénéfiques etagréables, les animateurstrouvent dans cette formationles outils nécessaires pour« une expérience de qualité au-tour d’activités élaborées, pro-grammées et structurées, dansun cadre le plus sé-curitaire et respec-tueux possible », ren-chérit Rober t Ro-drigue, directeurgénéral du Mouve-ment québécois desvacances familiales.

Il faut notammentavoir des connais-sances d’un point devue du développe-ment moteur pourmettre en place unprogramme d’ani-mation adapté au ni-veau des par tici -pants. « On ne pro-pose pas les mêmesactivités à un bam-bin de 3-5 ans et àun pré-ado. Et, ausein d’un groupe d’âge, on nedemande pas le même ef fort àtout le monde. Il faut pouvoirs ’adapter pour que tous lesparticipants, peu importe leurâge ou leur niveau, aient uneexpérience significative. Lesgens ne se lancent pas dansune activité de loisir poursouf frir, mais bien pour s’amu-ser », poursuit-il.

Mais ce n’est pas tout : lesanimateurs doivent ainsi s’in-ter roger sur la manière defaire un programme équilibrétout en maîtrisant les normesde sécurité, les mécanismesde suivi , les équipementsadéquats et sécuritaires ou letemps de planification. « Ceuxqui ont suivi la formation ontune meilleure conscience desnormes » , explique Rober tRodrigue.

Clientèle diversifiéeÀ cela se gref fent les be-

soins d’une clientèle aussi di-versifiée que possible : l’inté-gration de clientèles particu-lières, présentant par exempledes troubles du compor te-ment ou des handicaps, ou is-sues de dif férentes cultures,fait en sorte que l’aspect hu-main du métier exige tout au-tant de compétences que lestechniques d’animation.« L’animateur doit veiller àl’ensemble de la dynamique dugroupe pour que tout se fassedans le respect. » Pour exercerleurs fonctions, les anima-teurs sont aussi outillés pour« l’écoute des autres, danstoutes leurs dif férences. L’inter-venant typique a entre 17 et 19ans, est de bonne volonté, maispeut facilement, face à des réa-lités aussi dif férentes et sans unminimum d’outils de forma-tion, se retrouver coincé oumal pris », ajoute Eric Myles.

Ainsi, les outils proposésaux animateurs dans la forma-tion du DAFA visent à les équi-per pour occuper « un emploisouvent jugé trop facile, réduità de l’occupationnel », précise-t-il, mais qui, en réalité, com-porte de nombreuses respon-sabilités : « Si un intervenantest débordé, laissé à lui-même,sans appui ni outil, ce n’estagréable ni pour le participant,ni pour l’intervenant. »

Au contraire, l’absence deconnaissances solides en la

matière est un obstacle au re-crutement. « Les intervenantseux-mêmes nomment lemanque de confiance ou decompétence, le manque detemps pour s’approprier lesconnaissances et le peu d’outilsdisponibles pour changer ouadapter leur approche commedes obstacles à un encadrementde qualité », explique RobertRodrigue.

Qui plus est, malgré les exi-gences du métier, le travaild’animateur demeure peu va-lorisé, d’un point de vue à lafois salarial et professionnel.

Face aux dif ficultés queconnaît le secteur en matièrede recrutement — 50 % descamps de jour ne retiennent

pas leurs animateursd’une année à l’autreet 31 % doivent ac-cepter la totalité descandidats, faute dechoix — l’accès àune formation enanimation facilite latâche. « La formationdu DAFA peut per-mettre aux jeunes dedévelopper un intérêtpour une carrière enanimation ou en édu-cation » , poursuitEric Myles, un effortparticulièrement im-portant dans les mi-lieux défavorisés, oùles bons animateursfont largement dé-faut. « Il faut travail-

ler de façon plus intensivedans ces milieux », estime-t-il.

Besoin socialDerrière la qualité de l’ani-

mation se cachent des enjeuxde santé majeurs. En ef fet,souligne Eric Myles, le pour-centage des jeunes qui man-quent d’activité physique estalarmant. Alors que certainesétudes ont révélé que les acti-vités sédentaires occupent90 % du temps passé au servicede garde à l’enfance, on es-time aujourd’hui que 35 % desjeunes n’ont pas les habiletésphysiques de base pour êtreactifs. « Certains enfants arri-vent en maternelle sans le to-nus musculaire nécessaire pourrester plusieurs heures assis surune chaise ou pour jouer auballon dans la cour d’école »,déplore-t-il.

Alors que les habiletés mo-trices s’acquièrent avant 12 ou13 ans, avec une période parti-culièrement charnière entre 2et 9 ans, des activités de qua-lité auraient un impact sur leplaisir des jeunes et permet-traient de « favoriser leur déve-loppement moteur et de leséquiper pour être actifs », pour-suit-il, en plus d’acquérir unemotricité globale — courir,grimper, pédaler — pour« maximiser leurs chances deréussite à l’école. Si un jeunepasse l’été à faire des activitéssédentaires, ses habiletés mo-trices régressent. Rehausser laqualité des interventions per-met aux jeunes d’attaquer larentrée scolaire sur de meil-leures bases », poursuit-il.

Un avis partagé par RobertRodrigue : « On ne forme pasdes champions, mais des jeunesen bonne santé, actifs, éduquéset équilibrés. »

Cette formation à l’échelledu Québec permet ainsi de« rehausser la barre de façon gé-nérale », en touchant aussibien les grandes villes que lesvillages, les collectivités lo-cales ou autochtones. « Il s’agitd’un travail d’ensemble,puisqu’il y a des besoins sur leterrain partout. La préventionau Québec se fait donc en liai-son avec les collectivités », es-time Eric Myles.

CollaboratriceLe Devoir

« Si unintervenant estdébordé, laisséà lui-même,sans appui nioutil, ce n’estagréable nipour leparticipant, ni pourl’intervenant »

S A R A H P O U L I N - C H A R T R A N D

P lusieurs organismes ayantparticipé à la mise sur pied

du DAFA offraient déjà leurspropres formations, maiscelles-ci n’étaient généralementpas reconnues par le milieu detravail qui embauchait un ani-mateur. C’est là une des motiva-tions de plusieurs partenaires àse joindre au DAFA. «Une despréoccupations des fédérationsde loisir de la province était queleurs formations soient recon-nues dans les camps de jour »,explique Andrée Gignac, direc-trice des Clubs 4H du Québec,un des organismes fondateursdu DAFA. Son organisation,par exemple, offrait auparavantdes formations surtout axéessur les sciences de la nature,mais les animateurs en ayantsuivi une devaient souvent sui-vre une formation de base pourêtre embauchés, malgré leursconnaissances.

