manuel de survie pour les paroisses - exultet

Manueldesurviepourlesparoisses

Titreoriginal:

«DivineRenovation:FromaMaintenancetoaMissionalParish»Traduitdel’anglaisparJulieGubbini©2014,NovalisPublishingInc.

ISBN:978-2-896-88019-5

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TousdroitsréservéspourlaFranceetlespaysfrancophones.

©2015,GroupeArtègeÉditionsArtège

10,rueMercœur-75011Paris9,espaceMéditerranée-66000Perpignan

www.editionsartege.fr.

ISBN:978-2-360406-77-7ISBNepub:978-2-360401-46-8

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geléestandisquelescanotssetenaientàdistanceetregardaient.Seulesdeuxchaloupesallèrentausecoursdessurvivants.Onfitdéplacer des passagers pour exploiter au maximum les placesdisponibles et il est avéré que certains passagers de premièreclasseseplaignirentdeterriblesdésagréments.Letempsquelesautres occupants des canots se souviennent enfin de leursdevoirsets’approchentdesvictimes,seulsneufsurvivantsfurentretrouvés et trois d’entre eux succombèrent finalementd’hypothermie.

Pendant le visionnage du film, j’étais frappé de voir quec’était une métaphore de l’Église. C’est pour la mission quenous existons. Comme Jésus, nous avons été envoyés pour« aller vers et sauver » ceux qui périssent et il reste encorebeaucoupdeplacesdisponiblesdanslescanots.Or,commetropsouvent, en tant qu’Église, nous nous tenons à distance, plussoucieux de nos propres besoins et de notre propre confort.Peut-être que si quelques personnes nageaient jusqu’à nous,nous lesaiderions,mais irions-nousverseux? Ilnes’agitpasseulement de remettre en causenotre zonede confort, cela estcomplètement en dehors de notre cadre de référence, car nousavonsoubliénotreidentitédanslesmoindresdétails.Lescanotsdesauvetagessontlàpoursauverlesgens.L’Égliseaussi.Nousentretenons nos canots, nous les peignons, nous servons lespassagers, nous les maintenons en bon état et organisons desjeuxdecartes,maisnousnelesutilisonspaspourcepourquoiilsontétécréés.Toutmembred’équipagequioseraitdérangerlaviedelachaloupeentendraittrèsviteunchœurdeplaintesdelapartdespassagersopposésàunquelconquedérangement.Nousregrettons la tragédiede lapertede la foi,de lasécularisation,desfermeturesd’églisesetainsidesuite,mais ilnenousvientpasàl’idéedeprendrelesramesetderamer.

LaMission

Ainsi,sinousexistonspourlamission,quelleestlamissiondel’Église?Pourrépondreàcettequestion,ilfautregarderlesderniers versets de l’évangile de saint Matthieu, le passageconnu de l’envoi en mission (Mt 28,19-20). Ici, les discipleshésitants reçoivent cet ordre : « Allez ! De toutes les nationsfaitesdesdisciples:baptisez-lesaunomduPère,etduFils,etduSaint-Esprit,apprenez-leuràobservertoutcequejevousaicommandé. » Les traductions de ce texte varient légèrement,maiscequiestindéniablec’estqueJésusconfiequatremissionsà son Église naissante : allez, faites, baptisez et enseignez.Parmi ces quatre injonctions, on peut voir, dans la versiongrecque originale, que l’une est sous la forme d’un verbeconjugué et que les trois autres sont des participes. Un verbeconjuguéesttoujourslacharnièregrammaticaled’unephrase.Etles participes sont des formes verbales qui, bien qu’ellesqualifientunephrase,neprennentleursensqu’àtraversleverbeconjugué. Il en va ainsi pour l’envoi en mission. L’un de cesverbesestlecentregrammaticaldelaphraseetdonc,également,le centre théologique.Au fil des ans, quand j’intervenais dansdesconférences,jedemandaisauxgroupesdemedirelequeldesverbes selon lui est la charnière de l’envoi en mission et parconséquent, notre raison d’être, cette mission qui fait notreidentité.J’aiinterrogédesgroupesdelaïcs,deprêtresetmêmed’évêques. J’ai interrogé des grands groupes et des petitsgroupespourobtenirtoujourslemêmerésultat.C’esttoujourslepluspetitnombrequichoisitlabonneréponse.Celanedésignepas quelques personnes, mais une minorité incroyablementpetite. Une fois, dans un groupe de six cents personnes,seulement deux personnes donnèrent la bonne réponse. Une

autre fois, ce furent seulement une vingtaine de personnes quirépondirent juste dans un groupe de trois mille. Ces résultatsdisproportionnés reflètent la crise d’identité qui accable notreÉgliseetrévèlentunpartiprisprofondet inconscientcontrelamissionmêmequeleSeigneuraplacéaucœurdesonappel.

Que choisissez-vous : d’aller, de faire, de baptiser oud’enseigner?

Voicilaréponse:Le verbe fini est « faire », littéralement « faire des

disciples»(math-eteusate).Cettemissionestlecœurmêmedel’envoi en mission et c’est autour d’elle que tous les autresaspects missionnaires de l’Église s’articulent : aller, baptiser,enseigner. Considérez ceci : dans les derniers siècles, l’Églisecatholiqueavaitlemérited’êtreunegrandeÉglisemissionnaire.Nous sommes allés. Nous possédons une riche traditiond’enseignement et sommes reconnus pour nos écoles, nosuniversités et nos programmes éducatifs. Nous enseignons.Certainement,noussavonscommentbaptiseretcélébrertouslesautressacrements,maisnotrefaiblessepastorale,lamissionaveclaquellenousavonsleplusdedifficultésestcellequirésideaucœurmêmedelamissionconfiéeparleChristàl’Église:fairedesdisciples.

Fairedesdisciples

Que voulons-nous dire par faire des disciples ? Dans laculture pastorale, nous utilisons souvent des termes tels que«disciple»ou«apôtre»sanscomprendrelesensdecesmots.Leterme«disciple»estsiessentielàl’appeldeJésusquenousdevons en connaître la signification. Le mot grec pour« disciple » est mathetes qui, à son tour, vient du verbe

rencontrerpersonnellementpourdevenirundisciple.

Jean-PaulII

Troisansaprèscedocumentcrucial,etaprèslestrente-troisjours de pontificat de Jean-Paul Ier en 1978, le cardinalKarolWojtyla,évêquedeCracovie,varecevoirl’anneaudupêcheuretcontinueràpropager lesnotionsd’appeluniverselà lasaintetéetàlamissionqu’ilaentenduesauconcileVaticanII.Evangeliinuntiandi fut une exhortation apostolique écrite après unsynoded’évêquesréunisàRomeen1974surlesquestionsdelasignification, la définition et l’importance de l’évangélisation.Karol Wojtyla, secrétaire général du synode, a joué un rôlemajeur dans l’élaboration du document. Huit mois après sonélection, le 9 juin 1979, au cours de sa première visiteapostoliqueenPologne, Jean-Paul II, luiquiaétédéterminantdans la formulation de documents clés du Concile et dansl’écritured’Evangeliinuntiandi,inventel’expression«nouvelleévangélisation».Ilutilisacetermeàcemoment-là,maiscen’estque quatre ans plus tard qu’il le définit. C’est dans uneallocutionauCELAM,leConseilépiscopallatino-américain,en1983, qu’il dit de la nouvelle évangélisation qu’elle serait« novatrice dans son ardeur, dans ses méthodes et sonexpression».

Lethèmedel’évangélisationestapparuconstammenttoutaulongdesonministèreetdesestextes.DanssalettreencycliqueRedemptoris missio (La Mission du Rédempteur), publiée en1990,ilditceci:

« J’estime que lemoment est venu d’engager toutes les forcesecclésialesdanslanouvelleévangélisationetdanslamissionad

gentes.AucundeceuxquicroientauChrist,aucuneinstitutiondel’Églisenepeutsesoustraireàcedevoirsuprême:annoncerleChristàtouslespeuples»(RMn°3).

Saint Jean-Paul II déclare sans équivoque que laproclamation du Christ est non seulement le sommet de touteactivitéévangélisatrice,maisledevoirsuprêmedel’Égliseetdetoutcroyant.Aucundenousnepeuts’enpasser.Ildéveloppecethème dans sa lettre apostolique Novo millenio ineunte (Surl’Entréedans lenouveaumillénaire)de2001pourmarquer laclôturedel’annéedugrandjubilé.

« Cette passion nemanquera pas de susciter dans l’Église unnouvel esprit missionnaire, qui ne saurait être réservé à ungroupe de ‘‘spécialistes’’ mais qui devra engager laresponsabilitédetouslesmembresdupeupledeDieu.CeluiquiavraimentrencontréleChristnepeutlegarderpourlui-même,ildoitl’annoncer»(n°40).

L’évangélisation est maintenant une obligation morale. Nepasévangéliserestpresqueunacteégoïste.Sinoustrouvionsuntrésor et que nous le gardions pour nous, alors nous serionsmoralement coupables. Le père Bob Bedard, fondateur desCompagnonsdelaCroix,unecommunautédeprêtres,disaitquel’évangélisationétait l’imaged’«unmendiantquiindiqueàunautremendiantoùtrouverdupain».Jésusestlepaindevieetl’eauvive,etnousvivonsdansunmonderemplidegensquiontfaimetsoif.Aunomdurespectdecesderniers,nousdonnonstropsouventdupainetdel’eaumaisnousdissimulonspresquelefaitquenous lefaisonsensonnom.Sansparlerdufaitquenous leur donnons rarement Jésus lui-même. Cette profondedivisiondans l’activitémissionnairede l’Égliseentre la justice

etlacharitéd’uncôtéetl’évangélisationdel’autreaétéabordéeparlepapeBenoîtXVI.

BenoîtXVI

Josef Ratzinger, présent au concile Vatican II commeconseillerthéologiqueducardinalFrings,aparticipéàtouteslessessions du Concile et y a joué un rôle clé par l’aide qu’il aapportée aux évêques allemands dans la modification desdocuments et du programme préparés pour les évêques par laCurieromaine.Ilétaitégalementpersonnellementimpliquédansl’élaboration et la reformulation de nombreux documentsconciliaires.EntantquebrasdroitdupapeJean-PaulIItoutaulongdesonpontificat, JosefRatzinger futun témoindirectdudéveloppement de l’appel à la nouvelle évangélisation. Ilcontinueà l’officialiser en tantquepapeBenoîtXVIà traversdeux développements majeurs : la création en juin 2010 del’Officepourlapromotiondelanouvelleévangélisation,etparlaconvocationdutreizièmesynodedesévêquesenoctobre2012pourtraiterde«lanouvelleévangélisationpourlatransmissiondelaFoichrétienne».

Bien que ces deux avancées manifestent concrètement laréponseduMagistèreàlanouvelleévangélisation,sestextesetle contenu des documents de la Curie romaine sous sonpontificatcontiennent le langaged’uneévangélisationnouvelledans son ardeur, ses méthodes et son expression. Ellesprolongent l’avancement et l’affinage qui avait commencé àprendreformedans ledéveloppementdes idéesdePaulVIparJean-Paul II. La distinction entre évangélisation et catéchèses’accroît, car l’évangélisation s’identifie davantage à laproclamation qui mène à la rencontre. Sous Benoît XVI, un

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MAISONDEDOULEUR

L’expérienced’uneÉgliseinstalléedanslaroutine

Comme je l’ai mentionné dans le chapitre précédent, auconclave précédant son élection, le cardinal Jorge Bergoglioavait écrit une réflexion en quatre points sur le pape dontl’Égliseauraitbesoin.Ilydécritunpapequiaideraitl’Égliseàse souvenir de sa vraie identité : être une Église « appelée àsortir d’elle-même pour aller vers les périphéries ». Il nousprévient que si l’Église ne fait pas cela, si elle ne « sort pasd’elle-mêmepourévangéliser,elledeviendraautoréférentielleettomberamalade».Cette«autoréférentialité»,avertit-il,estunesituation « grave » dans laquelle l’Église ne glorifie plus leChrist,maischercheàseglorifierelle-même.L’Églisesuccombeau«piredesmaux»etdevientune«Églisemondainequivitenelle-même,parelle-mêmeetpourelle-même».L’Égliseestdoncdevenueunemaisondedouleur,carnotreÉgliseestmalade.Cequicausecettemaladie,c’estlegraveoublidenotreidentitélaplus profonde : à savoir que nous sommesmissionnaires, quenoussommesuneÉglise«appeléeàsortird’elle-même».

Lorsque quelqu’un souffre d’amnésie profonde, il y atoujours des conséquences. La conscience de cette perted’identité donne lieu à une sensation de douleur. C’estégalement le cas à l’intérieur de l’Église, la maison de Dieu,construitesurlapierreangulaireduChristquiapourfondationsles apôtres et les prophètes (Ep 2,20). C’est une demeurespirituelle faite de pierres vivantes : les membres fidèles del’Église(1P2,5).Sinousnesavonsplusquelleestnotreidentitéla plus profonde, nous en ressentirons de la douleur : douleurinstitutionnelle, et douleur dans les membres individuels. Si

l’Églisedoit être reconstruite, elledoit d’abordêtreguérie.Lapremièreétapeverslaguérisonestdeciblerladouleur.

Lorsqu’onvaconsulterunmédecin,onlefaitparcequ’unedouleurouunesensationpénibleindiquequequelquechosenevapas.Lemédecindemandealorsdedécrire ladouleur.Quelssontlessymptômes?Oùavez-vousmal?Parlerdeladouleuretdesesmauxn’estpassimplementunepratiquestérileou,pire,unsigned’indisciplineoudefaiblessespirituelle.Aucontraire,la traditiondes lamentationsauneoriginebiblique.On trouvedeslamentationstantcollectivesqu’individuellesdanslaplupartdes psaumes, dans le Livre de Jérémie (20,7-18) et, bien sûr,dans leLivredesLamentations.Cespassagesde laBible sontdes manifestations flagrantes et d’une brutale honnêteté de lafaçon et de l’endroit où ça fait mal. En tant qu’Église, nousferionsbiend’entirerdesleçonsetdelesimiter.

«Voilàpourquoi jepleure,mesyeux fondenten larmes» (Lm1,16).

Aucoursdemesdix-septannéesdesacerdocedanscepetitcoin dumonde qu’est l’Est canadien, j’ai remarqué quemêmeceux qui sont les « pierres vivantes » du temple de Dieu nemanquent pas de peine. Il y a d’abord cette douleur tropcourante de voir sa famille et d’autres fidèles s’éloigner del’Église, de la foi en Jésus-Christ etmême de la foi enDieu.Cettedouleurestparticulièrementaiguëdanslaviedebeaucoupde paroissiens qui ont été témoins de l’apostasie générale detouteleurfamille.Perplexes,cesfidèlessedemandent:«Qu’ai-jefaitdemal?»ensebattantavecleursenfantsetleurspetits-enfants indifférents ou hostiles envers l’Église et la foi.Beaucoup de larmes ont coulé. SainteMonique n’a jamais euautant d’enfants spirituels recourant à son intercession pour

comme avant et ne fermons rien. On donne aux prêtres unedeuxième,une troisièmeet parfoisunequatrièmeparoisse.Ondemandeauxprêtresàlaretraitedereprendreleuractivitépourladeuxièmeoutroisièmefoisetl’onfaitvenirdel’étrangerdesprêtres qui ne connaissent pas notre culture et qui ont desdifficultésàcommuniqueraveclespersonnesqu’ilssontvenusservir.Etnousassistonsàtoutcelatoutensachantqu’unjour,touts’effondrera.

