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Vendredi 15 mars 2013 -  69 e année - N˚21198 -  1,80 ¤ -  Francemétropolitaine -  www.lemonde.fr  --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède M Pour la première fois, l’Eglise catholique se doted’un papeoriginaire d’unpaysduSud. Le nouveau pape, qui a pris pour nom Fran- çois, est un Argentin, Jorge Mario Bergoglio, cardinalde BuenosAires,primat d’Argentine depuis2001.EncedébutdeXXI e siècle,encet- teèredegrandsbasculementsetderecompo- sition des puissances, le symbole est fort, et marqueun changementde centrede gravité pourl’Eglise. AubalcondelaplaceSaint-Pierre,lenouveau pontife l’a dit en quelques phrases simples: « Comme vous le savez, pendant le conclave, onchoisitl’évêquedeRome.Ondiraitquemes  frèrescardinaux sont allésle prendrepresque auboutdu monde,maisnousvoilà!» Dansle secretduconclave,les115cardinauxn’ontpas pu ignorer toute la puissance de ce signal. Leurmessageest celuiduchangement,de la priseencomptederéalitésnouvellesparune institution religieuse qui sait devoir comp- ter, à sa manière, avec le phénomène de la mondialisation.Etcommentne paslescom- prendre! Aujourd’hui, quatrecatholiquessur dixsont des Latino-Américains. L’Amérique latine compte 200millions de catholiques de plus quelaVieilleEurope.Lechangementestàpor- tée historique. Jamais, en mille ans, l’Eglise catholique n’avait été guidée par un non- Européen.Disons-le, pour l’Europe, voilà un monopolede plus quitombe.La pousséedu Sud est bien la marque de notre époque. Le successeur du pape allemand Benoît XVI incarne le monde «émergent», ces pays en premièrelignesurlesquestionsde dévelop- pement,d’égalité,de gouvernance. A 76ans, Jorge Mario Bergoglio a démontré parson parcoursqu’il estun hommed’action inséré dans les réalités sociales. Issu d’une famille d’immigrés italiens, ce fils de chemi- notaimposé,aufild’unecarrièrefulgurante, samarque d’humilité.Son refusde s’installer dans le somptueux hôtel de l’archevêché de Buenos Aires, sa fréquentation des paroisses lesplusdéfavorisées,desbidonvillesetdespri- sons sont autant de détails qui campent une tonalitéinédite. Les défis qui attendent le 266 e pape sont grands,dansuneEgliseconfrontéeàdemulti- plescontroverses,delacorruptionauxscanda- lessexuels.UneEglisequisesait,aussi,auxpri- sesaveclalaïcisationdessociétésoccidentales etla montée enpuissance,dansl’hémisphère Suden particulier,des groupesévangéliques. L’arrivéeauVaticand’unArgentinsoulèveaus- sila questiondurôle del’Eglisesurle terrain deladémocratisation.Uneombreautableau: JorgeMarioBergoglioaétélechefd’uneEglise catholiquecontestéepoursonrôlependantla dictaturemilitaireenArgentine. Mais, ce qu’il fautretenirest l’ampleur dece bouleversementau Vatican,désormaistour- né vers de nouveaux horizons. En octo- bre1978, le pape polonais Jean Paul II avait, lors de sa messe inaugurale, lancé ces mots, «N’ayezpaspeur!»,quiallaientpréfigurerde grands chamboulements en Europe de l’Est. François, lui, portera rien de moins que le changement de gravité dans le monde d’aujourd’hui. p LESBÉNÉFICES DU CAC 40 ONT CHUTÉ DE 28% EN 2012 ÉCONOMIE – LIRE PAGE14 Budget:lecoupdesemonce du Parlementeuropéen INTERNATIONAL – LIRE PAGE6 M.HOLLANDE ACCÉLÈRE PAR ORDONNANCES POLITIQUE – LIRE PAGES 11ET 17 L’Afriquedu Sud, del’apartheidà Mandela Nouvelopusdelacollection «Comprendreunmonde quichange». 104PAGES,6,90 ¤ L’ONUprépare larelèvedela FranceauMali Uneopérationde maintiendelapaix pouvantcompter jusqu’à10000cas- quesbleusdevrait êtremisesurpied pourfaciliterle désengagementde l’arméefrançaise. INTERNATIONAL – P. 7 Lasantéen Europevictime dela pollution Selonl’OMS, laduréedeviedes Européensserait réduitedehuit moisenraisonde lapollutiondel’air. Maisl’espérance devieagagnécinq annéesen30ans. PLANÈTE – P.10 Lesretraités touchésau porte-monnaie L’accordintervenu mercredi13mars entresyndicatset patronatsurlesau- vetagedes retraites complémentaires prévoitune hausse despensionsinfé- rieureàl’inflation. POLITIQUE – P.12 Lepape desnouveaux horizons ÉDITORIAL NATALIE NOUGAYRÈDE LE MONDE HISTOIRE AUJOURD’HUI CLAUDE LÉVI-STRAUSS LA LIBRAIRIE DU XXI e SIÈCLE UnpapeduSud,emblèmed’unenouvelleère LE MONDE DES LIVRES Chinelointaine et compliquée tSouslenomdeFrançois, l’ArgentinJorge Bergoglio estlepremierSud-Américain àdirigerl’Eglise. Ilincarne unbasculementprofonddu catholicisme LIREPAGES2à5 LE REGARD DE PLANTU aTrois écrivains publient leur roman chinois aChacun, à sa manière, raconte un pays que la littérature atoujours eu du mal à saisir SUPPLÉMENT Rome, le13 mars. Lenouveau chefde l’Eglises’inclinedevantla fouledansun gesteinédit. ALESSANDROBIANCHI/REUTERS

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  • Vendredi 15 mars 2013 - 69e anne - N21198 - 1,80 - Francemtropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Mry - Directrice: Natalie Nougayrde

    MPour la premire fois,lEglise catholique sedotedunpapeoriginairedunpays duSud.

    Le nouveau pape, qui a pris pour nom Fran-ois, est un Argentin, Jorge Mario Bergoglio,cardinalde BuenosAires, primatdArgentinedepuis2001. EncedbutdeXXIesicle, encet-teredegrandsbasculementsetderecompo-sition des puissances, le symbole est fort, etmarque un changement de centre de gravitpour lEglise.Aubalconde laplaceSaint-Pierre, lenouveau

    pontife la dit en quelques phrases simples:Comme vous le savez, pendant le conclave,onchoisit lvquedeRome.Ondirait quemesfrres cardinaux sont alls le prendre presqueaubout dumonde,mais nous voil!Dans lesecretduconclave, les 115cardinauxnontpaspu ignorer toute la puissance de ce signal.Leurmessage est celui du changement, de la

    priseencomptede ralitsnouvellesparuneinstitution religieuse qui sait devoir comp-ter, sa manire, avec le phnomne de lamondialisation. Et comment ne pas les com-prendre!Aujourdhui, quatre catholiques sur dix sontdes Latino-Amricains. LAmrique latinecompte 200millions de catholiques de plusquelaVieilleEurope.Lechangementestpor-te historique. Jamais, en mille ans, lEglisecatholique navait t guide par un non-Europen. Disons-le, pour lEurope, voil unmonopole de plus qui tombe. La pousse duSud est bien la marque de notre poque. Lesuccesseur du pape allemand Benot XVIincarne le monde mergent, ces pays enpremire ligne sur les questions de dvelop-pement, dgalit, de gouvernance.A 76ans, Jorge Mario Bergoglio a dmontrpar sonparcoursquil est unhommedactioninsr dans les ralits sociales. Issu dunefamille dimmigrs italiens, ce fils de chemi-not a impos, au fil dune carrire fulgurante,samarque dhumilit. Son refus de sinstallerdans le somptueux htel de larchevch deBuenos Aires, sa frquentation des paroisses

    lesplusdfavorises,desbidonvillesetdespri-sons sont autant de dtails qui campent unetonalit indite.Les dfis qui attendent le 266e pape sontgrands,dansuneEgliseconfrontedemulti-plescontroverses,delacorruptionauxscanda-lessexuels.UneEglisequisesait,aussi,auxpri-sesavecla lacisationdessocitsoccidentaleset lamonte enpuissance, dans lhmisphreSud en particulier, des groupes vangliques.LarriveauVaticandunArgentinsoulveaus-si la question du rle de lEglise sur le terrainde ladmocratisation.Uneombreau tableau:JorgeMarioBergoglioat lechefduneEglisecatholiquecontestepour sonrlependant ladictaturemilitaireenArgentine.Mais, ce quil faut retenir est lampleur de cebouleversement au Vatican, dsormais tour-n vers de nouveaux horizons. En octo-bre1978, le pape polonais Jean Paul II avait,lors de sa messe inaugurale, lanc ces mots,Nayezpaspeur!, quiallaientprfigurerdegrands chamboulements en Europe de lEst.Franois, lui, portera rien de moins que lechangement de gravit dans le mondedaujourdhui.p

    LESBNFICES DU CAC 40ONT CHUT DE 28% EN 2012CONOMIE LIRE PAGE 14

    Budget: lecoupdesemonceduParlementeuropenINTERNATIONAL LIRE PAGE6

    M.HOLLANDE ACCLREPAR ORDONNANCESPOLITIQUE LIRE PAGES 11 ET 17

    LAfrique duSud,de lapartheid MandelaNouvelopusde la collectionComprendreunmondequichange.104PAGES, 6,90

    LONUprparela relve de laFrance auMaliUneoprationdemaintiende lapaixpouvantcompterjusqu10000cas-quesbleusdevraittremisesurpiedpourfaciliter ledsengagementdelarmefranaise.INTERNATIONAL P. 7

    LasantenEuropevictimede lapollutionSelonlOMS,laduredeviedesEuropensseraitrduitedehuitmoisenraisondelapollutionde lair.Mais lesprancedevieagagncinqannesen30ans.PLANTE P. 10

    Les retraitstouchs auporte-monnaieLaccordintervenumercredi 13marsentresyndicatsetpatronatsur le sau-vetagedes retraitescomplmentairesprvoitunehaussedespensions inf-rieure linflation.POLITIQUE P. 12

    Lepapedesnouveaux

    horizons

    DITORIALNATALIE NOUGAYRDE

    LE MONDE HISTOIRE

    AUJOURDHUI

    CLAUDELVI-STRAUSS

    LA LIBRAIR IEDU XXI e SICLE

    UnpapeduSud, emblmedunenouvellere

    LE MONDEDES LIVRESChine lointaineet complique

    tSous lenomdeFranois,lArgentin JorgeBergoglio

    est lepremier Sud-Amricaindiriger lEglise. Il incarne

    unbasculementprofondducatholicisme LIRE PAGES 2 5

    LE REGARD DE PLANTU

    a Trois crivains publientleur roman chinois

    a Chacun, sa manire,raconte un pays quela littrature a toujourseu dumal saisirSUPPLMENT

    Rome, le 13mars. Le nouveau chef delEglise sincline devant la foule dans un

    geste indit. ALESSANDRO BIANCHI/REUTERS

  • lvnement

    Franois, lepapedespremiresfoisLes fidles,masssplaceSaint-Pierre,ontaccueilliparunsilencesurpris lannoncede llectionducardinaldeBuenosAires JorgeBergoglio,premierSud-Amricainet jsuiteoccuper le trnepontifical

    RomeEnvoye spciale

    Dabord la joie. Une fumeblanche surgit de la chemi-ne de la chapelle Sixtine 19h05mercredi 13mars,et,chezles fidlesmassssousla pluie depuis plusieurs

    heures, le curoscilleentre soulagement,ferveur et irrpressible excitation. Puislimpatiencedesavoirqui.Quipoursucc-der BenotXVI?

    Lorsquune quarantaine de minutesplustard, lenomdunouveaupapeestpro-nonc, en latin, par le cardinal franaisJean-LouisTauran,lesvisagessefontinter-rogatifs. Les dizaines demilliers de fidlesaccourusdetoutelavillenontpastoussai-si que le conclave, en cinq petits tours descrutin, venait de donner son premierpape argentin lEglise catholique. Le car-dinal de Buenos Aires, Jorge Bergoglio, achoisipournomdepapeFranois.Toutoupresquedans cette annonce surprend.

    Le style tout dabord. Sobrement vtudune soutaneblanche, sans la cape rougedapparat prvue par le protocole, lhom-me de 76 ans, apparemment tranquille,sestavanc,auborddubalconde labasili-que qui domine la place Saint-Pierre. Enquelques phrases simples, micro lamain, il est parvenu dclencher les riresde lassistance, dj conquise, linstar de

    cette fidle Italienne aux yeux mouills,muepar son charisme.

    Comme vous le savez, pendant leconclave, on choisit lvque de Rome. Ondiraitquemesfrrescardinauxsontalls leprendre presque au bout du monde, maisnous voil, leur a-t-il lanc en souriant,visiblementravidtre l.DemandantuneprirepourBenotXVIqui,selonleporte-parole du Vatican, suit devant sa tlvi-sion toutes les tapes de cette lection ,uneautrepour lemondeet lapaix, lenou-veau pape a ensuite demand aux fidlesde prier pour lui, en silence, avant de sin-cliner vers la foule. Sans se dpartir dunerelle bonhomie, il a alors souhait bon-nenuit tous avantde se retirer.

