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L’Arménie

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©2015,GroupeArtègeÉditionsduRocher

28,rueComteFélixGastaldi-BP521-98015Monaco

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ISBN:978-2-268-07743-7ISBNepub:978-2-268-08057-4

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de l’Administration turque et qui ont répandu, à travers toutel’Arménie, l’idée du réveil national et de l’indépendance. »Influencé par maints intellectuels choqués par l’étatd’asservissement et l’insécurité permanente que subit lapopulation arménienne des provinces orientales, unbouillonnementnationalistegagne,defait,encettefindesiècle,le peuple arménien.De nombreux partis se forment. Fondé en1885 à Van par des bourgeois libéraux, le parti Arménakantentera d’obtenir du gouvernement les réformes qu’ils avaientpromisespouradoucirlesortdespaysans,ainsiquedetouslesArméniensvivantdans l’Empireottoman.Puis, ce seraau tourdupartiHentchak,detendanceplusmarxiste.Fondéen1887àGenèvepardesétudiantsvenusdeRussieetnourrisdethéoriesdéveloppéesdansLeCapital, ilconnaîtradesfortunesdiversesavant d’être détrôné en popularité par la montée foudroyanted’un nouveau parti d’inspiration socialiste, fondé à Tiflis en1890,souslenomdeDachnaksoutiounetquiorchestreraaprèslaGrandeGuerre,l’OpérationNémésis.OriginairesduCaucaseet ayant des convictions révolutionnaires proches del’intelligentsia russequi luttaitàcetteépoquecontre le régimetsariste, les trois fondateurs du parti Dachnak (abréviationcouramment utilisée) apporteront chacun leur pierre à sonédification. Se proclamant disciple deBakounine – le père dunihilisme russe – Christapor Mikaelian ne craindra pas deprôner la violence pour libérer le peuple du joug ottoman. Lesecond,StépanRostom,quiavait luLeCapitaldeKarlMarx,estimeraquelesthéoriesquiysontdéveloppéespouvaientêtremisesenœuvre,sanssavoiraujusteaubénéficedequelpeupleetsurquelterritoirenational.QuantàSimonZarav,iltendradetoutes ses forcesà trouver lemoyend’améliorer lesconditionsdeviedupeupleoppriméauquelilappartenait.Danslejournalduparti,Trochak (LeDrapeau),Christapor invite sans relâche

ses compatriotes à soutenir la « sainte » lutte contrel’oppresseur.Ilpréconisel’emploiduterrorismerévolutionnaire,afin d’obtenir du gouvernement l’instauration des libertésdémocratiques sur la terre historique où vivent lesArméniens.Afindeparveniràcetobjectif,leparticompteraessentiellementsurl’activitédesesrésistantsvolontairesarmés,lesfédaïs.

EntraînésetéquipésauCaucase,redoutables justiciers,cesderniers frapperont sans pitié. Presque tous iront jusqu’ausacrifice suprême comme Sérop, « le Lion du Nord », Jardar,Kévork Schavoush, Ishkhan, Aram de Van, Sebouh, Antranik,Zohrabian,Keri,Hraïr,etbiend’autres…Leursactionsrestentaujourd’hui, pour la plupart, légendaires. En réponse à 800Arméniensmassacrésen1896parlesKurdes,unecompagniedefédaïsexécutera l’annéesuivante tous lesmembresd’une tribukurde,épargnanttoutefoislaviedesfemmesetdesenfants.En1901,àlatêtedesacompagnie,legénéralAntraniks’empareradumonastère d’Arakélos. Bientôt cerné par 1 200 hommes, ilrésisterapendant19 joursauxassauts furieuxdesTurcs,avantdesevolatiliserdanslanuitavecseshommesenfranchissantleslignesturques.

Puis en 1904, devant la volonté du général Zekki Pachad’exterminer la population arménienne des villages autour deMouch et de Sassoun, celle-ci fera appel aux fédaïs.Néanmoins,entrele12avriletle14mai,lesTurcssubirontdesévèrespertes,avantquecesderniersneréduisentunàun,dansla plaine de Mouch, tous les foyers de résistance. Hraïr etVahan, les deux chefs, trouveront lamort durant ces combats.Hanté par l’idée fixe que le salut de l’Empire exigeaitl’exterminationdesArméniens,lesultanAbdullHamidII,ditleSanguinaire,chercheraàfairefeudetoutboispourarriveràsesfins.Ainsi,selon l’historienYvesTernon,« lemoindresursaut

derévolte»deviendral’occasiondenouveauxmassacres.Le25août 1896, le comité central du parti Dachnak, siégeant àConstantinople, signale aux ambassadeurs européens que « lapatience des nations écrasées a des limites et que la colèrearméniennevaéclater.»

*

Etlelendemain,vers13h00,elleéclateaugrandjour…–Assis!Lesmainssurlatête!Pris de panique, les clients se précipitent vers la sortie.

Aussitôt, les assaillants les repoussent violemment.Avec leursgrenades et leurs bâtons de dynamite, ils sont venus semer laterreurauseindelaBanqueottomane.L’odeurâcredelafuméedes revolversvoile la jeunessequi se lithabituellement sur lesvisages de Méchétsi Missak, de Roupen, de Mekhitar etd’ArmenGaro.Labatailleavaitétérudepourarriveràfranchircelourdportail,àprésententrouvert.Durantl’assaut,plusieursde ses camarades avaient été fauchés par les balles dessentinelles.Iln’avaitmêmepaseuletempsdes’apercevoirquependant l’attaque initiale la tête de son chef de commando,BedrosParian, surnomméPapkenSiuni, avait roulécommeunballonsurletrottoirensanglanté.Àprésent,c’estluiquiprendles rênes. Le parti Dachnak l’avait décidé ainsi… Suivid’HovannèsTomasian,ilserueaussitôtverslegrandescalierdemarbre. Dans l’une des pièces du premier étage, les deuxhommes se retrouvent nez à nez avec deux quadragénaires. Lepremier,unAnglaisd’aspectpoupon,s’avèreêtrelegouverneurde la banque ; le second, un Français à l’allure élancée, seprésenteàeuxentantquedirecteurgénéral.SirEdgardVincentetGastonAuboyneau tentent de rester dignes et de dissimulertantbienquemallapeurquilesenvahit.

village de Beytias, Haroutioun Nokhoudian et plus d’unesoixantaine de familles prennent résignés la route d’Antioche.Quant auxvillageoisquin’obtempèrentpas, ilsdécidentde sedéfendre.Abandonnantlaplaine,cesdernierschoisissentdeseregroupersurleshauteursduMoussa-Dagh.Emportantaveceuxbétail, provisions et armes (125 fusils modernes, 300 fusils àpierre et pistolets), 5 000 personnes au total, parmi lesquellespas moins de 3 000 femmes, enfants et vieillards, escaladentpendant3nuitslesrochers,jusqu’ausommetleplusélevédelamontagne.Destranchéesetdesbarricadessontaussitôtcreuséeset des aires de repos sont aménagées. Puis, un comité est éluafind’organiseraumieuxcetterésistance.C’estainsiquesemetenplaceundispositifdesurveillanceetdetiràvue.Huitjoursplustard,le21juillet,200soldatsréguliersmontentàl’assaut.Commandésparuncapitainequiassurequ’ilne luifaudrapasplus de 24 heures pour réduire la résistance des rebelles, ilssubissent des pertes considérables et rebroussent chemin.Pourtant, quelques jours après, ils reviennent en force avecuncanon de montagne qui fera des dégâts parmi les villageoisretranchés. C’est alors que l’un d’entre eux rampe jusqu’àl’emplacement du canon et, couché derrière un buisson épais,tiresurlepremiersoldatquiapprochedel’engin.Aprèsenavoirabattuainsiquatre,lecanonseraévacué.

Les soldats turcs ne se décourageront pas. Une deuxièmeattaqueseproduitalors.Àlafindelajournée,ceux-cineserontplus qu’à 400 mètres du campement des insurgés. Mais aumilieu de la nuit, les Arméniens les encerclent. À la suite decetteattaquesurprise,lesTurcsperdrontenviron200hommesetlaisserontsurplaceunegrandequantitédevivres,ainsiqu’unemule ! Puis arrive la troisième attaque. Quinze mille soldatsturcstententvainementdelesencercler.Lesréservess’épuisent.Les Arméniens doivent faire vite. Après deux tentatives

infructueusesd’alerted’unéventuelnaviredeguerrealliédanslabaied’Alexandrette,leRévérendDikranAndréassian,pasteurde l’ÉgliseprotestantearméniennedeZeïtoun, trouveune idéedesplusastucieuses.Deuxdrapeauxblancssontdéployés.Surl’unsedistingueuneénormecroixrouge;sur l’autre,estécritengroscaractères:«Chrétiensendétresse.Sauvez-nous!»

Et le 53e jour enfin un des guetteurs arrive en courant aucampement et crie : « Pasteur, pasteur, un navire de guerreapproche et il nous répond ! »Aussitôt des jeunesdescendentvers la plage et nagent en direction du Guichen. Bientôt cebâtiment français sera suivi du vaisseau amiral Jeanne d’Arc,ainsi que d’un croiseur anglais. Deux jours plus tard, 4 058rescapésdébarquerontàPort-Saïdetrecevront,àl’initiativedesAnglais,dessoinsappropriés.

*

D’après le Patriarcat arménien de Constantinople, lapopulationarméniennede l’Empireottomanatteignait en1912le chiffre de2100000.Mais ce chiffre semblemodeste car àl’époque,parsoucidesécurité,beaucoupdenaissancesnesontpasdéclarées.Avecses1500000victimes,legénocidede1915effaceraendeuxans,auxconfinsduterritoire,toutetracedesonexistence.