Il existe une vieillemaximemilitaire qui dit : «Celui quidéfendtout,nedéfendrien.»Envoulanttoutfairetourner,lesressources précieuses (financières et humaines) s’épuisent. Leprêtreestsouventcoincéentreunévêqueexaspéréquiessayedetirer un nouveau lapin de son chapeau, son propre sens dudevoiretdesparoissiensexigeantsquiveulent faire savoirqueriennedoitchangerbienqu’ilssontladeuxièmeparoissequeleprêtre porte sur ses épaules. Il y a six ans environ, lors d’unemessed’ordinationdansnotrecathédrale,l’undesprêtresassisderrièremoichuchotaaprèsl’onctiondesmains:«Delachairfraîche ! ». C’était plutôt amusant sur le moment, mais celaévoquaitunedimensiondecettedouleurressentieparleprêtre,à savoir que nous sommes de la chair fraîche hachée par unegrosse machine. Nous avons consenti à offrir notre vie ensacrifice, mais pas à une grosse machine qui se réfère à elle-mêmeet«vitparelle-mêmeetpourelle-même».

C’est vraiment douloureux de savoir que le navire seprécipitesurlesrochersetdenerienpouvoirfairepourchangersacourse.C’estunedouleurdeprodiguerdessoinspalliatifsetdesfunéraillesnonseulementpournosfidèles,maiségalementpournosparoissesquimeurentlentement,maissûrement.C’estune douleur de me demander pourquoi j’ai donné ma vie etpourquoi jedois inventermaproprethéologiepourrationalisercemanquedefruits,cemanquedevitalité,etcedéclinconstant.

Lorsquetouslesrêvesderenouveaus’évanouissent,leministèrepastoralneconsisteplusqu’àêtreunfoudeDieuetàseteniraupieddelacroixpourdonnerunsensàsasouffrance.ToutcelacorrespondàladouleurdevoiruneÉgliseendéclin,uneÉglisemalade, uneÉglise qui glisse vers l’aliénation, en faisant sansarrêtlamêmechosetoutenattendantdesrésultatsdifférents.Ladouleur est encore plus intense pour tous ceux qui aimentl’Égliseetcroientvraimentqu’ellenedoitpasagirainsietqueDieuveutqu’elleaillebienetsedéveloppe.

Grâceàl’amourduSeigneur,nousnesommespasanéantis;

«Sestendressesnes’épuisentpas;ellesserenouvellentchaquematin,oui,tafidélitésurabonde.Jemedis:‘‘LeSeigneurestmonpartage,c’estpourquoij’espèreenlui’’»(Lm3,22-24).

Quellessontlesoptionsquiseprésententauxresponsablesdansunetellesituation?

Lapremièreestd’abandonneretderester.Ilsrenoncerontàtoutepassion,toutzèleoutoutidéalisme.Ilsn’espèrentplusetpourtant, retenuspar lapeur, ils restentà leurposte.Celavautmalheureusement pour certains de nos prêtres et laïcs dans leministèrepastoral.Puisqu’ilsn’ontd’autresolution,ilspassentletemps.Dansl’œuvreimportantedeJ.R.RTolkien,latrilogiedu Seigneur des anneaux, nous distinguons cette dynamiquedanslapersonnedeDenethor,l’intendantsouverainduroyaumeduGondor.Ilestl’intendantetnonleroi.Lalignéederoiss’estéteinteilyaplusieurssiècleslaissantleroyaumesouslagestiond’un intendant. Mais le Gondor s’est maintenu par l’espoirpresque surnaturel que le roi reviendrait réclamer son trône,espoirqueDenethoraperdu.Malheureusement,ilyabeaucoup

trop de responsables dans notre Église qui ont succombé à latentation de Denethor. Ils ont perdu tout espoir de possibilitéd’unrenouveauetsesonthabituésàl’idéed’undéclinetd’unemortinévitables.Ilsrestentpourtantenposteetfontsouffrirlesmembres de leur paroisse qui ont encore une ambition et undésirderenouveau.LepapeFrançoisaditdecetteréalitédansEvangiliigaudiumqu’elleétaituneformede«mondanité».Ilydit:

« Dans ce contexte, se nourrit la vaine gloire de ceux qui secontentent d’avoir quelque pouvoir et qui préfèrent être desgénéraux d’armées défaites plutôt que de simples soldats d’unescadronquicontinueàcombattre»(EGn°96).

La meilleure option est de rester et de combattre, des’accrocher à sa vision des choses, au zèle et à la passion quivous a persuadé de vous lancer. C’est un véritable combat,commeceuxquiluttentcontreleseauxpourgarderlatêtehorsdel’eau.Maisquelleépreuve!Ontrouve,aucœurduproblème,laluttepourgarderl’espérance.Denethorafaitdeserreursquiontmené à la perte complète de son espérance. Avant tout, ilavait, auparavant, oublié qu’il n’était qu’intendant et qu’iln’étaitniunroinileroi.Toutsimplement,ilavaitoubliéqueleroi avait promis de revenir. Nous aussi dans l’Église, nous nesommesquedesintendantsquiattendonsleretourduroi.Noussommesdesgestionnairesdontlerôleestdéfiniparlefaitqueleroireviendrapourréclamersesbiens.Celanedevraitpasnousdonnerunefausseimpressiondepacifisme,pournouslaverlesmainsdetouteresponsabilité,maisenmêmetempscesensdesresponsabilités doit nous inculquer avec clarté que c’est sonÉgliseetquec’estluilesouverain,le«Dieuquidonnevie».JepenseàcesparolesdesaintAugustin1:«Agissezcommesitout

nosfidèlesneconnaissentpasgrand-choseets’intéressentpeuauxproblèmes théologiquesduXVIe siècle.Déjàprédisposésàune pensée pélagienne, ils entendent constamment le mot« mérite », et cela pose un problème. Si nous sommes bienattentifs, nous pouvons voir que la liturgie elle-même nousdonnel’antidote.Danslaprièresurlesoffrandesdelahuitièmesemainedutempsordinaire,nousdemandonsdelamiséricordedeDieuainsi«quecequevousdonnezcommesourcedeméritenousaideaussiàatteindrelarécompensedumérite».Peut-êtredevrions-nous tenir compte des directives contenues dans leMissel romain lui-même, à savoir que de temps en temps, lesparolesdesprièresliturgiquespeuventêtrelesujetdeprêchesetd’enseignements.

Lejansénisme

Les hommes ont toujours considéré la miséricorde divinecommescandaleuseetinjuste.Jepensenotammentàlaparaboledes ouvriers de la vigne qui travaillent tout le jour et sontmécontentsqueceuxquin’onttravailléqu’uneheureaientreçulemême salaire (Mt 20,1-16). C’est très humain de croire, auplus profond de nous, que nous gagnons notre récompense enfonctionseulementdecequenousfaisons.C’estlamesuredelajusticehumaine.Or,lesvoiesdeDieunesontpasnosvoies.

Larésistanceàlarévélationradicaledelamiséricordedivines’estànouveaumanifestéedansl’histoiredel’Églisesousformed’unrigorismemoralappeléjansénismeauXVIIesiècle.S’iltireson nom de Cornelius Jansen, prêtre et théologien hollandaismort en 1638, le jansénisme s’oppose à ses débuts aupélagianisme. Jansen étudiait les textes de saint Augustin,particulièrement ceux qui démontraient une ferme opposition

auxenseignementsdupélagianisme.Tandisquecederniermetl’accent sur la liberté humaine, au point de rendre la grâce deDieuinutile,lesjansénisteslamettenttellementenavantqu’ilsoublientlebesoindelibertéhumaine.Bienquecesoitlepointdedépartdecesystèmedepensée,verslemilieuduXVIIesiècle,les jansénistes eurent adopté un rigorisme moral qu’ilsconsidèrent comme la preuve nécessaire de la faveur et de lagrâce divines. Leur théologie voyait la liberté d’un simauvaisœil qu’elle finit par devenir élitiste et adopter le même genred’ascétismequelepélagianismequ’ellecondamnait.

Les religieuses du couvent dePortRoyal àParis3, bastionjansénisteduXVIIesiècle,furentainsidécritesparl’undeleurscontemporains : « Aussi chastes que des anges et aussiorgueilleuses quedes démons. »Le jansénisme enseignait, parexemple, que l’absence de péché mortel ne suffit pas pourrecevoirlasainteCommunion.Lebonchrétiendoitêtrecouvertde lagrâcedivineaupointd’être totalementdétachédupéché.Donc,pourêtre«digne»del’eucharistie,uncommuniantdevraêtreentièrementdétachédetoutpéché.Tandisquelejansénismese répandait à travers l’Europe, la pratique de l’abstinence decommuniondevenaitchosecommune.LaréceptionfréquentedelasainteCommunionneseraitréintroduitequesoussaintPieX,plusdedeuxsièclesplustard.Eninsistantsurlerôledelagrâceefficace de Dieu, le jansénisme deviendra, avec le temps, unmouvementdispensateurdeperfectionmoraleetde rigueur.Savision négative de la nature humaine s’affirma à un tel pointqu’il se retrouva au même niveau que le pélagianisme qu’ilcherchaitoriginellementàcondamner.

Malgrélacondamnationformelledel’Égliseàsonégard,lejansénismequitteralecontinentauXVIIIesièclepours’installerdanslesséminairesirlandais.Ilyformeraetdéformeratouteune

génération de prêtres, qui propageront cette version ducatholicismedanslagrandevaguedesmissionsirlandaisesauxXIXeetXXesiècles.Lemondedelathéologieetdelaspiritualitécatholiques est vaste,mais quel fidèle de l’Église enOccidentn’a jamais eu à l’esprit cette imaged’unDieudistant, froid etinapprochable et cette vision d’une vie chrétienneimpitoyablementexigeantedeperfectionmorale?

BonneNouvelle?

À plusieurs reprises, le pape François a décrit l’Églisecommeunhôpitalpourlespécheursetnoncommeunesortedeclubpourlesparfaits.IlestclairquelaBonneNouvelledusalutrésonneetest reçuecommetelledans laseulemesureoùnousavonssaisisincèrementlamauvaisenouvelledenotreconditiondéchue. La nouvelle que je n’ai pas le cancer n’aura d’impactque si j’avais pris conscience que j’étais malade. Une tellebonnenouvelleneseraressentiecommetellequesij’aivraimentacceptélamauvaisenouvelledemamaladie.Parconséquent,lepélagianismeparalyselacapacitéducroyantàrecevoirlaBonneNouvelle en tant que telle, précisément, puisque finalementJésusm’inspire par ses beaux enseignementsmoraux et par savieexemplaire.Infine,jepeuxmesauver.Lerigorismemoraletl’ascétismeremplacentlagrâceetlamiséricorde.

C’était vrai du pélagianisme et c’était aussi le fruit dujansénisme. La sempiternelle tentation humaine del’autojustification,del’autosuffisance,avaitgagné.Cen’estpasDieu qui nous rend digne, c’est nous-mêmes. Une Églisepélagienneoujansénisteneconnaîtpasvraimentlamiséricorderadicale,scandaleuse,deDieu.Oubiennousn’avonspasbesoind’êtrepardonnés,oubienlepardonestunenécessité.Quoiqu’il

laquelle il suppliait presque les catholiques d’apprendre àconnaîtreetàaimer l’Évangile,pour laplupart,undemi-siècleaprès le concile Vatican II, la Bible est encore un territoireinconnu. Bien que nous disposions de l’imprimerie depuis undemi-millénaire,etquenoussachions tous lireetécriredepuisun siècle, nous sommes encore tenus par une mentalité del’ancientempsoùiln’étaitpascourantdeprendrelaBibleetdela lire. Le cléricalisme du passé a laissé la plupart descatholiquesdansuneenfancespirituelleetne lesapas formésauministère.

Mais toutcelan’a-t-ilpaschangé?Certainement,dans lesannéesquiontsuivileconcileVaticanII,onessayadeselibérerducléricalismedupassé.Maisparadoxalement,cestentativesdedécléricalisationdel’Églisenousontencoreplusenfoncésdansle piège duquel on tentait de sortir. Je dis cela, car dans lesannéessuivantleConcile,la«responsabilisation»deslaïcsn’afait que se tourner vers les types deministère qui étaient déjàbien connus dans la vie de l’Église : les clercs. Par mégarde,nousavonsenseignéànosfidèlesquel’accomplissementdeleuridentité de baptisés était de remplir des ministèresessentiellement cléricaux par nature. Assurer les lectures à laMesseoudistribuerlasainteCommunionétaitconsidérécommele sommet duministère chrétien.Dans certains cas, dans cettetentativedecasserlemoulecléricaldurantlesannéessuivantleConcile, les laïcs furent invités à participer à la prièreeucharistique, à présider des « offices de communion » tandisque les prêtres allaient s’asseoir parmi les fidèles, ou bien ilsétaient invitésàdistribuerlacommunionàlamessetandisquelesprêtresrestaientassisàméditersur laresponsabilisationdeleursfidèles.Malgrédesintentionsprobablementbonnes,nousvoyonsencoreunefoisleslaïcss’appropriercequiétaitréservéauxpersonnesordonnées,ouplutôt,lesprêtressedéchargerde

tâches propres au ministère des clercs sur les laïcs.Tragiquement,lavraievocationdeslaïcsétaitencoreméconnueet on continuait à inventer des formes cléricales de ministèretoutàfait«normales».

Par conséquent, le tout nouvel encouragement du concileVaticanIIàdécouvrirl’appeluniverseldelamissionavécuunemortprécoce.L’«apostolatdes laïcs»,auquelseréfèreencoreet encore le document, a pratiquement disparu des paroissesordinaires, quinze ans après la clôture du Concile. Le«ministèrelaïc»aremplacél’«apostolatdeslaïcs».Lesensdecettesubstitutionestd’unegrandeimportance.Silaplusgrossecrise de l’Église est une crise d’identité parce que nous avonsoublié que notre identité est essentiellement d’être une Églisemissionnaire, l’allégement des tâches réservées aux clercscomme réponse présumée à l’appel au renouveau dans lesdocumentsconciliairesaaggravélacrised’identitéetaconduitl’Église à s’enfermer encore davantage sur elle-même. Le sensdes mots est d’une importance majeure. L’« apostolat », c’estaller,êtreenvoyé(dugrecapostollein).L’utilisationdecetermepar les pères conciliaires nous a rappelé que l’orientationfondamentale du baptisé est de sortir, d’être missionnaire. Ladisparitiondecetermeetlasubstitutionduterme«ministère»connotaient une redéfinition de l’appel du baptisé vers uneorientationadintradavantagequeadextra.

Pluspersonnen’a à sortir ; tout lemondepeut rester chezsoi.Laplupartdescatholiquespeuventsecontenterdeleurrôlede spectateurs passifs et les plus dévoués peuvent assurer leslectures et même distribuer la sainte Communion. C’est ladéfinitionmêmed’uneÉglisetournéeverselle-même,satisfaitedanssonpropreserviceetfermantlesyeuxsurlacontradictionqu’elle vit. Comme le remarque Evangelii gaudium, cet étatd’esprit limite la vocation des laïcs « à des tâches internes à

l’Église sans un réel engagement pour la mise en œuvre del’Évangile en vue de la transformation de la société » (EG n°102).L’appelauministèrelaïcprofessionnelatropsouventcrééune autre catégorie à l’intérieur de la communauté des clercs.Puisquelesparoissienssontdevenusplusnombreuxetdeplusenplusengagés,euxaussipouvaientfinalementassurer lerôlede ministres laïcs professionnels. Selon cette mentalité, lepeuple pèlerin de Dieu atteindrait l’accomplissementeschatologiquequandnousserionstousdevenusministreslaïcsprofessionnels et passerions tout notre temps à nous servir lesunslesautresdansl’Église.

Dans nos paroisses actuelles, malgré toutes les annéespasséesàformerdesministreslaïcs,lamajoritédescatholiquesreste endormie, des consommateurs passifs de « religionallégée».Danslaplupartdescas,nousavonsdonnénaissanceàunnouveaugroupedanslacommunautécléricale,cespersonnesqui font ce que les catholiques ordinaires ne peuvent pas.Beaucoupignorentcomplètementlesfondamentauxdelafoi,nesaventpascomment lire laBibleetn’ontpasévoluédans leurviedeprièredepuisleurenfance.Leplusalarmantestquecelanesembledérangerpersonneoudumoinspasassezpouryfairequelquechose.