    Prenant le monde au dpourvu, llec-tion de ce jsuite est un peu le concentrdetouteslespremiresfois.Pourlapre-mire fois, un membre de la compagniede Jsus accde cette charge. Pour la pre-mire fois, un Argentin va guider lEgliseuniverselle. Pour la premire fois depuisplus de mille ans, un vque non euro-penat choisiparuncollge,majoritai-rementcomposdecardinauxvenusdEu-rope. Pour la premire fois, un pontife vaexercer sa charge sous lil de son prd-cesseur, encore vivant.

    Enfin,demaniretoutaussi inhabituel-le, le candidatdunprcdentconclaveestchoisi par ses pairs. Soutenu par le camprformiste, portpar le cardinalMarti-

    ni, Jorge Bergoglio avait t le principaladversaire de Joseph Ratzinger en 2005.Lhistoire non officielle dit quil se seraitvolontairement retir pourne pas avoir laffronter. Huit ans plus tard, au coursdes runions qui se sont tenues durant lepr-conclave, le cardinal Bergoglio auraitfait comprendre que, cette fois, un candi-dat fortement pressenti ne devrait pas sedrober.

    Ce choix historique et, dun point devue gographique tout aumoins, rvolu-tionnaire,ateffectuenmoinsdevingt-septheures par 114 cardinaux, rputsconservateurs. Leur volont de promou-voiruncardinaldAmriquelatineestvi-demment un signal positif et un choixopportun,alorsque lecentredegravitdelEglise a bascul depuis plusieurs annesvers ce continent. Il atteste la volont delEglise de souvrir sur ses nouveauxhori-zons et de mieux les prendre en compte.La volont du collge des cardinaux demettreenavantunhomme,dontla sim-

    plicit, lhumilit et le travail pastoralauprs des plus pauvres semblent large-ment reconnus, tend aussi mettre lac-cent sur la dimension vanglique delEglise, lheure o son image est abmeparune successionde scandales.

    Au-del de ces lments incontesta-bles, faut-ilpourautantvoirdansce choixune totale audace de la part des cardi-naux?Passisr.Pourincarnercetairnou-veau, quils veulent dsormais voir souf-fler sur Rome, ils ont visiblement prfrunArgentin g (presque aussi vieux queBenot XVI lorsquil prit ses fonctions depape, 78 ans) un Brsilien plus jeune,Odilo Scherer, 64 ans, susceptible dergnerplus longtemps.

    Il nest pas certain que le septuagnairepape Franois, qui vit depuis plus de cin-quante ans avec un seul poumon, corres-pondetoutfaitlafeuillederoute,lais-separBenotXVI lorsde sadmission. Il ysoulignait la ncessit de la vigueur ducorps et de lesprit dans le mondedaujourdhui, sujet de rapides change-ments.Mme si chacun a en tte lexem-ple du vieux pape Jean XXIII, initiateurduconcileVatican II prsde80 ans.

    Enoutre,mme si le cardinal Bergogliona gure travaill Rome pour sy faireconnatre, il tait dj sur les radars denombre de cardinauxdepuis 2005 et, cetitre, il ne correspond pas limage dutotaloutsider.Encreux,cettelectionsou-

    ligne aussi le fait quen huit ans aucunefigure forte na merg au sein du collgedescardinaux.Danscecontexte,laperson-nalit que le nouveau pape choisira com-me secrtaire dEtat sera dterminante.

    Larrive de Jorge Bergoglio au Vaticansigne en tout cas la dfaite des Italiens.Sans trop hsiter le vote en cinq toursmontreuneassez grandeunit , les cardi-nauxontdmenti lesparisdeceuxqui, lacurie, soutenaient le Brsilien Scherer; ilsont tout aussi srement rcus le choixducardinal deMilan, Angelo Scola, que beau-coup pressentaient plus que prt endos-ser les habits de pape. Le journal italienIl FattoQuotidianoammerapport,mer-credi soir, que la confrence des vquesitaliens avait publi un communiqu serjouissant de llection du pape AngeloScola, avantde corrigerunpeuplus tard.

    Franois, lui, va vritablement dmar-rer jeudi sa vie de pape. Une messe cl-bre 17heures pour tous les cardinaux la basilique Saint-Pierre. Une rencontre,samedi, avec les milliers de journalistesprsents pour son lection, un genre quilnaffectionne pas particulirement. Unanglusdimanchemidietunemessedins-tallation mardi, jour de la Saint-Joseph,patron de lEglise. Plus indit, le pape ren-dra visite au pape mrite, avec qui il sestentretenuautlphonequelquesminutesaprs sonlection.p

    Stphanie Le Bars

    Encreux,cettelectionsouligneaussi lefaitquenhuitans,aucunefigurefortenamergauseinducollgedescardinaux

    Place Saint-Pierre, Rome, lorsde la bndiction Ubi et orbidunouveau pape Franois,mercredi 13mars. MICHAEL SOHN/AP

    2 0123Vendredi 15mars 2013

  • lvnement

    Analyse

    RomeEnvoye spciale

    Larenonciation de Benot XVIa marqu une forme derenoncement affronter lesdfismajeursauxquelsestaujour-dhui confronte lEglise catholi-que. Il laisse son successeur, lepape Franois, une institution fra-gilise plusieurs niveaux: crisede gouvernement, crise des voca-tions, difficults faire partager lafoi catholique dans des socitsscularises et multiculturellesLesfaiblessessontclairementiden-tifies. Le jsuite argentin, g de76 ans, devra les affronter sil veutrestaurer limage effrite de lEgli-se et redonner de la crdibilit sonmessage.

    Acheverlapurification

    Purification: Benot XVI avaitfait de cemot, emprunt au voca-bulaire spirituel, une sortedepro-gramme. Il entendaitpromouvoirpar ce termeunencessaire rfor-medescomportementsencoursla curie romaine les rivalitssouvent dnonces une exem-plarit, voire une saintet cheztous les pasteurs de lEglise, unemeilleure gestion des scandalesdepdophilie,sicenestleurradi-cation,etuneffortportsurlages-tionconomiquedelEglisecatho-lique, entache de corruption. Laconduite personnelle du papeFranois, qui confine laustritet la pauvret, constitue pluttunbon signal.

    Remercierlavieillegarde,chan-ger leshommes, choisirunentou-rage solide et irrprochable, nom-mer un secrtaire dEtat incontes-table (contrairement au num-rodeux choisi par Benot XVI)devraient constituer les prioritsdu nouveau pape. Il est crditdune grande qualit dcoute etdune forte capacit de travail etde commandement.

    Ses origines extra-europen-nesconstituentungagedouvertu-resurlemondeetpourraientfavo-riser une plus grande internatio-nalisationdespersonneschargesde faire tourner le gouvernementde lEglise universelle, encoresouventtropromaineetitalienne.Larrivede lacs, hommeset fem-mes, professionnels de leur sec-teur, permettrait aussi de diversi-fier une grontocratie masculineet clricale.

    De lavis gnral, la tropgrandecentralisation du pouvoir devraitlaisserplace la fameusecollgia-litentre lesvques inscritedansles textes du concile VaticanII.Des runions de travail plus fr-quentes, une plus grande coutedonne par le pape aux travauxissus des synodes thmatiques,qui sattaquent souvent avec luci-dit aux problmes de lEglise, unconseil des ministres rgulierpourmettrefinaucloisonnemententre dicastres : les pistes derforme sont connues mais seheurtent encore linertie et auxrsistances.

    Le sort de lIOR, la banque dupape devra aussi tre rapide-ment rglpar lenouveaupontife.Aprsles scandalesquiontmaillsonhistoire et alors que le Vaticandoitencoresemettreenconformi-t avec les normes europennesantiblanchiment, certains sinter-rogent sur la prennit mme decette institution ou proposent dela transformerenunebanquerel-lementthique.

    Instituerplusdetransparence

    Une nouvelle gouvernance pas-se aussi par davantage de transpa-rence. LeVaticannapasvocationtre une dmocratie, mais laculturedusecretaleseffetslespluscontre-productifs, en termes derumeurs ou daccusations anony-mes.Pourtant,les leonsdecesder-niersmois ne semblent pas encoreavoir t tires. Le secret imposaux discussions qui ont rythm leprconclave en est une parfaiteillustration. Alors que les thmesabordsparles115lecteursconcer-naient lavenir de lEglise et de sesmillions de fidles, ces derniersnont rien su de leur rflexion surltatde lEglise.

    Lenouveaupapedevragrer cescontradictions entre une volontdexposition maximale de lEglisedanstouslesmdiasdumonde,quiparticipedelanouvellevanglisa-tion, et les rsistances de ses ins-tances communiquersur le fond.

    Ledfidelanouvellevanglisation

    Cedevraittre laproccupationmajeuredupape.Le sujetnestpasnouveau dans lEglise, confrontedepuis plusieurs dcennies lascularisation des pays occiden-taux et, plus rcemment, laconcurrence avec le protestantis-mevangliqueetlislam.Leprc-dent pontificat ammevu la cra-tiondundicastrequiyestspcia-lement consacr.

    Face cette ralit, Benot XVIsest surtout adress au cur desfidles, leur demandant dappro-fondir leur foipar laprireet la lec-ture de la Bible, et en les incitant saffirmer davantage croyantsdansunmondesansDieu. Spiri-tuel plus que thologien, le papeFranois reprendra ce flambeau,mais il pourrait le faire dunemanire plus pastorale que seule-mentintellectuelle.Dansunentre-tienaccorden2012au journalisteitalienAndreaTornielli, lecardinalBergoglio expliquait sa mtho-de dvanglisation : Nousallons dans les parcs, nous prions,nous organisons des messes, nousbaptisons des gens aprs une cour-te prparation. Nous devons viterla maladie spirituelle dune Eglisequi serait enferme dans son pro-premonde.Les Journesmondia-les de la jeunesse (JMJ), fin juillet Riode Janeiro, auBrsil, constitue-ront pour le septuagnaire le pre-mier test de son aptitude parleraux jeunesgnrations.

    Mais lavenir de lEglise passeaussi surtout par la capacit dupape toucher les croyants ti-

    des, les personnes en marge delEglise ou en recherche de trans-cendance. Lun des dfis de lEgliseaujourdhui consiste en effet retisser un lien avec ceux qui sesont loigns pour diverses rai-sons: perte de confiance aprs lesscandales de pdophilie, dsircroissant dautonomie et indivi-dualisation des comportements,difficult accepter certains dog-mes, dsaccords sur les sujets demorale familiale et sexuelle

    Contrer cette apostasie silen-cieuse est sans aucun doute latchelaplusarduepourlenouveaupape. Car, si le message de lEglisesur la doctrine sociale, la paix ou lajustice, limmigrationou lcologiedemeure audible, au-del mmedu cercle des croyants, ses posi-tionssur lafamille, labiothique, laplace des femmes ou le ministredesprtresrestentdespointsdefor-te crispation. Tout modr quilpuisse tre prsent, le pape Fran-ois demeure sur une ligne doctri-nale traditionnelle.

    Comblerlefossaveclasocit

    Sur des sujets touchant le plusimmdiatement la vie descroyants, les cardinaux lecteurs,nouveau pape compris, partagentdans leur immense majorit unprofil ratzingrien. Les nuancesportent surtout sur la personnalitet le style de chacun dentre eux.Dans la lignede ses deuxprdces-seurs,Franoisdevraitdoncraffir-mer lattachement de lEglise auxvaleursde la familleou ladfensedelavie,desesdbutssafinnatu-relle. LEglise argentine sopposedepuis longtemps, et avec succs, la lgalisation de lavortement. Ondit le nouveau pape un peu plusouvert sur les questions relatives la morale sexuelle, inchangedepuisplusdequaranteans.

    En matire de contraception,davortement ou de divorce, unegrande partie des catholiques,mme pratiquants, est de fait entotaldcalageavec lenseignementidal de son Eglise. Pour sadap-ter aminima ces nouvelles rali-ts, quelques inflexions pour-raienttreenvisages,notammentsur le sort des divorcs-remaris,jusqu prsent privs de commu-nion, ou sur les modes de contra-ception. De timides avancesquisuffiraientaujourdhuiplacerle nouveau pape dans le camp desrformateurs. Il a dernirementqualifi dhypocrites les prtresqui refusaient le baptme auxenfantsnshorsmariage.

    Les aspirations de nombre defidlesvoirdesouverturesconcer-nant la vie mme de lEglise ont-ellesdeschancesdtreentendues?La fin du clibat obligatoire pourles prtres, laccs des femmes laprtrise semblent toujours exclusparlimmensemajoritdesrespon-sables de lEglise catholique. Endpit de la crise des vocations, lac-cs la prtrise dhommesmaris,ayant fait leurs preuves dans la viede lEglise, nestpas inscrit lagen-daduVatican.Uneprsencerenfor-ce dans les paroisses est pourtantlune des conditions premires de

    lvanglisation invoque dans lesdiscours. Il estpour lheuredifficilede dire si et comment le papeFranoisprendracedossierbrlantbras-le-corps.