En 1918, le sultan Mehmet VI accepte la capitulationmettantfinàlaPremièreGuerremondiale.Le30octobredelamême année, l’Empire ottoman s’incline devant les Alliés, neconservant plus qu’une petite partie de l’Anatolie22. Débutealorsunplandedémobilisationdel’arméeetdelaflotte,tandisque quelques jours auparavant, les principaux instigateurs dupremiergénocideduXXesiècleviennentdeprendrelafuitevers

l’Allemagne, en ayant au préalable détruit la plupart desdocumentscompromettants.

Le16décembre1918,lenouveaugouvernementlibéralturcdécide de mettre en place des commissions d’enquête, afind’instruire et de juger les responsables de ce crime à grandeéchelle.Troiscoursmartialessontétablieset, le27avril1919,s’ouvreleprocèsdesmembresduComitécentraldupartiUnionetProgrèsetdugrandvizirSaïdHalimPacha,ainsiqueceluidequelquesautresministresdugouvernementunioniste.Àl’issuedu jugement rendu le 5 juillet 1919,Talaat Pacha,ministre del’Intérieuren1915,puisgrandviziren1917-1918,EnverPacha,ministre de laGuerre etDjémal Pacha,ministre de laMarine,seront condamnés à mort par contumace sur la base desparagraphes1et2del’article45ducodepénalTurc.QuantauDocteur Nazim Bey, ministre de l’Education et membre de latristement célèbreOrganisation Spéciale, il écopera de 15 ansd’emprisonnement.

Selonl’historienClaudeMutafian,lebutdecesprocèsétaitdedissocierlesJeunes-Turcs,«responsablesdetouslesmaux»,etlanationturque,«manipuléedoncinnocente».Ce«procèsdes Unionistes eut d’évidentes limites : il se tint àConstantinople alors sous contrôle des Alliés, qui d’ailleurss’endésintéressèrentbienvite,tropoccupésàsuivrelesprogrèsdu kémalisme et à " se placer ". Il condamna les auteurs dugénocide,sans toutefoisnefairepratiquementaucunedemanded’extradition, et les verdicts furent eux-mêmes annulésultérieurement.»

1. Extrait du compte-rendu sténographique du procès de SoghomonTehlirian devant la cour d’assises deBerlin.Numéro de dossierC.J. 22/21des2et3juin1921.

Mélikov,54triomphe en s’emparant de la forteresse d’Ardahan,enprenantd’assautKars et enassiégeantErzeroum.Dominantpresque toute l’Arménie occidentale les Russes imposent auxTurcs,le3mars1878,letraitédeSanStefano.Cedernierfixela question de la sécurité des populations arméniennes parl’octroi d’une certaine autonomie administrative, en échanged’un retrait des troupes russes des territoires qu’ils occupent.Jamais les clauses de cet accord ne seront exécutées car lePremier Ministre anglais Disraeli veut éviter à tout prixl’affaiblissement de l’Empire ottoman. Ainsi, ce dernier«parvintàobligerlaRussieàrenonceràcetraitéetàaccepterla convocation d’un congrès à Berlin pour le 13 juillet de lamêmeannée,chargéd’enélaborerunnouveau.»Parallèlement,au terme de la Convention de Chypre du 4 juin 1878,l’Angleterres’engagesecrètementauprèsdesTurcsàgarantirleretrait des Russes avant même l’exécution des réformes. Enéchange,leSultanprometd’établir,conjointementavecsonalliéanglais, les réformesnécessairesà labonneadministrationetàla protection de ses sujets chrétiens. Ainsi, les manœuvreshabiles de la diplomatie anglaise permettent aux Turcs destopperl’avancéerussesurleurterritoire55.Désormais,lesultana les mains libres. À l’aube d’un siècle annonciateur dedévastationsetdebouleversementsseprofilentlesmassacresde1894-1896, tandis que se prépare dans les coulisses cetteapocalypsequiallaitbientôts’abattresurlepeuplearménien.

23.LesPerses.24.Grégoire.25.IssudeladynastieparthedesArsacides,KhosrovIeutletemps,avantdemourir,delesfaireexécuter.26.Erzindjan,situéemaintenantenTurquie.

27. Cet endroit apprécié des touristes, appelé « Khor Virap » (fosseprofonde), se situe en république d’Arménie, à quelques encablures de lafrontièreaveclaTurquie.Decetendroit,onpeutapercevoirlemontArarat,lamontagnesymboliquedupeuplearménien.28.En616,elleseraremplacéeparuneéglisedédiéeàSainteHripsimé.29.SaintGrégoirel’Illuminateur.30. Selon la tradition, le christianisme fut introduit en Arménie dès sesdébutspardeuxdisciplesduChrist:lesapôtresBarthélémyetThaddée.31.Signifielittéralement«LeFilsdescendit.»32.Deuxlettresfurentrajoutéesparlasuite.33.Aujourd’huisituéeenterritoireturc,cettemontagnemythiquesymboliselepeuplearménien.34.Arménie.35.Acheval entre les lacsdeVan (enTurquie), deSévan (enArménie) etd’Ourmiah (en Iran), le royaumed’Ourartou fut fondé parAramé, au IXesiècle avant J.-C. avec pour capitale Touchpa (la ville de Van). En butteperpétuelle avec les Assyriens, il atteint cependant un degré florissant decivilisation.36. Terres situées au Nord de l’Asie Mineure, baignées par la mer Noire.Aujourd’hui,celles-cisetrouventenTurquie.37.Outre l’Arménie actuelle, l’empire de Tigrane II s’étendait aux régionsqueformentleKurdistanactuel,l’Azerbaïdjan,leNorddel’Iran,laSyrieetlaMésopotamieduNord.38.DynastiepersefondéeparCyrusIIvers556avantJ.-C.39.Dynastie héllénique fondéeparSéleucos Ier qui régnade312/305 à64avantJ.-C.40.Tigranocerte.41.Jean-PierreAlem,L’Arménie,éditionsQuesais-je?page16.42.Encontrepartiedesonralliement,PompéeluiavaitpromisdesterritoiresdeMésopotamiequeLucullusavaitraviàTigrane.43. Hrant Pasdermadjian, Histoire de l’Arménie, Librairie orientaleSamuélian,4eédition,Paris1986,page58.44.Comprenant en réalité que les Parthes ne pouvaient être en réalité quedesalliésoccasionnels,Romeconsidéraalorsque l’ArménieseraitunEtat-

tampon.45.D’après l’historienHrantPasdermadjian, les chroniquesduMoyenÂgeexagéraient fortement les chiffres. Cependant, l’armée perse était en forceparrapportàcellelevéeparleprinceVartan.46.L’arméeperse.47.Leshistoriensavancentlechiffrede3544hommes.48.IlréussitàentretenirdebonnesrelationsdevoisinageavecByzanceetlekhalifat.49.JacquesdeMorgan,Histoiredupeuplearménien,Paris1919.50.Peupled’AsieCentrale,originairedeMongolieetduTurkestan.51.JacquesdeMorgan,op.cit.52.Cetterégion,appeléeenarménienArtsakh,sesitueenAzerbaïdjan,à270kilomètres à l’Ouest de Bakou. Peuplée à 73,5 % d’Arméniens, elle s’estdéclarée indépendante le 2 septembre 1991. Seuls l’Abkhazie, l’Ossétie duSudetlaTransnistriel’ontreconnue.53. À l’origine territoire arménien, cette enclave située entre l’Iran, laTurquieetl’Arménieappartientaujourd’huiàl’Azerbaïdjan.54. Reçoit pour récompense le titre de comte avant d’être nommé parAlexandre II, le 6 août 1880, Ministre de l’Intérieur. Doté de pouvoirsexceptionnels, il recommande à l’Empereur un ambitieux programme deréformesadministrativesetéconomiques.Aprèsl’assassinatdusouverainle13mars1881, ildémissionnedeuxmoisplus tard.Retiréde lapolitique, ilmeurtàNicele22décembre1888.55.À l’issue des négociations de Berlin, l’Empire ottoman récupérera larégion de Bayazid, les Russes ne conservant plus que Batoum, Kars etArdahan.

KévorkVnel’avait-ilpaschoisidepuis1912pourêtrelechefdefiledeladélégationnationalearménienneàParis?Etvoilàquemaintenant,pourcetteConférencedelaPaix,laRépubliqued’Arménie venait d’envoyer in extremis sa propre délégationavec, à sa tête, cetAvétisAharonian. Fallait-il donc qu’il soitcondamnéàs’entendreaveclui!

*

Malgré les divergences de ces 2 hommes dont l’unreprésentait les Arméniens orientaux et l’autre les Arméniensoccidentaux,AvétisAharonian se rangea finalementà l’avisdeson homologue, abandonnant ainsi les revendications de laRépublique qu’il représentait. Dans le mémoire relatif à « laquestionArméniennedevantlaConférencedelaPaix»endatedu12février1919,signéparles2présidents,BoghosNubaretAvétisAharonian, il est stipulé : « 1) La reconnaissance d’unÉtatindépendantarménien,forméparl’uniondessixvilayetsetdelaCilicieaveclesterritoiresdelaRépubliquearménienneduCaucase.2)Quel’Étatarménien,ainsiconstitué,soitplacésouslagarantiecollectivedesPuissancesalliéesetdesÉtats-Unis,oude la Société des Nations, dont il demande à faire partie. 3)Qu’unmandatspécialsoitdonnéparlaConférencedelaPaixàl’une des Puissances pour prêter son assistance à l’Arméniependantunepériodetransitoire…Laduréedumandatseraitaumaximum de 20 ans. 4) Qu’une indemnité soit fixée par laConférence de la Paix pour réparer les dommages de toutenaturesubisparlanationarméniennedufaitdesmassacres,desdéportations,desspoliationsetdesdévastations.»Ainsi,malgréleursdivisions,AvétisAharonian,l’intellectuel,ayantfréquentéentre autres les bancs de la Sorbonne et le représentant de lagrande bourgeoisie cléricale, Boghos Nubar, s’unirent pour

présenterdesdemandesirréalistes.Selonl’historienJean-PierreAlem,«aulieuderéclamerunfoyernational,ilsrevendiquèrent– poussés par l’opinion publique arménienne, mais désavouéspar le gouvernement d’Erevan – un grand État, l’Arménie desdeuxmers,comprenantuneimportantepartiedel’AnatolieetdelaCilicie.»Cetteerreurpolitiquefutlourdedeconséquences.Ilfallut attendre plus d’un an avant qu’un traité de paix ne soitsignéentrelesAlliésetlaTurquie.

