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© S.A. IPM 2014. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. D’ALAIN WINANCE PEINTURE, ALAIN WINANCE / COURTESY GALERIE 2016 LES CIELS PP.4-5 Supplément à La Libre Belgique - N°240 - Semaine du 29 août au 4 septembre 2014

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Arts Libre du 29 août 2014

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© S.A. IPM 2014. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

D’ALAINWINANCEPEINTURE, ALAIN WINANCE / COURTESY GALERIE 2016

LESCIELS

PP.4-5

Supplément à La Libre Belgique - N°240 - Semaine du 29 août au 4 septembre 2014

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2 L'actu SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Expo en vue

Pariez : misez sur les bons chevaux !

h En invitant deux jeunes curateurs indépendants qui sélectionnent sept jeunespeintres belges, la galerie Bodson innove et se distingue.

BIEN QUE L’ART DIT ÉMERGENT soit quelque peu àl’ordre du jour dans le besoin constant d’amener duneuf dans les galeries, rares sont celles qui s’engagentdans cette voie car le risque est énorme et la rentabilitééconomique très incertaine. Ce type de prospection estplutôt l’apanage de lieux parallèles qui assurent unemise en public d’artistes peu connus sans que n’inter­vienne a priori la question du profit. On ne sera doncpas étonné de trouver à la base de cette exposition unanimateur d’un de ces espaces bruxellois qui font l’ac­tualité de la jeunesse artistique souvent de manièreéphémère. Sébastien Bonin, photographe plasticien, co­fondateur de Island (à Matonge) avec Brice Guilbert, estl’un des deux commissaires de cette expo. Son alter ego,au féminin, est Anne­Catherine Lacroix, connue dansun autre milieu. A deux, ils ont conçu une expo de jeu­nes artistes belges. Sept au total. Présentés dans la gale­rie Bodson qui ouvre ainsi son espace à des… peintres !

Bien qu’elle soit mieux considérée ces derniers temps,

la peinture n’a encore que trop rarement la côte auprèsdes têtes acheteuses branchées de l’art actuel. Le pari del’expo est donc audacieux. Tant mieux, c’est alors que leregard se décille. Et les commissaires resserrent encorele propos en évitant l’attirance chromatique puisque àquelques minimes écarts près, les œuvres ont été con­çues dans les nuances et luminosités du noir et blanc.Dans ce cas pas de séduction d’emblée, au contrairel’exigence d’une approche patiente d’autant plus queles formats ne jouent pas d’une autorité imposante.

Autre constat d’ensemble, l’abstraction domine alorsqu’elle est généralement évincée face à la déferlanteimagière actuelle. On pourrait y lire un besoin de se re­plonger au cœur même de la peinture, sans narration,sans illustration, sans autre justification que la peintureelle­même. Non pas dans la performance mais dansl’accomplissement d’un projet pictural. Des approchesde réalités picturales. Et chaque tableau, abstrait ou fi­guratif est aussi une image.

Commentaire

Avantla reprise

Par Claude Lorent

La nouvelle saison de l’art contempo­rain s’annonce à Bruxelles à travers lesBAD, lisez Brussels Art Days et non Bad(!), les 13 et 14 septembre. Nous yreviendrons plus largement la veille del’événement en ciblant quelques nou­veautés en galeries. La plupart desgaleries anversoises anticipent enouvrant leurs portes dès le 3 septem­bre. Et Knokke fera demême avec unesérie de nouvelles expos tandis qued’autres assurent un prolongementbienvenu. Hors de ces foyers de con­centration, on notera l’expo de cinqpeintres qui s’est ouverte en août auTriangle bleu à Stavelot et que nouscommenterons prochainement puis­qu’elle est ouverte jusqu’en octobre.Nul doute que tout cela nous amèneraun lot de bonnes expositions, de dé­couvertes, de nouveautés. Les agendasse remplissent !On peut aussi prédire sans grand ris­que que du côté des ventes publiques,quelques records vont encore faire leschoux gras des commentateurs et quela bulle de l’art contemporain va en­core enfler comme la grenouille. Tousles indices et résultats indiquent que lemarché de valeurs internationales seporte aumieux et va croissant. Pas defumée noire à l’horizon et l’ouverturede la Fondation Louis Vuitton (BernardArnaud) à Paris cet automne donneraun nouveau coup pouce si besoin enétait. Engouement garanti. Pas de soucià se faire de ce côté, l’édifice spéculatifn’a pas besoin de nous pour semainte­nir au top et probablement progresser.Sans bouder les bonnes expositions desartistes qui surfent au sommet de lavague, notre préoccupation à ArtsLibre semaintiendra dans la lignetracée. Celle de l’information analyti­que sur l’actualité dumarché et cellede l’attention portée aux artistes quine font pas nécessairement la une desrevues spécialiséesmais dont le travailse distingue par les qualités du traite­ment, de l’esthétique, de l’originalitévoire de la nouveauté, de la persistanced’une démarche, le tout loin des ukasesde lamode. Et de rappeler que, horsdes quelques vedettes, nous regorgeonsd’excellents artistes en Belgique, qu’ilconvient de les soutenir si on les ap­précie et qu’ils sont généralementaccessibles financièrement. Ce qui estune vraie valeur ajoutée. Pensez­y !

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3L'actuSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Expo en vue

Pariez : misez sur les bons chevaux !

La souplesse matissienne du dessin, la clarté, la spatia­lité libre et l’évocation, sont les apanages de JulienMeert à travers un grand fusain, enlevé mais dans lamaîtrise du geste. La gestuelle est aussi pleinement enaction dans la série de Tim Onderbeke qui construit sescompositions dans l’élan dynamique, dans un certainlyrisme contenu et structuré et en faisant intervenir ha­bilement des variations d’intensités chromatiques. Avecles techniques mixtes à la fois ardentes, un peubrouillonnes mais affirmées de Laurent Veldekens onentre dans un univers esthétique plus brut, sans fiori­ture, où l’audace trouve sa stabilité.

On passe dans un tout autre registre en compagnie deFrédéric Dumoulin qui, tout en douceur et en finesnuances chromatiques aborde le monde végétal, voirele paysage, comme passé au filtre d’une vision hors dutemps réel. En compagnie des œuvres de Pierre Konder,on fera l’expérience de la distance du regard : de près oude loin les modifications sont surprenantes et d’unegrande subtilité.

Des formes de camouflage caractérisent le travail deDieter Durinck qui, passant de la couleur au noir etblanc, réinterprète ses peintures en sérigraphies. Il ap­porte ainsi des variations et brouille les pistes d’un ori­ginal qui nous est inconnu. Pratique apparentée chezDimitri Carez qui blanchit un immense puzzle dont nepercent que quelques accents nuagistes colorés.L’énigme du sujet est totale.Claude LorentU“Des Chevals”. 7 peintres actuels. Bodson Gallery, 21 rueduMail, 1050 Bruxelles. Jusqu’au 13 septembre. Dumercredi au samedi de 14h à 19h.

Le titre

Énigmatique par son orthographe fautive, le titre del’expo “Des Chevals” évoque une volonté de se déca-ler, de ne pas entrer dans les normes en vigueur,d’oser faire un pas de côté, voire dans la marge. Lesartistes rassemblés ne travaillent pas dans l’air dutemps, ils affirment leur personnalité, leur individua-lité à l’écart des modes et des pratiques attendues.Est-ce une faute ? Une faute de goût ? Une faute destratégie ? Pas du tout, le simple fait d’assumer seschoix et de se dégager des stratégies !

Les participants

Dimitri Carez. Né en 1977, il vit et travaille à Bruxel-les. Expose en BelgiqueFrédéric Dumoulin. Formé à La Cambre. PriméRouge-Cloître et Louise Delhem. Expose en Belgique.Dieter Durinck. Né en 1983 à Gand où il vit et tra-vaille. Expose régulièrement en Belgique.Pierre Konder. Né en 1977 (Uccle), Formé à LaCambre, il vit à Bruxelles. A vécu et voyagé en Algé-rie, au Mexique et en Toscane. Expose en Belgique.Julien Meert. Né en 1983, formé à La Cambre, vit ettravaille à Bruxelles. Expose en Belgique depuis2007.Tim Onderkeke. Né en 1983, vit et travaille à Gand.A vécu à Saõ Paulo et Paris. A exposé en Belgique,France, Suisse et à NY.Laurent Veldekons. Né en 1983 à Bruxelles où il vitet travaille. Depuis 2004 a exposé en Belgique et enFrance.