    Mais, si le fond dumessage res-te en grande partie inchang, cestbien la manire dont le papesadresseraauxsocitscontempo-raines qui peut faire la diffrence.Sil est lu pour rappeler auxcroyants lidal de la doctrine, sonrle de pasteur est aussi de prser-ver la confiance avec ses fidles etsonclerg,parfoisenporte--faux.

    A cet gard, on peut penser que lepape Franois saura rompre aveclenseignement statique et thori-quedu thologienRatzinger.

    Dialogueraveclemonde

    PasteurmondialisduneEglisecatholique clate, le prochainpape devra se confronter, plusencore que ses prdcesseurs, auxdiffrentes cultures et de nou-veaux modes de communication.Ce dialogue avec lemonde suppo-

    se aussi des relations renforcesavec les autres croyances. Si leschanges avec les autres religionschrtiennes et avec le judasmesont plutt dordre thologique, ledialogue avec lislam ncessiteunevisionclairedesenjeuxgopo-litiques et des quilibres. Si Fran-ois sinspire, sur ces questions-laussi, de son modle saint Fran-oisdAssisequi, auXIIIe sicle, alla la rencontre du sultan, alors lenouveau pape devrait se montrerpluttpartisandudialogue.p

    S. L. B.

    UnnouveauchefpouruneEgliseenproieaudouteLepapeFranoisdevrasemployercombler le fossqui sest creusavec lescroyantsetcombattre lapostasie silencieusedes fidles

    YFrreset surs,bonsoir! Commevous le savez, pen-

    dant le conclave,onchoisit lv-quedeRome.Ondiraitquemesfrres cardinauxsont alls lepren-drepresqueauboutdumonde,maisnousvoil. Je vous remerciepourvotre accueil, celuide la com-munautdudiocsedeRomesonvque.Avant tout, je vou-drais faireuneprirepournotrevquemrite,BenotXVI. Prions

    pourque leSeigneur lebnisseetpourque laVierge legarde.[Franois rciteunNotrePre etunJevous salueMarie]. Etmainte-nant, commenonscechemin, v-queetpeuple.Ce cheminde lEgli-sedeRome, cellequiprside lacharitde toutes lesEglises.Uncheminde fraternit,damour,deconfianceentrenous.Prions tou-jours lesunspour lesautresetprionspour lemonde,pourquil yaitunegrandefraternit. Je souhai-

    tequece chemindEglise, et encela le cardinalvicairemaidera,soit fructueuxpour () lvangli-sation. Je veuxvousdemanderune faveur, avantdevousdonnermabndiction, je vousdemandevotreprire,qui est labndictiondupeuplepoursonvque [il sin-clinealorspour recevoir labndic-tiondes fidles].Demain, je vaisprier laViergepourquelleprot-ge lavilledeRome.Ademain,bientt.Bonnenuit, bonrepos.p

    A linstant o la fume blanche, signe de llection du pape, apparat place Saint-Pierre. EMILIO MORENATTI/AP

    JevousdemandevotreprireVerbatimDansungestehistorique, lepapesest inclindevant lesfidles

    30123Vendredi 15mars 2013

  • Portrait

    BuenosAiresCorrespondante

    Llectiondu cardinal argentinJorgeMario Bergoglio au tr-ne de Saint-Pierre est unegrande premire dans lhistoire delEglise catholique: cest la premi-re foisquunpapevientdesAmri-ques. Cest aussi la premire foisdans lhistoire du Vatican quilappartientlaCompagniedeJsus.

    Ag de 76 ans, larchevque deBuenos Aires et primat dArgenti-ne est un jsuite austre, consid-r comme conservateur enmati-re de doctrine et progressiste enmatire sociale.

    Il avaitdj failli tre lu, lorsduconclave de 2005, o il avaitrecueilli le plus grand nombre devotesderrire JosephRatzinger.Aulendemain du conclave, un cardi-nal lecteur avait rapport, souscouvert danonymat, quau fur et mesure que les suffrages en safaveur augmentaient, le visage deMgr Bergoglio blmissait. Il seseraitmontr si effraypar la pers-pectivededevenirpapequesessou-tiensse seraienteffondrs.

    Lestempsauraientdoncchang.Llectionrapideducardinalargen-tin, qui ne figurait pas parmi lesfavoris, est le couronnementduneascension fulgurante. Archevquede Buenos Aires depuisfvrier1998, il est lepremierjsuiteavoirtnomm,par Jean-Paul II,primat dArgentine, le 21 janvier2001. En dpit de cette carriremtorique, il est rest trs hum-ble et mne une vie discrte etmodeste, confie Buenos Airesson ancien porte-parole, le PreGuillermoMarco. Ilaimelamarcheetprfrelautobusoulemtroauxvoitures avec chauffeur. Il a refusdhabiter le somptueux htel delarchevchdeBuenosAires,prf-rant un petit appartement de laCurie.Ilcultiveunprofilbas,fuyanttouteviemondaineettoutepublici-t.Mgr Bergoglionaccordepasdin-terviews, tout en tant lui-mmeunlecteurassidude lapresse.

    Cest un intellectuel: ingnieurchimiste, il est galement licencien philosophie et en thologie. Ilmatrise, outre lespagnol et lita-lien, langlais, lallemand et le fran-ais. Suivant la tradition des disci-ples de saint Ignace de Loyola enAmrique latine, cest galementun homme daction insr dans laralitsociale.Malgrunesantfra-gile,Mgr Bergoglio, qui vit avec unseul poumon depuis lge de20 ans, est unhommede terrain. Ilpasse sesweek-endsparcourir les

    paroisses les plus dfavorises et sentretenir avec les prtres desbidonvilles et des prisons.On ledittrs attentif aux besoins de sessubordonns, qui peuvent le join-dretoutmomentsurunelignedetlphonedirecte.

    Une anecdote circule BuenosAires selon laquelle larchevquede Buenos Aires aurait participauxcacerolazos (concertsdecas-seroles) organiss pour protestercontre leffondrement financier delArgentine, en2001 et 2002. Leshomlies deMgr Bergoglio lui ontvalu,lpoque,unegrandepopula-rit parmi les plusdshrits,maisaussidansuneclassemoyennedra-matiquement appauvrie. AdolfoPrez Esquivel, prix Nobel de lapaix, ledcritcommeuneperson-

    ne attentive et ouverte, se rjouis-sant quil sorte de la sacristie etsoccupedusocial.

    Jorge Mario Bergoglio est n Buenos Aires le 17dcembre 1936,dans le quartier de Flores, au seindune famillemodeste dimmigrsitaliens.Lefuturpapeallait lcolepublique.Sonpre,Mario,taitche-minot et sa mre, Regina Sivori,une femme au foyer qui a levcinqenfants.

    A22ans, le jeune Jorgedcidederentrer dans les ordres. A 33 ans, ilest ordonnprtre et fait pratique-ment tout son sacerdoce BuenosAires,dont il futnommvqueen1992. Ila36ansquandilestlupro-vincial (responsable national) desjsuitesargentins.Ilconserveracet-

    te charge pendant six ans. Son rlependant les annes de plombde ladictature militaire (1976-1983) estsujet controverse BuenosAires.Pour certains, le prlat sest battupour conserver lunit des jsuites,taraudspar la thologie de la lib-ration, quil a condamne, avec unmot dordre: maintenir la non-politisation de la Compagnie deJsus .

    Cestunpersonnagenigmati-que, fascinant et polmique, notela journaliste Olga Wornat. Il sop-pose la lgalisation de lavorte-ment,aucontrledesnaissanceset lordination de femmes. Mais ilest progressiste enmatire sociale.Cest le seul vque qui soit venuvoirmonmarilhpital,peuavantsamort en 2000, se rappelle avecmotion Clelia Luro, la veuve deJeronimo Podesta. SurnommlEvque rouge dAvellaneda, unfaubourg pauvre de Buenos Aires,Mgr Podesta, qui dnonait lesinjustices sociales dans les annes1960, avait t suspendu de sesfonctionspour stremari avec sasecrtaire.

    En septembre2012, larchev-quedeBuenosAiresadurementcri-tiqu ses pairs, qualifiantdhypo-crites les prtresqui refusaientdebaptiserlesenfantsdemrescliba-taires. Le 9octobre 1999, il tait leseul reprsentant de lpiscopat assisterau transfert de la dpouillemortelleduPreCarlosMugicajus-qu laVilla 31, le plusgrandbidon-ville de BuenosAires, o travaillaitle charismatique prtre ouvrier,tu par des commandos paramili-tairesen 1974.Cestgrce luiqueCarlos repose parmi ceux quilaimait, assure Marta, la sur duPreMugica.

    Les dtracteurs de Mgr Bergo-glio dans les rangs des dfenseursdes droits de lhomme laccusentde complicit avec les militaires,comme lensemble de lEgliseargentine.Dansson livreEl Silencio(lesilence,nontraduit),lejourna-liste argentin Horacio Verbitskyconsacre toutunchapitre aux rela-tions quaurait entretenues Jorge

    Bergoglio avec la dictaturemilitai-re.Lejournalisteavancequilauraitlivr aux militaires, en 1977, deuxjeunes prtres jsuites qui tra-vaillaient dans des bidonvilles. Ilsavaient t relchs six mois plustard sous la pression internationa-le.Cestunecalomnie, rfuteCle-lia Luro :Bergoglioacherch lesprotger en les avertissant du dan-ger.

    Mgr Bergoglio part ensuite enAllemagne,Fribourg,oilobtientson doctorat en thologie. A sonretour en Argentine, en 1981, ilreprendlactivitpastoralecommesimplecurdeprovincedans lavil-ledeCordoba, 700kmaunorddeBuenos Aires. En mai 1992, ilrevientdans la capitale lademan-de dAntonio Quarracino, alorsarchevque de la ville, qui le dsi-gnecommevqueauxiliaire.

    Timideetpeubavard,MgrBergo-glio est cependant vhmentquandil sagitdednoncer lenoli-bralisme, la corruption, le client-

    lisme politique et la pauvret. Il acoutumedemettreengardecontre la dissolution nationale enArgentine.

    Lesprsidentsqui sesontsucc-ddepuisvingt-cinqansdupro-niste Carlos Menem, en passantpar le radical Fernandode laRuaetjusqu lactuelle prsidente pro-niste Cristina Kirchner nont past pargns par ses critiques. LeplusduraffrontementavecMmeKir-chner sest produit aumoment deladoption, en juillet2012, de la loiautorisantlemariageentreperson-nes du mme sexe. La prsidenteargentineavaitreprochMgrBer-goglio de vouloir revenir auxtempsde lInquisition .

    Lesrelationsonttparticulire-ment tendues avec lancien prsi-dent proniste Nestor Kirchner(2003-2007), qui reprochait lar-chevque de Buenos Aires de secomportercommeunpartipoliti-que. LapresseargentinevoyaitenMgr Bergoglio le vritable repr-

    sentantde lopposition.LadcisiondeM.Kirchnerdene

    pasassisterauxfunraillesdeJean-Paul II avait provoqu un profondmalaise dans lpiscopat. MgrBer-goglioavaitcritiqulesprogressis-tes adolescents, en rfrence austyle batailleur et peu diplomati-quede lancien chefde lEtat.

    Au Vatican, MgrBergoglio a vusa rputation grandement accrueparmi ses pairs pour son travailcomme rdacteur adjoint du rap-port final du synode docto-bre2001. Le rapporteur principal,larchevquedeNewYork, EdwardEgan,navaitpufinirsamissiondufait des attentats terroristes du11-Septembre. Cest au cardinalargentin quil tait revenu demener lessentieldes travaux.

    En bon Argentin, le nouveaupape Franois est un fanatique defootball.EtungrandlecteurdeBor-ges et Dostoevski, amateur dop-ra etde tango.p

    ChristineLegrand

    lvnement

    Malgrunesantfragile,MgrBergoglio,quivitavecunseulpoumondepuislgede20ans,est

    unhommedeterrain,parcourant

    lesbidonvilleset lesprisons

    Premier pape sud-amricain etpremier jsuite monter sur letrne de saint Pierre, JorgeMario Bergoglio a commencson pontificat par une autre pre-mire, en se choisissant pournomcelui de Franois, quaucunde ses prdcesseurs navaitencore pris.Dordinaire, le choix dun pr-nomest une faon de rendrehommage lun de ses prdces-

    seurs ou des figures dvang-listes. Rien de tel ici : JorgeBer-goglio a choisi dinaugurer sonpontificat en se plaant dans lespas dune autre grande figure delhistoire de lEglise, saint Fran-ois dAssise (1182-1226), cra-teur de lordre des frresmineurs (les franciscains), dontle vude pauvret et laccentsur lvanglisation sont deuxdes fondements.