*

Danslesquatrecoinsdusalond’honneurdelamanufacturede Sèvres, une double enfilade de colonnes. Les cinq vitrinesmonumentales et l’imposant vase de Neptune qui y trônehabituellement ont disparu. En ce 10 août 1920, des petitsgroupes d’hommes, engoncés dans leurs sombres habits,remplacentlesvisiteursférusd’art.Entredeuxphrasesquel’onchuchote,semêlentparfoisdesbribesdejaponais,defrançais,d’anglais, de turc ou d’arménien. Puis soudain, mus par unmêmeressort,touss’installentavecsolennitéauxtablesquileursont réservées.Dansquelques instants, lesanciensbelligérantsd’hier signeront le rétrécissement de l’Empire ottoman. Lesreprésentants du dernier sultan, reconnaissables pour deuxd’entreeuxàleurfez61,affichentunvisagesombre.MehmetVIavaittoutfaitpourtantpourévitercetinstant.Mais,iln’yétaitpasparvenu.Etvoilàqu’aprèsdeuxmoisd’intensesdiscussions,celui-cis’était résignéà lesenvoyerenFrancepoursubircettehumiliation.ArrivésàbonportmalgrélagrèvedescheminotsenRoumanieet lecontentieux italo-grecausujetde l’archipelduDodécanèse, le sénateur Riza Tewfik Pacha, le grand vizirDamatFeridPacha, l’ambassadeurHamdiPacha et leministrede l’Éducation Rechid Halis, devront apposer dans quelques

instants leur signature au bas de ce traité considéré commeinfamant par les nationalistes.À présent, on leur fait signe des’approcher autour d’une petite table d’apparat. Il fallait doncsigner.Enquelquesminutes,ce futchose faite.Puis,ce futautourdesdeuxArméniens.Avecsachevelurenoire,sabarbe,samoustacheetsonvisageallongé,AvétisAharonianressemblaitàl’undecesfédaïsquiavaientdonnédufilàretordreàl’Empire.À côté de lui, l’imposante stature deBoghosNubar Pacha nepouvait lui faire de l’ombre. Les deux hommes s’approchèrentde la table. Avétis Aharonian sortit son stylo. Sa main netremblait pas. Il se mit à parapher l’historique traité. Dans lasoirée,ilouvritsoncarnetdenotesetécrivit:«C’estlejourleplusheureuxdemavie.Moncombat,marévolte,masouffranceetlesespoirsnourrisdurant30annéesdemaviesontcouronnésd’uneglorieusevictoire.»

Suite à la signature du traité de Sèvres avec les Alliés,l’Empire ottoman ne conservera plus que Constantinople enEurope, et la partie occidentale de l’Anatolie en Asie. Enperdantlesquatrecinquièmesdesonterritoire,lenouvelEmpireottoman ne s’étend plus que sur 420 000 kilomètres carréscontre 1 780 000 auparavant. Concernant l’Arménie, cet acteconsacreenfinsonexistenceendroit,etnonplusseulementenfait. Sur la base de son article 88, « la Turquie déclarereconnaître, comme l’ont déjà fait les puissances alliées,l’ArméniecommeunÉtatlibreetindépendant.»Parailleursetsur le fondement de son article 89, « laTurquie et l’Arménie,ainsi que les Hautes Parties contractantes, conviennent desoumettreà l’arbitrageduprésidentdesÉtats-Unisd’Amériquela détermination de la frontière entre la Turquie et l’Arméniedans les vilayets d’Erzeroum, Trébizonde, Van et Bitlis etd’acceptersadécision,ainsiquetoutesdispositionsqu’ilpourraprescrire relativement à l’accès de l’Arménie à la mer et

CHAPITREV

LesArméniens,fidèleélitedupouvoirottoman

Dans l’avenue Iéna encore endormie, une voiture noireavance lentement. Arrivé à la hauteur d’un élégant hôtelparticulier,lechauffeursortetouvreunedesportesarrière.Unpetit homme frêle, coiffé d’unmelon que dissimule un visagerondouillard en descend.Aussitôt, il s’engouffre dans l’entréedel’immeubledanslequelsetrouventégalementlesbureauxdelamissiondiplomatiquede laPerse.Encematindenovembre1927 le marchand d’art et magnat du pétrole, CalousteGulbenkian,rentrechezlui.Ilestsatisfaitàprésentcarilaenfintrouvé l’endroit idéal pour ses œuvres d’art. Il en possèdetellement que toutes les anciennes demeures qu’il a occupéessont devenues vite trop exigües. Au fil de sa passion pourl’esthétisme, il est devenumaintenant un véritable expert. Sonappétitinsatiablepourlesobjetsd’artleconduitàacheterlàoùson instinct le mène, chez les antiquaires ou lors de ventespubliques.«Seullemeilleurestassezbonpourmoi»seplait-ilà redire. Collectionneur atypique et internationalement réputé,Calouste Gulbenkian, mécène invétéré, mélange d’Orient etd’Occident, réussit à amasser une formidable collection detableauxdemaîtredanslaquelleserévèlesonéclectisme.

L’engouementdu jeuneCaloustepour lesarts semanifestedès son plus jeune âge. Ainsi, au grand dam de son père quicroitqu’ildilapidesonargentdepoche,ilsemetàcollectionnerles monnaies anciennes. Aujourd’hui sa collection, unique au

monde, comporte 6 440 pièces allant de l’Antiquité jusqu’auXXe siècle. Certaines d’entre elles proviennent du musée del’Ermitage. En effet, durant les années de famine et devant lemanque cruel de devises, les Soviétiques ont été contraints devendre quelques pièces provenant de la collection impériale.Dans sa lettre du 17 juillet 1930 adressée au ministre duCommerce éxtérieur de l’URSS, Georges Piatakov, CalousteGulbenkiandéclareavec insistance :«Vousnedevriezpasmevendre àmoi-même, encoremoins aux autres… Je continue àmettreengardevosreprésentantsdenepassortircespiècesdevosmusées.Mais simalgré tout ce devait être le cas, j’insistepourquevousm’accordiezàmoi,àprixégal,lapréférence,etjevous demande de me tenir parfaitement au courant des prixauxquels vous désirez vendre. »73 C’est ainsi qu’en toutediscrétion, le jeune collectionneur arménien signera quatrecontrats avec les Soviétiques et acquerra certaines piècesmaîtresses, s’imposant dès lors à tous les autres concurrentsinternationaux.

CalousteSarkisGulbenkiannaîtle23mars1869surlariveasiatique de Constantinople, à Scutari (l’actuelle Üsküdar).Inscrit à l’école arménienne Aramyan-Uncuyan, puis à l’écolefrançaisedeSaint-Joseph,ilpoursuitsesétudessecondairesauRobert College. En 1887, il termine le King’s College deLondres, puisOxford.Avec son diplôme d’ingénieur, le jeunehomme part en 1890 à Bakou. Impressionné par lemonde dupétrole,ilrédigerad’aborduneétudeintituléeLepétrole,sourced’énergie pour la Revue des Deux Mondes puis un livre, LaTranscaucasie et la Péninsule d’Apchéron. Ces écrits attirentaussitôt l’attention du ministre des Mines du Gouvernementottoman.Cedernierluicommandeunrapportsurlesgisementspétrolifèresdel’Empire.Envéritablevisionnaire,ilyexposesa

théorie : le pétrole, extraordinaire source d’énergie, doit êtreexploité rationnellement. Le ministre est conquis. Alors queBritanniques, Allemands et Néerlandais cherchent à obtenirchacun de leur côté des concessions pétrolières au Moyen-Orient, il réussit, en habile négociateur, à faire converger lesintérêts de tous et obtient ainsi du sultan, peu avant laRévolution des Jeunes-Turcs, l’autorisation d’exploiter lepétroledel’EmpireOttoman.Danslesillagedelafondationdela Banque Nationale de Turquie, dont les capitaux sontexclusivementenmainsbritanniques,CalousteGulbenkianbâtitson empire pétrolier. Il crée en 1912 la T.P.C. (TurkishPetroleum Company) et obtient en 1914 une concessionpétrolière.

La nouvelle compagnie comprend quatre partenaires : lanéerlando-britannique Royal Dutch-Shell (25 %), la BanquenationaledeTurquie(35%),laDeutscheBank(25%)etlapartde Gulbenkian (15 %). Mais très vite, face à la pression desgouvernements anglais, turc et allemand et de la concurrentel’Anglo-PersianOilCompanyqui finitpardétenir47,5%desactionsde laT.P.C., ainsiquedevant l’importancedes intérêtsfinanciers en jeu, Calouste Gulbenkian accepte de réduire sapart à 5%. «MonsieurCinq pour cent » est né. En 1924, laFrance devient actionnaire au capital de la T.P.C. et obtientainsi, pour la première fois, l’accès aux réserves depétrole duMoyen-Orient.Quatre ansplus tard, laT.P.C. seradenouveauréorganisée.DevenueaprèslapremièreGuerremondialeetàlachute de l’EmpireOttoman, l’IraqPetroleumCo.Ltd, celle-cise scindera en quatre compagnies : l’Anglo-Persian Oil Co(l’actuelle B.P.), le Royal Dutch-Shell Group, la CompagnieFrançaise des Pétroles (future Total) et la Near EastDevelopmentCorporation (consortiumde 5 groupes pétroliers

quiavait toutperdu :«La terreur,c’est fini,vousêtesdans lepays de la liberté…Vous êtes en France. » Soudain, un ventfrais se lève. Araxie frissonne. Aussitôt, un bras protecteurl’enveloppe.Levantlesyeux,ellesouritenfinàHagop.