A gauche, Julien Meert, grand fusain aux allures matissiennes, un graphisme enlevéet maîtrisé. A droite, de haut en bas, l’abstraction lyrique et nuancée de Tim Onder-beke. Une approche paysagiste fine et délicate par Frédéric Dumoulin et une mixitéà l’aspect brut signée Laurent Veldekens.

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“L’exposition faitallusion à d’autrespeintres de l’histoirebelge, aux pratiquessingulièresindomptables, pourqui territoire bâtardéquivaut àexpérimenter uneliberté sansbavardage.”Céline Gillain

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4 L'actu SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Expo en vue

Winance entre ciel et terre

LE PEINTRE TOURNAISIEN NOUS Y A HABITUÉS :chacune de ses expositions est une belle occasion pourlui de renouveler une palette qu’il aime voir corres­pondre à ses humeurs les plus actuelles. Tout bénéficepour l’amateur d’inédit et, plus globalement, pour leparcours d’un homme qui s’astreint aux remises en

question et a en horreur stagnations, redites, répéti­tions sur un même thème, voire resucées in fine bienstériles.

Longtemps reconnu pour ses qualités de graveur,Alain Winance s’est plus tardivement mis à la peinture.Homme sincère en toutes ses actions, il n’a, là commeailleurs, jamais dérogé à ce que sa conscience lui inti­mait. D’où l’honnêteté d’une œuvre qui, avec ses dé­fauts, déploie une authenticité qui est en soi un fa­meux trésor.

Après avoir souscrit un moment à des espèces de na­tures mortes qui étaient, en fait, des mises à plat d’ob­jets catalyseurs de formes et, parfois, de couleurs, Wi­nance s’était, plus récemment, consacré à des séries depaysages marins tout imprégnés des fameux bouchotsqui, sur la Côte d’Opale, rythment la scansion des flotset des marées.

Pour cette nouvelle série, la cinquième depuis 2000en la Galerie 2016 (il avait précédemment exposé àBruxelles chez Vokaer et à la Galerie ABC), Alain Wi­nance nous donne à voir des toiles comme des éten­dues infinies d’espaces.

D’aucuns y verraient volontiers, et abusivement, despaysages. Ce que réfute un artiste bien plus engagédans le quant à soi que dans l’image trop formaliste.Les nouvelles toiles de Winance s’apparentent bienplus à des intériorités. Des visions panoramiques atta­chées à l’au­delà des réalités. A l’aura que dégage unsite dans le subconscient du peintre. Dans ses étatsd’âme. C’est si vrai qu’à peine profilés, ses points devue plastiques déclenchent en vous des arrêts sur dessites que vous croyez reconnaître et qui, à l’autopsie,s’avèrent erronés.

h Nouvelle série de peintures et dessinsd’Alain Winance. Et cinquièmeexposition à la Galerie 2016, à Bruxelles.

“Ce qui empêche d’aller àl’essentiel est à éliminer.”“La peinture n’est pas unconstat des lieux; elle doitnaître d’un état d’esprit etle faire naître chez celuiqui la contemple.”Alain Winance

Infos pratiques

Galerie 2016, rue des Pierres, 16, 1000Bruxelles. Du 31 août au 19 octobre, dujeudi au dimanche, de 14 à 18h30. Infos :02.502.81.16 et www.galerie2016-mira.be

Bio express

Né en 1946 à Tournai, où il vit. Aenseigné la gravure à l’Académie desBeaux-Arts de Tournai et dirigé, avec safemme Pascale, la Galerie Winance-Sabbe, à Tournai. A récemment exposéà La Galerie 2016, à Hauterive, enSuisse.

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Sm’ArtValie Export en projectionArtiste conceptuelle, auteure de per­formances et de vidéos, féministe depremière ligne, Valie Export (Autri­che, 1940) s’est fait connaître au mi­lieu des années soixante à travers desactions dans lesquelles elle exhibeson propre corps, y compris son sexe,telle une guerrière déterminée à re­vendiquer ses droits de femme face àune société jugée discriminatrice ettimorée. Une séance exceptionnellede projections des films et vidéos deses performances est programméepour la rentrée de JAP et de Bozar Ci­néma. Des œuvres d’anthologie dontl’aspect provocateur n’a rien perdude sa force de frappe. (C.L.)UValie Export. Projection/rencontre (enanglais). Palais des Beaux­Arts, 23 rueRavenstein, 1000 Bruxelles. Le jeudi4 septembre à 20h.

Mouvements de galeriesCôté galeries, la rentrée réserve quel­ques nouveautés, notamment fran­çaises qui viendront à leur heure.Pour le moment, notons que la gale­rie Antonio Nardone s’installe dès le4 septembre au 27­29 de la rue St­Georges à Ixelles (expo photo de Pa­trick Van Roy); que Elaine Levy Pro­ject devient Levy Delval sans changerd’adresse (rue Fourmois, 9 à 1050Ixelles), et qu’elle ouvre un espacetemporaire le 27 septembre à Los An­geles. Enfin, La Hopstreet Galleryquitte le bas de la ville pour s’installerdans la rue ixelloise très fréquentéepuisqu’elle s’implante au 109 de larue St­Georges ! (C.L.)

Déstockage chez BastienTriste surprise avec l’annonce le5 août du décès bien prématuré,après une longue maladie, de la gale­riste Jane Bastien. Que va devenir lagalerie qu’elle menait d’une main as­surée depuis 1988 ? Il est trop tôtpour le savoir. Toujours est­il que samémoire veille sur une expo de “Dés­tockage”, qu’elle avait encore prévue.Elle est à visiter jusqu’au 6 septem­bre, du mercredi au samedi, de 11 à18h. De bonnes œuvres – lithos dePoliakoff ou Lindner; sur papier deDerain, Rassenfosse, Bertrand,Plompteux, Grosemans, Van Ander­lecht; huiles de Richard Texier, CostaLefkochir ou Fournal, etc. – sont à sai­sir. Fin septembre, une expo­hom­mage proposera une œuvre récentede la plupart des artistes invités parJane Bastin durant ses 25 ans d’acti­vité. L’adresse : 61, rue de la Made­leine, 1000 Bruxelles. (R.P.T.)

Pierre Soulages triomphe !Dans L’Expansion, magazine écono­mique français, “Le business de l’art”est passé au peigne fin. On y apprendnotamment que Pierre Soulages, 14e

artiste le plus vendu sur la scène in­ternationale pour l’ensemble desquatre dernières années, y est aussi lepremier des Français. Un plébisciteconfirmé par le succès du Musée Sou­lages de Rodez qui vient d’enregistrerson 100 000ème visiteur deux mois etdemi après son inauguration.

(R.P.T.)

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5L'actuSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Expo en vue

Winance entre ciel et terre

Winance ne cache pas qu’un séjour vénitien lui alaissé en tête des images que répercutent incidemmentses toiles. Mais l’essentiel n’est absolument pas là. Il estdans les tréfonds d’une âme qui, touchée au cœur, semobilise pour des jeux plastiques.

Une majorité des toiles récentes inscrit l’horizondans la verticalité. Ce n’est pas là un parti­pris, maisune façon comme une autre d’appréhender le doubleespace extérieur et intérieur. Bleus et gris clairs, vertsfoncés, noirs et blancs, une traînée de rouge parfois… Leciel et la terre ou le ciel et la mer et, présence insolite,des ciels souvent plus envahissants que dans la réalité…Le peintre s’inscrit, à couvert, dans sa toile.

Visions diurnes et, plus souvent, nocturnes. Le va etvient des cycles du jour, comme de la vie. Les tableauxpourraient se passer de titres et l’artiste en convient. Ily en a cependant, pour la facilité du visiteur et du sou­venir : “Laguna”, “La porte de la mer”, “Crépuscule”,“Reflets d’argent”, “La petite maison”, “Le bruit du si­lence”… Les flux et reflux d’une âme qui cerne le temps,les saisons, les orages, les défis, les bonheurs… de la vie.

Des toiles en noir et blanc, très vivantes, organiques,violentes, se détachent, agitent des profondeurs, con­fient corps et âme à un ensemble qui, à leur suite, en­trent en nous avec la nécessité du regard au­delà.