« Les organismes ont décidéde mettre tout leur contenu encommun, pour en faire une ac-créditation qui aide les jeunesà faire reconnaître leur savoir-faire », ajoute Andrée Gignac.Cette reconnaissance est deplus en plus évidente. L’Asso-ciation québécoise du loisirmunicipal, rapporte la direc-trice des Clubs 4H, avait orga-nisé une tournée régionale ily a quelques années. Le

constat : les animateurs decamp de jour n’étaient pastoujours formés de manièreadéquate. « Ces jeunes travail-lent avec des enfants du matinau soir, c’est un gros mandat !Et, alors que certains avaientune excellente formation, on serendait compte que d’autresn’en avaient aucune… »

Au terme de cette consulta-tion, la Ville de Laval a décidéd’exiger que tous ses anima-teurs aient obtenu leur di -plôme. Pour Andrée Gignac,c’est un beau gain, même sion ne souhaite pas pour l’ins-tant que le DAFA devienneobligatoire à la grandeur duQuébec. « Mais plus le DAFAsera reconnu, plus nombreuxseront les jeunes formés. »

Vers un diplômeinternational

Le contenu du DAFA a étéélaboré, en plus du Conseilquébécois du loisir, par septgrands par tenaires, dont lesscouts du Québec, l’Associa-tion des camps du Québec et laFédération québécoise des cen-tres communautaires de loisir.Mais dif ficile de dire qui aajouté quoi à la formation de33 heures, en place depuis2009. «Tous les partenaires ontproposé le contenu qu’ils souhai-taient y retrouver, et nous avonseu des discussions sur ce qu’ondevait conserver dans le tronccommun, explique Andrée Gi-

gnac. Le contenu final est vrai-ment homogène, il est impossiblede savoir quelles idées viennentde quel organisme. C’est unegrande fier té pour nous quenous ayons réussi à nous enten-dre sur la structure du pro-gramme en si peu de temps.»

Au programme du DAFA: ledéveloppement des enfants, lestechniques d’animation ainsique l’intégrité, l’éthique et la sé-curité. « La par tie touchantl’éthique de travail était proba-blement la plus méconnue chezles jeunes, selon André Gignac.Quand faut-il en référer à unchef d’équipe ou à un employeurdevant une situation délicate,par exemple ? » La formationaborde toujours, pour commen-cer, le monde du loisir et sespossibilités d’emplois futurs.« On veut dire aux jeunes queleur emploi d’été pourrait débou-cher sur une carrière, si c’est unmilieu qui les intéresse.»

«Le DAFA est victime de sonsuccès!» C’est Andrée-Anne Séné-chal, agente de développementformation au Conseil québécoisdu loisir, qui le dit en riant. Desdiscussions sont en cours avec laFrance, dont le brevet d’aptitudeaux fonctions d’animateur(BAFA) a servi d’inspiration auDAFA, pour établir une recon-naissance de la formation entreles deux pays, mais le Conseil duloisir a surtout concentré ses ef-forts, jusqu’à maintenant, sur ledéveloppement et le rayonne-ment de la formation.

De 400 à 6000!Et ces efforts portent fruit: la

formation a été suivie durant lapremière année par 400 jeunesanimateurs ; en 2013, ils de-vraient être… 6000! Aujourd’hui,plus de 350 organisations of-

frent la formation. «Mais le dia-logue, avec l’Union nationale desassociations de tourisme et deplein air, qui chapeaute le BAFAen France, est là, confirme An-drée-Anne Sénéchal. Noussommes très intéressés à établirdes collaborations.»

Un des autres objectifs de dé-veloppement du DAFA est d’of-frir la formation en formule pa-rascolaire, indique Andrée Gi-gnac. La formation est actuelle-ment dispensée par des munici-palités, des organismes de loisirou des centres communau-taires, mais on souhaite la ren-dre plus facilement accessibleaux futurs animateurs. Une pre-mière expérience a été menéedans une école secondaire deMontréal, durant quelques finsde semaine intensives. «Nousaimerions que la formation soitof fer te sur une base régulièredans d’autres écoles.»

Certains organismes derrièrele DAFA souhaitent égalementqu’un deuxième volet s’ajoute unjour à la formation. «Nous pour-rions of frir des formations pluspointues, avance Andrée Gignac.Les Clubs 4H, par exemple, pour-raient offrir des concentrations ensciences de la nature, les campsPetits Débrouillards pourraientapporter du contenu scientifiqueet les centres de plein air pour-raient aussi ajouter leur couleur.»

La directrice des Clubs 4Hcroit que la demande pour desanimateurs spécialisés existedéjà, que ce soit dans lescamps scientifiques, notam-ment, ou dans les camps de sé-jour, qui souhaitent parfois of-frir des activités plus spéci-fiques aux enfants.

CollaboratriceLe Devoir

Le diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur (DAFA) estle fruit d’une formidable collaboration entre les organismesde loisir du Québec. Si le programme de formation pour lesanimateurs est né de l’impulsion du Conseil québécois du loi-sir, tous les intervenants concernés ont mis la main à la pâtepour bâtir un contenu qui ratisse large.

MARTINE LAROSE

La demande pour des animateurs spécialisés existe, que ce soit dans les camps scientifiques ou dans les camps de séjour.

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Le développement des enfants, les techniques d’animation ainsi que l’intégrité, l’éthique et la sécurité figurent au programme du DAFA.

Page 3: LOISIRS - Le Devoir

L O I S I R SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 0 1 3 G 3

Une réalisation collective!

LA FACE CACHÉE DE LOCO LOCASS

Biz, ex-animateur en loisirs

Être formé à Montréal et travailler en Gaspésie. C’est ce que permet depuis plus de cinq ansle diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur (DAFA), « la première formation à être recon-nue collectivement par toutes les organisations nationales de loisir du Québec».

FORMATION

Le nouveau diplôme est universelPrès de 10 000 jeunes animateurs se sont inscrits au DAFA

F L O R E N C E S A R A G . F E R R A R I S

R ésultat d’une mise en commun des forma-tions existantes dans une douzaine d’organi-

sations, le DAFA est aujourd’hui offert par la ma-jorité des organismes œuvrant dans le milieu.Ainsi, des camps de jour de la ville de Laval auxcentres communautaires des Îles-de-la-Made-leine, en passant par l’association des scouts de laprovince, tous les animateurs peuvent maintenantobtenir une formation normalisée.

Acquis au terme d’une formation de 33 heureset d’un stage d’intégration de 35 heures, le DAFAdonne à son détenteur les outils nécessaires pouranimer, que ce soit dans un camp de jour, uncamp de vacances, un centre communautaire ouau sein d’une association comme les 4-H ou lesscouts. Et, avec ce diplôme en poche élaborépour et par les acteurs du secteur du loisir, il estaujourd’hui possible pour ces animateurs de tra-vailler un peu partout au Québec.

Uniformisation« Jusqu’à l’implantation du DAFA, chaque or-

ganisme offrait sa propre formation, lance la di-rectrice générale de la Fédération québécoisedes centres communautaires de loisirs, KarineVerreault. Ce n’est pas qu’elles étaient inadé-quates, mais elles étaient toutes différentes ! Il n’yavait donc pas de reconnaissance possible d’uncentre à l’autre. » Selon elle, le Conseil québé-cois du loisir (CQL), qui a chapeauté la créationdu DAFA, s’affaire depuis 2008 à aller chercherles meilleurs éléments de chacune des forma-tions déjà dispensées à la grandeur de la pro-vince, afin de mettre sur pied une formationcomplète et standardisée dans le but de com-bler, entre autres, les lacunes en matière de ré-tention de personnel.