Dans sa définition du cléricalisme, le pape François adéclaré qu’il s’agissait d’« une complicité pécheresse : le curécléricalise, et le laïc lui demande à être cléricalisé, parce quec’est finalement plus facile pour lui. Le phénomène ducléricalismeexplique,engrandepartie,lemanquedematuritéetde liberté chrétienne dans une bonne part du laïcat latino-américain».Nousquin’appartenonspasàl’Églised’Amériquelatine pouvons-nous nous reconnaître dans cette description ?Les années qui ont suivi le Concile ont vu lesdits prêtreslibérauxcléricaliserleslaïcsetcesderniersétaientbiencontents

Lesvaleurs

Que ce soit au niveau universel ou local, les fondationshumainesde l’Église résidentdans laculturehumainedecetteÉglise.Quandnousparlonsdelacultured’uneéglisediocésaineoud’uneégliseparoissiale,nousneparlonspasd’appartenanceethnique,maisplutôtdesvaleursdecettecommunautéhumaine.La culture de toute organisation se reflète dans ce qu’ellemetvraimentenvaleur.Cesvaleursneseremarquentpasenprioritédanscequiestdit,maisdavantagedanscequiestfaitoucequin’estpas fait.Elles sontcommuniquéesparcequiest célébré,par ce qui est toléré et par ce qui est présumé. Ces valeursinexpriméesquimodèlentlacultured’uneparoissereprésentent80 % des valeurs, elles sont la partie immergée de l’iceberg.Quandbienmêmedeséglisesauraienténoncédesdéclarationsde mission ou publié une liste de valeurs, tout cela neconstitueraitque20%decequ’ellesvalorisentvraiment.Jésusenseigne que l’on ne construit sur le roc qu’en écoutant saparole et en la mettant en œuvre. Il ne suffit pas seulementd’écouter. Il ne suffit pas seulement de parler de ce qui estvalorisé. Ce sont nos actions qui communiquent nos vraiesvaleurs.

Pouridentifierlesvaleursd’uneparoisseparticulière,ilfautregarder la façon dont elle gère son temps et son argent.Regardez son budget. Regardez l’organisation du personnel.Regardezquellessontsesprioritésparrapportàcequiestfaitetnon par rapport à ce qui est dit, et vous serez en mesured’identifier les valeurs de cette paroisse particulière. Si uneparoisse dit que l’évangélisation est une priorité, quel est sonbudget pour l’évangélisation ?Ceque je veuxdire, c’est qu’ilestpluscourantdevoirunbudgetconsacréaudéblaiementdela

neige plutôt qu’à l’évangélisation. Si une paroisse dit qu’elledonnedel’importanceàlaformationdesadultes,pourquoin’ya-t-il aucun budget ni aucun personnel pour coordonner cetteactivité?

Dans les paroisses, les cadres qui désirent sincèrementidentifierlesvaleursdeleurcommunautédevraientjeterunœilau calendrier des activités. Comment les bâtiments sont-ilsutilisés?Pourquels typesd’activités?Évaluez lanatureet larépartition des différentes utilisations de vos locaux.Regardezl’organisation du personnel. Ce sont des indices révélateurs.Avez-vousdavantagedepersonneladministratifousanitairequedepersonnelaffectéà lapastorale?Regardezetvousverrezsivousêtesuneparoisseplussensibleauxinfrastructuresqu’auxhumains. Comment le personnel affecté à la pastorale est-ilcomposé ? Quelle part de vos ressources est destinée auministère pastoral et quelle est la nature de ce ministère ?Nombreuses sont les paroisses qui ont un responsable de laformation religieuse à qui on a attribué un large éventail deresponsabilités dont la formation des adultes et des enfants.Comment son temps est-il réparti entre toutes ses tâches ?Unjour,j’aiétéenvoyéenmissiondansuneparoissedesÉtats-Unisqui se considérait comme une très grosse paroisse avec uneécole. Après avoir étudié les activités qu’ils proposaient,l’organisationdupersonneletlagestiondeleursressources,jeme suis rendu compte que cette communauté était en fait unetrèsgrosseécoleàlaquelleuneparoisseétaitattachée.Pourôtertouslesdoutessurlesvraiesvaleursd’uneparoisse,ilsuffitdefaire une évaluation honnête de son budget, quelle que soit ladéclarationdemissionqu’onaitpuaccrocheraumur.Touslesélémentsqu’uneparoissevaloriseconstituentsaculture.

Desvaleurscommunes

Toute paroisse possède une culture, mais cet aspect restesouventcaché,invisibleetsansnom.Aufildesannées,j’aiétéfascinéparlaquestiondesavoircequirenduneparoisseforteetsaine,età l’inversecequi la rend faibleetmalade. J’aiétudiédes cas d’églises catholiques et non catholiques, et il estfrappant de voir que ces églises saines et en pleine croissancepossèdentunensembledevaleurscommunes.Cesvaleurs sonttotalement différentes de celles des églises en déclin, qui seréduisentetmeurent.

En août 2010, j’ai été nommé curé d’une paroisserelativementrécenteetimportantedenotreville.Cetteparoisseavait été formée quatre ans plus tôt par la fusion de troisparoisses du même secteur. C’est mon prédécesseur qui avaitmenéàbienleprojetderéunircestroisparoissesenvendantlestroiséglisesafind’enreconstruireunenouvelle,plusimposante,plusbelleetultramodernedanslecadredelanouvelleparoisseSaint-Benoît à Halifax en Nouvelle-Écosse. C’est trois moisaprès l’inauguration du nouveau bâtiment et le déménagementdesparoissiensquejesuisarrivécommecuré.Sinosvaleurssemanifestent par ce que nous faisons et non par ce que nousdisons, il est clair que les cadresde cette communauté avaientdéclarédemanièreaudacieuse,maisnonsansdifficultés,quelamissionde l’Égliseétaitplusélevéeque lasimplepréservationdenoslocauxetquelàoùnousallionsétaitplusimportantquelà où nous avions été. Alors que depuis plusieurs années, lamissiondel’Égliseétaitsubordonnéeauxinfrastructures,unpasaudacieuxavaitétéfaitpourreconstruirelesinfrastructuresdanslebutderemplirlamission.Lesvaleursfondamentalesdecettecommunautécommençaientàchanger.

qu’il est surtoutdûàundésirde faire les chosespourenêtredébarrassé.

La triste vérité est que nous, les pasteurs, avons souvententretenu cette culture minimaliste. Mais quel autre choixavions-nouspuisquel’ontravaillaitdansunmodèledepastoralequi exigeait qu’onnourrissedesgensqui n’avaientpas faim?Souvenez-vous que nous sommes issus d’une tradition qui sedemandait:quelleproportiondelamessepuis-jemanquerpourque cela compte ? S’engager à privilégier lamesse dominicalesignifie que l’on cesse cette capitulation frustrante. Leminimalismeetleconfortnepeuventêtrelesvaleursprincipalesd’uneégliseenbonnesanté.Leminimalismeetleconfortn’ontpasleurplacedanslaviedudisciplequiestappeléàsauversavieenlaperdant.Quelqu’unaditunjourqueJésusnedemandepasunpeuplus, il demande tout.Si nos liturgies doivent êtreriches de sens et des « spectacles » transformateurs, elles ontbesoin de respirer et de ne pas être contraintes dans la limiterigide d’une heure. Demême il doit pouvoir y avoir assez detemps entre chaquemessepourque ceuxqui ont soif deDieupuissent s’attarder avec les uns et les autres à la sortie de lamesse pour s’encourager et se soutenir. Nous les pasteurssommes appelés à faciliter cela, même quand cela implique,horreur des horreurs, de changer les horaires de messe, desupprimerdesmessesauxquellespeudefidèlesassistentoudeprendre conscience que nous sommes confinés dans desbâtiments qui ne répondent plus aux besoins de ce nouveaucontextepastoral.

2.Hospitalité

J’étaisunétranger,etvousm’avezaccueilli

Mt25,35

Un jour quelqu’un a dit que l’Église est la seuleorganisationquiexisteprincipalementpourlebiendeceuxquin’yappartiennentpas.C’estladifférenceentreuneégliseetuneassociation. Les associations existent pour le bien de leursmembres. Je me rappelle une conversation avec un paroissienquiaffirmaitquemonrôledecuréétaitderépondreauxbesoinsdes paroissiens. J’ai peut-être été trop prompt à lui faireremarquerquecelaétaitunepartiede«notre»travail(toutelacommunauté,pas seulement leprêtre),maisquemon rôleétaitprincipalementdemenerunearméedemissionnairespourallerversceuxquinefaisaientpasencorepartiedenotreéglise.Cetteorientation missionnaire est l’identité qui doit être adoptée,presqueincarnéeetpasseulementdefaçonabstraite.Ànouveau,c’estladifférenceentrecequenousdisonsquenousvalorisonsetcequenousvalorisonsauplusprofonddenous.L’hospitaliténe veut doncpas dire être aimable avec nos amis et toutes lespersonnesquinousressemblent,pensentetparlentcommenous,maisaccueillirl’étranger.

Lesyeuxd’unétranger

Quand nous regardons cette valeur, nous devons nousdemander à quoi ressemble l’expérience du dimanche matinpour une personne qui n’est pas encore convaincue. Il y aplusieurs années, je gérais une mission de paroisse dans undiocèsevoisin.Aprèsavoirroulépendantplusieursheuressousune tempête de neige, je suis arrivé à la paroisse un quartd’heure avant le début de lamesse du samedi soir.Le curé decetteparoisseetmoi-mêmeavionséchangénoschairespour leweek-end et il n’était donc pas là. Lorsque je suis entré dans

cetteégliserelativementpetite,personnenem’asaluéalorsqu’ilne faisait aucun doute que j’étais un visiteur. Lorsque j’aidemandé au gardien où étaient les toilettes, ilme répondit ungrognementetfitungesteverscequiressemblaitàdestoilettes.Je portais une écharpe qui recouvraitmon col romain et doncpersonnenepouvaitvoirquej’étaisunprêtre.Lecontrasteaveclamanièredontlesgensmerépondirentaprèsquej’eusôtémonécharpepourrévélermonidentitéfutfrappant.

En tant qu’étranger, j’étais Jésus et personne ne m’aaccueilli. En tant que prêtre, j’étais seulement un prêtre, etc’était la routine :«OuimonPère,nonmonPère, toutcequevousvoudrezmonPère». Jeneveuxpasm’enprendreàcetteparoisse en particulier, car,malheureusement, elle n’est pas sidifférentedecequej’auraistrouvédansn’importequelleautreparoisse. Ce fait révèle un défaut dans notre culture et parconséquentdansnosvaleursentantquecatholiques.Cequej’aivécudanscettepetiteparoissen’estpasparticulièrementdûaufaitquejen’aipasétéreconnucommeétranger(c’estunaspectdelaviereligieuseoùlespetiteséglisesontunavantagesurlesgrosses églises). Mon expérience reflète une valeur quiconsidère la célébration eucharistique comme une expérienceprivéeetanonymeetquifaitdel’appelàaccueillirl’étrangerunpointcontesté.

Quifaitpartiedel’équipe?

Le premier pas pour adopter complètement la valeurd’hospitalitéestdecommencerparuneéquiped’accueil.Nousavonsvraimentbesoindequelquespersonnespours’occuperdel’accueilàchaquemesseetbienquecelaparaisseévident,nousdevonsavoiruneéquipe faitedegensquiaimentaccueillir les

cequiestnouveauestmauvaisetcequiestancienestbon.

L’ancienetlenouveau

Jésus dit : « Tout scribe devenu disciple du royaume descieux est comparable à un maître de maison qui tire de sontrésorduneufetde l’ancien»(Mt13,56).Jemesouviensquelorsque j’étudiais la théologie, un professeur nous a dit, nonsans sagesse, que lesmystères de la foi chrétienne impliquenttoujours une relation des deux à la fois. Cette approche desdeux à la fois possède aussi un grand mérite pastoral,particulièrement en ce qui concerne la musique. L’ancien doitavoir sa place dans notre culte car l’Église est toujours laCommunion des saints perpétuée à travers les âges. Êtrecatholique,c’estfairepartiedel’Église«universelle»(dugreckath’holon)etcette«Égliseuniverselle»nese limitenidansl’espace ni dans le temps. Rendre gloire à Dieu dansl’eucharistie,c’estentrerdansquelquechosedebienplusgrandque nous et largement plus vaste qu’une seule expressionculturelle à un moment donné. Il est impossible d’exclurel’ancien.

Être catholique, c’est aussi être missionnaire. Tout enconservant précieusement l’ancien, l’Église ne peut pas êtreuniquementledépositairedeschosesanciennes,quellequesoitleurbeauté.Elledoitrefléter lafacedeDieuqui,d’aprèssaintAugustin, est « beauté si ancienne et si nouvelle ». La divineliturgiedoitaussiavoirunedimensionapostoliqueetmettreenapplication les réalitésanciennesetéternellesensortequ’ellessoientcompriseset reçuespar tous les fidèles.Elledoitparlerleur langue. Le neuf est nécessaire etmême les psaumes nouscommandentde« chanter auSeigneurunchantnouveau» (Ps

33,3;40,3;96,1;98,1;144,9;149,1).Pour cette raison, je crois que la musique que nous

entendons dans la liturgie doit essayer d’épouser à la fois lenouveauetl’ancienetdoitrésisteràlatentationdechercherlecompromis avec une sorte de dénominateur commun.L’uniformitén’estpasunevaleurcatholique,etladiversitédoitêtrelabienvenuedanslamusiqueprésentedanslaliturgiesanscraintedesoninfluencesurl’unité.Uneuniformitéimposéefaitviolenceàl’unité.Ilnousfautredécouvrir lestrésorsmusicauxanciens et leur donner une place dans notre culte. C’est unbesoin fondamental de se rappeler que le culte de l’Église estbeaucoup plus important que nos inclinations paroissiales dumoment.Ilestessentieldeprieravecdenouveauxchantsetdenouveauxinstruments.NousdevonschercheràrendreunculteàDieu avec de la musique qui parle à toute l’assemblée, unemusiquequin’estpasétrangèreetquiplaîtàtous.

Dansmaparoisse,nouscherchonsàaccueillirl’ancienetlenouveauenproposantdifférentstypesdeliturgiesàchacunedesmesses du week-end. Ainsi, nous célébrons une expériencediversifiée de lamusiquequi épouse l’étenduede l’expressionmusicale de l’Église et nous laissons les paroissiens libres dechoisirlestyledecélébrationquileurconvientlemieux.Notremesse anticipée du samedi soir est animée par une chorale detaillemoyennequi chante des offertoires traditionnels du livrede chants accompagnés au piano ou à l’orgue. La messedominicale de 9 heures est animée par un orchestre modernecomposé d’une guitare électrique, d’une guitare basse, d’uneguitare acoustique, d’un synthétiseur et d’une batterie. Le sonestmixéparunprofessionnelpourassurerlameilleurequalité,et le groupe joue une variété de chants anciens et nouveaux,mais dansun style contemporain.Cettemesse tend à attirer leplus de jeunes foyers et nous mettons une sacrée ambiance !

J’aimebeaucoup!À la messe de 11 heures 15, nous avons une chorale de

trentepersonnesquiinterprètedeschantspolyphoniquesetdespièces classiques accompagnés à l’orgue. On peut parfois yentendre du grégorien. Certaines parties de la messe sontquelquefois en latin et celadonne à l’ensemble tout son faste.J’aime énormément aussi ! Notre messe du dimanche soir estsoutenueparunchœurdequinzeparoissiensquichantesurtoutdeschantsmodernes.Nousavons lagrâced’avoirunchoixdequatreatmosphèresuniquesdeprière.Laparoisseagitainsiencoordinatriceaviséeenmettantenvaleurl’ancienetlenouveau.

Labeauté

Il existe une autre valeur très catholique : la beauté. Lamusique,commeartancien,n’existe jamaispourelle-mêmeoubien elle deviendrait seulement fonctionnelle.Si elle est belle,elle véhicule le divin car celui qui est la Beauté se trouvetoujoursdanslebeau.Aussicontribue-t-ellefortementàl’effet« ouah ! » que nous devons nous efforcer de rechercher danschaque célébration de l’eucharistie. La beauté évoque souventune réponse silencieuse. Il en est ainsi lorsque nouscontemplons un magnifique coucher de soleil ou une œuvred’art exceptionnelle. Cela peut aussi être notre réponse à unemusique liturgique extraordinaire et je trouve cela mesquind’insinuer qu’être absorbé par l’écoute de quelque chose debeau n’implique pas une « participation pleine, consciente etactive».