Sept petites aquarelles “sur le motif”, vite emballées,“entre deux pêches”, comme le souligne un artiste quise meut volontiers en pêcheur, composent une noteplus légère. Et aux “Eblouissements” répondentailleurs, à l’étage, des œuvres sur papier et sur toile, mi­ses à plat de l’atelier d’un homme qui s’épanche sansen rajouter.Roger Pierre Turine

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Alain Winance, huile sur toile, 100 x 130 cm. En bas, Atelier,encre sur papier 56 x 68 cm.

l Portrait

Un peintre intègre

ALAIN WINANCE, dont nousvous parlons par ailleurs, est ungraveur, un dessinateur et unpeintre qui a toujours mis unpoint d’honneur à œuvrer selonson cœur. Point de faux fuyants,pas d’atomes avec modes et cou­rants, mais un souci de dire cequ’il est et ressent, ses découver­tes, ses passions.

Autre priorité : une quête plas­tique en harmonie avec l’exis­tence qu’il mène et soumet àl’expression. “Je prends le plus deplaisir – dit­il – quand je réalise desdessins ou des aquarelles sans meposer de questions. J’aimerais pou­voir peindre aussi vite et sereine­ment.”

Chez lui, les sujets sont essen­tiellement des prétextes à pein­dre. Et, cette fois, quelques gran­des toiles en noir et blanc, desnoirs et des blancs très contras­tés, viennent troubler la donne.Confient une nouvelle dimen­sion à son travail. “L’envie m’estvenue de peindre en noir et blanccomme je le faisais en gravure dansle temps. Après, je me suis aussi as­treint à des abstractions mais,quand j’ai vu que je faisais quelquechose comme du Rothko, j’ai aussi­tôt abandonné.”

Winance dit haut et fort qu’ilne peint pas des paysages. Cen’est pas son but. Il cherche l’in­tériorité enclose en ces lignesd’horizon qu’il a retenues de sesvoyages. Une toile pourtant, inti­tulée “La petite maison”, nousmontre une petite maison àpeine tracée au milieu d’un halode tons beiges et gris avec, inat­tendues, tout au fond, des vibra­tions très jaunes… “Cela, je ne l’in­vente pas. J’ai cette vision en per­manence devant moi quand je suisdans ma petite masure du CapGris­Nez !”

Lignes, rythmes, paix durable :Winance peint ce qu’il voit en luibien plus que devant lui. “Le côtébeau d’une peinture, je m’en fous ! Ilfaut que ce que je peins soit vrai parrapport à mes émotions.” “Etj’aime bien, dans une peinture,qu’il y ait de l’ombre et de la lu­mière. La petite maison dont nousparlions, sort de l’ombre.”

Cette fois, Winance a peint plusd’un ciel lourd, celui de la terre

des Flandres. “Cela m’est venu enallant au Musée de la Photo deCharleroi. J’y ai vu des photos pic­torialistes du XIXe siècle avec de cesciels que, sauf exceptions, on trouverarement chez les peintres…” Bienévidemment, Winance avoue unfaible pour Friedrich et, s’il peinten musique, il reconnaît que Do­nizetti l’accompagne tout letemps.

Cieux lourds, bitumeux, ryth­mes terrestres, lignes d’horizon,ambiances, flous… Winance peintle bruit du silence. Des variationssur un même thème, celui de sesressentis. Ses éblouissements. “Jeme sens à un moment charnière dema vie et je me pose les sempiter­nelles questions : pourquoipeint­on ? Pourquoi exposer ? Jen’ai plus d’ego à ce sujet et vendrem’importe peu. L’art, pour moi,n’est pas une histoire d’argent.C’est une question existentielle.Tous mes efforts picturaux se fon­dent sur le sens que je donne à mavie. Qui suis­je ? Mes tableaux sontun miroir.”

“Je pourrais aller aider les mal­heureux en Palestine et qu’est­ce

que je fais ? Je peins ! C’est tout celaque je questionne avec mes ta­bleaux sur l’atelier… C’est par rap­port à la vie. Par rapport à la mou­vance artistique qui nous entour”.

“A la fin d’une après­midi sur lafalaise, j’étais ébloui. D’où mes“Eblouissements”, cette finitude dela lumière… Comme la mort.”

Winance parle, on l’écoute…“Ma peinture aurait un sens si ellequestionnait les gens. Nous devonsêtre des passeurs.”

Depuis peu Winance s’adonneà la pêche et il aime ça : “Je suisalors tout seul sur mon rocher. Et tues là attentif, en communion avecl’immensité. Tu regardes à perte devue, un banc de poissons qui passe,des mouettes qui guettent leurproie. Et tu pêches avec une éton­nante concentration d’énergie. Etces poissons que j’attrape, je les re­mets la plupart du temps à l’eau…Et ils se retournent soudain, sem­blent alors me dire merci... ”

Sincère, vrai, angoissé, sereinaussi : Winance… “Dans le temps,je regardais les cailloux, mainte­nant je regarde le ciel !”Roger Pierre Turine

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h Portrait d’AlainWinance, dessinateur,peintre et graveur.

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6 Les galeries SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

Lignes et feuilles

Deux artistes aux cimaises pour la rentrée chezQuadri, alias Ben Durant. Deux univers trèscontrastés qui se complètent harmonieusement.Le premier, Thierry Aughuet Hal, 1948), est unedécouverte et ses petits paysages, vus de samaison du Piémont, sont si délicats et fragilesqu’ils éveillent en vous des soleils inattendus.Ancien décorateur d’intérieur dans l’atelier deChristophe Gevers, à la Cambre, Aughuet nousdévoile enfin, car il est modeste, une autre corde àson arc et il fait bien !Le second exposant est français : FrédéricDambreville (1953) nous avait heureusement

surpris à l’occasion d’un jury dans l’atelier degravure de Kikie Crèvecoeur, à Boitsfort. Nousl’avons depuis revu à la Librairie Quartiers Latinset en son atelier… Superbe travail que le sien. Suitede feuillages à la pointe sèche comme autant dedéclinaisons d’une réalité naturelle sublimée parle foisonnement, les entrelacs, les vibrations(illu.). Dambreville semble avoir retenu la leçonde Matisse sans avoir pour autant perdu son âme.Et quand, au pastel, il joue avec les pleins et lescreux de fruits plus en lévitation qu’ensuspension, il nous convainc doublement de sontrès, très, beau talent. Verlaine avait raison : fleurs,

fruits et branches sont l’expression d’une âme quisourit et l’exprime. Avec ses ronces et sesabstractions fruitières, Dambreville confie à sonart de belles lettres de noblesse : des éclats de vie.Il sait aussi en parler : “J’aime la courbe des ronces,leur élan vers la lumière que l’âge pique en arceauvers le sol.” Il faut écouter sa chanson, pénétrerson domaine floral, s’enchanter de ses lignes,formes et volumes ! (R.P.T.)

UGalerie Quadri, 105, avenue Reine Marie Henriette,1190 Bruxelles. Jusqu’au 13 septembre, les vendrediset samedis, de 14 à 18h. Infos : 02.640.95.63

Duo d’artistes

FRÉD

ÉRIC

DAMBR

EVILLE,2013/C

OURT

ESYGA

LERIEQU

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7Les galeriesSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

Muller Van Severen. Oeuvres récentes.‣ Du04·09 au 25·10. Du J. au S. de 14à 19h ou sur rdv.UReyndersstraat 12 - 2000 Anvers -0475 75 94 59 - www.valerietraan.be

BORGERHOUTZeno X Gallery3 Carrels (Degenerate Customized So-lutions). Oeuvres d’Anne-Mie Van Kerc-khoven. ‣ Du 03·09 au 18·10. Du Me.au S. de 13 à 17h.Collected Details. Oeuvres de KeesGoudzwaard. ‣ Du 03·09 au 18·10.Du Me. au S. de 13 à 17h.UGodtsstraat 15 - 2140 Borgerhout -03 216 16 26 - www.zeno-x.com

FLANDRE OCCIDENTALE

KNOKKEAbsolute Art GalleryUnseen McQueen. L’expo présente desphotos rares de Steve McQueen prisespar son ami Barry Feinstein. ‣ Jus-qu’au 07·09.UZeedijk Het Zoute 806 - 8300 Knokke -02 374 07 04 - www.younggalleryphoto.com