«Le grand avantage, en plus d’assurer une for-mation de base de qualité, est que nos animateursne sont plus restreints à une seule région ou à unseul milieu. Auparavant, un déménagement, parexemple, nous faisait perdre un bon animateurparce qu’il devait tout reprendre depuis le début,ajoute celle qui travaille pour la Fédération depuisquatre ans. Maintenant, étant donné que les com-pétences sont transférables, il n’a qu’à présenter sacertification et à assimiler les particularités de sonnouveau milieu.»

En effet, le DAFA permet de passer d’un or-ganisme à l’autre sans nécessairement repasserpar tout le processus de formation. Il revient ce-pendant aux organisations d’ajouter leur « sa-veur maison » au programme. C’est justement

pour intégrer ses particularités à la formationnationale que la Ville de Laval offre chaque an-née, en juin, une formation d’appoint à l’ensem-ble de son personnel saisonnier.

Et, s’il n’est pas encore obligatoire partout, denombreux organismes du secteur du loisir ontdéjà adopté ce nouveau diplôme d’aptitude auxfonctions d’animateur. «Chez nous, ce sont tous lesadultes et les jeunes de plus de 16 ans qui doiventsuivre d’office cette formation pour obtenir leur ac-créditation scoute», explique Marie-Hélène Gi-guère, responsable des communications à la Fé-dération québécoise du scoutisme, chez laquellele DAFA est offert depuis trois ans. Même son decloche à la Fédération québécoise des centrescommunautaires de loisirs, où près de 98% du ré-seau offre maintenant cette formation. Selon leCQL, depuis février dernier, un peu moins de10000 animateurs s’étaient inscrits à la formationdu DAFA depuis la création du programme.

Rien n’oblige cependant les anciens à obtenirleur DAFA. «Nos formations ont servi à l’élabora-tion du programme, soutient Marie-Hélène Gi-guère. Dans cette optique, nous jugeons que nosanimateurs possèdent déjà les aptitudes requisespour bien faire leur travail.»

Une porte de sortieSi le DAFA est avant tout un gage de qualité de

la formation acquise par les animateurs, il per-met également à certains organismes travaillantdans les milieux défavorisés d’offrir aux jeunesun accès à un emploi étudiant bien rémunéré.C’est d’ailleurs pour cette raison que l’organisme,qui est présent dans 11 régions du Québec, dontde nombreuses agglomérations où les indices depauvreté sont élevés, offre la formation à moin-dre coût, voire gratuitement dans certains cen-tres. «Nous avons une mission d’éducation popu-laire, précise Karine Verreault. Nous voulonsqu’elle soit le plus accessible possible. Il ne faut pasque le fait que les parents n’ont pas les moyens depayer soit un frein.»

«Le but du DAFA n’est pas vraiment de formerdes employés, précise la directrice générale de laFédération québécoise des centres communau-taires de loisirs. L’objectif est de donner auxjeunes de nos milieux les outils nécessaires pourqu’ils se trouvent un travail d’animateur — quece soit chez nous ou ailleurs importe peu. Avec leDAFA, ils ont une formation en poche qui est re-connue partout. »

CollaboratriceLe Devoir

PEDRO RUIZ LE DEVOIR

À la suite de ses expériences dans les camps de vacances, Biz s’est inscrit au baccalauréat en loisirsde l’Université du Québec à Trois-Rivières.

M A R T I N E L E T A R T E

B iz a été moniteur au campTrois-Saumons, dans la ré-

gion de Chaudière-Appalaches,puis responsable de la cafétériaau camp Odyssée Minogami, enMauricie, où il accueillait lesjeunes adolescents responsa-bles du nettoyage de la cafété-ria. Il a aussi été responsabledes moniteurs à la Colonie desgrèves de Contrecœur. Biz amême rêvé de devenir directeurde camps de vacances.

«En quatrième et cinquièmesecondaires, d’un point de vue on-tologique, j’étais misanthrope, ra-conte Biz. J’étais seul, j’écrivaisdans mon sous-sol et, si je voyaisune vieille dame tomber sur letrottoir, je riais. Lorsque j’aipassé l’entrevue pour devenir mo-niteur, la fille a décidé de me don-ner une chance et, lorsque jeme suis mis à m’occuper des en-fants, je suis sorti de ma bulled’ego négative et je me suis mis à“ tripper ”. J’ai connu un demes meilleurs amis au camp. En-suite, lorsque je suis entré au cé-gep, j’étais métamorphosé. Onpeut le voir sur mes cartes d’auto-bus de la ville de Québec: j’étaisdevenu bronzé, souriant, resplen-dissant. Avec le camp, je suis de-venu humaniste et, si je voyaisune dame tomber sur le trottoir,je ne riais plus, j’allais l’aider.»

Dans les camps de vacances,Biz, né en 1974, a reçu desjeunes issus d’un milieu défavo-risé et d’autres avec un handi-cap. «J’ai découvert toutes sortesde monde, et, d’ailleurs, par lasuite, dans un cours de philo aucégep, on a parlé de la pertinenced’avoir dans la société des gensmoins bons, des gens à qui ilmanque des morceaux, et jeme suis levé en classe pour direque ces gens étaient des humainstotalement “ trippants” et totale-ment pertinents. Je me souvenaisd’une hutte au camp où il y avaitdes gens en fauteuil roulant, desautistes et un moniteur à qui ilmanquait un bras, et c’était unehutte “hypertrippante”, remplied’énergie positive.»

Études universitairesÀ la suite de ses expé-

riences dans les camps de va-cances, Biz s’est inscrit au bac-calauréat en loisirs de l’Univer-sité du Québec à Trois-Ri-vières (UQTR). Tout un uni-vers s’est alors ouver t à lui.« Le bac était très multidiscipli-naire et j’y ai étudié le phéno-mène du loisir d’un point devue historique, dans le contextedu développement des temps li-bres dans le monde occidental »,raconte Biz.

La notion de loisirs tellequ’on la connaît aujourd’huiest appar ue au milieu duXIXe siècle dans les villes cana-diennes. L’industrialisation atransformé le rappor t autemps et des horaires de tra-

vail fixes sont apparus dansles usines. « Lorsque les genscommencent à avoir des congés,ils se demandent ce qu’ils ferontde ces journées, explique Biz.Ils vont à la messe, mais en-suite ils vont voir des amis, lafamille, ils s’amusent. L’Églises’est aperçue rapidement qu’il yavait de bons et de mauvais loi-sirs, comme prendre une brosseet aller voir les filles. L’Églises’est donc mise à prendre lecontrôle du temps de loisir et ona vu apparaître les jeunesses ca-tholiques et les camps de va-cances. Les religieux voulaients’assurer que les croyants occu-paient leurs temps de loisir dela bonne façon. »

Les loisirs ont aussi leur uti-lité en Occident alors que cha-cun se définit par rappor t àson travail. «Quelqu’un qui netravaille pas peut se réhabilitersocialement et se réaliser à tra-vers ses loisirs », explique Biz.