–Commentvousappelez-vous?–HagopMalakianrépond-ild’unevoixtremblante.Etvoici,

ma femme Araxie, mon fils Achod et mes deux belles-sœurs,GayannéetAnna.

– Bien, rétorque le fonctionnaire de police d’une voixtonitruante.Donnez-moivospasseports.

Hagop les lui remet aussitôt. Un par un, d’un geste lent,l’homme qui détient la clef de leur avenir les ouvre. Puis, ilprend son tampon encreur et le lève. Les cinq malheureuxretiennentleursouffle.Etsoudain,dessonssourdsfinissentparsecouerlepetitAchod.Surlespasseports,s’étalelesésametantespéré:APATRIDE.LafamilleMalakianvientd’êtreautoriséeàresterenFrance.

Aprèssoninstallationdansunemisérablechambredebonnede Marseille, au 109 rue Paradis, (ce qui fit sourire le petitgarçonnetensonforintérieur!),lepèredufuturHenriVerneuiltrouvaunemploidenuitàlaraffineriedesucredeSaintLouis.« Il prenait son travail à 9 heures du soir jusqu’à 9 heures dumatin,par45-50°,etdanslessous-solsilfermaitetouvrait lesrobinets de sucre chaud, lui, le bourgeois deConstantinople… », racontera par la suite le célèbre cinéastefrançais. Quelques semaines plus tard, ce fut au tour de ses«troismères»detrouverdesemploisdechemisièresàdomicile.

*Au crépuscule d’une carrière bien remplie, Henri Verneuil

fera revivre tous ces personnages tendres et émouvants quiberçaient sonenfance.Mayrig, traduit dans 37 langues, devint

ainsi en 1985 un succès de librairie. Puis, en 1991, ce seral’adaptationàl’écranavecOmarSharifdanslerôledesonpèreHagop et Claudia Cardinale dans celui de sa mère Araxie.L’annéesuivante,iltourneralasuiteintitulée588,rueParadis,avantdes’éteindreà81ansle11janvier2002.

Néle15octobre1920àRodosto,enTurquie,ilobtienten1943 le diplôme de l’École des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence, puis débute en 1944, en tant que journaliste, aumagazine Horizon. Mais, une rencontre déterminante allaitdéfinitivement modifier le cours de sa vie. Suite au tournaged’un court-métrage à Marseille, le grand comique français,Fernandel, accepte de tourner avec un réalisateur parfaitementinconnu.En1949,HenriVerneuilquittedonc,pourlapremièrefois, la ville de son enfance. Direction la capitale. Après unemploi d’assistant-réalisateur, il se lance dans le tournage delongs-métrages.Fernandelseraànouveaulepremieraurendez-vous.DansLa Table aux crevés, il interprète Urbain Coindet.Aufildesans,lessuccèss’enchaînent.En1955,DesGenssansimportance, avec Jean Gabin, lui apportent la consécrationnationale.Puis,en1959,LaVacheetleprisonnierluioffreunereconnaissanceau-delàdes frontièresde l’hexagonequi le ferabasculer, quelques années plus tard, au rang de réalisateur desupersproductions avec des stars internationales. Dès l’instantoùlesuccèsfrappeàsaporte,HenriVerneuilferatourner,outreGabin et Fernandel, les plus grands : Jean-Paul Belmondo,AlainDelon,LinoVentura,YulBrynner,AntonyQuinn,HenryFonda…Desfilms telsqueLeClandesSiciliens,Mélodieensous-sol, Un Singe en hiver ou Mille milliards de dollarss’ancrent en parallèle dans la mémoire collective. Riend’étonnantdoncàcequelejeudi17janvier2002,laCathédralearménienne Saint Jean-Baptiste, située dans le 8e

arrondissement de Paris, soit pleine à craquer. Derrière soncercueil, se tient parmi la foule des anonymes, de nombreusescélébritésparmilesquellesCharlesAznavouretMichelDrucker.Àcôtéd’euxAlainDelonàquiunhomme,profondémentému,traduitcettemessederequiem.

*

Jamais iln’oublieracette journéede1964.Ce jour-là, à laMCA(Maisondelaculturearménienne),ilavaitbulesparolesd’unmaîtreducinéma.Àlafindelaconférence,HenriVerneuils’était approchédu jeuneAlainTerzian et lui avait lancé cettephrasequiferabasculersondestin:«Ecoutemongarçon,situveux,jesuisentraindetournerunfilm.Tun’asqu’àvenirmevoirauxstudiosdeBoulogne-Billancourt.Sicelat’intéresse,tuverras comment cela se passe. » Le lendemain, le futurproducteurde cinémadécouvre fasciné trois fauteuils.Audos,trois noms mythiques s’étalent : Delon – Gabin – Ventura.Soudainunevoixchaleureuselefaittressaillir.«Ah,tuesvenumon garçon ! » lui sourit Henri Verneuil. Aussitôt, troissilhouettessetournentetselèvent.FaceàAlainTerzianmédusése présentent alors les monstres sacrés du cinéma français.Jamais celui-ci n’aurait imaginé que 30 ans plus tard AlainDelonl’appelleraitenluidisant:«MonpetitAlain–Henri–ilestmort!Ilfautqu’onailleàl’églisearménienne.»

*

Le traité de Lausanne, la soviétisation de l’Arménie et lesbouleversements politiques au Moyen-Orient entraînent dès1922 un mouvement d’exode massif des populationsarméniennes. Pour desmilliers de familles devenues apatrides,

épouse dans l’église-cathédrale faisant office de Panthéon, sesrestesdisparaîtront (commeceuxdecélèbres autresArméniensqui s’y trouvaient) lorsde ladestructiondubâtimenten1938,surordredeLavrentiBéria,chefduN.K.V.D.95

Parmi ses quatre garçons et ses quatre filles, ce sera sondeuxième fils Levon qui reprendra les rênes de ses activités.Après avoir fait fructifier l’affaire de son père, qu’ilabandonnera par la suite aux frèresNobel, et fait transférer lesiège des compagnies de Bakou à Saint-Pétersbourg, lesévénements politiques qui s’ensuivront auront raison de sonempire. Tous ses enfants se réfugieront à Paris où se trouventencore ses descendants. Quelques décennies plus tard, le 18avril 2012, le petit-fils du fondateur de l’Église apostoliquearméniennedeParis,AlexandreMantacheff,quiporteleprénomde son illustre grand-père, inaugure la statue de son aïeul aucœurdelacapitalearménienne.

82.Maman.83.Ilaccueilleàpartirde1923desmilliersderescapésdugénocide.Prévuinitialementpour1200personnes,ilenabriterajusqu’à3000.Ilserafermédéfinitivementenavril1927.84.LeKemp,uneenfanceintra-muros,éditionsParenthèses,2001.85.SuiteaudéferlementdesTurcsseldjoukidessurlaGrande-Arménie, lesArméniensmigrerontenmasseverslaCappadoce,laCrimée,laMoldavie,laPologne et la Cilicie. Créé en 1197 par Rouben (il fonda la dynastieroubénienne), ce royaume florissant, appelé aussi Nouvelle-Arménie ouPetite-ArménieapporterauneaidedécisiveauxFrancsleurpermettantainside remporter bien des victoires lors des premières croisades. Après troissièclesd’existence,ils’éteindraen1375.86. Fidèles à leur église nationale, les Arméniens se méfiaient de cesseigneurscatholiques.87.Titreempruntéauxseigneursfrancs.Lemotbaronsignifiemaintenantenarménien«monsieur.»

88.Àl’époque,cetacteétaitpassibledelapeinedemort.89. Anahide TerMinassian, Histoires Croisées, éditions Parenthèses, 1997,page51.90.Ibid.,page55.91.En1717,lemoineMekhitarfondeàVeniseunmonastèredansl’îleSaint-Lazare.Devenucélèbredeparsongrandrayonnementintellectuel,deslivresarméniensyserontédités,desauteursétrangersyseronttraduitsetdefuturesélitesnationalesyserontformées.92. Fondé pour vendre divers objets au bénéfice des plus démunis, ildisparaîtdansundramatiqueincendie le4mai1897.Cetaccidentferaplusde120victimes.93.Ilvenaitdeconstruiredanslamêmeruel’églisecatholiqueNotre-Dame-de-la-Consolation.94.UnedesappellationsduSultanAbdulHamid.IlseranomméégalementKizilSultan(SultanRouge).95. Cette police politique, appelée Commissariat du peuple aux affairesintérieures,seracrééele15novembre1923.