KNOKKE-HEISTMaruani & Mercier GalleryBlack, Bird, Brain. Oeuvres de l’artisteaméricain Ross Bleckner. ‣ Jusqu’au31·08. Les S. et D. de 11 à 18h30.Black, Bird, Brain. Peintures de l’ar-tiste émaricain Ross Bleckner. ‣ Jus-qu’au 31·08.UKustlaan 90 - 8300 Knokke-Heist -0475 31 97 49 - www.maruani-mercier.com

Maruani & Mercier GalleryDetroit. Photos de McDermott &McGough. ‣ Jusqu’au 31·08. Les V. etS. de 11 à 18h30.UKustlaan 124-126 - 8300 Knokke-Heist -0475 31 97 49 - www.maruani-mercier.com

UHofstraat 2 - 2000 Anvers - 03 233 88 14www.gallery51.com

NK GalleryCovered. Exposition collective. ‣ Du05·09 au 11·10. Du J. au S. de 12 à 18h.UMuseumstraat 35 - 2000 Anvers -03 237 98 22 - www.nkgallery.be

Tim Van Laere GalleryKati Heck. ‣ Du 04·09 au 11·10. DuMa. au S. de 13 à 18h.UVerlatstraat 23-25 - 2000 Anvers -03 257 14 17 - www.timvanlaeregallery.com

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ANVERS

ANVERSFifty One Fine Art PhotographyPar les bretelles. Oeuvres d’ARPAÏS dubois. ‣ Du 05·09 au 08·11. Du Ma. auS. de 13 à 18h.UZirkstraat 20 - 2000 Anvers -03 289 84 58 - www.gallery51.com

Fifty One TooOne Hundred Misfits. Oeuvres de TomButler. ‣ Du 05·09 au 08·11. Du J. auS. de 14 à 18h.

beke et Laurent Veldekens. ‣ Jusqu’au13·09. Du Me. au S. de 14 à 19h.URue de Hennin 70 - 1050 Bruxelles -02 648 40 06 - www.bodsongallery.com

Le Salon d’ArtEntre chien et loup. Photographies deBeata Szparagowska. ‣ Jusqu’au18·10. Du Ma. au V. de 14 à 18h30, leS. de 9h30 à 12h et de 14 à 18h.URue de l’Hôtel des Monnaies 81 -1060 Bruxelles - 02 537 66 40www.lesalondart.be

Libre ChoixLa Femme. Dessins de Marcel-LouisBaugniet. ‣ Jusqu’au 14·09. Du V. auD. de 14 à 19h.URue Defacqz 152 - 1060 Bruxelles -0476 77 53 60 - www.librechoix.be

RossicontemporaryCredi Poetic. Encres sur papier d’Em-manuel Tête. ‣ Jusqu’au 30·08. Les J.et V. de 13 à 17h, le S. de 14 à 18h ousur rdv.Photo de Groupe. Oeuvres de RomainCadilhon, Eric Croes, Thomas Mazza-rella, Jonathan Rosic, Eleonore Gaillet,Chisato Ishiyama, Marie Rosen...‣ Jusqu’au 30·08.Vertueux dans la colère. Oeuvres deJean-Marc De Pelsemaeker. ‣ Jusqu’au30·08.URivoli Building - Chaussée de Waterloo690 - 1180 Bruxelles - 0486 31 00 92www.rossicontemporary.be

LIÈGE

SPAGalerie AzurPatrick Menu. Peintures. ‣ Jusqu’au21·09. Du J. au S. de 11 à 18h, le D. de11 à 13h et de 15 à 18h.Umberto Segati. ‣ Jusqu’au 21·09.UAvenue Reine Astrid 48 - 4900 Spa -087 77 11 88 - www.galerieazur.be

NAMUR

GRAND-LEEZExit11 Contemporary ArtLive. Oeuvres d’Alain Bornain. ‣ Jus-qu’au 31·08. Les S. et D. de 10 à 18hou sur rdv.UChâteau de Petit-Leez - Rue de Petit-Leez129 - 5031 Grand-Leez - 081 64 08 66www.exit11.be

GaleriesBRUXELLES

J. Bastien-ArtDestockage. Oeuvres de Gaston Ber-trand, Bram Bogart, Richard Lindner,Marc Mendelson, Léopold Plomteux, Ar-mand Rassenfosse... ‣ Jusqu’au06·09. Du Me. au S. de 11 à 18h30.URue de la Madeleine 61 - 1000 Bruxelles -02 513 25 63 - www.jbastien-art.be

Pierre HalletSummer Time # 3. Oeuvres de MauriceWyckaert, Bernard Gaube, Stephan La-planche, Regina Gimenez, GeorgesMeurant, Marc Mendelson, Willy An-thoons... ‣ Jusqu’au 07·09. Le S. de 11à 18h30, le D. de 11h30 à 13h30 ou surrdv.URue E. Allard 33 - 1000 Bruxelles -02 512 25 23 - www.galeriepierrehallet.com

Roberto Polo GalleryOneiric Landscapes. Peintures de Mi-chaël de Kok. ‣ Jusqu’au 07·09. DuMa. au V. de 14 à 18h, les S. et D. de 11à 18h ou sur rdv.URue Lebeau 8-10 - 1000 Bruxelles -02 502 56 50 - www.robertopologallery.com

Sorry We’re ClosedLisa. Oeuvres de John De Andrea. ‣ Jus-qu’au 31·08.URue de la Régence 65 - 1000 Bruxelles -0478 35 42 13 - www.sorrywereclosed.com

QuadriD’un trait à l’autre. Oeuvres de FrédéricDambreville. ‣ Jusqu’au 13·09. Les V.et S. de 14 à 18h ou sur rdv.Sopra Roccaverano. Oeuvres de ThierryAughuet. ‣ Jusqu’au 13·09.UAvenue Reine Marie-Henriette 105 -1190 Bruxelles - 02 640 95 63www.galeriequadri.be

Albert BaronianImpudique. Oeuvres de Lionel Estève.‣ Jusqu’au 30·08. Du Ma. au S. de 12 à18h.URue Isidore Verheyden 2 - 1050 Bruxelles -02 512 92 95 - www.albertbaronian.com

BodsonDes Chevals. Peintures de Dimitri Ca-rez, Frédéric Dumoulin, Dieter Durinck,Pierre Konder, Julien Meert, Tim Onder-

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8 Les galeries SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

Ensemble d’art conceptuelAujourd’hui, le terme d’art conceptuel est l’un des plus répanduspour définir une bonne part de la production. Et les confusions nemanquent pas car cette appellation historique a subi les extensionsles plus variées et les plus simplistes qui soient. Sans négliger unesprit d’ouverture et d’interprétation inévitable avec le temps,l’exposition recadre le tout dans un contexte historique à l’aided’œuvres principalement des années septante, voire antérieures.Comme le rappelle Jan Ceuleers dans le catalogue, l’art conceptueldonne la prépondérance à l’idée et tous les moyens sont bons pourpasser à la réalisation. Les références vont inévitablement versMarcel Duchamp, ses ready­mades, également vers Yves Klein,Andy Warhol. Il ne faut néanmoins pas oublier l’interventioncapitale d’un Sol LeWitt, en 1967, qui affirme de son côté que “laréalisation n’est qu’une formalité” et qu’elle n’est d’ailleurs pasobligatoire. La formulation peut suffire. En s’appuyant surl’expérience d’Anny De Decker (et de Bernd Lohaus), une autreréférence est faite à Beuys dont on se souviendra qu’il fut appelé lechaman et donna dès lors une dimension personnelle aux pratiquesconceptuelles, tout comme un Bernar Venet avec les peinturesmonosémiques ou Art&Language avec les appropriations. On leconstate, et ce ne sont que quelques exemples, l’éventail est large,ouvert, riche, et très exigeant intellectuellement.Les expositions de Knokke, d’Ostende et le catalogue permettentjustement de recentrer la notion sur l’essentiel à travers des œuvresde Duchamp, Broodthaers, Darboven, Buren, Bochner, Nauman…mais aussi de Guy Mees, A.V. Janssens, F. Francis…, Schwind ou Desauter, à redécouvrir. (C.L.)