Ilyauneplacedanslaliturgiepourcetypedeparticipation,mais les normes en matière de musique dans la liturgiesupposentd’ouvrirnotreboucheetdechanterdes louangesau

soit de bonne qualité et faire des efforts dans ce sens-là enn’oubliant jamais notre contexte. Après les affrontementsthéologiques du XVIe siècle, les réformateurs protestants ontréagi face à ce qu’ils considéraient comme un manque deconsidérationpourlaparoledeDieuetlaprédication.Aprèslaréforme, le duel sacrement/Parole s’est prolongé avec laréaffirmation par le concile de Trente de la centralité dessacrements dans la vie de l’Église. (C’était, bien entendu, uneoppositionerronée.Iln’yauraitjamaisdûyavoiràchoisirentrel’un ou l’autre : à la fois les sacrements et la Parole sontimportants.) Par conséquent, la prédication biblique n’est pasunefortecaractéristiquedel’Églisecatholiquemoderneetmêmesi un demi-siècle est passé depuis le concile Vatican II, nousavons toujoursdumal à appliquer les lignesdirectrices clairesdéfiniesparlespèresconciliaires.

Banquetoufast-food?

Tandis que nous abordons la mission de la prédication, ilfautgarderentêtequelaparoledeDieuestunbanquetetnonunfast-food.«Long»et«court»sontdes termesassociésetont besoin d’être discernés à la lumière de nos culturesparoissialesetdenospratiques.Lenombredeplaisanteriesquej’aipuentendreàlasuitedelapublicationd’Evangeliigaudiumn’a pas étémince. On n’a pasmanqué deme rappeler que lepape François avait recommandé que les homélies soient« brèves ». Sans attendre, j’ai rétorqué que le pape Françoisdisait que l’homélie ne devait pas prendre la forme d’undiscoursoud’une lectureetquesadéfinitionde« long»étaituneheureentière!

«Leprédicateurpeutêtrecapabledemaintenirl’intérêtdesgensdurant uneheure,mais alors saparoledevient plus importantequelacélébrationdelafoi»(EGn°138).

Lesdimanches,jeprêchependantquinzeàvingtminutesetnem’enexcusepas.Lamissiondelaprédicationestessentielleet nous devrions la prendre au sérieux. Elle rapporte gros etnousdevonsbienl’accomplir.Jenecroispasquelesfidèlesquis’assoientsurnosbancsetquiontvraimentsoifdelaparoledeDieu puissent recevoir assez de nutriments pour la semaine àvenirsion leursert justeunhors-d’œuvrehomilétiquedecinqminutes. La proposition d’une prédication plus robuste etintentionnelle sera reçue favorablement par les affamés, maisserarejetéeparceuxquin’ontpasfaim.Danstoutesnoséglises,unepartiedel’assembléeseréjouiraitsil’ons’engageaitàunehoméliedecinqminutes tous lesdimanches. Ilsseréjouiraientencore davantage si on supprimait simplement l’homélie.Maislamissiondubergerestdepaîtresesbrebiset jenepensepasque la portion de chacun devrait être mesurée en fonction decelledesbrebisquin’ontpasfaim.Pourquelquespetitsgroupesdans les différentes paroisses où j’ai servi, réside presque lesentimentquel’homélieestunsupplémentintrusifquel’ondoitendurerplutôtqu’unepartieessentiellede la liturgieetqu’elleprendsurletempsqu’ilfautpourrecevoirlasainteCommunionetseprépareràpartir.

Peut-être que si nous faisionsplus attention au style et aucontenude notre prédication, nous ferions de l’homéliemoinsun test d’endurance qu’une célébration joyeuse de la foi. Lepape François nous a répété maintes et maintes fois la placecentraledukérygmeoudelapremièreannonce.DansEvangeliigaudium,ilrappelleàl’Églisequ’elleest«lapremière»,«maispasparcequ’ellesetrouveaudébutetqu’après,elleestoubliée

ou remplacée par d’autres contenus qui la dépassent » (EGn°164). Prêcher sera alors toujours christocentrique etévangélique. Saint Paul a dit : «Nous proclamons unMessiecrucifié»(1Co1,23).Chaquehomélie,peuimportelecontexte,sedoitdeprêcherJésusChrist,samortetsarésurrection,etlavienouvelletrouvéeenluiparuneviedefoi,d’espéranceetdecharité.Chaquefoisquenousprêchons,nousdevrionsénoncercelaclairementetinviteràrépondreàceluiquiadit:«Venezàmoi, vous tousquipeinez sous lepoidsdu fardeau, etmoi, jevousprocurerailerepos»(Mt11,28).Ainsi,ceuxquientendentpeuvent être amenés à cette rencontre personnelle nécessaireavecJésus,cequifaitaudépartquenousdevenonssondisciple.

Lorsquenous prêchons, nous devons délibérément parler àla personne dans son entièreté (esprit, cœur, conscience etvolonté).Notre prédication liturgique et non liturgique devraitêtre intelligente et informative, mais ne pas ressembler à uneconférence académique.Les prédicateurs résisteront toujours àlatentationdeprouverqu’ilssontintelligentsetdemontrertouslesgrandsmotsqu’ilsontapprisdansleurscoursdethéologie.L’exégèse devrait être la base de notre prédication, et lesfondations sont toujours cachées. C’est une vraie lutte pournous dans l’Église aujourd’hui, comme la conséquence d’unemauvaise formation dans les séminaires et les facultés dethéologies. La formation est assurée dans des institutionsuniversitairesoùuncourssurlaprédication,souventdonnéparun universitaire avec peu d’expérience pastorale, n’est qu’uncoursparmilesquaranteautresquiconstituent laformationduprêtre. Les séminaristes reçoivent une formation de six ans etécoutent tous les joursunehoméliepréparéeparunprofesseurdansunenvironnementhyper-intellectualisé.Celanesurprendraalors personne que les homélies apparaissent comme arides etennuyeuses au catholique pratiquant moyen. J’ai souvent

pasà fairedemêmepour raconter laplusgrandehistoireet lameilleurenouvelledetouslestemps?

À Saint-Benoît, je prépare huit à dix diapos pouraccompagner mon homélie. Je ne m’en sers pas toutes lessemaines,carjepréfèrequ’onnes’yattendepas.Jeprêchedansle style des conférences TED (Technologie, Divertissement etDesign) en utilisant les notes parcimonieusement.Mes diapossontminimalistes,ellesnecomportentsouventqu’unseulmot,qu’uneseulephraseouimage.Parfoisj’utilisemêmeunebrèvevidéoquim’aideàfairepassermonmessage.Jesuisconscientquecelapeutfairesortircertainsliturgistesdeleursgonds,maisj’appelleraisaintPaulàmadéfense:«Jemesuisfaittoutàtouspourensauveràtoutprixquelques-uns»(1Co9,22).Celam’aimpressionné d’entendre des paroissiens me dire combien cessupportsvisuelslesaidenteux,etparticulièrementleursenfants,àsesouvenirdumessagedel’homélie.Cesimagesetcesmotsserventdebonprompteuretpeuventaussiaiderleprédicateuràsedébarrasserdesesnotes.

Évitezl’isolementJesuisréellementpersuadéquenousdevonstoutfairepour

interconnecter les homélies dans une paroisse. Trop souvent,notre prédication ressemble à ces séries télévisées dont lesintrigues sont totalement différentes d’une semaine à l’autre.Ellessepassentaumêmemoment,aumêmeendroitetaveclesmêmes personnages, mais n’ont aucun lien. Notre prédicationdevraitêtrepenséeenfonctiondeshoméliesprécédentesetêtrecommecessériesdontl’histoireseconstruitaufildesépisodes,comme 24 heures chrono, The Walking Dead, Homeland ouDowntownAbbey,maissurtoutpascommeLost:LesDisparus.

Dans les paroisses où il y a plusieurs prédicateurs sur un

mêmeweek-end,l’homélienedoitpasêtreadresséeàuntypedepersonneenparticulier.Elledoitêtrecelledonttoutelaparoissea besoin. Les prédicateurs doivent échanger entre eux pour semettred’accordsurcequ’ilsveulentque les fidèles sachentetfassent. Le curé tout particulièrement devrait régulièrementprêcherdeshoméliesprogramméesquiparlentde lavision,duprojetetdelastratégiedelaparoisse.Ildevraitrépondreàdesquestions telles que : où allons-nous ? Pourquoi changeons-nous ? Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ? L’idéed’une série sur quatre semaines, programmée à l’avance pourrépondreàdesproblèmespastoraux,peutêtretrèsutile.Ledéfiavec cette idée est néanmoins de respecter l’intégrité duLectionnaire.

Amusez-vousEndernier lieu,et toutsimplement,aimezetprofitezdece

quevousfaites.Sicelavousestpénibleetdéplaisant,ilenserademêmepourlesfidèlesquidoiventvousécouter.

5.Unecommunautéprofonde

Lamultitudedeceuxquiétaientdevenuscroyantsavaitunseulcœuretuneseuleâme.

Ac4,32C’était la fin d’unemesse du samedi soir et, alors que je

rentraisdanslasacristie(quisesituederrièrelesanctuaire),j’airemarqué une jeune femme qui était assise seule sur un banc.Ellesemblaitbouleversée.Lorsquejesuissortidelasacristieetm’apprêtaisàpartir,elleétaitencorelà.Jesuisalléverselle,jemesuisassisàsescôtésetj’aiattendu.Finalement,ellelevalatête et commença à me raconter son histoire. Elle était

doctorante dans l’une des universités qui dépend de notreparoisse.Elleétaitsubmergéedestressetd’anxiétéàcausedesa thèse,etn’avaitpasmangénidormiconvenablementdepuisdesjours.Ellesemblaitprochedes’effondrerémotionnellementet physiquement. Sa famille vivait dans une autre province, etelle était seule dans cette ville. Rapidement, j’ai essayé deréfléchir à ce que je pouvais faire pour l’aider. Je devais êtreautre part dans la demi-heure qui suivait, et c’était quelquechosequejenepouvaispasmanquer.J’aipasséuncoupdefilàKaren, une jeune femme de la paroisse, qui était aussidoctorante et qui vivait à une rue de l’église. Heureusement,Karen était chez elle. Nous nous sommes rapidement arrangéspour que je dépose cette jeune femme chez elle avant de merendre à mon rendez-vous. Quelques minutes après, elle étaitassisedansunfauteuilavecunecouvertureetunetassedethéàlamain.Tandisquelesoupermijotaitsurlefeu,Karenasortisaharpepourluijouerunebellemélodieréconfortante.

Jen’oublierai jamaisce jour-là.Cequim’afrappé,c’est lecontrasteentrelesdeuxréponsesapportéesàcettepersonneendétresse. Une église relativement pleine s’était vidée autourd’elle alors qu’elle avait visiblement besoin d’aide. Ceux quis’étaientattardésdansl’égliseaprèslamessel’ontcertainementvue,maispersonnenes’estapprochéd’elle.Jen’écrispascelacomme un reproche, car je ne pense pas que les gens s’enfichaient.Jeconnaissaisquelques-unsdesfidèles,etcesontdespersonnes attentives. Je crois plutôt que leur attitude a étéinfluencéeparunétatd’espritquientravenotrecapacitéàêtreunecommunautésoudée:«Cenesontpasmesaffaires.»

«Est-cequejesuis,moi,legardiendemonfrère?»(Gn4,9).

De telles expériences nous invitent à nous demander si

confort. Jemesouviensencorede leur têteavantet aprèsmoninvitation. Au moment où j’énonçais ma demande, je pouvaispresqueliresurleurvisage:«Ohnon!Ilvanousdemanderdeparler à quelqu’un. »Malgré cela, avant que l’attention ne sefocaliseànouveausurlecélébrant,onvoyaittoujoursunsouriresur chacun des visages, ainsi qu’un certain soulagement quel’exercicesoitterminé.

Àmon arrivée à Saint-Benoît, j’ai décidé de changer cetteapproche. Une vraie communauté ne se crée pas seulement enfaisant ami-ami avec son voisin. La communion que nouscélébronsàl’eucharistien’estpasqu’unsourireetunepoignéedemain.C’estlacélébrationdenotreunitédansleChrist,dansnosjoiesetdansnospeines.D’ailleurs,unbaindefoulen’estpas approprié au moment de l’eucharistie. Cela doit se faireavantd’avoir trouvé saplace.Au lieud’inviter les fidèles à sesaluer,àseserrerlamainouàdemanderlenomdeleurvoisin,nous invitons lesparoissiensà trouver,pour toutes lesmesses,un partenaire de prière, quelqu’un pour qui ils prieront et quiprierapoureux.Biensûr,ilsn’ontpasbesoindeconnaîtresesintentions de prière, seul Dieu sait. Chaque semaine, nousprenonsunmomentpourexpliquercettedémarcheauxvisiteurs,auxinvitésouauxnouveauxparoissiens.

Nousinvitonslesgensàfaireéquipeavecquelqu’unqu’ilsneconnaissentpas,sipossible,etàprierpourlapersonne,avecsonnom,pendantlamesse.Chaquesemaine,àlafindelaprièreuniverselle,nousmarquonsuntempsdesilencepourprierpourlapersonnequenousavonsrencontréeaudébutdelamesse.Depetiteschosespeuventvraimentfaireladifférence.

Depuisquenousavonsmisenplacecettepratique,j’aireçuuntasdecommentairespositifsetd’histoiressurdesrencontreset des transformations. Des fidèles m’ont raconté en pleursqu’ilsétaientvenusàlamesseavecunfardeau,sedemandantsi

onlesaimait,siDieulesaimait.Lefaitd’êtreliéspirituellementà ceux qui les entouraient était très important. Semaine aprèssemaine, la plupart des fidèles continuent de s’asseoir sur lesmêmes bancs. Des liens se créent, les visages deviennentfamiliers, les fidèles se souviennent des noms et avouent prierpour«cettepersonne»pendantlasemaine.

c.PrièrepastoraleaprèslamesseIlyaquelquesannées, j’aipromisàDieuquechaque fois

quequelqu’unmedemanderaitdeprierpourlui,jem’arrêteraietle ferai au moment même. Je n’ai pas toujours tenu mapromesse,maislaplupartdutempsjelefais.J’aifaitcelapourplusieurs raisons, et la première est que j’ai une trèsmauvaisemémoire.Comment pouvais-je dire sans arrêt que j’allais prierpour des gens ou leurs proches tout en sachant que j’allaisprobablement oublier ? Ma devise régla définitivement monproblème : « Bien sûr que je le ferai. Allons, prionsmaintenant.»

Ledeuxièmeavantageestpluségoïstedemapart.Les foisoùjesuisleplustentéderépondreàunedemandedeprièreenpromettant de prier dans un futur vague, distant, plutôt qu’aumomentmême,c’estquandjemesensfaiblespirituellementoudistrait.Ilestdifficiledepourvoirainsiauxbesoinsdesfidèlessivousnevoussentezpasvraimentsaint.Enmeforçantàprierpour eux lorsqu’ils le demandent, je permets à ma proprefaiblesseetàmonimpuretéd’êtredéfiéesetdemerappelerqueDieunesesertpasdemoipourquijesuis,maispourquiilest.

Letroisièmeavantageestquelapersonnepourquijeprienereçoit pas seulement le bienfait de la prière,mais celui d’êtreécoutéeetd’expérimenterlaprière.Cesmomentsontdonnédesrencontres profondes, souvent avec des larmes et un sentiment

desoulagement,depaixetdeguérison.Chaquefoisquecelasepasse ainsi, je pense : « Pourquoi ne fait-on pas cela plussouvent?»L’undesfacteurslimitantdecetypedeministèreestque je suis seul pour les cinq à six cents fidèles qui quittentl’église après chaque messe. Mais nous avons trouvé unesolution.Nousavons formédeséquipesde laïcspouroffrircegenredeministèreà lafindechaquemessetandisquejeserredesmainsàlaportedel’église.