Attrapé par le rapL’investissement dans les loi-

sirs devient même incontourna-ble, alors que les pistes cycla-bles, les piscines et les maisonsde jeunes, par exemple, devien-nent des services publics.

Biz s’est intéressé particuliè-rement aux politiques cultu-relles des villes. Même s’il étaitseulement au baccalauréat, il aconvaincu un professeur, Michelde la Durantaye, de le prendresous son aile pour comparer lespolitiques culturelles des villes.«Nous avons développé une grilled’analyse et je suis allé faire uneprésentation pancanadienne àOttawa. Ç’a été mon moment degloire de recherche en loisirs!»

Il a aussi fait un stageconvoité de huit mois au ser-vice des loisirs de la Ville deQuébec. « Ç’a connecté pen-dant le stage et j ’aurais pucontinuer dans cette voie », af-firme Biz.

Il a d’ailleurs poursuivi sesétudes et complété sa scolaritéde maîtrise, mais, alors qu’ildevait rédiger son mémoire, ilécrivait davantage de textes derap. « J’ai eu un choix à faire etje suis passé de l’autre côté dumiroir. Aujourd’hui, plutôt qued’étudier les politiques cultu-relles des villes, je bénéficie deces politiques. »

C’est vers la fin du cégep, àQuébec, que Biz s’est mis aurap avec son ami Batlam (Sé-bastien Ricard).

« Mes amis venaient me voirlorsque j’étudiais à l’UQTR, et,d’ailleurs, c’est au Festival depoésie de Trois-Rivières quenous avons testé nos textes pourla première fois, dans un caféoù il y avait un micro ouvert, etç’a bien marché. »

Il a choisi le rap, mais Biz af-firme que ses études multidis-ciplinaires en loisirs lui ont ap-pris à apprendre. «C’est impor-tant et je le dis aux jeunes

lorsque je donne des conférencesdans des écoles secondaires,parce qu’aujourd’hui les gensn’occupent plus le même emploipendant 25 ans, donc il fauts’armer le plus possible. L’école,si on y va avec l’impressionqu’on est un prisonnier qui faitdu temps, ça peut être long et“plate ”, mais ce sera différent sion rattache l’école à ses pas-sions. Pour moi, le français estau cœur de l’écriture des textesde rap. Les cours d’histoire, descience politique, de sociologieme sont aussi très utiles. Mêmeles notions de budget que j’aiapprises dans les cours d’écono-mie au secondaire me serventaujourd’hui pour tenir les livresde Loco Locass. »

Pour Biz, il est maintenanttemps de redonner auxcamps. Comme membre de lacorporation des camps Odys-sée, responsable du dévelop-pement et de la gestion del’organisation, il s’assureraque d’autres enfants seront, àleur tour, transformés parleurs expériences en campsde vacances.

Cet été, il verra d’ailleursson garçon de sept ans, déjàgrand amateur de plein air,par tir camper pour la pre-mière fois à Minogami.

CollaboratriceLe Devoir

On le connaît pour les textes de Loco Locass, comme auteurde romans, comme indépendantiste convaincu, mais beau-coup moins comme spécialiste des loisirs. Pourtant, Sébas-tien Fréchette, alias Biz, se dit encore marqué par ce domainequ’il a étudié et dans lequel il a travaillé, avant de se laisseremporter par le rap.

JACQUES GRENIER LE DEVOIR

Le DAFA est avant tout un gage de qualité de la formation acquise par les animateurs.

Page 4: LOISIRS - Le Devoir

L O I S I R SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 0 1 3G 4

MONTÉRÉGIE ET ESTRIE

Le DAFA offre bien plus qu’une simple certificationUn diplôme obtenu permet d’œuvrer partout au Québec

CERTIFICATION

L’ACQ souscrit à l’implantation d’un diplôme nationalLe DAFA procure la reconnaissance des acquis aux animateurs de camp

R É G I N A L D H A R V E Y

«O n dispose maintenantd’un tronc commun de

33 heures. Il est ainsi plus fa-cile d’embaucher un jeune quia sa car te du DAFA, car onsait qu’il a suivi ces heuresthéoriques-là, qui sont claire-ment définies dans le cadre duprogramme ; il y a au terme decelui-ci un examen et, à lasuite d’un stage de 35 heures,une évaluation sur le terrain »,se réjouit Éric Beauchemin,directeur de l’Association descamps du Québec.

Plus de 50% des camps mem-bres de l’ACQ se sont déjà tour-nés vers le DAFA. Un avantagecertain pour l’ACQ, reconnaîtM. Beauchemin. «O n est unpeu la voix de l’ensemble detoutes les organisations de loisirqui ont de l’expérience de camp,aussi bien les camps de jour,d’où le jeune retourne à la mai-son tous les soirs, que les campsde vacances, où il dort sur place.Vu qu’on propose des vacances àdes enfants, on veut s’assurerqu’elles sont de qualité », ex-plique-t-il.

L’Association réper toriequelque 150 camps cer tifiés(camps de jour et camps de va-cances) que gèrent une cen-taine d’organismes. Les ser-vices de formation of ferts etle programme de cer tifica-tion sont des éléments impor-tants à considérer, dit M.Beauchemin. Les endroitsdont l’Association s’occupede la promotion sont descamps cer ti f iés qui appli -quent un programme de 70normes, en vigueur depuisune quarantaine d’années.« On fournit une garantie que,sur le plan de la sécurité, del’encadrement et de la forma-tion, ce qui doit être fait estfait . Par la suite, à eux dechoisir ce qui correspond lemieux aux attentes et aux be-soins de leurs enfants. »

Ces parents-là vivent dansun monde marqué par unemultiplication du nombre decamps et des formules ou spé-cialisations qu’ils proposent,depuis bon nombre d’années.Difficile pour ces gens de s’yretrouver avec clairvoyance,et ils demeurent souvent dans

l’ambiguïté devant la variétédes produits mis en marché.« Ça ne veut pas dire qu’uncamp non cer tifié n’est pasbon, mais, de notre côté, uninspecteur s’est présenté surles lieux, il les a visités et il aproduit un rapport qui démon-tre que les normes sont respec-tées. Du côté du ministère, ona souscrit à un programmeavec 45 balises obligatoires àmettre en place. »

Le personnel obtient la reconnaissance

Il va de soi que des anima-teurs sont chargés de veillersur les enfants et de les enca-drer à travers des activités va-riées dans ces camps-là, qu’ilssoient certifiés ou non. Dansle passé, l ’ACQ s’était tou-

jours montrée très préoccu-pée sur le plan de leur forma-tion : elle exigeait, pour le per-sonnel en animation, d’avoirsuivi d’un programme de60 heures pour les camps devacances et de 50 heures pourles camps de jour. « Il existaitun canevas pour la présenta-tion de cette formation-là,mais aucune reconnaissancene venait la sanctionner. »

L’arrivée du DAFA est doncune certification additionnellede qualité pour les jeunes ani-mateurs et pour les camps quiles emploient. De fait, lesjeunes y trouvent leur compteen raison de l’uniformité et dela qualité de la formation dis-pensée ; à certains endroits, leniveau de celle-ci s’avérait desplus élevés, mais, dans d’au-

tres milieux, il laissait à dési-rer : « On se demandait si lestage de formation ne servaitpas plutôt à peindre les chaletsdu camp. À présent, on a l’obli-gation de se conformer au pro-gramme et on a l’assuranceque tout a été conforme à cedernier durant le stage »,laisse-t-il savoir.