UArt conceptual art. Galerie Ronny Van De Velde, Zeedijk 759, 8300Knokke. Jusqu’au 14 septembre. Samedi et dimanche de 11h à 18h.Artfactor, Romestraat 6, 8400 Ostende. Jusqu’au 19 octobre. Samedi etdimanche de 11h à 18h.

UPublication. “Conceptual art”, 142 p., texte (angl., nl) de Jan Ceuleers,œuvres des artistes exposés. Éd. Galerie Ronny Van De Velde.

Historique

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Le BlackMountainCollegeAlan Speller aurait pu sesatisfaire d’une vied’affaires garantie surmesure. Mais ce n’estpoint le genre de lamaison et, laquarantaine assumée, ila remis sur le métier enopérant un virage à 360degrés. L’histoire de l’artl’a soudain turlupiné etadieu vie cousue de filblanc ! Suivre des coursdans un auditoire avec

des plus jeunes, songer à une thèse pour aller au bout de sonidéal, Speller a mis les bouchées doubles. Bien vu ! Sondiplôme en poche, un premier mémoire est publié, qui se litd’une traite, tant il est animé. Speller a l’art de raconter unartiste, un mouvement, une aventure. Nous l’avions entendusur John Cage à l’Iselp : passionnant ! Nous venons de le liresur l’histoire d’une aventure sans vrai lendemain, celle duMountain College, fondé en 1933 par John Andrew Ricedans les montagnes de la Caroline du Nord : passionnantencore ! Tout simple et juste. Sans fioritures, mais vivant.Avec, au passage, la rencontre d’êtres d’exception venus aucollège y enseigner ou y apprendre. De Josef Albers, qui ledirigea, à Cage, Cunningham, Gropius, de Kooning ou Kline,qui y enseignèrent, à Twombly, Noland, Rauschenberg, qui ysignèrent leurs premiers engagements artistiques dd’étudiants. Le Mountain College eut la vie courte, vingt­quatre ans. Il fut surtout un espoir, une réalité, un esprit. Dujamais vu auparavant. (R.P.T.)

U“Le Black Mountain College – Enseignement artistique etavant­garde”, par Alan Speller, Editions La lettre Volée, collectionPalimpsestes, 182 pages, 21 euros.

Le livre de la semaine

DR

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9Les galeriesSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

A l’étranger

WHITE

CUBE

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ARTS

THEPH

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GALERIEPA

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IÈRE

AngleterreCandida Höfer – Photographie

Londres – Ben Brown Fine ArtsL’artiste allemande (1944, vit à Cologne) a réalisé une nou­velle série de photos de l’intérieur de la Villa Borghèse àRome, captant la splendeur et l’histoire architecturale del’établissement. Elle a replacé dans leur contexte originel laplupart des statues, aujourd’hui prêtées par le musée duLouvre.U Jusqu’au 19 septembre. Ben Brown Fine Arts, 12 Brook’sMews, W1K 4DG Londres. www.benbrownfinearts.com

Gilbert&George – PhotographieLondres – White Cube

La série de photos, intitulée les “Boucs émissaires photos”,entend “consolider et faire progresser leur art comme une vi­sion de l’humanité moderne qui est à la fois libertaire et baséesur la libre­pensée, par opposition à l’intolérance sous toutesses formes”. Elle est ainsi dédiée au réalisme laïc.U Jusqu’au 28 septembre. White Cube, Bermondsey, 144 –152 Bermondsey Street, Londres. www.whitecube.com

Thématique – PhotographieLondres – The Photographers’ Gallery

Avec 140 œuvres de Dmitri Baltermants (illu, 1960), SergeiMikhailovich, Prokudin­Gorsky, Alexander Rodchenko,Ivan Shagin, Boris Mikhailov et de nombreux autres, l’ex­position montre l’évolution de la photographie en couleuren Russie de 1860 (coloriage des clichés à l’aquarelle) jus­qu’en 1980.U Jusqu’au 19 octobre. The Photographers’Gallery, 16­18Ramillies Street, W1F 7LW Londres.www.thephotograpersgallery.org.uk

FranceJennie Jieun Lee – Sculpture

Paris – Galerie Lefebvre & FilsSpécialisée en céramique ancienne et contemporaine, lagalerie présente la première exposition en France de l’ar­tiste coréenne (vit à New York) qui applique les méthodesde la peinture abstraite pour traduire, dans une explosionde couleurs et de formes, les traumatismes et bonheurs deson enfance.U Jusqu’au 11 octobre. Galerie Lefebvre&Fils, 24, rue du Bac,75007 Paris. www.lefebvreetfils.com

Sylvain Couzinet-Jacques – PhotographieParis – La Galerie Particulière

Les photos du Français (1983, vit à Paris) jouent avec lesseuils de visibilité, voilées par des verres teintés qui rappel­lent les lunettes de soleil, surexposées ou sous­exposéesjusqu’à perdre trace du motif représenté, parfois mêmemaltraitées au point de rendre impossible une lectureplane et complète.U Jusqu’au 20 septembre. La Galerie Particulière, 16, rue duPerche, 75003 Paris. www.lagalerieparticuliere.com

Richard Deacon – SculptureParis – Thaddaeus Ropac

Les sculptures en céramique de l’artiste anglais (1949) sontconfrontées à trois œuvres en acier de la série Alphabet, re­vêtues de laque de couleur vive. La limpidité et la sobriétégraphique des œuvres en acier, des structures géométri­ques, contrastent avec les plis et volutes des sculptures encéramique.U Jusqu’au 30 septembre. Galerie Thaddaeus Ropac, 7, rueDebelleyme, 75003 Paris. www.ropac.net

THAD

DAEU

SRO

PAC

GALERIELEFEBV

RE&FILS

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10 Adjugé! SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

Vins rares

Chez Sotheby’s les 16 et 17 juin, on proposait unevente de vins prestigieux provenant des divers terroirsfrançais, surtout partagés entre Bordeaux et Dijon. Onremarqua la forte somme payée pour une suite dedouze bouteilles de Petrus datant de 1990 et vendues à28 200 £. L’estimation allait de 26 000 à 34 000 £.Douze autres bouteilles de Lafite Rothschild de 1996s’en allèrent à 6463 £. On était donc dans les mêmeszones que chez Besch à Cannes. Le total de la vacationrapporta 1,3 million de livres sterling.

28200 £

SOTH

EBY’S

MarlboroughLe 9 juillet à Lon­dres, on proposaitune vacation demeubles et objetsd’arts de hautequalité dont ungrand nombre delots provenait descollections desducs de Nor­thumberland. Ony trouvait sur sonsocle ce buste demarbre à l’effigiedu premier ducde Marlborough,Jean (1650­

1722), qui commandait les troupes alliéescontre les armées de Louis XIV dans les ba­tailles de succession d’Espagne. Ce marbrehaut de 63 cm, était l’œuvre de Michael (Jan­Michiel) Rysbrack (1694­1770) et il fut taillépost­mortem, entre 1722 et 1748, sans quel’on en sache plus. Rysbrack était natif d’An­vers. Le lot était annoncé entre 200 000 et300000 £. Il a été vendu à 486000 £ au profitdu XIIe duc précité.

486000 £

SOTH

EBY’S

DiamantChez Lempertz àCologne, le18 juillet der­nier, on a trèsbien vendu undiamant bleu enforme de poireque la salle avaitestimé entre400 000 et450000 €. En ef­fet, après unelongue batailled’enchères nousdit Christine de

Schaetzen (en charge du bureau de Bruxelles),le marteau est tombé, avec les frais à 1,8 mil­lion d’euros. En pleines vacances voilà qui estexceptionnel.

1 800 000 €

LEMPERT

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AquamarineCe superbe braceletprovient des ateliersde Cartier et date dudébut des années1960. Il était à ven­dre à la mi­juilletchez Sotheby’s àLondres. On l’atten­dait entre 7000 et10 000 €, mais lesamateurs se sont gé­néreusement dis­puté cette pièce at­trayante par ses for­mes et ses couleurs.Dès lors, le marteautomba à 32500 £.

32500 £

SOTH

EBY’S

Arts Libre. Supplément hebdoma-daire à La Libre Belgique. Coordina-tion rédactionnelle: Gilles Milecan

et Camille deMarcilly. Réalisation: IPM Press Print. Administra-teur délégué - éditeur responsable: François le Hodey. Rédac-teur en chef: Francis Van de Woestyne. Rédacteurs en chef ad-joints: Xavier Ducarme, Pierre-François Lovens et Gilles Mile-can. Conception graphique: Bruno Bausier, Jean-Pierre Lambert.Publicité: Martine Levau (0032.2.211.29.12 – [email protected]).