L’un des moments clé du parcours Alpha est lorsque lesmembres de l’équipe prient pour que les convives ressententl’amour deDieu, l’Esprit Saint et la guérison.Notre façon defaire pendant les parcours Alpha est non intrusive, douce etrespectueuse. Deux membres de l’équipe demandent lapermission à la personne de placer leur main sur son épaule,puisellesprientpourelleenlanommant.Lesprièresn’ontpasbesoind’êtrelonguesouéloquentespuisqueDieunerépondpasuniquement auxprières des personnes diplômées en théologie.Plusieurs choses se passent lors de cette rencontre. D’abord,cette façonde faireextrêmementpersonnelle touchebeaucoup,beaucoupplusdepersonnesquesic’étaitseulementl’affaireduprêtre.Ensuite,lesmembresdel’équipeexpérimententcettejoied’êtreainsidesinstrumentsdeDieuetmontrentquecen’estnicompliquénidifficilede s’entraiderpar laprière.AuparcoursAlpha, les équipes d’hommes prient avec les hommes, et lesfemmesaveclesfemmes.Cetterépartitionréduit lesrisquesdecomplications.

Depuis2011,cetteexpériencedeprièresevitaussipendantles messes du week-end. Une fois par mois, deux à quatreéquipes formées se tiennent à la disposition des fidèles aprèschaque messe, et toutes les semaines, des équipes sontdisponiblesdanslachapelleduSaintSacrementpourprieravecceux qui en auraient besoin. Tandis que je salue les gens à la

stagnons dans notre vie spirituelle. Nous attendons de chaquemembredelaparoisseSaint-Benoîtqu’ils’inscriveàaumoinsunesessiondeformationspirituellechaqueannée.Nousdevonsnous rappeler que notre engagement à grandir aide ceux quinous entourent à s’engager eux-mêmes.Decettemanière toutenotreÉglisedevientdeplusenplussaine.

ServirJésusadit:«leFilsdel’Hommen’estpasvenupourêtreservi,maispourservir»(Mc10,45).L’essencedelaviechrétienneestde servirDieu et les autres.L’Église n’est pas en bonne santélorsqu’elle oublie cette vérité.Nous ne sommes pas seulementappelés à servir individuellement, mais à le faire en tant quecorpsdel’Église.Ainsinoustémoignonsquenoussommes,entant qu’Église, lesmains et les pieds de Jésus dans lemonde.Nouscroyonsaussiquetouslesparoissiens,sansexception,ontquelquechoseàoffrir,quelquechosequ’ilsfontbienetpeuventfaire pour le royaume de Dieu. Nous attendons de chaqueparoissienqu’ilservelaparoisseens’investissantdansaumoinsunministèrechaqueannée.

CréerdesliensL’Église est une communauté de croyants et non un simplegroupe d’individus qui se rassemblent une heure par semaine.Dansunecommunautéchrétienne,onpeutcompter lesunssurles autres et compter pour les autres. Cette tâche doit êtreréaliséeavecdeseffortsassidus,carellen’estpasfacilitéeparlataille de notre paroisse. Nous attendons de chaque paroissienqu’il contribue à la construction de la communauté en seconsidérant comme une part essentielle de la vie de cetteparoisse et en cherchant à aller vers les autres et à tisser desliens.

FairedesdonsNous attendons de tous les paroissiens qu’ils donnentgénéreusement de leurs ressources financièresproportionnellement à ce qu’ils ont reçu. Il ne s’agit pas dedonner seulement pour quelques besoins essentiels ou poursupporter les coûts de l’entretien du bâtiment et des quelquesemployés. Nous donnons par gratitude envers Dieu. Plus laparoisse reçoit, plus nous avons les moyens de construire leroyaumedeDieu,plusnouspouvonsaider lespauvres,etplusnous pouvons organiser des formations pour aider les autres àgrandir. Cela n’exclut personne. Si quelqu’un a moins, qu’ildonne moins. Si quelqu’un a plus, qu’il donne plus. Cetteoffrande que nous faisons à l’eucharistie dominicale est unepartieessentielledenotreprière.»

Ces attentes pourront vous sembler ambitieuses, maiscomme le grand artisteMichel-Ange a dit un jour : « Le plusgrand danger pour la plupart d’entre nous n’est pas que notrebutsoit tropélevéetquenous lemanquions,maisplutôtqu’ilsoittropbasetquenousl’atteignons.»

L’intendanceLa spiritualité de l’intendance chrétienne nous aide

beaucoupdansnotredémarchepourfaçonnerlaculturedenotreparoisseetpourvalorisercesattentesclaires.Troisfoisparan,nous organisons des initiatives d’intendance chrétienne pourexposernoscinqattentesànos fidèlesetnous leurproposonsde prendre des décisions concrètes autour d’eux. Je me suisimpliquédanslamiseenœuvredel’intendancechrétiennedanschaqueparoisseoùj’aiservi.Onditqueledondesontemps,deses talents et de son trésor répond aux exigences essentiellespour suivre Jésus. Cependant, j’ai toujours lutté contre le

manque apparent d’engagement pour l’apostolat,particulièrementpourgrandiret sedévelopper,encomparaisondesautresengagementspourservirdansunministèreselon lestalentsdonnésparDieu.

Au fil des années, j’ai rencontrédeux typesdeparoissiensinvestis. Le premier, et le plus commun, est celui qui rendconstammentservice.Ilsertdansunemultitudedeministères.Ilneditjamaisnon,maisilneprendjamaisletempsdesuivreuneformation qui lui permettrait de recevoir.Trop souvent, j’ai vudesparoissiensincroyablementgentilsêtredépassésetépuisés.Dans la seconde catégorie, moins commune, on trouve desparoissiensquisuiventformationaprèsformation,passentd’uneexpériencespirituelleàuneautre,enrecevantconstammentsansjamais rien donner ni rendre service aux autres. En vérité, lesdeuxoptionssontfatalesmêmesilasecondeestbiensûrlaplusfatale. LamerMorte est vraimentmorte, pour la bonne raisonqu’elle n’a que des tributaires et aucun distributeur. Elle nereçoitquedel’eausaléequis’évaporeetdonnedestauxdesellétauxquiempêchenttoutevie.Commecuré,j’aitoujourseudumal à trouver comment aider mes paroissiens différemmentdisposés et moi-même à trouver un équilibre dans nos vies àl’intérieurdelaparoisse–àtrouverunéquilibreentreleservicedesautresetnotreproprebesoindecréerdesliensetdegrandir.

En septembre 2010, j’ai assisté à la Conférenceinternationalede l’intendancechrétienneàSanDiego.Celanefaisait que quatre semaines que j’étais arrivé dans la paroisseSaint-Benoîtetjesavaisquejedisposaisd’unetoileviergepourpeindrecequejevoulais.Unaprès-midi,jemesuisretrouvéparhasarddansunesessionà laquelle jenem’étaispas inscrit. Jemesuisassis.L’équiped’uneparoisseaméricaineétaitentrain

nombre de paroissiens par prêtre est très faible. Plus uneparoisse est grande, plus elle doit devenir petite. Donnerl’opportunitéd’expérimenterunecommunautéauthentiquedoitêtreunepriorité.

Culturecléricale

Laculturedominantedanslamajoritédesparoissesprésenteun défi pour en faire une réalité. Beaucoup de catholiquesdonnentdelavaleurseulementauministèreassuréparleprêtreetconsidèrentqu’ilsnesontvéritablementliésàlaparoisseques’ilsentretiennentunerelationforteetpersonnelleaveclecuré.Si le prêtre n’est pas en mesure d’être présent à toutes lesréunions d’un comité, d’une équipe ou d’un groupe, il devraitpasser aumoins une fois de temps en temps. Le problème estque si nous nous en tenons à cette idée, alors le nombre devéritablescommunautésauseind’uneparoisse restera toujourslimité. Cela fonctionnerait dans une petite paroisse, maisseulement dans une paroisse en mauvaise santé. Si une petiteparoisse est en bonne santé, elle grandira. Si elle grandit etcontinueàgrandir, tôtou tard,elle seragrandeet il lui faudrachanger de modèle. Dans une grande paroisse, en bonne oumauvaisesanté,cemodèleestdéjàprofondémentrestrictif.

C’est un problème qui me hante le soir quand j’essaie dem’endormir.Pourmoi, cen’est pasunproblèmeabstrait,maisunproblèmequiportedesvisagesetdesnoms.Parfois,jepenseà une personne que je n’ai pas vue depuis longtemps et medemande:«Queluiest-ilarrivé?Oùest-il?Quis’occupedecettepersonne?»C’estsi facilepournosfidèlesdeseperdredans la fouleetde tomberdansunecrevasse,mêmepourceuxquiontfait l’expérienceauthentiqueduSeigneur.Jepenseaux

nombreux catéchumènes qui ont vécu les rites de l’initiationchrétiennedansmesdifférentesparoissesetaugrandnombredenouveaux baptisés et de confirmés qui ont déserté. Nousamenonslesfidèlesauxsacrementsetàl’initiationautraversdegroupes. C’est une expérience qui transforme et soutient. Lescatéchumènes connaissent exactement le même type decommunautéreflétédanslespropositionsdusondageME25deGalluppuisc’estlavigilepascale.

Toute cette longue démarche arrive à son terme lorsque laplupart des catéchumènes sont relâchés dans la populationgénéraleavecunetapedansledos,un«bienvenueentantquevéritablemembredel’Église»etun«bonnechance».Peut-ons’étonner que nous ayons un taux de pertes immense ? Lasolutionestdevantnosyeux.Leprocessusmêmequiamènelescandidats à la foi et aux sacrements est le processus qui estessentiel pour nourrir le cycle de vie de l’Église. Unecommunauté pleine de sens ne peut pas être la partie d’unprogramme : elle doit être une partie normative de la vie del’Égliseetlaviedel’Églisedoitdevenirleprogramme.

«Maisqu’est-cequecelapourtantdemonde!»(Jn6,9)

Je suis égalementhantépar laquestionde savoir commentonpeuts’occupersuffisammentdesfidèlesdemaparoisse.Avectantdetâchesetderesponsabilités,autantdepersonnelàdirigeretàguiderpourqu’ilyaitsuffisammentdedegrésdeministèreproportionnellement au nombre de fidèles, comment puis-jem’assurer que l’on prend bien soin des paroissiens ? Dans lechapitre 4, je parlais du besoin d’étendre notre définitionactuelledelapastoralepourconduirenosfidèlesàlamaturité.Si nous voulons évoluer au-delà du modèle thérapeutique depastorale qui domine dans la majorité des paroisses, nous

devronsnonseulementalternerlesstructuresmaisaussialternerlesvaleurs.

Sileprêtred’uneparoissecomprenantseulementdeuxmillefamillesdevaitpasserdixheuresparsemaineàfairedesvisitesd’uneheureàchaquefamille,illuifaudraitquatreansavantdepouvoir revenir pour continuer la conversation. Ce type desituationn’estpasunmodèledepastoraleacceptable.Enréalité,saufcatastrophemajeure frappantune famille,dans lamajoritédesparoisses leprêtrenepeutpas apparaître à laportede sesparoissiens.L’attentiondoitdoncdevenir l’occupationdetous,pas seulement du pasteur. Alors seulement, l’Église deviendrasaine. Alors seulement, les curés seront libérés d’un fardeauconsidérable et pourront voir venir les choses. Il faudrait unesorte de capitulation pour que cela arrive et ce seraitdouloureux.

J’ai dû beaucoup lutter contre l’impression d’être un« mauvais prêtre ». Souvent le week-end, après la troisièmemesse, j’ai déjà vu 1 700 fidèles à l’église, j’en ai salué descentaines, et il me reste encore une messe. Des douzaines deparoissiens me demandent des prières pour leurs proches, etbeaucoupmedisentdeschosescommecelles-cialorsqu’ilss’envont : « Je sais que vous êtes occupé, mon Père, maissimplement au cas où, mon mari est à l’hôpital, au septièmeétage,chambre46.»Mesparoissiensmedonnentdesnouvellesde leur état de santé et de celui de leurs proches. Ilsm’entretiennentenprésumantquejesaisexactementquiilssontet que je me souviens dans les moindres détails de ce qu’ilsm’ont raconté il y a trois semaines. Écouter et répondre faitpartie de mon travail en tant que Père de la paroisse, maiscomment répondre à tout ? Aux alentours de 13 heures ledimanche, j’ai le sentiment quemon cerveau déborde parmes

« Mon langage, ma proclamation de l’Évangile [kerygma],n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre ;maisc’estl’Espritetsapuissancequisemanifestaient,pourquevotrefoirepose,nonpassurlasagessedeshommes,maissurlapuissancedeDieu»(1Co2,4-5).

« Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez étéchoisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile[euangelion] n’a pas été, chez vous, simple parole, maispuissance,actiondel’EspritSaint»(1Th1,4-5).

Dans l’Église primitive, la proclamation était toujoursaccompagnée demanifestations de force par l’intermédiaire del’EspritSaint.RépondreàcetenseignementsignifiaitrecevoirlaproclamationetêtreremplidecetEspritdeforce,quiestDieuen nous.Cette expérience de l’Esprit Saint était fondamentalepour ledéveloppementde l’Égliseprimitiveet resteessentiellepourlaviechrétienneaujourd’hui,particulièrementdansl’appelàlanouvelleévangélisation.Iln’estdoncpassurprenantqueleséglises en bonne santé et en plein essor encouragent etpermettentàleursmembres,nonseulementdecroireenl’EspritSaint ou de recevoir l’Esprit deDieu sacramentellement,maisaussi d’expérimenter véritablement l’Esprit de force dans leurvie.Lapremièrevagued’évangélisationest issuede laprisedeconsciencede l’accomplissementde« lapromesse» le jourdePentecôte, une prise de conscience qui était plus queconceptuelle : c’était empirique et transformateur.Ainsi, de lamême manière, la nouvelle évangélisation s’accompliraseulementparunenouvellePentecôte.

Malgré la place centrale de l’expérience du Saint-Espritdans l’Église primitive (et dans presque tout mouvement derenouveau dans l’histoire de l’Église), l’idée du Saint-Esprit

nous est plus familière aujourd’hui, au milieu des appels aurenouveauetàlaré-évangélisation,quecelledel’expériencedel’Esprit qui vient dans la force.Dans le chapitre 19desActesdesApôtres,saintPaulserendàÉphèseoùiltrouve«quelquesdisciples ». L’expérience de « recevoir » l’Esprit Saint est siessentielle pour la foi que c’est la première chose que leurdemande saint Paul : avez-vous reçu l’Esprit Saint ? Ilsrépondent:«Nousn’avonsmêmepasentendudirequ’ilyavaitun Esprit Saint. » Ses autres questions révèlent qu’ils sontbaptisésuniquementparJean.Ilsreçoiventlebaptêmechrétien,onleurimposelesmainset«l’EspritSaintvintsureux,etilssemirent à parler en languesmystérieuses et à prophétiser » (Ac19,6).

Trinitaire,binitarienouunitarien?

Aussiétrangequepuissenousparaîtrecette rencontre,ellereflète souvent la réalité vécue par tellement de chrétienscroyants. Ils ont peut-être entendu dire qu’il y avait un EspritSaint,maisn’ontquasimentaucuneexpériencedel’EspritSaintetaucunerelationavec l’EspritdeForce.Théoriquement,noussommestrinitaires,maistropsouvent,entermespratiques,noussommes binitariens, voire même unitariens. Certains chrétiensn’ontpasencorecomplètement saisi ceque signifie lemystèrede Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Dieu n’est pas une forceimpersonnelle ou une énergie. Dieu n’est pas non plus unepersonne,maisunDieuentroispersonnesquidésireardemmentêtreliéànousentantquePère,FilsetSaint-Esprit.Cenesontpas de simples modèles d’Êtres, mais trois relationspersonnelles distinctes. Même ceux qui ont fait la rencontrepersonnelledeJésus,cequi lesamenésàune relationavec le

Père comme Père, peuvent avoir des difficultés à se lier àl’Esprit Saint. Jésus est la voie qui mène au Père, la face deDieu, il est l’image du Dieu invisible (Col 1,15). Il estl’incarnation de Dieu, le sacrement de Dieu, autant que lemédiateurparfait.Cequiaétévuettouchépeutserencontrer.Ilnous amène au Père et notre relation avec nos propres pèresnous offre un cadre de référence pour commencer à concevoirunerelationavecDieu«dequitoutepaternitéaucieletsurlaterre tient son nom » (Ep 3,15).Mais comment commençons-nousàformerunerelationavecl’EspritSaint,particulièrementsinousn’avonspas fait l’expérience tangiblede l’EspritSaintdansnosvies?