ChapitreVII

Aufirmamentdel’Artarménien

Le vice-directeur de l’Académie des Arts de Léningrad96marche depuis déjà une heure. Les premiers signes de fatiguecommencentàsefaireressentir.Maisilneveutpasécoutersoncorps. Peu importe ses jambes lourdes et ses épaules raidies.L’essentiel pour lui est ailleurs. Fraîchement débarqué de lacapitale des Romanov, Alexandre Tamanian passe en revue,comme un général d’armée, les ruelles de ce gros bourg oùs’entassentdansdesmaisonsentorchis leshabitantsd’Erevan.Quelle saleté ! Quelle tristesse ! Les sombres façades luirappellentencorelesrécentesépreuvesqu’ellesonttraversées.Àprésent, c’est à lui de relever l’incroyable défi. Dépoussiérercette ville millénaire et la faire basculer dans la modernité.Jamais il n’avait connu de chantiers aussi grands. Bien sûr,quelques-unes de ces réalisations, comme le manoir deKotchoubeïet lamaisonduprinceChtcherbatoven1911oulamaisondesemployésdescheminsde ferdeMoscou tout justeachevéeavantsondépartpourErevan,avaientdéjàsuscitéunvifintérêt, surtout auprès de ses pairs. Plus il marche, plus ils’imprègne du parfum de cette ville incroyablementmélancolique.Les idéess’emboîtentpetitàpetit lesunesdansles autres. Par ici une avenue, là une place, plus loin unefontaine…Puis, ne pas oublier la couleur. Et pourquoi pas lerose!Lepaysregorgedetuf.Ilsouritdanssonforintérieur,ravipar la noble tâche qui l’attend.Après plus de deux heures demarche, ses forces commencent à le lâcher. Il est temps de

ChapitreVIII

Contrel’occupantnazi

DanslepetitatelierdelarueMogador,entrelesmachinesàcoudre Singer, les flanelles, les chutes de tissus et les diverspatrons épars sur les deux tables de travail, le bravemonsieurVigne, s’impatiente. Déjà dix heures du matin et son jeuneapprenti,commeàsonhabitude,estenretard.Maisquepeut-ildonc bien faire, se demande-t-il chaque jour ? Résigné, il seremet avec ardeur à son ouvrage. Seul le tic-tac de la penduleaccrochéesur l’undesmurségayelesilence.Soudain, laportes’ouvrebrusquement.Devantlui,setientunjeunede26ans,unlégersouriresurseslèvres.

–VousvoilàdoncenfinArsène!Maisquefaisiez-vousdoncencore?

–Rien,Monsieur.Maiscettenuit,j’aieuunelégèrecrise.Jetoussaisetj’avaisbiendumalàrespirer.

Comme fréquemment, le vieil homme ne vit que du feu.Commentpouvait-ilsoupçonnerunseulinstantquesonprotégéfaisait partie d’un réseau clandestin prêt à en découdre avecl’ennemi.DepuisquecedernieravaitenvahiParis,lavilleétaitméconnaissable.

NéenTurquieunanaprèsl’exterminationàgrandeéchelledes Arméniens de Turquie, Arsène Tchakarian grandit enBulgarie avant que celle-ci ne sombre dans le totalitarisme.Comme un certain nombre d’immigrés, il traverse alorsl’Europe, en quête de liberté, et se réfugie dans le pays desDroitsdel’homme.Enaoût1940,lorsquelesbottesallemandes

foulent l’asphalte de la capitale, nombre d’Arméniens, dont lejeuneTchakarian,n’hésitentpasàselanceràcorpsperdudansunebataillecontrel’envahisseur.Toussaventcequ’ilsrisquent,mais qu’importe. C’est ainsi qu’au début de 1941, avec unepoignée de ses compatriotes, il inscrit furtivement sur lesfaçades des « Vive Paris », « À bas Pétain » ou «Mort auxtraîtres».Puis,trèsvite,ilselanceavecsescamaradesdanslatournéedesboîtesaux lettresdans lesquelles il jettedes tractsantihitlériens.Àlafindel’année,ArsèneTchakarianetsesamiss’organisententriangles113.Enseptembre,unpoètedunomdeMissakManouchianvientlesrejoindre.«Ilesttrèsestimédansla colonie arméniennedeParis et semontre très actif dans lesmouvementsd’aideaupeuplearménien,ainsiqu’à l’Universitéouvrière.Cultivéetpatriote,ilécritégalementdanslesjournauxde l’immigration arménienne. Sa compagne, Mélinée, amerveilleusement décrit l’homme, le poète, le journaliste, lemilitant qu’il fut. Quel ami, quel compagnon d’armes,exceptionnel de sensibilité, d’intelligence, de courage etd’humanité!»,raconteraplustardArsèneTchakarian114.

Né le 1er septembre 1906 dans l’Empire ottoman, àAdiyaman,MissakManouchianestunorphelindugénocidede1915.RecueilliavecsonfrèreGarabedparunefamillekurde,ilest transféré avec lui à la fin de la guerre dans un orphelinatlibanais,àByblosJounieh.Là,ilapprendlemétierdemenuisieret découvre, grâce à l’un de ses maîtres d’école, la littératurearménienne.En1925,ilarriveavecsonfrèreàMarseille.Peudetemps après, Garabed tombe malade. Missak s’engage alorscommetourneurchezCitroën,afindefairefaceàleursbesoins.Mais, en 1927, Garabed décède. Accablé par cette disparitionprématurée,Missaknecachepassondésarroi.Troisansaprès,lacriseéconomiques’installeenEuropeetlejeunehommeest

licencié. Il gagne alors sa vie en posant notamment pour dessculpteurs. Fasciné par la littérature, il créé avec son amiKégham Atmadjian deux revues : Tchank (L’effort) etMechagouyt (Culture) dans lesquelles les lecteurs peuvent ydécouvrirdesarticles sur la littérature françaiseetarménienne,ainsiquedestraductionsenarméniendeBaudelaire,VerlaineetRimbaud. L’année 1934 marquera un tournant dans la vie dujeuneimmigré.

Suite aux événements du 6 février, il entre au particommuniste et auH.O.C. (Comité de secours pour l’Arménie)oùildevientrédacteurenchefdujournalZangou,dunomd’unerivièrequiarroseErevan.Arrêté,puislibéréàdeuxreprisesàlaveille du deuxième conflit mondial, suite à l’interdiction duparti communiste et des organisations qui lui sont proches, ilentreàpartirde1941danslaclandestinité.

*

–Salut,franc-tireur!Souriant et un brin taquin, habillé d’un élégant costume

marron,unhommelarged’épaulesetà lasilhouetteélancéesetient dans l’atelier parisien de coupe de la rue Malebranche.Faceausilenceinterloquédesonami, ilpoursuitd’untonquin’admetaucuneréplique:

–Arsène,toietmoi,noussommeslespremiersArméniensàêtreinscritspourlecombatarmé.Rendez-voussurlePont-Neuf,à côté de la statue Henri IV, dans la quatrième niche quisurplombe la Seine. Je vais te présenter un résistantparticulièrementrodé.

Quelques jours plus tard, Arsène Tchakarian retrouve sonfutur compagnon d’armes, Missak Manouchian, ainsi qu’unjeune homme de 19 ans.Blond, les yeux verts, les pommettes

repousser lesAllemandsqui auront ainsibiendumalà établirleur communication avec leurs troupes basées dans leDonbass126.Mais,enavril1942,Stalineletientpourprincipalresponsable d’une grave défaite militaire au cours de laquelle240000hommessontfaitsprisonniersdesAllemandsetplusde1200charsneutralisés.

Sauvé par son camarade d’école Joukov127, HovhannèsBagramianréussitàredressersondestinensebattantavecforcesur le front ouest à la tête de la 16eArmée.Décoré le 9 avril1943del’OrdredeKoutouzov128depremièreclasse,ilparticipeàl’opérationKoutouzovdanslesrégionsd’OreletdeKourskenencerclant par surprise, selon son plan présenté auparavant àStaline,lestroupesdelaWehrmacht.

AppeléàMoscou,ilestélevéaugradedegénéraletreçoitle19 novembre de lamême année le commandement du premierfrontbalte.HovhannèsBagramianseraainsi lepremierofficiernon-slaveàobtenirungradeaussiélevédansl’ArméeRouge.

AprèsavoirtraversélaPremièreGuerremondialeetvéculesvicissitudes de l’éphémère Première République indépendanted’Arménie,cefilsdecheminot,emportédanslatourmentedelaGrandeGuerrepatriotique,construiraautourdesonnom,augréde ses faits d’armes, sa propre légende. Ainsi à l’aube de laVictoire, il sera reconnu le 29 juillet 1944 comme véritablehérosdel’Unionsoviétique.L’Histoires’accélèrealors.AprèslalibérationdelaBiélorussieetd’unepartiedelaLituanieetdelaLettonie, il fera procéder en pleine nuit, à un changement depositionnementdesestroupes,réussissantainsiàenfermerplusde30divisionsallemandesenCourlande.Aprèsavoirparticipéaux violents combats pour la prise deKönigsberg, HovhannèsBagramiangoûtera aux journées euphoriquesde lavictoire, endéfilant sur laPlaceRouge le24 juin1945,devant lepremier

frontbalte.Devenuen1946députéduSoviet suprême, il seraélevé le

11 mars 1955 au grade deMaréchal de l’Union soviétique etprendra la direction, à partir du 8 juin 1956, de l’AcadémieMilitaireVorochilov129. Invité dans les années soixante-dix enFrance par le ministère de la Défense, il ira au cimetière duPère-Lachaise se recueillir sur la tombe du Général Antranikauprèsduquelilavaitcombattudanssajeunesse.Parmiceuxquil’entouraientcejour-làsetrouvaitunepetitefilledeseptans.Àlafindelacérémonie,lehéross’approchad’elleetluidemandasi elle parlait le russe.Comme elle acquiessait et lui adressaitdeuxmots, le célèbreMaréchal extirpa de sa veste une photoreprésentant Katch Antranik130 en habit militaire. Le 21septembre1982,denombreusespersonnalitéssoviétiques,parmilesquelles, le Secrétaire Général du parti communiste, LéonidBrejnev ; le ministre des Affaires étrangères André Gromyko,ainsiquelefuturdernierhommed’Étatdel’UnionSoviétique,Mikhaïl Gorbatchev, rendront un ultime hommage à sadépouille.Aujourd’hui,ilreposedanslanécropoleduKremlin,auxcôtésdeceuxquiontfaitl’histoiredelaRussie.