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11Le marchéSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Résultats d’été

Journées brillantes sur la Côted’Azur

h De Cannes à Monte­Carloquelques ventes eurent lieuen juillet et août dans despérimètres enchanteurs.

QUELQUES TRÈS BELLES ENCHÈRESsont venues couronner les réunions mi­ses en place par certaines salles de ven­tes françaises sur la riviera locale. Oncommencera par Tajan qui proposaitd’abord des bijoux, puis des montrespuis de l’art contemporain. C’était le30 juillet et à la fin d’une longue journéed’enchères, la salle avait récolté pasmoins de 5,5 millions d’euros. Les bi­joux à eux seuls ont ramené 4409503€. Les miettes furent pour les montres;elles assumèrent 524 601 € en étantpresque toutes vendues. Par contre, ledomaine contemporain auquel on avaitmêlé du Design, ne fit que 492370 €, cequi représenta 37 % des valeurs es­comptées (on imagine la quantitéénorme de retraits). Quelques lots sontà placer en exergue afin d’illustrer cesheures quand même riches en échangesfinanciers.

Un saphir de 25,86 carats monté enbague s’en alla au plus haut prix des bi­joux à 168 432 €. L’expert de la ventefaisait par ailleurs savoir que les bijouxen cette période de crise profitent d’uneplus value quand ils sont aussi desœuvres d’art signées par des grandespointures. Il en fut de la sorte avec unbracelet manchette en or, décoré d’unepanthère assise, au repos, et créé parJean Dunand vers 1925. On l’a vendu à44660 €.

Pareillement avec une parure sortie dela maison Van Cleef et Arpels (des an­nées 1970), que les amateurs se dispu­tèrent jusqu’à 30000€, tandis qu’uneautre, de la même maison, mais du mo­dèle “Mirifique” trouvait preneur à26796 €. Enfin, un diamant en solitairede forme coussin pesant 8,24 caratstrouva preneur à 117392 €.

Pour ce qui regarde l’art contempo­rain, le meilleur prix a été attribué à unenature morte de 2006 créée par Pier Pa­olo Calzolari, né en 1943. Le lot prove­nait de deux collections milanaises et aété adjugé à 82 940 €. Puis pour l’artcontemporain, on épinglera juste unetable de salle à manger en structureacier inox, dite “Chained Up” de 2014,supportant une dalle de verre. La pièce,première d’une série de dix, provenaitde la maison Barberini et Gunnell. Cettetable a été cédée contre 28072€.

Il y avait eu aussi ventes à Monacosous les auspices de la maison Artcurial.Les vacations eurent lieu les 23, 24 et25 juillet. Beaucoup d’argent coula cesjours­là également. On parle ici de14 millions d’euros au total des diffé­rents segments successifs. 75 % du vo­lume des ventes furent assumés et avecprès de 11 millions (10 869 000 €), cesont les bijoux, comme chez Tajan quiobtinrent les plus belles enchères. Celareprésenta ici 11 % de croissance parrapport à 2013. Le domaine de l’horlo­gerie s’est bien comporté égalementavec 2,1 millions d’euros, soit 39 %d’augmentation du chiffre d’affaires.

La plus belle enchère fut du même

montant que chez Lempertz (voir aux“adjugés”), à savoir de 1,8 milliond’euros. Mais ici ce fut pour un brillantde forme poire issu des ateliers VanCleef et Arpels. Ce diamant était an­noncé entre 1 et 1,4 million d’euros. Ilpesait 16,87 carats. Par ailleurs, unemontre Rolex de modèle Daytona PaulNewman datant de 1969, a trouvé pre­neur à 336600 €, frais inclus. Une ventevintage centrée sur la marque Hermèsrencontra elle encore un gros succèsgrâce à une poussée des acheteurs asia­tiques, chinois et japonais. Pour seulexemple, un sac Kelly monta à 76200 €.

Enfin, on terminera ce petit tour d’ho­rizon par les ventes organisées à Cannes

par l’étude Besch. Ici, on travailla du 14au 17 août et quelques très belles en­chères furent enregistrées. La plus belleconcerna ces deux moutons en bronzeet époxystone de François­Xavier La­lanne (1927­2008), numérotés 19 sur250. Le marteau tomba pour eux à169425 €. Le lot provenait d’une collec­tion belge et avait été acquis à la galerieGuy Pieters au Zoute. Il y avait cesjours­là une dispersion de vins et onépinglera une suite de douze flacons deLafite Rothschild de 1996 cédée contre8 270 €. C’est moins ceci dit que les15320 € obtenus pour neuf bouteillesde Romanée­Conti de 2007.Ph. Fy.

PUYS

EGUR

-BESCH

Ces deux moutons en bronze exécutés par FXLalanne ont été vendus à Cannes, chez MeBesch, contre 169425 €.

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12 Le marché SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Brocante

Temploux, la fête sous le soleil

h La plus grande brocante du pays a encore fait parler d’elleen prouvant l’intérêt du public pour ce genre de négoce d’art.Tout n’est pas perdu pour les brocanteurs.

CES 23 ET 24 AOÛT c’était la fête àTemploux, entre 7 heures du matin lesamedi et jusque officiellement le di­manche à 18 heures. Mais nous ne som­mes plus comme il y a 30 ans quand eneffet, la brocante, étirée alors sur plus decinq kilomètres de chaussées publiqueset de voiries privées, affichait donc10 km de chinage et une nuit de fête.Autour de la belle église du XVIIIe siècle,les stands de boissons et de pains sau­cisses faisaient florès. Le cimetièreabrite toujours les équipes de secours.Mais c’est moins la gigantesque ker­messe d’antan car Temploux s’est ré­duite quand même de près d’un tiers deson étendue (certains parlent d’unemoitié). Les 35 heures ininterrompuesdes temps glorieux sont devenues deuxfois douze heures de travail pour les ex­posants. Toutefois, l’esprit est toujourslà, le dimanche en tous cas quand nousy étions.

Comme à l’habitude, les gens se mar­chaient sur les pieds au cœur du villagemais aussi dans les alentours. “C’est cha­que année comme cela” nous disait lesDaniel Pierot (lui est un célèbre restau­rateur de tableaux anciens, amateur demotos et parachutiste à ces heures rare­ment perdues). Installés dans l’an­cienne école des filles et garçons, ils ob­servent tout, reniflent l’ambiance etparfois participent à l’événement. “Lesvoitures parquées jusqu’à l’autoroute à la

sortie de Sambreville ? mais c’est normalaussi. On en trouve même dans l’autresens au­delà de l’autoroute pour ceux quiviennent du nord”. Heureusement pournos pieds, un fermier futé et bien en­touré de sa famille mettait un champsimmense à disposition des visiteurs lesmoins radins (ou les plus paresseux),prenant son écot bien mérité sur ce ca­deau métrique.

La promenade pouvait commencerpour chercher de tout et de rien, de lafaïence de Boch, des verres de Ricard etune carafe pour se rappeler le Midi, desplaques émaillées de Tintin sortant del’“Emaillerie belge” à Molenbeek (entre300 et 1500 € selon la taille), voire desdisques de chanson française à défautde ceux de jazz, en 78 tours. Pourd’autres, il s’agissait de trouver une ta­ble de jardin en fer tourné et peint; il enfut une qui vola derechef sur le toitd’une voiture à la joie mal contenuemais très sympathique de l’acheteusequi faisait des bonds au risque de s’en­foncer dans la terre moelleuse. Mais oùétaient donc les chaises ?