La mobilité de la main-d’œuvre se trouve du mêmecoup facil i tée. Le diplômeser t de passepor t pour l’ob-tention d’un emploi d’un en-droit à l’autre, quitte à ce quel’employeur peaufine cetteformation de base en fonctionde ses besoins : « Chez un tel,on fait plus d’escalade, et chezl’autre, on pratique davantagele canot ; à chacun de complé-ter les apprentissages de basereçus selon la spécialisationdu camp. »

Réaction positive du milieu

Dans l’ensemble, l’avène-ment d’un diplôme national abien été accueilli par le milieu,bien que certains des joueursaient manifesté de la résistance.Le fait d’obtenir finalement lareconnaissance des acquis l’aemporté sur le reste, indiqueÉric Beauchemin : « On nel’avait pas auparavant, même sion formait des jeunes qui pas-saient par chez nous depuis desdizaines d’années. On a mainte-nant quelque chose de global quiest accessible et qui fournit de lareconnaissance à chacun avec

l’obtention de sa carte du DAFA.Il en ressort un sentiment d’ap-partenance chez ce groupe d’ani-mateurs-là, alors qu’on a franchile cap des 12000 inscriptions entrois ans; il y a une adhésion quiest très forte.»

Pour arriver à ce résultatprobant, un changement plu-tôt radical de l’approche péda-gogique est apparu, ce dontfait part le directeur général :« Chez plusieurs, on utilisait laconnaissance acquise au fil desannées. Nous, à l’ACQ, onavait un canevas qui tenait surune page, où on indiquait cequ’on devait retrouver à l’inté-rieur des 60 heures de forma-tion ; il y avait une annexe dessous-points qui devaient êtreabordés, mais aucune véritablepublication qui supportait cesdonnées fragmentaires. »

Et voilà que le vent a tourné :« Il y a maintenant une publica-tion, un guide pour le moniteurqu’il doit obligatoirement rece-voir et qu’il peut conserver. Ona aussi un guide du formateur.C’est un “ clé en main ” de pou-voir dire que, présentement, lescontenus sont là, bien qu’ilfaille également se servir de sonexpérience, au-delà des conte-nus disponibles, dans le cadrede l’animation d’une forma-tion ; il reste que ce contenu aété défini clairement et, à cemoment-là, on s’assure de letransmettre. »

CollaborateurLe Devoir

L’Association des camps du Québec (ACQ) fixe des normesque ses membres sont tenus de respecter pour obtenir leurcertification ; les parents se fient à cet organisme dans leurquête pour le choix judicieux d’un camp sous une forme ouune autre. L’ACQ salue l’apparition du diplôme d’aptitude auxfonctions d’animateur (DAFA) qui garantit une formation uni-forme et reconnue au personnel des camps à la grandeur duterritoire québécois.

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

A nnie Deslauriers, chef dedivision, Loisir et vie com-

munautaire, à la Ville de Lon-gueuil, n’en démord pas : leDAFA a des répercussions quine se font pas seulement sen-tir au niveau des camps dejour : « Il va également influen-cer le cadre de vie d’un citoyenqui choisit de s’enga-ger dans une organi-sation de loisir ou quiva œuvrer comme bé-névole. Il devient uncitoyen avec un ba-gage plus impor tantque d’autres. »

La Ville de Lon-gueuil a en ef fetconclu des ententesavec des organismesà but non lucratifpour leur permettrede mettre en placedes camps de jourpour les enfants quihabitent sur le territoire de laville. Dans ces ententes, il estprévu que les animateurs de-vront avoir suivi la formationdu DAFA pour pouvoir entreren fonction. « On a commencéle processus en 2009, au mo-ment où le programme a vu lejour, et nous avons étendu àl’ensemble des camps de jour laformation du DAFA», rappelleAnnie Deslauriers.

Ici, à Longueuil, la formationdu DAFA est offerte par des or-ganismes qui possèdent chacunau moins un cadre responsablede cette formation : «Cette per-sonne est habilitée à mettre surpied et à offrir une formation quirespecte toutes les exigences duprogramme du DAFA », ex-plique Mme Deslauriers. Ces or-ganismes appartiennent à unedes grandes familles du loisir,soit à l’Association des campsdu Québec, à l’Association qué-bécoise du loisir municipal ouencore à la Fédération québé-coise des centres communau-taires de loisir.

À quoi reconnaît-on unanimateur DAFA?

Annie Deslauriers se sou-vient d’une époque où la forma-tion d’animateur et sa duréeétaient très variables. Grâce auDAFA, on assiste aujourd’hui àl’uniformisation de la forma-

tion d’animateur. Quand laVille de Longueuil fait la pro-motion de ses camps, elle peutaffirmer avec certitude que lesanimateurs qui œuvreront au-près des jeunes de 5 à 17 ansauront reçu une formation adé-quate : « Pour nous, c’est unavantage qu’on of fre à nos ci-toyens ; ainsi, on augmente le ni-veau de qualité. »

Du même coup, onaccroît aussi laconfiance en soi dujeune animateur, car,aujourd’hui, « les res-ponsabilités sont biendéfinies et mieux com-prises des jeunes ani-mateurs, qui sontmaintenant bien outil-lés », nous dit AnnieDeslauriers. Il ne fautpas oublier que la for-mation du DAFA com-prend une partie théo-rique de 35 heuresainsi qu’un stage pra-

tique en animation de 33 heures,ce qui totalise 68 heures deformation.

Mais le DAFA of fre bienplus au jeune qu’une simplecertification : « Le DAFA pro-pose des notions de responsabi-lité, de travail d’équipe et degestion de conflit, qui sont deséléments qu’on ne retrouve passeulement au camp, mais dansla vie quotidienne. Ces notionsvont influencer le jeune dans savie professionnelle autant quepersonnelle. »

Depuis 2009, on a formé àLongueuil 655 animateurs, etc’est sans compter les jeunesqui recevront la formationcette année. Sur le territoire,neuf organisations sont certi-fiées pour donner la formationdu DAFA.

Le milieu rural : uneautre réalité

Du côté de l’Estrie, onconstate une dif férence ma-jeure : ici, on offre la formationet on est donc en contact di-rect avec les jeunes qui devien-dront des animateurs DAFA.Geneviève Mathieu est consul-tante en loisir au Conseil sportloisir de l’Estrie — Regroupe-ment des unités régionales deloisir et de sport du Québec :«En 2002, lors de mon arrivéeau Conseil, on of frait huit

heures de formation ainsiqu’une demi-journée en pre-miers soins. Avec mon expé-rience et ma conception de ceque ça devait être, je considé-rais cette formation commebien insuffisante. »

L’Estrie a ceci de particulierqu’elle est constituée de muni-cipalités qui comptent, pour laplupart d’entre elles, moins de2000 habitants, donc, de pe-tites collectivités avec peu deressources humaines et finan-cières. Il était dif ficile dansces conditions de mobiliserles gens. Pour tant, c’est ceque Geneviève Mathieu aréussi à faire : « Avec les an-nées, on a augmenté la forma-tion d’animateur à 23 heures,lors d’une fin de semaine inten-sive, et celle des premiers soinsà une journée complète, avecaccréditation reconnue par laFondation des maladies ducœur. » Au fil des ans, les orga-

nisateurs de camp de la ré-gion de l’Estrie ont adhéré auprincipe d’une formation amé-liorée qu’a proposée Gene-viève Mathieu.