*

Se relevant à peine de ses cendres en 1939, l’Arménieenverra au front300000de ses ressortissants,dontplusde lamoitié tomberontsur leschampsdebataille,quelquepartdansl’Estdel’Europe;ainsiquesixdivisionsd’infanteriemotoriséedontune,la89e,parviendramêmejusqu’àBerlin.Danssonlivrepublié à Beyrouth en 1974, le résistant Diran Vosguéritchianaffirmeraque,parmiles3soldatssoviétiqueshissantledrapeaurouge au sommet du Reichtag, se trouvait un certain Melkon

Kantarian.Parmitousceshommesquiirontgrossirlesrangsdel’Armée Rouge, on y dénombre 93 généraux, 105 héros del’Union Soviétique et vingt-sept Chevaliers de l’ordre de laGloire.

Parailleurs,cinqArméniensserontpropulsésausommetdecette hiérarchie militaire : le maréchal des forces blindéesAmazasp Babadjanian ; le maréchal de l’aviation SergueïKhoudiakov(ArménakKhamferiants);lemaréchaldesforcesdugénie Sergeï Aganov ; l’amiral de la Marine Ivan Issakov(Hovhannès Issaakian) et le célèbre maréchal de l’Unionsoviétique,HovhannèsBagramian.

*

Aulendemaindeladébâclehitlérienne,unnouveaumondese dessine. Dès septembre 1944, le parti Dachnak lance unecampagne de sensibilisation de la question arménienne auprèsdesvainqueurs.Enmai1947,700déléguésseréunissentauseinde l’Armenian National Council of America. Faire revivrel’Arménie du président Wilson, telle est la conclusion de cecongrès. Malgré de nombreux entretiens avec le présidentaméricainTruman, cet espoir se heurte rapidement au refus del’UnionsoviétiqueetdesOccidentauxdansleurensemble,alliésde la Turquie. Usant de son nouveau statut de Catholicos,MonseigneurKevorkTchorektchian,nouvellement élu en1945par le conclave ecclésiastique d’Arménie soviétique s’adressealors à Staline. Faire cesser cette injustice politique quesubissait le peuple arménien et lui permettre également derevenir dans samère-patrie. Après une formidable propaganderelayéeenFrancepar leFrontNationalArménien, lapremièrevaguederapatriementauralieuen1946-1947.Plusde100000Arméniens de la diaspora (France, Liban, Égypte, Grèce,

*

Le ciel est bas. Qu’importe. En ce jour crucial, 2 000Arméniensbattentlepavédepuis8heuresdumatinauxabordsdu Parlement européen de Strasbourg. Venus de France,d’Angleterre,deSuisse,deHollande,deSuède,d’Allemagne,deGrèceetdeBelgique,tousattendentlecœurbattantderrièredesbarrières. Face aux CRS, des anciens combattants arborentfièrementleursmédailles,drapeauxfrançaisàlamain.Soudain,lesparapluies s’ouvrentet leschantspatriotiquescessent.Quel’attente est longue… De temps à autre, des parlementairesapportent quelques nouvelles. À 19 heures, la pluie s’arrête,faisantplaceausoleil.Est-ceunheureuxprésage?Aussitôt,selèvent lesdrapeaux tricolores, tandisquecourtverscette fouleenémoiunhomme,lesbrasenl’air.Detoutesparts,fusentcrisethurlementsdejoie.MêmelesCRSontlalarmeàl’œil.C’estalorsques’élèventàl’unissonlesparolesdeLaMarseillaiseetdeHaratchNahadag134.

PartidelaPorted’Orléansenautocaravecdesmembresdesa famille qui l’avait persuadé de les suivre, Abel Papazianvenait, en cette journéemémorable, de redécouvrir ses racines.En ce 18 juin 1987, adopté en séance plénière par un vote àmains levée par plus de 120 députés, le Parlement européenvenaitdereconnaîtresolennellementlegénocidearménien.

*

Presqu’un mois auparavant, un autre événement survenudans la ville de Dzargatzor135 ébranlera le monde sportifarménien. En ce 22 mai 1987, un jeune homme de 22 ans,maillot rouge sur lequel se distingue le nombre 502 et shortblanc,s’apprêteàs’élancerdetoutessesforcessurlapiste.Top

départ ! En quelques larges enjambées, il court, court, et finitpar retomber sur le sol soulevant derrière lui un halo depoussière.Incrédule,RobertEmmiyanserelève.Aurait-ilréussilui–lechampiond’Europe136–àsedépasserencoreplus? Iln’ose lecroire.Maispourtant, il se rendviteà l’évidence.Les8,86mètresviennentdes’afficher.Quelle joie! Ilsaitquesonsaut en longueur est historique et qu’il vient de dépasser lerecorddumonde137 de son aîné, celui que l’on surnommait iln’y pas si longtemps de cela « le prince Igor », ou plusexactement Igor Ter-Hovhannessian, devenu maintenant leresponsablenuméroundel’athlétismeenURSS.

Considéré depuis ses débuts en 1983 aux Spartakiades138comme l’undes raresdans lemondeàdépasser les8mètresàchaquecompétition importante, le jeuneetnouveau recordmand’Europe du saut en longueur est à présent entouré. Onl’embrasse,on lecongratule…Parmi touscesgens, il aperçoitGyraïr, son père139, Tikran, son frère, et son entraîneurpersonnel,Karapétyan… et leur sourit.Un succès en appelantun autre, le jeune athlète de Léninakan140 se retrouvera enseptembredelamêmeannéeàRome.Ensautantà8,53mètres,il s’adjugera la médaille d’argent, juste derrière le légendaireCarlLewisquifranchiracejour-làles8,67mètres.Depuis, lesdeux hommes se sont liés d’amitié141. L’Américain n’hésiterapasà l’héberger chez lui lorsque la terre arméniennegrondera,emportant avec elles ses nombreuses victimes. Depuis, separtageant entre la France et l’Arménie, Robert Emmiyanprépare avec ses deux amis, Bruno et Frank, un rendez-vousd’importance pour 2015. Bientôt, à Erevan, de nombreuxsportifs internationaux, ainsi que de simples citoyens, sedéfieront joyeusement lors du premier marathon internationald’Erevan.

132.Malgrél’interdiction,plusieursmanifestationsdesoutiensedéroulerontà Paris les 24, 28 et 31 janvier au cours desquelles plusieurs centaines depersonnesserontinterpelléespourvérificationd’identité.133.Tousdeuxavaientdéfendu,en1982,leMarseillaisd’originearménienneMax Kilndjian, suite en février 1980, à sa tentative d’assassinat del’AmbassadeurdeTurquieenSuisse.134. Hymne des Volontaires. Composé par Georges Garvarentz, sur unemusique deParseghGanatchian, ce chant est essentiellement interprété pardesgénérationsd’Arméniensissuesdeladiaspora.135.Stationtouristiquesituéeà2000mètresd’altitude,àunesoixantainedekilomètresd’Erevan.136. Le 28 août 1986, à Stuttgart, dans des conditions atmosphériquesépouvantables, Robert Emmiyan se classera premier avec un saut de 8,41mètres137. 8,35 mètres. Premier européen à franchir le cap des 8 mètres, ils’inclinerafinalementdevantl’AméricainBobBeamonauxJeuxolympiquesdeMexicole18octobre1968.138.Jeuxolympiquesdespeuplessoviétiques.139.Ilseravictimedutremblementdeterredu7décembre1988.140. Aujourd’hui Gumri. Située au nord-ouest de l’Arménie, elle est ladeuxièmevilleaprèslacapitale,Erevan.141. Avec son record d’Europe à 8,86 mètres inégalé encore aujourd’hui,RobertEmmiyann’estseulementqu’àuncentimètredumeilleursautdeCarlLewis.

le22janvier,ilseproposeraentantquemédiateur.«Ilfautunepersonnalité, et je suis prêt à assumer ce rôle », déclarera-t-ilenfindansleslocauxdesNouvellesdeMoscou.

Né le 13 avril 1963 d’une mère arménienne originaire duHaut-Karabaghetd’unpère juif, le jeuneHarryWeinsteinserainitié au jeu d’échecs par ce dernier, dès l’âge de 5 ans. En1975, il prend le nom de sa mère. À 12 ans, le jeune GarryKimovitch Kasparov se lance dans une ascension qui allait lepropulserauxcôtésdesplusgrandsjoueursdel’histoirecommeBobby Fischer, Alexandre Alekhine, Tigran Pétrossian etAnatolyKarpovqu’ildétrôneraen1985,devenantainsipourlapremière fois, à 22 ans, champion du Monde. Maîtreinternationalà17ans,championdumonde junioretdeuxfoischampion olympique, détenteur de deux « oscar mondial »,Kasparov est, à l’inverse de son rival, un « preneur de risquessur l’échiquier. » Doté d’une mémoire exceptionnelle et d’unnaturel spontané, le13e championde cenoble artmettra ainsiuntermeaurègnedécennaldeKarpov.