Un marchand de livres avec qui nousparlions racontait sa joie d’avoir vuénormément de monde et de s’être faitde très bons clients. “Les gens sont inté­ressés mais cherchent le dernier caratpour partir en ayant effectué une bonneaffaire. On est toujours prêt à consentir unpetit cadeau bien sûr, d’autant que la si­

tuation n’est pas des meilleures. On ne vadonc pas se plaindre. Dimanche, à l’heurequ’il est (il était 13h, Ndlr), c’est déjà unebonne journée. Le soleil est éclatant et leschineurs très nombreux. Par contre, hiersamedi, je ne vous le raconte pas. Il faisaitpire qu’à Spa, ce qui n’est pas peu dire. Destrombes d’eau à deux ou trois reprisesnous tombèrent dessus. A tel point quebeaucoup ont replié juste après 18h”. Etquid de la nuit ? “Il n’y a plus de nuit monbon monsieur. S’il fait beau tout le mondeferme vers 22h. Jadis on voyait passer devrais chineurs tard le soir et en pleine nuit.Maintenant on a un peu peur d’une jeu­nesse qui boit et ne se contrôle pas. Alorson réouvre le lendemain matin après unebonne nuit de sommeil”.

Puis il y a toutes ces conversations en­tendues aux étals des exposants, en

wallon, en flamand, en allemand ou cesrencontres fortuites avec un ex­collèguequi rêve de voyages aux longs cours versl’Asie et une amie de kot sans oublier cecharmant monsieur trentenaire ébahipar une maison “origéniale”, post­artnouveau, toute de briques et de bois vê­tue, affublée d’une terrasse au sommetd’une petite tour d’où jaillit un cône demétal comme s’il s’agissait d’une fusée.La petite chapelle de la madone datantdu XVIIIe siècle, postée juste à côté decette chose étrange n’en revient pas nonplus. La liberté d’expression dans l’ar­chitecture est un privilège belge qu’unFrançais naguère croisé nous enviaitbeaucoup. Il est allé à Liège, préférant laBatte. Il ne vit pas Temploux ! Il seraitfou ? Mais non, juste fada.Ph. Fy.

PFY

A Temploux on trouve de tout, des “tchinisss” comme on dit àLiège et du charme pour faire joli dans une maison.

PFY

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13Le marchéSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Vente publique

De Wolfers à Jespers

CES 8 ET 9 SEPTEMBRE L’ÉQUIPE DES VILLEGAS re­prendra le collier pour vendre les 500 lots habituels(de 1000 à 15000 € en moyenne), que propose la sallede Schaerbeek chaque mois. Vanderkindere suivra lasemaine d’après; on y viendra. Il y aura chez Horta unetrès belle brochette d’artistes de qualité et on mettraen exergue une petite sculpture de Philippe Wolfers(1858­1929). Elle est en bronze à patine brune et s’in­titule “A nos Héros”. Ce bronze a été tiré à trois exem­plaires et date de 1918. On ne pouvait mieux débutercette nouvelle saison. Rendre hommage à nos soldatsmorts voici cent ans tout juste est bien senti de la partde la salle. Peut­être cette présence n’est­elle pas dueau hasard. Le lot est annoncé entre 7500 et 10000 €.

Les artistes belges sont bien sûr en première ligne, sion ose le dire, avec notamment la présence de GustaveDe Smet (1877­1943) dont on pourra admirer un“Paysage aux Chèvres”, peint sur une toile de 66 x77 cm; la chose devrait se négocier sans peine entre10000 et 12000 €. Pour faire suite à ces deux stars in­ternationales, le troisième dans l’ordre de successionaux palmes du succès ce sera Camille Barthélemy(1890­1961). Le Gaumais avait 24 ans quand les Alle­mands entrèrent dans sa région natale, mais le peintreavait dès 1906 quitté les environs de Virton pour allerse former à l’académie de Bruxelles auprès d’Emile Fa­bry et de Jean Delville. La toile présentée ici date de1946 et figure un large paysage d’où émerge le villagede Chiny. C’est intéressant, c’est fort en couleurs som­

bres et prenantes, mais surtout très construit, commesi la géométrie primait sur tout le reste. Le lot (81 x100 cm), est annoncé entre 8000 et 12000 €.

Il y aura par ailleurs des lots meublants comme cetteintéressante table basse d’Ado Chale à piétement mé­tallique dont la tablette est incrustée d’éléments fossi­lisés. Cette pièce de 130 x 60 cm devrait se vendre sanspeine entre 3000 et 5000 €, ce qui est dans la norme

des prix obtenus naguère par ce personnage haut encouleurs du paysage culturel bruxellois. Jules Wabbesest un autre bruxellois, plus et mieux défendu encoreque Chale. Sa table pouvant former console dont la ta­blette est en bois lamellé devrait partir entre 7500 et10000 €.Ph. Fy.UCatalogue illustré visible sur www.horta.be

HORT

A

En 1946, Camille Barthélemy a peint cette large vue de l’Ardenne profonde d’où émerge au loin le village deChiny. La toile est attendue entre 8000 et 12000 €.

h La vente de reprise chez Horta tapefort alors que les esprits sont peut­êtreencore ailleurs.

l L’objet de la semaine

Un paysage animé peintpar Verboeckhoven

KRIS VAN DE VEN est un des marchands de ta­bleaux les plus fidèles d’Artexis, laquelle so­ciété organise les foires de Bruxelles (Heysel) etNamur (Antica Namur). Cela fait plus de trenteans qu’entre les allées des salons éphémères etses différentes galeries dont l’une fut un tempssituée dans un château non loin de Vilvorde,on peut admirer des tableaux du XIXe siècle,parfois plus jeunes, parfois plus anciens. KrisVan de Ven aime les paysages à la campagne,comme les vues de villes animées d’une foulede personnages ou encore les seuls portraits denos ancêtres voire des animaux qui peuplentnos contrées. Les peintres belges et hollandaisont ses faveurs quand d’autres défendent les

Français voire les Italiens et les Espagnols.Avec cette grande composition sur pan­

neau peinte par Eugène Verboeckhoven(Warneton 1798 – Schaerbeek 1881), l’anti­quaire qui fut aussi le co­auteur d’une mo­nographie consacrée au peintre, se situedans le cœoeur de son métier.

L’artiste a représenté un paysan assis dansune campagne large et bosselée où vaches etmoutons profitent d’une petite réserved’eau pour se désaltérer. La composition estautant terrestre qu’aérienne car le ciel oc­cupe un espace important dans le tableau.Ce ciel bleu est une petite merveille d’espritencore néo­classique. Nous sommes en 1844et l’esprit de l’Italie emplit le travail minu­tieux du peintre bruxellois.

Le tableau est à plaire pour un prix situéentre 55000 et 75000 €. Infos au 0475/ 2418 00 ou via l’adresse mail : christiaanvande­[email protected]. Fy.

VANDE

VEN

Eugène Verboeckhoven,composition sur panneau, 19e siècle.

h Focus sur une composition surpanneau peinte par EugèneVerboeckhoven.

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14 Le marché SEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Résultats

Pas de vacances chez Rops

ON L’A DÉJÀ ÉCRIT PLUS D’UNE FOIS à propos de lasalle de ventes Rops, elle est quasi la seule à acceptertous les dépôts quel que soit le niveau de qualité deslots. Cette politique impose donc de gérer des stocksimportants voire débordants en volumes métriqueset de ce fait aucun mois ne peut être chômé. Juilletétait donc en service impératif comme le sera le der­nier week­end d’août (voir par ailleurs). Mois de va­cances certes mais la session de juillet vit passermalgré tout un très grand nombre de personnes,marchands ou privés, chinant comme à l’accoutu­mée. On aurait pu croire que l’air estival d’une fin demois avenante allait perturber le négoce et laisserpartir bien des choses à vil prix. Que nenni, les esti­mations ont été largement rencontrées, parfois dé­passées, mais de peu. Il y eut des retraits en assezgrand nombre par ailleurs (surtout dans les bijoux,estimés trop hauts sans doute), mais au bout ducompte l’huissier réglant les affaires s’en est allé fortheureux nous dit­on, les bras lourds de contratsscellés.

Le dimanche 27 juillet, le premier lot à avoir brillése situa au numéro 467 (on oublie les lots asiatiquesexposés d’entrée). Il s’agissait d’une paire de po­chons, d’un sucrier, d’une cafetière et d’un pot à lait,en porcelaine de Tournai, tous de petites tailles. Lesexperts maisons pensaient en retirer 140 à 200 €,mais la dispute des amateurs fit atterrir l’ensemble à650 €, hors frais. Un encrier en porcelaine de vieuxParis sur sa terrasse en bois noirci aurait pu se ven­

dre à 60 €. Il en vint 140 €, toujours sans les frais.Puis une paire d’assiettes à décors chinois mais pro­venant d’un atelier saxon fila de 100 à 430 €. Uneplaque en faïence de Delft en bleu et blanc mais aucontour chantourné et polychrome fit son estima­tion (800 à 1200 €), en étant adjugée à 700 € (plusles 25 % de frais). L’une des belles affaires du jour futpour une corbeille à fruits en faïence ajourée deBoch Luxembourg, escomptée entre 100 et 160 €;elle s’est vendue à 60 €. On paya cher une paire delégumiers couverts en porcelaine de Tournai à décorRonda, affichée entre 200 et 300 € et adjugée à500 €.