En 2009, lors de la mise enplace du programme du DAFA,les organismes qui se lançaientdans l’aventure étaient considé-rés comme des pilotes : «Nous,on se sentait prêt, parce qu’onétait une région assez dynamiqueau niveau de la formation, etc’est comme ça qu’on s’est mis àof frir notre formation de23 heures sous l’étiquette duDAFA.»

Voilà ce qui est merveilleuxavec la formation du DAFA :une grande souplesse du pro-gramme et la possibilité pourles organismes de l’adapter àleurs besoins. « Pour adapternotre formation, il fallaitd’abord y ajouter 10 heures, eton n’avait pas le temps de lefaire en une fin de semaine.

Mais le programme permet decompléter la formation sur unepériode de 18 mois », expliqueGeneviève Mathieu.

En Estrie, on a donc choiside diviser en deux la forma-tion : on retrouve maintenantdes animateurs débutants quireçoivent la moitié de la ma-tière du DAFA et d’autres quiont déjà suivi antérieurementune formation et qui reçoivent,eux, le DAFA II, qui vient com-pléter le programme.

En milieu rural, on constated’ailleurs le jeune âge des ani-mateurs et le fait qu’on a du malà les garder plus de deux outrois ans. Le phénomène s’ex-plique par le fait qu’un jeune quitermine ses études secondairesaura souvent à se déplacer versSherbrooke pour poursuivreses études, quittant ainsi son vil-lage au début de l’été pour déjàdevoir se trouver du travail danssa ville d’adoption.

Dans ce contexte, le DAFAvient raf fermir le sentimentd’appartenance : «On peut direaux jeunes que la formation duDAFA, c’est du sérieux, etqu’elle est reconnue partout auQuébec. C’est très formateurpour le jeune, dont c’est souventle premier emploi : on lui donneles meilleurs outils pour un tra-vail d’animateur qu’il pourrafaire par tout. C’est une dif fé-rence majeure avec une époqueoù les formations étaient toutesdisparates. »

En Estrie, sur 77 camps dejour, on calcule que 75 % deceux-ci ont adhéré au DAFA.Souvent, c’est par manque demoyens financiers que les 25 %restants ne participent pas. AuQuébec, il n’existe aucune sub-vention pour l’organisation decamps de jour.

CollaboratriceLe Devoir

Sur le terrain, que ce soit à Longueuil ou en Estrie, on aimebeaucoup les nouveaux animateurs qui possèdent le diplômed’aptitude aux fonctions d’animateur (DAFA). Voici deux expé-riences, deux façons de vivre le DAFA.

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Quand la Ville de Longueuil fait la promotion de ses camps, elle peut af firmer avec certitude que les animateurs qui œuvreront auprèsdes jeunes de 5 à 17 ans auront reçu une formation adéquate.

On fournit unegarantie que, surle plan de lasécurité, del’encadrement etde la formation, cequi doit être faitest faitÉric Beauchemin

«

»

« Pour nous,c’est unavantagequ’on offre ànos citoyens ;ainsi, onaugmente le niveau de qualité. »

Page 5: LOISIRS - Le Devoir

L O I S I R SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 0 1 3

Merci aux 166

municipalités du Québec qui o!rent

la certification DAFA

Déjà 54"% de la population peut compter sur des animateurs certifiés

Renseignez-vous au www.DAFAQuebec.com pour connaître les réels avantages du DAFA.

Une initiative du

Abitibi-Témiscaminque | Amos | Barraute | Lac Simon | Malartic | La Motte | MRC Antoine-Labelle | Rivière-Héva | Rouyn-Noranda | Saint-Antonin | Sainte-Gertrude-Manneville | Témiscamingue | Trécesson | Val-d’Or Bas-Saint-Laurent | Amqui | Matane | MRC Montmagny | La Pocatière | Rimouski | Rivière-du-Loup | Saint-PascalCapitale-Nationale | L’Ange-Gardien | Baie-Saint-Paul | Beaupré | Boischatel |Charlesbourg | Château-Richer |Clermont | Donnacona | Haute-Saint-Charles | La Malbaie | Limoilou | MRC Charlevoix | Neufchâtel | Neuville | Québec | Sainte-Brigitte-de-Laval | Saint-Léonard-de-Portneuf | Saint-Ferréol-les-Neiges | Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge | Saint-Siméon | Stoneham-et-Tewkesbury | Valcartier Centre-du-Québec | Bécancour | Drummondville | Plessisville | Saint-Germain-de-Grantham | Victoriaville | Warwick Chaudières-Appalaches | Lévis | Saint-Georges | Thetford Mines Côte-Nord | Baie-ComeauEstrie | Cookshire-Eaton | Haut-Saint-François | Lac-Mégantic | Magog | MRC Granit | Richmond | Saint-Claude | Saint-François-Xavier-de-Brompton | Stoke | WindsorGaspésie - Îles-de-la-Madeleine | Îles-de-la-Madeleine Lanaudière | Charlemagne | Crabtree | Joliette | L’Assomption | Lavaltrie | L’Épiphanie | Mandeville | Mascouche | Notre-Dame-des-Prairies | Rawdon | Repentigny | Saint-Ambroise-de-Kildare | Saint-Calixte | Saint-Charles-Borromée | Saint-Donat | Saint-Jacques | Saint-Paul | Saint-Thomas | Saint-Lin-Laurentides | Terrebonne Laurentides | Blainville | Deux-Montagnes | La Conception | Labelle | Lachute | Lorraine | MRC des Laurentides | Nominingue | Mirabel | Mont-Laurier | Oka | Sainte-Agathe-des-Monts | Sainte-Anne-des-Plaines | Sainte-Thérèse | Saint-Jérôme | Val-David Laval | LavalMauricie | Champlain | Sainte-Anne-de-la-Pérade | Saint-Tite | Shawinigan | Trois-Rivières | La Tuque Montérégie | Beloeil | Boucherville | Brossard | Candiac | Chambly | Contrecœur | Coteau-du-Lac | Delson | Farnham | Granby | Lac-Brome | L’Île-Perrot | Longueuil | Marieville | Mont-Saint-Hilaire | Notre-Dame-de-l’Île-Perrot | Pincourt | Rigaud | Saint-Basile-le-Grand | Saint-Bruno-De-Montarville | Sainte-Catherine | Saint-Césaire | Saint-Constant | Saint-Denis-sur-Richelieu | Saint-Jean-Baptiste | Saint-Joachim-de-She!ord | Saint-Hyacinthe | Saint-Jean-Sur-Richelieu | Sainte-Julie | Saint-Lazare | Saint-Philippe | Sainte-Rosalie | Salaberry-de-Valleyfield | Saint-Lambert | Saint-Pie | Saint-Rémi | Saint-Zotique | Sorel-Tracy | Vaudreuil-DorionMontréal | Ahuntsic-Cartierville | Beaconsfield | Dorval | Kirkland | Pointe-Claire | Rosemont-La Petite-Patrie | Sainte-Anne-de-Bellevue | Saint-Laurent | Ville-MarieNord-du-Québec | Lebel-sur-QuévillonOutaouais | Cantley | Chelsea | Papineauville | Ripon | Saint-André-Avellin | Val-des-MontsSaguenay-Lac-Saint-Jean | Alma | Dolbeau-Mistassini | Hébertville | Roberval | Saguenay