*Samedi 9 novembre,Moscou.Dans la salleTchaïkovski, 1

500spectateurssepressent.Bravantlesilencehabituellementderigueur,descriss’élèvent:«Kasparov,Kasparov».Nepouvantréfréner l’enthousiasme des supporters du jeune challenger,jugesetarbitressesententembarrassésetbiendémunis.La24eet dernière partie se déroule dans une ambiance électriquepousséeàsonparoxysme.Soudain,au42ecoup, lavariantedeScheveningue,ultimearmedeKarpov,sedésagrège.Aussitôtlastar de laGrandeRussie, l’homme aux 60 tournois gagnés selève et serre la main de son adversaire, avant de s’engouffrerdans les coulisses de la salle. Fuyant journalistes et

photographes, le favori de laNomenklatura, décoré de l’Ordrede Lénine sous Léonid Brejnev, vient de céder à 34 ans sacouronne à un jeune phénomène nommé Garry Kasparov. Seprécipitant vers sa mère, le nouveau champion du mondel’embrasse puis remercie entraîneurs et officiels. Très vite, surdesairsdeduduk152,denombreuxfansduvainqueurexécutentdeskotcharis153.

Au cours de la conférence de presse qui s’ensuit, il feraplusieurs déclarations : « Tout ce que je peux faire pourmonpays(laRussie),jeleferai…»Cetteprisedepositionpermettraàl’entraîneurnationalsoviétiquedeséchecs,AlexandreRochal,de relever que cette nouvelle étoile du jeu des rois « ne fumepas, aime l’histoire et la philosophie et qu’il est, en outre, unjeunecommunisteamoureuxd’idéesnouvelles.»

Au-delàdecedueltitanesquequiopposeradeuxhommessevouant une antipathie mutuelle, ce championnat du Monde,considéré à l’époque comme le plus long, révèlera nonseulement les talents de joueur deGarryKasparov,mais aussisonsensinnédumédiatique.Devenul’idoledessoviétiquesetdit-on,d’uncertainMikhaïlGorbatchev,Kasparovsepayera leluxe de faire ce qui lui plaît : déclarer son goût pour dessymboles comme les jeans et le rock ; prendre un imprésariobritanniqueetmêmetournerunepublicitépouruneboissonquinefaitdesbulles,àcetteépoque,qu’enOccident.

*En décrochant son titre de champion du monde, le jeune

Kasparov venait de prendre la relève d’une autre icône deséchecsquivenait de s’éteindrebrutalement, àMoscou, à l’âgede55ans.S’iln’avaitpasétécejoueurexceptionnelqu’ilfut,Tigran Vartanovitch Pétrossian aurait sans doute été chanteur

d’opéra. Doté d’une puissante voix, ce mélomane averti seplaisait à interpréter des grands airs de Caruso154 qu’il avaitentendu dans son enfance lorsqu’il vivait au foyer de l’ArméeRougeàTbilissi.

Mais, c’est surtout les parties d’échecs auxquelles selivraientlesofficiersquiéveillèrentsacuriositéd’enfant.Inscrità8ansàlasectiond’échecsduPalaisdesPionniers,cefilsdeconciergeenappritconsciencieusementlesrèglesàl’âgede12ans.Àlamortdesesparentsen1944,lejeuneTigran,âgéde15ans, termine neuvième-onzième ex aequo du championnat deGéorgie.L’annéesuivante,ilfinitpremier-troisièmeàLéningradexaequo.En1946, il s’imposealorscommeuniquevainqueurduchampionnatjuniord’URSS.Lemonstresacrévientalorsdeserévéler.Lamêmeannée,ildéménageàErevanoùildevienten1948 formateur au club Spartak. Proche des jeunes, il leurtransmettraduranttoutesacarrièresonsavoirenlamatière.

En1952,Pétrossianserévèleà23ansleplusjeunegrand-maîtreinternational.Sonremarquablepalmarèslepropulse,dèsl’année suivante,parmi lesdixmeilleurs joueursdumonde155.N’ayant vécu pratiquement aucune défaite, il ne perdra auxOlympiadesd’échecsqu’unepartiesurlescentvingt-neufqu’ildisputera. Ayant fondé sa philosophie de jeu sur l’œuvre deNimzowitsch156 et sur l’Art du sacrifice aux échecs deSpielmann157, Tigran Pétrossian fondera une tactique de jeubasée sur la prudence et la prévention. « Je crois uniquementdans un jeu logique », se plaisait à répéter le neuvièmechampion du monde qui suivait également avec passion lesmatchs de football disputés par le Spartak deMoscou. Ayantravilapremièrefoisen1963cetitreàMikhaïlBotvinnik158,cejoueur qui dévoilait à ceux qui le fréquentaient son sens del’humour, conservera sa couronne de champion du monde en

pays. On dansait le kotchari, on trinquait au cognac et à lavodka,ondressaitdestablesauxmetsabondants…Malgrésoncalme habituel, Lévon Ter-Pétrossian semblait satisfait. Lechampagne arménien pétillait dans les flutes, tandis que deuxdéputésrusseslefélicitaientdéjà.

Le lendemain,dimancheaprès-midi, dansune salle combleoùsepressentjournalistes,observateursetdéputés,lesrésultatssontenfinproclamés.LepeupleavaitréponduOUIàplusde99% des voix à la question : « Êtes-vous d’accord pour que laRépublique d’Arménie devienne un État démocratiqueindépendant hors des structures de l’URSS ? » En se rendantmassivementauxurnes,avecuntauxdeparticipationde95,5%,lepeuplearménienavaitainsisurprislemondeentier.Aussitôt,un cri de joie explose :Hayastan166. Saisi par une profondeémotion,levisageduprésidentduParlement,PapkenArarktsianirradie de bonheur, tandis que des larmes coulent sur celui desonvoisin.

Le jour suivant, on se serre dans l’une des salles duParlement.Après lacourteallocutionduCatholicosVazkenIeret levotedesdeuxcent treizedéputés, lavoixdu représentantde Kirovakan167, Aram Manoukian, égraine solennellement letexte suivant : «LeParlementde laRépubliqued’Arménie ; -fidèleàladéclarationrelativeàl’indépendancedel’Arménie;-Se fondant sur les normes internationales qui régissent lesDroitsdel’hommeetlalibreautodéterminationdespeuples;-Se proposant de créer un régime communautaire démocratiquededroit;-Acceptantcommebaselesrésultatsduréférendumdu21septembre1991relatifà lasortiedesstructuresdel’URSS,proclame la République d’Arménie en tant qu’Étatindépendant. » Mû par un même ressort, tous les députés selèvent. La salve d’applaudissements n’en finit pas. Dans la

tribune, un orchestre entame l’hymne national,Mer Hayrenik(NotrePatrie).

Quelquessemainesplustard,le16octobre,lepeupleestdenouveauappeléauxurnes.Avec83%desvoixpourLevonTer-Pétrossianetuntauxdeparticipationde70,42%,cesélectionsprésidentielles au suffrage universel prennent un parfum deplébiscite.Appelé à s’exprimerdeux fois enmoinsd’unmois,lesélecteurscouronnentainsileparcoursd’unhommequiavaitforgésonsuccèsdès1988,auxcôtésdesfondateursduComitéKarabagh, transformé en Mouvement National Arménien enjuin1989.

Né le9 janvier1945enSyrie, àAlep, le tout jeuneLévonarrive en 1946 en Arménie avec sa famille. Diplômé del’Université d’Erevan, il devient, non seulement un hommepolitique,maisaussiunphilologuespécialiséenassyrologieetMaîtredeConférenceauMaténadaran,l’InstitutdesManuscritsanciensd’Erevan.En1987, ilseraélevéaurangdeDocteurèsSciences Philologiques. Membre du Comité Karabagh dèsfévrier 1988, il deviendra l’un de ses principaux leaders etorateurs. Emprisonné du 10 décembre 1988 au 31mai 1989 àErevan, puis àMoscou, enmême temps que ses camarades decombat,ilparticiperadèssalibérationauMouvementNationalArménien. Devenu député le 20 mai 1990 lors des premièresélections libres, il sera choisi par ses pairs, le 4 août 1990,comme président du Parlement d’Arménie et s’imposera, defacto,commeunvéritablechefd’État.

En août 1991, l’échec des putschistes àMoscou, précipitel’éclatement de l’empire soviétique et accélère le réveil desnationalités.Dans la foulée de ces élections présidentielles, laRépublique d’Arménie signe le 21 décembre à Alma-Ata168,avec la Russie, un accord de coopération et de sécurité en

participantégalementàlaconstitutiondelaCEI(Communautédes États indépendants). Quatre jours après, les États-Unisannoncent leur intention de créer des relations diplomatiquesavec Erevan. Le lendemain, ce sera au tour de la CEE(Communauté économique européenne) suivi le 26 par laFrance.Autotal,plusde40Étatsetinstitutionsinternationalesreconnaîtront l’Arménie aux premiers jours de sonindépendance. Même le Premier Ministre turc de l’époque,SuleïmanDemirel,enverraunenoteauprésidentTer-Pétrossiandans«l’espoirquelesrelationssedéveloppententrelaTurquieet l’Arménie sur labasedes critères internationaux.»Pendantcetemps,l’Azerbaïdjanprofiteradecetteparenthèsehistoriquepourreconstituersesforcesarmées.

Quant à l’adhésion de l’Arménie à la CEI, elle réduira defacto la question du Karabagh à une affaire intérieure del’Azerbaïdjan.Nepouvantserésoudreàabandonnercetteterre,le peuple arménien et la population de l’enclave devront doncbientôtaffronterleprochainconflitarméquis’annonceàgrandspas.