    DanslesruesdeBuenosAires, lasurprisetotalelaisselaplacedesscnesdejoieDesmilliersdepersonnesont investi lesglisesde lacapitaleargentine, exprimant leur fiertdevoirMgrBergoglioportausommet

    Lascensionfulgurantedunaustrejsuiteargentin,porte-voixdesdshritsLerlede JorgeMarioBergogliodurant ladictatureargentineest sujetcontroverse,dansunpayso lEglisenesestpasopposeauxmilitaires

    BuenosAiresCorrespondante

    Surprisetotale BuenosAires,mercredi 13mars, lannon-ce de llection dun papeargentin. Larchevque de BuenosAires et primat dArgentine, JorgeMario Bergoglio, navait pas tmentionn parmi les favoris. Enpartie sans doute cause de songe (76ans) et dune santque londit fragile. Il y a huit ans, lors duprcdent conclave, il tait arriven deuxime position aprs Jose-phRatzinger.

    La deuxime fois tait la bon-ne !, sest exclame, les larmesaux yeux, enmilieu daprs-midi,une quinquagnaire sur lavenueSanta Fe. Un concert de klaxonsvenait dclater soudainement

    dans la principale artre commer-antedeBuenosAires, lannoncede llection du cardinal argentin.Des commerants, qui avaient latlvisiondans leursboutiques, sesont prcipits sur le trottoir pourcommuniquer avec effusion lanouvelle aux badauds qui dam-bulaient, incrdules.

    On commentait lhumilit deJorge Bergoglio, sa viemodeste, saproccupation pour les ingalitssociales, sa rigoureuse formationde jsuite. Il sest impos commecelui qui saura redonner force lEgliseaprs lesnombreuxscanda-les qui lont branle, assurait unmarchand de journaux. Dans larue, des applaudissements, maisaussi des silences.Sans commen-taire,murmuraituncoupledtu-diants en acclrant le pas.

    Le primat dArgentine est lechef dune Eglise catholique trscontestepoursonrlependant ladictature militaire (1976-1983).Contrairement cellesduBrsil etdu Chili, lEglise argentine nestpas venue en aide aux victimes delarpressionetna jouaucunrledansladfensedesdroitsdelhom-me. Certains laccusent de compli-cit avec lesmilitaires.

    Encore lamain deDieuIl a fallu attendre septem-

    bre2000pourquelEgliseargenti-ne fasse un timide acte de repen-tance sur son silence pendant lesannes de plomb, aprs le meaculpadesmilitaires.

    Dieu est argentin, affirmeune expression populaire pourillustrerlesrichessesnaturellesdu

    pays, rappelait un garon la ter-rasse dun caf, ajoutant ironique-ment: Et bien maintenant, nousavonsmmeunpapeargentin!

    Encore lamain de Dieu, a tune des phrases les plus populai-res sur le site de microbloggingTwitter,enrfrencelamaindeDieu de Diego Maradona, qui sedfinit comme le Dieu du foot-ball, et qui avait limin lAngle-terre enquarts de finale de la Cou-pedumondeen 1986.

    Dans un pays o le football estune deuxime religion, Jorge Ber-goglio na jamais cach sa passionpour le ballon rond. Il est suppor-teurduclubdeSanLorenzo, fondparunprtre.

    Dans la soire, des milliers depersonnes ont exprim leur joieeninvestissantlesglisesdesdiff-

    rents quartiers. Ils se sont rendusmassivement sur la place de Mai,o se trouve la cathdrale, face aupalais prsidentiel, pour assister unegrandemesseenlhonneurdupape Francisco.

    Oubliant ses relations orageu-ses avec larchevque de BuenosAires, critique de son gouverne-ment, laprsidentepronisteCris-tinaKirchner a saluune lectionhistorique. Elle a souhait aunouveau pontife une tche pas-torale fructueuse dans lexercicede si grandes responsabilits larecherchede la justice, de lgalit,de la fraternit et de la paix pourlhumanit. MmeKirchner, quiestcatholiquepratiquante,a indi-qu quelle se rendrait Romepour la crmonie dinvestituredupape.

    Bergoglio est trs intelligent,estime Ruben Dri, philosophe delareligion lUniversitdeBuenosAires. Il souligne les proccupa-tions sociales du nouveau pontifeet ses habitudes de visiter lesbidonvilles.

    Malgr cela, M.Dri, partisan dela thologie de la libration, laquelle sest toujours opposMgrBergoglio, regrette le choixdun homme trs politique, dunhommede pouvoir oppos au pro-jet populaire desKirchner.

    Cela dit, deRome, il soccuperamoins de la politique argentine,espre le thologien, craignanttoutefois que le pouvoir de lEgli-seargentinenesoitencorerenforcpar larrive au Vatican dun papeargentin.p

    Ch.Le.

    JorgeMario Bergoglio, alors archevque de Buenos Aires, en avril 2005. NICOLAS POUSTHOMIS/PICTURETANK.COM

    Unprnomenhommage saint Franois dAssise

    4 0123Vendredi 15mars 2013

  • lvnement

    LareligiositpopulairedesAmriquesConcurrencpar lesvangliquesenAmriqueduSud, lecatholicismeprogresseauxEtats-Unis

    Analyse

    Prsdun catholique sur deuxest latino-amricain. Plusprcisment 40%, selon lesstatistiques,prendreavecprcau-tion puisquil faudrait faire la dis-tinction entre les baptiss et lespratiquants,sansoublier les trans-fugeset les syncrtiques. La ralitest vrifiable sur place.

    Le catholicisme reste une forceen expansiondans les Amriques,tandis quil recule en Europe, ber-ceau de la chrtient. Autre diff-rence, labaissedelapartdescatho-liques dans les nations dAmri-queduSudnestpasduelascula-risationdelasocit,commesurleVieuxContinent,mais la concur-rence dautres cultes, notammentdes Eglises vangliques. LAmri-que latine est prodigue en nou-veaux mouvements religieuxalternatifs, qui ne mritent pastous le nomde secte.

    Intacte, la religiosit populaireimprgnetoute lasphresociale,ycompris la politique, comme lamontr le mysticisme entourantlagonie du prsident vnzulienHugo Chavez. Mme dans despays o lEglise catholique a tou-jours t minoritaire, voire litis-te, cette religiosit ne demandequ refaire surface. A Cuba, en2011, une interminableprocessionde laViergede laCharitduCuivrea parcouru toute lle, suscitantune ferveur digne des grand-mes-ses du castrisme.

    AuMexique,plusdundemi-si-cle de lacit radicale, succdant une guerre contre les paysanscatholiques (1926-1929), na pas

    entam lardeurdes foulesdeple-rinsqui se rendent labasiliquedela Vierge de Guadalupe, ou lareprsentation de la passion duChrist Iztapalapa,prsdeMexico.

    Sensibles aux injusticesLecatholicismeest trsprsent,

    pourlemeilleuretpourlepire.Surles questions de socit, les fem-mes,surreprsentesdanslestem-ples,enpayentleprixfort.LeChili,lArgentine et le Brsil ont lu desfemmeslaprsidencedelaRpu-blique. La Chilienne MichelleBachelet tait mdecin. Nemp-che, lavortement y reste tabou,

    mmepour raison thrapeutique.Cependant, la compassion et la

    charit ont favoris davantage desensibilit lgard des injusticessociales. Cela na pas t sansmal,puisque la thologie de la libra-tion , en vogue dans lesannes1960et 1970,dansla fouledes rformesdu concileVatican II,adivislEglise.Loptionprfren-tiellepour les pauvresdes tholo-giens latino-amricains sestaccompagneduneprgnancedumarxisme que les doctrinairesnont jamais accept. Et la rupturea t consomme lorsque des pr-tres ont assum des responsabili-

    ts politiques, comme au Nicara-gua aprs la rvolution sandinistede 1979, ou plus rcemment auParaguay, lorsque lvque despauvres, FernandoLugo,atluprsident de la Rpublique(2008-2012).

    Concurrenc par les vangli-quesenAmriqueduSud, lecatho-licisme tente de sadapter et derebondir. Aux Etats-Unis, terre demission traditionnelle des protes-tants, lEglise romaine progressegrce aux immigrs latinos. AuNouveau Monde, Dieu reste unepuissancequon separtage.p

    PauloA.Paranagua

    Dans la cathdrale deBuenosAires, lannonce de llection de JorgeBergoglio,mercredi 13mars. I. FERNANDEZ/AP

    Sidans lemonde entier llec-tion de lArgentin Jorge Ber-goglio, dsormais le papeFranois, a t salue, elle a ttout particulirement bienaccueillie dans les pays du Sudpour lesquels lorigine gographi-que dun jsuite aux racinesmodestes est source despoir.

    Llection du premier papedes Amriques, comme la sur-nommBarack Obama tmoigne,selon le prsident amricain, dela force et de la vitalit dunergion qui influence de plus enplus notre monde, et comme desmillions dAmricains hispani-ques, nous, aux Etats-Unis, prou-vons lamme joie en cette journehistorique.

    Le premier ministre franais,Jean-Marc Ayrault, a lui aussisalu llection audacieusedun pape qui ne soit pas Euro-pen.LeprsidentFranoisHollan-de a assurque la France, fidle sonhistoireetauxprincipesuniver-sels de libert, dgalitet de frater-nit () poursuivra le dialogueconfiant quelle a toujours entrete-nu avec le Saint-Sige.

    La chancelire allemande,Angela Merkel, fille dun pasteurprotestant, attend, quant elle,une orientation, non seulementdans les questions lies la foi,mais aussi en ce qui concerne lapaix, la justice et la sauvegarde dela cration.

    Mais cest dans les pays du Sud,pauvres ou mergents, que larri-vesurprisedupapeFranoisatparticulirement apprcie. Il est

    n sur le continent de lespran-ce, notent les vques brsiliens,pour qui cette lection revitali-se lglise catholique.

    Llection dun pape venudAmrique latine a aussi ravi ettouch les vques dAfrique duSud parce que ce fils dimmigrsitaliens connat bien les probl-mes et les dfis que le monde endveloppement doit affronter,pensent-ils. La premire ministreaustralienne,JuliaGillard,ouverte-mentathe,aelleaussisalullec-tion historique dun pape duNouveauMonde.

    Invit en PalestinePourJohnDingi,prtre lglise

    catholique de Khartoum au Sou-dan,unpaysislamique,ilestposi-tif pour lAfrique [davoir un papelatino-amricain] car la chrtientestenaugmentationrapideenAfri-que, en Amrique latine et enAsie. La prsidente du Brsil, Dil-ma Rousseff, a soulign que lesfidles lattendaient avec impa-tience Rio de Janeiro pour lesJournesmondialesde la jeunesse(JMJ), en juillet.

    Au Proche-Orient, le prsidentpalestinien, Mahmoud Abbas, aconvi le chef de lEglise catholi-quevisiterBethlem,enCisjorda-nie, le lieu de naissance de Jsusselon la tradition.Mmeespoir dela part du Patriarche latin de Jru-salem,MgrFouadTwal,quiformu-le un vu : Quil continue uvrer en faveurde lapaix et de lajusticeau Proche-Orient.p

    AdrienAuxent (avecAFP)

    LespaysduSudsaluentllectiondunArgentinLanationalitdupapenourritbeaucoupdattentes

    50123Vendredi 15mars 2013

  • internationalLeParlementeuropenengageunepreuvedeforceaveclesEtatsLeseurodputsontrejetenmasseleprojetdebudgetdurementngocipar lesdirigeantsdesVingt-Sept

    LacrisedidentitduneAssembleenqutedmancipationetdecrdibilit

    StrasbourgEnvoy spcial

    LeschefsdEtatetdegouverne-ment des Vingt-Sept pen-saient avoir fait le plus dur.Aprs deux sommets lun, rat,en novembre2012 ; lautre, enfvrier2013, conclu lissue devingt-six heures de ngociationsacharnes , lpineuse questiondu budget de lUnion europenne(UE) pour la priode 2014-2020semblait rgle. Au rabais, certes,avec un budget global en reculpour lapremire foisdans lhistoi-re de lUnion, mais le compromistaitl,acceptycomprisparleBri-tannique David Cameron, parti-sandune rductiondrastique.

    Mercredi 13mars, le Parlementeuropen a rebattu les cartes enadoptantmassivementunersolu-tion trs critique du compromistrouv le 8 fvrier. Cette rsolu-tion,dposeparcinqgroupespoli-tiques et adopte par 506 voixcontre 161, indique que le Parle-ment, auquel le trait de Lisbonnede 2009 confre un droit de vetosur le sujet, rejette sous sa formeactuelle le projet de budgetconcoctpar leConseil europen.

    Lesmotsemployssont inhabi-tuellement durs. Les parlementai-res dplorent le foss entre lesengagementspolitiquesde lUnioneuropenne et ses moyens budg-taires. Ils accusent le Conseildavoir manqu de transparen-ce et mme davoir outrepassson rle en dcidant de lattribu-tion de certains fonds pour obte-

    nir lassentiment de tel ou tel Etatmembre davoir organis unengociation de marchands detapis, a rsum lundesmeneursde la fronde, le prsident (UMP) dela commission des budgets AlainLamassoure.

    Les eurodputs, qui dfendentdepuis plusieurs mois ladoptiondun budget ambitieux, mmedapporterdesrponseslacriseentermes demploi, de croissance oudinnovation,onteulaprudencedene pas remettre en cause le mon-tant de lenveloppe globale, fixe 960milliards deuros (1% du reve-nunationalbrutde lUnion).