Les cristaux du Val se sont pour leur part assez biencomportés. On respecta souvent les estimations et

les retraits furent rares. On donna de la sorte 360 €pour un haut vase conique Art déco en rouge etblanc. Puis on obtint 800 € pour un autre vase Artdéco de modèle Topaze; et encore 1100 € pour untroisième vase à décor de papyrus, dégagé à l’acidecomme les verres soufflés de l’Ecole de Nancy.

Au rayon de l’argenterie, il y eu une belle enchèrearrêtée à 1200 € pour une paire de carafes en cristalet argent de la marque Delheid (fin du XIXe siècle),annoncée à 500 €. Un huilier d’époque Louis XVI futpour sa part disputé jusqu’à 950 €. Enfin, un sucrieren argent massif aux poinçons de Namur, sans doutede la première moitié du XVIIIe siècle, trouva pre­neur à 1200 €.Ph. Fy.

h La vente de fin juillet a été un succèspour la seule salle régionale où letravail s’impose pour faire face auxdemandes.

ROPS

Ce sucrier en argent est aux poinçons de Namur. Il a été vendu à 1200 €, plus frais. A droite,un aquarelle “Mexicain et son bébé” signée Léonard Tsuguharu Foujita adjugée 17000€.

JPCLEM

ENT

l Vacation

Une belle vente chez Rops encore

RENDEZ­VOUS SUR LES HAUTEURSde Namur pour la vente de ce dernierweek­end de vacances. Les alléeschez Rops sont déjà bondées de meu­bles et les vitrines pleines de chosesanodines (mais parfois elles ne le sontpas); elles dormaient dans des mai­sons vieillies et des greniers poussié­reux. Ce n’était sans doute pas le casdes dizaines de bagues, épingles decravates, broches et autres micro­mosaïques dont les valeurs varierontde 100 € à 5000 €. Puis il y aura de la

céramique et pas mal de faïence deDelft du XVIIIe siècle (plusieursgrands plats entre 100 et 200 €), oude Boch, mais aussi un soufflet enfaïence de Castelli, du XVIIIe siècle. Ilest évalué entre 400 et 600 €, ce quiest faible mais justifié par quelqueséclats.

La vente se continuera par un peud’argenterie dont deux plats aux pin­çons de Bruxelles, du XVIIIe siècle,annoncés entre 3300 et 3600 €. Il y amoins cher quand même, grâce à unjoli réchaud (non situé et incompletmais très décoratif), que l’on pourraacquérir contre 900 à 1000 €. Un se­cond réchaud n’ayant pas de poignée,signalé comme d’époque Empire,mais de style Louis XV, devrait se né­gocier entre 200 et 300 €. Plusieurspendules en bronze patiné ou dorésuivront; elles sont Charles X ou

Louis­Philippe (entre 300 et 1000 €);mais la plus belle est d’époque LouisXVI, de type “portique” et devraits’échanger contre 800 à 1200 €.Après nettoyage des bronzes doréselle sera très belle.

Le lot 536 est occupé par une petiteancre en ivoire, sans doute de Dieppe,datant de la seconde moitié duXIXe siècle et symbolisant à traversun chérubin ce qu’il y a de plus ten­dre dans l’Amour. Ce lot est annoncéentre 40 et 60 €; il mesure 15 cm. Au552, il y aura une très belle boîte àperruque de style Louis XV en boislaqué rouge et or, à motifs de chinoi­serie. C’est superbe, français, et idéalpour mettre sur une commode oumême un bureau élégant; cela n’estattendu qu’entre 600 et 800 €.Ph. Fy.UTout se voit sur www.rops.be

JPCLEM

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Au lot 764 se trouve un panneau d’époque Louis XVIen bois sculpté et peint à l’effigie d’un lion debout(114 x 82 cm). On l’attend entre 300 et 500 €.

h En cette toute fin d’août,ce sera à nouveau unevacation de vacances. Onn’y met pas le meilleurmais rien n’est à négliger.

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15Le marchéSEMAINE DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2014 ARTS LIBRE

l Foire art contemporain

L’art dans un salonmarseillais

ELLE EN EST À SA HUITIÈME ÉDITION et mal­gré sa modestie, elle fait mieux que tenir lecoup, elle enchante ceux qui y participent sion en croit un récidiviste bruxellois SébastienDelire qui ne veut pas manquer ce rendez­vous car “l’ambiance y est conviviale et propiceaux rencontres. C’est une foire dans laquelle onpeut prendre le temps”.

On pourrait penser qu’elle est locale et quedes galeries réputées ne s’y intéressent pas. Cen’est absolument pas le cas puisqu’aucune ga­lerie de Marseille n’y participe, par contre onen compte de Paris, du Guatemala, de Berlin,de Majorque, de Madrid, de Londres… et deBelgique. Parmi les sélectionnées : LaurentGodin, Samy Abraham, Crèvecoeur, Emma­nuel Hervé… et l’ex galerie belge Michèle Di­dier pour l’occasion associée à Nathalie Da­viet­Thery. Cette dernière propose aux artis­tes Claire Morel et Yann Sérandour de seréapproprier chacun à leur manière le nu­méro 72 du “Art&Project Bulletin” réalisé en1973 par Lawrence Weiner dans le prolonge­ment de “Four proposals for changing Bulletin72” de Michael Riedel. Mfc­Michèle Didierprésente “Something in the Box” de RobertBarry qui rejoue à son échelle (10,2 x 15,2 cm)les cartes, ici 62, distribuées il y a quelquequarante années.

Pour sa seconde participation, la Ricou Gal­

lery (Bruxelles) propose un solo show de l’ar­tiste français Étienne Bossut (1946, vit à Dôle)qui pratique le moulage et remet à l’honneurle façonné main. La Delire Gallery (Bruxelles)mise sur un doublé. D’une part un solo showde Pat McCarthy (1987, USA) avec ses fanzi­nes, ses pièces en céramique et son cyclomo­teur. D’autre part un mini stand dédié au col­lectif Dog Republic qui enregistrera des “voixqui aboient”.

C’est sur le thème des loisirs que la galerieMessen De Clercq réunit cinq artistes. EvaristeRicher (1969), récemment nominé au PrixMarcel Duchamp, montrera cartes à jouerdessinées à la main, boules de bowling,… Lejeune péruvien Nicolás Lamas (1980) utilisedes objets familiers avec humour. L’artiste is­landais Hreinn Fridfinnsson (1943) livre des“Urban Impressions” dans lesquelles il réasso­cie des pièces éparses de divers puzzles. Parti­cipent également d’Alek O. (1981), Sarah Ort­meyer (1983) avec des pièces en référence auchampion d’échecs Bobby Fischer, ainsi queLieven de Boeck (1971) et ses œuvres en Lego.

Enfin, la galerie gantoise de Tatjana Pietersétablit un dialogue entre deux jeunes artistesbelges. D’un côté Rein Dufait (1990), le sculp­teur qui transforme objets trouvés et maté­riaux divers en petites pièces insolites. D’autrepart Stefanie De Vos (1984, vit à Vienne) dontles peintures allient un graphisme un peu dé­bridé et un tachisme insistant sur la couleur.C.L.UART­O­RAMA 2014. Salon international d’artcontemporain. Les 29 (preview sur invitation),30 et 31 août. L’exposition des stands resteouverte jusqu’au 14 septembre. La Cartonnerie,Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin, 13003Marseille. www.art­o­rama.fr

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Rein Dufait, “Lib”, 2011, plastique et peinture, 5 x 3 x 3 x 3 cm. Un objet transformé exposé à Art-O-Ramapar la galerie gantoise de Tatjana Pieters.

h Première foire de la saison, Art­O­Rama la conviviale, asélectionné dix­neuf galeriesdont quatre de Belgique.

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