Si la troisième personne de la Trinité a été réduite à unconcept, ou à une chose abstraite que nous recevons à laconfirmationsansexpériencecorrespondanteau-delàdesgestessacramentels,commentpouvons-nousdirequenousconnaissonsvéritablementl’EspritSaint?Enanglais,letermepourdésignerleSaint-EspritalongtempsétéHolyGhost,cequin’arrangeaitpasleschosespuisqu’onutilisaitaussicemotpourdésignerles« esprits fantômes ». Je me souviens que, dans mon enfance,j’avaisdumalàcomprendrelorsquej’entendaisparlerduSaintFantôme.Lesfantômesfontpeur.JemereprésentaisCasper,legentilfantômeetsatêteentouréed’unhalo.Jemerappelleaussiavoireudumalaveclemot«Paraclet».J’avaisentenduparlerde«perroquets»et,sachantqueleSaint-Espritétaitreprésentépar un oiseau, j’en concluais qu’on avait étendu lamétaphoredes oiseaux. Cela peut paraître bête mais je suis sûr quebeaucoupdegensontlesmêmesdifficultéspourdonnerdusensà cette personne de la divinité. Notre théologie nous dit quenous « avons » l’Esprit Saint et que nous continuons à lerecevoir,maissouventcelan’estpasdutoutexprimécommeuneexpérience déterminante de sa puissance. Effectivement, ce

puisagir.Ilsepeutquenousayonsautantletracqu’unlycéenen train d’inviter une fille à sortir à la cafétéria, et nouspourrions être aussi surpris que lui quand la réponse est oui.Enfin,nousdevonslesaideràdonnersuiteàleur«oui».Celademande d’être encore plus accueillant, peut-être en allantchercher un convive chez lui et en le conduisant à l’église, enl’invitant à prendre un café après lamesse et en le présentantdélibérément aux autres paroissiens ou au curé de sorte qu’ilpuissecommenceràexpérimenterunsentimentd’appartenance.Pourfinir,nousdevrionssupposerqu’ilseraprêtàrevenir.

En tant que catholiques, nous devons garder à l’esprit lecaractère « approprié » de l’événement paroissial auquel nousinvitonslesnon-pratiquants.Selonlamanièredontsedérouleledimanchematindansvotreparoisse,celapourraitnepasêtrelebon endroit où commencer. Si l’on peut avoir une certituderaisonnable que l’expérience sera positive, accueillante,chaleureuseetexaltante,alorsonpeut facilementaccompagnerunnon-pratiquant à lamesse.Enmême temps, il fautgarderàl’esprit que la liturgie est incompréhensible, de bien desmanières,pourlesnon-initiés.Ellesupposeuncertainniveaudecompréhension d’un jargon, de gestes et de symboles quipeuvent être étrangers à ceux qui n’ont pas de formationcatholique.

Nousavonsdéjàparlédubesoinqu’ontlesnon-pratiquantsdefairel’expérienced’unsentimentd’appartenancegrâceàunecommunautépleinedesenspourqu’ilscommencentàcroire.Ilest alors impératif que les paroisses aient un semblant de viechrétienne en dehors de la liturgie, c’est-à-dire qu’ellesorganisent divers événements auxquels les non-pratiquantspeuvent être invités et au cours desquels ils entendront lemessagedel’Évangile.ÀSaint-Benoît,lelieuleplusévidentoùinviter lesautresestunparcoursAlpha,maisnousavonsaussi

des petits-déjeuners-prières pour hommes et femmes, desconcertsetdesconférencesdansuncontextenonliturgique.

LeparcoursAlpha

De toutes ces opportunités, les événements qu’organise leparcoursAlpha sont les plus accessibles et ceux où l’on peutinviterd’autrespersonnesleplusfacilement.J’aimedirequeleparcours Alpha est « l’évangélisation pour les nuls ». Nousinvitons les gens à dîner, à regarder un film et l’invitation atoujourspourobjectifqu’ilsviennentvoir.L’invitationexprimeclairement qu’il n’y a pas d’engagement après la premièresemaine et que le participant peut suivre le programme unesemaineà la fois. Il estclairques’ildécidedenepas revenir,personne ne le contactera. Le parcours Alpha est structuré detellesortequechaqueprocessussetermineparunecélébrationàlaquelle les « diplômés » peuvent inviter des amis et desmembres de leur famille à venir voir ce qu’ils ont vécu. Ànouveau, c’est la chose la plus naturelle. Beaucoup veulent yassisterpourvoircequiatouchéleurmariouleurfemme,leuramioucollèguedefaçonsisignificative.

Le«ParcoursAlphaestconçupoursedéroulercommeunprogrammecontinudansuneéglise,pourquechaquesoiréederemise de diplôme corresponde à la première semaine du«ParcoursAlphasuivant.Chaqueévénement«Venezetvoyez»se conclutpar l’invitationà s’inscrirepour leparcours suivantqui, généralement, débute quelques semaines plus tard. Aprèsavoir organisé le parcours Alpha dans des paroisses pendantplusdeonzeans,j’aiapprisqu’ilétaittrèshabituelpour80%des convives qui viennent à une soirée «Venez et voyez » des’inscrire au prochain parcours Alpha. Malheureusement,

beaucoup d’églises qui organisent le parcours Alpha neprolongentpasl’élandel’invitation.Aulieud’avoirunnombreconséquentdenon-pratiquantsprésentsà leurssessions, toutessontconstituéesdeparoissiensengagés.Celasertuneparoisse,carcesparticipantsferontl’expérienced’unrenouveauetmêmed’uneconversion,maislelienavecl’extérieurestsouventperdu.Typiquement, une paroisse qui ne comprend pas la dimensionapostoliqueduparcoursAlphaconnaîtraunplateauaumomentoù60%desesmembresaurontparticipéauprogramme.Ellevalentements’éteindreetlesinscritsdiront:«C’étaitgénial!Quefaire ensuite ? » De bien desmanières, une telle paroisse n’ajamaisvéritablementorganisécorrectementdeparcoursAlpha.

Bien que nous n’ayons pas encore créé une cultured’invitation autour des célébrations du week-end, nous avonsprisenmainl’organisationduparcoursAlpha.L’anpassé,nousavons constaté une augmentation du nombre des membres duparcours Alpha à Saint-Benoît. Certains de nos paroissiens,après s’être convertis grâce au parcours Alpha, ont invité desdouzainesdepersonnesàunévénement«Venezetvoyez».Unedenosparoissiennesainvitétoussescollèguesdetravail:descatholiquesquiont abandonné la foi, desnon-pratiquants, desnon-catholiques,desathées,desagnostiques,desmusulmansetdeshindous. Ily adans laparoisseunhomme très investiquiinvite constamment des gens et qui originellement avait étéinvitépar cettemêmedame.Après avoirdit«non»quatreoucinqfois,ilafinalementacceptédeveniràunesoirée«Venezetvoyez », pour qu’elle le laisse tranquille. Sa vie a ététransforméeainsiquecellesd’autrespersonnes.

Ilestimportant,danschaqueprojetdelaviedeparoisse,defêter nos réussites. Nous pouvons le faire en racontant deshistoires. Si l’invitation doit devenir une valeur dans touteparoisse, nous devons la fêter. Les histoires sont puissantes,

théologique (le baptême des adultes) finit par devenir rare etn’exista quasiment plus jusqu’au XVIe siècle, lorsque denouvelles terres de mission furent données à l’Église. Ce quiétait une exception devint la norme, et la pratique modela lathéologie.SelonlesÉcritures,lebaptêmeestuneréponsedelafoiadulte.Àtraverslessièclescependant,commelespratiqueschangeaient, émergea une théologie du baptême qui n’avaitaucun lien avec la conversion ou la foi personnelle, mais quireposait sur la dimension ontologique déjà abordée. Parconséquent, le baptême en particulier (et finalement tous lessacrements)setrouvadissociédelaconversion,delaprofessiondefoietdelafécondité.

Ledéfi

Les changements culturels des cinquante dernières annéesont révélé des failles dans ce système sacramental. Comme laculturen’imposeplus auxgensde lienavec l’Église, ce lienarapidement disparu. Dans le même temps, nos modèlespastoraux sont essentiellement les mêmes que ceux que l’onutilisait avant le glissement de terrain culturel des cinquantedernièresannées.Nousnousretrouvonsavecuneexpériencedessacrements qui n’a pratiquement aucun lien avec le fait d’êtredes disciples, au moins pour ceux qui ne sont pas encoredevenus disciples, alors qu’originellement les sacrementss’enracinaientdanslefaitd’êtredesdisciples.

Ainsi le défi qui est devant nous n’est pas uniquementpastoral mais aussi théologique.Même s’ils ne sont pas dansl’enseignement officiel de l’Église, ces déséquilibres et cespréjugés de « théologie populaire » catholique sont

profondément ancrés dans la conscience collective descatholiques, et ils influencent nos pratiques pastorales. Il fautles exposer et les expliquer à nos fidèles avant de pouvoirprésenter de nouveaux modèles pour les remplacer. Pour biengérer un changement, il faut expliquer la raison de cechangement, puis il faut s’assurer que ceux qui reçoiventl’explication sont capables de la comprendre. Saint Thomasd’Aquindisait:«Cequiestreçuestreçuàlamanièredeceluiquireçoit.»Unerééducationdenosfidèlesestvitalepourqueles changements dans nos pratiques pastorales ne soient pasperçus comme une punition pour les enfants et les familles,commesionleurrefusaitunremèdeessentielparcequ’ilsnesecomportentpascommeilsledevraient.

Lecoûtdel’inaction

Lesconséquencesdel’échecdel’adaptationàcettenouvelleréalité pastorale ne sont pas la diminution des membres del’Église, le vieillissement des paroissiens ou le manque deministresordonnés.Cen’estpassimplementlefaitque,danslaplupartdesparoisses,plusde90%desbaptisésdemoinsde40ans ne vivent plus leur foi, ou au moins plus avec lacommunauté de foi. Le problème est plus profond que notredéclincontinuet la restructurationéventuelleetcontinuelledenos paroisses. La conséquence la plus importante est le tributque l’on doit payer en continuant à s’occuper d’apparencesextérieuresquin’ontpresquepasdutoutdelienaveclaréalitéintérieure. Combien de temps un pasteur et une communautépourront-ils célébrer dans la joie et de tout leur cœur laconfirmation comme l’achèvement de l’initiation chrétienne,sachant très bien que la majorité de ceux qui la reçoivent la

considèrecommeunticketdesortiedel’Église.Etlepiredanstoutcela,c’estquelesjeunessaventquevoussavez,etpirequecela,ilssaventquevoussavezqu’ilssaventquevoussavez.Levéritableenjeu,c’estnotrepropreidentitéd’Église.

Pendant ma seconde année de pasteur, je suis arrivé à unpointoùjenepouvaisplusyarriver.Jemesouviensencoredumoment. C’était lors d’une liturgie magnifique. L’évêque étaitprésent et tous les jeunes étaient avec leur famille, amis etparrains.Pendantlaliturgie,lesconfirmandsétaientprésentésàl’évêque, et un dialogue s’engageait entre l’évêque et lesparrainsquidevaient resterdebout.«Cesconfirmandssont-ilsvenus fidèlement dans la communauté chrétienne pour leculte?»Touslesparrainsrépondaient:«Oui,ilsl’ontfait.»Jevoulaiscrier«Non,ilsnel’ontjamaisfait,etcommentpourriez-vouslesavoirpuisquevousn’êtesjamaisvenusnonplus!»Jefus alors profondément frappé par le fait que la liturgie elle-même était devenue une occasion pour les gens de se tenirdeboutpubliquementetdementirdevantDieuetl’Église.

Lorsque le pasteur demande, devant toute l’assemblée, auxparentsdesenfantsàbaptiser:«Comprenez-vousclairementceque vous êtes en train d’entreprendre ? » et qu’ils répondent«oui»,alorsqu’ilsnereviendrontjamais,quelenestlecoût?Quand ce témoignage de promesses non tenues commence àrendre notre « oui » aux exigences duChrist et de l’Évangileplusdifficileàtenir,combiendetempspouvons-nouscontinuercomme cela ? En prenant l’habitude de nous contenter de cessignesextérieurschezlesautres,danscombiendetempsva-t-onse contenter de signes extérieurs dans notre propre viechrétienne, sans aucune réalité intérieure correspondante ?N’était-ce pas la critique centrale des prophètes hébreux du

Ilétaitparadoxal,dans lepassé,que laplupartdesparentsdemandent que leurs enfants deviennent des membres del’Égliseetreçoiventlesacrementdel’eucharistie,alorsqu’eux-mêmes n’étaient pas des membres actifs de cette Église et nerecevaient jamais les sacrements. Ils souhaitaient que leursenfants terminent le programme, mais ils ne s’y intéressaientpas.Leseulmoyendecontrercetétatd’espritestcertainementdefairedel’eucharistiedominicalelecentred’intérêtprincipal.Ce que nous faisons après la messe est seulement uncomplément de ce que nous venons de vivre. Notrerassemblementdesfamillessetienttoujoursaprèsl’eucharistie,ce qui signifie que la durée peut varier. À la fois pour leprogramme GEF et pour le programme de préparation auxsacrements, les familles sont ensemble à la messe. Pour lesprogrammesde huit semaines, on ne fait pas l’appel.C’est unluxequel’onpeutsepermettrequandontravailleavecdespluspetits groupes de familles, comparés à l’époque où ils étaientcomposés de soixante-dix à quatre-vingts familles qui nousrestaientlargementinconnues.

Alors que nous utilisons ce modèle depuis deux ansseulement, deux tendances sont en train d’émerger.Premièrement,lenombreglobald’inscriptionsestenbaissed’àpeu près 50 %. Néanmoins dans le modèle précédent,l’inscriptionnesignifiaitpasgrand-chosepuisquelaplupartdesclassesnecomptaientque40%departicipationchaqueweek-end.Deuxièmement, l’impactsurlesfamillesquifontcechoixdeparticiperestsignificatif.Pourlesfamillesquin’avaientpasdelienimportantavecl’Égliseauparavant,ellessontentréesenrelation avec nous, et plus de deux tiers d’entre elles ontcontinué à venir à la paroisse après les célébrations dessacrements.

Enfin,etc’estcequiestimportant,jecroisquelesgenssont

amenésauxpiedsdeJésusà traverscenouveauprocessus.Lesparentsprennentdesresponsabilitésetuneinitiativeimportanteenrecherchantlessacrements.Ilsseretrouventliésàlaparoisse,et leurs vies sont touchées.Chaque programme se termine pardeséchangessurlamanièredecontinuerlaformationdoctrinaleetlamanièred’avoirunepartactivedanslacultured’apostolatquenouscherchonsàétablirdanslaparoisse.

Mais qu’en est-il des familles qui ne suivent pas depréparationauxsacrements?Qu’enest-ildecessemainesoùiln’yapasdeprogrammeGEF?Sont-ellesabsentes?Sommes-nousuneparoissenégligenteparcequenousneproposonspasces activités toutes les semaines ? Ma réponse est que lacatéchèse n’a besoin d’être continue que si elle a une duréelimitée. Si elle s’étend sur toute la vie, elle n’a pas besoind’avoirlieutouteslessemaines.Elleseferaponctuellement.Deplus, l’eucharistie a lieu toutes les semaines, et c’est vraimentcelaleprogramme.Pourdeplusjeunesenfants,nousproposonsuneliturgiedelaParolepourenfantsauxdeuxmessesdumatin,ainsiilyatoujoursquelquechosepoureuxledimanche.Enfinde compte, je reconnais volontiers que la manière dont nousbousculonsleshabitudesestloind’êtreparfaite.Noussommesencoreautoutdébut,etnousapprenonsconstammentcommentnous améliorer. Cela peut paraître moins organisé que ce quenousfaisionsauparavant,maiscelaenvautdéjàbienlapeine.