    Leursrevendicationssonttoute-fois importantes avec, pour objec-tif, une meilleure utilisation desressources, rognes dans le climatgnral daustrit, et lambitiondemodifierenprofondeur, lave-nir, la faon dont est tabli le bud-get de lUnion.

    Il y a dabord la question de laflexibilit, qui permettrait detransfrer des fonds non utilissduneannesurlautreetdunpro-grammelautre ; cellede lutilisa-tion intgrale des crdits de paie-ment, qui contribuerait viter

    que lUnion se retrouve en dficit,comme cest le cas actuellementavecdesimpaysatteignant17mil-liardsdeurosen2013,notammentpour le programme dchangesuniversitairesErasmus.

    Le Parlement demande aussique la part des ressources propres tires dune future taxe sur lestransactions financires, dunetaxecarboneoudunreversementdunepartie de la TVA augmentesubstantiellement, seul moyen mme dviter les marchandagesentre Etats et de doter lUE dunesouverainet budgtaire. Cest lepoint qui change la donne, estimela socialistePervencheBrs.Celuiqui peut transformer un budgetconu comme un empilement decadeaux faits aux Etats en vrita-ble arme contre la crise.

    Dernierpoint, letextedemandeune rvision mi-parcours de cecadre budgtaire tabli pour septans, afindepermettreaunouveauParlement lu en 2014 dendosserun budget quil aura contribu laborer. Lide est aussi de pou-voir accompagner un ventuelredmarragede la croissance.

    Avec le vote de mercredi vasouvrir une difficile ngociationavec les dirigeants des Vingt-Sept,dsireuxdegarderlamainsurlla-boration du budget en mmetemps quun il sur une applica-tion stricte des rgles daustrit.Laffrontement sannonce dur,tant est vive linsatisfaction: Ilny a rien dans les conclusions duConseilquirpondeauxproccupa-tions exprimes par le Parlementdepuis plusieurs semaines. Ngo-cier sur cette base, cest dj trop,prvient Ivalo Kalfin, socialistebulgare, vice-prsident de la Com-mission du budget, qui fera, cetitre, partie des cinq ngociateursmandatspar le Parlement.

    La question des 17milliardsdeuros dimpays, qui placent defait lUnion en situationdedficit,ce que lui interdisent les traits,constitue un premier casus belli rgler avant mme dentrer danslevif desngociations.Unengage-ment des Etats sur les ressourcespropres apparat aussi ncessaire.

    Alain Lamassoure, qui dirigeralquipe de ngociateurs, recon-

    nat qu il faudra ensuite lcherun peu sur chacun des points vo-qus dans la rsolution sans enabandonneraucun.

    Mais le rapport de force nestpour une fois pas dfavorable auParlement, malgr la proximitdes lections europennes, enmai2014, qui rend une partie desparlementaires nerveux quant leur investiture. La large majoritobtenue mercredi par la rsolu-tion montre que la menace dunveto du Parlement est bien relle,puisquil faudra in fine que378dputsvalidentlecadrefinan-cier pluriannuel. Seule une partiedu groupe majoritaire, celui de ladroite (PPE), a tent dattnuer lavigueur de la rsolution en luitant le terme rejet.

    Mais la manuvre a chou etles frondeurs,majoritairementdes

    eurodputspolonaiscraignantderenverser un accord trs favorable leurpays, sy sont rallis.

    Ctait lpreuve du feu, et leParlementest toujoursdebout, serjouissait aprs le voteM.Lamas-soure, qui prenait un plaisir nondissimul rappeler que le tempsjoue contre les Etats puisque, encas dedsaccord, les rgles de 2013sappliqueront automatiquementpour 2014 soit des montantssuprieurs ceux ngocis enfvrier par les chefs dEtat et degouvernement.

    Mercredi, les parlementairescachaient dailleursmal leur satis-faction davoir ralis un coup,alorsqueleurinstitutionestvolon-tiers moque pour sa faiblesse. LeprsidentduParlement, le socialis-te allemand Martin Schulz, vo-quaitungrandjourpour ladmo-

    cratie europenne, tandis que laFranaise Catherine Trautmann(PS)saluaitunactefort,surtoutvulespressionsqui se sont exerces.

    Le but nest pas demontrer lesmuscles pourmontrer les muscles,relativise la dpute bulgare (PPE)Mariya Gabriel. Aprs le Conseil,chaquepremierministre est rentrchez lui en clamant Jai gagn!.Onavoulurappelerque lambitioneuropenne avait t oublie enchemin.

    De toutes les grandes bataillesque le Parlement amenes, celle-ciest sans doute la plus importante,estime quant lui le chef de filedes libraux, leBelgeGuyVerhofs-tadt.A la fois pour obtenir un bud-get plus efficace dans la crise etpour changer en profondeur lanature de lUnion.p

    BenotVitkine

    Analyse

    BruxellesBureau europen

    Chefs dEtat et de gouvernementdesVingt-sept sont avertis: le Par-lement europena brandihaut etfort,mercredi 13mars, Stras-bourg lamenacedun rejet, soussa formeactuelle, du budgetngo-ci dehaute lutte par le Conseileuropenvoici peineunmois.

    Lamiseengardeapris la formedunersolutiontrs critiquevotepar lesdeuxtiersdeslus laveilledunnouveausommeteuro-pen, jeudietvendrediBruxelles.La concidencenedoit rienauhasard.Quellequesoit lissuedesngociationsqui sengagententreleseurodputset lesEtats, cettemenacedeveto tmoignede lavolontdaffirmationdeseurod-puts, aumomento leur institu-tionestmalmenepar trois ansdecrisede leuro, etde lEurope.

    Car, au-delduvote demercre-di, le Parlement chercheunsecond soufflepourpeser dansuneUnioneuropenne transfor-mepar la crise des dettes souve-

    raines. LUnion est devenueunensembledeplus enplus centrsur la zone euro, et trs intergou-vernemental. Certes, sur le papier,les eurodputsdisposent depuislentreenvigueurdu traitdeLis-bonne, fin 2009, denouvelles pr-rogatives, qui en font des acteursincontournables. Ctait unequa-si-conscration,plusde trenteans aprs la premire lectiondeces lus au suffrageuniversel.

    Le Parlement europenestdsormais enpositionde codci-der des dpenses communautai-res, et peut doncbloquer les pro-jets de budget qui lui dplaisent.Il peut aussi approuverou rejeterenbloc les traits internationaux,comme les accords commerciaux,ngocispar la Commissioneuro-penne surmandat des Etats.

    Il peut encore colgifrer dansdesdomaines o les gouverne-ments avaient autrefois lamain-mise sur les dcisions, commelagriculture. Ce que les lus ne sesontpas privsde faire,mercredi,pourpeser, dansun senspluttconservateur, sur la rformede lapolitiqueagricole commune.

    Depuis trois ans, le Parlement

    europena tent, avec un certainsuccs, dutiliser lentiret de sespouvoirs, contre vents etmares.

    Faceauxdivergencesentre lescapitales, il sest voulu la pointedesprojetsde rgulation financi-re, imposant entre autres le pla-fonnementdes bonusbancaires,ouplaidant avant lheurepourune supervision intgredes ban-ques. Il na pashsitnonplusrejeter certains accords sensiblescomme le transfert dedonnesngocis avec les Etats-Unis.

    Ces temps-ci,MartinSchulz,pr-sidentsocialisteduParlementdepuis janvier2012, se sertdesafonctioncommeduntremplinpourdautreshorizonsbruxellois,commelaprsidencede laCom-mission. Ildonneunvisageetunevoixcettevolontdepesersur lespolitiquesdesVingt-Sept.Sur lesquestionsbudgtaires, leParle-mentadailleursbeaujeu, faceuneCommissioneuropennepluseffaceque jamais,devouloirincarner lintrtgnraleuropenface lapingreriedesEtats, encet-tepriodedaustritgnralise.

    Il nempche, lhmicycle tra-verseunevritable crise didenti-

    t, unpeuplus dunandes pro-chaines lections europennes. Lescrutindemai2014pourrait tremarqupar undouble phnom-nequi donnedes sueurs froidesaux lus: une abstention record,et lamonte enpuissancedes for-ces eurosceptiques et populistes.

    De surcrot, la crise de leuro acontribumarginaliser les lus.Les dcisions qui nous concer-nent tous sontprises par les diri-geants huis clos, regrettaitMartin Schulz aumomentde sonlection, en janvier2012. Cela rap-pelle le tempsdu congrs de Vien-ne, o les intrts nationauxpri-maient, et cela en dehors de toutcontrledmocratique.

    Toutau longdusauvetagechao-tiquede leuro, ce sont les Etats,

    contrlsdes degrsdiversparles chambresnationales, Bundes-tagen tte, quiontt lamanu-vre. Ils se sont biengards jus-quici de confier auxeurodputsdenouveauxpouvoirs. Le renfor-cementde ladisciplinebudgtai-re, exigpar la chancelire alle-mandeAngelaMerkel en changedesplansdaide, aplutt confortlaCommissionau seindugouver-nementconomiquequi merge.Unexcutif europenpourtantlui aussi enpertedevitesse.

    Par ailleurs, la Banque centraleeuropenne sest imposepourpiloter le sauvetage, voire jouerun rle dimpulsionpolitique,sans vritable garde-foudmocra-tique auniveau europen. LeParlement europen est le Parle-ment de la zone euro, veulentcroire ses dirigeants, bienconscientsde la ncessit desadapter, par exemple en crantune sous-commission chargedelUnionmontaire.

    Mais, pour lheure, la commis-sion des affaires conomiques etmontaires est toujours prsidepar une Britannique, dont lepays ne fait pourtant pas partie

    de leuro et ne jure que par sonParlement.

    Le trait de Lisbonnea ouvertdes voies dinfluenceextrmementpuissantes, conditionde sendon-ner lesmoyens logistiques ethumains, observe Florent Saint-Martin, auteur dun livre intitulLe Parlement europen (LaDocu-mentation franaise, 2009). Or lesparlementairesmanquentdecapacitdexpertise et restenttrs sensibles auxargumentsdeslobbyistesbruxellois. Lordre dujour des sessions de Strasbourg,dpendantdes initiativesde laCommissioneuropenne, estbien souventmodeste.

    Labsentismede certains lusreste lev, quand cenest pasleur rputationqui estmise encause, comme la prouv le pigetenduavec succs, en 2011, parunjournal britannique trois lusprts monnayer leurs services.

    Dans ce contexte, le rejet oupasdubudget concoctpar les capita-les, sous lahouletteduprsidentduConseil europen,HermanVanRompuy, a valeur de test pour lacrdibilitdes eurodputs.p

    PhilippeRicard

    Lesparlementairesdplorent lefoss

    entrelesengagementspolitiquesdelUnion

    etsesmoyensbudgtaires

    La zone euro devait tenter, diciau vendredi 15mars, de semet-tre enfin daccord sur le plan desauvetage deChypre. ChefsdEtat et de gouvernementdevait en parler, jeudi soir, avecle nouveau prsident chypriote,NicosAnastasiades, enmargeduConseil europen. Le lende-main, lesministres des financesde leuro seront chargs deprci-ser le plan daide.Le FMI insiste, avec le soutien ini-tial de lAllemagnemais contrelavis dunemajorit des Etats

    dontChypre, de la BCE et dela commission, pour imposerdes pertes aux dposants privsafin demieux assainir un syst-mebancaire en grande difficul-t. Une faon de limiter lam-pleur du plan daide et de nepastrop alourdir la dette du pays.Afin dviter cette option jugerisque, la zone euro veut diver-sifier les sources de finance-ment du plan, en sadjoignant leconcours des Russes, et entaxant davantage les banques etles entreprises. (Corresp.)

    La zone euro tudie le plan de sauvetage deChypre

    A lAssemble de Strasbourg, mercredi 13mars. FREDERICK FLORIN/AFP

    Leseurodputsdisposent,avecle

    traitdeLisbonne,denouvellesprrogativesquienfontdesacteurs

    incontournables

    6 0123Vendredi 15mars 2013

  • international& europe

    NewYork (Nations unies)Correspondante

    Branle-bas de combat lONUpour la mise sur pied dune16eopration demaintien delapaix(OMP),provisoirementaffu-bledunomdeMinuma,pourMis-sion de stabilisation des NationsuniesauMali.

    La France, dont 4000soldatscombattent depuis le 11 janvier lesgroupes arms islamistes dans lenord du pays, a officiellementannonc son intention de passerle relais. Non seulement la saisonchaude dj bien entame avecdes tempratures dpassant les420Cdevraitrendrelesoprationsmilitaires difficilement grablesdiciunetroissemaines,maislesFranais nont pas lintention desinstaller dans la dure, souligneunesourcediplomatique.

    Leurmaintien sur le solmalienune fois les casques bleusdploys ne serait que transitoire,quand bien mme plusieursacteurs engags dans cette crisesouhaitent quils restent. Desexperts du maintien de la paixdisent comprendre le refus deParisdegarderunecapacitterres-tre au Mali, qui pose la fois unproblmefinancier etunproblmedaffichage. Vous tes les libra-teurs pendant trois mois et sou-dain vous devenez les occupants,rsumeundiplomateoccidental.