«Si le BAFA tel que nous le connaissons aujourd’hui date de 1973, la première formation decadre de colonie de vacances non professionnel remonte aux années 30, précise GuillaumeRodelet, directeur adjoint de l’Union française des centres de vacances et de loisirs (UFCV),l’un des organismes administrant la formation. Aujourd’hui, de 50 000 à 60 000 jeunes ob-tiennent le brevet chaque année. Pour eux, c’est un véritable rite de passage. C’est le passageà l’âge adulte. »

L’EXEMPLE FRANÇAIS

Un véritable projet de sociétéEn France, le Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA)fête ses 40 ans cette année

H É L È N E R O U L O T - G A N Z M A N N

L e premier diplôme, lui, date des années 50.La guerre s’en était allée, mais elle avait

laissé derrière elle toute une jeunesse n’ayantrien connu d’autre que les privations. Lesfemmes travaillaient de plus en plus à l’extérieurdu foyer et il fallait trouver un moyen d’occuperles enfants pendant les vacances scolaires.

Apparaît alors ce que les Français appellerontles «colonies de vacances», nos fameux campsde jour. « Il s’agit de l’accueil des mineurs en de-hors de la responsabilité des parents, expliqueGuillaume Rodelet. À la fois les campsde vacances, c’est-à-dire un séjour en hé-bergement sur le territoire français ou àl’étranger, et l’accueil de loisir sans hé-bergement, qui lui, s’est beaucoup déve-loppé dans les années 90. Si, dans les an-nées d’après-guerre, ces camps avaientune vocation hygiéniste, le but étant deredonner aux jeunes une bonne hygiènealimentaire pour leur permettre de re-prendre du poids, la logique éducative apris le pas dans les années 60, avant quel’approche récréative que nous connais-sons encore de nos jours ne fasse son ap-parition au début des années 80.»

Très tôt, la France choisit de faire encadrersa jeunesse par de jeunes adultes, qui ne sontpas des professionnels, mais à qui on donnedes éléments de base en matière d’animation etde sécurité. « Cette notion est très importante,car elle découle d’un véritable projet de société,estime Guillaume Rodelet. On permet à touteune catégorie de prendre des responsabilités endirection d’autres jeunes. Le BAFA est souventune expérience qui compte dans le parcours devie des personnes. Beaucoup de responsables dela société civile et du monde politique sont passéspar ce brevet. Et c’est souvent lui qui leur adonné le goût de l’engagement et de la prise deresponsabilités. »

En trois tempsLe dispositif se compose de trois étapes. La

session de formation théorique dure huit jourset permet de s’exercer au métier d’animateur.Pas d’enfants à encadrer réellement, c’est letemps de la transmission des connaissances :réglementation, développement de l’enfant etde l’adolescent, organisation d’un camp, ges-tion de la vie quotidienne, travail en équipe.Dès cette étape, les candidats au BAFA sonttestés, mis en situation, et on leur demanded’analyser des cas concrets.

Dans un deuxième temps, l’étudiant doittrouver un stage pratique. Quatorze jours, quipeuvent être réalisés consécutivement ou non.Il peut même s’agir de vingt-huit demi-journéesdans un centre de loisir sans hébergement. En-fin, la dernière étape consiste en une sessiond’approfondissement de six jours. «Plutôt sur lemodèle de la formation théorique, précise Guil-laume Rodelet. Il s’agit d’abord de donner unecouleur particulière à son BAFA. On va appro-

fondir une thématique, comme les activités derandonnée, l’animation de bord de mer, les jeuxde piste, etc. Toutes les occupations qu’on peutavoir dans une colonie sont imaginables. En-suite, on fait un retour sur le stage pratique,pour l’analyser, en tirer des conclusions et conti-nuer à progresser. À chacune de ces trois étapes,ajoute-t-il, l’équipe responsable émet un avis sa-tisfaisant ou non. Et, à l’issue de la troisième, ledossier est étudié par des représentants du minis-tère de la Jeunesse et des Sports, qui attribuentou non le BAFA.»

Moins de 5 % des candidats sont recalés. Iln’est cependant pas toujours facile detrouver un stage pratique, et la forma-tion peut parfois s’étaler sur plusieursannées.

Un seul impératif d’âge : avoir aumoins 17 ans. Mais aucun plafonne-ment. Et si 90% des animateurs BAFAont moins de 20 ans, il arrive parfoisque des personnes plus âgées, enphase de reconversion profession-nelle ou en parcours d’insertion, pas-sent par cette voie.

Le brevet intéresse également desmamans qui ont élevé leurs enfants et

qui souhaitent entrer dans la vie active. « LeBAFA est souvent la première étape sur le marchéde l’emploi dans le domaine du loisir. Mais il n’estpas professionnel et, pour espérer obtenir un postepermanent, il faudra alors passer par la filièreprofessionnalisante.»

Pour deux ou trois ansLes détenteurs du BAFA restent rarement

animateurs pendant plus de deux ou trois an-nées. Les journées sont rémunérées 30€ (40$)en moyenne, rarement plus de 50€ (65 $).Alors, ils s’en vont souvent chercher un travailplus lucratif. « Même si la plupart d’entre euxsont altruistes et ne sont pas là pour l’argent,nuance Guillaume Rodelet. Il faut aimer s’occu-per d’enfants et d’adolescents, avoir du goût pourla vie collective, une cer taine forme d’huma-nisme, être curieux, mais aussi être capable deréfléchir sur sa pratique, de la remettre en causeet aimer la prise de responsabilités. À partir de21 ans, certains font ensuite le pas vers le Brevetd’aptitude aux fonctions de directeur. Mais, géné-ralement, ceux-là se destinent à travailler dans lesystème éducatif ou dans les collectivités locales.C’est pour eux aussi une première étape avant deglisser vers la filière professionnelle. »

En France, la présence de jeunes non profes-sionnels dans le milieu de l’animation participe àla vocation, revendiquée par ce secteur, de for-mation, de responsabilisation et d’émancipationdes individus. Ce sont d’ailleurs souvent desjeunes qui ont passé plusieurs années dans lescentres de loisirs durant leur enfance et leur ado-lescence qui décident de passer le BAFA. Afin deredonner à la société ce qu’elle leur a donné.