Laconfirmationetlesjeunes

J’ai déjà parlé de l’expérience quasi-universelle dansl’Église catholique en Occident, où l’initiation à la viechrétienne se terminepar le sacrement de confirmation commeétant, effectivement, l’achèvement du cursus. Ce qui est censé

être une célébration d’appartenance totale cache en fait uneapostasiesystématique.Maislesacrementneva-t-ilpasbientôtfaireeffet?Cettementaliténousaenfermésdansunepratiquepastoralequiproduit trèspeudedisciplesmissionnairesetquinous tue peu à peu.Nous avons tous entendu cette blague duprêtre, du pasteur et du rabbin confrontés à l’invasion dechauves-sourisdansleurgrenier.Lepasteuretlerabbinessayenttouteslesméthodesconventionnellesmaisrestentperplexessurlamanièredes’endébarrasser.Leprêtre,cependant,n’aaucunproblème : il leur administre simplement la confirmation et neles revoitplus jamais.Cetteblagueconnuenous fait rire,maisamèrement.

Le sacrement de confirmation n’est pas une capsule de«grâce»à libérationprolongéeet, sic’estdanscetespritquenous l’administrons, alors la « pilule » agit en vaccinant nosjeunes contre lavraiepuissancede la foi en Jésus-Christ.Uneversion aussi faible et diluée de l’Évangile et des exigencesimpressionnantespoursuivreJésus-Christconduisentcesjeunesàs’éloigneretneriendonneràuneÉglisequinedemanderiend’eux.Latristeréalitéestqu’ilsnesaventmêmepasdequoiilss’éloignent,carilssontdevenusimmuniséscontrelemessagedel’Évangile.

On a décrit le sacrement de la confirmation comme unsacrement en quête de théologie. On pense que c’est lesacrementpar lequelunchrétienreçoit l’EspritSaint.Danslesderniers siècles,on l’aperçucommeun ritedepassagevers lamaturité, unmoment où le confirmand devient un « soldat duChrist ».Dans les dernières décennies, on l’a présenté commeunmomentoùl’adolescentprendsapropredécisionàproposdela foi et de l’Église, une décision prise à leur place par leursparents lors de leur baptême. Bien que des aspects de cesinterprétationssoientvalables,aucuned’entreellesneprésente

pratiquants restaient dans la paroisse après leur mariage,maintenant au moins 30 % continuent de vivre leur foi etbeaucoup sont bien engagés pour devenir des disciples. Jepourraiscontinueràmefocalisersurceuxquinereviennentpas,mais une augmentation de 200 % des couples qui reviennentn’estpasinsignifiante.

Unedatedemariagedoitêtrechoisielongtempsàl’avance.Lorsque des couples nous contactent pour leur préparation aumariage, ils reçoivent une lettre de ma part qui décrit notreprogrammeetquilesinviteàconsidérerl’invitationàcheminerspirituellement. S’ils sont d’accord pour progresser, ilsrencontrentl’undenosdiacresetd’autresmembresdel’équipepour mettre en marche le programme de préparation. Nousenvisageonsmaintenant d’inclure des couplesmentors dans leprocessus, des couples mariés qui accompagneraient,soutiendraient et prieraient pour le jeune couple pendant leurcheminementverslesacrement.

Finalement,siuncouplecommenceceprogrammeavecdelabonne volonté, alors rien d’autre n’est exigé de sa part. Sousréserve qu’il remplisse les conditions minimales de validité,nousnousengageonsàcélébrersonmariage,peuimportequ’ilsoittouchéaucœurparsonexpérienceduparcoursAlphaetdesautres programmes. Nous devons parler avec lui, l’aimer et lesoutenir,toutenserappelantqu’entantqu’Église,noussommeslà pour faire des disciples et non pas pour organiser desmariages.

Ritesdel’InitiationChrétiennedesAdultes(RCIA)

Ce n’est pas un secret qu’en dépit d’un processus

extraordinairedepréparationausacrementdesadultes,souventappeléRitesdel’InitiationChrétiennedesAdultes(RCIA),lesparoisses ont aussi connu une baisse dramatique de presque50 % des nouveaux initiés au cours de la première année.Techniquement, le programme RCIA ne fait référence qu’auxrites de l’initiation et non au contenu de la catéchèse ni à lamanièrededevenirdisciple,cequiestaucœurdeladémarche.Tandisquelesriteseux-mêmessontantiquesetmagnifiques,ladémarcheà accomplir pourdevenirdiscipledoit être au centredenotreattention,carc’estcelaqui fait réussirouéchouerunprogramme.

Lapremièrefoisquej’aifaitl’expérienceduRCIA,c’étaitàl’occasiondemonannéedestageauséminaire.Iln’yavaitrienàdiresurl’excellentequalitéetlecontenudestopos,maisj’aiétéfrappé par deux choses. La première était que le groupe seréunissaitàl’écart.Àchaqueréunion,iln’yavaitquequelquesmembresdel’équipedepréparation,quelquescandidatsetleursaccompagnateurs, sans davantage de liens avec la communautéau sens large. La deuxième chose frappante était que cesformations étaient de bien meilleure qualité que ce que l’onoffrait généralement à l’ensemble des paroissiens. Parconséquent, beaucoup se tenaient à la porte de la salle deréunion pour écouter, en bavant d’envie de nous rejoindre (ausens figuré et parfois au sens propre). Pourquoi une si bonneformationétait-elleréservéeàsipeudepersonnes.Celan’avaitaucunsens.

Lorsque je suis devenu curé et que j’aimis en placemonpremierprogrammeRCIA,c’estexactementcequej’aichangé.Toutenconservantl’identitépropredecegroupe,leprogrammedeformationdoctrinaleaétéouvertàtous.Ainsi,cechangementétaitbénéfiqueàlafoispourlescandidatsquitissaientdesliensavec les membres de la communauté et à la fois pour les

paroissiens (en assistant au programme, mais aussi enaccompagnantlescandidatsauxsacrementsdePâques).

Un autre problème concernant la forme traditionnelle duRCIA dans nos paroisses est que le programme est souventprésentécommeuneformationavecdesdatesdedébutetdefin(la vigile pascale). C’est problématique. Si la démarche de« demande » correspond véritablement à un discernement,comment peut-elle se faire dans un cadre temporel fixe ?Unefois que le candidat a discerné sa volonté de recevoir lessacrements,commentlacatéchèseetlaformationdoctrinalequiconduisentàcetteélectiondessacrements,peuvent-ellessefairesur une période prédéfinie ? Comment pouvons-nousvéritablement respecter le cheminement spirituel unique desindividus si le processus est totalement programmé ? Je croisque,mêmesilesritesducatéchuménatsontfixesetsuiventuncalendrier, il ne faut rien programmer d’autre. Nous devrionsœuvrer auprès des candidats potentiels et les aider à êtrevraiment prêts pour recevoir ces sacrements. Si la paroisse estanimée d’une culture apostolique, alors des candidats peuventsuivre des formations doctrinales et des programmescatéchétiques avant de prendre la décision d’entrer dans lapleinecommunionavec l’Église.À l’inverse, si le candidat estmûr, sa préparation avec le groupe RCIA peut débuter àl’approcheduCarêmeetseterminerlorsdelavigilepascaledelamêmeannée.

UneautrepréoccupationdesprogrammesRCIAestlaplacecentrale du kérygme ou première proclamation. Le documentd’Aparecida insistait sur le fait que le kérygme devait êtreénoncéclairementetqu’ildevaitêtre suivid’une réponsepourqu’il y ait évangélisation. Sans cela, le projet de faire desdisciples missionnaires « est condamné à la stérilité ». Les

chemin aujourd’hui, cependant, il ne restera plus rien àconserverdansdelargespansdel’ÉgliseenAmériqueduNordcommeenEurope.

Derrière cette pratique assez récente des nominations decourte durée, il y avait généralement l’idée de « répartir lesrichesses ».Tous les prêtres n’étaient pas égaux en charismes.Toutcequenousfaisions,c’étaitmaintenirunsystèmeengérantdes églises, il paraissait donc raisonnable d’attribuer à uneparoisseunprêtredouépendantquelquesannées,puisunprêtremoinsdoué lesquelquesannéessuivantes.Finalement,celanecompromettait rien d’essentiel. Poursuivre cette pratiqueaujourd’hui,enrevanche,mettraitàmaltoutlesystème.L’Églisen’estplusstatique.Elleestendéclin.Sinousneparvenonspasàaccomplirlesréformesnécessaires,c’estl’existencemêmedenoscommunautésquiestenjeu.

Ilyabiendesannées,j’aiassistéàunetaille.Unmatin,jesortais de l’église après une messe de semaine, quand j’ai vul’une demes paroissiennesmassacrer plusieurs de nos rosiers.Bien qu’elle ait été responsable du jardinage, j’ai vraiment euenvied’appelerlapolicepourlafairearrêter.J’étaisscandalisé!Elle avait décapité 60 % des roses qui avaient commencé àfleurir.Unvraicarnage.Pourtant, trois semainesplus tard, j’aivu lesplusbelles, lesplussplendidesrosesrougesdemavie!Avantlataille,lesnutrimentsenquantitélimitéeétaientrépartiséquitablement entre toutes les roses. Par conséquent, toutesrestaientsous-développéeset,aumieux,quelconques.Après lataille,ilyavaitmoinsderoses,maisellesétaienttoutesbellesetvigoureuses.Lasituationn’estpasdifférentedansnosdiocèses.En répartissant les dons des pasteurs et en les déplaçantconstamment,nousobtenons, aumieux,deséglisesmédiocres.Enmaintenantdespasteurscapablesdemenerdesréformesdansdes paroisses qui ont un fort potentiel de rayonnement, nous

permettrons aumoins à certaines communautés d’être fortes etvigoureuses. Il est vital, pour les diocèses, que de tellesparoisses existent, parce que sans elles nous ne savons pas àquoi ressemblent l’excellence et la bonne santé. Lorsque nousnesavonspasàquoicelaressemble,nousadmettonsfacilementpour norme la médiocrité. À partir de là, nous perdons notreaptitudeàenvisagerquelquechosededifférent.Nousnefaisonspas tout notre possible pour redonner force et vigueur à nosparoisses,carnousnesavonspasàquoicelaressemble,etnousenvenonsànepluscroirequecelaestpossible.

Jereviendraiàcettenécessitéd’êtreinspiréparl’excellenceet la bonne santé plus loin dans ce chapitre, en particulierlorsque j’aborderai laquestionde lavisiond’avenir.Mais toutd’abord, j’aimerais m’attarder sur une qualité essentielle dumeneurd’hommes:lavulnérabilité.

Lavulnérabilité

S’ilfautsevanter,jemevanteraidecequifaitmafaiblesse.2Co11,30

« Ne leur montrez jamais que vous transpirez. » « Faites-vous craindre. » Ces idées évoquent un modèle de directionsolitaireetinvulnérable.Engénéral,celanemarchepasdanslemondedesaffaires,etcertainementpasnonplusdanslemondedel’Églisequialadynamiqued’uneorganisationbénévole.Lesgens font le choix (voluntas, en latin) d’appartenir à unecommunauté particulière. Même le personnel salarié fait unchoix,dans lamesureoù laplupartd’entreeuxpourraientêtremieuxpayés s’ils travaillaientailleurs.Lesgenschoisissentdefaire partie d’une paroisse, et peuvent tout aussi bien choisird’allervoirailleurssivotredirectionneleurconvientpas.

Leschefsquisontvulnérablessaventreconnaîtrequ’ilssontfondamentalementlimitésetincapablesd’yarrivertoutseuls.Ilscréentainsiunedynamiqueessentiellepourlepersonneletpourles paroissiens, qui devrait être au cœur de tout ce que nousfaisonsentantqu’Église:nousavonsbesoinlesunsdesautres.Nousnepouvonspasyarrivertoutseuls.Nousavonsbesoindetomberlemasquedelaforceetdelaperfection,etd’accepterdene plus être sûrs de savoir comment y arriver, de ne pas avoirtoutes les réponses, et d’avoir besoindes autres pour y arriverensemble.Lechoixd’unehumilité authentiqueconduira àuneÉgliseplushumaine.

Commenous l’avons vu au chapitre 5, un chef solide doitêtre conscient de ses atouts. C’est lorsqu’il s’appuie sur sesqualités et ses talentsnaturelsqu’unchef réussit lemieux.Enmêmetemps,unchefquiconnaîtsespointsfortsseraconscientdesesfaiblessesetdesesmanques,etsincèreàleursujet.Iln’ya pas d’être complet et équilibré.C’est unmythe.Nous avonstous un déséquilibre. En revanche, les équipes complètes etéquilibrées existent. Les chefs qui n’acceptent pas d’êtrevulnérablesnepourrontpastotalementutiliserleurspointsforts,parce qu’ils ne compenseront jamais entièrement leursfaiblesses. Le pasteur qui montre de la bonne volonté, quis’efforced’êtreapteà toutvafinalementconsacreruneénergieénorme à se corriger et à se censurer pour compenser sesfaiblesses. Beaucoup, au contraire, choisissent d’ignorer leursinsuffisances et laissent derrière eux, dans toutes les paroissesoùilsservent,unvéritablechampderuines.J’aiétécegenredepasteur pendant de nombreuses années avant de découvrir lesoutilsetlaphilosophiedelarecherchedespointsforts.

J’ai toujours su que j’étais capable de travailler dur, quej’avaisuntempéramentdemeneuretquej’étaisdouépourfairedémarrer les choses. Je savais que j’étais capable de me

paroles, qui ne seront pas toujours bien reçues. Le papeFrançoisdécrivait cecharismedansunehomélieprononcéeunjour de semaine, le 16 mai 2013. Il disait : « Nous pouvonsdemanderàl’EspritSaintdenousdonneràtouscetteferveuretde nous donner la grâce d’être dérangeant lorsque les chosessont trop calmes dans l’Église. » Le prophète sera commeJérémie qui s’efforçait de se taire mais ne pouvait : « Je medisais : ‘‘Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en sonnom’’.Maiselleétaitcommeunfeubrûlantdansmoncœur,elleétaitenferméedansmesos.Jem’épuisaisàlamaîtriser,sansyréussir»(Jr20,9).Unévangélisateurserapousséparledésirdevoir les gens entendre le message salvateur de Jésus et yrépondre.Ilssepassionnerontpourlapremièreannoncedelafoiet l’accompagnement vers une relation personnelle avec Jésus.Lepasteur, en revanche,ne serapas tantappeléàêtrepêcheurd’hommes qu’à prendre soin de son troupeau, guider desdisciplesverslamaturité,visiterlesmaladesetlesmourants.Leprofesseur aura à cœur d’enseigner une catéchèse juste etefficace et d’instruire dans la foi. L’exercice de tous lescharismes est nécessaire à la bonne santé de l’Église,mais leschefs doivent commencer par une appréciation honnête despassionsquileursontpropres,carcesontellesquifaçonnerontleurvision,qu’ilsleveuillentounon.

Larédaction

L’étapesuivanteestd’identifier lavisiond’avenirquinousstimuleleplus.Quenoussoyonspasteurs,membresdel’équipeparoissiale, responsablesdeministèresouparoissiensquinoussoucionsdenotreéglise,nousdevrionstousprendreletempsdedécrire en une page un avenir pour notre diocèse, paroisse ou

ministèrequinousintéresse.Nelaissezpaslesobstaclesoulescontraintes vous distraire ; décrivez seulement votre rêve. Sivouscherchez l’inspiration, référez-vousà l’undesénoncésdevision les plus remarquables et émouvants jamais écrits, lediscoursexceptionneldeMartinLutherKingJretsadéclarationemblématiqueetrépétée:«Jefaisunrêve.»Peut-êtrelepapeFrançoisavait-ilcediscoursàl’espritlorsqu’ilécrivitsavisionpourl’ÉglisedansEvangeliigaudium:

«J’imagineunchoixmissionnairecapabledetransformertoutechose,afinqueleshabitudes,lesstyles,leshoraires,lelangageet toute structure ecclésiale deviennent un canal adéquat pourl’évangélisationdumondeactuel,plusquel’autopréservation»(EGn°27).