    Le dsengagementdevrait doncse faire demanire gradue et tresuivie dune phase de coexis-tence avec les forces onusiennes.Au sein du Conseil de scurit delONU, le consensus prvaut. Lecalendrierderetraitdesforcesfran-aises est jug raisonnable parplusieursdes 15paysmembres.

    LOMP pourrait mobiliser jus-qu 10000hommes. Lide estdintgrer dans ses rangs les quel-que 8000militaires ouest-afri-cains et tchadiens dj dployssur place dans le cadre de la Mis-sion internationale de soutien auMali (Misma), et dy ajouterdautresunits,notammentburun-daisesetmauritaniennes.

    Les Etats-Unis ont t les pre-mierssuggrerledploiementdecasquesbleus, financirementprisen charge par les Nations unies. Laloi amricaine interdisant laidedirecte au gouvernement malien,car issu dun coup dEtatmilitaire,Washington naurait jamais pudbloquer la moindre somme enfaveur des troupes de la Misma.Les modalits de dploiement, leseffectifs, le mandat et les moyens

    de lOMP feront lobjet de recom-mandations du secrtaire gnralde lONU Ban Ki-moon dans sonprochain rapport sur leMali censtre prsent au Conseil de scuri-t le 25mars.

    Bamako crie vengeanceAucune rsolution ne devrait

    toutefois tre adopte avant lemois davril. Seule certitude,nousnchapperonspasunman-dat robuste, estime une sourcemilitaire, qui exclut cependant lacration dune force de ractionrapide, comme le rclament lespays africains, le Mali tant tropvaste pour y intervenir par-coupsdune seule base. Loptionretenue serait plutt lintgration

    dofficiers dtat-major au sein dela force onusienne pour orienterla planification, ainsi que doffi-ciersdeliaisonpourguidernotam-ment des moyens ariens. Ceshommes, dploys dans chaquesecteur,opreraient indpendam-ment de lONU mais en accordavec elle, profitant dappuisariens de lextrieur et terrestres(forces spciales). Lobjectif estdempcher toute rsurgence desgroupes arms.

    Le Tchad, qui souhaiteraitcontribuer hauteur de1 000hommes lOMP, et leBurundi, qui a jou un rle-cldans la lutte contre les islamistesen Somalie, pourraient fournir cesoutien. De son ct, la France

    sorienterait vers le maintien decontingents au Tchad ou au Sn-gal, mme dintervenir rapide-ment le cas chant.

    Mais rien nest grav dans lemarbre, insiste un diplomate, ladfinition des mandats risquantde dpendre de la situation sur leterrain. Et de relever que le dfiserapluspolitiquequemilitaire,la rconciliation avec les popula-tions touareg et arabe, souventvues comme proches des islamis-tes,tantloindtreacquise.ToutBamako crie vengeance, indi-que-t-il. Do limportance dunerelve onusienne et dune forteprsence politique de lorganisa-tion internationale.p

    AlexandraGeneste

    LONUprparelenvoidunemissiondemaintiendelapaixauMaliLescasquesbleusserontchargsdesuppler les troupes franaisesetdintgrer lessoldatsde laMisma

    Noussouhaitonsunmandat offensif

    StockholmCorrespondance

    Lemodle danois est en crise.Dans un nouveau sondagepubli, mercredi 13mars, parMetroXpress, le Parti du peupledanois (DF,extrmedroite)obtient17,8%, devant le Parti social-dmo-crate, la tte dun gouvernementde coalition de centre-gauche, quisecontentede16,5%.Ami-mandat,il sagit dune descente vertigineu-se pour le parti de la premireministre Helle Thorning-Schmidt,quiaobtenu24,8%auxlgislativesde2011,aprsavoirclamdurant lacampagnequetoutrsultatendes-sousde30%seraitun fiasco.

    Si cette tendance se poursuit,noussommesfaceunealternancehistorique dans la politique danoi-se,critThomasLarsen,lditorialis-te du quotidien Berlingske. Nouspouvons nous attendre une lec-tion lgislative [en 2015] dramati-que. Le sondage du 13mars est lepremier confirmer et mmeaccrotre la tendance releve le25fvrierdansunetudedopinionralise pour le DF. Ce parti anti-immigrsetopposlUnioneuro-penne avait soutenu le gouver-nement libral-conservateurentre2001 et 2011 en change duntrs net durcissement de la politi-quesur les trangers.

    Ce bouleversement politiquesobserve alors que le gouverne-ment propose plusieurs rformes.Leprogrammede croissance causele plus de tort au gouvernement,accus doffrir des allgements fis-cauxaux entreprises audtrimentdu service public et des allocationssociales.Labaissede laconsomma-tion publique atteindra 0,4% en2013, ce qui signifie lanon-crationde plusieursmilliers demplois. LeDanemark est en crise, avec untauxdechmagede6%,historique-menthautpourcepetitpays.

    Les allocations pour les tu-diantsvonttreamputes,etlesys-

    tme rform de faon les pous-ser entrer plus vite sur lemarchdu travail, ce qui a jet desmilliersde jeunes dans la rue fin fvrier.Autre rforme impopulaire, celleditede laideen liquide, quivalentdu Revenu de solidarit active,dontlarductionvaaffecterlesjeu-nes sans formation, dans lespoirque cela les pousse trouver unemploiou suivreune formation.

    Lextrme droite, qui depuis sacration en 1995 a beaucoup jousur la dfense des retraits et desdmunis, accuse le gouvernementdesenprendreauxplusfaibles.Lesractions sont dautant plus vivesque les conomies ainsi ralisessontdestines financer les allge-ments fiscaux des entreprises.Beaucoup dlecteurs de gaucheontainsi limpressiondtre trahis.

    Dans le pacte de croissance, legouvernement va rduire limptsur les socitsde 25%22%,maisaussirintroduirelallgementfis-cal pour les rnovations domesti-ques, en esprant relancer le sec-teurdubtiment.

    Mais pour la presse danoise, cedsaveu vient aussi de la nouvelleescalade de la guerre des gangs,quiaccrot lesentimentdinscuri-tetdefrustrationdesDanois,pro-fitantainsi lextrmedroite.Mer-credi soir, deux nouveaux tirsdans la banlieue de Copenhagueont fait un bless. Depuis le dbutde lanne,deuxpersonnesontttuesparballesetplusieursautresont t blesses dans la capitaledanoise.p

    OlivierTruc

    Des soldats arment un hlicoptre Tigre, le 10mars, sur la base de Tessalit. S.CHERKAOUI/COSMOS POUR LE MONDE

    LesEtats-UnisloffensivecontrelescyberattaquesLadministrationamricainesinquitede lamultiplicationdesagressionscontre lesentreprises

    Noussommesfaceunealternancehistoriquedans

    lapolitiquedanoiseThomas Larsen

    ditorialiste au Berlingske

    AuDanemark,lextrmedroitesenracinedanslepaysagepolitiqueLePartidupeupledanoisestenttedessondages,profitantde lacrisepolitiqueetscuritaire

    Entretien

    TimanHubert Coulibaly,minis-tremaliendes affaires trangres,depassage Paris avant de senvo-ler pour lesNationsunies, dfendlinitiative franaise et amricai-nedeplacer la force africaine sousmandatde lONU.Quel intrt y a-t-il dployerdes casques bleus auMali?

    Transformer laMismaenmis-sionde la paix de lONUpermet-tra dassurer les ressourcesmilitai-res logistiques et financiresncessaires au contingent africaindj dploy auMali. Lemandat

    de lONU, que lon souhaite offen-sif, permettra galementdavoirdes garanties sur les rglesdenga-gement, un cadre thique et de latransparencesur les oprationsmenespar lamissionde la paix.Celamettra fin auxpolmiques.Le contingent tchadien sera-t-ilintgr dans cettemission?

    Oui, cest la raisonpour laquel-le le Tchada rejoint dernirementlaMissionde soutien auMali[Misma, dployepar la Commu-naut conomiquedes Etats dAfri-quede lOuest]. Les accusationscontre larme tchadienneaccu-sedenrler des enfants soldats

    appartiennentaupass. lesenfants soldats sont en face, chezles terroristes. AuMali, les Tcha-diensont t hroques.LONUna pas pour habitude dedlivrer desmandats offensifs sesmissions de la paix

    Il faut unmandat robuste,offensif. Cene sera pasunemis-sion classique, parce quelle devraimposer la paix et lamaintenir. Ilne sagit pas de sinterposer entredesbelligrants.Onne sinterpo-se pas entreunEtat souverainetdes terroristes.p

    Proposrecueillis parChristopheChtelot

    Isral

    AccorddecoalitionautourdeBenyaminNtanyahouJRUSALEM.Le premierministre, BenyaminNtanyahou, est parvenuin extremis formerune coalitionde gouvernement en Isral, a annon-c, jeudi 14mars, uneporte-paroledu Likoud, arriv en tte des lec-tions lgislatives du 22janvier. Le Likouda concluune alliance avec laformationcentriste et laquedeYar Lapid, YeshAtid, qui a russi uneperce spectaculaire lors du scrutin, ainsi quavec le parti ultranationa-liste deNaftali Bennett,HabayitHayehoudi (LaMaison juive), et laformationde lancienneministre des affaires trangres Tzipi Livni,Hatnouah (LeMouvement). Les dtails de laccord et la rpartitiondesportefeuilles taient attendus jeudi en fin de journe. Le vote dinv-estituredevrait avoir lieu lundi 18mars, deux jours seulementavantlarriveduprsident amricain,BarackObama, en Isral et dans les ter-ritoirespalestiniens. (Reuters.)p

    Chine

    LesdputschinoisdsignentXiJinpingcommeprsidentPKIN. LAssemblenationale populaire chinoise a dsign, jeudi14mars, Xi Jinping, dj secrtaire gnral duParti communistechinois, commenouveauprsidentdeChine.M.Xi est lupour unman-datde cinq ansmais sa rlectionen 2018 sembledj probable. Agde59ans, fils dun clbre rvolutionnaire,Xi Jinpinga davantage les cou-des franchesque sonprdcesseur,Hu Jintao: le 18eCongrs sestconclu surune sorte de paix des braves entre les factions, qui sesttraduitepar le retrait de la vie politiquedHu Jintao et de Jiang Zemin.Xi Jinping a confirmson relatif affranchissementpar rapport lavieille garde en imposant Li Yuanchao commevice-prsident au lieuducandidatpressenti, Liu Yunshan.M.Li, considr commeun rforma-teur, navait pu accder au comit permanent, et avait t cart aupro-fit de LiuYunshan, unprochede Jiang Zemin. Amoinsquil ne sagissedun rquilibrage au seindes factions.M.Li est issu de la Tuanpai, lafactionde la Liguede la jeunessedHu Jintao. pBrice Pedroletti

    CambodgeLancienKhmer rouge IengSary estmortPHNOMPENH. Lancien chef de la diplomatiedesKhmers rouges, IengSary, 87ans, poursuivi pour crimes contre lhumanit (1,7milliondeper-sonnes sontmortes entre1975 et 1979), estmort jeudi 14mars, annoncele tribunal copilotpar PhnomPenhet lesNationsunies qui devait lejuger, avec lancien chef de la propagandeNuonCheaet lex-prsidentKhieuSamphan.Nous reviendrons sur la disparitionde Ieng Sary dansuneprochaine dition.

    NewYorkCorrespondant

    Ladministration amricaine alancune campagne tous azi-muts sur le thme des cyber-risques. Le contexte est double.Dabord, il y a la multiplication dervlations sur les attaquesmenes contredes entreprises auxEtats-Unis, en particulier cellesissuesdeChineetdunedimensionsans prcdent, a estim TomDonilon, le conseiller la scuritnationalede BarackObama. Ensui-te, louverture prochaine du dbatbudgtaire, o la rduction desmoyens de la dfense nationale etseschangementsdorientationstra-tgique, en fonction de lmergen-ce de nouvelles technologies,jouentun rledepremierplan.

    Cette campagneestmenedansquatre directions. Dabord vers lesentreprises, premires victimespotentielles car dtentrices de bre-vets, de savoir-faire ou de donnespouvant intresser des assaillants.

    Mercredi 13mars, Barack Obama,accompagndu coordinateurde lacyberscurit, Michael Daniel, areu les PDG de douzemultinatio-nalesamricainesactivesdans lar-mement, le ptrole, llectricit, latlphonie, le courrier, la banque,la chimie et linformation. Delles,leur a-t-il expliqu, il attend unevigilanceaccrue.Dansundomaineo le secret est de rigueur, on esti-me que les grandes entreprisesamricaines ont dj tripl leursmoyenscesderniresannes.

    Unemenace prioritairePour ce qui concerne lopinion

    publique, le prsident a expliqu,mercredi dans lmission GoodMorning America sur ABC, queles Etats-Unis constatent effecti-vement une monte en puissancergulire desmenaces cyberscuri-taires, lesattaquesce jourayantt menes par des Etats ou sim-plementpardescriminels.Mais ila tenu rduire la porte des ten-sions rcentes avec Pkin et ne

    pas confondre cyberattaquesavec vraie guerre.