CollaboratriceLe Devoir

«Pour eux,c’est unvéritable ritede passage.C’est lepassage àl’âge adulte. »

PATRICK KOVARIK AGENCE FRANCE-PRESSE

La France a choisi de faire encadrer sa jeunesse par de jeunes adultes, qui ne sont pas desprofessionnels, mais à qui on donne des éléments de base en matière d’animation et de sécurité.

Page 6: LOISIRS - Le Devoir

L O I S I R SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 J U I N 2 0 1 3G 6

Le loisir, c’est la vie…Pour une politique nationale du loisir et du sport qui reflète les engagements de la Déclaration de Québec, Le loisir essentiel au développement des communautés, telle qu’adoptée par l’Organisation mondiale du loisir en 2008 et appuyée solidairement par deux organisations mondiales, 51 organisations nationales, 28 municipalités/arrondissements, 18 organismes et 4 486 individus.

Tous les acteurs du loisir se sont engagés à!:• Soutenir et développer l’engagement volontaire des citoyens dans leurs communautés;• Soutenir et développer les organisations et les associations en loisir;• Accroître l’accessibilité, la diversité, la créativité et la sécurité des expériences de loisir;• Assurer le caractère démocratique et la gouvernance participative de la mise en œuvre du loisir;• Respecter les cultures et les mœurs des communautés et des collectivités locales;• Di!user la présente Déclaration.

Le loisir associatif c’est : en chi!res":· 4 000 associations· 123 000 employés· 500 000 bénévoles· 1 000 000 de membres· 5 000 000 de participants

en bienfaits":· qualité de vie· condition physique· épanouissement personnel· des communautés dynamiques

Apprenez-en plus sur www.loisirquebec.com

Dans la région de Lanaudière, on retrouveune douzaine de camps situés dans un rayonde 60 kilomètres. Cette proximité a favoriséune grande collaboration entre les organisa-tions au cours des 30 dernières années. Lacréation du Diplôme d’aptitude aux fonctionsd’animateur (DAFA) en est devenue la pierred’assise.

M A R I E L A M B E R T - C H A N

«N ous avons créé l’événement annuel Par-tez DAFA, qui consiste en une formation

théorique de tronc commun of fer te à tous lesnouveaux employés des camps participants, dé-clare Maryse Morissette, directrice du Centreplein air L’Étincelle, situé à Saint-Alphonse-Ro-driguez. Nous nous assurons ainsi que les candi-dats partagent les mêmes outils et connaissances,ce qui facilite les échanges de personnel entre nosmilieux. »

Partez DAFA a lieu chaque printemps depuis2009. Jusqu’à ce jour, plus de 350 personnes dela région ont profité de cette certification visantles inter venants qui interagissent avec desjeunes de 5 à 17 ans, dans le cadre d’animationd’activités de loisir. Cette année, le Centre pleinair L’Étincelle, le Camp Boute-en-train, le CampPapillon, le Village des jeunes, le Camp Riche-lieu Saint-Côme, le Havre familial et le Campmariste ont participé. La formation est aussi ou-verte aux municipalités environnantes, commeRawdon, Saint-Alphonse-Rodriguez et Sainte-Mélanie, qui y envoient le personnel de leurscamps de jour.

«Avant que le Conseil québécois du loisir n’in-troduise le DAFA, nos employés suivaient uneformation donnée par l’Association des campscertifiés du Québec (ACQ). Les programmes deces deux certifications étant très flexibles, nousavons pu les marier pour en tirer le meilleur »,explique Mme Morissette.

Résultat : pendant deux fins de semaine, desdizaines de jeunes se réunissent pour appren-dre, de la bouche d’exper ts provenant dechaque camp concerné, des notions théoriquessur le monde du loisir, les besoins et caractéris-tiques des enfants et des adolescents, les tech-niques d’animation, et sur l’intégrité, l’éthique

et la sécurité. Par la suite, conformément auxexigences du DAFA, les animateurs entame-ront un stage pratique de 35 heures au seinmême du camp qui les a embauchés. « Ils sontdéjà à l’œuvre, puisque nous accueillons présen-tement des classes vertes», confirme la directricede camp.

Les organisateurs de Partez DAFA se sontassurés que la portion théorique ne soit paslassante pour les jeunes animateurs. « On neveut pas qu’ils aient l’impression d’être encoreà l’école pendant la fin de semaine, indique

Maryse Morissette. On varie donc la matière :on passe d’une période consacrée aux chansonsà une autre sur l’éthique. Puis, on explore lesjeux coopératifs, avant de leur enseigner desconseils importants par rapport au développe-ment psychomoteur de notre clientèle. »

En effet, les consignes ne seront pas livréesde la même façon à un enfant de 5 ans qu’à unadolescent de 14 ans. « Avec les plus jeunes, ilfaut aller droit au but, tandis que, avec les plusvieux, il faut les solliciter en les interrogeantsur les raisons justifiant nos consignes afin

qu’ils les respectent davantage », illustre la di-rectrice de camp.

Au cours du programme, les animateurs ap-prendront une kyrielle de chansons. «Des chan-sons à répondre, des ballades — pour calmer lesenfants au moment du dodo — et même deschansons pour rythmer et faciliter les déplace-ments », énumère-t-elle.

On leur enseignera différents jeux, des mé-thodes pour bien communiquer, des tech-niques d’animation pour éviter les temps morts— moments fatidiques où les enfants décro-chent et deviennent dissipés — les aspects juri-diques de la fonction d’animateur, l’éthique autravail, etc.

En revanche, les spécialisations des campsparticipants ne sont pas abordées. «Nous avonstravaillé très fort pour respecter l’esprit du DAFAet demeurer généraliste dans notre approche,note Mme Morissette. Les camps doivent veillerà enseigner les notions qui leur sont propres dansleurs installations. Je pense entre autres aux tech-niques d’animation auprès de clientèles handica-pées, les rudiments du canot et du tir à l’arc ouencore un plan d’évacuation. »

Efforts récompensésD’une année à l’autre, les organisateurs de

Partez DAFA tentent de rendre le programmede plus en plus dynamique. Leurs efforts sem-blent être fructueux, si on se fie aux témoi-gnages recueillis à la fin de la formation 2013.« Je n’ai aucune expérience en animation et lesactivités proposées m’ont permis de me mettreplus à l’aise et de surmonter ma gêne », affirmeun animateur. «Fascinant, excitant, interactif »,écrit l’un. «Très, très, très, très amusant et dyna-mique», estime un autre.

L’énergie que les camps lanaudois ontconsacrée à Partez DAFA a suscité l’admira-tion de leurs pairs. En 2011, l’ACQ leur a oc-troyé un prix d’excellence dans la catégorieProgrammation, ainsi qu’un Coup de cha-peau, une récompense accordée par les mem-bres de l’association. « C’est un projet telle-ment rassembleur et si per tinent pour nos be-soins qu’on ne pourrait plus s’en passer ! », s’ex-clame Maryse Morissette.

CollaboratriceLe Devoir

PARTEZ DAFA

L’expérience lanaudoise est un franc succèsDes camps de la région unissent leurs efforts pour offrir le DAFA à leur personnel

CENTRE PLEIN AIR L’ÉTINCELLE

Le Centre plein air l’Étincelle trouve bien des avantages à la certification DAFA pour ses moniteurs.