J’aime beaucoup cet énoncé, car il s’agit d’une véritablevision d’avenir, dont il est évident qu’elle suscite la passiondanslecœurdupapeFrançois,etquiapourobjetderappeleretde revendiquer notre identité missionnaire en tant qu’Égliseuniverselle.Dansleparagraphequisuit,ilprésentesavisiondecequechaqueparoissedevraitchercheràdevenir:

« Elle est communauté des communautés, sanctuaire où lesassoiffésviennentboirepourcontinueràmarcher,etcentred’unconstantenvoimissionnaire»(EGn°28).

Unefoisvotreénoncédevisionrédigé,écrivezvotreénoncéde projet personnel qui définira votre ministère. Je me suissoumis à cet exercice il y a plusieurs années et il s’est révéléincroyablementutile.Aprèsavoirdécritendeuxpageslavisionquis’imposaitàmoipourl’avenirdemaparoisse,jefuscapablede réduiremon énoncé d’objectif personnel à ceci : «Être un

catalyseur du renouveau dema paroisse et de l’Église au senslarge.»

L’étapesuivantepourlechefestdepartagercette imagedel’aveniravecsonéquipededirection.Lerôleduchefestd’êtrelepremierinstigateurdelavision,maisl’EspritSainttouchelecœur de tous les hommes et de toutes les femmes. Il estnécessairequelavisionduchefsoitcommuniquéeaupersonnel,au conseil pastoral, à tout responsable de paroisse sansdistinction de rôle ou d’attributions ; à quiconque a del’influence. Écoutez, discutez, recevez leurs observations etaffinezvotrevision.Unefoiscesétapesfranchies,uneparoissedevrait considérer cette vision d’avenir et commencer àdévelopper un énoncé de vision officiel. L’ensemble de cettedémarche réalisée à la paroisse Saint-Benoît, depuisl’identificationdemavisionpersonnellejusqu’àlarédactionenbonneetdueformed’unénoncédevisionpourlaparoisse,m’aprisenvirondeuxansetdemi.Voicil’énoncédevisiondenotreparoisse:

«LaparoisseSaint-BenoîtestunecommunautéreligieusesaineetprospèrequirapprochelesgensduChrist,formedesdiscipleset lesenvoietransformerlemonde.Chaquemembres’engageàlouerDieu,àgrandir,àrendreservice,àcréerdesliensetàêtregénéreux.»

Cela ne décrit pas qui nous sommes,mais où nous allons.C’estunedescriptiondel’avenir,etellemepassionneainsiquemon équipe de direction. Je trouve un écho de mes proprescharismesdansceténoncé,maissonaspectetsoncontenusonttrès différents de ce que j’aurais écrit tout seul. Il est là pournousrappeleroùnousallons.

de concentrer les retours d’informations, ce qui procurera aupasteurouaucuréunesourcedeconseilsetd’éclairagessurlessituations difficiles. Dans une très grande paroisse cependant,progressivement, la stratégie sera plutôt développée par lepersonnel de la paroisse et un petit nombre de paroissienscapables. Les réunions du conseil pastoral ne se préoccupentplusdequestionstactiques,maisseconcentrentuniquementsurlastratégieglobaleetàlongtermedelaparoisse.Lesquestionstactiques et les détails de la stratégie deviennent l’objet deréunionsinternesetdecomitésspécialisés.

Unedécentralisation:aveclacroissancedesaparoisse,nonseulementlepasteurassureraunsuividemoinsenmoinsdirectdesministères,mais il aura égalementmoins de contacts avecleurs responsables ou avec le personnel. Si rien n’est faitconcernant cette évolution, la vie de la paroisse stagnera,engorgéeparlemanquedetempsetd’énergiedupasteur.Danslesparoissesdetrèsgrandesdimensions,lepasteurrencontreraceuxqui,parmilesmembresdupersonneletlesresponsablesdeministères, supervisent eux-mêmes d’autres employés ouresponsables. Nous avons exploré cette dynamique dans lechapitre 5 lorsque nous avons étudié le développement descommunautésdetaillemoyennedansuneparoisse.

Davantagede spécialistes: dans l’équipe d’une paroisse detaille restreinte, on trouve généralement, en plus du pasteur,quelquespersonnes,ordonnéesoulaïcs,dotéesd’uneformationthéologique. Ces personnes seront des généralistes etencadrerontdeséquipesdetravail.Plusgrandeseralaparoisse,pluselleaurabesoindanssonéquipedespécialistesentraînés,pour superviser d’autres meneurs. Pour citer Keller, « les trèsgrandes églises n’ont pas tant besoin de théologiens qui se

formentàunespécialitéquedespécialistesquipuissentrecevoiruneformationthéologique».Lepersonneldesgrandesparoissesdoit être capable de prendre des initiatives et de tenir unministère demanière autonome. Il lui appartiendra de prendredes décisions affectant son propre ministère sans toujours enréféreraupasteur.Entantqueresponsables, ilsdoiventêtreenmesure d’encadrer un jour d’autres responsables. Dans leséglises plus importantes, la compréhension et l’adhésion à laculture de la paroisse deviennent essentielles pour lerecrutement de nouveau personnel. Ces églises ont souventdavantageintérêtàpratiquerlapromotioninternequ’àrecruteràl’extérieur. Lorsque cela arrive, il faut prendre bien soin deformer lenouveaumembred’équipeà l’histoire,à lacultureetauxvaleursdelaparoisse.

L’évolution du rôle du pasteur: cet élément a un impacténormesurlasantéd’uneparoisseetsurcelledupasteur.Tantlecuréquelesparoissiensdoiventadaptercequ’ilsattendentdela fonctiondepasteurquandcelle-cigagneen importance.Lessociologues nous disent que la plupart des pasteurs peuvents’occuper directement de 200 personnes. Quand les gensattendentdupasteurunedisponibilitésansfailleetunerelationprivilégiée, quelle que soit la taille de la paroisse, alorsdéception et lassitude sont inévitables. Dans une grandeparoisse, lepasteurne consacrerapas lamajeurepartiede sontemps à sonministère,mais déléguera ce travail, demanière àpouvoirpasserdavantagedetempsàprêcher,guider,développeretcommuniquersavision,etassurerlesuividelastratégie.Denotrepointdevuecatholique, leministère sacramentel seraaucœurdelafonctiondepasteur.

À la paroisse Saint-Benoît, à cause de notre frustration etgrâceaux lumièresdegenscommeKeller,nous savionsque la

première stratégie à développer impliquait de réviser lacomposition du personnel et les structures hiérarchiques pourrefléterlanouvelleculturedegroupedenotreparoisse.Ilfallaitenpasserparlàpourpouvoirabordernotremissiondemanièrestratégique.

Leschangementsapportésauconseilpastoral

Comme je l’ai dit, le conseil pastoral ne fonctionnait pluscommeuncomitédegestionouunorganismerapporteur,maissevouaità lastratégieglobale.Malgré l’excellenceet le talentde sesmembres et de ses responsables, nous rencontrions desdifficultés.

Ilyeutdeuxchangementsmajeurs.Dansunpremiertemps,nous avons augmenté le nombre des membres de l’équipeparoissialedansleconseil,choisissantlesemployésquiavaientles compétences les plus stratégiques et qui supervisaient desgroupes.Celasignifiaitaugmenterlenombretotaldeplacesauconseil, de manière à ce que le personnel et les paroissienssoientreprésentésennombreégal.Nousysommesparvenusenintroduisant un processus de sélection en cinq étapes, quicommença par un appel général à candidature à tous lesparoissiens,maisnousdonnad’excellentsmembressanspasserpar aucune sorte d’élection. Ces nouveaux membrescontribuèrentàapaiserlesinquiétudesdevoirleconseildominéparlepersonneldelaparoisse.

Dans un second temps, nous avons mis fin aux réunionsmensuellesdedeuxheures.Nousnousréunissonsàprésenttouslesdeuxmoispendantaumoinsquatreheures,généralementunsamedimatin.Leprogrammeestétabli longtempsà l’avanceetonattenddesmembresqu’ilsarriventpréparés,parlalectureen

volumessurl’exécutiondesplansdestratégie.Danscequisuit,jevaisexposercommentj’aiutilisémontempspoursuperviserlamiseenexécutiondenotreplanstratégique.

Délégation,responsabilisation

J’ai abordé ce principe dans le cinquième chapitre. Danstoute église dépassant huit cents membres, le curé et lesparoissiens devront l’adopter. Le curé doit renoncer à latentationdetoutcontrôleretdetoutgérerdeprès.Delamêmemanière,lesfidèlesdoiventabandonnerl’idéed’uneparoisseoùleprêtreprendpartàtouteslesréunions, touteslesactivitésettouslesministères.Lataillevadéjàempêchercela,maiscen’estpas la seule raison pour laquelle le curé doit réduire soncontrôle sur les ministères. Le principe positif de subsidiaritédoit s’appliquer. La subsidiarité signifie que les décisions quitouchent des gens doivent être prises, autant que possible, parceuxqu’ellestouchent.Decettemanière,cesontlesfidèlesquisont titulaires de leurs propres ministères. À moins qu’uneparoissenesoitsurlepointdesejeterduhautd’unefalaise,lepasteur n’a pas besoin d’interférer dans ses décisions. Il peutdonner de simples conseils et des suggestions, mais il doitaccepterdesdécisionsaveclesquellesilestendésaccord(quandil s’agit, bien entendu, d’aspects de la vie de paroisse qui neconcernentnilafoi,nilamorale).

Dans certains ministères, les exigences de subsidiaritéplaceront le pasteur au cœur de la prise de décision. Lesdécisionsprisespar leconseilpastoral, lecomitédesfinances,l’équiped’intendanceetd’autresencoreconcernentdesorganesvitaux de la paroisse et le curé doit y être impliqué. Lesdécisionsduconseilparoissialsontfinalementcellesducuréen

accordavecsonconseil.Enmêmetemps,siungroupeentierdelaïcscompétentsquiprennentsoindelaparoisseetadhèrentàson idéal, s’oppose à un plan d’action lors d’une réunion duconseilpastoral, lecurédoitêtresageenacceptantdecéder lecontrôle.

Dansuneparoisse,leseulmoyend’allégerlecontrôlesansque tout s’écroule, estdemettre enavant la responsabilisationdesfidèles.Chaqueministèredoitfaireuncompterendusoitàun membre de l’équipe paroissiale, soit à un responsable deministèrequirendracompteàsontouràunmembredel’équipe,puis celui-ci fera tout remonter au curé. De plus, cetteresponsabilisation s’enracine dans l’idéal et la culture de laparoisse. Car si les ministères sont dirigés par des laïcscompétentsquisontentièrementd’accordavecladirectionqueprendlaparoisse,alorsvousavezunecombinaisongagnante.

Ledéclic

Déléguer le contrôle demande de responsabiliser les laïcsdans le ministère. Si un curé veut déléguer une vraieresponsabilité à un paroissien, il doit aussi lui déléguer unevraieautorité.Cetteautoritéetcetteresponsabilitéconduirontàlamultiplicationdesministèresàl’intérieurdelaparoisse.Lesparoissienssesentirontvraimentinvestisdanscequ’ilsferontetilsne le ferontplusseulementpour faireplaisiraupère.Cetteresponsabilisations’apparenteàundéclic.Discerner,solliciter,responsabiliser et former les responsables sont des actionsvitalespour l’essorde l’égliseparoissiale.Cela signifieque lecuré doit toujours, par principe, céder à des paroissiens lespartiesdesonministèrequinesontpasessentiellesàsonrôledeprêtreetdecuré.Quelqu’unaditunjourquecequifaitun

bonchef,cen’estpas lenombredesubordonnés,maisc’est lenombredechefsqu’ilaformés.

Ce principe ne s’applique pas uniquement au curé,mais àtoute l’équipe paroissiale et, bien entendu, à tous lesresponsables deministère. Je dis tout le temps à notre équipequ’elle n’est pas là pour faire le travail,mais pour appeler lesautres à le faire et les responsabiliser. Notre équipe et nosresponsablesdeministèresontlesresponsablesderesponsables.Déléguerdonneàuneparoisselapossibilitédesedévelopperetplusuneparoisse sedéveloppe,plus lecuré, sonéquipeet lesresponsablesdeministèreaurontàdéléguer.

Lessessionsd’encadrement

J’aidéjàparlédurôlequejouentcesréunionspouraiderlesparoissiensàadhérerpleinementànotreidéal.Danstoutegrosseparoisse, il est importantd’investir dansdes responsables.Leschefs doivent être identifiés, soutenus, écoutés, formés etencouragés. C’est pourquoi, trois à quatre fois par an, nousrassemblonstouslesresponsablesdeministèresdelaparoisseetleurs successeurs potentiels pour une session avec le conseilpastoraletl’équiped’intendancelorsd’unematinéedeprièreetderéflexion.

Ces sessions nous donnent l’opportunité de développerl’idéalde laparoisse,d’écouter les remontéesd’expérience,dediscuter entre responsables et d’étudier quelques aspects dumanagement. Nous pouvons expliquer aux responsables deministères comment évaluer leur ministère, comment être devraisresponsablesetpasseulementdescoordinateurs,commentdélégueretmoinsmonopoliserletravailetcommentpréparerlasuccession pour de nouveaux responsables. À Saint-Benoît,

Lessacrements:notreplusgrandeopportunitépastorale

Fairedesdisciples,vousvoussouvenez?

Davantagede«bric-à-brac»àsortir

Exopereoperato

Leconceptdegrâcesacramentelle

Lebaptêmedesenfants

Ledéfi

Lecoûtdel’inaction

Nouveauxmodèlesdepastorale

Notreœuvreauprèsdesenfants

Lajambedebois

C’estdanslapréparationdessacrementsquenousinvestironsleplusdetempsetderessources

Toutecatéchèseettoutepréparationauxsacrementsdoivents’appuyersurlafamille

Laréceptiondessacrementsneseraplusbaséesurl’âgeouleniveauscolaire

L’eucharistiedudimancheserarestauréeetmiseaucentredenosprogrammes.

Laconfirmationetlesjeunes

Préparationaubaptême

Lemariage

Ritesdel’InitiationChrétiennedesAdultes(RCIA)

Conclusion

7-LECHEFDELAMAISONNÉE

L’importancefondamentaledeladirection

Oùestlepalet?

Apprendreàdiriger

Lesobstaclesculturels

Lavulnérabilité

Visiond’avenir

Développerunevisiond’avenirpourlaparoisse

Sortirdessentiersbattus

Gratterlàoùçadémange

Lescharismes

Larédaction

Communiquerlavision

Investirdanslespersonnesdéterminantes

Laprédication

L’enseignement

Lastratégie

Êtrestratégiquedanslastratégie

A.Latailledel’égliseB.Lesdynamiquesdegroupe

Leschangementsapportésauconseilpastoral

Lesremaniementsdupersonnel

Quandlesréunionsvoustuent

Développerunestratégie

Desdéclarationsd’intentionetd’idéal

L’analysedesvaleurs

Analysedescinqsystèmes

•Système1:lalouange•Système2:l’évangélisation•Système3:laconditiondedisciple•Système4:lacommunionfraternelle•Système5:leministère

L’analyseFFPM

Leplanquinquennal

Mettreleplanstratégiqueàexécution

Délégation,responsabilisation

Ledéclic

Lessessionsd’encadrementCompositiondel’équipeL’étatdesantédel’équipeparoissiale

Seconstruireunecarapace

Élevernotrevision

Conclusion

Achevéd’imprimerparISIPRINT,endécembre2015

N°d’imprimeur:XXX

Dépôtlégal:décembre2015

ImpriméenFrance

manuel de survie pour les paroisses - exultet

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