    En direction de sa propre admi-nistration,M.Obamaavait sign laveille un dcret visant faciliter lacommunication des donnes enmatire de cybercriminalit entrelEtat fdral et les entreprises. Undes problmes pour mobiliser lesforces est labsence frquente decoopration. Nombre dentrepri-ses regimbent reconnatre quel-lesontfait lobjetdecyberattaques.

    Le dpartement de la dfenseavait galement annonc la cra-tionde40unitsmilitairesspciali-ses.Parmielles,aexpliqulegn-ral Keith Alexander, patron duCyberCommand, 13units ditesdedfensedelanationvouesdesoprationsoffensives.

    Enfin, en direction des lus, lesresponsables du renseignementde laMaison Blanche ont informle Congrs que les cyberattaquesconstituentdsormais (avec le ris-que nuclaire nord-coren) unemenaceprioritaire,devantleterro-

    risme. James Clapper, le directeurnational du renseignement, avaitexpliqu la commission snato-riale du renseignement sa craintedevoirdeshackers, voireunsim-ple Etat, capables dans les deuxansdeviolerdesrseauxinforma-tiques ou de perturber le fonction-nement des rseaux lectriquesdesEtats-Unis.Cerisquesintensi-fie, avait-il admis.

    Lors de son expos au Snat, legnralAlexandera appel les lus engager la rflexion pour lgif-rer sur ces enjeux. A qui incombeen priorit la lutte contre la cyber-criminalit? Ce nest pas clair,a-t-iladmis.Faut-ilimposerdesnor-mes de scurit obligatoires auxentreprises? Surtout, la dfinitionde la cyberguerre est loin dtreprcise, a-t-il not. Un vol de pro-prit intellectuelle oudu cyberes-pionnage ne sont pas des actes deguerre.Maisalors,sest-ilinterrog,quest-ce qui constitue un acte deguerredans le cyberespace?p

    SylvainCypel

    70123Vendredi 15mars 2013

  • COMMUNIQU Vendredi 15 MARS 2013

    QUANDMIEUX ENTENDREAIDE BIEN VIEILLIRTRIBUNE

    Laltration de laudition lie lge ncessite le port dun appareil auditif.Selon les estimations,seuls 30 40 % desmalentendants en sont quips. lheure o la prvention du risque et

    unemeilleure prise en charge de la presbyacousie sont au programme de la prochaine loi surla dpendance,le point loccasion de la 16e Journe nationale de laudition. Pierre Mongis

    ENVIRON SIXMILLIONSDE PERSONNES sont esti-mesmalentendantes enFrance.Unchiffre appel augmenterdurablement,enraisonduvieillissementdmographique.Car cest lge qui reste la premirecausedepertedelaudition.Ycomprispour lescas lesmoins svres,la presbyacousie peut tre un handi-capimportantpourlaqualitdevie. Lapertedaudi-tion peut fortement perturber la vie professionnelleet les relations sociales, estime le PrPatrice TranBa Huy, chef du service ORL lhpital de la Piti-Salptrire.Ellepeuttreloriginedereplisursoi,deperte de mobilit,voire de dpression et danxit.Une tude parue en janvier 2013 dans une revuemdicale internationale tablit mme une corrla-tion entre perte auditive et dmence snile. Selonles auteurs, les personnes ges souffrant de perteauditive ont une acclration du dclin cognitif de30 40%. Une donne qui justie que la prven-tiondu risqueetunemeilleureprise enchargede lapresbyacousie soient au programme de la prochai-ne loi sur ladpendance ,comme le rclame lepr-sident de lUnsaf, Luis Godinho.Michle Delaunay,ministre charge des personnes ges et de lauto-nomie,sy engage (lire p.2).Face cedde santpublique,lameilleure rponsereste lappareillage,cest--dire la pose et le rglagedappareils permettant de restaurer en partie lacapacit auditive. Un march croissance sou-tenue : prs de 500 000 appareils sont ainsi com-mercialiss chaque anne, pour un montant dun

    QUELQUESINFORMATIONS SUR

    LES APPAREILSAUDITIFS

    Louis GodinhoPrsident du Syndicat nationaldes audioprothsistes - Unsaf

    LA PRISE EN CHARGE de la ma-laudition ne doit pas devenir uneaffaire purement commerciale.Pourtant, avec la hausse du nom-bre de malentendants dans notrepays,lesperspectivesdecemarchaiguisent les ambitions et alimen-tent lesdrivesdequelquesacteursconomiques.Citons,par exemple,une rcente campagne publicitairedune enseigne doptique van-tant,comme pour les lunettes, ledeuxime appareil un euro , ouencore laventeenpharmaciedap-pareils auditifs sans ordonnanceet sans accompagnement par unaudioprothsiste.LAgence nationale de scurit desmdicaments et des produits desant (ANSM)arappel,le29 janvierdernier, que la correction dunedcience auditive est une na-litmdicale.Les appareils ayant cetype de nalit () sont donc clas-ssdans lacatgoriedesdispositifsmdicaux.EnFrance,sadlivranceestrglemente(interventiondunaudioprothsiste diplm exerantdans un local agr) .Le 12 fvrier, lAcadmie nationalede mdecine a adopt un com-muniqu intitul Tests de dpis-tage gratuits et coles semi-privesdaudioprothse : la drive mar-chande dun secteur paramdical.LAcadmie sinquitait du risquemajeur de dmdicalisation duhandicap auditif , notamment cause de lutilisation des assis-tants auditifs prrgls, vendussans ordonnance , et donc sansconsultationmdicale.Nous tenons donc rappeler leparcoursde soinsde laudition.Dsapparition de troubles de laudi-tion, mme lgers, il faut consul-ter ! Le mdecin ORL est le seulhabilitvaluer lauditionet lan-cessitduportdunappareil auditif.Laudioprothsiste est le seul habi-lit procder lappareillage desdcientsde loue, ladaptationdelaideauditive et ausuivi dupatienttout au long de la dure de vie delappareil.Par ailleurs,les tudes in-ternationales Eurotrak 2009 et 2012ont montr que le taux de satisfac-tion des Franais appareills taitnettement suprieur celui de nosvoisins allemands et britanniques.Les audioprothsistes franais pro-posent un bon accompagnement leurs clients, facteur indispensable leur satisfaction.Enn,malgr lesrestes chargenanciers,l encoreltudeEurotrak2009montreque laralit est plus complexe : le tauxdappareillagenevariepas selon lesrevenus. Le premier frein lappa-reillage est la non-acceptation psy-chologique et aussi linsuffisancedinformationet dedpistage.

    Spcial audition

    Prothses auditives SQUIPER AU PLUS TTPOUR UNE MEILLEURE QUALIT DE VIE

    Pour Pascal Boulud,prsident de SiemensAudiologie France - leader dumarch - le niveau deperformance et la discrtion des nouveaux appareillages doivent convaincre les malentendants

    de squiper ds les premiers signes de baisse de laudition.

    GRAND ANGLE, dat du 15 mars 2013, est dit par CommEdition, agence de communication ditoriale Directeur gnral ric Lista [email protected] Rdaction Pierre Mongis Cra /maquette A. Joly (andie.j) Secrtaire de rdaction A.-M.Busnel - LA RDACTION DU QUOTIDIEN LE MONDE NA PAS PARTICIP LA RDACTION DE CE PUBLIRDACTIONNEL NE PEUT TRE VENDU SPAREMENT.

    QUELS SONT LES ENGAGEMENTSde Siemens dans le domaine delaudiologie ?Depuis cent trente-cinq ans, Siemenstravaille amliorer le quotidien desmalentendants. En effet, cest en 1878que Werner von Siemens inventa lepremier rcepteurpermettantauxcol-laborateurs touchs par des probl-mes daudition de communiquer en-tre eux. Depuis, lentreprise na cessdinnoveretdestoffer,aupointdtreaujourdhui le premier fabricant mon-dial daides auditives. Lentit que jedirige, Siemens Audiologie France, ap-partient la division Sant duGroupe.Noussommesgalement leaders sur lemarch franais, avec plus de 150000

    appareils distribus par an sur le ter-ritoire national, soit prs dune aidesur trois. Notre offre se caractriseparune gamme complte dappareils duntrs haut niveau de qualit, qui cou-vre toutes les surdits, tous les prix.Il est possible aujourdhui de se pro-curer une aide auditive performante,dont le reste charge pour le patientnexcde pas 1 euro par jour pour unappareillage complet, sur une duremoyenne de quatre ans.

    Estimez-vous que la pertedaudition est un problme desant publique suffisamment prisen compte par les pouvoirs publics ?Non, il ny a pas de relle mobilisa-

    tion pour sensibiliser la population la ncessit dun dpistage prcocedes troubles et une prise en chargeadapte ds les premiers symptmesde baisse de laudition.Tout le mondesait pourtant quavec le vieillisse-ment de la population, ces questionsde sant vont monter en puissance.Les spcialistes dcrivent prcis-ment les risques physiologiques etpsychologiques lis la perte audi-tive : baisse dattention, isolement,repli sur soi, etc. Il faut viter cela.Led,aujourdhui, est de persuader lespersonnes lgrement affectes, cel-les qui entendent encorebienmaisnecomprennent plus suffisamment enmilieu bruyant,de se faire appareiller,

    MICON, DERNIER BIJOU TECHNOLOGIQUE SIGN SIEMENSLance sur le march franais en janvier dernier, micon, la nouvelle plateformeBestSound Technology de Siemens est une petite merveille de technologie auservice de laudition. Avec 48 canaux, cette nouvelle puce surclasse lamoyenne desautres technologies (16 canaux enmoyenne). Grce une bande passante de 12 Khz,elle permet une sonorit naturelle et unemeilleure restitution de lenvironnementsonore. Cest aussi une nouvelle gnration de dbruiteurs (technologie EDP- mergence directionnelle de parole) qui offre une prestation indite : reprer etgrer le brouhaha commedu bruit, et soustraire la parole inutile (venant de derrireet des cts) par rapport la parole frontale. De quoi suivre une conversation dansun environnement complexe (runion, restaurant, etc.) et gagner en confortde vie. La technologie micon se dcline enmicro-contours, contours et intra-auriculaires.Micon, une exprience acoustique dune autre dimension.

    milliard deuros. Classs en quatre niveaux selonleurs performances, ces quipements relvent dela catgorie du dispositif mdical. valus par lesautorits sanitaires, ils doivent tre prescrits parles ORL et poss par des audioprothsistes.Formsdurant trois ans,ces professionnels paramdicauxsont au nombre de 2 600 en France, rpartis dansprs de 3 400 centres daudioprothse. Ils assurent la fois la pose, le rglage des quipements et lesuivi des patients tout au long de la dure de vie delappareil,soit quatre cinq ans.Les promesses dvolution du march aiguisent laconcurrence entre acteurs, dautant que 30 40%seulement des malentendants sont appareills.Venues de loptique, de grandes enseignes tententde simposer en jouant sur les prix et en crantleurs rseaux ddis daudioprothsistes. Certainsdistributeurs vont plus loin,en proposant des assis-tants dcoute prrgls, vendus sans ordonnanceen pharmacie,mais qui ne sont en ralit que desamplicateurs de son.Ct payeurs, les assurancescomplmentaires se sont lances,depuis 2009,dansune stratgie de rseau de rfrencement, avec unsuccs mitig. la cl, cest la question du reste charge pour le patient qui pose problme : avec uncot moyen denviron 1 500 euros par oreille, le pa-tientendbourse900,soit1800eurosencasdepres-byacousie,car il faut leplus souvent quiper lesdeuxoreilles. Un montant qui dcourage de nombreuxpatients et repousse lchance de lappareillage.

    CH

    RISTOPH

    ELEBEDINSKY/DR

    etceauplustt !Plus lapriseenchargeestprcoce,meilleur est le rsultat.Lesmalentendants peuvent se rhabituer mieux entendre, avec des bncesconcrets pour leur qualit devie.