166.Arménie.167. Troisième grande ville, située au nord, elle s’appelle aujourd’huiVanadzor.Jusqu’en1935,celle-ciportaitlenomdeKarakilissa(églisenoireenturc),avantdedevenirKirovakan(dunomduleaderbolchéviqueSergueïKirov)pendantlapériodesoviétique.168.PrincipalevilleduKazakhstanetanciennecapitalede1929à1997,elleestsituéedanslesud-estdupays.

dans une population de plusieurs dizaines de millionsd’habitants, cette petite communauté possède actuellement desjournaux,desécoles,deséglises,desorphelinats,descimetièresau cœur de la ville, des institutions et deux hôpitaux, Sourp-HagopetSourp-Pergitch,considéréscommeparmilesmeilleursdu pays. Plutôt aisés, les Arméniens d’Istanbul possèdentessentiellement des commerces et détiennent, dans leurensemble,destitresdepropriétésimmobilières.C’estainsiquel’une des quatre principales îles au large de la ville, danslaquelle ils passent leurs beaux jours, Kenale Ada, leurappartientmêmepresqueexclusivement.

Présentssurlascèneculturelle,lesArméniensdeTurquielesontégalementlorsqu’ils’agitdecuisine.Eneffet,cesonteuxquiont introduit lacuisineoccidentaledans l’Empireottoman.C’estainsiquemaintenantsepressentnombredeclientsavertisà la tavernedeKörAgop196dans lequartierdeKumkapioùysiègeégalementlePatriarcatdesArméniensdeTurquie197.

Pendant des années, l’identité arménienne en Turquiesubissait parfois des pressions et même des violences. Lesancienssesouviennentencoredecesdeux journéesdes6et7septembre1955, au cours desquelles desmilliers demagasins,demaisonsetd’institutsserontpillésetdespersonnestuées198

ouviolées199.Cesexactions,dirigéesessentiellementcontrelesminoritésgrecques,arméniennesetjuives,qualifiéesaussitôtdepogroms,entraînerontledépartàl’étrangerdeplusieursmilliersdefamillesissuesdecestroiscommunautés.

Aujourd’hui,vivresonarménitéenTurquie,etenparticulieràIstanbul,estplusvisiblequ’autrefois.Bienquel’Étatnefasse,« aucun effort…seules, selonYetvartTomasyan, les portes del’église et de l’école restent ouvertes. » Être arménien enTurquie, ce serait donc en somme exister et se différencier de

sonvoisinautraversdesareligion200etdesalangue.Ceconstatdoitcependantêtrenuancécar,depuisl’affaireDink,etmalgréles nombreuses entraves à la liberté d’expression, la sociététurqueestenpleinemutation.

179.Cimetièrearméniensituésurlariveeuropéenned’Istanbul.180.Ilavaitégalementadoptéungarçon.181. Née Khatoun Sibildjian et adoptée en 1925 dans un orphelinat de larégiond’OurfaoudeBoursa,ellefut lapremièrefemme-pilotemilitairedupays et la première femme-pilotede chasse aumonde.Dansune interviewaccordéeaujournalTan,elleavaitrelatésaparticipationauxbombardementsdespopulationskurdesdeconfessionaléviequi s’étaient soulevéesdans leDersim (rebaptisée maintenant du nom turc de Tunceli). Ces événementsfirentdanscetteprovincequelques40000victimes.182. D’après les confidences d’une Arménienne originaire d’Aïntab,HripsiméGazalyan,quiaffirmeraêtresanièce.Elledéclareraégalementquesatante,SabihaGökçen,avaitétéabandonnéeen1915parsesparents,alorsqu’ilsfuyaientlesmassacres.183.VilledeTurquiesituéeauborddelamerNoire.184.«Viderunjourcesangturcempoisonnéetlerempliraveclesangneufde l’Arménie qui, après l’indépendance, paraît comme l’avenir desArméniensdumondeentier.»185. Laure Marchand et Guillaume Perrier, La Turquie et le fantômearménien,éditionSolin/ActesSud,2013,page185.186. Les dix-huit personnes qui étaient jugées le 17 janvier 2012 par laquatorzièmeCourd’assisesd’Istanbulontétéacquittées.187.Ceréseaucriminel,quipilotedesescadronsdelamort,estcomposédemilitantsd’extrême-droiteetdelagaucherépublicaine,d’officiersdel’arméeet de la gendarmerie, de magistrats, de mafieux, d’universitaires et dejournalistes.188. Laure Marchand et Guillaume Perrier, La Turquie et le fantômearménien,éditionSolin/ActesSud,2013,page185.189.Journaléditéenlangueturque,kurde,arménienneetanglaise.190.Éditionsdel’Aube,2006.

191.ÉditionsActesSud,2011.192. De religion musulmane, ils s’affranchissent des règles traditionnelles.modernistesetmystiques,ilsreprésententunquartdelapopulationturque.193. Laure Marchand et Guillaume Perrier, La Turquie et le fantômearménien,éditionSolin/ActesSud,2013.194.Nouvellesd’ArménieMagazinen°213,décembre2014.

195.NomdonnéauXIXesiècleàl’Empireottoman.196.AgopLeBorgne.197.Juridictionautonomedel’Égliseapostoliquearménienne.Depuis1998,ilestprésidéparMesrobIIMutafyan.198.Environquinzepersonnes.199.Approximativementquatrecents.200.Jusquedanslesannées1980,ilétaitécrit«arménien-grégorien»surlescartes d’identité. Depuis, cette mention a été remplacée par celle de«chrétien».

MortdeLénine.1925 : Mort d’Alexandre Miasnikov, premier chef de

gouvernementdel’Arméniesoviétique.Premier filmmuet arménien,Namous (L’Honneur), d’Amo

Bek-Nazarov.ArrivéedeMissakManouchianàMarseille.31 août 1927 : Mort du général Antranik à Fresno, en

Californie.1927:NaissanceduMouvementduKarabagh.1928:InhumationdugénéralAntranikaucimetièreparisien

duPère-Lachaise.Collectivisation forcée et révoltes paysannes dans le

ZanguezouretleDalaguiaz.1929 : Publication du livre enFrance deLaRetraite sans

chanterdeChahanChahnour.1932:Naissanced’AbelGuezovitchAganbéguianàTiflis.1935:Mortd’AgassiKhandjian.Premierlongmétragesonore,Pépo,d’AmoBek-Nazarov.22 octobre 1935 : Komitas s’éteint dans l’hôpital

psychiatriquePaulGuiraud,àVillejuif.20février1936:Mortd’AlexandreTamanian.1937 : Sarian obtient le Grand Prix à l’Exposition

universelle de Paris pour son panneau décoratif du pavillonsoviétique.

1936 à 1938 : Période des grandes purges staliniennes aucours de laquelle de nombreux intellectuels arméniens sontexterminésparlesbolcheviks.

4 août 1938 : Fermeture du Saint-Siège d’Etchmiadzineaprèsl’assassinatduCatholicosKhorenIer.

1939:DébutdelaSecondeGuerremondiale.300000Arméniens d’Arménie sont enrôlés dans les rangs

del’ArméeRouge.

6 septembre 1939 : Dikran Lorénian est enrôlé au 401eDCA.

3octobre1940:DikranLorénianestdémobilisé.22 juin 1941 : Opération Barbarossa. Les troupes

hitlériennesenvahissentl’URSS.18 septembre 1941 : Hovhannès Bagramian échappe avec

ses20000hommesàl’ennemi.30août1941:CréationduFrontnationalarménien.Janvier 1942 : Opération Barvenkovo-Lozovaïa mise en

placeparBagramian.1941à1945:ParticipationactivedesArméniensauseinde

l’ArméeRouge.1942 : Danse du Sabre d’Aram Khatchaturian tirée de

l’opéraGayané.17 mars 1942 : Attaque de Levallois-Perret par un

commandodugroupeManouchian.21 mars 1942 : Transfert des cendres de Talaat Pacha à

Berlin.Avril1943:MissakManouchianestnomméresponsablede

laPremièreSectiondel’Arméesecrètedelarégionparisienne.MaiàOctobre1943:Entre300à500soldatssoviétiques

d’origine arménienne, faits prisonniers de l’Armée allemande,désertentetgagnentlesmaquisfrançais.

19novembre1943:Bagramiancommandelepremierfrontbalte.

Novembre1943:ArrestationdeMissakManouchianetde22desescombattants.

21 février 1944 :MissakManouchian et ses compagnonssontfusillésauMont-Valérien.

29 juillet 1944 : Bagramian élevé au rang de Héros del’Unionsoviétique.

21août1944:MortdeSarkissBédoukianàMarseille.21au22août1944:Impressiondecentainesdetractsdans

l’imprimerieElékianappelant les jeunesArméniensàrejoindreleurscamaradesfrançaissurlesbarricadesparisiennes.

10mars1945:Mortd’AlexandreKhatissianàParis.24juin1945:BagramiandéfilesurlaPlaceRougedevant

lepremierfrontbalte.20mars1948:Mortd’AvétisAharonianàMarseille.1946à1949 :Retour de 100000Arméniens vers lamère

patrie.5mars1953:DécèsdeStaline.1954:BalletSpartacusd’AramKhatchaturian.11mars 1955 : Bagramian élevé au rang deMaréchal de

l’Unionsoviétique.1960 : Pétition de 2 500 Arméniens du Karabagh à

Khrouchtchev.27 mars 1960 : Concert d’Aram Khatchaturian à la salle

Pleyel.13 avril 1963 : Naissance de Garry Kasparov (Harry

Weinstein)àBakou.24 avril 1965 : Cinquantième anniversaire du génocide

arménien.5mai1972:MortdeMartirosSarianàErevan.27janvier1973:KourkenYanikianabatdeuxdiplomates

turcsdansunechambred’hôteldeSanta-Barbara(Californie).2juillet1973:KourkenYanikianestcondamnéàlaprison

àvie.1975 à 1984 : Nombreux attentats en diaspora sur les

représentantsdel’Etatturc.Janvier1984:LibérationsurparoledeKourkenYanikian

quidécèderalemoissuivant.1978:Mortd’AramKhatchaturianàMoscou.

l’arménie - exultet

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