    Quels sont lesmoyensmis enuvrepour convaincre le public concernpar la baisse de laudition ?La cl reste bien sr linvestissementen R&D, qui reprsente prs de 20 %de notre chiffre daffaires.Ces effortsvisent proposer des quipementstoujours plus performants.Mais noustravaillons galement beaucoupsur lergonomie et lesthtique desaides auditives. Le clich du disposi-tif volumineux, beige et disgracieuxnest plus dactualit chez Siemens.Moderne, discrte et rechargeable,aujourdhui chacun peut trouver sasolution auditive en fonction de sonmode de vie. Nous sommes gale-ment convaincus quil faut prserverunepriseenchargemdicaledelactedappareillage, qui passe par uneconsultation chez un ORL, suivie delintervention dun audioprothsiste.Enn, nous nous devons dexpliquersans relche que ce nest pas le portde lappareil qui se voit, mais le faitdemal entendre ! P. M.S

    IEMENS/DR

    galementdisponibleen intra-auriculaire

    JPGPRODFOTOLIA.CO

    M/DR

  • Communiqu spcial audition

    ENTRETIENMIEUX VIVREENSEMBLE,CESTDABORD

    AVOIR LESMOYENSDE SENTENDRE

    MICHLE DELAUNAY, ministredlgue auprs de la ministre des

    Affaires sociales et de la Sant, chargedes personnes ges et de lautonomie

    Dpister tt et prendredavantage en charge lestroubles de lauditionest une priorit desant publique et unenjeu de socit.Il enva de lautonomie despersonnes vieillissantes,qui vivent souventlappareillage comme

    stigmatisant.Les proposdeMichle Delaunay,ministre dlgue. G

    OUVERN

    EMEN

    T/DR

    AUDIO 2000, FRANCHISE du groupeOptic 2000, a t fonde en 1999. lorigine,notre ide tait de propo-ser aux personnes atteintes de pres-byacousie une nouvelle offre de ser-vice en matire daudition.Une offrefonde sur la qualit et le profession-nalisme , explique Gilles Bevilacqua,responsable produits daudition. Ledveloppement de lenseigne sacc-lre partir de 2005,pour faire face une demande croissante lie,notam-ment,au vieillissement dmographi-que. En 2012,vingt nouveaux centresouvrent leurs portes,soit 220 au total,rpartis sur tout le territoire,avec unobjectif de prs de 300 centres souslenseigneAudio 2000 en 2014.

    120AUDIOPROTHSISTESFidle ses valeurs de profession-nalisme et daccompagnement deses clients, Audio 2000 propose desaudioprothsistes diplms dtatdintgrer le rseauen franchise. Environ120 dentre eux tra-vaillent sous sa ban-nire, certains ayantdes cabinets secondaires dans despetites villes ou des zones rurales. Nous nambitionnons pas unecroissance tout prix du rseau,car nous privilgions la prsencedun audioprothsiste diplm danschaque centre et les promotionsdaudioprothsistes formes chaqueannene sont pas trs nombreuses ,indique Jolle Nermon, directricedes partenariats sant. Loffre deproximit reste nanmoins ancredans les objectifs du groupe. Il estimportant de proposer aux clientsaccessibilit et proximit. Dautantque le suivi dun appareillage n-cessite au minimum dix heures derendez-vous avec laudioprothsiste,rparties sur les quatre annes etdemie de dure de laide auditive ,prcise Jolle Nermon.

    AMLIORER LA PRISE EN CHARGEENAMONTSoucieuse de garantir un parcours desoins optimis, Audio 2000 multipleles partenariats avec les profession-nels de sant impliqus dans le suivide laudition. Gnraliste,ORL,maisaussi orthophoniste,chacun aun rle jouer pour dpister les troubles audi-tifs et adresser les patients aubonmo-ment,observe Jolle Nermon.Or unetudemontre que 27% seulement despatients diagnostiqus par les ORLcomme prsentant un trouble auditifsont orients vers un audioproth-

    VENDREDI 15 MARS 2013

    DistributionSIMPLIQUER DANS UNVRAIPARCOURS DE SANT

    Rpartie sur tout le territoire, lenseigne Audio2000 veut contribuer rendre accessible tous laide auditive,tout en prservant la qualit

    de la prise en charge.siste. Chez le mdecin gnraliste,la plainte du patient est trop souventtraite sur le mode Cest normal,cest lge , alors quil est essentielque lappareillage soit adapt au plustt, an de permettre une meilleureaccoutumanceetuneamliorationdela qualit devie.

    DES AIDES AUDITIVESACCESSIBLES ET ASSURES lheure o la concurrence fait rageentre distributeurs, Audio 2000 affi-che sa dtermination en matiredaccessibilit. Lenseigne noue, parexemple,desaccordsavecdescompl-mentaires sant et des socits deservice pour diminuer le reste char-ge des assurs. Nous avons sign AVEC LE VIEILLISSEMENT,de plus

    en plus de Franais souffrent chaqueanne de troubles auditifs plus oumoins intenses.Est-ce pour vous unepriorit de sant publique et quels seraient vos axes daction prioritaires ?Dans le cadre de la prparation de la future loi sur ladaptation de la socit auvieillissement,jaccordeuneimportancecapitalelaprventiondelapertedauto-nomie.Jeveuxpartageravec tous lesFranais la convictionquenouspouvons etquenous devons agir ensemble pour faire reculer la dpendance dite vitable,etamliorerainsi lesprancedevieenbonnesant. Jemadresse auxbaby-boomers,qui arrivent en nombre dans le champ de lge : anticipez votre vieillissement,ne vous laissez pas surprendre ! Parmi toutes les fragilits quil faudrait dpisterplus tt et mieux prendre en charge pour vieillir en meilleure sant gurent enbonne place les troubles de laudition car ils constituent un facteur majeur deperte dautonomie.Une personne qui entend de moins en moins bien et qui nesappareillepasestaussiunepersonnequisisoleetquimultiplie lesrisquesdede-venir dpendante.Cest donc pourmoi une priorit de sant publique et un enjeude socit :mieuxvivre ensemble,cest dabord avoir lesmoyensde... sentendre.

    Les audioprothses sont encore difficilement acceptes par les personnesconcernes.Comment les convaincre de franchir le cap ?Laquestionestdabordculturelle : trop souvent,lespersonnesconcernesviventdans le dni de leur propre dcience auditive,et lappareillage est vcu commestigmatisant.Le terme prothse auditive nincite dailleurs pas la banalisa-tionde lobjet : il nenousviendrait pas lide deparler de prothses oculaires pour parler de nos lunettes,qui sont devenues au contraire un objet de design etdlgance ! Il est tempsde faire lammechoseavec lesprothses auditives,pourlesquelles jepropose le termed audises .Il faut changer le regardport sur cespetits objets et les mentalits pour convaincre toutes les personnes concernesde la ncessit de sappareiller assez tt.Toutes celles qui ont franchi le cap le sa-vent bien et le disent : ces appareillages ont tout simplement chang leurvie.

    Les frais dappareillage sont souvent cits comme un frein.Lassurance-maladie et les assureurs complmentaires devraient-ils,selon vous,sengager davantage sur le plan de la prise en charge ?Cest effectivement lautre principal obstacle la prise en charge : le niveaudes prix pratiqus par certains audioprothsistes et limportance du reste charge pour les personnes ges, compte tenu du niveau de participation delassurancemaladie et des organismes complmentaires.Il est trs difficile desy retrouver dans la diversit des produits existants. Ceux-ci sont de qualittrs ingale,avec des carts de prix pas toujours justis,et nous devrons re-garder particulirement cette question.Au-del du prix du produit, le niveaude service et daccompagnement des personnes est galement dterminantpour leur permettre de bncier des meilleurs rglages possibles dans la du-re.Nous rchissons donc,avec Marisol Touraine,aux diffrentes solutionsqui permettraient, en accord avec les professionnels de sant et les organis-mes complmentaires,damliorer la transparence et laccessibilit de ces dis-positifsmdicaux,au service de nombreux Franais qui en ont besoin. P. M.

    Dmdicalisation... NONAUX DRIVES MERCANTILES ! Chirurgien,

    chef du service ORL delhpital Lariboisire(Paris) etmembrede lAcadmie demdecine,le

    Pr Patrice Tran Ba Huyalerte sur les risquesde privatisationde ce secteurparamdical.

    AVECLACADMIENATIONALEdemdecine,vous avezpris unepositionforte contre la drivemarchande

    du secteur de laudio-prothse.Pour quelles raisons ?Actuellement, on assiste une offen-sive commerciale trs agressive, enparticulier de la part de certaines en-seignes daudioprothses et doptique

    AN

    M/DR

    ALORSQUELEDPISTAGEde lapres-byacousie est encore peu organis etque lappareillage intervient souvent un stade trop tardif, Audio 2000 semobilise auprs des professionnelsde sant. Nous avons cr un co-mit scientique, compos dORL,dorthophonistes, de gnralistes etdaudioprothsistes, qui nous aide,notamment, imaginer des actionsde sensibilisation . Ce comit a parexemple promu un compte rendudappareillage rdig par laudiopro-thsiste et adress lORL ainsi quaumdecin traitant. Autre initiative,Audio 2000 organise des vnementspour faciliter les changes entre pro-fessionnels de sant (orthophonistes,ORL, gnralistes), centrs sur desthmes pratiques, par exemple Comment mieux grer linsatisfac-tion de lappareillage ?

    UNE AIDE AUDITIVE DANSLES BRANCHES DE LUNETTESCentr sur linnovation, Audio 2000a eu lide de rapprocher deux do-

    maines de comptence du groupe. Ila ainsi conu Les Audiovisuelles, lespremires lunettes auditives bran-ches de lunettes interchangeables.Vritable systme 3 en 1 , ce dispo-sitif comprend une paire de lunetteset des aides auditives insres dansles branches,utilisables ensemble ousparment. Le systme permet unetotale discrtion en matire dappa-reillage, associe une trs grandesimplicit dutilisation. Autre atout :la scurit.Pas question,par exemple,de prendre sa douche avec ses lunet-tes. Sans compter quil est plus facilede retrouver ses lunettes gares quedes aides auditivesminiaturises !

    P. M.

    LCOUTE DESPROFESSIONNELS

    Jolle Nermon,directrice des partenariats sant

    lan dernier un accord de partena-riat avec Itelis, socit de servicesqui propose des assureurs (commeAxa),des courtiers (Gras Savoye, etc.)et dautres acteurs du monde delassurance, de faire bncier leursassurs doffres adaptes tous lesstades de perte auditive, des tarifsattractifs, tout en valorisant la quali-t du service apport par laudiopro-thsiste ,illustre Gilles Bevilacqua.Dans les centres,an de rendre acces-sible tous laide auditive,Audio 2000a dvelopp une gamme de produitsDiscreto,marque exclusive, un cotmatris (799 ). Plus quun prix,cest aussi un service global, avec unengagement de qualit et une garan-tie de quatre ans Panne-vol-perte-

    casse sur toute la durede vie du produit ,pr-cise Gilles Bevilacqua.Un exemple parmidautres des initiativesdun rseau bien im-plant sur le territoire,qui uvre pour d-mocratiser laccs auxaides auditives sanstransiger sur la qualit.

    P. M.

    AUDIO2000/DR

    AUDIO2000/DR

    qui proposent des tests de dpistagegratuits de laudition. Lobjectif estde vendre aux patients des assistantsdcoute prrgls, sans ordonnanceni examen mdical. Cette approcherevient dmdicaliser la prise enchargedelapertedaudition. Carseulsles ORL ont la comptence pour poserun diagnostic et orienter un patientvers la solution de lappareillage chezun audioprothsiste.Le risque est relde voir se faire appareiller des person-nes dont les pathologies nont rien voir avec la presbyacousie, par exem-pledesotiteschroniquesoudesneuri-nomes de lacoustique. LAcadmie

    met en garde galement contre le pro-jet de cration dcoles daudioproth-sistes semi-prives, soutenues par cesgrandes chanes de distribution, alorsque les effectifs de professionnels ap-paraissent suffisants pour faire face la demande. Et elle propose que soitinstaur un numerus clausus, adaptselon les besoins.

    Pourtant, le dpistage nest-ilpas insuffisant,alors queseulement 30 40 % desmalentendants sont appareills ?Bien sr, et lAcadmie est videm-ment favorable un meilleur dpis-

    tage, encourag et soutenu par lespouvoirs publics. Il est vident queles autorits sanitaires doivent semobiliser davantage en faveur de lalutte contre la perte daudition.Nousattendons notamment que ce thmefasse partie des priorits sanitairesdans le cadre du chantier sur la d-pendance. Rappelons quune tudercente a dmontr que la pertedaudition chez les personnes gesaccrot de 30 40% le risque de dclincognitif. Il est donc essentiel de sen-sibiliser les personnesmalentendan-tes la ncessit de sappareiller leplus tt possible. P. M.

  • 114,78,7

    FemmesHommes

    De fortes disparits entre EtatsMORTALIT PRMATURE ANNUELLE PAR INFARCTUS* CONCENTRATIONANNUELLE MOYENNE

    DE PARTICULES PM10** DANS LAIR*

    CONSOMMATION MOYENNE DALCOOL PAR HABITANT*, en litres par an PRVALENCE DES FUMEURS RGULIERS DANS LA POPULATIONGE DE 15 ANS ET PLUS*, en %

    ** particules dun diamtre infrieur 10 micromtres* selon les donnes les plus rcentes entre 2006 et 2010SOURCE : OMS

    CARTE : OMS

    Taux de mortalit pour 100 000 habitants de 0 64 ans

    En microgrammes par m3

    Limiterecommandepar lOMS

    Armnie

    Bilorussie

    Ukraine

    Hongrie

    Montngro

    Irlande

    Moldavie

    Luxembourg

    Rp. tchque

    Allemagne

    France

    Russie

    Norvge

    Isral

    Tadjikistan

    Turquie

    Bosnie-Herzgovine

    Bulgarie

    France

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    Publi par lOrganisationmondiale de la sant (OMS)mercredi 13mars, le Rapporteuropensur la sant 2012prsen-tedesmotifsde satisfactiongloba-le. Il relate les progrs accomplispour les 900millions de person-nes vivant dans la vaste rgion de53Etatstellequeladfinitl